Une nouvelle fois délaissée. Mais il ne peut en être autrement, n’est-ce pas ? Il s’agissait du protocole, et deux époux princiers ne pouvaient guère espérer autre chose : Carl refusait de toucher sa fiancée avant que le mariage ne soit effectivement prononcé et Anaé s’ennuyait dans un appartement immense, dont elle ne pouvait guère sortir sans être moult harcelée par les paparazzis. Alors cette nuit, juste pour se faire plaisir à elle, la jolie française avait sorti sa plus belle lingerie, mis un corset ainsi que des portes jarretelles pour se donner l’impression d’être la femme la plus désirable qui soit. Elle avait passé toute la soirée ainsi, dans l’intimité de son immense chambre, jusqu’à ce qu’elle n’ait éteint la lumière. Mais hélas, un bruit suspect provenant du salon l’alerta aussitôt : ça ne pouvait pas être un membre des domestiques, ceux-ci étant tous partis une heure plus tôt. Anaé s’arma donc de sa batte de baseball unique et préférée, la brandissant fièrement avant de ne sortir de sa chambre et de n’apercevoir une ombre un peu plus loin. S’il s’agissait d’un cambrioleur, la princesse aurait tôt fait d’être molestée avant même que d’avoir porté un coup, malgré sa souplesse. Elle s’approcha donc de l’importun, n’allumant la lumière du couloir qu’à la dernière minute avant de se saisir de l’une des épées se trouvant dans un fourreau accroché dans le salon. « Qui êtes vous donc ?! » s’exclama-t-elle tandis qu’elle avait brandit l’épée contre sa gorge avec habileté, prête à se défense s’il le fallait. « Mon père était habile escrimeur, Monsieur… il m’a bien enseignée. Je vous somme de répondre immédiatement ou je vous éventre du nombril… jusqu’au nez. »

« Ce truc pointu s’appelle une épée, révisez votre vocabulaire ! » s’exclama-t-elle sans cesser une seconde de le tenir en joue, se méfiant de lui bien au-delà des mots. Qui était-il et comment au juste était-il parvenu à passer la sécurité de son hôtel particulier ? Non seulement l’alarme était de dernier cri mais il n’existait pas moins d’une dizaine de vigiles pour veiller à son bien-être ainsi qu’à sa sécurité. Son fiancé était peut-être négligeant personnellement, mais il veillait tout de même à ce que rien ne lui arrive… en théorie. Une chance que son père l’ait justement bien enseignée ! « Me faire goûter de votre lame ? Mon pauvre ami, votre petit cran d’arrêt ne vous servira à rien si j’appuie et que je vous coupe la gorge en premier… et croyez bien que je n’hésiterai pas un instant à le faire si j’estime mes jours en danger… de plus, il semble que votre ouïe soit considérablement défaillante puisque ma question est toujours sans réponse ! Je vous somme de me dire qui vous êtes et ce que vous faites chez moi ! Quant à ma tenue, je ne vois pas en quel honneur elle vous concerne, vous n’avez aucun droit d’obtenir cette réponse, vous n’êtes qu’un inconnu parmi tant d’autres… » Anaé s’était souvent bien battue avec de l’arrogance, puisqu’on la jugeait rapidement insupportable et qu’elle faisait mouche de par son vocabulaire précieux. Avec un peu de chance, elle allait décourager cet importun ? En tout cas, elle appuya légèrement plus contre sa carotide afin d’obtenir satisfaction… et ne bougerait pas d’un millimètre avant.

Cet homme était de toute évidence étrange. Mais plutôt que de frissonner ou trembler de frayeur, Anaé lui faisait face et tâchait de défendre sa peau toute seule puisque de toute évidence, rien ni personne ne viendrait la sauver. Si elle voulait faire preuve d’un éclair de génie, c’était maintenant ou jamais. A ceci près qu’on la prenait bien souvent pour une simple princesse sans cervelle alors qu’elle avait l’habitude de subvenir seule à ses besoins, et ce même en cas de conditions extrêmes, comme lorsqu’elle essuyait une tempête cuisante en pleine mer. Aujourd’hui, elle faisait manifestement face à un pro du meurtre, il ne fallait pas sortir de Saint Cyr pour raccrocher les wagons ensemble, mais la question qui la turlupinait c’était… pourquoi ? « Qui souhaite me voir six pieds sous terre au point d’envoyer un tueur professionnel au sein de mes appartements personnels ? » Anaé ne manquait pas de cran, c’était le moins que l’on puisse dire. Mais après tout, à priori elle n’avait plus grand-chose à perdre, voilà pourquoi elle n’hésita pas une seconde à pousser son agresseur potentiel contre le fauteuil à proximité pour mieux appuyer la lame juste au dessus de son cœur, comme il venait justement de le lui faire remarquer. « Soit vous êtes un tueur sans envergure, soit complètement idiot… bien qu’un mélange des deux ne soit pas à exclure mais il me semble vous avoir posé une question par deux fois… je serais lassée de devoir me répéter au même titre qu’il serait sûrement difficile pour votre orgueil d’être calmé par une… tête couronnée comme vous dites si agréablement ? »

Anaé était souvent prise pour la dernière des cruches et résultat, dès qu’elle en avait l’occasion, elle mettait les voiles. Sûrement était-ce pour cela que son charmant fiancé lui avait interdit de quitter son hôtel particulier de la semaine, et tout particulièrement ce soir – sans même que la piquante française ne puisse imaginer une seconde qu’il comptait la faire refroidir ce soir même – le suédois ne supportant pas que sa femme soit dotée de davantage de caractère que lui. Anaé brillait toujours dès qu’elle apparaissait, parce qu’elle faisait preuve d’un charisme et d’une prestance ne laissant pas indifférent. Sûrement était-ce son peu de normalité qui avait empêché jusqu’ici ce tueur de la refroidir définitivement et retenu sa main de faire définitivement son affaire. Quoi qu’il en soit, son visage laissa bientôt entrevoir une vive colère alors qu’il l’avait privée de son arme et amenée entre ses bras, sa peau, vile traîtresse, ne manquant pas de frissonner et malheureusement pour Anaé… ce n’était pas de façon désagréable. Pourquoi se sentait-elle attirée par cet abject personnage ne voulant rien d’autre que son mal ? « Sans doute ne suis-je pas devin au même titre que vous êtes passé au rang d’artiste dans votre bêtise cuisante ! » Il ne l’impressionnait pas. Si elle devait mourir aujourd’hui, autant que ce soit en ayant l’honneur sauf, n’est-ce pas ? Voilà pourquoi elle n’hésita pas une seconde à lui asséner une gifle des plus monumentales, histoire de rétablir un tout petit brin d’équilibre entre eux. « Vous êtes étonnés ? Il fallait bien que je vous corrige pour vos manières ! Celles-ci laissent tellement à désirer… mais vous êtes chanceux Monsieur l’inconnu. Il se trouve que j’ai follement envie de pousser à bout quelqu’un de ma connaissance, et que la France ne s’avoue jamais vaincue. » Anaé n’avait cure des conséquences, puisque de toute façon, elle était destinée à mourir très, très bientôt. Alors qu’elle pencha son charmant cou d’apparence si fragile avec souplesse et grâce, capturant sans prévenir les lèvres de son bourreau potentiel histoire de lui offrir l’archétype même du french kiss… la classe de la princesse en plus. Elle ne s’écarta qu’ensuite, sans lui laisser le choix de le faire de lui-même, arquant un petit sourcil de défi tandis que son sourire ne la quittait toujours pas. « Vous avez un contrat à honorer et un pactole à ramasser, je crois, n’est-ce pas ? »

Le moins que l’on puisse dire c’est que l’un comme l’autre ne manquaient pas de tempérament mais également de répondant. A ceci près qu’Anaé avait trop d’orgueil pour le laisser gagner aussi facilement, il fallait à tout prix qu’elle gagne cette première manche. Sûrement l’avait-elle au moins un brin surpris, sans quoi elle serait sûrement déjà morte depuis très, très longtemps. Son sourire ne la quittait donc pas, tandis qu’elle continuait de se dire qu’au pire, il la tuerait rapidement et qu’elle aurait pu avoir le dernier regain d’orgueil de sa vie. « Pressée n’est point le terme dont je souhaite user pour l’heure. Disons simplement que si vous aviez réellement voulu me tuer… sans doute ne serait-ce pas là à argumenter contre vous. N’est-ce pas autre chose que vous recherchez ? » Anaé avait vu juste. Il la souleva comme une plume en l’espace de deux secondes, l’incitant à entourer ses hanches de ses cuisses pour mieux la conserver dans ses bras alors qu’elle ne le quittait pas des yeux. Très étrangement, elle ne ressentait pas une once de peur, comme s’il l’empêchait de poursuivre une vie d’intense supercherie. Voilà pourquoi elle ne manqua pas d’éclater de rire alors qu’il lui donnait ni plus ni moins le choix de dire qu’il abusait d’elle ou bien qu’il lui donnait le plus intense plaisir de sa vie. « Vous voulez que je vous dise, Monsieur l’inconnu ? Vous parlez bien trop et êtes bien trop sûr de vous. Et si c’est vous qui viviez le moment le plus intense de votre existence ? » Ce pauvre tueur semblait tellement blasé qu’elle n’eut aucun mal à faire tanguer souplement son buste afin de mieux le faire tomber contre son immense lit. Elle le maintenait grâce aux poignets sans le toucher autrement. « Laissez-moi deviner : il vous arrive souvent de tomber sur de pauvres midinettes que vous arrivez à charmer facilement et ne me faites aucunement une fleur ? Et vous espérez me donner le plus grand frisson de ma vie ? »

« Ah oui, un nouveau record ? » Quitte à être plantée à un moment donné, autant ne pas perdre son honneur dans la bataille. Anaé savait que si elle vivait effectivement les dernières minutes de son existence, elle n’avait rien à perdre à provoquer définitivement celui qui semblait vouloir devenir autant son éducateur que son agresseur. Il la pensait aussi vierge que Marie ou quoi ? Certes, il inversa leurs deux positions et sortit une larme de l’une de ses nombreuses cachettes mais la jolie française arqua un sourcil de défi plutôt que d’être apeurée. « Je ne suis sûre que lorsque je pense connaître l’issue de quelque chose… et à moins que vous ne portiez un morceau de bois dans votre entrejambe, c’est moi que vous voulez, et ce bien davantage que vos chères lames bien aimées. » Anaé flirtait avec le danger, surtout maintenant que Shaun venait de couper littéralement les deux bretelles de son soutien gorge mettant déjà en valeur les deux globes de chair que son fiancé n’avait jamais touchés… elle lui avait toujours formellement interdit l’entrée de ses cuisses. Pourtant, malgré le fait qu’il soit armé, la princesse lui arracha les deux pans de sa chemise, s’emparant de l’une de ses lames au passage – après tout, autant qu’ils soient sur la même longueur d’onde jusqu’au bout, n’est-ce pas ? – pour mieux lui découper sa ceinture. Au moins, il aurait un peu plus de mal à s’échapper avec son pantalon sur les genoux ! « Vous risquez d’être surpris… je me plais à penser que je ne suis pas la première gourde venue, j’ai beaucoup d’attentes ! Je doute que vous ayez le temps de toutes les combler, mon cher. » La jeune femme inversa à nouveau les rôles, conservant la lame dans sa main pour mieux partir à la conquête de son torse désormais à sa merci… ses lèvres semblaient aussi dangereuses que les multiples lames dont elle avait commencé à le débarrasser, doucement mais sûrement, non sans le couvrir de baisers au passage.

Quelques heures ? Tiens donc ! Anaé aurait cru que ce parfait inconnu dont elle ignorait jusqu’au nom serait du genre à prendre son plaisir, à tuer sa victime et à disparaître telle une ombre dans la nuit. Force est de constater qu’elle se trompait puisqu’il l’effeuillait avec un mélange d’empressement et de lenteur, comme s’il cherchait à s’éprouver lui-même. Mais ce qu’elle ne lui disait jamais, c’est qu’il était le premier homme depuis très, très longtemps à être capable de la faire frissonner et même gémir de plaisir. Quelle satisfaction de lui rendre la pareille d’ailleurs, puisqu’il était loin de sembler insensible à ses arguments. « Vous ne serez guère le plus perdant dans l’histoire » murmura-t-elle avant lui mordiller l’oreille sans attendre, ayant à cœur de lui laisser cependant un petit souvenir : même s’il avait tranché dans le vif au niveau de sa petite culotte, Anaé l’avait rattrapée au vol pour mieux la glisser dans la poche du jean de ce parfait inconnu. Pourquoi, comment, qu’importe. Au moins elle était persuadée qu’elle ne serait pas une victime qu’il oublierait de sitôt, parce qu’elle enchaînait les élans de culot comme les soupirs de plaisir. « Vous êtes aussi désarmé que moi, alors… » nota-t-elle avant de ne se placer au dessus de lui, sentant l’empressement étant le sien et commençant à comprendre qu’il risquait de finir par être en souffrance s’il ne la possédait pas immédiatement. Pourtant, elle ne manqua pas de s’adonner à une petite danse, un petit déhanché des plus sensuels mettant en contact les deux signes de leurs plaisirs respectifs. Cherchait-elle à le mettre au supplice ? Après tout, il méritait d’être puni pour ses péchés. « Au moins vous avez chassé cet air blasé de votre visage… » murmura-t-elle avant d’oser une ultime marque de culot : un suçon énorme dans le creux de son cou ! Elle n’avait plus rien à perdre mais lui, oui !

« Je pense que vous ferez vous-même la conclusion de la chose et puis même si je tentais un contre-argument, cela ne servirait à rien, n’est-ce pas ? » Anaé avait oublié d’être complètement stupide ou même de ne pas savoir observer à l’extrême son interlocuteur, et ce bien qu’en l’occurrence, ils ne soient pas exactement de simples interlocuteurs. En l’espace d’un dixième de secondes, dès lors que Shaun eut plaqué durement ses mains contre ses hanches et commença à la posséder, leur échange changea de fait. La jolie française maîtrisait ses gémissements de plaisir mais celui-ci était malheureusement extrêmement lisible sur son visage, bien qu’il fut tranché par un sourire satisfait dès lors qu’il eut râlé pour le suçon qu’elle lui avait fait. « Il s’agit d’un simple suçon, c’est un peu extrême que de le considérer comme une laisse ! Qu’avez-vous à craindre, vous en aurez bientôt fini avec ma personne. » Bien évidemment, Anaé ne savait pas que ce parfait inconnu risquait d’être fortement raillé pour avoir été si négligeant… en attendant, elle tâchait de contenir ses assauts tous plus brusques les uns que les autres, alors que ses hanches se levaient traîtreusement pour lui offrir davantage de marge de manœuvre. Il eut tôt fait de saisir le message puisqu’il en augmenta de fait la cadence, lui arrachant des gémissements nettement plus virulents, qu’elle étouffa en capturant sournoisement ses lèvres. Si elle n’estimait pas avoir peur de mourir, elle ne voulait pas non plus être stoppée en plein ébat par un domestique… « Si mon petit cul ne vous blase pas, mon suçon ne vous blasera sûrement pas davantage » le provoqua-t-elle finalement avant de ne lui en faire un autre sur le pectoral droit, de façon plus discrète, comme pour lui faire tester de nouvelles sensations.

Anaé retint un rire, parfaitement consciente du fait qu’il ne soit pas du genre à être marqué. Justement, elle le provoquait et le provoquait encore, n’éprouvant pas la moindre barrière parce qu’elle sentait toujours cette sorte d’épée de Damoclès au dessus de sa tête. Pourtant dieu sait qu’il la faisait vibrer comme personne, l’emportant toujours plus près d’un précipice de plaisir dans lequel elle avait envie de se jeter corps et âme. A peine eut-il inversé les positions qu’elle le chevauchait avec souplesse et grâce, ne ralentissant pas la cadence d’un millimètre pour mieux lui faire comprendre que dans ce corps à corps, il n’était pas le seul à avoir un certain pouvoir sur l’autre. Plus il la touchait et plus Anaé se sentait pousser des ailes, encore quelques minutes et elle ne reconnaîtrait plus du tout son corps. Elle s’attendait même à ce qu’il ne la saigne à ce moment précis mais non, sa propre jouissance sembla l’emmener vers des cieux tellement extraordinaires qu’il n’en n’eut pas l’idée et finalement, c’est haletante et tout aussi comblée qu’elle tomba sur le côté, une main contre sa poitrine nue, une sortie de sourire moqueur sur les lèvres. « N’ayez crainte, je pense que votre marque ne durera pas plus de trois jours. N’est-ce pas votre talent le plus primaire que de disparaître plusieurs jours d’à filée ? Offrez-vous donc des vacances » énonça-t-elle avec insolence tandis qu’elle se relevait pour s’habiller d’un simple peignoir en soie, cachant à peine son corps aux formes divines tant la soie était fine. « Vous ne m’avez pas encore ôté la vie, cher inconnu » énonça-t-elle avant de ne revenir vers le lit, l’air passablement étonnée « et je ne connais pas plus votre nom, bien que je ne sois pas certaine que vous connaissiez le mien. Ce n’est pas un détail dont vous avez besoin, n’est-ce pas ? »

La jeune femme ne s’était éveillée que de nombreuses heures après, dans son lit, son peignoir toujours sur elle. Il ne lui avait pas fallut plus de quelques minutes pour se remémorer ce qu’il s’était passé dans l’intimité de sa chambre, mais elle était surprise d’être justement encore en vie, et même bien portante. Un fin sourire peupla un moment son visage avant que la routine ne reprenne ses droits sur son existence. Autant dire que celle-ci n’était guère agréable, puisque Carl eut la mauvaise idée de venir dîner en sa compagnie une semaine plus tard, la poussant à faire preuve d’une toilette particulièrement soignée alors qu’ils n’avaient strictement rien à se dire. Si ce n’est que le prince de Suède n’avait de cesse de lui balancer des reproches en pleine figure… « Vous m’avez fait suivre par votre croque mort de valet c’est tout à fait vous. Mais sachez mon cher que je ne suis pas une simple domestique à qui vous donnez des ordres… je suis votre fiancée. » Carl balança la table dressée à l’autre bout de la pièce pour mieux gifler la demoiselle, l’entraînant en lui tordant à moitié le poignet pour mieux la consigner dans sa chambre telle une gamine punie. Son poignet avait pris une couleur violacée tandis que le prince quittait l’hôtel particulier d’Anaé, ne lui laissant pas d’autre choix : celle de se rendre vers son balcon pour étudier le moyen de quitter cette maudite chambre… du moins jusqu’à ce qu’elle ne tombe nez à nez avec quelqu’un qu’elle n’aurait pas pensé revoir de sitôt. Son visage, précédemment marqué par la colère, la tristesse et la crainte, se transforma bientôt en une expression culottée dont elle faisait si bien preuve en sa présence… « Lorsque l’on est un gentleman avec des manières, on ne quitte pas le lit d’une dame sans laisser le moindre mot. Il faut croire que vos manières laisseront définitivement à désirer… au même titre que je trouve que « l’irlandais » ou « le boucher » sont des surnoms qui ne vous vont guère. Je n’ai hélas guère le temps de m’occuper de vous je cherche à m’évader de ma prison dorée. »

« Disons qu’en plus d’être une lady aux manières disons… très personnelles, j’aime marquer les esprits. Et autre chose, mais je suppose qu’il est inutile de vous faire un dessin. » Anaé n’était pas peu fière d’elle car en dépit de tout ce qu’elle avait pu croire, ce presque parfait inconnu en compagnie duquel elle avait passé un moment des plus sulfureux était finalement tombé sur sa petite culotte. Preuve qu’il regardait le contenu de ses poches, au moins… « Oserais-je aller jusqu’à supposer que vous êtes ici car il vous manque ma dédicace sur mon sous-vêtement ? » L’insolence d’Anaé n’était plus à prouver depuis le temps et c’était justement ce qui déplaisait tant à son fiancé. On ne contrôlait pas une lionne de sa trempe, pour la simple et bonne raison qu’elle avait toujours réponse à tout, imaginait cinq issues de secours pour chaque situation et n’était pas maîtrisable, tout simplement. « Inutile de me pousser mon cher j’ai ma propre porte de sortie… je suis une femme organisée vous savez ! Peut-être sûrement trop au goût de mon fiancé bien que je pense tout bonnement que ce soit mon tempérament ainsi que mon emploi du temps qui mette cruellement à mal ses petits nerfs. S’il pense me museler avec une simple gifle et des menaces… » Anaé haussa les épaules avant de ne se tourner vers l’inconnu ayant particulièrement hanté ses pensées durant ces derniers jours. Leurs deux visages reprenaient de fait cette proximité délicieuse et pourtant, la princesse n’émit pas le moindre rapprochement supplémentaire. Créer le désir sans l’implorer. « Serais-je que je vous ai manqué ? Si vous souhaitez simplement achever votre travail, sachez que cela devra attendre. » Anaé s’écarta subitement pour mieux commencer à ôter sa robe. Oh elle n’avait pas l’intention de lui faire du gringue – bien que c’était à croire qu’elle aime être en sous-vêtements en sa présence – puisqu’elle pénétra à l’intérieur de son dressing pour en sortir un legging moulant ainsi qu’un t-shirt ne l’étant pas moins.

En l’espace de quelques secondes à peine, Anaé s’était saisie de sa petite culotte ainsi que d’un feutre blanc à dédicace pour mieux effectivement signer son sous-vêtement. Elle le lui renvoya dans la tronche sans douceur avant de ne reprendre son habillage tandis que son petit sourire insolent ne la quittait pas. Effectivement, il n’y avait qu’une tête brûlée au monde à être capable de provoquer son tueur en lui demandant de repasser… mais la jolie française n’estimait pas avoir grand-chose à perdre, et toutes les minutes de surcie qu’elle gagnait n’étaient pas nécessairement mauvaises à prendre. « Oh mais je n’ai aucun doute sur le fait que vous ne soyez point un de mes serviteurs, dans le cas contraire je connaîtrais votre prénom et les moindres détails importants de votre existence, sans oublier le fait que je n’aurais pas vécu un sulfureux moment en votre compagnie. Mais la question que je ne puis m’empêcher de me poser est tout de même la suivante : pourquoi ne pas m’avoir « refroidie » la dernière fois comme vous dites si agréable ? » Anaé cherchait-elle à noyer le poisson ? Très probablement. Mais il n’empêche qu’elle s’était même approchée de son inconnu préféré une fois habillée, sans crainte dans le regard, comme si elle comptait arrêter de gesticuler dans tous les sens pour lui laisser tout le loisir de faire ce qu’il avait à faire. « Je vous souhaite bon courage pour le restant de votre existence de plein ennui, mon cher… et contrairement à toutes vos autres victimes, je n’ai pas peur de vous. Chaque seconde supplémentaire est un surcie. Alors mort lente, rapide… votre choix. Mais en attendant, j’ai quelque chose à faire. » Cependant, elle ne bougeait pas et fronça même les sourcils tout en approchant son visage du bras de son inconnu pour en humer l’odeur. « J’espère que votre médecin n’est point un âne. »

Anaé éclata de rire tandis qu’il disait vouloir prendre son temps. Diable, si cela continuait, demain ils y seraient encore ! Voire même dans une semaine car le tueur ne semblait pas vouloir terminer son contrat… allait-elle s’en plaindre ? A la place, elle fronça légèrement les sourcils à sa réponse et pour ainsi dire, elle aussi eut une sale image qui s’imposa à son esprit. « Décidément, que de bouchers… » lâcha-t-elle sans douceur avant de ne le rattraper pour s’emparer de ses lèvres sans prévenir, avant de ne lui ôter sa chemise sans préavis aucun pour mieux appuyer contre ses épaules afin de l’asseoir. « Effectivement, il s’agit bien de l’œuvre d’un boucher mais vous ne pouvez guère espérer échapper à une infection si ce n’est pas correctement soigné » énonça-t-elle avant de se s’emparer d’un petit kit de suture dans l’un de ses tiroirs car oui, il lui arrivait de temps à autre de s’adonner à la cousette sur sa sœur casse cou refusant bien souvent de se faire soigner par quelqu’un d’autre. Pour la petite histoire, c’était un grand chirurgien qui avait fait son éducation et Anaé n’était pas peu fière du résultat. Mais pour l’heure, tandis qu’elle ôtait les points avec une douceur et un doigté particulièrement brillant, elle désinfectait au passage la plaie au fur et à mesure. Plus aucun risque d’infection s’il la laissait poursuivre jusqu’au bout. « A vrai dire, pour être honnête… ce soir je me dois de mettre les voiles au sens propre. Si vous connaissez tant que cela mon passé, sans doute n’ai-je point besoin d’en dire davantage. Tâchez de rester immobile… »