Fidèle à sa promesse, Anaé avait purement et simplement cessé d’être Arnacoeur. Elle avait informé sa sœur cadette, après une longue discussion avec elle, que celle-ci devait se concentrer avant tout sur ses études de médecine et ne plus chercher à être son assistante dans ce boulot disons… spécial. De son côté, la jolie française avait fait des pieds et des mains pour tenter de trouver un avocat suffisamment barré pour accepter de la défendre face à son mari, qui s’était bien entendu installé en ville. Il faisait la une de tous les journaux, multipliait les galas et faisait soigneusement en sorte de l’humilier devant tout le gratin new yorkais comme pour établir une sorte de petite vengeance sournoise. Jusqu’ici, Anaé l’avait évité, ne perdant pas de vue son objectif bien qu’il lui faille admettre que ses moments avec Shaun étaient relativement peu nombreux du fait de son travail. Mêlée à cela, l’intuition lui faisant dire qu’il lui cachait quelque chose et la princesse était comme folle. Des jours durant, elle ne put décemment trouver le sommeil, bien qu’elle n’ait pas hésité une seule nuit à se rendre à la Marina une fois ses insupportables galas terminés, comme s’il s’agissait de son nouveau cocon protecteur et qu’elle se refusait à en être séparée. Hélas… plus les jours passaient et plus l’impression que Shaun lui cachait quelque chose était forte. Surtout ce soir…

Anaé avait eut l’audace d’écouter son gala pour se rendre plus vite à la Marina dans l’intention de confronter son beau pompier une fois pour toute. Selon ses renseignements –trouvés auprès du capitaine, bien évidemment, Shaun avait quitté la caserne une heure plus tôt et puisqu’il n’était pas au pub de ses parents, qu’elle avait appelé au préalable, il ne pouvait qu’être dans son bateau. En robe de soirée, ses blessures commençant à cicatriser et à se montrer moins douloureuses, la jolie française débarqua en trompe à l’intérieur de la cabine pour trouver un pompier endormi à points fermés, les traits tirés par la fatigue, un imposant livre ouvert contre son torse. « Shaun ? » appela-t-elle une première fois avant que d’ôter ses gants de soie pour les déposer contre la première table qu’elle trouva à proximité ainsi que ses grandes chaussures à talons faisant un boucan du diable contre le sol. Anaé s’assit délicatement contre le lit, en tâchant de ne pas le réveiller, ôtant le bouquin pour mieux ramener la couverture contre lui. Elle alla jusqu’à déposer un léger baiser contre son front tout en se relevant, feuilletant avec attention le livre qu’elle avait en main. « Mais c’est un ouvrage de Droit… est-ce que ça veut dire que ? Elle avait pourtant murmuré à voix extrêmement basse, mais sa présence avait dû le réveiller car il la regardait désormais, probablement avec la même surprise que celle qu’elle était en train de lui offrir elle-même. « Serais-ce que tu étudies le Droit ? Mais pourquoi ? »

Autant dire qu’Anaé ne manqua pas d’écarquiller deux grands yeux surpris face à l’aveu de Shaun. Elle ne savait pas ce qui la surprenait le plus… qu’il puisse croire qu’elle comptait se moquer de lui ou plutôt qu’il étudie d’arrachepied dans le but d’obtenir une licence en droit ? La jolie française était presque désolée qu’il ait à se taper une telle surcharge de travail à cause d’elle, et cette idée lui pinça soudainement le cœur. « Me moquer de toi, sincèrement ? » se risqua-t-elle à demander avant que de s’asseoir délicatement sur le lit, le livre de droit sur ses genoux. L’espace d’un instant, elle se mit à le regarder tendrement, un sourire malicieux étirant ses lèvres délicatement maquillées. « Si tu existais pas, je suis prête à parier qu’il faudrait réellement t’inventer, Shaun O’Connor… le monde serait bien trop morne sans ta présence. » La jeune femme n’hésita pas à prendre son visage en coupe et à s’emparer de ses lèvres qui représentaient une véritable tentation depuis qu’elle s’était installée à la Marina. Vivre à quelques millimètres de lui sans même pouvoir le toucher lui donnait l’impression d’être plus masochiste encore qu’il ne savait l’être… et au fond d’elle-même, Anaé n’avait qu’une hâte : être enfin divorcée pour ne plus avoir de compte à rendre à personne et pouvoir ainsi vivre son histoire avec le bel irlandais sans même regarder en arrière.

Ce fut par conséquent non sans un infini regret qu’elle s’écarta tout en se raclant légèrement la gorge, consciente du fait que si elle ne le faisait pas d’elle-même, le fier pompier se trouvant en face d’elle ne manquerait pas de la rappeler à l’ordre. Autant éviter ce genre d’humiliation terriblement désagréable ! « Tu sais que si je n’étais pas mariée, je t’épouserais ? En tout cas, je ne vois pas en quoi tu n’as aucune chance d’obtenir cette licence ! Le plus étonnant… c’est que tu puisses penser que je me serais moquée de toi. Shaun O’Connor, vous me connaissiez terriblement mal ! De nous deux, celui qui possède la moquerie facile, c’est plutôt toi… mais voyons la chose autrement : il se trouve que désormais je suis au courant, que nous voulons cette chose tous les deux et puisqu’il m’est extrêmement difficile de pouvoir rester dans cette même pièce sans avoir le droit de te toucher, je pense que nous serons plus efficaces à deux, n’est-ce pas ? Je peux te faire réviser… avant de me dire que ton standing d’irlandais ne s’en remettrait pas, il n’y a aucun témoin et je jure sur ma couronne que rien ne sortira d’ici. Il existe de nombreuses choses qu’il vaut mieux garder pour cette cabine, ne penses-tu pas ? » Comme à chaque fois qu’elle était gênée, Anaé reprenait son discours pompeux et distant. Il fallait dire qu’elle n’avait pas du tout prémédité le début de son discours et bien qu’elle en pense chaque mot, elle s’attendait à une belle moquerie de la part de Shaun en retour.

Autant dire ce qui est, Anaé ne s’attendait pas du tout à cette réaction. Des deux, effectivement, elle était celle qui avait le plus de raison d’être allergique au mariage et pourtant, elle avait l’extrême naïveté de croire que ce serait différent avec Shaun. Elle ne voulait plus de pleurs nocturnes, de cauchemars, de galas insupportables à se farcir et d’être contrainte de jouer les mères porteuses juste pour faire perdurer la couronne. Le bel irlandais n’avait pas conscience de tout ça et loin d’elle l’envie de pointer cela du doigt. Mais elle ne put cependant qu’afficher un air déçu, tout à fait de circonstance, surtout qu’il tournait en dérision ce qu’elle venait de dire. « Crois-moi tu n’as pas la moindre idée de ce qu’a été mon mariage ni même de la raison pour laquelle je me suis mariée mais… je n’en suis pas moins sérieuse ! » Anaé se releva du lit, le bouquin toujours en main, le feuilletant tout en constatant qu’effectivement, elle n’avait aucune notion de droit et qu’elle se bénissait de n’avoir surtout pas pris cette discipline qui semblait terriblement exigeante, surtout au niveau de la mémoire. « Nous n’avons pas eut la même vie et nous n’avons pas les mêmes cultures, je le crains » souligna-t-elle avec son habituelle distance, preuve qu’elle réfléchissait intensément et qu’il valait mieux ne pas l’approcher pour l’instant. « Mais mon vécu ne me pousse pas à fuir cette chose, plutôt à trouver un moyen de la trouver moins terrifiante, moins douloureuse, et à remplacer toutes ces horreurs par quelque chose de nettement plus… positif. Je ne suis pas cette femme n’ayant eu aucun scrupule envers toi ! Et tu n’es pas Carl qui m’a toujours prise uniquement pour une mère porteuse et qui, à la moindre occasion, m’enfermait des heures durant dans un placard petit et sombre en espérant que cette « punition » me ferait flancher ! »

Anaé se stoppa pour mieux s’asseoir sur l’une des chaises présentes dans la cabine. Il était temps qu’elle divorce, et ce ne serait pas du luxe. Elle ferma les yeux un instant pour reprendre le contrôle d’elle-même puis, tout en replongeant son attention dans le livre, elle soupira. « Chapitre clos, je suis navrée. Je devrais parfois m’autoriser à me taire. Sur quelle partie as-tu du mal dis-moi ? Je peux peut-être stimuler ta mémoire, qu’est-ce qui fait que tu retiens plus facilement en règle générale ? »

Autant dire qu’Anaé sursauta vivement face à ce geste violent qu’eut Shaun envers le mur. Depuis son viol, elle avait beaucoup de mal à supporter la violence aussi conserva-t-elle longtemps ses sourcils froncés sans pouvoir se concentrer réellement sur quelque chose d’autre. Du moins jusqu’à ce qu’il ne vienne à elle et qu’elle ne puisse prendre sa main meurtrie pour la porter à ses lèvres. « Bisou magique » énonça-t-elle simplement, comme si la jolie française ne se trouvait pas en face de son bien aimé mais plutôt de sa jeune sœur, tellement casse-cou que la princesse craignait toujours le pire dès qu’elle mettait un pied dehors. « Avant même que je ne réponde à tes différentes interrogations Shaun… je voudrais que tu me suives. Il y a une question sur laquelle tu as une fort mauvaise réponse et je pense qu’il est temps que tu aies ta propre vérité entre les mains. » Dès qu’elle se mettait à faire des mystères, la jeune femme reprenait son verbe haut et son génie de la formulation. Anaé se leva sans une nouvelle parole, quittant sa robe de bal pour enfiler une simple chemise et un jean : inutile de s’habiller de façon trop pompeuse alors qu’ils ne se rendaient pas dans un lieu le nécessitant. Elle eut l’extraordinaire bonne idée de prendre leurs deux casques, tendant celui revenant à Shaun, avant d’énoncer simplement : « nous allons au Lennox Hill Hospital. Et bien évidemment, je pense que tu te doutes que ce n’est pas une interrogation. » Cette fois, la jolie française n’aurait pas souffert le moindre désaccord puisqu’elle allait rendre une certaine vérité au bel irlandais. Une vérité lui ayant été dérobée par nulle autre que Joyce et qu’elle ne pouvait pas supporter de savoir terrée dans l’ombre. Aussi, une fois qu’ils furent arrivés dans le hall de cet imposant hôpital, Anaé mit de côté la crispation étant la sienne –due à sa haine farouche de ce genre d’endroit, pour mieux demander si Monsieur Shaun O’Connor pouvait accéder à son dossier de santé. Il était légal que de pouvoir le demander à tout moment… après une vérification d’identité.

« Bien que je pense que tu le sais déjà, ne jamais laisser une femme obtenir tes résultats d’analyse car il y a toujours fort à parier qu’elle puisse te mentir dessus. Je l’ai découvert par hasard, à vrai dire, lorsque Patrick m’a parlé de ton cas. Tu trouveras certainement un compte rendu avec tes analyses à l’intérieur de ton dossier, c’est leur procédure… et tu verras que tu n’es ni stérile, ni impuissant ni je ne sais quel terme que tu pourrais bien inventer pour attaquer ta virilité. Je pense tout simplement que cette femme en question ne voulait pas d’enfant, ou ne pouvait pas en avoir, et qu’il était plus aisé de se voiler la face en rejetant la faute sur ta personne. Je ne tenais pas à ce qu’il y ait de mensonge entre nous, ce n’était pas pour en conserver certains sur toi… » Anaé avait pris ses mains dans les siennes, consciente du choc que cela risquait de lui faire, et n’hésita pas à appuyer légèrement ses lèvres contre celles de Shaun avant de lui murmurer doucement : « Je suis désormais certaine que je veux passer le restant de mes jours à tes côtés. De ça je suis intimement persuadée. Le reste n’est qu’un détail qu’il reste à écrire. Je serai dehors si tu as besoin de moi. » Anaé ne pouvait pas rester dans ce genre d’environnement plus de cinq minutes à moins de n’y être obligée. Et en l’occurrence, même dehors, elle surveillait Shaun du coin de l’œil…

Anaé aurait pu attendre des heures s’il le fallait. Mais ce fut néanmoins une torture de tous les instants que de voir Shaun si démunit et de ne pas pouvoir lui porter assistance. Elle savait qu’il détesterait qu’elle interfère dans ce moment intime, et la jeune femme n’était pas suffisamment stupide pour se jeter dans la gueule du loup. Elle attendit patiemment qu’il ne sorte, s’interdisant tout commentaire, mettant soigneusement de côté ses propres problématiques pour ne s’intéresser qu’à une chose : le fait de changer les idées au pompier. « Mmmh. Pas ce soir. Tu as besoin de te détendre et je pense que ton esprit n’intègrera rien de nouveau ce soir. Nous allons nous déteindre, passer un bon moment, à savoir dans le seul endroit où toi et moi avons réellement été heureux ne serait-ce qu’un instant. » A nouveau, elle lui tendit son casque, un sourire malicieux dans le coin de ses lèvres, tandis qu’elle savait pertinemment qu’il avait compris le message. Ce lieu n’était autre que le pub de ses parents, où l’ambiance était toujours exceptionnelle et où personne ne jugeait jamais personne. Même la française qu’elle était l’avait compris dès qu’elle avait foulé le sol dudit pub la première fois. Anaé ne s’attendait pas à ce que ses parents aient du mal avec un groupe faisant un concours de boisson sans pouvoir déterminer de vainqueur. La donne lui fit légèrement froncer les sourcils alors qu’elle captait le regard désespéré de la mère de Shaun. « Tu veux bien commander une pinte pour moi et m’attendre quelques minutes, Shaun ? » Elle ne manqua pas de lui pointer malicieusement le coin où ils s’étaient gentiment donné en spectacle tout en lui faisant un clin d’œil discret.

« Messieurs, peut-être faut-il dresser des règles à votre jeu. Vous me permettez sans doute que je ne me joigne à votre charmante compagnie ? Parfait ! Mais je me permets une petite condition : si je gagne… vous payez votre dette et vous quittez cet établissement. » Autant ne surtout pas en venir aux mains. Anaé manquait un peu de pratique, puisqu’elle ne s’était plus adonnée à ce genre de jeu depuis des lustres, mais autant dire qu’elle fut absolument splendide tout le temps que le jeu dura. Son extraordinaire capacité à encaisser les shooters qu’elle s’enfilait relevait de l’art, car au final, malgré la quantité bue, elle restait la seule debout à la fin. Bons joueurs, ses partenaires du moment la saluèrent avec toute la gaité apportée par ledit jeu et partirent dès que leur taxi fut devant le pub. Anaé fut longuement remerciée par la mère de Shaun, qui ne manqua pas de la serrer dans ses bras, avant même de pouvoir enfin revenir auprès du pompier de son cœur. Diantre, elle ne s’attendait pas à laisser échapper un petit rire en s’asseyant mais c’était fun de la voir pompette. Il était étonnant qu’elle ne soit pas en coma éthylique ! « Avant même que tu ne me prennes pour une vulgaire saoularde… pour ma défense, ma mère détenait une plantation de Rhum. J’ai fais honneur à la France ce soir, tu ne crois pas ? Par contre, c’est fou comme la chaleur irrigue mon corps. » Pour l’instant, la jeune femme ne voulait pas toucher à la pinte de bière se trouvant en face d’elle et attrapa simplement un journal pour se faire un peu d’air avant de reprendre, en tâchant d’être sérieuse : « Je sais que tu es un fier irlandais mais mon ouïe est excellente si tu as besoin de vider ton sac. Il n’y a aucune honte à avoir… et je déteste de te savoir triste. »

« J’ai tout de même l’esprit clair » rétorqua-t-elle non sans ponctuer ses paroles d’un petit sourire malicieux. Quelque part, l’alcool irradiant ses veines lui faisait du bien. Cela l’aidait justement à y voir plus clair, et à faire sauter toutes les barrières qu’on lui avait soigneusement imposées durant des années. Anaé était avant tout régie par le respect, le protocole, le contrôle de son existence. Ce dernier avait été tellement mis à mal récemment, tant et si bien que Shaun n’était plus le seul à avoir maladivement besoin de le récupérer. Elle écarquilla cependant deux grands yeux surpris lorsqu’il se mit à l’allumer, à la provoquer ouvertement, oubliant de ce fait ses principes et tout ce qui pouvait bien s’y rattacher. Mais la jolie française était d’humeur joueuse et si le pompier de son cœur détruisait chacune des barrières entre eux, elle ne serait pas celle qui s’en plaindrait. « La réserve ? » demanda-t-elle malicieusement avant de se rapprocher à son tour, jusqu’à atteindre ses lèvres dont elle s’empara avec une passion presque dévorante. La princesse légèrement pompette devenait décidément entreprenante puisqu’elle prit ses mains dans les siennes sans rompre le baiser, dans la plus grande discrétion, tandis que les parents de Shaun étaient en plein conciliabule avec les deux ou trois clients encore présents dans le pub. Anaé n’avait aucune idée d’où se trouvait la fameuse réserve de prime abord, mais elle laissa simplement son extraordinaire flair la guider jusqu’à les faire pénétrer à l’intérieur. Il fallait remercier le fait que la pancarte « Réserve » soit placardée sur la porte ! Porte qu’elle ne manqua pas de fermer à double tour sans que son sourire ne diminue d’un millimètre tant cet état de fait l’amusait. Shaun était prêt à se brûler les ailes, et bien qu’elle n’en comprenne pas totalement la raison… il ne pouvait pas lui offrir meilleure façon d’oublier tout ce qu’elle avait pu vivre de sinistre et de douloureux dernièrement.

« Fantasme, hum ? Mais Monsieur O’Connor, je ne vous savais pas pyromane au moins de jouer à ce point avec le feu… » Anaé s’approcha félinement du jeune homme pour mieux se serrer contre son dos, ses mains descendant sournoisement le long de son torse, qu’elle ne manquait pas de caresser de façon extrêmement habile, tandis qu’elle déposait de brefs mais intenses baisers dans son cou. « Reste à savoir si cela n’était qu’une idée ou bien… si tu es effectivement près à me laisser te brûler les ailes. » Anaé ne voulait pas qu’il regrette d’avoir renié ses principes. Voilà la raison pour laquelle elle s’écarta brusquement, se reculant sans le lâcher du regard, attendant qu’il fasse un pas vers elle ou décide de sortir. Dans un cas comme dans l’autre, il ne ferait face à aucune résistance. « Qu’attends-tu réellement de moi ? »

Le discours de Shaun parvint à émouvoir la sensibilité d’Anaé au-delà des mots. Et dire qu’elle se targuait de ne pas être facilement émue ! Il fallait croire qu’elle se fourvoyait dans les grandes largeurs… mais tout le monde n’était pas l’irlandais. Les sentiments l’unissant à son beau pompier ne pouvaient décemment être décrits par des mots. La jolie française aurait pu inventer des centaines de belles phrases pour tenter de se rapprocher de la vérité, rien n’y aurait fait. Elle avait beaucoup de mal à imaginer être une seule seconde de plus séparée de cet homme. Shaun les avait soumis à une souffrance indicible, mais il semblait bien que celle-ci prenne fin par nul autre que son créateur… « Je ne suis pas princesse de Suède. Pas pour moi. Je ne l’ai jamais été et ne le serai jamais… je suis duchesse de Paris. » Une façon très personnelle de lui dire qu’à ses yeux, elle n’était déjà plus mariée depuis un lustre et qu’elle ne voulait plus appartenir qu’à lui. A lui et à personne d’autre. Cela dit, Shaun ne savait pas à quel point ses paroles réchauffaient peu à peu son âme… il lui faisait confiance. Il mettait de côté les principes ayant tenté de le protéger contre la folie furieuse des femmes jusqu’ici. Anaé n’eut le temps de lui apporter la plus petite réponse que déjà, son corps frissonnait violemment face à son baiser des plus passionnés, la poussant déjà vers ses derniers retranchements. La princesse mit de côté la bienséance et son habituel contrôle pour s’adonner totalement à cette première étape de leur étreinte à venir, s’emparant fougueusement de ses lèvres comme si toute sa vie ne dépendait plus que de cet instant précis. Qu’importe qu’ils soient dans une réserve… ils ne seraient pas dérangés, pas alors que les parents de Shaun s’apprêtaient à fermer bientôt. Ce petit goût du danger ne faisait que pimenter d’autant plus leur échange !

« Tu n’as pas la moindre idée du manque que tu as créé en moi… j’avais l’impression de me faner à chaque seconde tant je ressens le besoin d’être avec toi, de te toucher. Je me montrerai digne de ta confiance car je t’aime et te faire du mal me tuerais assurément… » Assez de parlotte, cela dit. L’alcool qu’avait ingéré Anaé avait une fâcheuse tendance à l’échauffer au naturel, alors les caresses de Shaun ne faisaient que la brûler davantage encore. Elle se surprit à empoigner furieusement la chemise du jeune homme pour l’ouvrir en faisant sauter littéralement les boutons, se moquant bien des conséquences pour l’heure… avait-elle été aussi peu raisonnable lors d’une étreinte ? Non, jamais. Anaé était passionnée, mais un rien de contrôle subsistait toujours. Là, ses moindres barrières avaient été anéanties pour de bon. « Ne te retiens pas, ne te retiens plus… je suis tienne Shaun. Je veux que tu me fasses l’amour jusqu’à ne plus avoir de souffle, que l’on se retrouve toi et moi et que l’on ne se quitte plus jamais. Jamais. » Le nouveau baiser qu’elle lui offrit fut nettement plus délicat, alors qu’elle lui ôtait complètement sa chemise pour mieux serrer son corps contre le sien, sentant son désir se décupler au fil des secondes. A un moment donné, elle dû étouffer un petit cri de plaisir face aux caresses de Shaun en se mordillant légèrement le doigt juste avant d’ôter doucement mais sûrement le pantalon de l’irlandais, dernière résistance qui s’opposait à l’union de leurs corps et de leurs sentiments…

L’éloignement imposé par Shaun n’avait pas été ridicule ou inutile. Au contraire, Anaé avait sentit ses émotions, ses sentiments se décupler d’autant et elle se sentait désormais entière alors qu’il l’enlaçait comme si sa vie en dépendait, et qu’elle sentait ses baisers accroître ses frissons déjà bien présents. Ses soupirs se mêlaient désormais à ceux de son pompier alors qu’elle ne craignait plus d’être surprise : les paroles de Shaun étaient tout à leur fermeture et n’auraient sûrement pas l’idée de venir s’aventurer près de la réserve. Il ne valait mieux pas ! Pas alors que les deux jeunes gens s’adonnaient à une folle danse entre leurs lèvres, langues et même corps respectifs. Anaé ne put cependant retenir un léger cri lorsqu’il la fit sienne, sentant à quel point il la faisait se sentir vivante en quelques gestes à peine, et à quel point elle ne pouvait déjà plus se passer de sa présence. Quelques soient ses défauts et le danger de son travail, la jolie française se sentait d’attaque pour tout accepter… mais elle ne pourrait plus jamais supporter qu’il s’éloigne d’elle de cette façon, la privant de ce cocon de sentiments partagés où ils s’étaient réfugié à partir du moment où elle l’avait embrassé dans ce même pub. Anaé mit de côté la douleur émanant encore de certains de ses membres face au va et vient de Shaun et s’abandonna littéralement à son plaisir alors qu’ils atteignaient ensemble un paroxysme qu’elle avait cru ne plus pouvoir frôler. Elle était passablement à bout de souffle mais refusa de se séparer du jeune homme, soudainement prise d’une crainte ridicule : elle ne voulait pas le voir partir, jamais. « Je t’aime tellement Shaun que je voudrais que cela ne s’arrête jamais. »

Ils avaient beau être au milieu d’une réserve, Anaé mettait ce genre de détail de côté pour placer son front contre celui de son pompier avant d’esquisser un sourire ravi. Rien n’aurait pu faire disparaître celui-ci, du moins le pensait-elle jusqu’à ce que le père de Shaun ne vienne tenter d’ouvrir la porte de la réserve, qui était fermée, et ne frappe violemment à celle-ci comme s’il avait déjà tout compris. « Vous êtes là dedans les jeunes ?! Faites-moi le plaisir de sortir immédiatement ! » Ce genre de situation n’était jamais arrivé à la belle princesse auparavant, et pour cause, ses parents étaient morts lors de son adolescence. Anaé ne put s’empêcher de rougir très légèrement tout en grimaçant de gêne. « Heum… il y a une façon particulière pour faire face à ce genre de situation, dis-moi ? » Comme toujours, dès qu’une situation la dérangeait ou la gênait, son verbe haut reprenait le dessus. Mais à sa décharge, ils étaient aussi nus l’un que l’autre et si elle n’avait pas eu le réflexe de fermer la porte à clef… son père les auraient surpris dans leur plus simple appareil.