-Qu'est-ce que t'attends?! J'suis sûr qu'elle te tombe dans la main, profites en !
-Non...
-Mais Bon Dieu Aaron ! Pourquoi tu perds ton temps à la séduire si finalement, tu ne veux plu l'escroquer?!
-Je n'ai pas envie de lui faire subir ça.
-Tu te fous de ma gueule?! Tu disais pas ça au début !
-Au début je ne la connaissais pas. Aujourd'hui c'est différent. Alors lâche moi, tu veux?
-J'y crois pas ! Le cow boy solitaire craque sur une de ses bourgeoises bourrées de fric !
-Ta gueule.
-Elle croit que t'as aussi de la tune?! Laisse moi rire ! Si elle savait qu'elle n'a pas affaire à l'homme qu'elle croit, elle se cassera !
-Qu'est-ce que t'en sais?!
-Écoute Aaron. Imaginons que tu n'es pas un escroc recherché par toute la police des États-Unis comme moi. Imaginons que tu es seulement un type sans histoire mais qui n'a pas un rond comme maintenant, tu crois vraiment que ce genre de femmes s'intéresseraient à un type comme toi? Vous n'êtes pas du même monde.
-Elle n'est pas comme ça.
-Alors pourquoi tu ne lui dis pas que t'as pas de fric?
-...
-Je m'en doutais. Lâche l'affaire. Une femme comme ça ne finit pas avec un merdeux comme toi. Dans le meilleur des cas, elle croira seulement que t'es intéressé par son fric.
-C'est faux... du moins, maintenant c'est faux.

Vendredi soir. 23H45. Aaron avait passé la soirée avec Paula Jean. Il l'avait invité dans un restaurant chic, mais pas pour les riches. Seules des personnes aisées pouvaient y aller. Certes, notre irlandais n'avait pas voulu l'emmener dans un fast food, bien qu'il aurait préféré trois bons cheeseburgers à un plat typiquement français dont il avait déjà oublié le nom. Finalement, Aaron avait dépensé une somme importante qui avait réellement fait mal à son porte-feuille. Cette même somme qui, pour cette jeune espagnole, n'était pas bien grande. Néanmoins, il aurait tout fait, juste pour lui faire décrocher un de ses magnifiques sourires. Après avoir dîné, les deux amants s'étaient rendus dans un bar chaleureux de Manhattan afin de boire un verre, ce genre de bars où la bonne ambiance règne toujours.

Durant toute la soirée, Aaron cherchait un moyen de lui dire la vérité. Lui dire qu'il lui avait menti sur toute la ligne. Lui avouer qu'il n'était pas un brillant journaliste, peut-être même qu'il était recherché par la police, qu'il avait voulu l'arnaquer, jusqu'à ce qu'il s'attache terriblement à elle. Mais s'il le faisait, il la perdrait. Ce qu'il ne savait pas, c'était que Paula Jean était au courant de tout, et qu'elle avait pour but de le coincer, de le « vendre » à Chester. Il se rendait malade de lui avoir ainsi menti. En sa présence, il n'était plus cet homme calculateur, cynique, manipulateur, froid, sans sentiment, avec un coeur de pierre. Non, en sa présence, il devenait un homme doux, galant, romantique... tout simplement heureux. Elle l'avait changé en ces quelques semaines.

Vêtu élégamment, juste pour elle, d'un pantalon de costume noire et d'une chemise blanche, il marchait en sa compagnie dans les rues de Manhattan. Ils riaient, parlaient de tout et de rien, même si cette fois-ci, Aaron se trouvait être un peu moins bavard, comme si quelque chose le gênait. Et ce quelque chose n'était autre que la culpabilité. Finalement, ils débouchèrent dans Central Park. Leurs jambes les menèrent jusqu'à la grande fontaine au centre. Le soleil était déjà couché, mais les lumières artificielles ainsi que les étoiles, éclairaient l'endroit. Notre irlandais grimpa sur le petit muret en pierre qui entourait cette immense fontaine. Attrapant la main de PJ, il l'entraîna sur le muret contre lui.

-J'ai une envie soudaine. Tu veux voir si l'eau est bonne?

Suite à ces mots, il lui adressa un sourire malicieux.