Ce ton n'annonçait visiblement rien de bon. Aaron, seulement âgé de dix ans, fronça les sourcils par l'incompréhension. Que voulaient-ils tant lui dire? Et tandis qu'il marchait jusqu'au somptueux salon, accompagné de ses frères et soeurs, il s'assit sur le fauteuil de son père. C'était bien la première fois qu'il lui laissait cette place lorsqu'il était présent.

Avec toutes les bêtises qu'il avait pu faire dans son enfance, il préférait mettre toutes les chances de son côté. Néanmoins, ses parents rirent légèrement face aux paroles du jeune Aaron. Un rire qui démontrait une certaine gêne.

Qu'est-ce qu'il s'en fichait de leurs relations sexuels... vraiment.

Ils bloquèrent leur souffle, attendant la réponse de Aaron. Ce dernier fronça les sourcils. Non... enfin, ça expliquerait tellement de choses...

Il eut sa réponse simplement en observant l'expression sur le visage de ses parents. Il était... adopté. Il venait d'Afrique du Sud, mais n'en savait pas plus.

Plus de trente ans avait passé depuis cette révélation. Aaron s'était fait à l'idée qu'il n'avait pas réellement de famille. Des parents adoptifs? Pour le peu qu'il les aimait... D'un côté, cela le rassurait. Pendant longtemps, il avait crû être un monstre, un être dénué de sentiments. Pourquoi n'éprouvait-il pas de l'amour pour ses géniteurs? Puis il avait sû qu'il était adopté. Donc, il n'avait aucun lien avec ces individus, du moins, aucun lien de sang. Il comprenait mieux, même s'il aurait dû ressentir quelque chose pour eux tout de même. Aaron n'avait jamais cherché à savoir qui était sa vraie famille. Néanmoins, durant son adolescence, ses parents adoptifs lui avait proposé de faire des recherches, de l'aider à connaître ses géniteurs. Néanmoins, il avait toujours répondu "Qu'ils aillent se faire foutre, ils n'ont pas voulu de moi? Je n'ai pas envie d'eux." Néanmoins, il ressentait comme une attache. Il savait au fond de lui qu'il avait loupé quelque chose d'important dans sa vie. Quelque chose, ou bien quelqu'un l'attendait en Afrique du Sud. C'était un sentiment inexplicable, encore très flou, lointain. D'ailleurs, il avait souvent mit cela sur le compte de sa stupidité. Et pourtant...

Aaron marchait dans la rue, dans l'unique but de se rendre dans un Bar/Tabac pour acheter un paquet de cigarettes. Néanmoins, quelqu'un venait de l'arrêter en posant sa main sur son épaule. Quel geste dangereux. Si l'individu connaissait un tant soit peu Aaron, il ne l'aurait jamais touché, au risque de se prendre un coup de poing en pleine figure. Pourtant, avant même qu'il ne se retourne, quelque chose au fond de lui l'empêchait d'agir ainsi. Donc, il se contenta de se retourner pour dévisager son nouvel interlocuteur.

Un grand silence s'installa. Il avait en face de lui... son propre portrait, comme s'il fut face à un miroir, aux seules exeptions peut-être la coupe de cheveux -qui se ressemblaient tout de même énormément- ainsi que les vêtements. Le coeur d'Aaron battait soudainement la chamade, et ce sentiment inexplicable qu'il avait toujours ressentit, autrefois flou, semblait bien plus fort. Une longue minute passa, sans qu'il ne puisse dire quelque chose, bien que ses lèvres entre-ouvertes prouvaient le contraire. Finalement, il avait perdu toute dureté sur son visage, jusqu'à ce qu'il reprenne ses esprits. Ainsi, il fronça les sourcils et demanda, sur la défensive :