« Je n’arrive pas à croire que tu nous ai suivies avec Sergeï et Dillon » furent les derniers mots prononcés par Elvia avant qu’ils ne rentrent dans la limousine que Charles-Henri avait mise à leur disposition. Effectivement, la belle blonde avait une réaction sensiblement différente de celle de Vioryna : elle n’avait pas crié, ne lui avait accordé un discours qui à coup sûr aurait tourné en dispute, elle s’était contentée d’énoncer cette simple phrase et conservait depuis un silence absolument parfait. Cissy lui avait recommandé de ne surtout pas avoir d’émotions fortes, de rester paisible en toutes circonstances et exploser parce qu’elle estimait sa confiance trahie serait sûrement la pire décision qu’elle pourrait prendre. Il lui fallait rester zen, même si l’envie d’étrangler Gabriel ou de lui faire une de ces fameuses prises de boxe apprise par les bons soins de Morgana était diablement forte à cet instant précis. Hélas, Elvia, poussée par ses hormones ne parvint pas à maintenir un silence parfait durant tout le trajet qui les séparait de l’hôpital, où elle avait justement son rendez-vous gynécologique tant attendu. « Je ne compte pas te faire une scène ou même m’énerver, ce n’est bon ni pour le bébé ni pour ma personne mais je veux savoir ce qui vous a pris de nous suivre… je ne pense pas m’être déjà imposée lors de tes sorties masculines avec Sergeï et Javier, si ? Et Dillon, encore mieux… s’il souhaite être plus intime avec Morgana il n’a qu’à le lui dire plutôt que de l’espionner, car je ne crois sincèrement pas qu’il ait choisi la bonne méthode, et je croise sincèrement les doigts pour qu’elle ne l’apprenne surtout pas. Sans compter que personnellement, je ne suis pas du tout à l’aise avec l’idée que quelqu’un m’ait vue en sous-vêtements… je ne vais pas te faire l’affront de t’imposer le canapé, je ne suis pas aussi extrême que Vioryna avec son mari mais je pense que je vais passer quelques jours dans la chambre d’ami le temps de digérer la chose. » Elvia ne savait pas si apprendre de bonnes nouvelles du gynécologue allait la calmer, mais en attendant, elle était aussi fermée qu’un coffre fort… ses traits de porcelaine impassibles le prouvaient très aisément.

Elvia avait davantage envie de hurler qu’autre chose. Elle imaginait très bien Charles-Henri être profondément désespéré par l’attitude de Gabriel, mais autant dire qu’il pouvait toujours prendre un ticket pour attendre en la matière, car la belle suisse était la première en lice ! Tout ce que le prince de son cœur parvint à faire, c’est la mettre plus en colère qu’elle ne l’était, et ce bien qu’elle ne le soit que rarement. Mais la jolie blonde s’estimait trahie et ce n’est pas avec de tels propos qu’il allait apaiser sa fureur… « Ah parce que c’est tout ce qui t’importe ? C’est parfait, c’est simplement parfait. » Elvia leva les yeux au ciel avant de soupirer à de nombreuses reprises, préférant regarder au travers des vitres teintées pour ne surtout pas hurler sa colère et sa frustration. « Je suis ravie d’avoir la formidable impression de n’être qu’une poupée gonflable qui doit être prête à satisfaire les besoins de son altesse » reprit-elle, les sourcils froncés tandis qu’elle triturait nerveusement ses mains entre elles. « Pour mes titillements, tu n’as surtout pas à t’en faire pour moi, j’achèterais un coincoin qui vibre ! » Par chance, ils arrivaient justement à l’hôpital et autant dire qu’Elvia n’attendit pas qu’on lui ouvre la porte, elle sortit en un temps record, à l’image de son sentiment du jour. Charles-Henri regardait désormais Gabriel avec désespoir, comme si tous les conseils qu’il lui avait prodigués n’avaient toujours pas porté leur fruit. « Si vous souhaitez l’apaiser, prenez soin d’elle » furent ses seules paroles alors qu’il lui laissait pour une fois retrouver Elvia sans le matraquer d’idées sur le mariage et tutti quanti. Mais autant dire que la jolie blonde l’avait déjà bien devancé, s’était présentée à l’accueil de l’hôpital pour mieux s’engouffrer dans l’ascenseur, direction le service de gynéco. Hélas, à peine fut-elle à l’intérieur que déjà, ses titillements menaçaient de la reprendre et elle se tordait à moitié. Par chance, il n’y avait pas âme qui vive dans ce maudit ascenseur, à part Gabriel qui la rattrapa de justesse avant que les portes ne se referment sans lui. « Surtout ne dis rien, je ne veux pas entendre un mot ! » maugréa-t-elle terriblement mal à l’aise, les joues plus rouges qu’elle ne l’avait jamais été. Sa respiration était devenue vive et elle avait déjà tordu le papier qu’on lui avait donné à l’accueil tandis elle tirait sur sa robe avec sa main contenant ledit papier… comme si cela pouvait changer quelque chose ! « Oh la poisse ! »

Seulement voilà… Elvia était très loin d’être fière de son comportement et aussitôt, une indicible culpabilité s’était emparée d’elle. La jolie suisse se débattait avec ses titillements sans même oser demander la plus petit aide, sa colère ayant subitement disparut en voyant à quel point Gabriel semblait vexé. Sans doute fut-ce ce qui la décida à se rendre en titubant à moitié vers les boutons de l’ascenseur pour l’arrêter dans sa course, sans pour autant se tourner vers lui. C’était bien plus facile de s’exprimer si elle n’écoutait pas les battements effrénés de son cœur ou même l’insupportable culpabilité étant actuellement la sienne. « Je te demande pardon » commença-t-elle, littéralement penaude. Si Vioryna était davantage du genre à beugler en condamnant au passage Sergeï à dormir sur le canapé, ce n’était aucunement le genre d’Elvia, incapable de se mettre en colère et encore moins sur la longueur. « J’étais en colère parce que tu m’as suivie et j’ai eu l’impression que tu n’avais pas confiance en moi, voilà tout… mais cela ne justifie pas de faire chambre à part ou d’être injuste avec toi, j’en ai bien conscience. J’ai… exagéré mais je crois que je ne suis plus tout à fait moi-même depuis quelques temps. » La jolie suisse le lâchait pas le bouton de l’ascenseur, refusant de le laisser repartir tant qu’elle n’avait pas fini son petit discours. Après, il serait libre de lui en vouloir ou de revoir ses positions… mais elle n’aurait alors plus rien à se reprocher puisqu’elle avait l’intelligence de demander pardon en premier. « Mes mots ont dépassé ma pensée… sur le moment, j’ai eu l’impression qu’il n’y avait que cela qui te choquait dans mon discours et ma colère m’a poussée à dire des horreurs, je le reconnais. Peut-être que dans le fond, lorsque tu disais qu’il fallait que je m’oppose à toi, il ne faut pas que je le fasse trop fort, n’est-ce pas ? Quoi qu’il en soit si je t’ai blessé de te demande sincèrement pardon. Je n’ai pas pensé une seconde ce que j’ai dis. De plus s’il me fallait un sextoy il me faudrait un ourson et cela n’existe pas, le problème est donc résolu. Aucun ne serait assez doux ni vibrant pour me satisfaire. » Gabriel la connaissait suffisamment pour savoir qu’Elvia n’était pas du genre à être mauvaise gratuitement et que ses hormones, couplées à sa fatigue physique, étaient sûrement pour beaucoup dans son comportement étrange et vindicatif. Elle ne lâcha le bouton qu’à ce moment là, retournant à sa position initiale pour mieux se mordre la lèvre et fermer les yeux pour tâcher de se concentrer : il valait mieux qu’elle ait ce genre de titillements maintenant qu’en fasse du gynéco !

Elvia peinait presque à respirer à cause de ses titillements mais il ne s’agissait certes pas de l’unique raison d’une telle apnée. Non seulement Gabriel avait accepté ce pas vers lui mais il s’était excusé à son tour, annihilant de fait toute rancœur potentiellement ressentie par la jolie suisse. Elle lui offrit son plus beau sourire pour le lui confirmer, avant qu’une stupeur évidente ne se lise contre ses traits. Elvia avait peur de comprendre pourquoi il lui demandait de maintenir l’ascenseur arrêté en gardant son doigt contre le bouton mais également pourquoi il venait de s’agenouiller devant elle. Ses cuisses musclées se mirent aussitôt à trembler violemment alors qu’il faisait glisser sa culotte en dentelle noire, le moindre frôlement dont il pouvait la gratifier suffisait à lui faire toucher son propre paroxysme du bout des doigts. Ce fut pire lorsqu’il s’appliqua à faire en sorte de la soulager, après lui avoir répété ce qu’elle savait déjà : aussi vrai qu’il aimait la tenir dans ses bras, lui faire l’amour ou être tout simplement à ses côtés, la réciproque n’en n’était que plus vraie. « Gabriel… non ! Pas… ici… » Elvia tentait de le supplier de ne pas continuer mais elle fut bien incapable d’articuler une supplique plus vigousse alors qu’il parvint au tour de maître de la soulager en deux temps trois mouvements, la jolie suisse subissant une véritable explosion de sens la faisant trembler comme rarement elle avait tremblé. Elle parvint à retenir un cri de jouissance en incitant Gabriel à se remettre debout et en capturant fougueusement ses lèvres en signe de premier remerciement. « Merci de me supporter, mon ours… et rappelle-moi de m’occuper de ton petit cas une fois que nous serons… seuls. » A savoir loin de Charles-Henri et de tout spectateur car Elvia n’était pas du genre à s’étaler devant public. Elle prolongea cependant leur petit intermède en poursuivant longuement un nouveau baiser, ne stoppant qu’une fois à bout de souffle, et parce que l’heure de leur rendez-vous avait sonné. Le gynécologue les attendait d’ailleurs en mode pied de grue devant la salle de consultation, que le jeune couple parvint enfin à atteindre main dans la main malgré ce début un peu… amer. En un rien de temps, Elvia fut allongée sur la table d’observation, et le médecin, à la fois pressé et sans douceur, triturait la peau arrondie de son ventre en arrachant quelques grimaces à la jolie suisse : il ne voulait pas la frapper pendant qu’il y était ? « Et bien ce sont deux ravissantes petites filles ! » s’exclama-t-il finalement au bout de plusieurs minutes, sans l’ombre d’un sentiment, poursuivant son examen en écoutant les battements des deux cœurs. Quant à Elvia… elle ne retint pas ses larmes, c’était impossible… aussi impossible qu’inespéré et merveilleux !

Vrai qu’Elvia était très loin de passer un moment agréable. Ce gynécologue pouvait facilement être assimilé à un boucher tant il martyrisait son ventre arrondi et si elle se retenait de lui hurler dessus, c’était uniquement parce qu’elle serrait fortement les dents. La jolie suisse vit cependant sa douleur s’envoler pour n’être plus qu’un mauvais souvenir dès lors de l’annonce que fit le médecin… certes, la première réaction de Gabriel fit naître une panique évidente dans le fond de son regard mais celle-ci fut bientôt remplacée par un sourire éclatant. Certes, Charles-Henri allait vraisemblablement frôler la syncope mais ce n’était pas le plus important pour l’instant. Qui disait grossesse gémellaire, disait d’autant plus d’attention, de fatigue et de difficultés, d’ailleurs à ce sujet la tête du gynécologue ne la rassurait pas mais alors pas du tout. « Je pense que l’on peut se concentrer sur quelqu’un d’autre que sur Charles-Henri, tu ne crois pas ? » demanda-t-elle tout en rougissant violemment. « Dis-toi que tu auras bientôt trois oursonnes pour le prix d’une… et je ne suis pas la seule championne, tu peux te féliciter aussi ! Tu sais que je n’ai jamais été aussi heureuse de toute ma vie ? Je crois que Vioryna n’a pas fini de m’emmener faire les boutiques pour bébé… chacun son tour dira-t-elle ! » La russe allait la harceler, c’était une certitude ! Dommage qu’elles n’aient pas eu leurs grossesses exactement en même temps car il aurait été fortement drôle de voir leurs deux compagnons se serrer les coudes à la maternité… même si l’on devait davantage parler d’époux en ce qui concernait Sergeï plus que de compagnon. « Je préconise du repos, du repos et du repos. Votre tension est trop basse. Vos jumelles sont en parfaite santé, rassurez-vous mais la situation pourrait dégénérer. Pas d’exercice physique intense, pas de contrariété, juste du repos. » Problème, problème, problème avec un P majuscule. Elvia se mit à rougir violemment et si elle n’avait pas été contrainte de parler de son souci de titillement… elle ne l’aurait certainement pas fait. « Tout dépend du genre de sport dont vous parlez… docteur voyez-vous je dois souvent m’occuper d’un grand cas et j’ai des titillements assez prononcés… c’est tout le temps, n’importe où. Je ne peux pas… enfin je n’ai pas le moindre contrôle dessus et… » « Hypersensibilité vous voulez dire ? Totalement normal en cas de grossesse à jumeaux. Il vous suffira d’y aller doucement. » Quel con ! A peine un regard, aucune compassion, ce doc était purement mécanique. La preuve, il la laissa se rhabiller en hochant simplement la tête sans autre compte rendu. « Tu as vu j’ai essayé de dire que tu étais un grand cas mais ça ne m’a pas plus renseignée… » souffla Elvia, au bord du désespoir à ce sujet. Mais ça ne l’empêchait pas de continuer à lier ses mains à celles de Gabriel contre son ventre arrondi avec une belle émotion… « C’est drôle… tu sais que tu me considères à chaque fois comme ta femme ? C’est troublant. Pourtant dieu sait à quel point tu envoies bouler Charles-Henri à ce sujet ! »

Autant dire qu’Elvia ne manqua pas de rougir face à la réflexion de Gabriel sur ses spermatozoïdes, surtout en face de cette andouille de gynécologue mais sa gêne disparut aussitôt les clichés de l’échographie en main et le médecin partit. « Pauvre Charles-Henri ! Dis-toi que s’il tombe dans les pommes je serais bien en peine de l’aider à se relever, tu devras t’en charger… » nota-t-elle avec un soudain sens du détail non sans lancer un regard presque désespéré à son ours, plus pour la forme qu’autre chose. « Ne t’inquiètes de rien je suis quasi certaine que Vivi va me pousser chez son gynécologue, surtout qu’elle n’a pas arrêté d’en faire l’éloge… tout en oubliant de me donner son nom, quelle tête en l’air ! Ai-je une tête à ne pas aimer cette appellation ? Gabriel enfin qui n’aimerait pas… au contraire, ça m’a surprise au début mais je m’y suis faite avec plaisir. » Comme pour ponctuer ses dires, Elvia ne manqua pas de glisser délicatement sa main dans celle de Gabriel, avant qu’ils ne se retrouvent dans la rue et qu’il n’annonce la nouvelle avec la délicatesse d’un éléphant dans un magasin de porcelaine. Diable, pauvre Charles-Henri ! Il n’avait pas résisté à la nouvelle et s’était littéralement écroulé sous le choc. A sa décharge, qui dit jumelles, dit double responsabilité royale, du moins à son sens. Elvia ne voyait pas du tout la chose de la même manière, après tout ils n’étaient pas mariés et elle n’avait pas été officiellement présentée comme la femme du prince héritier : pourquoi tout ceci ne pouvait-il pas juste rester secret ? En tout cas, la belle suisse se mit à éventer la nounou de Gabriel et acolyte de Lawrence à l’aide de l’enveloppe contenant les clichés de l’échographie, le voyant bientôt reprendre des couleurs tandis qu’il se réveillait, sursautant violemment en se souvenant de la nouvelle qu’il venait juste d’avoir à encaisser. « C’est une catastrophe ! Des jumelles hors mariage, mais vous ne vous rendez pas compte !! » « Charles-Henri je sais que vous êtes régit par un certain protocole, que vous tentez de l’inculquer à Gabriel et que c’est une lourde tâche mais… je ne suis pas présentée comme la femme du prince pour l’instant, n’est-ce pas ? Pourquoi ne pas tenir la chose secrète au moins pour le moment ? Vous vous feriez moins de mauvais sang… Lawrence m’a dit que vous aviez une petite tension et ce n’est pas bon, vous savez ! Je ne dirais rien vous pouvez compter sur moi… puis j’ai à peine pris de volume, regardez ! C’est comme si ça ne se voyait pas ! Je peux même vous le prouver en retrouvant la première tenue de patineuse qui me tombe sous la main, vous verrez comme c’est flagrant. N’est-ce pas mon ours ? »

A aucun moment Elvia ne trouva le petit aparté entre Gabriel et Charles-Henri suspecte, à vrai dire. Bien au contraire, elle trouvait cela bien mieux de les voir comploter tous les deux plutôt que de se prendre le champignon sur un protocole particulièrement indigeste à se farcir. Mais quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’une fois revenu vers elle il lui proposa une activité à laquelle elle ne s’attendait pas le moins du monde : jusqu’ici, elle n’avait surtout pas voulu imposer sa passion à son fiancé, mais cela lui manquait atrocement et autant dire qu’elle lui sauta littéralement au cou pour l’embrasser dès qu’il lui eut proposé la chose. « C’est une magnifique idée !! Profitons-en tant que je peux encore enfiler des patins… » Elvia fut la première à inciter Gabriel à remonter dans la limousine afin qu’ils y soient le plus tôt possible, serrant vivement la main du prince de Genovia durant tout le trajet tant l’excitation et l’impatience battait leur plein dans ses veines. La belle suisse et le patinage, c’était une grande histoire d’amour depuis toujours et elle prouvait par a+b à quel point cela risquait de lui manquer dans les mois à venir. La preuve n’en fut que plus étonnante alors qu’elle ne mit que quelques secondes à peine à se changer aux vestiaires, Charles-Henri lui ayant dégoté une vraie tenue de professionnelle, mettant à la fois ses nouvelles formes en valeur et l’embellissant grâce aux couleurs pastels. Ainsi vêtue, Elvia fut la première sur la piste, s’échauffant à l’aide de grands bonds, occupant littéralement l’espace avec toute sa souplesse d’antan, comme si elle n’avait jamais arrêté… mieux encore, elle se montrait capable de tourner sur elle-même avec toute la grâce qu’elle possédait lors de ses grands championnats. Enfin, elle se sentait chez elle, enfin un immense sourire indélébile peuplait ses belles lèvres légèrement maquillées. Toute la tension qu’elle avait pu ressentir jusque là fut littéralement oubliée et ce ne fut qu’à la fin de ses dix bonnes minutes d’échauffement qu’elle aperçut Gabriel, descendant de son petit nuage en rougissant légèrement au passage. « Pardon, j’étais partie un peu loin… métaphoriquement bien sûr. Mais tu es magnifique mon ours !! » Elvia s’approcha de son ours royal, lui aussi vêtu comme un grand patineur, et lui offrant par conséquent un spectacle des plus enchanteurs. « Mais on risque de perturber des entraînements, non ? J’avais toujours beaucoup de mal à réserver cette patinoire, il fallait que je m’y prenne des semaines à l’avance… en tout cas tu es très sexy mon ours ! »

« Privatisée ? » répéta-t-elle, incrédule. Elvia hocha cependant négativement la tête tandis que Gabriel pensait avoir l’air con, lui démontrant justement que malgré sa maladresse et son manque de pratique, il gérait plutôt pas mal sur des patins. Bien d’autres s’y étaient cassé les dents avant lui et justement, il était toujours debout ! « Tu manques juste de pratique mon ours… » déclara-t-elle, visiblement attendrie. Mais la belle suisse l’incita à la suivre, sans le lâcher une seule fois, son sourire s’agrandissant au fur et à mesure qu’ils s’enfonçaient sur la piste avec davantage d’assurance qu’au départ. Si cela se trouvait, Gabriel allait gagner en pratique une fois qu’ils sortiraient de cette fameuse après-midi ! Mais manifestement, le plan prévu par le prince de Genovia était tout autre puisqu’il lâcha une véritable bombe qui fit stopper un peu brutalement Elvia. La jolie blonde le regarda longuement, cherchant à savoir s’il se moquait d’elle ou si, justement, il était sérieux. Autant dire qu’elle n’avait pas imaginé une seconde qu’il comptait la demander en mariage, surtout avec la pression qu’il subissait de la part de Charles-Henri ou même de ses parents… « Tu veux m’épouser ?! » demanda-t-elle sans forcément y croire. Elvia ne se considérait pas du tout comme LE parti parfait pour un prince de sa trempe, et bien qu’elle soit enceinte de ses deux enfants, elle n’estimait pas qu’une telle chose soit à prendre en compte en vue de l’engagement le plus capital entre deux êtres… Gabriel était-il tombé sur la terre en arrivant ? « Prêt à quoi ? Attends, attends ! Une petite seconde je crois que je vais avoir besoin d’un petit rembobinage… tu as juste dis ça comme ça ou tu étais sérieux ? Que je sache exactement comment je suis censée réagir et si je dois paniquer ou simplement être heureuse, si tu veux m’épouser parce que je suis tombée enceinte ou si tu y pensais avant… Gabriel j’ai vraiment besoin que tu me répondes là !! » Les jolies joues d’Elvia s’était progressivement teintées de rose, tandis que son sourire avait subitement disparut pour laisser une vive panique s’emparer de ses traits de porcelaine. Elle ne voulait pas qu’il se sente obligé… elle ne voulait pas de protocole dans leur intimité la plus véridique et leur famille prochaine en faisait partie à ses yeux. « Gabriel je… » Dieu sait qu’elle en mourait d’envie… mais elle ne s’imposait pas, question de principe !

Oh dear. Gabriel venait de s’étaler après avoir confirmé ce qu’il avait pensé à voix haute, faisant de fait bondir le cœur d’Elvia de façon on ne peut plus vertigineuse. Il voulait réellement l’épouser, elle n’avait pas la berlue ? A vrai dire, bien qu’elle ait une folle envie de lui répondre tout de suite, la belle suisse fut un moment sous le choc, bouche bée, les joues plus rouges encore qu’elles ne l’avaient été précédemment. « Oui… j’arrive… heu… » En vérité, elle n’hésitait pas le moins du monde, sa décision n’aurait pas pu être plus limpide dans son esprit mais il lui fallut quelques secondes pour reprendre contenance tandis que Gabriel se redressait légèrement, se mettant à genoux tout en se tenant fermement à ses hanches pour éviter de vaciller encore. « J’ai cru que tu ne demanderais jamais… alors OUI, évidemment ! » s’exclama-t-elle avant de l’aider à se relever en empoignant ses deux mains, démontrant ainsi que malgré la finesse de son corps élancé, elle ne manquait pas de force en cas de besoin… surtout qu’en l’occurrence, ce fut pour lui donner le baiser le plus fougueux, le plus tendre, le plus extraordinairement amoureux qu’elle ait pu lui offrir jusqu’à lors. Gabriel était devenu, en très peu de temps, le point central de son existence, tant et si bien qu’il aurait été illogique qu’elle refuse cette demande certes peu conventionnelle mais lui ressemblant ô combien… « Tu te rends compte que tu as privatisé une patinoire et enfilé une tenue de patineur dans le but de me demander en mariage ? Je crois que tu as battu Sergeï au niveau du romantisme et je suis très fière de toi mon ours… »[/n] Elvia essayait de cacher son trouble mais bientôt, il lui fut impossible de le faire. Ce fut sans doute pourquoi elle le serra brusquement contre elle, mesurant pleinement l’engagement les liant désormais et tout le poids du protocole risquant de peser sur leurs épaules respectives. Qu’importe… il pourrait toujours compter sur son soutien le plus entier et sincère. [b]« Je t’aime… » reprit-elle, la voix étranglée par l’émotion. Décidément, il allait falloir un jour qu’elle arrête ses réactions de pure midinette… bien qu’elle ait tout de même la présence d’esprit, au milieu de celles-ci, de faire signe à Charles-Henri de s’éloigner pour leur laisser leur intimité. Gabriel ne risquait rien avec elle ! « Gabriel Renaldi, tu es prêt à supporter mes rougissements intempestifs, le fait que je suis sur le point de te donner deux magnifiques jumelles et donc une famille jusqu’à la fin de tes royaux jours ? »

« Je ne suis pas aussi violente que Vioryna je crois que je serais incapable d’être réellement… violente avec toi. Mais en revanche, je crois que je n’aurais pas été capable de te le pardonner si tu avais simulé ta mort. » Des deux, Elvia était bien la plus sensible et même fragile. Elle sentait son cœur se serrer à chaque fois que Gabriel s’éloignait, elle avait énormément paniqué de ne pas pouvoir lui avouer simplement sa grossesse sans crainte ou même d’intimité. La belle suissesse n’était pas dure à cerner, aussi vrai qu’elle n’était pas rancunière, mais il valait mieux que son ours royal ne tente jamais ce genre de plaisanterie car elle n’était même pas sûre de pouvoir un jour s’en remettre. « Je crois que je pourrais survivre également » fit-elle en reprenant son même humour, esquissant même un petit sourire amusé pour atténuer ses précédentes paroles. Il n’était pas question de lui en vouloir mortellement, pas alors qu’il lui avait fait une demande si romantique, prenant le risque de tester la passion de la belle en mettant son coccyx en danger par la même occasion. Belle preuve d’amour que celle-ci, n’est-ce pas ? « On va la chercher ne panique pas ! » Elvia avait métaphoriquement placé sa casquette de Sherlock Holmes afin de chercher le fameux bijou tandis que les paroles de Charles-Henri la frappèrent soudainement. Oh il avait enfin quitté les lieux et ce n’était donc pas quelque chose qu’il venait de dire mais plutôt quelque chose qu’il avait précédemment dit. La belle suisse ne paniquait pas, mais l’image lui déplaisait par avance… « Je suppose que je dois oublier un mariage sans grand tralala, juste entre nous ? Je peux au moins choisir ma demoiselle d’honneur ou Charles-Henri en aura déjà choisie une pour moi ? J’en aimerais deux, à vrai dire… Vivi et Morgy. » Elvia prenait peu à peu conscience du poids des responsabilités de Gabriel et du fait qu’il soit une personnalité publique. Cette vérité lui donnait à réfléchir tandis qu’elle venait de ramasser la magnifique bague, la lui tendant sans maladresse alors qu’elle le regardait avec tendresse. « Je voudrais juste que nos jumelles soit à l’abri de toute cette médiatisation… je veux les protéger mon ours, moi je pourrais supporter mais tu te rends compte, elles seront minuscules, elles ne pourront pas se défendre… »

Ne pas paniquer ni faire de remarques désobligeantes, surtout ne pas faire la moindre réflexion. Elvia ne se sentait pas réellement en position de force, surtout pour exprimer son point de vue sur la question mais autant dire que si elle ne pouvait pas choisir SES demoiselles d’honneur à son propre mariage, elle allait extrêmement mal prendre la chose. La belle suisse n’était pas femme à faire un scandale d’un grain de riz ou même à s’énerver pour un rien mais là il s’agissait d’un engagement extrêmement personnel, qui ne manquerait pas d’être médiatisé au possible, ôtant toute la magie de la chose à son sens. Il fallait dire qu’après avoir été si souvent médiatisée pour des raisons n’étant pas toujours agréables, Elvia finissait par avoir les médias en horreur… surtout lorsqu’ils déformaient la vérité. « Je suppose qu’il ne me reste plus qu’à espérer qu’une telle demande me sera accordée… » soupira-t-elle sans virulence, n’ayant pas l’impression de demander la lune. Elle se moquait bien de la robe qu’elle porterait, du lieu où la cérémonie serait faite –bien que se marier en Suisse lui aurait plu, mais ses témoins, ce n’était pas négociable. « Si justement je m’inquiète… je suis d’accord que c’est sûrement ridicule mais je ne peux pas m’en empêcher, c’est plus fort que moi. Cela dit nous sommes un peu plus incognito à New York, c’est vrai, et tu connais du monde, mais je suppose qu’il faudra régulièrement aller en Genovia avec les jumelles et c’est ce genre de moment qui va m’inquiéter. » Bientôt, l’inquiétude laissa cependant la place à l’émotion puisque Gabriel ne manqua pas de lui enfiler la bague à son annulaire gauche, rendant incroyablement réelle cette demande qui aurait pu tourner au vinaigre. Mais Gabriel serait sûrement en mesure de prendre la chose sous un angle plus émotionnel, dans quelques temps. Il pourrait même sûrement rire de cette demande ou s’en souviendrait avec émotion… « Toi et moi on va se marier ! J’espère que ton séant n’a pas trop souffert mon ours… »

« Cheval ? Je ne sais pas si dire à Vioryna ce genre d’information est une bonne idée… tu ne connais pas sa capacité à trouver des informations et encore moins son degré de curiosité. C’est incontrôlable chez elle ! » La jeune russe allait en faire une affaire personnelle et n’avoir aucun répit tant qu’elle n’aurait pas trouvé ladite information, puisqu’il était bien évidemment hors de question que Sergeï lui lâche quelque dossier que ce soit. Il était bien trop secret sur son passé et comme il s’agissait très probablement de quelque chose de gênant… il ne fallait pas sortir de Saint-Cyr pour imaginer qu’il ne lâcherait rien. « D’autant que je crains fort qu’il vaille mieux que personne n’apprenne tes premiers essais en tant que patineurs, n’est-ce pas mon ange ? » le provoqua-t-elle sans en penser un mot, car s’il y avait bien une personne au monde qui ne dévoilerait jamais un dossier compromettant, c’était bien Elvia. Surtout pas alors qu’elle trouvait la situation touchante et qu’elle voulait garder jalousement ce souvenir pour elle. La belle suisse se rapprocha afin de capturer ses lèvres dans un baiser aussi tendre que fougueux, lui prouvant bien qu’ils étaient avant tout une équipe et qu’il pouvait avoir une confiance totale en elle… « Soit tranquille mon ours, je ne partage pas les informations sur la personne que j’aime le plus au monde. Ca me donne une occasion de t’apprendre, en prime ! » Il n’était pas question que cette privatisation de la patinoire soit la seule et unique, après tout ! Surtout pas alors qu’Elvia avait décidé de ne plus remonter professionnellement sur des patins. Mais elle ne voulait pas arrêter complètement, c’était impossible… cruel même. « Tous les quatre… je crois que je ne réalise pas encore, à vrai dire. » Mais c’était divin ! Étant donné que sa famille avait toujours été passablement éclatée, elle voulait retrouver ce cocon protecteur ou rien ni personne ne pourrait jamais la blesser. « Je crains fort de devoir kidnapper mes petites avant qu’elles ne me soient enlevées ! » plaisanta-t-elle avant d’éclater légèrement de rire à la question de Gabriel « disons que Lawrence n’a pas pu tenir sa langue. Elle m’a longuement appelée à notre retour de Genovia… ou plutôt devrais-je dire qu’elle m’a percé le tympan à plusieurs reprises en disant, je cite : pas trop tôt bordel je n’aurais pas voulu que ton utérus se dessèche et puis j’ai envie de devenir grand-mère et d’apprendre à mes p’tites filles la vie, la vraie ! Faudra penser à me les déposer sinon je vais venir vous harceler continuellement chez vous jusqu’à ce que vous cédiez. Voilà ses paroles… oh et je pense qu’il est possible qu’elle vienne te trouver pour te féliciter à sa manière, bien que je ne puisse pas te dire quand. Ma mère a toujours aimé être quelqu’un d’imprévisible. Le seul souci que je rencontre, c’est que mon père l’a également appris par je ne sais quel biais. Et je ne veux pas qu’il me harcèle de son côté alors qu’il n’a aucun droit sur moi. » Elvia se montait sûrement le bourrichon toute seule, c’était possible… mais elle ne connaissait hélas que trop bien la cruauté extrême de son père. Celle-ci quitta cependant l’esprit de la jolie suissesse alors qu’elle remuait légèrement les jambes, non pas pour les détendre, mais pour une toute autre raison… « Et si nous patinions, mon ours fiancé ? » Allez, avec un peu de chance, ça allait passer directos !

« Non ne dit pas ce que ça te comprime parce que je lutte déjà pour éviter de penser à ce que tu sais ! Et ne prononce pas le mot en question non plus ! » Elvia avait l’impression que son corps lui jouait d’horribles tours, à croire qu’il n’en n’aurait jamais assez de la hanter et de la faire se tordre dans tous les sens jusqu’à ce qu’elle n’ait effectivement mis au monde les jumelles. D’ailleurs, elle voyait d’ici Gabriel s’en moquer sans méchanceté, bien qu’il ait l’air aussi peu à l’aise qu’il ne l’était en costume d’apparat lors de ce fameux gala où elle lui avait empêché de faire l’erreur la plus grotesque de sa vie : accepter un mariage arrangé. Même si, techniquement parlant, il se serait en fait marié avec la jolie suisse en personne ! « Ma mère est très douce mais pas face à n’importe qui en fait. Tu demanderas à l’occasion à Lawrence comment elle se comporte réellement… en fait, elle choque pour tester autrui. C’est pour ça qu’elle plaît tant à ta mère, car il ne faut pas croire, mais c’était une sacrée louloute avec la mienne quand elles étaient jeunes ! » Elvia était en possession de plusieurs anecdotes du genre mais loin d’elle l’envie d’en divulguer ne serait-ce qu’une. Sa mère lui en voudrait sûrement mortellement et elle ne souhaitait pas la blesser… pour l’instant, elle préférait mille fois se concentrer sur le fait de guider Gabriel, l’incitant à être moins raide, à faire confiance à son équilibre à elle pour commencer à glisser doucement mais sûrement sur la glace. « J’ai appris à leur faire confiance… au début j’étais couverte de bleus, on dirait que j’avais été passée sous rouleau compresseur ! Puis à force de tomber, j’ai fini par trouver mon équilibre. Mais tu veux peut-être t’asseoir et que je te fasse une petite démonstration à la place ? Puisque tu ne verras jamais une de mes compétitions et que tu ne m’as jamais vraiment vue patiner… » La jeune femme le ramena doucement mais sûrement vers les gradins avant de lui murmurer sans aucune gêne : « Ce costume te serre peut-être mais… ça serre un corps ultra sexy tout de même. » Elle s’éloigna par la suite en lui faisant un clin d’œil. « En fait, challenge : le grand prince de Genovia pourra-t-il me rattraper ? »