« Depuis l’accident je présume ? » me demanda-t-elle, me faisant plisser des yeux. « Heu non … Encore heureux. On a rompu il y a plusieurs années. » lâchais-je en haussant des épaules. Manquerait plus que ça qu’elle ait rompu avec moi parce que je me serais sacrifié pour elle. Mais non, notre rupture n’avait rien à voir avec ça, même si je n’en connaissais toujours pas la raison. « C’est sûr que tes jambes ne sont pas plus importante qu’une vie mais… Et si tu étais mort ? Franchement, si encore elle était dans ta vie, mon point de vue aurait été totalement différent… Mais malheureusement, comme quatre-vingt-dix pourcent des cas… Ceux qui agissent et sacrifient quelque chose pour l’autre n’a rien en retour. La vie est précieuse, quelle qu’elle soit, et tu ne peux même pas profiter à fond de la tienne…  » dit-elle. Bon ce n’était pas vraiment ce à quoi je m’attendais. Oui, je ne voulais plus qu’on me prenne pour une espèce de héro que je n’étais pas. Mais de là à dire que cela ne valait pas le coup … je n’en savais rien en fait. « J’ai peut-être pas l’avis auquel tu t’attendais… Mais je préfère parler clairement. Je ne sais pas qui est cette nana, mais il est clair que si mon frère c’était retrouvé dans la même situation que toi, y’a bien longtemps que je l’aurai étranglé cette fille. » continua-t-elle. « Je n’ai pas pensé au fait que j’aurais pu mourir. En fait, je n’ai pensé à rien du tout. Même pas à ma sœur. Et maintenant … et bien … Quand simplement je pense que ça ne valait pas le coup, j’ai l’impression d’être un monstre … » lui avouais-je. Et c’était la vérité. Parce que, bien sûr que j’y avais pensé.  

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« Heu non … Encore heureux. On a rompu il y a plusieurs années. » Fronçant les sourcils, je le regardais longuement avant de soupirer. « La raison de votre rupture ? » J’étais curieuse moi ? Pas du tout. Je voulais juste savoir la raison, pour pouvoir comprendre, essayé d’élucider la chose. Que sais-je. Je voulais pouvoir l’aider au mieux en quelque sorte. Mais… Je n’étais pas très douée pour ça, il le savait parfaitement. Alors, j’espérais sincèrement qu’il ne s’attendait pas à ce que je puisse sortir des choses super intelligentes. Et j’espérais que ça n’allait pas le froisser… « Je n’ai pas pensé au fait que j’aurais pu mourir. En fait, je n’ai pensé à rien du tout. Même pas à ma sœur. Et maintenant … et bien … Quand simplement je pense que ça ne valait pas le coup, j’ai l’impression d’être un monstre … » Me mordillant les lèvres, je posais tout avant de m’essuyais les mains sur une serviette en papier. C’est que le poulet ça donnait tout de même les doigts bien collant. « Tu sais, ce qui est fait et fait. Et le fait que tu te dises cela ne fait pas de toi un monstre. On a tous ce genre de réaction, c’est humain. Même si on a agi d’instinct ou même de façon réfléchit, lorsque l’on commence à avoir des regrets ou de la tristesse, on se dit toujours qu’il aurait mieux valu ne pas agir etc. etc. C’est normal. » L’être humain était complexe après tout. « Tu n’es pas un monstre, tu es simplement humain Lawrence. Rien de plus rien de moins. Faut pas te torturer l’esprit avec ça. Hum… dis-toi que pour ta bonne action tu iras directement au paradis ? » Dis-je un peu sur le ton de l’humour. Après tout, c’était une sacrée bonne action qu’il avait accompli ce jour-là. Ça serait horrible de dire le contraire.

« La raison de votre rupture ? » me demanda-t-elle après que je lui ai annoncé que Sofia et moi avions rompu plusieurs années auparavant. Je fronçais des sourcils. Je n’en avais aucune idée. Même plusieurs années après, je ne connaissais toujours pas la raison de notre rupture. « Aucune idée. » lâchais-je dans un haussement d’épaules. « Elle a rompu avec moi du jour au lendemain. Enfin, en tout cas, j’avais pas vu les signes, j’imagine. Et puis, moi et mon égo … Tu me connais maintenant … Donc j’ai simplement tourné les talons, sans demander mon reste. » lui expliquais-je. Peut-être que c’était parce qu’elle avait été ma première – et unique – petite amie ? Je n’en savais rien. Mais j’avais été tellement désemparé que lui demander la raison ne m’avait même pas traversé l’esprit. « Tu sais, ce qui est fait et fait. Et le fait que tu te dises cela ne fait pas de toi un monstre. On a tous ce genre de réaction, c’est humain. Même si on a agi d’instinct ou même de façon réfléchit, lorsque l’on commence à avoir des regrets ou de la tristesse, on se dit toujours qu’il aurait mieux valu ne pas agir etc. etc. C’est normal. » dit-elle après que je lui ai expliqué ce que je ressentais. Et malgré ses mots … malgré tout, j’avais toujours autant l’impression d’être un monstre rien qu’en pensant que, peut-être, lui sauver la vie ne valait pas le coup. C’était de mes jambes dont il s’agissait. Et, soyons honnêtes … Je n’avais pas vraiment réfléchi avant d’agir. Toute cette histoire n’avait été qu’une question d’instinct … « Tu n’es pas un monstre, tu es simplement humain Lawrence. Rien de plus rien de moins. Faut pas te torturer l’esprit avec ça. Hum… dis-toi que pour ta bonne action tu iras directement au paradis ? »  « Tu penses vraiment que le paradis existe ? » lui demandais-je dans un sourire amusé, choisissant d’écarter le reste de la conversation. J’avais beau avoir été élevé dans la tradition catholique … j’avais beaucoup de mal à croire à toutes ces histoires, qui me semblaient relever d’un conte pour enfants.

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« Aucune idée. Elle a rompu avec moi du jour au lendemain. Enfin, en tout cas, j’avais pas vu les signes, j’imagine. Et puis, moi et mon égo … Tu me connais maintenant … Donc j’ai simplement tourné les talons, sans demander mon reste. » Ouais… L’égo était aussi important. Mais parfois, si stupide. On pouvait rater pas mal de chose d’ailleurs à cause de cela, comme la fierté. Ça pouvait réellement changer une vie. S’il était revenu vers elle pour en savoir plus et tout ça, peut-être qu’aujourd’hui ils seraient toujours ensemble, m’enfin, avec des si, on pouvait refaire le monde entier… Et malheureusement les si n’étaient jamais réels. « Ouais je vois. Et je comprends. Tu ne le regrettes pas ? Je veux dire, d’avoir tourné les talons sans même savoir pourquoi etc ? » les regrets dans une vie pouvaient être horrible. Et ça c’était loin d’être nouveau. C’était même une peur que j’avais. Etre rongé par les regrets. Les remords qui pouvaient vous bouffer et vous détruite tout simplement. Plissant, le nez, je continuais de manger avant de parler de bonne action et de paradis. Oui, plus on faisait de bonnes actions dans la vie et plus il y avait des chances qu’on aille au paradis. « Tu penses vraiment que le paradis existe ? » Hum, très bonne question. Je n’en savais trop rien à vrai dire. Personne n’était revenu pour nous le dire. Soupirant, je pinçais mes lèvres en réfléchissant longuement. « Personne est revenu pour nous en parler… Mais… Y’a eu des témoignages de ceux qui sont morts et réanimé là. Apparemment y’aurait quelque chose… Mais est-ce que ce n’est pas le cerveau qui leur joue des tours ? Dans le sens, ou même si l’on meurt, le cerveau lui est encore actif pendant un laps de temps. » Enfin, j’avais lu ça je sais plus où. Je lisais trop de magasine et tout ça, j’allais surement apprendre que des conneries. « Et toi ? »

« Ouais je vois. Et je comprends. Tu ne le regrettes pas ? Je veux dire, d’avoir tourné les talons sans même savoir pourquoi etc ? » Ce n’était pas que je n’ai jamais eu envie de le savoir, mais sur le moment, cela m’avait fait un tel choc que j’avais préféré partir sans demander mon reste. Il fallait me comprendre aussi. Avant Sofia, je n’avais jamais été en couple. Je n’avais même jamais voulu être en couple. Et avec elle … et bien je m’étais surpris à vouloir plus, à imaginer plus. Apprendre donc que ce n’était absolument pas son cas, que l’on n’était pas sur la même longueur d’onde et pire, qu’elle voulait en finir avec nous … je m’étais réellement pris une baffe. Donc oui, mon égo m’avait forcé à simplement partir, sans lui poser des questions pour connaître la raison de notre rupture. « Je ne sais pas si je regrette. Enfin … je me connais, je suis comme ça. Donc je ne m’imagine pas être resté pour en parler … Après, ouais, j’aimerais connaître la raison, mais bon … C’est la vie … » lâchais-je entre plusieurs crocs de mon hamburger. Le sujet se fit plus sérieux, me mettant mal à l’aise. Avouer que j’avais parfois l’impression d’être un monstre en me disant que perdre l’usage de mes jambes ne valait pas le coup de sauver la vie de Sofia … Et bien cela avait de quoi plomber l’ambiance, non ? Après tout, nous avions gagné, nous mangions à volonté, pourquoi ne pas rester d’humeur plus enfantine ? « Personne est revenu pour nous en parler… Mais… Y’a eu des témoignages de ceux qui sont morts et réanimé là. Apparemment y’aurait quelque chose… Mais est-ce que ce n’est pas le cerveau qui leur joue des tours ? Dans le sens, ou même si l’on meurt, le cerveau lui est encore actif pendant un laps de temps.  » J’acquiesçais, tout en déglutissant un morceau de poulet. « Et toi ? »  « J’en sais rien … Enfin, pour les témoignages, c’est en effet une mauvaise connexion nerveuse dans le cerveau. Lorsque le cœur de quelqu’un s’arrête, le cerveau ne reçoit plus assez d’oxygène pour bien fonctionner. » répondais-je, me rappelant des recherches que j’avais faites lorsque j’avais encore l’intention de m’infiltrer dans un lobby pharmaceutique pour faire un dossier sur eux. « Mais concernant le Paradis … Et bien, on ne dirait pas comme ça, mais j’ai eu une éducation religieuse, donc forcément un lavage de cerveau sur le sujet … Et j’ai envie de croire qu’il y a quelque chose après la mort … Mais bon, c’est un peu comme le Père Noël pour les gamins, non ? Enfin, Dieu, le Paradis, tout ça … Pour moi c’est un peu la même chose que Noël. Si on est sage, on est récompensé. Sinon, on est punis … »

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« Je ne sais pas si je regrette. Enfin … je me connais, je suis comme ça. Donc je ne m’imagine pas être resté pour en parler … Après, ouais, j’aimerais connaître la raison, mais bon … C’est la vie … » « Je comprends… Mais peut-être qu’un jour t’aura la chance d’avoir des réponses à tes questions, après tout le monde est petit. » Très petit même. C’est fou comme on peut se rendre compte que même si la terre est immense… Elle peut se montrer trop petite à certains moments. »[/color] Le monde était fait ainsi et nous n’y pouvions rien. Parlant par la suite de paradis, le sujet devint un peu plus sombre si je puis dire. Dans le sens ou qui disait paradis, disait mort. Ça se saurait si les vivants pouvaient y aller…« J’en sais rien … Enfin, pour les témoignages, c’est en effet une mauvaise connexion nerveuse dans le cerveau. Lorsque le cœur de quelqu’un s’arrête, le cerveau ne reçoit plus assez d’oxygène pour bien fonctionner. » Au moins comme ça, on ne s’apercevait pas que l’on était mort. Enfin… Je ne préférais pas y penser. « Mais concernant le Paradis … Et bien, on ne dirait pas comme ça, mais j’ai eu une éducation religieuse, donc forcément un lavage de cerveau sur le sujet … Et j’ai envie de croire qu’il y a quelque chose après la mort … Mais bon, c’est un peu comme le Père Noël pour les gamins, non ? Enfin, Dieu, le Paradis, tout ça … Pour moi c’est un peu la même chose que Noël. Si on est sage, on est récompensé. Sinon, on est punis … » Plissant les lèvres, je réfléchis un moment sur le sujet, sans trop avoir d’avis. Le père noël, les cloches de pâques, la petite souris et tout ça… C’est vrai que ça n’existait pas et je trouvais ça tellement dommage. Dans le sens ou même si c’est beau de voir un enfant y croire, c’est… Assez triste le jour où l’on apprend la vérité. Je me souvenais encore de la fois où j’avais vu mes grands frères et mon père mettre les cadeaux sous le sapin alors que je guettais simplement la venue du père noël… ça remontait à bien longtemps à présent. « Mouais. De toute façon, il n’y a qu’un seul moyen de le savoir. Et ça sera le jour de notre mort. Ceci dit, je vais t’avouer un truc, plus tard ça viendra et mieux ça sera. » Parce que j’étais du genre à me poser beaucoup de question. Que devenait-on après la mort et tout ça. Ça me perturbait au plus haut point. Surement parce que j’avais malheureusement connu la mort assez tôt dans ma vie et que ça me laissait plus que perplexe. « Après tout on vit bien, et c’est déjà assez mystérieux dans le fond… Alors… Pourquoi ça n’existerait pas ? » Ou une histoire de seconde vie. Il parait que la vie est un éternel recommencement. Peut-être que nous avions eu des vies par le passé et que nous n’en avions aucun souvenir…

« Je comprends… Mais peut-être qu’un jour t’aura la chance d’avoir des réponses à tes questions, après tout le monde est petit. » me dit-elle. Oui, peut-être, en effet. Surtout que nous travaillions toujours ensemble. Donc même si elle était dans je-ne-sais quel pays actuellement, il y avait toujours une chance qu’elle aille dans les locaux du New York Times et que nous nous croisions. « Ce n’est pas moi qui le lui demanderait, en tout cas. » lui répondais-je dans un petit rire. Et peut-être qu’il s’agissait de mon égo. C’était probable, même. Mais je ne savais pas si j’avais vraiment envie de connaître la réponse à cette question. Elle avait rompu du jour au lendemain et, en plus de ça, sa famille n’était même pas au courant de mon existence. Donc il était fort probable que je n’ai jamais compté pour elle. Et je n’avais strictement pas envie de l’entendre me le dire. Je changeais donc de sujet.  Le paradis, l’enfer … Okay, il y avait plus gai comme sujet, mais bon, au moins, on ne parlait plus de mon accident ou de Sofia. Et tout était toujours mieux que ça. « Mouais. De toute façon, il n’y a qu’un seul moyen de le savoir. Et ça sera le jour de notre mort. Ceci dit, je vais t’avouer un truc, plus tard ça viendra et mieux ça sera. » dit-elle après que je lui ai dis ce que je pensais de Dieu et du Paradis, à savoir que c’était, pour moi, une espèce de Père Noël pour adulte. Et oui, malgré mon éducation catholique, j’avais toujours du mal à croire à tout ça. « Après tout on vit bien, et c’est déjà assez mystérieux dans le fond… Alors… Pourquoi ça n’existerait pas ? » « Oui, puis il y a toujours des questions sans réponse. Si la Terre a été créée par le Big Bang, qui a créé ce Big Bang ? » demandais-je en haussant des épaules. Nous n’aurions jamais la réponse, de toute façon. Sauf le jour de notre mort. Et comme elle l’avait si bien dit, le plus tard serait le mieux. Il était donc temps de simplement profiter de ce que nous avions aujourd’hui : à savoir un repas à volonté dans un fastfood.


❝ to be continued ... ❞