Joaquin était tellement parfait qu’il avait accepté d’aider Sweva à installer la chambre pour sa fille. La petite allait naitre très prochainement et il restait encore à assembler son berceau et quelques autres meubles. Il avait déjà fait les peintures la semaine passée et il était normal qu’il aide son amie jusqu’au bout. Cela lui faisait bizarre de voir la jeune femme prête à devenir mère. Positivement bizarre hein, il était persuadé qu’elle saurait se débrouiller comme une chef même si elle avait eu très peur au début. Sweva était une femme forte et elle était capable de tout vaincre alors ce n’était pas un bébé qui allait la vaincre. Il venait tout juste de sortir les différentes pièces du carton et il se battait déjà avec la notice. C’était assez incompréhensible et il avait du mal à comprendre dans quel sens tourner le papier. C’était sa première fois à lui aussi après tout, aucun de ses amis n’avait jamais eu de bébés donc il n’avait jamais eu l’occasion de faire ça. Il avait failli avoir un bébé avec Rose aussi mais elle n’avait pas fait attention comme elle ne voulait pas le garder et elle avait fini par le perdre. Il ne lui avait toujours pas pardonné parce qu’il s’était vraiment pardonné à accueillir et à s’occuper de cet enfant mais cela faisait plusieurs mois maintenant et rien de ce qu’il ferait ne pourrait changer les choses alors il devait bien aller de l’avant. Et s’occuper comme ça pour la fille à naitre de son amie était un bon moyen pour ça. Agenouillé au sol, il leva la tête vers Sweva qui venait d’entrer dans la pièce et lui jeta un regard désespéré. « Hum… J’ai un peu de mal là. Je pense que ce serait plus facile si c’était en chinois. » Il parlait pourtant l’anglais depuis un moment mais là il avait vraiment du mal. Il y mettait pourtant beaucoup de bonne volonté. « Il n’y aucun moyen pour que tu m’aides hein ? » Il ne lui demanderait jamais une chose pareille, elle n’était pas franchement en état – il était étonné qu’elle n’ait pas déjà accouché en fait – et puis il faisait beaucoup trop chaud pour qu’elle fasse des efforts inutiles. « Par contre est-ce que je peux me permettre de te demander à boire ? Un grand verre de n’importe quoi avec beaucoup de glaçons s’il te plait. » Il faisait tellement chaud qu’il se languissait d’avoir fini pour pouvoir aller prendre une bonne douche froide. Encore fallait-il qu’il réussisse à commencer…

Elle était sûrement prête à exploser à tout moment. Elle le sentait, son petit alien gigotait, la réveillait la nuit avec des coups de pieds. Sa fille devait être aussi impatiente qu'elle de sortir. Elle n'en pouvait plus de son ventre, du mal de dos, et de l'attente. Le médecin avait beau lui dire de se calmer elle était complètement stressée et n'arrêtait pas de s'imaginer les pires choses. Elle allait mourir dans cette salle d'accouchement, elle en était persuadée. Mais elle essayait tout de même de faire bonne figure. Et comme il n'était jamais trop tard, elle se dit qu'il était temps de préparer le lit pour le bébé. Ça pouvait être utile on ne savait jamais. La faire dormir dans un évier ne serait probablement très agréable. Elle avait donc demandé de l'aide à super Joaquin parce qu'elle savait qu'il saurait se débrouiller, au contraire de Sweva. Elle alla voir si tout allait bien mais visiblement il était pas très doué non plus. « Hum… J’ai un peu de mal là. Je pense que ce serait plus facile si c’était en chinois. » Elle échappa un rire avant de faire une petite moue. « Mais je croyais que tu savais tout faire... » Elle était très beaucoup déçue. Bon elle n'était pas bien placée pour critiquer, si on lui avait laissé construire ça toute seule elle aurait sûrement empilé les morceaux l'un sur l'autre puis mis une couverture dessus. « Il n’y aucun moyen pour que tu m’aides hein ? » « Sauf si t'as besoin d'un gros rouleau pour écraser quelque chose, je ne vois pas comment je peux t'aider. Répondit-elle en tapotant son ventre. » Avec son ventre elle pouvait écraser plein de choses, ou peut-être pas, elle ne tenait pas particulièrement à essayer. Ça risquerait d'écraser le bébé. « Par contre est-ce que je peux me permettre de te demander à boire ? Un grand verre de n’importe quoi avec beaucoup de glaçons s’il te plait. » Elle portait une salopette légère et ample mais elle avait quand même trop chaud, donc elle pouvait comprendre qu'en travaillant c'était encore plus le cas. « Je crois que je peux faire cet effort, juste parce que c'est toi. » Elle alla dans la cuisine et revint avec un verre d'eau bien glacé. « Ça devrait te remettre les idées en place, dit-elle d'un air convaincu. » Elle ressentit soudain une douleur vive dans son bas ventre, courte mais douloureuse. Elle posa la main sur son ventre en grimaçant, avant de se redresser. « Je crois qu'elle me fait dire que t'es pas assez rapide. Dit-elle échappant un petit rire nerveux. » Elle n'aimait pas du tout ce genre de douleur. C'était un peu bizarre.

Parfait Joaquin n’était visiblement pas si parfait que ça finalement… Lui qui réussissait presque tout était en train de perdre face à un pauvre berceau à montrer. Il avait pourtant toujours pensé que monter un meuble était à la portée du premier imbécile venu. Il ne savait pas ce qui lui faisait le plus de peine du coup, qu’il constate qu’il n’était pas si parfait que ça ou qu’il était encore pire qu’un imbécile. Encore une dure épreuve qu’il allait avoir du mal à surmonter. Il allait sans doute avoir besoin de l’aide de Sweva pour se remettre de tout ça. Tout comme il avait besoin de son aide pour montrer le berceau de sa fille. « Mais je croyais que tu savais tout faire... » Il baissa la tête d’un air abattu. Elle aussi était déçue, il n’en était pas étonné. Elle avait placé tellement d’espoirs en lui en même temps… « Je sais, je sais, je me déçois aussi. » répondit-il en soupirant. « Mais… Il fait très chaud alors… » Voilà, c’était sans doute la chaleur qui lui faisait perdre la tête et qui l’empêchait de se concentrer sur ce qu’il avait à faire. C’était une excellente excuse. « Sauf si t'as besoin d'un gros rouleau pour écraser quelque chose, je ne vois pas comment je peux t'aider. » Joaquin se mit à rire. Sweva arrivait en fin de grossesse et il était vrai qu’elle ne pouvait plus faire trop d’efforts. Surtout par une telle chaleur, il ne voulait pas lui demander une telle chose. « Tu pourrais écraser tout ça » répondit-il en lui montrant les pièces éparpillées sur le sol. « Ca m’aiderait beaucoup.» Sauf que du coup elle ne serait pas plus avancée et qu’il aurait tout à recommencer avec un nouveau berceau. Donc ça ne ferait que le retarder encore plus. « Enfin, ce serait quand même dommage que ta fille ait à dormir dans le carton en attendant que je comprenne quelque chose à ça. » S'ils décoraient bien le carton et le rendaient confortables, ce serait peut-être aussi bien ? Et plus sûr sans doute, le jeune homme n'était même pas assuré qu'il réussirait à le monter correctement. Soit, Joaquin en avait marre là, il avait déjà besoin de prendre une pause. Il demanda donc à Sweva d’aller lui chercher un verre d’eau. « Je crois que je peux faire cet effort, juste parce que c'est toi. » Il lui sourit et n’eut pas à attendre longtemps avant de la voir revenir avec ce qu’il lui avait demandé. « Ça devrait te remettre les idées en place »  Il sourit tout en se relevant et avant d’attraper le verre et de le boire d’une traite. « Merci, tu es absolument parfaite. » lui dit-il alors d’un air rêveur. Seulement, un air inquiet prit vite place sur son visage lorsqu’il remarque que Sweva n’avait pas l’air bien. « Je crois qu'elle me fait dire que t'es pas assez rapide. » Le jeune homme posa alors son verre sur un meuble à côté puis se rapprocha de la jeune femme. « Est-ce que tout va bien ? Tu n’es quand même pas en train de… » D’accoucher oui. Mais il préférait que ce ne soit pas le cas, il ne saurait pas quoi faire… « Tu as besoin que je fasse quelque chose ? » s'enquit-il ensuite, désirant tout faire pour la soulager un peu.

Quand elle avait fait appel à Joaquin, c'était avec la conviction qu'il pouvait tout faire. Quelle déception de constater que ce n'était pas le cas. Bon elle n'était peut-être pas si grande, Sweva était très mal placée pour juger quoique ce soit. Mais elle pouvait bien jouer la comédie. « Je sais, je sais, je me déçois aussi. Mais… Il fait très chaud alors…  » Elle fit une petite moue compatissante. « C'est vrai. Ton cerveau doit commencer à fondre,  répondit-elle avec malice. » Celui de Sweva avait disparu le jour où elle avait appris qu'elle était enceinte. « Je t'aurais bien prêté le mien mais je suis une cause perdue moi aussi. Le jeune homme lui demanda ensuite s'il n'y avait aucun moyen pour qu'elle l'aide. Elle proposa alors d'écraser des choses en roulant par terre, c'était bien la seule chose qu'elle serait capable de faire. « Tu pourrais écraser tout ça. Ca m’aiderait beaucoup. » Elle rigola avant de faire une grimace plutôt sceptique. « Pas sûr que j'en vienne à bout, ça a l'air solide...  » Et son ventre ne l'était peut-être pas tellement. Elle ne voulait pas du bébé écrasé (ew, ew, ew). « Enfin, ce serait quand même dommage que ta fille ait à dormir dans le carton en attendant que je comprenne quelque chose à ça.  » La péruvienne fit un geste désinvolte de la main, comme si c'était rien du tout. « C'est pas grave, elle ne s'en rappellera même pas,  plaisanta-t-elle. » Mais après tout c'est vrai, personne ne se rappelait de ses premiers jours sur Terre. « Mais si ce n'est pas confortable, elle risque de pleurer tout la nuit... Et j'ai besoin de mes heures de sommeil, alors tu devras t'en occuper. Dit-elle en hochant la tête avec une gravité feinte. » Elle ne lui demanderait jamais de s'en occuper à sa place. Il avait déjà fait tellement pour elle, ou du moins une fois qu'il aurait fini de construire le lit, elle ne voulait pas abuser de sa gentillesse. Elle embêterait sa Bobo préférée pour le baby-sitting. Mais ce n'était pas sûr qu'elle accepte. Surtout que comme elles partageaient l'appartement ensemble, elles seraient toutes les deux victimes des pleurs incessants de sa fille. Elle n'aurait qu'à l'amener chez son père ahah. Sweva amena ensuite son verre d'eau à Joaquin, elle pouvait au moins faire ça pour lui. « Merci, tu es absolument parfaite. » Avant d'être enceinte elle était parfaite. Là elle était juste grosse et n'avait qu'une envie : accoucher. Même si elle craignait beaucoup ce moment là et n'avait pas du tout envie que ça arrive. Elle espérait encore qu'un miracle arrive et que le bébé sorte par magie de son ventre sans qu'elle ait à souffrir. « Je le redeviendrais peut-être quand j'aurais accouché, là j'en suis pas très sûre. » Elle qui pourtant doutait rarement de sa perfection, elle avait eu beaucoup de doutes depuis qu'elle avait appris sa grossesse. La jeune femme ressentit une douleur vive dans son bas ventre. Elle se pencha un instant en avant puis se redressa en faisant comme si de rien était. « Est-ce que tout va bien ? Tu n’es quand même pas en train de… » Ses yeux s'agrandirent de peur. Non elle ne pouvait pas accoucher maintenant. « C'est trop tôt, dit-elle d'une voix mal assurée. » Elle n'était pas encore prête ce n'était pas possible. « Tu as besoin que je fasse quelque chose ?  » « Je... Je vais juste m'asseoir, ça va sûrement passer.  » C'était probablement normal à ce stade de la grossesse. Elle n'en savait rien, elle n'était pas une experte. Elle découvrait les choses au fur et à mesure et faisait de son mieux pour les comprendre et les retenir. Elle s'installa sur la chaise qu'elle avait amené plus tôt pour pouvoir observer Joaquin travailler. Elle ressentit à nouveau une douleur et elle réprima une nouvelle grimace. « Ça doit être normal... »

Il faisait chaud, vraiment trop chaud et Joaquin était certain que c’était pour ça qu’il n’était pas aussi parfait et efficace que d’habitude. C’était bien la première fois qu’une notice de construction avait le dessus sur lui. « C'est vrai. Ton cerveau doit commencer à fondre, » Le jeune homme hocha la tête d’un air très convaincu. C’était la seule explication qui tenait la route selon lui parce qu’il était évident que cela ne pouvait pas être de sa faute. «Je t'aurais bien prêté le mien mais je suis une cause perdue moi aussi. » Joaquin se mit à rire légèrement. « Peut-être qu’en combinant les deux on arrivera à quelque chose de potable… » Peut-être que non aussi. Le plus simple était sans doute d’abandonner, il en avait marre en fait. Il demanda donc à Sweva d’écraser toutes les pièces comme elle venait de le lui proposer. « Pas sûr que j'en vienne à bout, ça a l'air solide... » Le péruvien soupira, la regardant avec un air songeur. « Oui et puis ça ne doit pas être très conseillé pour le bébé. » Il supposait quoi, il n’avait jamais attendu de bébé. Du coup, la fille de Sweva allait devoir dormir dans un carton le temps que Joaquin comprenne tout ça ou engage quelqu’un pour le faire à sa place – sa fierté en prendrait un très grand coup donc ce serait la solution de dernier recours. « C'est pas grave, elle ne s'en rappellera même pas. Mais si ce n'est pas confortable, elle risque de pleurer tout la nuit... Et j'ai besoin de mes heures de sommeil, alors tu devras t'en occuper. » Le jeune homme se redressa avant d’hausser les sourcils. « Et pourquoi ça au juste ? » Il saurait se débrouiller c’était certain et si Sweva avait vraiment besoin de lui il le ferait. Mais bon il voyait mal comment il pourrait s’en occuper la nuit quoi, il ne vivait pas tout près. « Si tu y tiens j’imagine que ça pourra se faire mais bon… » Il voyait quand même ça difficilement réalisable. Sweva alla ensuite lui chercher à boire comme elle était parfaite. Peut-être que ça lui remettrait les idées en place. « Je le redeviendrais peut-être quand j'aurais accouché, là j'en suis pas très sûre. » Joaquin fronça les sourcils avant de secouer la tête. « Tu es toujours parfaite. » la rectifia-t-elle avec autorité. « Je ne vois pas ce qui te fais penser le contraire. » C’était bizarre d’ailleurs, elle ne l’avait jamais habitué à douter comme ça. Ils n’eurent pas bien le temps de débattre sur le sujet cela dit puisque le jeune homme remarqua que son amie n’allait pas bien. Inquiet, il se leva immédiatement pour lui demander ce qui se passait. Il avait peur qu’elle soit en train de commencer le travail et il ne savait pas ce qu’il devait faire si c’était le cas, il serait encore plus perdu qu’avec cette foutue notice. « C'est trop tôt, » Tout comme Sweva, il n’était pas très convaincu. « Peut-être pas, tu arrives à terme bientôt, non ? » Le temps était passé tellement vite que son esprit ne l’avait peut-être pas bien assimilé encore. « Je... Je vais juste m'asseoir, ça va sûrement passer. » Joaquin était un peu désarmé et il se contenta d’hocher la tête tandis qu’elle s’asseyait sur une chaise juste à côté. « Ça doit être normal... » fit-elle ensuite alors que son visage était pris d’une nouvelle grimace. « Ca n’a pas l’air très normal pour moi. » Il était de plus en plus inquiet et il n’arrivait plus à le cacher. « Tu es sure que tu n’as besoin de rien ? A boire ? Tu veux que j’appelle un médecin ? Dis-moi. » Il espérait juste qu’elle saurait plus quoi faire que lui.