Le sergent suicidaire, dont Quinn ne parvenait toujours pas à retenir le nom ridicule avait encore fait des siennes. Il était arrivé en retard juste avant l’arrestation du siècle et fatalement, plus un seul Kevlar n’était disponible pour lui. Hélas, après moult supplications auprès de la brunette, il parvint à la décider à lui donner le sien, dans sa grande bonté d’âme, la jeune femme croisant les doigts pour que l’intervention ne se passe sans bavure et qu’elle n’ait pas à regretter son don. Mais l’intervention ne se passa évidemment pas comme prévu… des kamikazes s’étaient rapidement mis à tirer dans la foule et surtout sur les forces de police, tant et si bien que lorsque Quinn vit Leonard être visé, ni une ni deux, sans même réfléchir, elle se jeta pour faire barrage de son corps et se prit l’équivalent de trois balles en plein dos. Elle s’écroula dans les bras du capitaine et, sans même pouvoir murmurer un mot audible, elle s’évanouit dans le brouillard le plus complet… « Léo… » Quinn n’avait pas de Kevlar et perdait rapidement du sang tandis qu’elle était conduite en ambulance puis en chirurgie aussitôt. Les médecins refusaient de se prononcer pour l’instant et ce n’est que trois heures plus tard qu’un chirurgien eut la bonne idée de venir voir le capitaine pour le tenir informé de l’avancée de l’opération… « Il n’est pas encore possible de savoir si elle s’en sortira ou pas. Ses blessures sont sérieuses et ont causé de nombreux dommages sur ses organes internes, provoquant de nombreuses hémorragies. Nous agissons avec précaution car nous voulons éviter la mort du fœtus : la patiente est enceinte. Je vous tiendrai informé dès que j’en saurais plus. » Pour ainsi dire, Quinn revenait de l’enfer lorsqu’elle fut montée dans une chambre solo. Elle avait ouvert vaguement les yeux après avoir été plusieurs heures en soins intensifs, mais ses paupières étaient affreusement lourdes. « Léo… » murmura-t-elle à nouveau tandis qu’elle grimaçait de douleur et ouvrait de façon plus véridique ses paupières, de très nombreuses heures plus tard. « Qu’est-ce qui s’est passé… »

Quinn sursauta comme à son habitude sauf que là, le sursaut lui provoqua une vive douleur dans sa poitrine. Elle grimaça aussitôt en cherchant à remettre ses pensées dans l’ordre mais aussi à se souvenir de ce qui s’était passé au juste durant cette maudite intervention. « Me botter le cul ?? Mais pourquoi tu es saint et sauf !! » articula-t-elle avec difficulté après le départ de l’infirmière, commençant à comprendre que Leonard avait dû s’inquiéter des heures durant pour sa personne comme l’indiquait ses traits hautement tirés. Quinn n’hésita pas à approcher une main faible et tremblante afin de caresser sa joue avec douceur, comme si elle voulait lui ôter toute inquiétude et se faire pardonner sa haute désinvolture, dont elle ne faisait pourtant jamais preuve. « Le sergent Dan… il n’avait pas de Kevlar et je lui ai passé le mien… » Ses pensées commençaient à ressembler à quelque chose lorsqu’un point rouge clignotant attira subitement son regard. Il s’agissait d’un monitoring fœtal, elle en aurait donné sa main à couper pour en avoir déjà vu et eu un en fin de grossesse lorsqu’elle était enceinte de Léo mais là, le choc fut tel qu’elle resta un bon moment bloqué sur cette vision inattendue avant de ne tourner son visage vers le capitaine de son cœur. « Qu’est-ce que c’est que ça ?? » s’exclama-t-elle car elle voulait l’entendre de sa bouche. Quinn n’avait pas du tout eu l’impression d’être enceinte puisqu’elle n’avait eu ni nausée, ni saute d’humeur et encore moins de changement corporel. Elle était comme d’habitude si l’on excluait le fait qu’elle ait faillit mourir… « Tu es… tu es… fâché ? Je ne le savais pas je te jure !! Je ne t’aurais pas caché une chose pareille et je ne serais pas allée sans Kevlar en intervention en le sachant !! Pitié… pitié ne me déteste pas… »

Quinn n’était pas fière d’elle-même mais les mots de Leonard étaient loin de lui faire du bien. Certes, elle les méritait parce qu’elle avait mis sa vie en danger alors que le sergent s’était rapidement planqué à l’entente des premiers coups de feu mais ça faisait mal tout de même. Au moins autant que les blessures qu’elle se traînait et qui lui arrachaient régulièrement des grimaces tant celles-ci la lançait. « Je suis prête à accepter un blâme parce que je sais très bien que j’ai merdé… » avoua-t-elle piteusement avant de n’essayer de s’asseoir sur son lit sans pouvoir pour mieux cacher ses yeux larmoyants à l’aide de son bras. Quinn avait beau avoir conscience qu’elle avait mal agit, elle n’arrivait pas à ne ressentir que des remords, surtout pas en sachant que le capitaine de son cœur allait bien justement. « Mais moi si je te perdais je ne pourrais pas survivre non plus, c’est ça que tu ne comprends pas… je préfère limite prendre les coups et savoir que tu as bien !! Ne me demande pas pourquoi c’est plus fort que moi, je n’ai pas pu me retenir. Même si en théorie j’aurais dû être protégée comme tous les autres. » A ceci près qu’à ce moment là elle ignorait totalement qu’en plus de mettre sa vie en danger, elle avait également mise celle du bébé qu’elle portait et ça, Quinn avait beaucoup de mal à se le pardonner quand même. « Léo je ne voulais pas te causer de soucis et d’un autre côté je me maudis parce que notre bébé aurait pu être tué ! Mais qu’est-ce qui ne va pas, chez moi ?? Pourquoi j’ai aidé cet imbécile qui en plus est allé se planquer aussitôt ? Je suis… tellement idiote ! »

« Une enquête… ça veut dire que je peux perdre mon poste, pas vrai ? » demanda-t-elle, lucide. Quinn avait oublié d’être complètement stupide même s’il lui arrivait de ne pas agir comme il fallait et d’avoir des idées débiles quand elle s’y mettait. Elle ne se voilait pas la face et même si elle était suspendue, il lui semblait normal d’accepter la décision des pontes de la police et autres investigateurs… elle n’avait pas de regret car une fois encore, Leonard était sain et sauf, devant elle, à les ses doigts aux siens et à l’embrasser avec tendresse. « Ca fait tellement longtemps que tu me cries dessus que je crois que je suis habituée, tu as raison… surtout que je me doute que tu as eu peur. Ce qui m’importe c’est que toi et le bébé alliez bien. » Quinn n’hésita pas à lui sourire avant de ne déposer la main du capitaine contre son ventre encore plat tandis que le cœur du bébé battait fort, preuve qu’il était solide et résistant comme son papa. « Je crois qu’il va vraiment falloir que tu m’aides et que tu m’obliges à lever le pied, capitaine » plaisanta-t-elle non sans esquisser une nouvelle grimace de douleur, preuve que ses blessures étaient loin d’être bénignes et qu’elle risquait de mettre un certain temps avant de s’en remettre. « Mais comment on va faire à la brigade maintenant ? Je suppose que tu ne voudras pas de moi sur le terrain et puis… comment on va faire pour continuer à se cacher ? Léo, peut-être que tu pourrais considérer le fait que je change de service à la fin de l’enquête si on ne m’a pas virée avant. Même si j’adore travailler avec toi et que tu n’aurais pas pu me remarquer sans que je sois à ton service… on n’aurait plus besoin de se cacher… même s’il y a une question encore plus importante qui me titille. » Ils n’avaient jamais parlé de faire des enfants et jusqu’ici, si Quinn avait été aussitôt adoptée par les deux enfants de Léo et que le fils de la brunette adorait littéralement le capitaine, elle redoutait le fait de ne lui imposer quelque chose… « Je connais trop bien ton sens du devoir pour savoir que tu ne me le dirais pas même si tu le pensais… même si tu ne voulais pas le bébé. »

« Tout le monde m’a défendu ? Oh bigre rien que l’idée que le lieutenant McNamara garde cette image de moi à vie… mais s’il m’a défendu pour ça alors ça prouve que je ne l’indispose pas ! Il faudra que je le remercie ainsi que Caine pour m’avoir défendue. » Quinn esquissa cependant un sourire mutin qui disparut presque aussitôt alors qu’il lui avouait avoir accepté le poste de chef de la police. Cela lui fit à la fois plaisir – puisque cela lui donnerait davantage de temps avec ses enfants mais aussi pour aider la brunette à lever le pied – et lui arracha presque un sentiment de déception car ils ne se verraient plus aussi souvent et Quinn devait bien avouer s’y être habituée avec le temps… « Tu es le plus méritant pour ce poste et pourtant… je suis certaine que cela va me manquer de ne pas t’avoir souvent sous les yeux, et de ne pas t’entendre hurler mon nom. Je vais m’ennuyer de toi j’en suis certaine… c’est étrange parce que l’autre jour j’ai rêvé que tu me renversais pour m’embrasser devant toute la brigade… je crois que je suis trop romantique pour mon propre bien ! Mais je ne pensais pas que tu voudrais un poste comme celui-ci. Ca prouve bien que tu es le meilleur et de loin » tempéra-t-elle ses propos car elle restait diablement fière de lui quoi qu’il advienne. Elle le prouva en déposant un baiser contre sa main non sans lui sourire, surtout lorsqu’il lui énonça scrupuleusement ce qu’elle avait diablement besoin d’entendre. « C’est vrai tu es content ? » demanda-t-elle, émue bien au-delà des mots même si c’était imprévu et qu’ils ne l’apprenaient que des suites de l’accident. « Léo… je sais que c’est sûrement complètement fou de ma part mais mon fils a besoin d’un père et… comme j’ai envie de passer le restant de mes jours à tes côtés, est-ce que tu accepterais de l’adopter ? Je sais que je t’en demande beaucoup mais au moins je suis sûre qu’il sera à l’abri et qu’Andrew ne pourra plus jamais lui faire du mal. »

Aussi vrai que Quinn brillait par son côté rêveur et romantique, elle se devait d’admettre qu’elle manqua de paniquer alors qu’il lâcha un « non pas comme ça » de peur qu’il ne refuse purement et simplement d’adopter Léo. Après tout, il ne s’agissait pas de son fils et il n’en n’était de fait pas responsable mais Quinn espérait de tout cœur qu’il accepte tout de même afin qu’ils puissent former une vraie famille. Hélas, il s’éclipsa rapidement et bien qu’il lui ait assuré du fait qu’il acceptait, la brunette eut beaucoup de mal à ne pas compter les minutes la séparant de ses nouvelles retrouvailles avec son capitaine. Elle n’avait pas envie qu’ils gâchent une seule minute supplémentaire, pas alors qu’elle avait manqué de mourir et de perdre leur bébé dans un même temps… mais jusqu’à ce qu’il ne passe à nouveau la porte de sa chambre et qu’elle ne puisse lui sourire à nouveau, la jeune femme se surprit à caresser longuement son ventre pour se calmer. « Léo ?! » s’exclama-t-elle alors qu’il s’approchait et prononçait une phrase à laquelle elle ne s’était pas attendue une seconde. Lui, un Weatherfield, un homme appartenant à une famille connue du tout New York et dont beaucoup souhaitaient faire partie du cercle très fermé, voulait l’épouser ?! Quinn déglutit avec difficulté tant cela lui paraissait surréaliste et pourtant, c’était bien à elle qu’il demandait… « J’ai cru que tu ne me le demanderais jamais… » commença-t-elle presque timidement avant de ne se hisser aux barreaux de son lit pour mieux l’embrasser de toutes ses forces. « Bien sûr que oui Leonard Weatherfield, tu feras de moi la plus heureuse des femmes en m’épousant et en acceptant le bébé que je porte… » Quinn lui tendit, non sans trembler légèrement du fait de sa faiblesse physique, de l’émotion et de la douleur, sa main gauche afin qu’il n’y enfile la bague de fiançailles. Mais cela ne l’empêcha pas d’ôter un pendentif de son cou une fois que ce fut fait pour y dévoiler une magnifique bague masculine qu’elle ne dévoilait jamais et dont personne ne connaissait l’existence. « Elle appartenait à mon père et c’est la seule chose qui me reste de lui. Je sais qu’en théorie ça ne se fait pas mais je crois qu’il va falloir que tu m’inities aux rituels de ta famille car je ne viens pas du grand monde… cela dit puisque tu m’acceptes moi avec mes pièces détachées, tu me comblerais si tu l’acceptais. »

Le capitaine de son cœur ne pouvait pas savoir le plaisir qu’il lui faisait en acceptant le présent qu’elle venait juste de lui faire. Quinn aimait tellement ce bijou que s’en séparer était synonyme d’indicible effort mais elle voulait que même lorsqu’il serait en poste en tant que chef de la police, elle ne le quitte jamais. Bien sûr, ce bijou serait très certainement remplacé par une alliance dans peu de temps mais… le geste en lui-même, d’acceptation, la comblait d’une joie dont il ne se doutait certainement pas. « Tu sais j’apprends vite et je ne me laisse pas impressionner si facilement que ça… même si ce n’est pas mon monde, je me fondrais sûrement dans la masse ! Et puis je n’ai aucune famille, moi. Tu ne rencontreras personne à notre mariage, alors… même si je sais qu’il refusera sûrement, j’aimerais bien que ton père me donne le bras. » Leonard l’avait probablement oublié mais Quinn restait une écossaise pure et dure, avec un rien de protestant dans les veines qui la poussait à adorer les très anciennes traditions. Quelque part, ça la faisait rêver. « Si tu veux je peux nous pincer tous les deux pour nous assurer que nous ne rêvons pas ? » plaisanta-t-elle avant de ne caresser délicatement sa joue du bout de ses doigts, flattée et touchée que son capitaine se laisse aller à un rien de confidence. « J’ai moi-même du mal à croire que tu me fasses suffisamment confiance pour m’accepter dans ta vie. C’est la raison pour laquelle j’ai mis si longtemps avant de considérer ta maison comme la mienne, et même encore maintenant, j’ai du mal. Et… je sais que c’est peut-être ridicule, mais j’essaye de me persuader que tu ne veux pas m’épouser parce que je suis enceinte et que ce n’est pas un devoir… »

Quinn avait un mal fou à comprendre. Comment une famille pouvait ne pas accueillir un nouveau membre, qui plus est choisi par l’un de ses enfants ? D’accord, elle n’avait certes pas une excellente expérience du symbole même de la famille mais William avait su lui ôter toute illusion macabre en la matière. Lui et son père formaient une famille tellement unie, tellement extraordinaire qu’elle serra les poings et se surpris à laisser couler plusieurs larmes à leur simple souvenir. Ses deux sauveurs ne pourraient pas non plus assister à son mariage ni même à ce nouveau bonheur lui étant offert contre toute attente… et Quinn ne savait pas ce qui la faisait davantage souffrir : le fait que sa nouvelle famille ne l’accepterait jamais ou bien le fait que les personnes les plus chères à son cœur ne pourrait jamais la voir enfin heureuse ? « Ils ne m’accepteront pas, n’est-ce pas ? Je m’en suis longuement doutée mais je crois que je suis un peu trop naïve pour mon propre bien. Sans doute est-ce mieux si je me contente du fait que j’ai tellement déjà… toi, tes enfants, Léo… ce serait égoïste que de vouloir autre chose. » Comme à chaque fois que Quinn sentait son cœur se briser, elle faisait machine arrière, réanalysait la situation et trouvait du positif en toute chose pour ne pas sombrer dans la mélancolie. Ce fut pourquoi elle balaya ses larmes d’un revers de manche avant de ne s’enfoncer à nouveau dans ce maudit lit d’hôpital sans même s’expliquer… il ne valait mieux pas qu’il comprenne tout ce qu’elle avait traversé, cela ne ferait que l’inquiéter davantage. « Tu voudrais que l’on trouve une maison ? Sans mauvaise foi je suis toujours aussi fauchée comme les blés et je vais avoir l’impression de vivre aux crochets de ta famille… il faudrait que je pallie à ça, d’ailleurs. Je crois que j’ai entendu le plus important : le fait que tu veuilles m’épouser parce que tu m’aimes. »

« Léo… toi au moins tu as eu une famille » ne put-elle s’empêcher de faire remarquer bien que leurs deux tempéraments soient diamétralement opposés et que l’absence avait augmenté la douceur de Quinn plutôt que de ne la rendre plus dure. « Je n’ai pas eu plus de modèle que toi mais je n’ai aucun intérêt à être dure, brutale ou cruelle. Je veux bien t’apprendre à t’ouvrir davantage aussi longtemps que tu en auras besoin et de t’aimer jusqu’à la fin de mes jours… mais il me semble avoir déjà promis que je ne te mentirai plus jamais. » Quinn esquissa un bref sourire avant de n’entourer subitement le capitaine de son cœur de ses bras, l’incitant à venir tout contre elle pour profiter justement de cette chaleur et de cet amour qu’elle avait à revendre. La brunette n’avait plus jamais menti à Leonard depuis qu’il l’avait découverte le dos blessé dans la salle de bain et comptait bien tenir sa promesse, c’était une certitude. Mais ce souvenir désagréable ne l’empêcha pas d’éclater de rire, non sans esquisser une grimace de douleur par la même occasion, alors qu’il lui proposait sûrement la chose la plus émouvante et la plus merveilleuse aux yeux de Quinn… « Rien ne me comblerait plus que de m’endetter pour le meilleur et pour le pire avec toi, Leonard Weatherfield ! » La discussion s’arrêta là alors qu’elle refusa de le laisser partir pour la nuit, allant même jusqu’à lui faire de la place sur son lit d’hôpital afin qu’il dorme à ses côtés, comme s’ils étaient à la maison. Mais la brunette ne sortit que deux bonnes semaines plus tard de ce maudit asile de fous, et sans qu’elle sache comment cela s’était fait, ils se trouvaient invités le surlendemain de sa sortie à une soirée en présence de nombreux membres du « clan » Weatherfield. « Une chance que Lyanna m’ait prêté une nouvelle robe de soirée… » se lamenta Quinn dans la voiture, nerveuse comme elle l’avait rarement été. « Et en prime ton ex-femme va être là… je crois que je vais me trouver un coin sombre et tranquille pour me cacher et ne plus en bouger ! Pourquoi sommes-nous invités déjà ? »

C’est drôle, mais Quinn n’était pas rassurée une seconde du fait que Leonard soit le seul héritier de son père… au contraire, elle imaginait d’ici la salle de réception blindée de « fils de » où elle n’allait pas se sentir à sa place. Lyanna avait eu beau la briefer, la conseiller et l’embellir autant qu’elle l’avait pu, Quinn n’était absolument pas sûre d’elle-même et redoutait par-dessus tout cette soirée. « Crois bien que je n’ai pas du tout envie de me retrouver à nouveau à l’hôpital… surtout pas alors que j’ai suffisamment eu le doc sur le dos qui m’intimait de me reposer ! » La brunette sentait que les mois de sa grossesse risquaient d’être longs et pénibles mais c’était un sacrifice qu’elle était prête à faire car cela valait le coup. « Tu ne m’as même pas dit quand tu étais censé prendre ton nouveau poste ? » demanda-t-elle subitement car ils avaient relativement eu peu de temps pour se parler avec tout ce qui était arrivé à Quinn ces temps derniers. D’un côté elle n’avait pas envie de le voir quitter la brigade, mais de l’autre elle refusait d’être une entrave à sa carrière… « Je vais quand même me faire discrète histoire que justement, Éloïse n’ait aucun moyen de s’attaquer à moi. J’aimerais autant ne pas attirer l’attention… même si je dois admettre que Lyanna m’a donné énormément de conseils et que sans son aide j’aurais probablement refusé de mettre les pieds ici ! Regarde-moi tout ce luxe !! Pour quelqu’un qui n’a jamais eu ni cadeau de Noël ni anniversaire depuis ses sept ans, c’est… un coup à se trouver mal. » Surtout qu’ils n’avaient pas posé un pied à l’intérieur de la réception que déjà, Leonard était accaparé par les autres invités. On le saluait, on l’encensait et on ignorait soigneusement Quinn, qui fut presque poussée vers le bar par un raz de marée de foule ayant sauté sur le capitaine. « Non pas de champagne ça m’est interdit… vous avez autre chose de non alcoolisé ? » « Tiens, tiens… la petite poule de Leonard est malade qu’elle n’a pas la carcasse pour boire de l’alcool ? » Éloïse. Évidemment !

« Deux jours ?! C’est beaucoup trop court !! » s’exclama Quinn sans mentir. « Je n’ai pas envie que tu quittes la brigade… j’aimerais que rien ne change… » La brunette savait que c’était impossible et qu’il avait déjà pris sa décision mais un semblant de tristesse ne manqua pas de traverser un instant son regard. Quinn se sentait capable de supporter toute la paperasse du monde si seulement cela lui permettait de continuer à avoir Leonard comme capitaine… surtout qu’à elle aussi, ses cris risquaient de manquer. Ce qui ne risquait pas de lui manquer en revanche, c’était les incessantes brimades de la part d’Eloïse, n’ayant jamais assez de la poursuivre de sa méchanceté et de sa jalousie. Pourtant, juste pour ce soir, la position de Quinn n’était guère enviable : elle était invisible, on l’ignorait et refusait même de la remarquer, comme si elle ne pouvait pas être un individu pouvant faire partie de ce monde. C’était insupportable, à la longue… la brunette ne répondit rien aux attaques de l’ex-femme du capitaine de son cœur, se contentant de le suivre non sans lui offrir son plus beau sourire. « Tu es vraiment mon chevalier protecteur » énonça-t-elle tout en lui embrassant la joue, avant qu’une voix féminine ne leur perce les tympans et n’ait tôt fait de les rattraper. Cette inconnue ne manquait pas d’enthousiasme et autant que possible, Quinn lui rendit son sourire et sa joie de vivre, mais cela ne l’empêcha pas de serrer brusquement la main de Leonard dans la sienne… aussi fortement que la douleur qu’elle ressentait n’était vive. « Léo… j’ai mal au ventre… » parvint-elle à articuler tandis que la grand-mère de l’intéressé se présentait longuement à elle, non sans couvrir Quinn de compliment sur sa tenue. « Je suis ravie de faire votre connaissance Madame… et je dois dire que vous embellissez beaucoup plus l’atmosphère que moi. »

Pour l’instant, Quinn n’avait pas envie d’évoquer plus longtemps le fait que le capitaine de son cœur ne serait bientôt plus son patron, qu’il voguerait dans d’autres eaux, verrait d’autres cas et surtout aurait d’autres employés sur lesquels crier. Elle en venait stupidement à espérer qu’il regretterait tellement sa brigade qu’il y reviendrait souvent, mais rien n’était moins sûr : et si le pouvoir lui plaisait, en dépit de tout ce qu’elle pouvait savoir de lui ? « Léonounet ? C’est mignon… » plaisanta-t-elle tout en trouvant passablement adorable que cette femme la couve comme une véritable grand-mère gâteau. Quinn n’était pas habituée à la chose le moins du monde et autant dire que cela apaisait justement tout le venin qu’avait pu déverser Eloïse sur sa personne… d’ailleurs, la grand-mère ne semblait guère apprécier la mère des enfants de son petit-fils, et il n’y avait qu’à entendre comment elle en parlait pour connaître son point de vue sur la question. « Je vais essayer de vous appeler Mamie, Mad… » La jeune femme baissa un instant la tête, confuse. Il ne fallait pas lui en tenir rigueur, car si on lui demandait d’appeler une femme ‘maman’ elle serait tout aussi embêtée. Il s’agissait de mots qu’elle n’avait plus entendu depuis sa plus tendre enfance et qu’elle rêvait pourtant que son petit bout ne prononce. « Si vous souhaitez quelqu’un de moins effacer que moi, il faudra que je vous présente une amie à moi ! Pour votre révolution, vous allez l’adorer… quant à Léonounet, c’est vrai qu’il est sérieux mais c’est ce qui fait son charme, on n’a que plus de joie de voir sa carapace s’envoler. C’est l’une des nombreuses raisons pour lesquelles je l’aime. » Hélas, la brunette n’eut pas le temps de dégoiser une autre parole que Weatherfield père venait saluer respectivement son fils ainsi que cette femme adorable dont elle ignorait le vrai prénom, l’ignorant superbement au passage, chose qui ne fit qu’augmenter sa crampe au ventre. Et pourtant, contre toute attente, elle lâcha d’un grand sourire : « Je tiendrai le coup ! »

L’espace de quelques secondes, Quinn ferma ses yeux alors que Leonard lui embrassait la tempe tout en la complimentant. Elle-même avait grande hâte de quitter cette soirée où on ne faisait que l’ignorer, sans compter que ce n’était guère le genre de soirée où elle avait l’habitude d’aller, bien au contraire. Elle préférait mille fois se rendre dans un bon vieux pub écossais, boire de la bière écossaise jusqu’à en chanter de façon suraigüe et passer un moment inoubliable. Le pince-fesse dans lequel ils se trouvaient actuellement n’avait strictement rien de sympathique puisque toutes les réactions de ces gens n’étaient jamais que feintes. Comment Leonard avait-il pu supporter la chose aussi longtemps ? Mystère et balle de golf. « Quand nous nous éclipserons, tu pourras peut-être m’apprendre le golf ? J’ai entendu Lyanna dire que de nuit, c’est encore plus intéressant et sportif. Et puis il serait dommage de laisser moisir tes clubs, tu ne crois pas ? » Sauf que Quinn ne s’attendait aucunement à ce qu’il ne l’invite à danser, et autant dire qu’elle eut tôt fait de lui rendre son sourire et d’attraper sa main dans la sienne pour profiter de leur première vraie danse. La jeune femme avait pris de nombreux cours auprès de Lyanna pour leur mariage, sans en souffler mot à Leonard afin de lui faire la surprise, mais là c’était encore mieux. Du moins cela le fut jusqu’à ce que le père du capitaine de son cœur n’intervienne en pleine danse, contre toute attente. Si Quinn avait dû parier, elle n’aurait probablement pas pensé qu’il serait capable d’une telle chose… mais il avait l’air en colère. « Eloïse est venue me trouver en larmes en me disant que tu allais épouser cette… femme, j’ose espérer qu’elle délirait et que ce n’est pas vrai une seconde ! Voyons fils, regarde-là ! C’est une secrétaire, rien d’autre ! Tu peux éventuellement prendre un peu de plaisir avec, et encore… mais l’épouser, tu n’y penses pas ! Tu mets ta fortune et ta position en berne et je ne l’accepte pas ! »