It's New York City bitches ! And it's my motherfucking dream
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Hear me •• Noam

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MessageSujet: Hear me •• Noam Hear me •• Noam  EmptyDim 2 Nov - 22:44

Kaya était réveillée depuis longtemps déjà. Elle avait sorti Rambo puis était remontée sans s'attarder plus longtemps dehors, la température commençant à sérieusement se rafraîchir le matin. Ce qui ne l'empêchait pas d'avoir envie d'aller courir. Elle avait besoin de se vider la tête depuis quelques jours. Plus que d'habitude. Sauf qu'elle attendait que Noam vienne avant de se décider à faire quoique ce soit. C'était... tendu, depuis l’événement au gymnase. C'était bizarre et elle était mal à l'aise mais elle s'était dit que ça finirait bien par passer. Il n'y avait pas de quoi ruminer pendant si longtemps, si ? Si. Elle avait encore du mal à ravaler sa rancœur, et surtout, sa culpabilité dans l'histoire. Alors depuis deux jours elle faisait tout pour s'occuper l'esprit et penser à autre chose. En l'occurrence, elle regardait une émission débile à la télé, l'appartement déjà plus que propre, quand on frappa à la porte. Surprise, et n'attendant personne, elle se leva pour ouvrir. Ce n'était certainement pas Noam qui frapperait à sa porte... Un homme, en costume, se présenta face à elle. « Bonjour Mademoiselle Maddox. Je suis l'agent Carter. Je suis là pour vous annoncer que Mr Wigderson ne peut plus assurer votre protection et que je vais désormais prendre sa place. Nous allons bien entendu trouver une autre couverture et... » « What the fuck ? » Son visage se décomposa, trop surprise pour s’embarrasser de couper l'homme en face d'elle. Les pensées s'entrechoquèrent dans son esprit, ne saisissant pas ce qu'on venait de lui dire alors que c'était pourtant très simple à comprendre. « Il est parti. » « Oui. Je... » « La ferme. » Elle referma ses bras sur sa poitrine, tournant le dos au monsieur en costume – qui n'était certainement pas passé inaperçu dans le quartier dans cette tenue. « Mademoiselle Maddox, vous n'avez pas à vous inquiéter, votre protection sera toujours assuré. » Oh elle n'était pas inquiète. Elle était furieuse. Et blessée. C'était peut-être ça le pire. Elle ne se serait jamais imaginée qu'il puisse... Non. Elle ne comprenait pas. Il n'avait pas le droit de partir comme ça. Pas sans... Non il ne pouvait pas. Elle se retourna pour demander de nouveau : « Il est vraiment parti ? » « Oui mais ça n'a rien à voir avec vous. » Elle en doutait. Elle déglutit avec difficulté. Ça ne pouvait pas se passer comme ça. Il ne pouvait pas partir sans même lui dire en face et envoyer un imbécile à costume. Elle aurait aimé que la douleur qu'elle ressentait à cet instant là vienne de quelque chose d'autre mais c'était réellement le départ de Noam qui la blessait autant. « Où est ce qu'il est ? » « Je crains de ne pouvoir vous le dire. » « Alors je crains de ne pas pouvoir parler au procès. » L'idée lui était venue comme ça mais Kaya se montra intraitable. Si elle n'avait pas été agréable la première fois qu'elle avait rencontré Noam, l'agent Carter n'avait rien à lui envier, au contraire. Elle ne pouvait pas le laisser partir comme ça. Il voulait partir ? Ok. Mais qu'il ait au moins le courage de lui dire. Elle représentait si peu à ses yeux ? Elle savait que tout n'avait été qu'une mission, un job, peut-être pas très plaisant, mais elle avait cru... Mais elle n'aurait pas du, clairement. L'agent Carter finit par lui avouer que Noam était chez sa sœur et Kaya n'avait pas attendu davantage pour sortir de son appartement. Ce n'est qu'au bout de quelques minutes, quand le froid se rappela à elle qu'elle se rendit compte qu'elle n'avait pas enfilé de veste et se trimbalait en simple débardeur et pantalon. Mais elle s'en fichait. A ce moment là elle se fichait de tout. Enfin presque. Elle avançait avec détermination, réfléchissant déjà à ce qu'elle allait dire quand elle le verrait, prête à exploser à tout moment. Elle n'était jamais venue chez Ava, mais elle trouva l'appartement sans difficulté. Elle frappa mais n'attendit pas que la porte soit ouverte en grand pour commencer à parler quand on lui ouvrit la porte. « Alors c'est comme ça ? Tu comptais partir sans rien me dire ? » Ça aurait pu être Ava mais c'était bel et bien Noam en face d'elle. Elle n'attendit pas sa réponse pour enchaîner : « T'es.. T'es un enfoiré... Et un lâche. » Elle se mordit la langue pour essayer de rester calme. Parce que oui, elle était encore calme là. Elle s'avança, dans le cas où il aurait l'idée de lui refermer la porte au nez. « J'ai cru... » Non elle n'y croyait plus. Pas après ça. « Est ce que j'ai le droit de savoir pourquoi au moins ? » La réponse était évidente, quand on y réfléchissait. Elle n'avait jamais rien fait pour lui faciliter les choses. Dès le début, elle avait tout fait pour l'embêter et l'énerver. Certes, avec le temps, il y avait eu des moments où elle s'était calmée, elle avait réellement baissé sa garde. Mais elle s'était trompée. Elle ne savait pas si c'était à cause de l'événement au gymnase, s'il y avait une autre raison mais peu importe à vrai dire, ce qui demeurait clair dans son esprit, c'est qu'il l'avait blessé en partant sans rien dire.
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MessageSujet: Re: Hear me •• Noam Hear me •• Noam  EmptyLun 3 Nov - 0:05


Hear me !
kaya & noam
« Je ne suis plus en mesure d’assurer efficacement sa sécurité. » Voilà, les mots avaient été lâchés, aussi douloureux qu’il m’en coûte de le reconnaître. Je n’étais, effectivement plus en mesure de faire convenablement mon job. J’étais inefficace, inutile. Et parce que j’étais un pro avant tout, je me devais de laisser la place à quelqu’un de plus qualifié que moi. Du moins, pas qualifié dans le maniement des armes ou autre, juste plus qualifié que moi dans les relations humaines. Quelqu’un qui saurait respecter les frontières malgré la nature de sa couverture. J’avais essayé, j’avais réellement essayé, j’avais tenu bon durant 48h. Les quarante-huit plus longues heures de ma vie. Et ce n’était pas peu dire sachant que j’avais passé 8789 heures en Irak. Des heures que j’avais passé sans dormir et qui, donc, m’avait été un peu trop profitables au niveau de la réflexion et des questionnements. Et tout ceci m’avait conduit ici, dans cette rue, surveillant , observant Kaya s’offrir un hotdog, tandis qu’à quelques pas, je passais ce coup de fil qui scellerait notre association forcée. Et lorsque le « Pourquoi ? » très sérieux se fit entendre à l’autre bout de la ligne, ma réponse était déjà établie : « Ma couverture est grillée, je demande une extraction. » Est-ce qu’elle l’était réellement ? Il existait de faibles chances, rien d’alarmant. Mais fournir la véritable raison m’aurait exposé à un interrogatoire en règle, un suivi psychologique, et une mise à pied, si tant est que le Bureau accepte de me relever de mes fonctions. Avec cet argument-ci, ils n’avaient plus le choix. « Un agent viendra vous relever demain matin. En attendant, pas de vague. »

L’agent en question se présenta à sept.zéro zéro, dans son beau costume absolument inapproprié. Première mission sur le terrain ? Je me surpris à penser, avant de me rappeler que, pour moi aussi, il s’agissait de ma première expérience en solo. Seulement lui le portait sur la tronche. Un bleu. Ils lui avaient envoyé un bleu ! Était-ce une technique pour me faire revenir sur ma décision ? N’avaient-ils pas prit mon aveu au sérieux ? « Agent Carter, c’est un honneur de vous rencontrer, Agent Wigderson. » Sérieusement ? Il me donnait du ‘agent’ et du ‘c’est un honneur’ ? J’eus envie de l’attraper par le col, le poser de force sur mon canap pour le briefer sur tout ce qui n’allait pas chez lui. Sauf que ce n’était plus mon problème. J’avais rendu les commandes, je devais respecter ma décision. « Vous souhaitez que je revienne un peu plus tard ? » demanda-t-il en entrant dans la pièce qui me servait d’appartement pour constater que rien n’avait bougé, que tout était en place jusqu’au lit fait au carré. « Non, j’suis prêt. » j’affirmais en remontant le zip de ma veste jusqu’en haut, avant de récupérer mon sac de sport en cuir pour le jeter sur mon épaule. Je n’avais pas apporté grand chose, alors je voyagais léger. Mon sac était prêt depuis la vieille, histoire de ne pas m’offrir le temps de la réflexion et du doute. J’avais décidé de partir, je devais partir. « Juste un conseil... Change de fringues, les gens vont te prendre pour un huissier venu saisir leurs biens. » Il jeta un coup d’oeil à son costume, puis hocha de la tête docilement. Hooo, Seigneur ! Il allait se faire bouffer par Kaya. « Est-ce que vous pouvez m’apprendre autre chose ? Sur la mission, je veux dire. » Il n’avait pas consulté les rapports ? J’en envoyais un par jour. « Des conseils pour... Vous savez...? » Non, je savais pas. Il avait beau désigner le mur de mouvements de tête frénétique, tout ce que j’y voyais c’était un possible AVC en puissance. « Paraît qu’elle est... coriace. Une véritable peste. » Il parlait de... Oh ? Oh ?! OH ! « Parle pas d’elle comme si tu la connaissais ! » je grinçais, à voix basse, sans réellement parvenir à ne pas être menaçant, et à ne pas l’obliger à reculer d’un pas. « Ton boulot c’est de la protéger, alors protège-la. » Point. J’avais déjà quitté l’appartement, et depuis son seuil, j’hasardais un regard en direction de cette autre porte. « Carter... » je soufflais après une trop longue observation. J’aurais voulu le prévenir, le mettre en garde, m’assurer, aussi, qu’il était assez bien, assez efficace, qu’elle serait en sécurité avec lui, mais... Je me ravisais. Ce n’était plus mon problème, ça ne devait pas l’être. « Et puis merde. » furent mes derniers mots avant que je ne referme derrière moi et quitte le Bronx de manière définitive. Pas d’au revoir. Je faisais pas dans les au revoir.

Je devrais repasser par le Bureau afin de compléter mon dernier rapport et décider de ma prochaine affectation, si possible pas à New York. Mais avant ça, je devais me changer et déposer mes affaires quelque part. Je n’en avais pas beaucoup, mais débarquer avec mon gros sac au siège du FBI n’était pas une option. Alors j’avais roulé jusqu’à Tribeca, en direction de l’appartement d’Ava. Je savais qu’elle n’y serait pas, elle était surement déjà au boulot, mais j’avais un double de sa clef. Je lui enverrais un sms plus tard, afin de la prévenir et qu’elle ne s’inquiète pas de trouver ma voiture au pied de son immeuble, mais pour l’instant j’avais juste besoin d’être un peu seul, sans compte à rendre à personne. Surtout pas à ma bavarde et vindicative de soeur. J’allais déjà devoir m’expliquer auprès de mon père, alors chaque chose en son temps. Je ne m’étais pas trompé, l’appartement était vide... Et définitivement trop grand. J’aimais cette définition toute Avaienne de l’émancipation. Autonomie, d’accord, mais dans un appartement géant payé par Papa-Maman, sinon rien. Je déposais les clefs sur la console, mon sac au sol, et brusquement... je me sentais vide. Réellement vide. Sans motivation, sans envie, sans but. Pas même le début d’une occupation pour me remettre sur patte. Alors, j’errais un moment, passant d’une fenêtre à l’autre, puis du frigo aux placards, et finalement dans la salle de bain pour une douche censée me redonner visage humain. Il allait falloir que je me rase, aussi, et pas que la barbe naissante. Ce furent des coups à la porte qui me tirèrent de cette activité, et je reposais mousse et rasoir, enfilais un jean sur mon corps trempé, avant de me rendre à la porte d’entrée. J’étais pas supposé être là, Ava non plus, alors... J’entrouvrais la porte juste assez pour comprendre mon erreur. Qu’est-ce qu’elle faisait là ? Comment pouvait-elle être là ? On était à l’opposé du Bronx, est-ce qu’elle avait traversé tout New York pour... Pourquoi, au juste ? « Alors c'est comme ça ? Tu comptais partir sans rien me dire ? » En réalité je ne comptais pas, j’étais partit sans rien dire. Du moins, sans rien lui dire à elle. « T'es.. T'es un enfoiré... Et un lâche. » Ok, elle était donc très en colère, genre huit ou neuf sur l’échelle de Richter, genre au point de forcer le passage pour s’inviter chez moi... ou plutôt, chez ma soeur. Comment avait-elle su, d’ailleurs ? « J'ai cru... » Moi aussi j’avais cru beaucoup de choses. Et elle, elle avait cru quoi au juste ? « Est ce que j'ai le droit de savoir pourquoi au moins ? » Non. Non elle ne pouvait pas savoir. C’est ce que j’allais lui répondre lorsque le bruit de pas précipités dans le couloirs se firent entendre, un qu’un Carter plus qu'essoufflé, plus que débraillé fit irruption dans l’embrasure de la porte. « Bien ! T’as juste quatre minutes de retard sur elle. » « Elle court... Elle court vite. » ânonna-t-il, à bout de souffle. « Oh, par pitié ! Elle mesure 1m02, elle doit avoir trois ou quatre centimètres de jambes ! Même un enfant nain ne se laisserait pas distancer. » j’accusais avant de lui claquer la porte au nez. Il reprendrait son souffle dehors. Il assurerait sa médiocre surveillance dehors. Et sans un mot, je dépassais mon ex-mission pour aller enfiler un tee-shirt. Il ne s’agissait ni de provocation, ni d’un manque de respect, c’était juste afin de m’accorder le temps de la réflexion et pouvoir préparer ce que j’allais dire. Lorsque je revins de la salle de bain, ce ne fut que pour lui poser une simple question : « Pourquoi t’es là ? » calmement, distinctement, sans agressivité ou jugement. Du moins, en apparence, puisque la question en elle-même pouvait être insultante. Si je m’interrogeais sur les raisons de sa présence ici, cela signifiait que je ne les comprenais pas. Une part de moi avait envie de comprendre, une autre, plus importante, plus hermétique, s’y refusait. « Pourquoi t’es venue jusqu’ici ? » j’insistais face à son silence, tout en lui tournant le dos pour m’en aller servir deux tasses de ce café que j’avais lancé juste avant ma douche. Elle ne voulait toujours pas répondre ? Très bien... J’allais répondre à l’une de ses questions, conciliant. « Ma couverture avait été bousillée, j’étais compromis, j’ai donc été remplacé. » Faux... Enfin... Le Bureau avait obtenu la même version qu’elle, sauf qu’elle détenait plus d’informations que le Bureau. « Tu as ta réponse, j’aimerais avoir la mienne, maintenant : Pourquoi t’es là ? » Je répétais, toujours très calme, avant de lui tendre ce mug géant de café chaud. « Bois avant de choper la mort. Ce me ferait chier que cet abruti de Carter foire sa première mission juste parce que t’as décidé de te trimballer à poil dans les rues. » Au mois de novembre, qui plus est. Qu’est-ce qui lui avait prit, au juste ? Tout ça parce que j’avais pas dit au revoir ? À d’autres ! Elle me détestait ! J’avais vu son air dégouté ! Pourquoi ne pouvait-elle pas simplement se satisfaire de ma défection. Elle aurait du être soulagée ! C’était ça le plan ! Elle devait être libérée.
    
electric bird.
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MessageSujet: Re: Hear me •• Noam Hear me •• Noam  EmptyVen 7 Nov - 0:17

Elle n'avait pas pris la peine d'attendre l'idiot à costume. Ni le froid, ni la distance ne l'avait ralenti. Et maintenant qu'elle était là elle ne comptait pas partir sans avoir des explications. Sauf qu'après avoir refermé la porte au nez de l'autre, il s'éloigna sans répondre à ses questions. Elle était prête à le suivre, voulant une réponse, sauf qu'il revint quelques instants plus tard, avec un t-shirt sur le dos. Elle était trop remontée pour remarquer qu'il lui manquait le haut quand elle était entrée. « Pourquoi t’es là ? » Pourquoi ? A cause de lui évidemment ! Il partait sans rien dire, lui envoyait un imbécile pour le remplacer et espérait qu'elle ne réagirait pas ? Oh oui elle était en colère, et plus encore. Elle avait eu le temps, sur le trajet, de réfléchir à ce qu'elle faisait. Elle s'était plaint de la présence de Noam plus de fois qu'elle ne pouvait compter et maintenant qu'il partait elle n'était pas d'accord. C'était peut-être contradictoire. Mais tout l'était depuis quelques temps. Elle n'avait jamais réfléchi à tout ça, avait rejeté dans un coin de sa tête tout ce qui la perturbait. Mais maintenant tout lui venait en tête et elle ne savait plus quoi penser. Ce qui était sûr en revanche, c'est qu'elle était blessée qu'il soit parti sans rien dire, blessée qu'elle ne vaille même pas un au revoir à ses yeux. « Pourquoi t’es venue jusqu’ici ? » Elle ouvrit la bouche pour répondre, puis la referma. Il était tellement calme que ça en était encore plus horripilant. Ça ne l'affectait pas tellement à lui, visiblement. Et peut-être que ça la blessait encore plus. Il avait son job, et c'était barré sans raison avant la fin mais ça ne valait pas plus d'explications ? « Ma couverture avait été bousillée, j’étais compromis, j’ai donc été remplacé. » « Bullshit. Lâcha-t-elle aussitôt avec colère. » Il était sérieux ? C'était ça son excuse ? Il n'avait pas réussi à trouver mieux ? Il se foutait de sa gueule non ? « Tu as ta réponse, j’aimerais avoir la mienne, maintenant : Pourquoi t’es là ? » Oh non elle ne l'avait pas sa réponse. « Bois avant de choper la mort. Ce me ferait chier que cet abruti de Carter foire sa première mission juste parce que t’as décidé de te trimballer à poil dans les rues. » Elle regarda la tasse de café en fronçant les sourcils puis secoua la tête. « J'en veux pas. » Elle n'avait pas froid. Elle était trop énervée pour penser à quoique ce soit d'autre. Elle resserra cependant ses bras autour de sa poitrine et baissa le regard sur le sol. « Je suis là parce que... commença-t-elle pour lui répondre. » Elle avait beau avoir ruminé tout le chemin jusqu'ici, elle avait du mal à trouver ses mots. « Tu ne peux pas partir. » Pas en s'échappant de la sorte. Pas en la laissant sans explications. Pas en l'abandonnant avec un idiot. « Pas comme ça. Sans m'expliquer pourquoi et en t'inventant une excuse qui, toi et moi savons très bien, est complètement bidon. » Elle avait relevé les yeux vers lui, accusateurs. Est ce qu'il en avait eu juste marre d'elle ? Au point qu'elle ne mérite pas d'explications ? Elle en doutait. « Alors c'est quoi ? Demanda-t-elle en haussant le ton. Qu'est ce que j'ai fait ? Est ce que c'est à cause de... » La dernière fois ? Mais elle ne termina pas sa phrase. Elle savait que les choses étaient tendues depuis. Elle savait qu'elle avait déconné. Elle s'était dit que ça finirait par s'arranger. Mais elle s'était trompée. Elle ne comprenait pas pourquoi il réagissait comme ça. Pourquoi il était parti. Elle ne voulait pas comprendre non plus pourquoi ça la blessait autant. Parce que la douleur était bien présente. Profonde. Et à vif. « Je sais que je ne suis pas... facile à vivre. Ajouta-t-elle d'une voix un peu plus posée. Et que j'ai déconné il y a deux jours. Mais je me suis excusée. » Kaya le regardait sans cacher son air blessé sur le visage. Elle finirait bien par avoir sa réponse. Et elle ne se calmerait pas tant qu'elle ne l'aurait pas. Se rendant compte qu'elle n'avait pas répondu clairement à sa question à lui, elle continua : « Je suis là parce que je ne veux pas de l'autre imbécile à costume. » Il était plus qu'évident qu'il ne ferait pas l'affaire. Mais n'importe qui d'autre n'aurait pas convenu non plus. Parce qu'elle ne voulait pas de quelqu'un d'autre. Elle s'était énervée parce qu'elle s'était habituée à la présence de Noam, mais maintenant elle constatait que l'idée qu'il ne soit plus là ne lui plaisait pas non plus. « Je suis là parce que je veux... » Toi. Elle laissa sa phrase en suspend. La vérité était là, au bord de ses lèvres. Elle ne voulait pas de quelqu'un d'autre. Parce que personne ne ferait l'affaire. Parce que ce ne serait pas Noam. Elle avait du mal à la prononcer. Kaya n'avait jamais été à l'aise pour ce genre de chose. Elle pouvait être franche sur certaines choses mais pour le reste... Derrière son masque de fille forte et caractérielle, elle était plus fragile qu'elle en avait l'air. Et savoir que tout cette histoire l'affectait autant provoquait encore plus de doutes chez elle. Mais elle était venue pour avoir des explications et s'il en voulait lui aussi, et bien elle lui dirait. Elle termina donc sa phrase, dans un souffle : « Toi. »
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MessageSujet: Re: Hear me •• Noam Hear me •• Noam  EmptyVen 7 Nov - 2:43


Hear me !
kaya & noam
« Bullshit. » Cracha-t-elle avec colère tandis que je peinais à conserver mon impassibilité. Je ne mentais pas, c’était l’excuse officielle, et potentiellement vrai. Notre comportement, quelques jours plus tôt, à la salle d’entrainement, avait suffisamment ébranlé ma couverture pour justifier une extraction. C’était, d’ailleurs, ce que j’indiquerais dans mon rapport sans prendre le risque de me faire épingler pour falsification. J’aurais pu lui dire tout ça, mais je préférais conserver cette froide distance que j’avais instauré dès le début. Ce serait plus simple ainsi. Aussi, j’ignorais son accusation et coupais court à tout argumentation en l’invitant -ou ordonnant- de répondre, à son tour, à ma propre question. Qu’est-ce qu’elle foutait là ? Bien sûr, j’étais réellement intrigué par sa démarche, plus que ça même, j’étais surpris, impressionné peut-être, mais je savais que sa réponse n’aurait rien de charmant ou chantant. Elle était Kaya Maddox, fière et forte, pas le genre à s’épancher ou à s’ouvrir façon film hollywoodien. La raison de sa venue devait avoir quelque chose à voir avec... J’en savais rien. En réalité, je comprenais pas du tout pourquoi elle avait parcouru la moitié de New-York en débardeur alors que... N’était-elle pas supposée se réjouir ? Sabrer le champagne et inviter la moitié du Bronx pour célébrer son réel célibat retrouvé ? « J'en veux pas. » refusa-t-elle en rejetant la tasse que je lui tendais. Dans un haussement d’épaules, je la reposais sur le comptoir de la cuisine, parfaitement conscient qu’elle finirait par changer d’avis. Elle avait un fonctionnement à la con, mais un fonctionnement que je connaissais par coeur désormais. J’allais attendre, en silence, qu’elle se fatigue toute seule et achève par répondre à ma question, en constatant qu’elle n’obtiendrait rien sans ce passage obligatoire. « Je suis là parce que... » Bingo ! Elle croisait les bras, contemplait ses pieds, mais petit Bingo quand même. Et moi ? Moi j’attendais patiemment, stoïque, parce qu’à part cette réponse, je n’attendais rien d’autre. Officiellement, du moins. Je ne m’autorisais qu’à attendre ça, une simple réponse dont je devrais me satisfaire. Le reste, tout le reste, mes autres attentes, elles demeuraient cloisonnées dans un coin obscur de mon esprit avec interdiction d’en sortir. Jamais. Ça n’avait pas lieu d’être, c’était hors contexte, hors propos, ça n’avait même pas de raison d’exister tant ce n’était pas moi. Ça ne l’avait jamais été. J’étais même assez connu pour être le parfait contraire de... Ça. Alors je rejetais tout ça, pas nécessairement très efficacement, d’ailleurs. « Tu ne peux pas partir. » Watch me. C’était déjà fait. « Pas comme ça. Sans m'expliquer pourquoi et en t'inventant une excuse qui, toi et moi savons très bien, est complètement bidon. » Je n’avais pas à me justifier. Si mon excuse était suffisamment recevable pour le FBI, de quel droit se permettait-elle d’en douter ? De remettre en question mon professionnalisme ? Je n’étais pas partit par caprice ou par souci de confort, je l’avais fait parce que je me savais inapte à sa sécurité désormais. Je l’avais fait pour elle. « Alors c'est quoi ? Qu'est ce que j'ai fait ? Est ce que c'est à cause de... » Si j’étais parvenu à conserver mon impassibilité jusque là, adossé au frigo, les bras croisés sur mon torse dans une position que je savais irritante, le masque venait de se fissurer à l’instant, en même temps que ces deux dernières questions. Peut-être qu’au plus fort de ma colère j’avais nourrit l’envie qu’elle culpabilise, qu’elle endosse sa part de responsabilité, voir toute la responsabilité de cette situation merdique, mais... Ça n’avait pas duré, c’était juste des pensées parasites, des résidus de rancoeur. Ce n’était pas sa faute, enfin pas totalement. Pendant un temps, ça avait été plus simple de se dire que oui, tout venait d’elle, tout ce que je ressentais, ces réactions, cet agacement, cette colère que je ne contrôlais pas, mais... C’était pas elle, c’était moi. C’était moi vis-à-vis d’elle. C’était nous. Et ce nous n’était plus possible. « Je sais que je ne suis pas... facile à vivre. Et que j'ai déconné il y a deux jours. Mais je me suis excusée. » La colère l’avait déserté, à présent, remplacée par la tristesse, ou quelque chose dans ce goût-là. Un truc que je n’aimais pas voir sur elle. Je ne savais pas pourquoi, je ne savais pas comment, je ne savais même pas quel nom portait ce putain de truc sur son visage, mais ça me cassait les couilles. J’voulais pas qu’elle ressente ça, encore moins à cause de moi. Voilà pourquoi le masque se faisait un peu plus la malle, et que mes lèvres se descellaient en vue de lâcher quelque chose, je ne sais pas quoi, n’importe quoi de manière à ce qu’elle cesse d’être comme ça, triste et blessée... par moi. Sauf qu’elle parla avant moi, reprenant la parole en m’offrant la possibilité de me recomposer une façade rigide. « Je suis là parce que je ne veux pas de l'autre imbécile à costume. » Oui, bah je ne l’avais pas choisi, et pour le coup, j’étais plutôt d’accord avec elle. Il n’allait absolument pas faire l’affaire. « Je suis là parce que je veux... » qu’on me foute la paix et qu’on cesse de foutre le bordel dans ma vie sous prétexte que je suis, soit-disant, en danger de mort. J’pouvais terminer sa phrase à sa place, tant elle m’avait répété ses mêmes griefs des mois durant. Ce qui, avec du recul, n’expliquait pas vraiment sa présence ici. J’n’avais aucune autorité là-dessus. Il faudrait qu’elle s’adresse à plus haut placé que moi. Tellement haut placé qu’elle ne parviendrait jamais à l’atteindre. Alors pourquoi elle venait me voir moi, puisque tout ce qu’elle voulait c’était... « Toi. » Quoi ? Pendant une très courte seconde, pour le coup, le masque céda complètement et non partiellement, laissant entrevoir la surprise et la déroute les plus totales. Est-ce qu’elle...? Non, bien sûr que non. C’était probablement cet idiot de Carter qui l’irritait plus que moi -ce que je pouvais comprendre- et provoquait quelques regrets envers ma personne. Rien d’autre. Mais même ça... Bordel, pourquoi ça me touchait ? Et comment rester droit dans ma démarche si je la laissais voir ça ? Ne serait-ce qu’un peu ? Alors je lui tournais le dos, sans un mot, m’efforçant de vivre et revivre encore, dans le confinement de mon crâne cette scène que je me jouais depuis des jours. Ses expressions, ses mots, son ton. Le dégoût, la colère, la distance. Et ma main qui était restée désespérément vide. Contre mon gré, ce souvenir avait joué les pop-up durant les jours qui avaient suivis, s’évertuant à me torturer tranquillement dès que j’avais le malheur d’avoir l’esprit inoccupé. Maintenant, je devais forcer son retour afin de conserver ma ligne de conduite. « C’est trop tard. » je répondais, enfin, en allant ranger deux ou trois trucs dans les placards, histoire de me donner une contenance. « J’ai rendez-vous dans moins d’une heure pour rendre mon dernier rapport. » Vrai. Il n’y avait plus rien à faire. « Un rapport dans lequel je répéterais exactement ce que je viens de te dire, que ma couverture était grillée, mais dans lequel j'omettrais de signaler les raisons qui y ont conduit. » j’ajoutais en me retournant vers elle, parfaitement sûr de mon masque, à nouveau. « Aucune femme ne frappe son mec dans les couilles, parce que c’est limite plus utile pour elle que pour lui, et aucun homme normal ne donne des leçons de self-defense à ce point pointues, ni n’aligne un mec en un seul coup de poing. Je suis autant fautif que toi, plus encore puisque je suis supposé savoir ce que je fais, contrairement à toi. Le Bureau également... Cette couverture était impossible à maintenir. » On ne pouvait pas se forcer au désir, ni à la tendresse. Surtout pas elle, éventuellement pas moi. « Ca ne marchait pas, Kaya, tu le sais aussi bien que moi. Ces derniers jours, on ne se parlait même plus. » Elle ne me parlait pratiquement plus, et je respectais sa distance, trop occupé à ruminer cette même scène. Encore et encore. « Mais je suis d’accord, Carter n’est pas... » Efficace ? Crédible ? Sécurisant ? « J’insisterais pour qu’on t’envoie quelqu’un d’autre. Maintenant, si tu veux bien m’excuser, je dois encore me raser et me changer avant de rejoindre le Bureau. » je la congédiais sans trop savoir comment j’y parvenais alors que... Que rien. Alors que rien. C’était la meilleure chose à faire. La seule chose à faire. Néanmoins, alors que j’avais tourné les talons pour rejoindre le couloir menant à la salle de bain, avec la claire intention de la laisser rejoindre la sortie toute seule, je m’immobilisais et me retournais, à regret, vers elle. « C’est pas une punition. » je soufflais en relevant le nez vers elle, ça aussi, à contre coeur, un peu trop conscient de mon absence partielle de masque. « C’est... C’était la seule chose à faire, crois-moi. Je veux juste que tu sois en sécurité. Je peux pas te protéger si je passe mon temps à me battre contre toi... et contre moi-même. T’as besoin... Tu mérites quelqu’un d’hermétique et professionnel. » quelqu’un qui s’en foutrait que ses actions déplaisent à mademoiselle, qui agirait dans le seul but de la protéger et qui n’aurait rien à faire de la bousculer au passage, quelqu’un qui ne passerait pas son temps à revivre une putain de scène dans son crâne, obscurcissant son jugement et sa capacité de réaction. « ...et je suis plus ce quelqu’un. » j’achevais en baissant le regard, ployant la nuque tout en la frottant d’une main dans un geste de nervosité que je ne connaissais pas trop. En réalité, il n’y avait pas grand chose de familier dans toute cette situation. Rien que de l’inédit. Rien que du déroutant. Du déchirant... « J’suis désolé, Kaya... sincèrement. » parce que moi aussi, à un moment, tout ce que je voulais, c’était... Toi.

    
electric bird.
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MessageSujet: Re: Hear me •• Noam Hear me •• Noam  EmptyDim 9 Nov - 22:15

Comment est ce qu'il pouvait rester si impassible ? Kaya aurait aimé faire comme si rien de tout ça ne l'avait affecté. Sauf que ce n'était pas le cas. Ça l'affectait bien plus qu'elle n'aurait pu l'imaginer. Mais venir ici n'avait peut-être pas été la meilleure des idées. Parce que tant les réponses de Noam que son comportement, accentuaient sa colère et cette douleur dans sa poitrine. Elle n'arrivait pas à masquer que ça la blessait, ne parvenait pas à faire comme Noam. Peut-être qu'il se fichait complètement d'elle au final, et elle aurait très bien pu en venir à cette conclusion juste avec la manière dont il avait mis fin à la mission, mais il avait fallu qu'elle vienne ici. Et elle lui avoua pourquoi. Parce qu'elle ne voulait pas de quelqu'un d'autre. Elle ne voulait pas d'un idiot à costume. Elle ne voulait pas de quelqu'un d'autre. Elle voulait juste... Lui. Elle ne souhaitait pas analyser plus loin ce qu'elle venait de dire. Elle disait simplement ce qui était, même si c'était dur de se l'avouer. Si elle était là, c'était pour lui. Mais tout ce que trouva à faire Noam, c'était lui tourner le dos. « C’est trop tard. » Il ne pouvait pas la voir mais elle détourna la tête. Chaque réponse, c'était un nouveau coup pour la chilienne. Il les enchaînait et Kaya ne savait pas jusqu'à quand elle pourrait les encaisser. « J’ai rendez-vous dans moins d’une heure pour rendre mon dernier rapport. Un rapport dans lequel je répéterais exactement ce que je viens de te dire, que ma couverture était grillée, mais dans lequel j'omettrais de signaler les raisons qui y ont conduit. » Elle tourna de nouveau la tête vers lui, comme il daignait enfin la regarder. « Aucune femme ne frappe son mec dans les couilles, parce que c’est limite plus utile pour elle que pour lui, et aucun homme normal ne donne des leçons de self-defense à ce point pointues, ni n’aligne un mec en un seul coup de poing. Je suis autant fautif que toi, plus encore puisque je suis supposé savoir ce que je fais, contrairement à toi. Le Bureau également... Cette couverture était impossible à maintenir. » Elle poussa un soupir, décroisant ses bras d'un excédé. « Mais personne n'irait s'imaginer qu'on était un faux couple et que tu étais là pour me protéger. Personne. Et tu le sais. » L'idée était trop farfelue pour que qui que ce soit s'imagine ce genre de choses. Qu'ils aient pensé qu'ils étaient un couple étrange, oui sans l'ombre d'un doute. Mais que quelqu'un se dise 'tiens est ce que cette jeune femme ne va pas témoigner à un procès important et cet homme, qui fait semblant d'être avec elle, ne serait pas là pour la protéger'. C'était ridicule. « Ca ne marchait pas, Kaya, tu le sais aussi bien que moi. Ces derniers jours, on ne se parlait même plus. » Là, elle ne trouva rien à dire, et détourna la tête. Elle savait que c'était sa faute. Elle l'avait assez ruminé, s'était assez retournée dans son lit sans dormir, et avait bien assez tenté de le rejeter dans un coin de sa tête ces deux derniers jours. Elle savait. Mais ce qu'elle ne comprenait pas, c'était la réaction de Noam. « Mais je suis d’accord, Carter n’est pas... » Il ne ferait pas l'affaire. Personne... A part lui. « J’insisterais pour qu’on t’envoie quelqu’un d’autre. Maintenant, si tu veux bien m’excuser, je dois encore me raser et me changer avant de rejoindre le Bureau. » Et il lui tourna le dos. Encore. Il la congédiait et espérait peut-être que ce qu'il avait dit l'avait calmé ? Mais non. Elle allait parler sauf qu'il se retourna, l'air moins impassible, et elle se coupa dans son élan. « C’est pas une punition. C’est... C’était la seule chose à faire, crois-moi. Je veux juste que tu sois en sécurité. Je peux pas te protéger si je passe mon temps à me battre contre toi... et contre moi-même. T’as besoin... Tu mérites quelqu’un d’hermétique et professionnel ...et je suis plus ce quelqu’un. » Et si elle ne voulait pas de ce quelqu'un ? Est ce qu'il le prendrait en compte ? Ou se contenterait de lui tourner le dos et éviter sa question ? « J’suis désolé, Kaya... sincèrement. » C'était son dernier coup et peut-être que c'était celui qui faisait le plus mal. Pendant une seconde elle eut envie d'abandonner. A quoi bon se battre quand il avait très clairement fait son choix ? Elle n'avait pas envie de s'humilier davantage à s'accrochant à quelque chose qui n'existait visiblement pas. Sauf qu'elle était venue jusqu'ici. Elle avait forcé le Carter à lui avouer où était Noam. Et elle ne pouvait pas partir maintenant. Elle serra les poings et s'approcha de lui avec colère mais se contenta de lever la tête vers lui pour dire : « T'es un idiot... » S'il pensait pouvoir se débarrasser d'elle de cette manière. « Et tu peux garder tes excuses pour toi. » Elle desserra ses poings, baissa ses yeux pour regarder ses propres mains tremblantes et redressa la tête pour le regarder à nouveau. « C'est de ma faute. Est ce que c'est ça que tu veux entendre ? Tout est de ma putain de faute. Je n'aurai pas du accepter cette mission, je n'aurai pas du voir ce que j'ai vu, je n'aurai pas du rendre ta vie un tel enfer, je n'aurai pas du te frapper, je n'aurais pas du... Tout est de ma faute. » Elle haussa les épaules, se mordant la lèvre pour empêcher son menton de trembler. C'était de la colère. Mais aussi de la tristesse. Elle n'avait jamais su masquer ses émotions, et le regrettait un peu en cet instant. « Je voulais juste savoir pourquoi... » Elle secoua la tête. Elle n'avait plus tellement envie de savoir maintenant. « C'est moi qui suis désolée. Si tu tiens tant à partir, pars... Tu veux t'inventer une excuse, ok. Mais je ne participerai pas au procès. Je ne veux plus personne. Conclut-elle, sans le regarder cette fois-ci. » Elle n'aurait plus besoin d'être protégée. Elle pourrait toujours aller retrouver sa famille au Chili le temps que ça se calme. Elle aurait du mal à s'absenter du garage très longtemps, et n'en avait surtout pas trop les moyens mais elle pourrait toujours demander de l'aide à ses frères. Ils ne comprendraient pas, mais si c'était ce qu'il y avait à faire, elle trouverait bien une solution.
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MessageSujet: Re: Hear me •• Noam Hear me •• Noam  EmptyLun 10 Nov - 2:46


Hear me !
kaya & noam
« Mais personne n'irait s'imaginer qu'on était un faux couple et que tu étais là pour me protéger. Personne. Et tu le sais. » Elle ne comprenait pas, ou se refusait à comprendre, je ne sais pas, mais je n’avais plus ni la force, ni l’envie de lui expliquer le fonctionnement de la machine judiciaire, et les conneries de lois qui faisait en sorte que certaines personnes sachent et non simplement s’imaginent. Ce que je savais, moi, c’est qu’il ne fallait pas attirer l’attention sur nous, parce que s’ils n’avaient pas encore son nom, ils ne tarderaient pas à le découvrir lorsqu’on leur parlerait, sur le ton de la plaisanterie, de ce mec que sa copine avait émasculé just for fun, ou ce même mec qui combattait comme un putain de marines. On n’avait pas le droit d’être autre chose qu’ordinaires, parfaitement banal et invisible. On n’avait pas la liberté de s’offrir la moindre vague sans la mettre en danger, et moi avec. Mais moi, j’m’en foutais, j’avais signé pour ça, j’étais parfaitement conscient de ne faire que ça, depuis ma majorité, me foutre en danger. Elle, c’était différent. Elle avait le droit d’être en sécurité, elle avait le devoir, même. Parce que je voulais qu’elle le soit. Je le voulais tellement violemment que ça en devenait douloureux. Le vouloir c’était une chose, le désirer à ce point, une toute autre, clairement pas normale, ou logique, ou rationnelle. C’était pas un besoin professionnel, c’était un besoin viscéral. Je voulais la savoir en sécurité, et tant que ce ne serait pas le cas, je ne pourrais plus raisonner. Pas convenablement, du moins. Voilà pourquoi elle n’était pas convenablement protégée avec moi : parce que je ne raisonnais plus, ou mal. Mes priorités n’étaient plus les mêmes, mes réflexes non plus. Je n’étais plus en mesure d’assurer sa protection, et il ne s’agissait pas d’une punition. C’est ce que j’essayais de lui faire comprendre, refusant, tout simplement, le fait qu’elle puisse se tenir responsable de tout ça, de mon départ ou de cette fuite qu’elle imaginait. Je voulais qu’elle comprenne qu’il s’agissait d’une décision raisonnable, la première que je prenais depuis très longtemps, et que je m’efforçais d’agir au mieux dans son intérêt. Je n’essayais pas de lui faire du mal puisque, comme je le lui avais promis dans ce vestiaire, quarante-huit heures auparavant, ma plus grande crainte était de lui en faire, justement, du mal. J’avais même l’impression d’en dire trop, d’en confier trop pour le coup, dévoilant certains aspects de ma décision que j’aurais préféré garder pour moi, comme le fait de n’être plus totalement hermétique, ou celui de devoir me battre contre moi-même. Autant d’indice que je lâchais par mégarde, juste parce que je ne savais pas m’exprimer, juste parce que, quelque part, c’était assez inédit pour moi, je n’avais jamais été confronté à ça. Je ne me l’expliquais pas. Pas encore vraiment, ni totalement. Ce n’était pas une fuite. Était-ce une fuite ? N’étais-je pas, justement, en train de fuir ce que je me refusais à expliquer ? Peut-être un peu, c’était plus simple ainsi, m’en retourner me vautrer dans mon confort habituel, sans complication, rien qui ne puisse se régler à coup de poings ou verre d’alcool. Mais ce n’était pas juste ça. Je savais que je ne convenais plus, que je n’étais plus l’agent qu’il lui fallait. Je n’aurais jamais prit la fuite sans ça. Je serais resté, quoiqu’il m’en coûte, afin de mener à bien ma mission. Parce que j’étais professionnel comme ça. Est-ce qu’elle pouvait le comprendre ? Juste admettre que tout ne tournait pas autour d’un simple -mais douloureux- coup de genou dans les couilles ? Non. Elle venait de se planter devant moi. « T'es un idiot... » Plus furieuse que jamais. « Et tu peux garder tes excuses pour toi. » Ca se voyait à son regard, ses poings serrés, et ses mâchoires aussi. Elle tentait de contenir tout ça, mais ça ressortait de partout, elle transpirait la colère, la tension, et tout son visage en était transformé. « C'est de ma faute. Est ce que c'est ça que tu veux entendre ? Tout est de ma putain de faute. Je n'aurai pas du accepter cette mission, je n'aurai pas du voir ce que j'ai vu, je n'aurai pas du rendre ta vie un tel enfer, je n'aurai pas du te frapper, je n'aurais pas du... Tout est de ma faute. » Et sa colère était contagieuse. Chaque mot, chaque point de ponctuation était comme de l’acide qui allait directement d’elle jusqu’à moi, glissant sur ma peau, dans mes veines, dopant mon palpitant et irradiant mes nerfs. Ses accusations insultantes après tout ce que je venais de lui dire, tout ce que je lui avais lâché malgré moi... Comment pouvait-elle...? Pourquoi faisait-elle ça ? C’était au-delà d’un simple caractère de merde ! C’était du caprice, de la mauvaise foi, de la provoc aussi, et de la stupidité. Combien de fois faudrait-il que je lui répète que rien de tout ceci n’était de sa faute pour qu’elle comprenne que j’avais pas besoin d’entendre ses conneries ? Ce n’était pas sa faute ! Je ne disais pas ça pour lui faire plaisir ou quoi... Ce n’était vraiment pas de sa faute, puisque c’était la mienne ! C’était moi le mec suffisamment demeuré pour ressentir des trucs inappropriés envers cette chieuse capricieuse et bornée ! Clairement pas la femme idéale ! C’était même l’antithèse de la femme idéale ! Si on devait faire un portrait robot de la femme idéale, son caractère serait l’opposé de celui de cette merdeuse ! « Je voulais juste savoir pourquoi... » poursuivait-elle alors que je serrais les poings à mon tour. « C'est moi qui suis désolée. Si tu tiens tant à partir, pars... Tu veux t'inventer une excuse, ok. Mais je ne participerai pas au procès. Je ne veux plus personne. » « Tu te fous de ma gueule ?! » j’explosais, sans même lui laisser le temps de reprendre sa respiration à la fin de sa phrase. Putain, j’avais tellement envie de taper dans un truc que j’étais à deux doigts d’ouvrir la porte et d’aligner Carter juste pour ne pas prendre le risque de l’aligner elle. Je savais que ça n’arriverait pas, que je ne pourrais jamais aller jusque là, mais l’énervement atteignait tellement son paroxysme que je frôlais des sommets encore vierge de ma présence. « T’es juste complètement débile ou tu travailles ce côté décérébré pour te donner un style ? » je ne criais pas, mais on en était pas loin. Ma voix restait mesuré, mais la menace y planait très clairement. Et parce que j’avais besoin d’extérioriser cette violence qu’elle engendrait en moi, j’attrapais le haut de son bras que je serrais, peut-être, un poil trop fort, l’obligeant à reculer jusqu’au canapé ou je la laissais tomber en position assise. « Alors, écoute-moi bien parce que je vais pas le répéter quinze fois, et t’avises pas de m’interrompre parce que sinon, je jure sur tout ce que j’ai de plus cher, que je te fous à la porte de cet appartement, et que je te laisse te faire buter sous la surveillance de l’autre vendeur en assurance ! Compris ? Bien ! » je ne lui laissais pas le temps de répondre, comme ça je pouvais prendre son silence pour de l’assentiment. « Tu sais comment ça se passe un procès ? Visiblement pas, puisque t’es assez crétine pour t’imaginer que la protection du Bureau est superflue ! Un procès c’est une accusation et une défense, un juge, un jury, des preuves et des témoins. Toi t’es témoin, ton boulot c’est d’aller à la barre, de jurer de dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité, et de te laisser interroger par l’accusation et la défense. Et, à ton avis, comment la défense peut préparer son contre-interrogatoire à l’avance alors que t’es le témoin de l’accusation ? » je lui laissais trente secondes, pas plus, avant d’exploser à nouveau, penché vers elle : « Parce qu’ils ont ton nom, sombre idiote !!! » J’enrageais, littéralement, courbé en deux pour ne pas la dominer de quatorze têtes alors qu’elle était assise et moi debout. Je restais un instant ainsi, la respiration incontrôlable, le regard noir, avant de me redresser et de tourner les talons en prenant conscience du tableau pathétique que je devais offrir. « L’accusation et la défense se doivent de partager la liste des preuves et des intervenants... » je reprenais, un poil plus calme, passant et repassant mes mains dans mes cheveux comme si ça pouvait m’aider à me calmer, puis entamais une série de cents pas en long et en large de la table basse. « C’est comme ça qu’ils préparent leurs plaidoiries d’un côté comme de l’autre. Ton nom est sur cette liste, Kaya. Noyé au milieu d’une flopée d’autres pour brouiller les pistes, c’est notre seul coup de poker, mais ton nom est sur cette foutue liste ! Et crois-moi, ils s’en foutent que tu décides de ne plus témoigner au procès, t’es un témoin encombrant, ils prendront pas le moindre risque, ils te traqueront, te retrouveront et te tueront. » Cash, mais c’est ce dont elle avait besoin. La vérité crue, sans papier-bulle tout autour ! C’était fini le papier-bulle. Trop de caprices tue le papier-bulle. « Par contre, tu sais ce qui va se passer si tu décides de ne plus témoigner ? Le Bureau te retirera toute protection, histoire de pas mobiliser plusieurs agents pour que dalle... Oui, j’ai bien dit plusieurs, parce que ton nom est sur cette liste, et puisque c’est également celui de ton père et de tes frères... C’est ce que tu veux, Kaya ? Mettre ta famille en danger juste parce que t’as brusquement super envie de me faire chier ? » Et est-ce qu’au moins elle réussissait à me faire chier ? Pas vraiment. « Et ça me fait même pas chier. » je lui avouais, d’ailleurs, quittant ma position verticale pour aller m’asseoir sur la table basse, face à elle. « Non, ça me fout la trouille ! Ça me terrifie que tu puisses être suffisamment butée pour risquer ta peau par simple fierté mal placée et esprit de contradiction ! Tu sais ce qui me fait chier, par contre ? C’est de devoir laisser ma place à un autre ! Pas seulement parce qu’il s’agit d’un connard de VRP, ça pourrait être Bruce Willis, le gars, que ça me casserait les couilles de la même manière ! C’est mon job, mon spot, et si tu t’imagines que c’est facile pour moi de reconnaitre que j’suis devenu inapte a mener à bien MA mission, ma putain de mission à moi et à personne d’autre, c’est que t’évolues dans un univers à des années lumières de la réalité ! » Fatigué, épuisé même, je la fixais un instant, soutenant son regard, avant de secouer la tête puis l’enfouir entre mes mains. Depuis combien de jours n’avais-je pas dormi ? Je veux dire vraiment, profondément, même pour quelques heures. « Tu m’rends dingue. » je lâchais d’une voix étouffée par mes mains qui me mangeaient toujours tout le visage. « J’te jure, tu m’bouffes le cerveau... » dans tous les sens possibles et inimaginables. J’allais y laisser mes derniers vestiges d’équilibre mental. Tout ça à cause d’une chilienne d’un mètre-zéro-deux. Ridicule. Pathétique. Stupide... Prévisible.

    
electric bird.
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MessageSujet: Re: Hear me •• Noam Hear me •• Noam  EmptyMar 11 Nov - 10:55

« Tu te fous de ma gueule ?! » Ses sourcils se haussèrent, l'air de dire 'watch me', absolument pas impressionnée par son éclat. Peut-être que c'était ce qu'elle avait cherché à faire. Peut-être qu'elle en avait marre de son air si impassible quand, elle, elle n'arrivait pas à gérer ses émotions. Peut-être même qu'elle était soulagée de voir qu'il réagissait vraiment, enfin. « T’es juste complètement débile ou tu travailles ce côté décérébré pour te donner un style ? » Un style peut-être ? Sauf qu'elle n'allait pas lancer la provocation, parce qu'il avait l'air suffisamment en colère. Il lui avait agrippé le bras, fermement, et l'obligea à reculer jusqu'au canapé. Elle faillit dire quelque chose mais elle repensa à ce qu'ils s'étaient passés deux jours plus tôt. La manière dont il l'avait maîtrisé, la colère qui l'avait transcendé... Alors elle se contenta de se laisser faire et de l'incendier du regard. « Alors, écoute-moi bien parce que je vais pas le répéter quinze fois, et t’avises pas de m’interrompre parce que sinon, je jure sur tout ce que j’ai de plus cher, que je te fous à la porte de cet appartement, et que je te laisse te faire buter sous la surveillance de l’autre vendeur en assurance ! Compris ? Bien ! » Ses lèvres se pincèrent, fixant en même temps un point derrière Noam d'un air borné sans le regarder lui. « Tu sais comment ça se passe un procès ? Visiblement pas, puisque t’es assez crétine pour t’imaginer que la protection du Bureau est superflue ! Un procès c’est une accusation et une défense, un juge, un jury, des preuves et des témoins. Toi t’es témoin, ton boulot c’est d’aller à la barre, de jurer de dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité, et de te laisser interroger par l’accusation et la défense. Et, à ton avis, comment la défense peut préparer son contre-interrogatoire à l’avance alors que t’es le témoin de l’accusation ? » Comment ? Elle mourrait d'envie de savoir. Ça ne se voyait juste pas sur son visage complètement fermé et boudeur. « Parce qu’ils ont ton nom, sombre idiote !!! » Son masque de colère s'effaça aussitôt. Elle savait que tout avait été chamboulé quand elle avait vu, par hasard, quelque chose qu'elle n'aurait pas du. Elle s'était contentée d'être au mauvais endroit au mauvais moment. Elle n'avait rien voulu de tout ça. Un agent était venu la voir et lui avait expliqué ses options. Elle n'avait pas compris au début, en quoi c'était si important qu'elle témoigne. Mais on lui avait très clairement expliqué. Ils avaient proposé le programme de protection des témoins mais elle n'avait pas pu. Son père était trop fragile et elle n'aurait pas souhaité que sa vie soit chamboulée à cause d'elle. Elle s'était donc contentée de faire passer ça pour un caprice. Et on lui avait proposé une alternative. Noam. Oh elle s'était plainte, plus que nécessaire même. Mais elle avait accepté. Et le constat aujourd'hui, aussi dur était-il de l'admettre pour elle, c'est qu'elle ne regrettait pas. Même après toutes leurs disputes, même après la scène au gymnase, même après sa fuite, elle ne regrettait pas. La seule chose qu'elle regrettait c'était de s'être laissée aller, de s'être attachée sans s'en rendre compte, d'avoir baissé ses gardes, d'être finalement trop faible quand elle se pensait si forte. « L’accusation et la défense se doivent de partager la liste des preuves et des intervenants... C’est comme ça qu’ils préparent leurs plaidoiries d’un côté comme de l’autre. Ton nom est sur cette liste, Kaya. Noyé au milieu d’une flopée d’autres pour brouiller les pistes, c’est notre seul coup de poker, mais ton nom est sur cette foutue liste ! Et crois-moi, ils s’en foutent que tu décides de ne plus témoigner au procès, t’es un témoin encombrant, ils prendront pas le moindre risque, ils te traqueront, te retrouveront et te tueront. » Elle ne savait pas qu'ils avaient son nom. En même temps elle ne s'était jamais intéressée à la justice que ce soit de près ou de loin. Même maintenant qu'elle était concernée, elle s'était imaginée qu'il suffirait de témoigner et que ce serait terminé; et que si elle avait eu envie de se retirer, elle aurait pu. « Par contre, tu sais ce qui va se passer si tu décides de ne plus témoigner ? Le Bureau te retirera toute protection, histoire de pas mobiliser plusieurs agents pour que dalle... Oui, j’ai bien dit plusieurs, parce que ton nom est sur cette liste, et puisque c’est également celui de ton père et de tes frères... C’est ce que tu veux, Kaya ? Mettre ta famille en danger juste parce que t’as brusquement super envie de me faire chier ? » Ses mâchoires se contractèrent. Depuis le début, elle n'avait pas voulu les impliquer dans cette histoire. Elle voulait juste les protéger. Car s'ils leur arrivaient quoique ce soit à cause d'elle, elle ne se le pardonnerait jamais... Rien ni personne ne valait qu'elle mette sa famille en danger. « Et ça me fait même pas chier. Non, ça me fout la trouille ! Ça me terrifie que tu puisses être suffisamment butée pour risquer ta peau par simple fierté mal placée et esprit de contradiction ! Tu sais ce qui me fait chier, par contre ? C’est de devoir laisser ma place à un autre ! Pas seulement parce qu’il s’agit d’un connard de VRP, ça pourrait être Bruce Willis, le gars, que ça me casserait les couilles de la même manière ! C’est mon job, mon spot, et si tu t’imagines que c’est facile pour moi de reconnaitre que j’suis devenu inapte a mener à bien MA mission, ma putain de mission à moi et à personne d’autre, c’est que t’évolues dans un univers à des années lumières de la réalité ! » Alors pourquoi est ce qu'il partait, si c'était si difficile ? Ils pouvaient toujours trouver une solution. Elle ne comprenait pas pourquoi ça devait être aussi définitif. Parce qu'elle ne voulait pas qu'il parte. Ça la tuait de se l'avouer, mais ça la tuerait davantage s'ils partaient. Elle ne voulait pas chercher à comprendre pourquoi. Tout comme elle n'avait jamais voulu s'expliquer les réactions que provoquaient Noam chez elle. Mais c'était comme ça. « Tu m’rends dingue. J’te jure, tu m’bouffes le cerveau... » Elle ne s'en était pas rendue compte mais une larme avait coulé le long de sa joue. Elle s'empressa de l'essuyer. Mais ne dit rien. Parce qu'elle avait peur de craquer complètement. Elle regarda Noam, la tête enfouie dans ses mains face à elle, puis ses yeux se baissèrent sur le sol. « Ok, j'ai compris, parvint-elle finalement dire. » Elle n'était pas borné au point de vouloir mettre sa famille en danger juste parce qu'elle n'avait pas ce qu'elle voulait. « Je... Je témoignerai. » Elle avait peut-être pensé pendant une seconde à mettre sa menace en œuvre mais elle savait que ça n'aurait pas pu être aussi simple. Elle n'était pas complètement stupide. « Mais... commença-t-elle cependant, en relevant ses yeux vers Noam. » Sa voix était beaucoup plus calme, plus contrôlée mais aussi plus hésitante. Elle fixa les mains de Noam, toujours sur son visage et elle tendit soudain l'une des siennes vers lui. Elle arrêta son geste à quelques centimètres seulement, hésita, mais continua. Elle n'avait pas envie qu'il se cache le visage. Elle déposa sa main doucement autour d'un des poignets de Noam et tira légèrement pour qu'il découvre son visage. Elle retira ensuite sa main pour la poser sur son propre genou, le tenant fermement pour l'empêcher de trembler. « Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi tu ne peux pas continuer la mission... Je sais, je sais, on a merdé au gymnase... Mais tu n'es pas inapte. J'ai... J'ai confiance en toi... Et on peut peut-être trouvé une solution. Je reste persuadée que personne n'a rien deviné... Je... » Elle s'interrompit. Parce qu'elle se rendit compte qu'elle continuait d'espérer alors que Noam n'arrêtait pas de lui dire depuis le début que c'était trop tard. Elle ne voulait juste pas l'entendre. Elle se passa une main sur le visage, et secoua la tête. « Désolée. » Elle savait qu'en venant ici elle s'exposerait. Elle savait que ce ne serait pas facile, et qu'elle aurait peut-être à dire des choses qu'elle avait, elle-même, encore du mal à admettre. Elle échappa un rire nerveux, avant de se redresser. « Je vais te laisser tranquille. Ne fais pas renvoyer Carter... Ça ira. » Kaya était têtue, mais elle savait se résigner. Sa fierté avait pris assez de coups. Et elle était surtout trop blessée pour continuer à se battre.

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MessageSujet: Re: Hear me •• Noam Hear me •• Noam  EmptyMar 11 Nov - 15:06


Hear me !
kaya & noam
J’étais paumé. Complètement paumé. Pas paumé comme lorsque tu essuies un tir de roquets et que tu ne sais plus où donner de la tête, où te mettre à couvert. Pas paumé comme lors d’un attentat à la voiture piégée, lorsque la panique et le mouvement de foule te font perdre toute notion de boussole interne. Paumé comme quelqu’un qui ne pouvait même plus faire confiance à ses propres émotions. Je n’étais peut-être pas le mec le plus calme au monde, mais m’énerver comme ça, de la sorte, aussi brusquement, y avait qu’elle qui me provoquait ça. J’avais appris, longtemps auparavant, à gérer, planquer, dissimuler. Poker face en permanence. Elle, elle pressait un bouton et la rage bouillonnait en moi. Pas que la rage, en fait, c’était juste un bon gros bordel d’émotions diverses et variées qui tourbillonnait et débordait. C’était pas quelque chose que je pouvais contrôler, juste quelque chose qui devait éclater. Sur elle. Et si elle ne parlait pas, si elle ne me répondait pas, ne me provoquait pas, comme c’était le cas, je finissais par me calmer, me vider. Je ne me sentais pas mieux pour autant. Juste un peu moins radioactif. Mais toujours plus paumé et coupable. Parce que c’était pas moi, ça, et ça me rendait furieux. Cercle vicieux. « Ok, j'ai compris. » J’avais déjà observé le déclic de compréhension s’opérer dans son regard et se propager sur ses traits tandis que je lui hurlais dessus, mais... Oui, j’avais besoin de l’entendre se résigner, me l’affirmer. Parce qu’avec son caractère de merde, elle aurait aussi bien pu comprendre sans pour autant s’y soumettre. Elle était têtue comme ça, oui. « Je... Je témoignerai. » Bien. Ce qui l’était moins c’était le soulagement ressenti dans tout mon être, mes nerfs se décontractant un à un. Pas parce qu’elle allait faire son job, servir la justice de son pays et faire coffrer des gros méchants, non... Juste parce qu’ainsi, elle allait pouvoir continuer à bénéficier du programme de protection. Elle serait en sécurité. Et j’avais pas le droit de penser ainsi, de privilégier l’individu à la cause plus large. Pour l’instant, ça allait dans le même sens, mais qu’en aurait-il été si témoigner l’avait mis directement en danger ? Aurais-je tout fait pour l’en empêcher ? Aurais-je décider que ces mecs en liberté était moins grave, moins important que sa propre sécurité ? Non, je me refusais à l’admettre. J’aurais trouvé une solution, n’importe quoi, pour faire en sorte que les deux soient possibles. Son témoignage, et sa sécurité. « Mais... » Non, pas de mais. Je ne voulais pas entendre de mais. Je ne voulais pas avoir à négocier. J’en pouvais plus de négocier. Je n’avais pas pris cette décision sans y avoir réfléchi pendant des heures et des heures, des jours et des nuits. Il n’y avait pas d’autres solutions, et je ne pouvais pas lui expliquer pourquoi, parce que... Je ne pouvais pas, simplement. Mais alors que je sentais la colère revenir façon geyser, sa main entourant mon poignet détourna mon attention de mes tripes pour la reporter sur ce qu’elle était en train de faire. Quoi ? Elle voulait profiter du spectacle ? Le son ne lui suffisait plus, elle voulait la lumière aussi ? J’en avais pas vraiment envie, j’étais bien, planqué derrière mes mains. Pourtant je la laissais faire, poussant le vice jusqu’à dégager moi-même mon autre main qui s’en alla pincer l’arête de mon nez. « Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi tu ne peux pas continuer la mission... Je sais, je sais, on a merdé au gymnase... Mais tu n'es pas inapte. J'ai... J'ai confiance en toi... Et on peut peut-être trouvé une solution. Je reste persuadée que personne n'a rien deviné... Je... » Moi... Moi j’avais plus confiance en moi. Voilà pourquoi il n’y avait pas de solution à trouver, autre que celle-là. Je soupirais, prêt à lui réexpliquer à nouveau à quel point on avait merdé, à quel point on avait allumé un néon on dessus de sa tête stipulant : ‘oui, c’est bien elle que vous cherchez’. Sauf qu’elle ne m’en laissa pas le temps, s’excusant avant de se relever. « Je vais te laisser tranquille. Ne fais pas renvoyer Carter... Ça ira. » Je relevais le nez vers elle, j’avais toujours pas dit un mot. En même temps, j’avais explosé mon quota juste avant. Je ne disais pas un mot, non plus, en l’observant s’éloigner, en l’observant se résigner, tandis que j’en faisais de même. Je ne disais toujours rien alors qu’elle se saisissait de la poignée lentement, comme pour mieux me laisser le temps de réagir. À moins que ce soit moi qui percevais toute cette scène au ralentit afin de la rendre plus savoureuse de frustration, encore ? Possible. Pourtant, je ne réagissais pas. Pas avec des mots, en tous cas. Pas avec des gestes non plus. Je demeurais immobile et l’observais passer le seuil sans rien dire. Stoïque, statique. Je le restais même après son départ, comme statufié, les yeux dans la vague tandis que dans mon crâne, c’était le chaos. Pas un chaos avilissant ou paralysant. Un chaos de pensées, d’idées, d’envies, de besoins. Comme si la voir partir, elle, et non pas moi, cette fois, avait débloqué un truc. Un besoin. Ou plutôt une image. Très nette, l’image. Un peu trop d’ailleurs. Ignorer l’image ne me semblait pas faisable, me connaissant. Elle allait grossir, enfler, m’obséder, m’handicaper, m’empêcher de fonctionner normalement si je ne la rendais pas réelle et jusqu’à ce que je la rende réelle. Est-ce que je pouvais la rendre réelle ? Genre maintenant ? Tout de suite ? Après tout, elle n’était plus ma mission. J’en avais le droit, désormais en plus d’en avoir besoin. C’était le problème de Carter, plus le mien. C’est ce que je me répétais, ce dont je me convainquais, en récupérant ma veste sur le dossier du canapé avant de claquer la porte derrière moi, pour dévaler les escaliers. Ils avaient une longueur d’avance sur moi, mais... Je les rattrapais sur le trottoir devant l’immeuble, me faxant au travers de la porte d’entrée se refermant doucement après leur passage. « Attends ! » j’ordonnais, essoufflé et en pleine tachycardie. C’était pas les trois étages que je venais de survoler qui en étaient la cause, non. C’était elle. « Je... » je commençais, pas vraiment sûr de ce que je devais dire, ou même si je devais dire quelque chose. J’étais pas trop du genre littéraire, moi. C’était plutôt l’action, mon truc. Et bizarrement, quelques étages plus haut, cette action me semblait bien plus évidente que maintenant, dans cette rue passante, sous le regard curieux des promeneurs, interrogateur de Kaya, et.... Qu’est-ce qu’il branlait le crétin ? C’était quoi ces rotations de tête frénétiques ? Il faisait une attaque... Ou ? « Tiens, enfile ça... » je gagnais du temps, en m’approchant, également, pour lui tendre ma veste et la lui imposer sur ses épaules nues. Quelle idée, aussi, de sortir à moitié à poil ?! « Je... » Non, sérieusement, il voulait pas arrêter de bouger la tête comme ça ? « Bordel, tu fous quoi, là ? Tu cherches à t’auto-briser la nuque ? » « Je couvre le périmètre. » Il... Quoi ?! Il était sérieux, là ? Il croyait réellement qu’il avait le temps de voir quoique ce soit ? Sans un mot, j’attrapais Kaya par l’épaule, sous le nez mobile de Carter, la ramenais contre moi, et plaçais mes bras autour de son cou comme si je m’apprêtais à le lui briser. Puis je sifflais pour me réapproprier l’attention du teubé. « Au top, ta couverture, copain. » Booom, une seule pression de main, et elle était morte. Sous son nez. À cinquante centimètres de lui. Ce qui remettait absolument tout en question, parce que... J’arrêterais jamais de me soucier, de m’inquiéter, de m’angoisser. Encore plus avec ce type dans les parages. Si encore ils lui avaient attribué un agent correct et compétant, plutôt que ce clown à peine sortit de l’école. Avait-il au moins fait Quantico ? J’pouvais pas rendre l’image réelle, ni m’efforcer de la rendre réelle, mais... Je pouvais en faire un objectif ? Est-ce que ça suffirait à me permettre de fonctionner à nouveau ? À peu près normalement ? J’avais relâché la pression autour de son cou, pression qui n’avait jamais été réelle, ne s’agissant que d’une démonstration, et cette fois j’ôtais mes bras en reculant d’un pas. « Oublie, c’était stupide. » j’annonçais en reculant toujours plus, résolu à m’en remettre à la décision du Bureau.  Stupide, stupide, stupide, stupide. C’est ce que je répétais à voix basse en reculant, reculant encore et encore, me retournant, finalement, pour regagner cette porte et mon planning de la journée. Avant de... « Ok ! T’es prête à accepter quoi pour me récupérer ? » Je rendais les armes, baissais les bras. Au propre, comme au figuré, mes bras s’élevant et s’abattant le long de mon corps tandis que je me retournais pour leur faire face. « Tu me laisseras faire tout ce que je juge utile ? Tu m’écouteras sans discuter ? Tu ne remettras plus mes décisions en question ? Tu arrêteras de râler ? J’veux dire, pas complètement, mais... Comment c’est possible de râler autant que toi, en permanence, pour absolument tout ? Tu n’essaieras plus de piéger ma bouffe, d’attenter à mon intégrité physique, et de me refiler ton immonde café ? » Ok, ce dernier point m’arrachait un sourire. « C’est du maté. » je plagiais son indignation, à voix basse, sachant qu’elle n’allait pas tarder. Vieux couple. Typique. Autodestructeur et sadomasochiste, mais typique. J’étais dans la merde. Intersidérale.

    
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MessageSujet: Re: Hear me •• Noam Hear me •• Noam  EmptyMar 11 Nov - 22:14

Ça ne servait à rien de continuer à se battre. Ils étaient aussi têtus l'un que l'autre, ils finiraient par se répéter, et elle préférait encore s'en aller avant d'en dire trop. Elle s'était déjà dévoilée en venant ici. Elle avait pris conscience qu'elle avait plus besoin de la présence de Noam qu'elle ne le pensait. Mais c'était trop tard. Elle l'avait compris. Il lui avait assez expliqué. Elle n'avait pas besoin de se torturer davantage. Elle ne le regarda pas en s'éloignant. Elle avait peur de faire demi-tour, de craquer pour de bon. Ce n'est que lorsque le son de la porte qui se referma derrière elle résonna, qu'elle réalisa qu'elle était en train de partir. C'était fini. Elle s'arrêta, la respiration lourde, crut pendant un instant que les larmes allaient couler et qu'elle ne serait plus capable d'avancer, de supporter plus longtemps ce poids sur sa poitrine, mais elle repéra le Carter qui s'approchait, et se reprit à temps. « Mademoiselle Maddox est-ce qu... » Elle le coupa dans son élan, marchant pour le dépasser, l'ignorant complètement. Il fallait qu'elle parte avant de changer d'avis. Son pas n'était pas aussi déterminé que lorsqu'elle était venue ici. Mais elle se forçait à avancer. Elle devait avancer. Elle s'en remettrait. Pourquoi s'emballait-elle autant ? Pourquoi était-il si difficile de partir, même après tout ce qu'il lui avait dit ? Et pourquoi surtout est ce que ça faisait aussi mal ? Il y avait trop de questions, trop d'émotions, qui la secouaient. Elle ne savait plus quoi penser, elle savait juste qu'il fallait avancer. La morsure du froid, dès qu'elle quitta l'immeuble la réveilla un peu de son hébétement. Elle allait continuer quand... « Attends ! » Son cœur manqua un battement. Elle se retourna pour voir Noam qui les avait suivi. Pourquoi ? « Je... » Elle se contenta de le regarder, attendant la suite. Qui ne venait pas. « Tiens, enfile ça... » Elle ne dit toujours rien quand il déposa sa veste sur ses épaules – elle aurait pu la refuser par fierté sauf qu'ils ne faisaient vraiment pas chaud. « Je... » Quoi ? Si c'était pour lui expliquer encore la même chose, elle avait suffisamment compris, elle ne pensait pas pouvoir supporter ça une nouvelle fois. Et elle ne voulait pas de ses excuses, ça rendait les choses encore pires. Elle était résignée. Ou du moins essayait de l'être. Elle savait que son bouclier n'était pas solide du tout. « Bordel, tu fous quoi, là ? Tu cherches à t’auto-briser la nuque ? » Elle tourna la tête vers l'idiot à costume, qu'elle avait toujours tendance à oublier. « Je couvre le périmètre. » Ok. Vu le quartier, elle doutait d'être en danger. Sauf qu'elle se trompait, le danger avait un nom ici, et c'était Noam. Il l'avait saisi par l'épaule et la seconde d'après, elle était dos contre lui, un bras autour de son cou. Hum. WTF ? « Au top, ta couverture, copain. » Kaya poussa un soupir quand elle comprit que c'était pour montrer l'inutilité de l'autre idiot. S'il était venu juste pour ça, le déplacement était superflu, elle avait très vite compris à l'allure du Carter, qu'il ne valait pas grand chose. Il finit cependant par la relâcher... et partir ?? « Oublie, c’était stupide. » Est ce qu'il faisait exprès de jouer avec ses nerfs ? Elle faillit exploser une nouvelle fois mais la bulle éclata aussi vite qu'elle s'était gonflée. Elle devait se faire une raison. Elle essaya de rester impassible, de cacher que ça ne la blessait pas de le voir partir. Elle n'avait pas envie de le montrer à l'idiot à costume qui regardait la scène. Elle n'avait pas envie de s'attarder ici plus longtemps. En fait elle avait juste envie de rentrer chez elle et de rester seule. Elle n'avait plus envie de voir personne, elle avait juste envie de tout oublier, elle voulait juste... « Ok ! T’es prête à accepter quoi pour me récupérer ? » Kaya releva la tête. Elle était restée figée sur place sans même s'en rendre compte. « Tu me laisseras faire tout ce que je juge utile ? Tu m’écouteras sans discuter ? Tu ne remettras plus mes décisions en question ? Tu arrêteras de râler ? J’veux dire, pas complètement, mais... Comment c’est possible de râler autant que toi, en permanence, pour absolument tout ? Tu n’essaieras plus de piéger ma bouffe, d’attenter à mon intégrité physique, et de me refiler ton immonde café ? » Elle sentit un poids se lever. Il n'avait pas dit qu'il restait encore. Mais ça lui suffisait pour être soulagée. Et ça la perturbait encore plus. La plongeait un peu plus dans l'incompréhension sur ses propres sentiments et sur les réactions de Noam. Il était incompréhensible. Tout cette histoire était incompréhensible. Et elle finirait probablement par perdre complètement la tête. Mais elle était soulagée. « Je te promets que je ne ferais plus rien de tout ça. S'empressa-t-elle donc de dire. Enfin... Je ferais de mon mieux. » Ne pas râler c'était beaucoup lui demander. De même que ne pas remettre en question ses décisions. Il n'avait pas toujours le meilleur des jugements, et surtout, le contredire juste pour l'embêter l'avait toujours un peu amusé. « Je ne te ferais plus de maté – elle insista sur ce mot –,  n'essaierais plus de te blesser... Ou du moins pas intentionnellement. » Elle était maladroite, c'était pas sa faute. Elle s'approcha un peu de lui, hésitante, continuant : « Je ne peux pas te promettre de ne pas t'appeler Marquis pour t'embêter par contre. » Et elle décrocha un sourire. Elle se passa une main dans les cheveux avant de pointer un doigt vers lui : « Mais tu dois me promettre de ne plus partir comme ça sans rien dire... » Parce qu'elle ne le supporterait pas une deuxième fois. « Et de ne pas te comporter comme un gamin toutes les deux secondes. » De temps en temps ça allait, elle avait l'habitude avec ses frères, mais en permanence... Puis elle demanda finalement la question qui la taraudait depuis qu'il s'était retourné, parce qu'elle avait besoin de savoir :  « Est ce que ça veut dire que tu vas rester ? » Il ne pouvait pas lui donner cet espoir et le retirer après, elle ne lui pardonnerait pas.
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MessageSujet: Re: Hear me •• Noam Hear me •• Noam  EmptyMer 12 Nov - 0:38


Hear me !
kaya & noam
J’n’avais pas eu le choix. Finalement, j’n’avais jamais eu le choix. Si, peut-être, au début, si je l’avais vraiment voulu. J’aurais pu faire en sorte de merder grave afin qu’on me débarrasse de cette mission, mais j’étais trop pro pour ça. Alors, déjà là, entre les ordres de mon supérieur et ma volonté de prouver ma valeur, une énième fois, j’avais eu le sentiment de ne pas avoir le choix. Sauf que ça n’avait rien à voir avec maintenant. Désormais, l’absence de choix n’avait plus rien de rationnel ou professionnel, ce n’était pas quelque chose de réfléchi, c’était subit. Viscéral. Ce n’était plus ma tête, c’était mon corps, mes émotions, pour ne pas dire mes... Non. J’étais descendu avec un projet précis en tête, un plan évident et brillant pour me la sortir, une fois pour toute, de l’esprit. Je n’étais plus son agent, elle n’était plus ma mission, je n’avais plus à faire preuve de professionnalisme envers elle. Pouf, envolés les interdits. Sauf qu’une fois face à elle, je comprenais à quel point je me plantais complètement. Non seulement ça ne partirait pas comme ça, mais ce serait probablement pire, même ! Surtout si je la laissais entre les mains de cet agent brillant d’incompétence. Il ne savait même pas couvrir un périmètre sans avoir l’air d’un junkie en pleine rave ! Et en costume trois pièces, le junkie, histoire de parfaire l’improbable tableau. Et puis, honnêtement, qu’est-ce qui me faisait dire qu’elle signerait pour mon super plan ? C’était la première fois que je me posais ce genre de question. D’ordinaire, j’avais pas à le faire. Pourquoi je n’avais pas à le faire, d’ailleurs ? Peut-être parce que d’habitude j’en avais rien à foutre. Je m’étais déjà reçu une gifle ou deux, mais il m’avait suffit de tourner la tête pour trouver plus réceptive juste à côté. Là, c’était différent, je me posais la question parce que... parce que, vraisemblablement, j’en avais pas rien à foutre. Ni de son avis, ni de ses envies, ni de sa sécurité. Voilà pourquoi, après un débat intérieur qui dura le temps de trois ou quatre pas en arrière, je décidais de changer d’objectif. Contre toute attente, coffrer les bad guys ne me suffisait plus. Je ne pouvais pas m’infliger ça juste pour quelques connards derrière les barreaux. J’avais besoin de plus. J’avais besoin d’elle. De cette image qui s’était formé dans mon crâne des semaines auparavant, mais que je n’acceptais que maintenant. C’était ça que je voulais. Et je le voulais tellement violemment que j’étais prêt à supporter tout le reste. Et tout le reste c’était, essentiellement, accepter de ne pas rendre cette image réelle et palpable, jusqu’à ce que les méchants soient définitivement derrière les barreaux. Parce que... Même si elle voulait de l’image, genre maintenant, tout de suite, dans l’ascenseur même, s’il le fallait, comment je parviendrais à trouver le repos en la sachant encore plus en danger, maintenant que je ne serais plus là ? Parce que oui, dans mon crâne boosté à la connerie, une fois l’image rendue réelle, elle s’auto-détruirait, et je pourrais retrouver mon paisible quotidien sans frustration. Sauf que j’aurais tout foutu en l’air, j’aurais ruiné mes dernières chances d’avoir la possibilité d’assurer moi-même sa protection, j’aurais commis une faute, malgré tout, et je n’aurais plus l’autorisation de l’approcher en dehors de la salle du procès, le jour du procès. Un procès qui n’aurait jamais lieu si on s’obstinait à lui laisser Carter dans les pattes. J’avais commencé, je devais finir. C’était ce que je voulais. Elle. Et elle, elle voulait quoi ?  Moi. Et à quel point le voulait-elle ? « Je te promets que je ne ferais plus rien de tout ça. Enfin... Je ferais de mon mieux. » Son empressement à me répondre me tira un sourire triste. J’aimais pas lui faire du mal, et... Je venais de lui en faire. Beaucoup, je crois. Mais je n’en avais pas la certitude. « Je ne te ferais plus de maté, n'essaierais plus de te blesser... Ou du moins pas intentionnellement. » Elle s’approchait. Certes, avec hésitation, mais je décidais de faire un pas dans sa direction, moi aussi, comprenant qu’elle n’allait pas, je ne sais pas... me rejeter ? Pathétique, je sais, et passablement stupide aussi, mais... J’étais novice, moi, dans ce genre de truc tout bizarre. « Je ne peux pas te promettre de ne pas t'appeler Marquis pour t'embêter par contre. » Elle allait devoir, pourtant, sinon j’oublierais toutes mes bonnes résolutions et l’étoufferais dans son sommeil. Sérieusement. « Mais tu dois me promettre de ne plus partir comme ça sans rien dire... » Oula, elle sortait même l’index menaçant. « Et de ne pas te comporter comme un gamin toutes les deux secondes. » D’où je me comportais comme un gamin ? J’approchais encore d’un pas, mais en haussant un sourcil. « Est ce que ça veut dire que tu vas rester ? » C’était pourtant clair, non ? Enfin, du moins, j’avais cru l’être en lui exposant les divers points que j’entendais qu’elle respecte, mais... Je n’en avais pas terminé. « Ca dépendra de toi, ça. » j’avouais dans un haussement d’épaules. « J’ai certaines conditions, et me demander de te faire des promesses n’en fait pas partie. Je suis pas doué pour les promesses, encore moins pour les tenir, surtout pas celle de ne pas partir sans prévenir. » Quelque soit la nature du départ, dans mon métier on savait qu’on ne devait pas promettre ce genre de chose. Un accident, et... Bref. « Avant que tu ne dises oui, écoute mes conditions, tu pourrais changer d’avis. Petit un... » je réfléchissais un instant, avant de... « Non, j’vais commencer par le petit deux, en fait. Donc, petit deux, tu m’accompagnes au Bureau pour m’aider à retrouver un semblant de crédibilité. Si on ne les convainc pas, ils ne me laisseront pas reprendre mon job. Changer d’avis toutes les douze heures c’est pas super professionnel dans le genre. Donc, je vais leur dire que ma pseudo démission n’était que pour rendre le tout plus crédible, alors qu’il ne s’agissait que d’une technique absolument admirable et très bien pensée pour te forcer à accepter le petit un. » Non, je ne venais pas d’inventer tout ça en quinze secondes, c’est un plan auquel j’avais songé, de nombreuses fois, sans jamais me décider à le mettre en application. « Ce qui m’amène au petit un. » Pour lequel je faisais un pas de plus, la gardant à un bras de distance si jamais je devais l’empêcher de se jeter sous les roues d’une voiture à l’énoncer de ma dernière -mais finalement première- condition. « Je veux qu’on vive ensemble. » Réaction dans trois... deux... un... « Mais disjoncte pas, d’accord ? Je dormirais sur le canapé, j’te ferais pas chier, c’est juste que... » je coupais court, rapidement, à toute réaction de panique ou démesurée. « ... j’ai besoin de dormir. Au moins un peu. Et c’est pas quelque chose que je peux faire avec ton foutu appartement over-accessible, et les 87 secondes qui me sont nécessaire pour passer du mien au tien en cas de menace, si tant est que je l’entende. » Oui, je m’étais chronométré, et 87 n’était pas une moyenne, c’était mon meilleur temps. « Et puis c’est ridicule, qui peut croire à un couple qui fait appartements séparés ? On n’a pas cinquante piges. » On garderait l’autre appartement, évidemment, j’y laisserais mes affaires et mon matériel, je pourrais même aller y prendre ma douche si ça lui facilitait la vie, mais... Je ne voulais plus enchainer les nuits blanches de l’autre côté du mur, anxieux à l’idée de rater quelque chose. C’était ça, ou la loger dans un autre appartement, plus sûr, moins accessible. L’échelle de secours donnait directement dans sa chambre, bon sang ! J’aurais du attendre patiemment, j’avais exposé mes conditions, je n’avais plus qu’à la laisser se décider et me le faire savoir, mais, au lieu de ça, et je ne comprends toujours pas pourquoi, j’étirais mon bras pour venir passer une main contre sa joue dans un geste qui n’avait rien de professionnel, ni rien à voir avec ma couverture grillée. « J’veux pas te changer, j’veux surtout pas que tu changes. » je soufflais, de manière à ce que Carter ne puisse pas nous entendre, même en tendant l’oreille. Il était trop loin, je m’en étais assuré avant d’exposer le petit deux, cette précaution n’était pas nécessaire, et pourtant... « Je veux juste que tu me laisses faire mon boulot, m’assurer que tu arrives saine et sauve au procès, et après... » Et après ? « Après. » j’achevais en ôtant ma main. Si elle comprenait, elle comprendrait.

    
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MessageSujet: Re: Hear me •• Noam Hear me •• Noam  EmptySam 15 Nov - 16:16

Elle pouvait faire des efforts. Vraiment. Si c'était ce qu'il fallait pour qu'il change d'avis, elle pourrait. Même si elle ne pouvait pas non plus lui assurer qu'elle y arriverait complètement. Elle lui demanda aussi de ne plus partir comme ça. Et c'est là qu'elle se rendit compte qu'elle devrait être vraiment désespérée. Si elle était si fière et si forte qu'elle prétendait, elle n'aurait jamais du venir jusqu'ici, aurait fait comme si tout allait bien, n'aurait pas dit ce qu'elle avait dit, elle n'aurait pas été dans cet état là. C'était presque plus difficile d'en prendre conscience que de le dire finalement. Mais elle était là et elle n'aurait pas fait les choses autrement si elle avait pu. Tout ce qui lui importait à cet instant là, c'était de savoir s'il allait rester. « Ca dépendra de toi, ça. J’ai certaines conditions, et me demander de te faire des promesses n’en fait pas partie. Je suis pas doué pour les promesses, encore moins pour les tenir, surtout pas celle de ne pas partir sans prévenir. » Parce qu'il avait des conditions ? En plus de ce qu'elle venait déjà de promettre, elle ? Kaya poussa un soupir, sans rien dire, et haussa les sourcils pour montrer qu'elle attendait la suite. « Avant que tu ne dises oui, écoute mes conditions, tu pourrais changer d’avis. Petit un... » Elle n'avait rien d'autre à faire que d'écouter de toute manière. Maintenant qu'elle avait l'espoir de le voir rester, elle voulait bien entendre ses conditions et les accepter, si elles étaient raisonnables. Elle croisa ses bras sur sa poitrine, et resserra la veste de Noam sur ses épaules. « Non, j’vais commencer par le petit deux, en fait. Donc, petit deux, tu m’accompagnes au Bureau pour m’aider à retrouver un semblant de crédibilité. Si on ne les convainc pas, ils ne me laisseront pas reprendre mon job. Changer d’avis toutes les douze heures c’est pas super professionnel dans le genre. Donc, je vais leur dire que ma pseudo démission n’était que pour rendre le tout plus crédible, alors qu’il ne s’agissait que d’une technique absolument admirable et très bien pensée pour te forcer à accepter le petit un. » Ce qui la rendait d'autant plus curieuse pour ce petit un. Le petit deux ne la dérangeait pas et ne devrait pas être trop compliqué si ils s'y prenaient bien. Mais elle était malgré tout stressée par le petit un, elle s'attendait à peu près à tout avec lui. Elle le regarda s'approcher, tentant de masquer son impatience en conservant une expression calme. « Ce qui m’amène au petit un. » Elle se retint de gueuler un truc du genre 'spit it out already for christ sake'. Sa patience était admirable, vraiment. « Je veux qu’on vive ensemble. » Oh. Ok. Ses sourcils se froncèrent automatiquement. Et c'était supposé apporter quoi ça ? Elle allait parler mais il la coupa. « Mais disjoncte pas, d’accord ? Je dormirais sur le canapé, j’te ferais pas chier, c’est juste que... j’ai besoin de dormir. Au moins un peu. Et c’est pas quelque chose que je peux faire avec ton foutu appartement over-accessible, et les 87 secondes qui me sont nécessaire pour passer du mien au tien en cas de menace, si tant est que je l’entende. » 87 secondes ? Il avait compté ? « Et puis c’est ridicule, qui peut croire à un couple qui fait appartements séparés ? On n’a pas cinquante piges. » Il n'avait pas tort. Et c'était déjà dur d'accepter ça. Mais si elle y réfléchissait vraiment, ça ne changerait pas grand chose. Ils passaient déjà tout leur temps ensemble, qu'il dorme dans la pièce à côté ne serait donc pas un grand changement. Sauf que le geste qui suivit l'empêcha de réfléchir correctement. Ce n'était rien de particulier. Juste une main sur sa joue, une caresse. Mais elle sentit son cœur s'emballer et une vive chaleur à l'endroit où se trouvait sa main. « J’veux pas te changer, j’veux surtout pas que tu changes. » Elle aurait bien aimé dire quelque chose mais elle en aurait été bien incapable. Est-ce que c'était juste du fait de sa main sur joue ? De sa voix basse et son air si sérieux ? Ou de ses propres émotions, complètement chamboulées et insensées depuis qu'elle était arrivée ici ? Sûrement un peu des trois. « Je veux juste que tu me laisses faire mon boulot, m’assurer que tu arrives saine et sauve au procès, et après... » Après ? « Après. » Et il retira sa main. Le silence s'étira et Kaya sentit qu'elle devait dire quelque chose mais elle était encore trop perturbée pour réussir à sortir quoique ce soit de cohérent. Elle décroisa ses bras, s'éclaircit la gorge et esquissa un petit sourire après ce qui sembla une éternité dans son esprit troublé. « Ne sois pas si dramatique, je ne vais pas changer. Dit-elle d'un ton qui se voulait détendu – même si elle ne l'était absolument pas – tout en fixant ses pieds. » Surtout que c'était un peu hypocrite de dire ça, quand elle était celle qui était venue faire des histoires en le retrouvant. Parce qu'elle n'avait pas voulu le laisser partir. Elle laissa un nouveau silence s'installer avant de dire. « Ok. » Elle se passa nerveusement une main dans les cheveux en levant les yeux vers lui. « Enfin je veux dire d'accord. Pour tes conditions. Si ça peut te rassurer de dormir sur mon canapé, d'accord. Peu importe. » Elle haussa les épaules pour continuer à montrer qu'elle n'était absolument pas gênée – même si, encore une fois, ce n'était pas le cas. « Je ne t'embêterais pas dans ton travail, et je ne ferais rien qui pourrait compromettre ta mission d'ici le procès. » Elle serait un gentil petit soldat... Avec ses sautes d'humeur. Parce que s'il ne voulait pas qu'elle change, il allait devoir les accepter. « Satisfait ? Demanda-t-elle, le regard toujours fixé sur lui. » Il avait réussi. Elle était prête à accepter ce qu'elle avait si véhément refuser au début de cette histoire. Mais ça c'était avant d'avoir passé plusieurs mois en la compagnie du jeune homme. C'était avant qu'elle se soit rendue compte qu'elle n'avait pas envie qu'il parte.
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MessageSujet: Re: Hear me •• Noam Hear me •• Noam  EmptySam 15 Nov - 23:42


Hear me !
kaya & noam
Trop égocentrique. C’était la critique qui me revenait systématiquement dans la tronche. Une critique inscrite noir sur blanc dans mon dossier psychologique, celui de l’armée, celui de Quantico, et celui du Bureau aussi. À croire que, pour une fois, tous les psy étaient d’accord sur un point : mon égocentrisme. Les causes de ce dernier ? Aussi diverses que l’étaient mes psy. Tantôt il s’agissait de la position hiérarchique de mon père, tantôt de la personnalité borderline de ma mère. Une fois, l’un d’eux avait même envisagé l’hypothèse que ça pouvait remonter à cet accident, durant ma petite enfance, lorsque j’avais frôlé la noyade. J’voyais pas le rapport, mais sur le coup, le mec avait eut l’air très sûr de lui. Ouep. Égocentrique j’étais, donc. Mais pas l’égocentrisme qui vous pousse à vous admirer toutes les trente secondes dans le miroir, ou celui qui laisse entendre que vous vous prenez pour un demi-dieu. Non, l’égocentrisme négatif, celui qui se rapproche, un peu, de la paranoïa. J’avais, parait-il, la fâcheuse tendance à tout rapporter à moi, au point de passer totalement à côté de l’essentiel. Une voiture me frôlait dans la rue ? Le connard n’aimait pas ma tronche. Un membre de mon unité se faisait sauter sur une mine antipersonnel ? C’était ma faute, j’aurais dû passer devant, prendre sa place et la tête de cortège. Kaya ne pouvait plus me blairer ? Normal, j’étais infecte. Egocentrisme. Mon complexe de Superman ? Mon boulot c’était la seule chose dans laquelle je me savais doué, vraiment bon, alors je m’y donnais à fond. Mon instabilité avec les femmes ? J’étais un gros con, alors quelques heures, c’était gérable, un peu plus et elles finiraient par me détester. Et puis, j’allais crever jeune, de toute manière, qu’est-ce que je pourrais bien avoir à offrir en terme de stabilité ? CDI impossible, autant ne faire qu’enchainer les CDD. Mais de très très courte durée, le contrat, parce que quitte à se faire plaisir, autant le faire bien, et souvent. Alors ouai, c’était peut-être ma trop grande lucidité qui me rendait égocentrique. J’vendais du rêve quelques instants, mais je ne trompais personne sur le long terme. J’étais une belle illusion, un peu de poudre aux yeux. Et si je les abandonnais au matin, c’était uniquement pour leur bien. Egocentrisme. Et finalement, c’était ce même égocentrisme qui déformait l’image que j’avais sous les yeux. C’était comme observer la scène à travers un prisme. N’importe qui aurait pu voir ce qu’il se passait réellement, n’importe quel observateur extérieur, Carter inclus, mais pas moi. Moi je voyais pas la nana qui parcours NY à moitié à poil parce qu’elle a tellement paniqué qu’elle a même pas prit le temps d’enfiler une veste, je voyais pas la fille à qui j’avais été contraint d’offrir tous les désavantages sans les illusions se lancer à ma poursuite pour me retenir, me supplier de revenir. Je ne voyais que ma mission, une mission que j’avais passablement foutu en l’air tout seul, comme un grand, ne pas supporter l’idée d’être confiée à un amateur, ne pas envisager une seconde de tout recommencer à zéro avec un autre. J’voyais pas sa joue appuyer contre ma main, et son air surprit mais pas dégouté. Je ne voyais que ma propre main, sournoise, fourbe, s’en venir, en toute illégalité, lui caresser la joue. Je ne voyais pas ce que son corps, ses actes et ses yeux, à défaut de ses mots, cherchaient à me dire, trop accaparé par ma propre faiblesse, ma propre connerie, et ces envies, ces putain d’envies qui m’assujettissaient le crâne à m’en rendre sourd. Je devais, probablement être le pire profiler du monde puisque je ne voyais que moi, mes émotions, mes agissements, mes illogismes. Je me profilais trop pour réussir à établir son profil à elle. Et le mien n’était pas vraiment plus réussit, puisque je m’évertuais constamment à nier l’évidence. Une partie de mon cerveau l’implorait de ne pas changer, de ne surtout pas changer, quand l’autre cherchait à se convaincre que je n’en avais qu’après sa culotte. Well done ! « Ne sois pas si dramatique, je ne vais pas changer. » dixit la fille qui vient de se taper l’équivalent d’un marathon de New York, en mode nudiste. Et pourquoi tout ces silences, sans déconner ? Elle voulait me tuer ? Et après c’était moi le dramaturge des deux ? C’était elle qui ménageait un suspens à me rendre dingue. Oui, non, merde, qu’elle dise quelque chose. Enfin, si elle pouvait éviter de dire non, ce ne serait pas plus mal. À l’origine elle était en demande et j’avais les cartes en main, mais depuis qu’elle m’avait forcé à envisager de revenir, elle avait récupéré les dés, je ne concevais plus d’être tenu éloigné. Je devais être auprès d’elle, il ne pouvait en aller autrement. Et pour ça, elle devait dire oui, parce que ma fierté n’accepterait rien autrement. « Ok. » Ok ? Ok quoi ? Ok elle changera pas ? Ou ok, elle allait vivre avec moi ? Torture. « Enfin je veux dire d'accord. Pour tes conditions. Si ça peut te rassurer de dormir sur mon canapé, d'accord. Peu importe. » Peu importe ? Sérieusement ? Ok, j’m’attendais pas à ce qu’elle sorte les cotillons et entame une samba, mais... Peu importe ? Outch, quoi. « Réfrène ton enthousiasme, lapin des îles, tu vas faire flipper les passants. » je marmonnais en enfonçant mes mains dans mes poches de jean, étirant ce dernier tout en collant mes bras bien contre mes flancs. À présent, j’étais celui qui avait froid, avec mon seul tee-shirt sur le dos. « Je ne t'embêterais pas dans ton travail, et je ne ferais rien qui pourrait compromettre ta mission d'ici le procès. » Et après ? Pourquoi elle n’évoquait pas le après ? Pourquoi elle ne disait rien ? Pourquoi elle me laissait dans le brouillard ? Parce qu’il n’y avait pas d’après-mission pour ma mission, c’était l’évidence même, et mon égocentrisme se chargea de me le rappeler de la manière la plus sadique qui soit. Foutu moi ! « Satisfait ? » Bah là, comme ça, pas trop nan, mais mon égo me poussait à prétendre le contraire. « J’savais que tu pouvais pas te passer de moi. » je balançais, alors, dans un sourire agaçant. « Je ne serais satisfait que lorsque le Bureau aura validé mon retour. » j’avouais, plus sérieux, en levant les épaules et en enfonçant mon cou, à la recherche d’un peu de chaleur. « J’ai bien merdé, sur ce coup. » et lui avouer ça avec la plus innocente des franchises, c’était pas merder plus encore ? Je perdais mon regard dans le vide, quelques instants, laissant mon esprit cruel m’affliger d’une myriade de pensées bien culpabilisantes, avant de réintégrer l’espace et le temps, et de lui désigner la porte vitrée de l’immeuble d’un mouvement de menton. Traduction : on remonte ? Oui, on remonte. Mais avant ça... « Hey, Bruce Willis ! Ramène-toi, j’ai une mission à ton level, pour toi. » Laquelle ? Il allait le comprendre une fois dans l’appart. Pour l’instant, je me contentais de précéder tout le monde d’une marche ou deux, tout en lançant à Kaya, derrière moi : « T’as vraiment parcouru tout ce trajet en débardeur dans ce froid ? » On avait beau être dans la cage d’escalier, j’avais encore toutes les peines du monde à me réchauffer. L’appartement de ma soeur m’offrit quelques degrés supplémentaires, que je m’empressais d’accroitre en tirant un pull et une autre veste de mon sac de voyage. Pull que j’enfilais à la hâte, avant de lancer le sac en direction de Carter sur le seuil. « Ramène ça à l’appart. » J’ordonnais en m’attendant à ce qu’il dégage, maintenant. Mais non. « Et ma mission ? Celle dont tu parlais ? » Une lumière, ce type ! « C’est ça, ta mission : ramener mon sac sain et sauf jusqu’au 112B. Go ! » Il hésita un instant, nous observa alternativement, Kaya et moi, puis sembla comprendre qu’il n’avait pas le choix, et tourna les talons. Et là... Là... Là, je me retrouvais seul face à elle. Sans chaperon. Comme plus d’un milliard de fois ces derniers mois. Ça n’aurait pas du être gênant, et pourtant je l’étais, comme un funambule pas très sûr de son habilité. « C’est suffisamment chaud ? Ma soeur doit bien avoir un cinquantaine de pulls, je devrais pouvoir te trouver un truc... Et, heu... Ton café est probablement froid, mais si tu veux que j’en fasse un autre... » J’avais l’air con ? Non, parce que je me sentais con. Tellement con que je tournais les talons en grognant après moi-même. Je retournais à la salle de bain ranger le bordel que j’y avais mis, étendais la serviette, jetais le rasoir inutilisé et inutile désormais, et puis... Et puis je m’observais un instant dans le miroir, les deux mains accrochées au rebord du lavabo, redécouvrant ce reflet inchangé et pourtant totalement différent. Fallait que je prenne sur moi, je devais prendre sur moi, et c’est ce que je me répétais en m’aspergeant le visage de flotte, puis en frictionnant mes traits. Reprends-toi ! Reprends-toi ! Reprends-toi ! Un nouveau mantra que je me répétais encore une fois, avant de pivoter vers la porte où... Putain ! Ça faisait longtemps qu’elle était là ? Pourquoi je ne l’avais pas entendu arriver ? Comment avais-je pu me laisser surprendre ? Et jusqu’à quel point ce détail venait confirmer ma théorie d’inaptitude au service ? « On y va ? » je demandais, en lieu et place de la quantité de réparties provoc que j’avais en tête. Même ça, c’était pas normal. Depuis quand je renonçais à une bonne pique ? Surtout lorsque j’en avais 140 à l’esprit. « La prochaine fois que tu fais ça, attends que je sois sous la douche, histoire que ça vaille le déplacement. » je lâchais, tout de même, plus pour la forme que par réelle conviction, en la dépassant sur le seuil, laissant un index glisser sous son menton, au passage. La répartie était là, le ton aussi, l’air également, mais... J’sais pas, il manquait quelque chose. L’égocentrisme.

    
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MessageSujet: Re: Hear me •• Noam Hear me •• Noam  EmptyDim 16 Nov - 17:50

Kaya aurait peut-être du se battre davantage, avoir ses conditions elle aussi – même si elle n'était pas en position de pouvoir le faire. Ce qu'elle voulait, elle l'avait déjà clairement dit, c'était qu'il reste. C'était peut-être pathétique. Elle s'en voudrait peut-être plus tard en repensant à tout ça. Mais pour le moment, elle s'en fichait. Elle avait la palme du pathétique mais elle était quand même satisfaite. Elle avait accepté ses conditions, et prétendait que tout était parfaitement ok. Pathétique. Mais elle commençait juste à réaliser à quel point elle était paumée. Kaya accordait rarement sa confiance. Comment pouvait-elle le faire quand elle avait déjà si peu confiance en elle ? Elle s'était fait avoir par le passé et elle ne voulait plus faire la même bêtise. Alors dès le début elle avait cherché à tout réprimer, ne pas essayer de comprendre, ce n'était qu'une mission pour lui, pour elle aussi dans le fond. Tout se serait terminé aussi vite que ça avait commencé, et elle se serait rendue compte que tout ce qu'elle avait ressenti n'était peut-être pas si important. Mais tout lui était revenu à la figure la seconde où elle avait appris qu'il partait. C'était comme si ses propres sentiments, son propre corps, avait attendu ce moment là pour lui faire comprendre que c'était trop tard, et que si elle pensait une seconde qu'elle pourrait être d'accord avec son départ, qu'elle se trompait. Complètement. Elle n'avait même pas cherché à se battre, la douleur avait de suite été trop vive, la colère trop présente, pour qu'elle ne puisse l'ignorer. Donc oui, elle acceptait ses conditions, mais ça ne voulait pas dire que le problème était réglé. Parce qu'il y avait toujours après le procès. Ce 'après' dont elle préférait ne même pas penser pour le moment. Elle se contenterait de ce qu'elle avait pour le moment. Pathétique. « Réfrène ton enthousiasme, lapin des îles, tu vas faire flipper les passants. » Elle ne trouva rien à dire, trop gênée pour répondre quoique ce soit, évitant son regard. Pathétique. Elle promit à la place de le laisser faire son travail et demanda s'il était satisfait de sa réponse. « J’savais que tu pouvais pas te passer de moi. » Elle leva les yeux au ciel face à son sourire. « Tu es celui qui a décidé de rester finalement, fit-elle remarquer d'un ton qui se voulait léger. » Il aurait pu rester sur ses positions, changer encore d'avis. Mais elle ne voulait pas y penser. « Je ne serais satisfait que lorsque le Bureau aura validé mon retour. J’ai bien merdé, sur ce coup. » Elle s'abstint de dire que oui, histoire de ne pas enfoncer le clou. « On va tout arranger. » Elle avait remarqué son air absent mais ça ne l'empêcha pas de répondre. Oui ils allaient tout arranger... S'il était possible d'arranger quoique ce soit dans ce bordel. Mais le bordel, il était dans sa tête principalement. Kaya fit un petit hochement de tête quand Noam désigna le bâtiment. Il devait avoir froid et elle pouvait le comprendre. Elle était l'idiote qui était venue en débardeur jusqu'ici sans se poser de questions après tout. Il rameuta aussi l'idiot à costume en lui promettant une mission. « T’as vraiment parcouru tout ce trajet en débardeur dans ce froid ? » Elle haussa les épaules, marchant derrière lui. « J'avais pas froid. Dit-elle à voix basse. » Elle avait surtout été trop préoccupé pour réfléchir ne serait-ce qu'une seconde. Elle s'était juste laissée guider par ses émotions. Pathétique. Elle entra dans l'appartement d'Ava à la suite de Noam, les mains dans les poches de sa veste. Elle écouta d'une oreille distraite Noam refiler son sac à l'imbécile. Il n'allait pas lui manquer celui-là. « C’est suffisamment chaud ? Ma soeur doit bien avoir un cinquantaine de pulls, je devrais pouvoir te trouver un truc... Et, heu... Ton café est probablement froid, mais si tu veux que j’en fasse un autre... » Elle redressa la tête dans sa direction, esquissant un petit sourire. « Hum ça devrait aller merci. » Toujours le même ton, comme si tout allait bien. Cela semblait peut-être facile de faire comme avant, de se comporter de la même manière, mais elle savait dans le fond que ce n'était pas pareil. En voyant Noam s'éloigner, elle avait eu l'intention d'attendre sagement dans le salon. Sauf qu'à un moment elle se demanda ce qu'il était en train de faire alors ses pas la guidèrent naturellement vers lui. Elle s'arrêta au seuil de la salle de bain, alors qu'il était en train de s'asperger le visage d'eau. Elle aurait peut-être du dire quelque chose au lieu de se tenir bêtement là. Mais il finit de toute manière par remarquer sa présence. « On y va ? »  Kaya hocha de la tête en répondant par l'affirmative. « La prochaine fois que tu fais ça, attends que je sois sous la douche, histoire que ça vaille le déplacement. » Really ? Il était même allé jusqu'à lui soulever le menton ? « Oh vraiment ? Je retiendrais pour la prochaine fois... dit-elle avec sarcasme, en le suivant. Elle accéléra un peu son pas pour s'approcher de lui et ajouter à voix plus basse : Ou pas. » C'était définitivement étrange de faire comme si tout allait bien, comme si rien n'avait changé... Le fait qu'il reste aurait du lui suffire. Oui ça aurait du suffire. Mais ça ne l'était pas. Quand il s'arrêta elle faillit lui rentrer dedans et dut reculer d'un pas. Elle avait conscience de ne pas ressembler à grand chose avec les petites nuits qu'elle avait eu, sans compter le fait qu'elle était partie sans faire attention à ce qu'elle portait – tout le monde l'avait remarqué. Mais elle se fichait de ce que penseraient les gens du bureau, tant qu'ils arriveraient à les convaincre que Noam pouvait continuer sa mission. Les mains de Kaya retrouvèrent les poches de la veste de Noam. Elle se tenait bien droite. Elle était tellement mal à l'aise c'était... Pathétique. « Tu penses qu'ils vont y croire, à ton plan ? Demanda-t-elle pour rompre le silence. »
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MessageSujet: Re: Hear me •• Noam Hear me •• Noam  EmptyDim 16 Nov - 21:23


Hear me !
kaya & noam
« Tu es celui qui a décidé de rester finalement. » Avais-je le choix ? Elle m’avait poursuivit jusqu’ici, s’était pointée devant ma porte -ou plutôt celle de ma soeur- moins d’une heure après mon départ, avant de me demander de revenir. Ma fierté me poussait à dire que c’était l’incompétence de Carter qui m’avait décidé à rester. Il n’en était rien. Certes, ça jouait un rôle évident, mais même sans lui, avec un autre un million de fois plus pro, il aurait suffit qu’elle me demande pour que je reste. J’étais faible. J’étais tellement faible qu’elle aurait pu se contenter d’un coup de fil, d’un message sur mon pare-brise, ou même d’un simple ‘t’es sûr ?’, pour me faire douter de moi et revenir sur ma décision. Parce que non, je n’étais pas sûr. J’étais certain du bien fondé de ma démarche, oui, mais je n’étais pas sûr d’avoir réellement envie de partir. Ou du moins d’être apte à rester éloigné. C’était compliqué, très compliqué, de demeuré à distance tout en la sachant en danger. Alors il n’aurait pas eu réellement besoin de déployer autant d’efforts pour m’avoir. Elle m’avait déjà. « On va tout arranger. » Ca, c’était déjà moins évident, mais, quelque part, je lui étais reconnaissant de le vouloir autant que moi, de me le promettre, presque. C’était plus facile ainsi, moins perturbant. La présence, l’ombre de Carter aidait aussi en ce sens, et je savais qu’après son départ, il serait compliqué de retrouver notre aisance naturelle. On avait cassé quelque chose, ou bien on l’avait débloqué, je ne saurais encore le dire, mais les pièces ne s’assemblaient plus aussi facilement, naturellement. Il n’y avait plus d’évidence, à part la gêne à venir. Et dire qu’elle avait parcouru toute cette distance dans le froid, pour ça... « J'avais pas froid. » Elle avait parlé à voix basse, mais depuis mon dos, je l’entendais sans mal. Elle semblait misérable, et je m’en voulais pour ça aussi. Je m’en voulais de tout, parce que j’étais coupable de tout. Sa seule faute ? Mauvais endroit, mauvais moment. Pour le reste, elle n’avait pas eu le choix, on m’avait imposé, on avait imposé mon rôle, ma couverture, et notre incompatibilité d’humeur avait fait le reste, nous amenant ici, dans cet appartement débarrassé de Carter, moi les mains dans les poches, enchainant des propositions à la con à défaut d’avoir quelque chose d’intelligent ou intéressant à dire, elle... elle les déclinant poliment là où, hier encore, elle m’aurait offert sarcasmes et moqueries. J’essayais, j’essayais vraiment de transfuser un peu de normalité dans cette situation qui n’avait plus rien de normale. J’essayais sans être pour autant très convaincant. C’était comme revenir dans le quartier de son enfance dix ans plus tard, tout semblant familier et étranger en même temps. Parce qu’on avait grandit, et que notre perspective du décor en était modifié, parce qu’on observait tout de plus haut, avec vingt ou cinquante centimètres de plus. C’était sensiblement pareil ici, et ce qui avait changé, ce n’était pas l’extérieur, c’était l’intérieur. Pourquoi il m’était difficile de la provoquer ? Parce que désormais, j’avais conscience de l’absence d’ironie dans mes répliques. J’en tentais tout de même une en la découvrant sur le seuil de la salle de bain. Une répartie à laquelle elle faisait l’effort de répondre, à son tour : « Oh vraiment ? Je retiendrais pour la prochaine fois... » une réponse qui ne lui ressemblait pas. Normalement, elle me repoussait, elle me castrait, elle me forçait à descendre de mon piédestal en prétendant que je ne l’intéressait pas... « Ou pas. » Voilà ! Là, déjà, ça lui ressemblait un peu plus. Juste un peu. Le ton n’y étant pas vraiment, et la voix trop basse. De retour dans le salon, je jetais un regard par-dessus mon épaule en la sentant freiner sec. Elle me suivait à la trace ? J’étais quoi ? Yoshi et elle un oeuf ? Une réflexion que je gardais pour moi, conscient d’avoir provoqué ça en refusant de lui promettre de ne plus disparaître. Au lieu de quoi, je demeurais silencieux en enfilant ma veste, avant d’aller récupérer un long et épais châle à motif ethnique sur le porte-manteaux. Je le reconnaissais, je l’avais offert à Ava. Elle ne m’en voudrait pas de le lui emprunter pour l’occasion. Et je me promettais de le lui retourner rapidement tout en revenant sur mes pas, droit sur Kaya. « Tu penses qu'ils vont y croire, à ton plan ? » demanda-t-elle tandis que je m’évertuais à placer le châle autour de ses épaules et son cou. « Si c’est pas le cas, je te kidnapperais. » je répondais, très calme, trop sérieux malgré le sourire que je forçais et qui était censé laisser croire à la blague. Ça n’en était pas une. Du moins, pas vraiment. Si le Bureau ne croyait pas à mon histoire et s’obstinait à lui imposer Carter, je ne me laisserais retirer cette mission que de manière officielle. J’irais nulle part. Je bougerais pas. Et c’était, aussi, cette détermination qui me faisait peur. Je ne me reconnaissais pas. « Tu veux un secret ? » je reprenais, plus nonchalant en tirant ses cheveux de sous le col de la veste et le châle, après l’avoir emmaillotté là-dedans. « J’étais sérieux, tout à l’heure, en te disant que je pouvais pas te promettre de ne plus partir. Mais... » Parce qu’il y avait un mais susceptible de lui éviter de râler. « Mais, tu as un truc qui me fera toujours revenir. » j’avouais, avant de réaliser le double sens flagrant de ce que je venais de dire. Un double-sens qui ne m’aurait pas dérangé, d’ordinaire, mais puisqu’il n’existait plus grand chose d’ordinaire, désormais... Réagissant rapidement, je glissais une main dans son cou pour me saisir du cordon qui s’y trouvait, et tirer le tout afin de l’en extraire du nuage de tissus et de cuir. Le pendentif. J’en pressais le mécanisme, et immédiatement une alarme se déclencha à mon poignet, comme si ma montre sonnait le rappel d’une heure précise. Alors, il ne me resta plus qu’à tirer mon portable de ma poche pour lui en montrer l’écran, affichant l’adresse précise d’où nous nous trouvions, ainsi que le nom du propriétaire - Hisham Wigderson - et les coordonnées GPS. « Maintenant, regarde ton portable. » je lui conseillais, plus que je ne lui ordonnais, tout en m’éloignant pour ranger les derniers trucs que j’aurais pu laissé trainer. Sur l’écran de son portable, je savais déjà ce qu’elle y trouverait : les mêmes informations que sur le mien, mais cette fois, des informations me concernant moi. « On est relié à un satellite.» j’expliquais en vidant les tasses intactes et le passant sous l’eau. « N’en abuse pas, mais sache que c’est là, si jamais... » Si jamais quoi ? J’en savais rien. Je cherchais juste à la rassurer, et même pour ça j’étais pas très doué. Alors j’achevais ma phrase dans un haussement d’épaules en m’essuyant les mains, avant de récupérer mes clefs de voiture d’une main, et la nuque de la Chilienne de l’autre, sans trop de délicatesse. Ni sauvagerie non plus. « Allez, trainons pas, j’suis déjà à la bourre. » j’annonçais en l’entrainant hors de l’appartement, refermant la porte derrière nous, avant de rejoindre ma voiture stationnée non loin de là. L’oeil rivé à ma montre, je m’inquiétais du temps qu’il nous faudrait pour rallier le siège du Bureau, pourtant pas très éloigné, avant de demander à Kaya de me passer mon badge planqué dans un compartiment sous le siège passager. On n’était plus très loin, désormais. J’avais déjà deux minutes de retard, ce qui en terme FBI signifiait une éternité, et il nous fallait encore affronter la rue et le parvis sans trop se faire remarquer. Sous couverture, j’étais supposé me tenir éloigné du Bureau, c’était la raison pour laquelle j’avais un agent de liaison. Mais que dire de Kaya ? Si on la voyait ici, c’en était fini d’elle. Alors, je me garais tout près, et avant de sortir de la voiture, l’informais de la marche à suivre. « Planque-toi le plus possible dans ton châle, fais-toi discrète, et reste contre moi. On va marcher vite. » j’annonçais en remontant le châle sur ses joues, ne laissant que son nez et ses yeux dépasser. Récupérant une écharpe sur la plage arrière, j’en faisais de même pour moi, avant de la précéder à l’extérieur, contournant la voiture pour aller lui ouvrir la portière et l’entrainer contre mon flanc sitôt qu’elle s’en fut extraite. Un bras autour de ses épaules, je la noyais dans une étreinte qui occultait ses traits aux passants. Tout ce qu’on voyait c’était un grand type réchauffant sa copine tout se pressant de rentrer au chaud. À savoir : le hall du siège du FBI. Oui, niveau chaleur on avait fait mieux. En attendant, je ne la lâchais pas pour autant, et au contraire, la resserrais contre moi tout en prenant la direction du comptoir de réception pour lui obtenir un badge visiteur à son nom. Ça demanda deux ou trois coups de fil, mais après cinq petites minutes d’attente nous prenions place dans l’ascenseur qui nous conduirait à l’échafaud. Ok, j’étais beaucoup moins confiant, maintenant. « Ok, attends-moi là. » je soufflais en serrant brièvement sa main dans la mienne, les yeux rivés sur cette salle de réunion dont les parois en verre ne me laissaient rien ignorer du comité d’accueil qui m’attendait. Moi, pas elle. Elle, elle resterait là, dans la salle d’attente, en compagnie de Jane, la secrétaire, qui ne manquerait pas de lui proposer café, thé, muffins. Et elle non plus ne manquerait rien de la confrontation à venir grâce à ces foutues parois de verre. Cela dit, elle aurait l’image, pas le son. « Agent Wigderson... » c’est ainsi qu’ils m’accueillirent, les trois costumes sombres, pas très jovials, pas réellement très enthousiaste de ma tenue négligée, de mes joues pas rasées, et de mon +1 stationnant dans le couloir. « J’ose espérer que vous avez une excellente raison... » furent les derniers mots à lui parvenir, avant que je ne referme la porte derrière moi pour m’en aller rejoindre le siège qu’on me désignait, seul d’un côté de la table, tandis qu’ils étaient trois de l’autre. Pas intimidant du tout, c’était cool.

    
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MessageSujet: Re: Hear me •• Noam Hear me •• Noam  EmptyLun 24 Nov - 10:19

L'ambiance était pesante. Kaya se doutait bien qu'après ce qui venait de se passer il faudrait un certain temps avant que les choses ne redeviennent... normales ? Elle ne savait pas si ce serait possible. Elle ne pourrait pas ignorer ce dont elle avait pris conscience. Mais elle espérait sincèrement que ce serait moins gênant entre eux. Et pour cela, fallait-il encore qu'ils parviennent à convaincre les supérieurs de Noam. Elle ne s'y connaissait pas en FBI et tout ça mais quelque chose lui disait que ça ne devait pas être si facile... « Si c’est pas le cas, je te kidnapperais. » Elle baissa les yeux sur le châle qu'il plaçait autour de ses épaules, principalement pour ne pas à avoir affronter son regard. Ses lèvres s'étirèrent en un sourire avant qu'elle ne réponde avec un certain sarcasme : « Parce que ça arrangerait définitivement les choses. » Rien de tel qu'un petit kidnapping pour faire plaisir à ses patrons... Elle savait qu'il plaisantait et elle se disait qu'il fallait détendre l'atmosphère. Elle en avait besoin. Mais il ne rendait pas les choses faciles. Elle essayait de ne pas montrer que la proximité du jeune homme la perturbait. Elle n'avait plus froid. Vraiment plus. Elle craignait aussi qu'il n'entende son cœur battre dans sa poitrine tant il frappait fort. Pourquoi est ce que son corps réagissait toujours comme s'il perdait complètement le contrôle quand il s'approchait ? Hum, réflexion faite, peut-être qu'elle ne voulait pas vraiment réfléchir à cette question. « Tu veux un secret ? » Elle releva les yeux vers lui. « J’étais sérieux, tout à l’heure, en te disant que je pouvais pas te promettre de ne plus partir. Mais... » Elle savait bien qu'il finirait par partir. Elle connaissait le moment où ça arriverait, même si la date n'était pas encore posée. Mais elle prenait bien soin de ne pas y penser. Elle n'avait pas envie de se torturer l'esprit à savoir pourquoi son départ lui poserait autant de problème. « Mais, tu as un truc qui me fera toujours revenir. » Ok, est ce qu'il faisait exprès de rendre la situation encore plus embarrassante ? Parce que ce n'était pas en disant ce genre de choses qu'elle finirait par se détendre. S'il voulait encore plus la perturber, il avait réussi. Elle se racla la gorge d'un air gêné. « Je savais que tu aimais le maté, répliqua-t-elle d'un ton qui se voulait léger. » Noam s'affairait pendant ce temps à sortir son collier de sous le châle. Il pressa le bouton alors qu'elle haussait un sourcil interrogateur. Il montra l'écran de son portable avec l'adresse de chez Ava. Elle savait déjà que ça ferait un truc du genre. C'était le but du collier après tout. « Maintenant, regarde ton portable. » Ses sourcils se froncèrent alors que sa main allait chercher son téléphone dans sa poche. Elle regarda l'écran et observa la même adresse que sur le portable de Noam s'afficher. Qu'est ce que... « On est relié à un satellite. » Son regard se posa sur lui alors qu'elle comprenait ce que ça voulait dire. « N’en abuse pas, mais sache que c’est là, si jamais... » Si elle avait su ça plus tôt... « Tu aurais pu le dire plus tôt, dit-elle avec un certain reproche. » Elle n'aurait pas eu à 'torturer' l'idiot à costume pour savoir où était Noam. Bon le but de ce système était d'appeler à l'aide si elle était en danger. Elle n'avait pas pensé en avoir besoin, mais si elle avait su ça quelques heures plus tôt, elle n'aurait pas hésité. Et peut-être bien que c'était encore plus perturbant d'en prendre conscience. Heureusement Noam l'empêcha d'y réfléchir davantage. « Allez, trainons pas, j’suis déjà à la bourre. » Elle le laissa la guider jusqu'à la voiture. Le trajet fut plutôt rapide. Kaya posa aussitôt un regard curieux sur le bâtiment où Noam s'était arrêté. Elle ne savait pas, avant aujourd'hui, que le siège du FBI se trouvait ici. En même temps elle ne quittait pas si souvent le Bronx. « Planque-toi le plus possible dans ton châle, fais-toi discrète, et reste contre moi. On va marcher vite. » Elle approuva d'un petit hochement de tête puis sortit de la voiture. Noam la serra contre elle pendant le court trajet jusqu'à l'intérieur du bâtiment. Elle prit garde de bien baisser sa tête dans le châle. Une fois à l'intérieur, elle laissa le jeune homme expliquer la situation et demander un passe pour elle alors qu'elle attendait nerveusement. Cet endroit était stressant. Après un trajet en ascenseur, la jeune femme ne tarda pas à repérer l'endroit où devait aller Noam. « Ok, attends-moi là. » Il lui serra main et s'éloigna. Elle aurait aimé lui dire bon courage ou un truc dans le genre mais il était entré dans la salle à toute vitesse. Kaya le regarda entrer dans la pièce avant de se retourner pour regarder les fauteuils qui se trouvaient là. Elle prit place, serrant ses mains l'une dans l'autre pour les occuper, poussant un soupir nerveux. Elle jeta un coup d'oeil à ce qui se passait dans la pièce juste en face. Les trois hommes en face de Noam avaient l'air... impressionnant. Et absolument pas commodes. Elle n'était pas dans la pièce mais ça ne l'empêchait pas de stresser. Elle essayait de s'imaginer ce que les hommes étaient en train de se dire mais elle fut couper dans sa rêverie quand une jeune femme se planta devant elle. « Est ce que je peux vous offrir quelque chose ? Café, thé, chocolat... Ce que vous voulez. On a aussi des cookies. » Kaya esquissa un sourire. « Un café suffira, merci. » Elle n'aurait pas la force d'avaler quoique ce soit d'autre. La jeune femme revint rapidement avec une tasse fumante, et Kaya la remercia une nouvelle fois. Elle resserra ses mains autour de la tasse, soufflant au dessus du liquide pour le refroidir. Elle avait son regard fixé sur le dos de Noam. Elle voulait juste qu'il parvienne à les convaincre. Elle voulait juste qu'il revienne auprès d'elle.
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MessageSujet: Re: Hear me •• Noam Hear me •• Noam  EmptyLun 24 Nov - 21:48


Hear me !
kaya & noam
« Parce que ça arrangerait définitivement les choses. » Installé dans le siège design bien qu’inconfortable, je repensais à cette dernière heure écoulée, tandis que les trois clowns en costume consultaient mon dossier depuis l’autre côté de la table. Je lui avais sérieusement proposé de la kidnapper ? C’était quoi, le problème, chez moi, à la fin ? J’avais été dans pire situation que ça, et pourtant, jamais encore je n’avais autant paumé mes repères. Comme si... Comme si ce petit bout de chieuse avec sa force de mouche, avait entreprit, à l’aide d’une énorme masse, d’abattre un à un tous les piliers de mon existence pour me laisser, finalement, comme un con, à chercher le Nord. Non, la kidnapper n’aurait absolument pas arrangé les choses, puisqu’en plus des barons de la drogue, on aurait du se cacher du FBI aussi. Et de la CIA, très probablement. Ouais, définitivement, l’idée du siècle ! Ce qui ne m’empêchait pas de l’avoir envisagé avec un soupçon d’envie que je n’avais pas l’intention de m’expliquer. « Agent Wigderson. » me rappela à la réalité mon supérieur en refermant le dossier. « Il me semble que tout a été dit... » En effet, je venais de passer un bon quart d’heure à leur servir la version des faits établies au préalable avec Kaya. Maintenant, place au verdict. Est-ce qu’ils allaient mordre à l’hameçon ou tout simplement me retirer l’affaire ? En silence, ils avaient consulté le dossier en ménageant le suspens, et j’espérais qu’à présent, ils allaient mettre fin à ce supplice et me renvoyer, soit chez Kaya, soit chez moi. « Juste une question : pourquoi ne pas nous avoir placé dans la confidence ? Vous étiez très convaincant dans le rôle du démissionnaire. » Et pour cause. « C’était le but, elle devait y croire. » j’y allais au bluff, laissant entendre que Kaya se trouvait dans la même pièce que moi lors de mon coup de fil. Ça passait ? Zéro réponse. Mon supérieur baissa, à nouveau, les yeux sur le dossier, mettant ma patience à rude épreuve. « Est-ce qu’on peut en venir à la conclusion ? Je vous ai fait perdre assez de temps comme ça. » je grinçais, en reculant dans mon siège, tentant de faire passer mon insubordination pour du respect exacerbé. Et ça, ça passait ? « La conclusion ? » « Oui, la conclusion, le verdict, le dénouement... J’peux faire ça pendant des heures, j’suis très doué pour les synonymes, vous savez ? Est-ce que vous me laisser sous couverture ou non ? » Oh, cette conclusion-là ? Semblèrent dire les traits de mon supérieur. « La décision est déjà prise, me semble-t-il. » Comment ça ? Comment pouvait-il lui sembler quelque chose ? N’était-il pas supposé diriger ma section et donc, par extension, ma mission ? On avait switché de boss pendant que je croupissais dans le Bronx ? « A moins qu’il n'ait changé d’avis entre-temps... » Il ? Qui ‘il’ ? Genre le supérieur de mon supérieur ? C’était qui, le supérieur de mon supérieur, d’ailleurs ? James Comey, le directeur du FBI ? Ou bien...? Oh merde, j’avais cette intuition néfaste et diffuse qui s’installait tranquillement dans mon crâne, et cavalait le long de mes nerfs jusqu’à mes doigts qui se resserrèrent, immédiatement, sur les accoudoirs de mon siège. En voyant le trio de costumes relever la tête pour percevoir au-delà de moi, l’individu s’avançant dans la salle d’attente dans mon dos, je me surpris à prier pour qu’il s’agisse, effectivement, de James Comey, et non de...

L’homme, la cinquantaine largement dépassée, remonta ses lunettes sur son nez sévère et fouilla sa barbe fournie tout en sortant de l’ascenseur. Veste en velours côtelé sombre, sur chemise aux teintes chaudes qu’il avait rentré dans son pantalon tout aussi sombre, l’individu dégageait une forme d’autorité naturelle, une sérénité évidente, comme s’il appartenait définitivement aux lieux sans en porter le costume traditionnel. Sa chemise qu’il n’avait pas boutonnée jusqu’en haut, laissait entrevoir le col d’un tee-shirt noir, et l’écharpe à motif écossais qui lui pendait du cou, achevait de le différencier totalement du reste de la population locale. Jane se fendit d’un ‘Monsieur’ très pompeux en le voyant arriver, et s’affaira nerveusement pour lui préparer un café qu’il refusa d’un mouvement de main. Il traversa la salle avec décontraction, les mains dans les poches, ne ralentissant qu’à hauteur de la jeune brune patientant sur une chaise. Alors, son regard se fit plus attentif, comme celui d’un oiseau de proie vrillant son attention sur son futur repas. C’était donc elle, la mission. La fameuse mission. Il ne pensait pas l’agent assez idiot pour la ramener jusqu’ici, mais quelle autre explication pourrait-il y avoir à la présence de cette jeune fille dans cette salle ? Ses sourcils formèrent un pli sévère juste au dessus de son nez arqué, et ses lèvres tendirent à disparaitre en une ligne très fine, captive d’une barbe et d’une moustache blanchissantes. Il se gratta une joue poilue, puis accéléra de nouveau, poussant la porte en verre à l’instant même où toute l’assistance se levait d’un bond, par respect. « Veuillez excuser mon retard. » laissa-t-il entendre avec le ton de celui qui ne s’excuse absolument pas, avant de refermer la porte derrière lui, et de réduire la salle d’attente au silence.

... De mon père. Ils s’étaient tous levés, ou plutôt, ils avaient tous bondis de leur siège. Sauf moi. Moi je restais assis avant de réaliser que... Ha oui, c’est vrai, j’étais pas chez moi, là. J’esquissais le mouvement de me redresser, mais il me fit rassoir d’un geste de main, sans même me regarder. Après lui avoir serré la main, on lui proposa un siège de leur côté de la table, un siège qu’il refusa en rangeant ses mains dans ses poches. Oh oui, il était impressionnant le paternel, il en terrorisait plus d’un. J’étais, probablement, le seul dans cette pièce à ne pas me faire dessus. J’esquissais un sourire amusé, pour l’occasion, avant qu’il ne me le fasse ravaler en me jetant son premier regard. Ok, je n’allais vraisemblablement pas kiffer la suite. « Veuillez nous laisser. » trancha-t-il, sans cesser de m’observer, tandis que mon supérieur, pourtant, était en train de lui faire le débrief de la situation. Sous le ton bas et chaud de mon père, il se tut, mais hésita à bouger, jusqu’à ce que le regard d’oiseau de proie ne se détache de moi, pour se reporter sur lui. Alors, avec précipitation, il ramassa les feuillets pour les ranger dans le dossier cartonné, et quitta la pièce, ses deux adjoints sur les talons. L’homme les observa s’éloigner, stagner dans la salle d’attente, puis finalement se résoudre à quitter l’étage en passant, tous les trois, et tour à tour, devant Kaya, la gratifiant d’un signe de tête au passage. Il ne lâcha pas un mot. Moi non plus. Il se contenta de contourner la table pour venir tirer le siège à mes côtés, s’installant dans un soupir avant d’entreprendre de nettoyer les verres de ses lunettes à l’aide de son écharpe. Une minute... Deux minutes... Je tenais le compte dans ma tête. Deux minutes et trente-sept secondes de silence, avant qu’enfin : « Explique-toi. » Il avait redressé le nez sur lequel il venait de replacer ses lunettes, et vrillait ses deux billes noires sur moi. « Toi, explique-moi ! Qu’est-ce que tu fais là ? Et pourquoi tu sembles avoir un rôle dans ma mission ? Ça ne relève pas du contre-espionnage, pourtant. » J’avais choisi cette affection exprès, sachant que mon père n’avait rien à voir avec la section de combat transnational. « J’avais une affaire à régler ici. Je pensais en profiter pour avoir un oeil sur ta soeur, mais j’avoue que je ne m’attendais pas à ce qu’on me demande mon aide dans la gestion d’un G-man pour le moins ingérable, justement. » Il ne hurlait pas, mon père n’hurlait jamais, pas plus qu’il n’haussait la voix. Au contraire, il se plaisait à murmurer de manière à forcer son auditoire à se taire pour l’entendre. Depuis combien de temps, était-il à New York ? Est-ce qu’Ava était au courant ? Et à quand remontait cette aide qu’on lui avait demandé ? Était-il responsable de cette affectation ? Ou bien... Mon esprit s’emballait, établissait des calculs de probabilité à toute vitesse, avant de s’arrêter, s’immobiliser, sur la seule explication recevable, la seule qui correspondait au cerveau tordu et pourtant génial de mon paternel. « Carter, c’était toi. » Evidemment que c’était lui ! Et sa moustache frémissant légèrement, m’informa qu’il était en train de ravaler un sourire. Il avait envoyé un agent totalement incompétent pour me forcer à ne pas lâcher ma mission. « Il s’est beaucoup amusé. » annonça-t-il, satisfait, comme si j’en avais quelque chose à faire du degré d’amusement de Carter. Je me sentais stupide de m’être laissé avoir de la sorte. « Je ne m’attendais pas à ce que tu t’obstines malgré tout. Parfois, tu es assez génial de connerie. » Super, j’étais un abruti aux yeux de mon père. « Comment t’as su ? » que je n’avais pas grillé ma couverture. Il ne répondit pas immédiatement, se contentant de gratter sa barbe en laissant son regard courir, un instant, au-delà des parois de verre, en direction de cette petite forme ramassée sur un fauteuil de la salle d’attente. Je suivis son regard mais, contrairement à lui, ne le maintins pas en place, préférant contempler n’importe quoi plutôt qu’elle. L’homme soupira en se retournant vers moi, après ce qui me paru une éternité. « Elle est jolie. » Pardon ? En quoi ça répondait à ma question ? À moins que... « Tu sais pourquoi je m'entête à taper mes rapports sur ma vieille Triumph, plutôt que sur l’un de vos ordinateurs modernes ? » « Parce que tu sais que le bruit des touches tape sur les nerfs de M’man ? » Nouveau frémissement de moustache. Décidément, il était d’humeur joviale, le paternel. « Parce qu’une machine ne sera jamais aussi efficace qu’un humain. » Génial, le retour de Père Fourras ! Hum... J’avais le droit à d’autres indices pour déchiffrer l’énigme, ou bien... ? « N’essaye pas d’être une machine, Noam. Tu la protégeras bien mieux en acceptant de ressentir... » J’en demeurais perplexe un instant, pas très sûr de savoir comment interprété ça, avant que sa grande paume ne s’abatte affectueusement contre ma joue. Une fois, deux fois, trois fois. « T’es humain, fils. » Il s’était relevé, et sans savoir pourquoi, je l’imitais à mon tour. En avait-on fini ? Devais-je comprendre que je conservais ma mission ? « Oui. » répondit-il à mes questionnements intérieurs. « Mais n’oublie pas que, toute mission qu’elle est, elle est humaine aussi. » Oooook. Et là, je devais comprendre quoi ? Bordel, pourquoi était-il infoutu de s’exprimer normalement ? Sans code, sans énigme. J’étais peut-être humain, mais mon père était un putain de sudoku. Et il me laissa là, paumé et légèrement con, tandis qu’il ouvrait la porte en verre pour rejoindre la salle d’attente. On en avait terminé. Je n’avais pas vu mon père depuis des mois, et on en avait terminé, là, comme ça, sans même une étreinte ou une poignée de main. Bienvenue chez les Wigderson mâles. « On y va. » j’annonçais à Kaya en enfonçant mes mains dans mes poches, lui désignant l’ascenseur d’un mouvement de menton, tandis que mon paternel s’immobilisait devant. Oh, il descendait aussi ? Chouette ! J’allais adorer ce trajet en ascenseur. Dans la cabine, il s’appuya contre une paroi, ses mains venant agripper, négligemment, la barre dans son dos. Par un mimétisme issue de l’enfance et qui s’était transformé, au fil des ans, en une gestuelle identique entre père et fils, j’adoptais la même position, contre la même paroi, sans même en prendre conscience. En face de nous, Kaya que je maintenais à bonne distance de moi. Être en présence d’un supérieur hiérarchique justifiait cette gêne m’étreignant, mais que ce supérieur hiérarchique soit également mon père, compliquait encore davantage les choses. Le nez en l’air, je fixais les chiffres des étages décroissant sur le cadre digital. À mes côtés, mon père en faisait autant, sans que je ne le sache, sans qu’il ne s’en rende compte. Nous devions offrir le tableau assez étrange, de deux êtres similaires uniquement séparés par des dizaines d’années. Et le silence qui pesait de plus en plus, jusqu’à ce que le barbu émette un reniflement. « Tu viens pour Thanksgiving ? » demanda-t-il sans décrocher ses yeux de l’écran digital. « J’en doute. » je répondais en décrochant mon regard de là-haut pour le reporter sur un point imaginaire au-dessus de Kaya. « Ta mère va en agoniser bruyamment pendant des semaines avant d’organiser ses obsèques nationales. » énonça-t-il très calmement, comme s’il m’entretenait de la météo. « Impossible, elle est de la race des increvables. » Comme les sapins et les ficus. Une affirmation qui tira un éclat rire à mon père. Un rire qui se traduisait par un seul et unique ‘Aah !’ furtif et élégant, avant qu’il ne recouvre son impassibilité usuelle. « Est-ce qu’Ava...? » je commençais, sans cesser de fixer ce point imaginaire. Est-ce qu’Ava savait qu’il était ici ? « Non. » Aucun de nous n’aurait du le savoir, je suppose. Il ne comptait pas me voir, pas plus qu’il ne comptait visiter ma soeur. Il surveillait de loin, nous offrant l’illusion d’une parfaite autonomie. « Comment ça se passe à Washington ? » Avec maman, maintenant qu’ils se retrouvaient en tête à tête pour la première fois depuis 26 ans. « Elle songe à adopter un petit africain pour s’occuper. » Commença-t-il en se détachant du mur alors que les portes de l’ascenseur s’ouvraient sur le rez-de-chaussée. « ...mais elle craint que la différence de couleur soit trop flagrante. » A mon tour de lâcher un éclat de rire, moins bref que celui de mon père, mais tout aussi élégant. Ma mère, mon cliché, mon héros. D’un mouvement de tête et d’un simple « Mademoiselle. » il salua Kaya, avant de m’offrir un regard que je savais interprété, puis de nous précéder dans le hall, s’empressant d’aller rejoindre un homme avec lequel il avait, à l’évidence, rendez-vous. Je n’avais pas présenté mon père à Kaya, simplement parce que ça n’avait pas lieu d’être, le contexte ne s’y prêtant absolument pas. Elle était une mission, et on ne présentait pas une mission au directeur adjoint de la section contre-espionnage du FBI. Pas plus qu’on ne discutait thanksgiving dans un ascenseur du siège du FBI avec ce même directeur adjoint, mais... Hey ! On ne choisissait pas ses parents. « Viens. » j’ordonnais doucement à cette mission, justement, pour lui remonter le châle sur le nez, après m’être assuré de ne plus être dans le champ de vision du paternel. « On va refaire comme tout à l’heure, on rejoint discrètement la voiture, puis on rentre et on s’empresse d’oublier tout ça. » Désormais, ce n’était plus elle qui me mettait mal à l’aise, c’était l’ombre de mon père, quelque part, dans un coin, m’empêchant d’agir naturellement avec elle. Il était plus que temps qu’on se barre d’ici, histoire que je me retrouve un peu. Et en effet, à peine les portes dépassées, la chilienne s’incrustant dans l’épaisseur laineuse de ma veste, je m’entendais lui lancer, le plus naturellement du monde : « Mon père te trouve jolie, on va enfin pouvoir parler mariage et descendance. Tu veux combien d’enfants ? La conversion au judaïsme te pose pas de problème, hein ? Et un beau-frère africain ? » Allez, smile, Pocahontas. I’m back !

    
electric bird.
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MessageSujet: Re: Hear me •• Noam Hear me •• Noam  EmptyDim 7 Déc - 22:41

Kaya attendait nerveusement, tapant du pieds, avant de s'arrêter, puis de recommencer. Elle but une gorgée du café mais il était encore trop chaud, alors elle se brûla la langue. Elle détestait attendre. La patience n'avait jamais vraiment été son truc. Elle préférait bouger, s'occuper, faire n'importe quoi, plutôt que d'attendre sans rien faire. A part stresser. Et taper toujours plus du pieds. Elle pouvait bien essayer de déchiffrer ce qu'ils disaient mais lire sur les lèvres ne devaient pas être son truc parce que la seule phrase qu'elle parvint à déchiffrer était « Mais le fromage dans tout ça ? » Et clairement, ils ne pouvaient pas parler de ça. Elle devait aussi se retenir de jurer en espagnol. Parce qu'elle pensait déjà avoir l'air suffisamment misérable à attendre sur son siège, pour en plus se mettre à parler toute seule. Il y eut soudain un peu d'action, quand un homme, à la carrure et la stature assez impressionnante entra dans la pièce. Quelques paroles furent échangées avant que les trois hommes déjà présents ne quittent la salle, pour laisser l'homme et Noam en tête à tête. Ok est ce que ça voulait dire que quelque chose de sérieux était en train de se passer ? Parce qu'à la manière dont les trois hommes avaient réagi, c'était visiblement quelqu'un d'important. Ugh. Elle détestait ne pas savoir. Elle détestait stresser autant. Elle aurait pu s'interroger sur la raison pour laquelle la présence de Noam était si importante. Mais elle avait l'habitude maintenant de mettre de côté toutes ses questions, et de se concentrer sur autre chose en l'occurrence, son café. Kaya s'enfila finalement la tasse d'un seul coup. Elle aurait bien eu besoin de trois ou quatre de plus. Après quelques minutes, qui lui parurent des heures, l'homme quitta la pièce, puis Noam. Elle se redressa aussitôt, le regard interrogateur. « On y va. » Bon ok. Il pouvait lui dire comment ça s'était passé non ? Mais s'il lui demandait de venir, c'était déjà bon signe non ? Sauf que quand ils arrivèrent dans l’ascenseur, l'homme impressionnant de tout à l'heure était là. Kaya se tint bien droite dans son coin, sans oser dire quoique ce soit. « Tu viens pour Thanksgiving ? » Wait, what ? Elle regarda aussitôt Noam, mais la question ne sembla pas le surprendre, lui. « J’en doute. » Les deux hommes continuèrent à parler, pour laisser Kaya un peu plus dans la confusion. La manière dont les deux hommes se tenaient étaient étrangement similaire... Est ce que c'était... ? « Mademoiselle. » Kaya fit un petit hochement de tête, esquissant un petit sourire sans trop savoir comment réagir. « Viens. » Elle tourna la tête vers Noam qui remontait le châle sur son nez. « On va refaire comme tout à l’heure, on rejoint discrètement la voiture, puis on rentre et on s’empresse d’oublier tout ça. » Elle se contenta d'un petit hochement de tête. Il allait devoir arrêter ce truc de remonter ses vêtements comme ça. Elle pouvait le faire toute seule. Et ça ne la perturberait pas autant... Ils quittèrent finalement l'enceinte du FBI pour se diriger vers la voiture. Kaya se sentait soulagée. Vraiment soulagée. Comme si un poids s'était soulevé. Il restait. « Mon père te trouve jolie, on va enfin pouvoir parler mariage et descendance. Tu veux combien d’enfants ? La conversion au judaïsme te pose pas de problème, hein ? Et un beau-frère africain ? » Bien sûr. Il pouvait toujours annuler la mission ou c'était trop tard ? Elle tourna la tête vers lui, d'un air clairement blasé. Bon l'effet n'était pas le même avec un châle qui lui couvrait la moitié du visage. « Contente toi de nous ramener à l'appartement. Pour le reste... » Elle le fixa quelques secondes avec un seul sourcil relevé, puis détourna la tête, histoire de montrer à quel point elle avait envie de répondre à ses questions. Elle avait surtout envie de retourner chez elle et de se reposer. Parce qu'après toute cette histoire, elle était exténuée. Mais surtout soulagée.
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Hear me •• Noam

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