codes par shyvana

Chapitre VI: Annalyssia, l’adorable maman

11h37, Manhattan, Le bar

Travailler de nuit n’était pas quelque chose d’évident. On se dérègle avant de se rendre compte que l’on devient un hiboux. Ou un vampire c’est comme vous voulez. On dort le jour et on vie la nuit. Moi ça fait quelques mois que je dois rester un peu - non beaucoup - plus longtemps après la fin de mes horaires. Non pas que j’aime mon travail au point de vouloir y vivre comme Bob l’Eponge, mais plutôt parce-que je n’ai pas tellement le choix. Déjà que je dois rattraper le taf de Nam-Kyu, me voilà maintenant forcé de combler les heures d’Annalyssia. Elle est enceinte mais a toujours refusé d’arrêter de travaillé. J’admire son courage et son dévouement mais il y aura obligatoirement un moment où elle devra resté chez elle. En attendant, ses heures de boulot on été répartie entre les «survivants» Du coups je me retrouve à commencer une heure plus tard pour finir quatre heures plus tard. A la base ce changement devait être provisoire et un remplaçant devait faire son arrivée. Mais on l’attend toujours. Moi je crois surtout que le boss compte rester comme ça pour éviter de payer une nouvelle personne. Radin. Mais je peux comprendre. Aujourd’hui j’ai l’air de me plaindre. Et effectivement c’est le cas. Mais si je devais en vouloir à quelqu’un ce serais surtout à moi. Pourquoi? Simplement parce-que c’est moi qui ai permis à la jeune maman de décrocher ce travail. A ce moment-là je ne la connaissait pas. Le jour où elle a postulé je ne travaillais pas mais je devais rapporter quelque chose au bar. Je l’ai croisé lorsqu’elle sortait, ses CV à la main, et une mine de déception. Le patron n’étais pas facile avec les nouvelles embauche. J’en ai moi-même fait l’expérience et j’ai réussi à rentré grâce à Nam-Kyu, avant de savoir pourquoi il m’avait aidé. La voyant ainsi j’avais décidé de tenter quelque chose. La faire rentrer comme Nam l’avait fait pour moi. Je l’avais convaincu d’aller voir le boss avec moi. Arrivé dans son bureau, j’avoue l’avoir un peu -carrément - baratiné au sujet de la demoiselle. Mais finalement, aujourd’hui elle est avec nous. Et elle nous a refilé ses horaires. Ca c’est la partie moins cool de l’histoire mais ce n’est pas bien grave. De plus on - enfin je - devais l’aider par moment si quelque chose était trop difficile ou demander trop d’effort pour elle. On était plusieurs dans ce bar mais j’étais le seul à travailler pour euh… Moi… Nam… Annalyssia… Les horaires d’Annalyssia… Quatre. Le seul bonhomme à être assez fou pour bosser pour quatre. Les autres ils faisaient copain-copain avec elle mais ils ne l’aidaient pas pour autant. Ou alors ça durait dix minutes. Autant vous dire qu’il y avait des jours où j’étais claqué. Il m’est arrivé de m’endormir dans la réserve pour être à l’heure. A plusieurs reprise même. Mais ça, il ne faut pas le dire. Avec la répartition des heures d’Annalyssia je finis à trois heures du matin et je retape juste après à neuf heure. Pour le moment tout ce qui m’importais c’était l’heure. Il ne me restait plus qu’une heure de travail. C’est généralement là qu’on a l’impression que le temps ne passe plus. Après avoir travaillé toute la nuit j’aime autant vous dire que je suis pressé de partir, bien que je reprenne encore cette nuit. L’équipe avait terminé l’objectif du jour alors que moi, je sortais de la réserve. Je vous laisse deviner pourquoi j’y étais. A force de travailler avec tant de hargne, j’avais bien le droit à une petite pause, non? Sur le chemin j’ai croisé la coupable de mes nuits entres les bouteilles d’alcool. Annalyssia. La voilà qui arrivait d’un air innocent. «Ca va?» Qu’elle me demandait. Elle était gentille et j’aimais bien la taquiner de temps en temps alors je lui ai répondu en prenant un air sérieux. «Ca irait mieux si tes heures ne s’additionnaient pas aux miennes. Là j’étais dans la réserve en train de… Vérifier un truc. Et maintenant il me reste une heure pour faire ton taf.» J’ai laissé un petit temps, comme pour la faire culpabiliser par rapport à ses horaires, avant de changer d’attitude. «Maiiiiis je plaisante Anna-chan! Je vais bien.» Ai-je prononcé en riant avant de déposer un bisou sur son front. C’était ma façon de lui dire «Bonjour» depuis quelques temps. Je ne lui ai jamais demandé mais j’espère que ça ne la dérange pas que je fasse cela. J’aurais l’air bien malin si elle me disait qu’elle se sentait gêné par ce geste. Moi qui pensait être gentil, si ça se trouve je l’exaspère et pour ne pas me vexer elle ne dit rien. Je préfère penser que ce n'est pas le cas. En attendant je devais préparer les tables à l'extérieur - et à l'intérieur par la même occasion - pour les gens qui voudrait manger ici ce midi. «N'empêche tu tombes à pic. Tu va m'aider à préparer les tables pour le midi.» Ca au moins je savais qu'elle pouvais le faire. Puis faut pas déconner, elle a refusé d'arrêter de travailler…

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