It's time to say goodbye...

Ça allait bientôt faire cinq mois que Késar ne pouvait plus se déplacer qu'avec ce fauteuil roulant, et pourtant il avait lui l'impression que ça faisait une vraie éternité que ses jambes ne lui servaient plus. Deux morceaux morts, sans vie, c'est tout ce qu'elles étaient devenus depuis qu'il avait reçu une partie d'un toit sur lui. En fait, lui aussi était sans vie depuis qu'on lui avait annoncé que peut être – enfin maintenant il en était sûr – il ne pourrait plus jamais marcher, en gros être comme les autres, être un garçon normal. Déjà quand il avait du tirer un trait sur le sport, sur cette passion pour le baseball, il avait eu beaucoup de mal à le vivre mais là, le jeune chypriote était clairement au bord du gouffre, totalement désemparé et désespéré. Devant les autres c'était simple d'en rire, de s'en amuser. Devant Bloomer, Mathis et tous ses autres amis le brun n'hésitait pas à lancer des blagues sur son état et même parfois il avait encore le courage de se lancer des défis du genre traverser une grande rue le plus vite possible ! C'était quelque peu puéril, pas très malin mais bon.. il fallait bien qu'il s'amuse avec le peu qui lui restait, pas du genre à se plaindre, il préférait encore paraître pour un mec ridicule que pour le pauvre garçon qui avait vu s'abattre sur lui les plus grand malheur en seulement deux petites années. Lui qui avait cru vivre un rêve en arrivant en Amérique, il s'était bel et bien complètement planté ! Aujourd'hui sa vie était loin de ce qu'il avait pu imaginé, lui qui se voyait champion de baseball, meilleur joueur de l'équipe des Yankees ! Il en avait pourtant été si proche... pour finalement se retrouver avec un cœur en piteuse état et des jambes incapables de ressentir le moindre picotement ou ne serait-ce qu'une caresse. Toutes ces sensations lui manquait terriblement, peut être même plus que le simple fait de marcher, de courir, de pouvoir danser et s'amuser avec ses amis... d'ailleurs, heureusement qu'ils étaient là eux, sinon ça fait un moment que les pensées noires qui mûrissaient dans l'esprit du jeune homme auraient pris le dessus le poussant à avoir un geste ultime, un geste fatale. Mais heureusement non, Bloomer avait réussit à le résonné ce soir là ou il avait complètement pété un plomb devant elle, se lamentant sur sa vie, sur son état mais aussi sur la vie qu'il lui imposait à elle qui devait toujours être à ses côtés pour l'aider mettant ainsi sa propre vie de côtés. Il aimait dire qu'il était capable de se débrouiller seul mais il était clair que ce n'était pas totalement le cas et ça même si ça lui faisait du mal de l'avouer, c'était bel et bien la vérité.
Ce jour là, Bloomer n'était pas là car même si elle se montrait très attentive envers lui, ces derniers temps elle n'était plus aussi présente et en fait il ne lui en voulait pas plus que ça. Lui même avait du mal à se supporter alors il n'osait même pas imaginer ce que elle pouvait vivre à ses côtés ! Et puis de toute façon, il n'y avait qu'une personne qu'il voulait vraiment voir aujourd'hui c'était Mathis. Il avait quelque chose à lui dire et Késar savait qu'il ne pourrait pas reporter éternellement cette annonce, au contraire ! Le plus vite serait le mieux. Bref, il avait prit le temps de lui envoyer un sms et il était maintenant dans le salon, sur son fauteuil, regardant la télévision – comme il passait son temps à le faire depuis pas mal de temps maintenant. Son cœur se serrait par moment... était-ce le stresse de l'annonce qui approchait ou bien juste l'effet de cette maladie qui le rongeait de plus en plus chaque jours, chaque heure et même chaque seconde. La main de Késar vint se poser contre a poitrine alors qu'il souffla doucement. C'est fou comme ces petites douleur dans sa poitrine elles se faisaient ressentir de plus en plus, lui rappelant qu'il était temps pour lui de dire au revoir à ceux qu'il aimait. Késar souffla une nouvelle fois, ferma les yeux et fit cette petite grimace que son visage faisait naturellement et de plus en plus depuis quelque temps. Finalement la douleur s'estompa doucement et c'est à ce moment qu'il entendit des coups sec résonné contre la porte, sans doute Mathis. « Entres Math' ! Je suis dans le salon ! » cria t-il un peu flemmard et sans grand courage pour que son ami vienne jusqu'à lui.

Késar & Mathis

❝ I know I let you down, but it's not like
that now. This time I'll never let you go. ❞

Tout était devenu bien trop compliqué. Mathis était persuadé qu'en retrouvant Lou, tout allait devenir plus simple, comme dans un vrai compte de fée. Mais il s'était trompé sur toute la ligne. Depuis qu'ils s'étaient remis ensemble, les problèmes s'étaient enchaînés, principalement depuis septembre. Les attentats avaient changé leur vie, envoyant la jeune maman à l'hôpital pour un coma d'une semaine et un accouchement provoqué. Tout avait fini par rentrer dans l'ordre, ils formaient à présent une magnifique petite famille. Mais les événements du douze septembre avaient profondément marqué leur monde. Manuela, une de leurs amies proches, s'était retrouvée dans un piteux état, incapable de bouger et de se débrouiller seule, et ce fut le même cas pour Késar. Lucas s'était incroyablement inquiété pour son meilleur ami. Il le connaissait incroyablement bien et savait combien il avait été dur pour lui de déjà devoir abandonner le sport suite à ses problèmes de coeur. Et voilà qu'à présent il se retrouvait en chaise roulante, les jambes complètement immobilisées. Le choc avait été terrible et Mathis avait fait de son mieux pour être présent pour lui. Mais tout s'était montré tellement compliqué. Directement après les attentats, il avait passé ses journées à l'hôpital, au chevet de Lou et pour s'occuper de sa fille. Et par la suite, il était resté chez lui pour aider sa fiancée, avant de reprendre le travail. Une fois qu'il s'était relancé dans ses cours, l'organisation était devenue terriblement difficile. Il devait jongler entre son statut de prof avec les examens à corriger, les cours à préparer, les parents à rencontrés et sa vie privée en aidant Lou, en faisant les courses, en rangeant la maison, en s'occupant d'Emma. Par conséquent, il n'avait pas été autant disponible qu'il l'aurait souhaité pour Késar. Heureusement, sa cousine Bloomer avait réussi à rester près de lui, ne le laissant pas seul et permettant à Lucas de se sentir un tantinet moins coupable. Et pourtant, son meilleur ami lui en voulait, il lui avait reproché son absence à plusieurs reprises, si bien que Mathis ne savait plus quoi faire. Laisser tomber son travail pour être disponible pour son meilleur ami ne semblait pas être la meilleur solution. Il s'était tellement battu pour trouver une place en tant que professeur et il avait besoin d'argent, Lou ne pouvant plus travailler pour l'instant, forcée à rester au repos suite à son coma et ses blessures.

Et pourtant, ce jour là, Mathis avait reçu un message de la part de son meilleur ami. Il avait besoin de lui parler, cela semblait urgent. Le jeune homme était seul chez lui, à garder sa fille. Lou était de sortie, forcée par son fiancé. D'après lui, elle avait besoin de voir le monde extérieur, de passer du temps avec ses amis, ce qu'elle avait fini par faire. Lucas était donc seul dans son salon, Emma dans ses bras, la berçant calmement tout en regardant d'un oeil les débilités qui passaient à la télévision. Son iPhone qui lui annonça un nouveau message le sortit de ses pensées, il sortit donc son smart phone de la poche de son jean et lut rapidement le message. Il répondit à Késar qu'il arriverait au plus vite et finit par se lever après avoir éteint la télé. Emma somnolait, il tenta de se faire le plus doux possible pour monter à l'étage et l'habiller correctement pour affronter le froid extérieur. Puis il redescendit, enfila sa veste et installa la poussette pliable dans le coffre de sa voiture avant d'installer le siège conçu pour les bébés sur la place conducteur et d'y mettre sa fille. Puis il pris place au volant, démarra et se rendit chez son meilleur ami. Arrivé devant la demeure, il éteignit son moteur et serra son frein à main avant d'aller sortir la poussette et d'y installer gentiment son bébé. Puis, une fois la voiture verrouillée, il alla toquer à la porte. La voix de Késar se fit rapidement entendre. « Entres Math' ! Je suis dans le salon ! » Le concerné jeta un rapide coup d'oeil à sa fille qui couinait, allongée dans sa poussette, puis il ouvrit la porte en bois afin d'entrer à l'intérieur. Il se dirigea jusqu'au salon et aperçut rapidement son meilleur ami, installé confortablement sur son canapé, face à sa télévision allumée. Souriant faiblement, il laissa la poussette dans un coin de la pièce et prit délicatement Emma contre lui pour lui ôter sa veste et son bonnet, avant de marcher jusqu'au canapé en la faisant bouger contre lui avec douceur. « Regarde qui est là ma puce. C'est tonton Késar. » À ces mots, il regarda le jeune chypriote et lui sourit gentiment. Késar étant le parrain du bébé, il était conscient que l'amener allait lui mettre du baume au coeur. Il prenait son rôle très au sérieux et, malgré son état, il s'était montré très présent pour sa filleule. Sans attendre, Mathis prit place sur la canapé et s'adressa enfin à son ami. « J'ai pensé que tu aimerais la voir. Tu veux la prendre ? » Sans réellement attendre de réponse, il tendit délicatement le corps de sa fille dans sa direction, l'installant dans ses bras avec toute la douceur dont un père fait preuve à l'égard de son enfant. Puis il regarda son ami qui posait ses yeux sur sa filleule. « Comment tu te sens ? » C'était la moindre des choses. Son message laissait sous-entendre qu'il avait besoin d'aide, de soutien, alors il préférait directement s'informer sur son état, s'apprêtant déjà à lui apporter toute l'écoute dont il pouvait faire preuve.

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