Nouvelle journée de cours. Les heures ont passé lentement entre la théorie et la pratique mais la journée est encore loin d'être terminée. Seulement voilà, vu le foutoir auquel ma vie ressemble en ce moment, j'ai un peu de mal à me concentrer, ce qu'on finit par percevoir mes professeurs -enfin certains- et les filles de mon groupe. J'ai haussé les épaules à toutes leurs questions, en essayant véritablement de me concentrer sur mes cours de la matinée. J'ai fini par y parvenir. Je crois. Il le faut. Les examens sont bientôt et je ne laisserai personne m'empêcher d'avoir mon diplôme, même pas Peter Brown et son regard de braise et surtout pas Logan avec son côté psychopathe à l'égo surdimensionné. Je devrais appeler la police, j'ai encore trouvé un mot et il m'a suivie à mon boulot l'autre jour. Seulement je me dis qu'il va finir par se calmer vu que je ne tiens pas particulièrement à passer du temps en compagnie des flics, ça me fait toujours peur. Du coup j'ai raconté aux filles toute l'histoire avec Peter, en glissant vaguement ce qu'il s'est passé avec Casey mais en omettant fortement toute l'histoire avec Logan. Même ma propre soeur n'est pas au courant que j'aie à nouveau ce taré sur le dos. Peu importe. Il faut se concentrer sur les cours et c'est ce que j'ai fait, histoire de ne pas passer pour une fille qui se laisse submerger par ce genre d'histoires. C'est ce que j'ai fait, une profonde respiration et hop, on se concentre sur le côté préraphaélite de John Waterhouse.

Une heure plus tard, je ressors avec les différents dossiers et documents que le prof nous a donnés à la main en attendant que je les range dans mon sac. Les autres filent directement au prochain cours, ce que je n'ai pas besoin de faire vu qu'elles ont choisis sculpture et gravure, alors que j'aie encore pris la photographie pour le second se mestre. Faudrait que j'arrête un peu. Hana me lance un "à plus tard" accompagné d'un sourire, même chose pour les autres. N'empêche quand je pense que je vais bientôt devoir les quitter ça me fait mal au coeur. Mes potes de fac habitent tous dans le coin, ce n'est pas la question mais ça sera différent de ne plus les voir dans les couloirs de l'établissement. Je pars donc dans la direction opposée et suis obligée de passer devant une bande de mecs qui ne m'inspirent pas confiance. Je prie pour que rien ne se passe en mais bien sûr, ça ne marche pas. Leurs regards ne me lâchent pas quand j'arrive à leur niveau et des phrases d'une profondeur étonnante à la hauteur de leur QI sortent de leurs bouches. Ils ricanent et moi, je lève les yeux au ciel, exaspérée. Pitié ! Que quelqu'un les achève parce que ça devient cruellement dramatique ! A quoi ils pensent ? Je sais que j'ai dit que ma vie sentimentale était désastreuse en ce moment mais je ne suis pas désespérée à ce point. Entreprenant des les ignorer, je continue mon chemin mais bien sûr, l'un d'entre eux qui doit être particulièrement con en plus d'être le chef de la bande donne soudain un grand coup dans les papiers que je tiens dans la main. Vu que je ne m'y suis pas attendue, papiers et mon sac grand ouvert tombe sur le sol avec mes affaires de cours qui dépassent. Ma mâchoire se crispe et je fronce le nez sous le coup de la colère. Est-ce vraiment possible d'être con à ce point ? Je soupire exaspérée en me souvenant que j'ai fait de la boxe mais qu'il y a un professeur juste à quelques mètres. « Ecoute-moi bien, espèce de ... » mais en relevant la tête je m'aperçois qu'aucun ne m'écoute et qu'ils semblent tous effrayés. Alors que je me suis accroupie pour ramasser mes affaires, j'ai juste le temps de tourner la tête pour voir une silhouette blonde foncer vers nous et ensuite, de lever les yeux au ciel. « Avise toi encore de t’attaquer à Mia et même le concierge ne voudra pas être vu en ta présence. » menace Tristan. Et voilà ! Il manquait plus que lui ! Non mais ils se sont tous donnés le mot ou quoi aujourd'hui ? Tristan, un ex qui m'a larguée sans explications il y a un certain temps. Bon au moins, les abrutis dégagent mais j'en ai le droit à un autre. « Ça va ? » demande-t-il en commençant à m'aider pour ramasser mes affaires. J'ignore si ça se voit mais je fulmine. Si ça va ? Il aurait dû s'en soucier quand il m'a larguée sans aucune explication. « Très bien. » ai-je répondu sèchement en lui prenant mes affaires des mains pour les ranger dans mon sac. Puis je me redresse. Il n'a vraiment pas changé depuis le temps. Manque de chance pour lui j'ai tendance à être à cran en ce moment. « Mais je suis une grande fille et qui a fait de la boxe je te signale, donc merci d'avoir joué les preux chevaliers en armure pour soulager ta conscience mais non merci. Salut. » ai-je continué sur le même ton avant de lui tourner le dos pour continuer mon chemin tout en espérant qu'il n'ait pas envie de faire la discussion.

Non vraiment, en ce moment je suis pas d'humeur pour ce genre de scène, mais bon vu que je travaille avec des enfants je suis supposée avoir une patience à l'épreuve de tout, pas vrai ? Sauf que non parfois ça ne marche pas, surtout quand la gent masculine s'y met. Non vraiment en ce moment ... Argh. Je persiste à dire que j'aurais pu me débarrasser des connards de tout à l'heure sans l'aide de Tristan. J'ai pas vraiment envie qu'il pense que j'ai besoin d'aide, j'ai pas vraiment envie de lui parler ou de le voir même. Il peut penser ce qu'il veut, je m'en fous. J'ai tourné la page sur notre histoire et sa fin calamiteuse, seulement vu la fin en question, c'est pas facile de rester totalement indifférente quand on nous a pas donné l'occasion de comprendre. Peu importe, je sais pas vraiment ce qu'il cherche à faire dans le cas présent, s'il veut me prouver un truc ou ... mais peu importe. Donc bon, il m'a sorti de là, voilà, tant mieux si ça lui a fait plaisir mais autant écouter cette entrevue imprévue avant que je ne perde réellement patience. Depuis notre rupture, enfin disons plutôt depuis qu'il m'a laissée tomber sans la moindre explication, on ne s'est pas vraiment reparlés voire même recroisés, et ça m'allait vraiment très bien comme ça. Chacun sa vie, comme il l'a voulu apparemment. Donc je fais demi-tour, désireuse d'aller n'importe où tant que je m'éloigne au maximum, mais soudain Tristan apparaît devant moi avec un de mes livres de cours à la main. « Tu a oublier celui-là » dit-il tranquillement. Merde, pourquoi il a fallu que j'oublie un livre aussi ? A force j'ai fini par oublier ce que c'était d'être dans un face-à-face avec lui. Toute l'arrogance qu'il peut dégager parfois. Vu la situation actuelle entre nous, ça a plutôt tendance à m'agacer maintenant. Bref, je veux reprendre mon livre mais comme j'aurais dû m'y attendre, il le recule pour m'en empêcher. Okay, reste calme. Je serre la mâchoire. « Hop hop hop. Pas si vite. Je te le rendrais seulement si tu m’adresse autre chose que des mots plein de ressentiment. Allez fait un effort, t’y arrivera bien avant. » poursuit-il sur le même ton. Peut-être qu'en fait je devrais utiliser la carte de l'agressivité et lui foutre mon poing dans la gueule. Peut-être, mais en fait non. Il veut autre chose hein ? J'expire, excédée, le tout accompagné par un rire désabusé en entendant sa demande. « T'as vraiment un de ces culots pour me demander un truc pareil ! Donc non, les paroles pleines de ressentiments c'est tout ce que t'auras de moi, parce que avant ... bah c'était avant justement, avant que tu me largues sans explications par exemple. T'as voulu qu'on vive nos vies chacun de notre côté, c'est parfait, je te propose de continuer de cette façon d'accord ? » ai-je fait sans dire un mot plus haut que l'autre avec une pointe d'acidité dans la voix. J'ai tourné la page. Oui, oui. Entre Peter et Casey en ce moment j'ai pas envie que Tristan vienne se rajouter au bordel de ma vie personnelle en ce moment. Tout ça pour dire que oui j'ai tourné la page, mais ça ne m'empêche pas d'avoir toujours en travers de la gorge la façon dont il m'a quittée. « Donc, avant que je ne te fasse réellement mal, puis-je avoir mon livre s'il te plaît Tristan ? Je t'aurais prévenu. » ai-je demandé froidement. Je serais capable, oui. Après tout c'est lui qui a choisi que les choses se terminent ainsi, donc de quoi il se plaint ?

Je ne suis pas le genre de furie qui devient une psychopathe quand on la largue soudainement sans donner la moindre explication, il n'empêche que bien sûr, j'ai pris la chose plutôt mal. Ce que je juge totalement normal, merci de votre avis, et tant pis si là tout de suite, j'ai l'air de manquer de reconnaissance envers Tristan. Ce dernier tient mon livre de cours dans sa main, apparemment pas décidé à me le redonner. C'est vraiment, mais alors vraiment difficile de rester calme dans ce genre de moment. Peut-être que si on n'était pas ici, à la fac avec tous ces étudiants qui gravitent autour de nous, je l'aurais déjà étranglé de mes propres mains. Non c'est sûr en fait. Qu'il me largue sans me dire pourquoi, okay, j'ai tourné la page depuis le temps et je suis suffisamment occupée avec ce qui s'est passé avec Peter et Casey. Mais qu'il vienne ... s'amuser comme ça avec moi, non. Je ne sais pas ce qu'il cherche mais il va falloir qu'il arrête très vite. «  Je serais curieux de voir comment tu va arriver à me faire mal avec tes bras de spaghettis. En fait... j’pense que j’vais le garder ! » lance-t-il en commençant à regarder dans mon livre de cours. Bon, je doute qu'il comprenne quoi que ce soit à l'art de Gaudi ou de Dali mais le voir regarder mon livre me fait lever les yeux au ciel. « Quelle partie de la phrase "j'ai fait de la boxe" t'as pas compris exactement ? » ai-je lancé les bras croisés. Il commence à me les briser sérieux là. Je sais qu'il adore se comporter comme ça, c'est son truc l'arrogance et c'est pour ça que beaucoup d'étudiants ont peur de lui et de sa Triade. Parfois je me demande comment j'ai pur sortir avec lui, puis je me souviens qu'il lui arrive de tomber le masque. Je pousse un profond sourire pour tâcher de rester calme. « Où ça t'amène vraiment de faire ça ? Oh si tu veux un livre sur l'Art Espagnol du XXe siècle, je peux t'indiquer une très bonne librairie spécialisée qui se trouve à Brooklyn. » ai-je fait ironique avant de reprendre. « Je suis sérieuse, si tu veux un câlin pour te remercier ça sera sans moi et tu te le feras tout seul. T'as pas quelqu'un d'autre à torturer plutôt ? Un premier année par exemple. » ai-je fait plus calmement exactement. Non sérieux, à quoi il joue là ? On s'est pas parlés depuis des lustres et tout d'un coup, ça lui prend de venir me voir.

« Il en faut plus, beaucoup plus, pour me faire peur. » répond Tristan quand je lui rappelle une énième fois que j'ai fait de la boxe. Je plisse les yeux, furieuse qu'il ne me prenne pas au sérieux à ce point. En même temps c'est Tristan, à quoi je me suis attendue hein ? Me rendre furieuse et mes menaces ont probablement autant d'effet sur lui que les cours ont d'effet sur un sportif de base. Ouais je sais, c'est nul ce que je dis mais c'est l'idée. Je sais que je me comporte totalement comme il le veut, c'est-à-dire comme une furie, à croire qu'il est maso. Je sais aussi que je devrais y mettre du mien, feindre l'indifférence seulement, quand on est véritablement en colère c'est assez difficile de faire semblant qu'on ne l'est pas. Soit. Mais la blague est "amusante" quelques secondes, quand elle s'éternise, ça devient lassant. On est toujours au milieu d'un couloir rempli d'étudiants. Qu'est-ce que je donnerais pour me trouver tranquillement à la bibliothèque au lieu d'être ici ... Okay Mia, imagine Tristan comme un gamin : montre toi patiente et surtout, plus adulte que lui. « J’aimerais qu’on soit amis... » m'annonce-t-il quand je lui demande quel est le sens de tout ça. Sa réponse est tellement inattendue que je mets quelques secondes avant d'être certaine d'avoir bien compris. Amis ... amis ? Ma première réaction, incontrôlée je vous assure, a été d'éclater de rire. J'ai mis ma main devant ma bouche pour essayer de me calmer, parce que ... il a l'air sérieux, je ne m'explique pas pourquoi. C'est juste que c'est tellement inattendu que je n'ai pas pu me retenir. Ca c'est de la maturité, bravo Blake. « Désolée ... Je croyais ... je croyais que tu plaisantais sur le moment. » ai-je fait piteusement. Et là, je me suis pas vraiment attendue à la suite. «  Je sais que cette demande est inattendus mais... j’voudrais sérieusement qu’on soient amis. » continue-t-il avec un sourire timide. Il me tend mon livre de cours, comme pour appuyer sa demande. Sous le choc, je fronce les sourcils et plisse à nouveau les yeux vers lui, cette fois à cause de la curiosité. Je reprends donc mon livre, prudemment, comme s'il allait m'exploser à la figure. La colère a disparu je crois, pour laisser place à l'incompréhension mais avec Tristan, je suis habituée. « Qui êtes vous et qu'avez vous fait de Tristan qui était là il y a une minute à peine ? » Je sais, dit comme ça, ça semble ridicule mais sur le coup c'est l'impression que j'ai eu. A croire que j'ai oublié qu'il peut aussi être comme ça. Je range mon livre dans mon sac tout en répondant. « Tristan, je sais pas ce que tu cherches exactement mais c'est juste que ... enfin m'en veux pas mais tu m'as plaquée, sans aucune explication et t'as jamais cherché à t'expliquer ou simplement revenir me parler jusqu'à maintenant ... Donc j'ai un peu de mal à te suivre là et du coup .. j'ai un peu de mal à te faire confiance, maintenant tout de suite. » ai-je expliqué, sans aucune animosité dans la voix ... juste en disant la vérité. Une vérité qui aurait dû sortir il y a bien longtemps déjà.

Notre échange prend une tournure étrange. La colère n'est plus aussi forte, mais je la sens, toujours présente comme un prédateur caché pour attraper sa proie. Je n'ai pas eu beaucoup de petits amis dans ma vie, je n'ai jamais été le genre de fille à enchaîner les relations en un claquement de doigts. Ca ne m'intéressait pas, je n'ai jamais vu ce que ça pouvait m'apporter. J'ai souvent besoin d'autre chose, de plus même s'il peut y avoir des exceptions. Ne jamais dire jamais, comme on dit. Donc pour résumer, chaque homme avec qui je suis sortie a compté. C'est peut-être pour cette raison que je réagis toujours comme ça, avec méfiance et amertume. J'ai tourné la page, enfin je suis censée l'avoir fait mais soudain, j'ai comme un gros doute. Comment puis-je tourner la page sans savoir pourquoi ? Est-ce que c'est possible de revenir l'un vers l'autre en faisant comme si de rien était ? J'ai un sérieux doute aussi. Donc voilà, je suis restée méfiante face à sa proposition soudaine de rester amis après tout ce qui a pu se passer entre nous. A ma grande surprise, il a l'air blessé par ma réponse. «  Je vois. Moi qui pensais que s’il avait bien une fille qui me connaissait c’était toi... J’me suis planté. Ça n’a pas d’importance. » fait-il tout d'un coup. Je fronce les sourcils, incapable de parler pendant quelques secondes et de toute façon, il ne me laisse pas le temps de réagir et poursuis directement.« Au fond tu n’a pas tord. T’avoir comme amie, ça ne me servirais à rien ! » lance-t-il du ton le plus méprisant qu'il soit. Non mais je rêve là ! En gros ça va être de ma faute maintenant ! Qu'est-ce qu'il cherche à prouver là ? Les gens se désintéressent petit à petit de nous. Pourtant je ... Tristan s'applique tellement bien à donner le change en faisant croire que rien ne le touche. La colère refait surface. J'ai envie de lui demander ce à quoi il s'attendant en venant me voir aujourd'hui pour me proposer d'être amis mais il ne me laisse à nouveau pas le temps. Il fait demi-tour et s'éloigne de moi. Je le regarde partir avec un impression étrange. Alors c'est tout ? « T'es vraiment qu'un crétin Ravenwood ... » ai-je murmuré les dents serrées. Ni excuses, ni explications alors j'estime avoir été plutôt gentille avec lui en fait. Seulement, j'ignore réellement ce que signifie tout ça, ce qu'il cherchait. Ce type est incompréhensible parfois. Du coup ça attise ma curiosité quelques instants, jusqu'à ce que je me souvienne tous les problèmes que j'ai avec les mecs en ce moment. On verra ça plus tard. Pour l'instant, Tristan parti, je reviens sur terre en ayant aucune idée de ce que je voulais faire avant qu'il n'arrive.