En théorie, pendant les soirées entre hommes de leurs maris, Vioryna, Elvia, et Morgana se retrouvaient dans un petit van histoire de voir et d’entendre ce qui se passait et se disait de beau. Sauf que ce soir, aucune trace féminine dans les environs, pour la simple et bonne raison que toutes étaient occupées… vraiment occupées. Elvia la première, puisqu’elle avait perdu les eaux sur les coups de deux heures du matin et tenté d’alerter quelqu’un mais on lui avait bloqué la porte. Il lui avait fallut un moment entre deux contractions ultra douloureuse pour comprendre qu’il s’agissait de ce foutu chef du protocole, peu décidé à déranger que ce soit sa majesté ou ses nounous personnelles pour « si peu ». Résultat, la suissesse avait pris son courage à deux mains et aussitôt appelé Vioryna, qui travaillait cette fois-ci son violon et avait blindé dans les rues de New York pour tâcher de rejoindre son amie, non sans appeler Morgana en ultra urgence afin qu’elle n’aille chercher Gabriel. C’est ce que l’on pouvait appeler une véritable mission commando en bonne et due forme puisque Vioryna avait dû casser le nez du responsable protocolaire d’un coup de poing bien senti afin d’accéder à la chambre de la suissesse, tandis que la monégasque était arrivée en nuisette en pleine partie de poker… « Bordel de merde Renaldi !!!! » s’était-elle exclamée en se pointant tout en se moquant éperdument de sa tenue ou même du reste de l’auditorium. « On va faire simple : de un, Elvia va accoucher mais genre vraiment puisqu’elle a perdu les eaux, de deux Vioryna m’a appelée en urgence parce que ta femme était retenue « prisonnière » par un connard protocolaire de mes genoux et de trois, notre russe préférée a dû péter le nez du fameux responsable de mes couilles pour accéder à ta femme ! En un mot comme en cent, tu me suis, direction hosto !! »

Une chance que Vioryna soit arrivée à temps et ait géré la situation, car Elvia se voyait déjà souffrir des heures durant sans même avoir la possibilité d’appeler à l’aide. Quelle saloperie ce protocole ! La suissesse n’aurait pas pensé une seconde que cela puisse être aussi envahissant et en l’occurrence dangereux car le froncement de sourcil de ce foutu gynécologue n’était pas pour la rassurer. « Oh mon dieu Gabriel tu es là ! » s’exclama subitement la brunette en voyant enfin débarquer son mari en pleine salle de travail. En théorie, Elvia avait dit qu’elle ne pousserait pas avant qu’il soit là et comptait s’en tenir à cette idée, mais Vioryna l’avait décidée à se laisser docilement installer bien que la péridurale soit impossible étant donné l’état d’avancement du travail. « Je n’ai pas pu te prévenir avant… » expliqua-t-elle avant de ne pousser un cri conséquent suite à une contraction des plus violentes. La jolie russe s’éclipsa sans tarder, partant retrouver Sergeï pour le coup tout en priant pour que l’accouchement se déroule dans les meilleures conditions possibles. « Le premier bébé devait naître sans problème puisqu’il se présente par la tête. A mon signal vous devrez pousser de toutes vos forces ! » Elvia n’eut même pas le temps de se faire à l’idée que déjà, elle avait agrippé la main de Gabriel dans la sienne pour la serrer aussi fort qu’elle le pouvait. Effectivement, comme le médecin l’avait prédit, elle n’eut aucun mal à mettre au monde leur première fille, et ce en quelques poussées. Mais la suissesse, à force de souffrir depuis des heures sans possibilité de faire autrement, se confrontait à une faiblesse physique des plus insupportables. Entre autres choses. « La sage-femme va vous préparer votre première fille ne vous inquiétez pas. Cela dit, votre second bébé se présente par le siège, et vous n’aurez pas la force de pousser si on ne parvient pas à le retourner. Je vais essayer, mais cela risque d’être douloureux. Prenez une grande inspiration et quand vous êtes prête… »

Aucune chance qu’Elvia ne desserre son emprise sur la main de Gabriel pour la simple et bonne raison que la douleur qu’elle ressentait était trop vive pour la laisser penser à autre chose. Le pire était d’ailleurs à venir, car certes leur première fille venait de naître et de pousser son premier cri – et rapidement emmenée par la sage femme dont avait parlé l’accoucheur – mais la deuxième risquait d’avoir du mal à montrer le bout de son nez et hors de question que la suissesse entente parler de césarienne. « Il faut que j’appuie à différent endroit contre le ventre de votre femme, afin d’inciter le bébé à se tourner de lui-même. Il doit impérativement se présenter par la tête, sans quoi nous n’aurons pas d’autre choix que d’opter pour la chirurgie. » « Je ne veux pas entendre parler de césarienne, débrouillez-vous ! » lâcha Elvia en abandonnant temporairement sa douceur habituelle, surtout maintenant que son accoucheur lui appuyait contre l’utérus, lui fournissant une nouvelle dose de douleur plus insupportable encore que toutes les précédentes réunies. La suissesse en avait même lâché la main de Gabriel par réflexe, avant de ne la lui broyer, s’accrochant aux barreaux du lit de travail tout en poussant des hurlements déchirants. Il fallait qu’elle tienne bon et laisse le miracle de la médecine faire son œuvre, même si elle avait envie de s’arracher littéralement le ventre afin que la douleur ne cesse. « Ca vient, ça vient, respirer à fond !! » s’exclama le médecin tout en poursuivant son action, espérant bien obtenir que la deuxième petite ne vienne au monde de façon naturelle…

Une éternité… oui, Elvia en avait eu une joyeuse image en cette nuit particulièrement pénible et à plus forte raison lorsque le gynécologue avait dû inciter leur seconde fille à se tourner pour qu’elle ne puisse à nouveau pousser. En soi, la fin de l’accouchement se passa à toute vitesse, Elvia prodiguant ses dernières forces à ses dernières poussées jusqu’à ce qu’un cri hautement reconnaissable ne s’élève dans l’atmosphère sonore de la salle de travail. Le gynécologue ne perdit pas de temps à dire qu’elle allait très bien avant de la faire emmener comme la première par une sage femme afin qu’elle ne soit nettoyée. « Tu as participé mon ours… très bien participé même » avoua Elvia non sans lui offrir un baiser plein de tendresse, avant de ne s’horrifier en voyant la couleur de sa main. « Mon dieu mais il faut que tu soignes ça ! Je suis terriblement désolée si tu savais… je crois que je n’ai pas du tout contrôlé la chose mais à ma décharge, c’était bien trop tard pour une péridurale » fit-elle avant de ne prendre précautionneusement la main de Gabriel pour y déposer quelques bisous magiques, même si elle manquait cruellement de force et qu’elle avait l’impression que l’éternité ne serait jamais suffisante pour récupérer. « On va me monter dans la chambre, ta mission si tu l’acceptes c’est d’aller chercher nos filles et de te régaler en premier à constater combien elles sont magnifiques… et dire que c’est toi qui m’a fait tout ça… » Elvia embrassa une dernière fois son époux avant d’être placée sur un fauteuil roulant et conduite dans la chambre lui étant réservée. Mais quelque chose lui disait qu’elle risquait de supplier Gabriel pour qu’il ne reste cette nuit… et les suivantes jusqu’à sa sortie.

Elvia tomba sur une infirmière bavarde, qui n’hésita pas à lui donner des tonnes de conseils notamment sur le cycle du sommeil et tout ce qui tournait autour. Mais pour l’instant, autant dire que la suissesse n’écoutait qu’à demi-mot tant la fatigue lui sciait tous les membres. Elle ne rêvait que d’une chose : voir ses deux merveilles et s’endormir dans les bras de son ours afin de goûter à un repos plus que mérité. « L’infirmière m’a expliquée qu’on nous amènerait nos deux princesses demain pour que l’on puisse en profiter mais que j’avais besoin de dormir d’abord » expliqua-t-elle à Gabriel, fraîchement arrivé dans sa chambre, un bandage serré sur sa main blessé. La donne lui arracha un petit sourire tendre avant qu’elle ne dépose un baiser contre celle-ci tout en poussant un petit soupir. « Disons que je crois que même après un entraînement olympique, je n’ai jamais été si fatiguée » avoua-t-elle non sans lui faire de la place contre son lit pour qu’il ne s’y glisse. « Pitié, dis moi que tu ne vas pas rentrer à la maison et rester avec moi… tu sais bien à quel point je n’aime pas les hôpitaux ! » Surtout qu’au milieu de son accouchement, Elvia n’avait pas vécu des choses évidentes, à commencer par la stupidité du responsable protocolaire ayant bien manqué de la faire accoucher toute seule. « Je suis sûre que ce sont les plus beaux bébés du monde et je crois que je pourrais mourir aujourd’hui je serais la plus heureuse du monde… une chance que Vioryna et Morgana se soient placées en mode commando sinon je ne sais pas comment j’aurais pu faire pour te prévenir que j’allais accoucher… »

Autant dire qu’Elvia afficha un sourire rassuré lorsque Gabriel lui apprit la manœuvre de Dillon. Encore une nouvelle personne que la suissesse s’empresserait de remercier une fois sortie de la maternité… mais pour l’heure, les remerciements allaient attendre, surtout maintenant qu’elle tenait cette adorable peluche entre ses mains qui lui arracha un regard ému. C’était complètement stupide d’être émue pour si peu mais Elvia ne pouvait guère s’en empêcher et puis… son taux d’hormones avait très certainement crevé le plafond avec l’accouchement. « Mais je ne vais pas mourir mon ours, ce n’était qu’une façon de parler ! Quant aux filles ne t’inquiètes pas, je vais t’apprendre et je suis certaine que tu t’en sortiras comme un chef. Il est magnifique cet ourson… je vais le garder toujours avec moi » avoua-t-elle avec sincérité non sans se blottir dans les bras de son mari. Certes, il avait été à ses côtés durant tout l’accouchement mais elle l’avait trouvé pourtant éloigné. Personne ne peut réellement comprendre l’épreuve que cela est à moins de ne tomber enceinte et de passer par là. Désormais, Elvia se trouverait en mesure de comprendre ce qu’avait traversé Vioryna pour la naissance de ses fils… « Je ne suis pas vraiment sûre que tes parents soient au courant, je pense surtout qu’il s’agit d’un excès de zèle de cet homme. Mais je n’ai pas compris la raison de celui-ci vu que tu n’étais pas en réunion ou en représentation ! Tu étais avec Dillon, Sergeï, Javier et Sullivan… je pense surtout qu’il me considère comme une roturière et donc mes besoins sont moins importants ? » Elvia haussa légèrement les épaules avant de soupirer. « Dis-moi mon ours… Charles-Henri m’a dit que tu dormais debout à cause de mes titillements, c’est vrai ? »

En l’espace de quelques secondes à peine, une fois encore, Gabriel parvint au tour de force de rassurer Elvia quant à la suite des évènements : ce crétin de spécialiste protocolaire risquait de s’y reprendre à deux fois avant d’avoir de nouveaux excès de zèle et ce n’était pas sans force que la suissesse poussa un soupir de soulagement. Ce n’était pas de son mari dont elle doutait mais plutôt du protocole et de toutes les conneries s’y rattachant à vrai dire. Difficile d’imaginer que Gabriel n’ait pas d’autres sacrifices à faire à l’avenir et tout ce qu’espérait la jeune femme, c’est que leur nouvelle famille n’en pâtirait pas. « Je suis sûre que tu vas très bien faire passer le message mon ours, tu es passé professionnel pour ça, tu sais ? » avoua Elvia non sans esquisser un petit rire mutin tout à fait véridique. Elle aimait ce côté de sa personnalité tout comme les autres à vrai dire… mais elle ne pouvait qu’imaginer avec un intense amusement à quel point cet imbécile risquait d’en chier dans les semaines à venir. Diantre, deviendrait-elle cruelle ? « Non il ne parle pas assez au contraire ! » s’indigna aussitôt la suissesse en se relevant légèrement histoire de croiser le regard de Gabriel et faire clairement entendre qu’il n’était pas question qu’ils continuent dans cette voie, surtout dans de telles conditions. « Je ne remets absolument pas en cause tes qualités d’amant mon ours mais là, il s’agit de ton sommeil et donc de ta santé ! Pourquoi tu ne m’en as pas parlé ?? »

« Justement, tu dormais la journée alors que normalement, tu es censé dormir la nuit ! Bien sûr que je suis sérieuse !! » Ou en tout cas elle essayait de l’être mais Gabriel était devenu tellement accro à ses titillements qu’il était devenu impossible à Elvia de lui résister. « Je ne suis pas sûre que cette histoire de garde à vous soit totalement vraie… tu dis ça pour me rassurer, hein ? » La suissesse poussa un soupir car d’un côté elle ne pouvait qu’imaginer la chianteuserie des cours de Charles-Henri, et de l’autre son inquiétude crevait littéralement le plafond. Dans son esprit, ce fut comme l’addition de a+b : elle allait faire en sorte d’être aussi discrète que possible lors de ses titillements afin de le laisser dormir comme il se devait. Hors de question qu’il ne s’endorme encore lors d’un discours, d’un cours ou de quoi que ce soit d’autre. « Mais imagine que tu t’endormes au volant ? Non, non, non ! Hors de question que je prenne ce risque, tant pis ! » avoua-t-elle, bien décidée à tenir bon ou à tout le moins de tenter de tenir bon car son ours était plus têtu encore qu’elle ne le serait jamais. Rien que de ce point de vue là, ils formaient une excellente équipe… « Charles-Henri m’a conseillée de consulter… » reprit-elle avant de perdre tout sourire et de laisser la panique la dominer quelques secondes, s’obligeant à respirer à fond pour ne surtout pas laisser sa peur parler. « Dans deux mois et pour combien de temps ? »

« Si tu ne prends pas le volant seul en ce moment ça ne veut pas dire que ça n’arrivera plus jamais ! » se défendit-elle, davantage concernée par le bien de son mari que par le sien propre. Elvia avait toujours été comme ça et même si elle faisait des tonnes d’efforts, elle ne parviendrait jamais à agir d’une manière différente. C’était comme ça et puis c’est tout… même si les phrases suivantes la firent bondir littéralement. « Quoi ?! Mais comment tu peux penser une chose pareille Gabriel Renaldi !! Je n’ai jamais dit que je ne voulais plus… faire ça avec toi, c’est ridicule et ça n’a rien à voir ! Et ce n’est pas une excuse, je suis simplement concernée par ton bien être ! Est-ce un crime ? » Elvia laissa sa tête se reposer lourdement sur l’oreiller, sentant ses yeux s’humidifier face à la double culpabilité qu’il lui faisait ressentir car en prime, elle n’avait aucune envie qu’il croit qu’elle ne le désirait plus. C’était même tout l’inverse, hélas… « Ce n’est pas tant que j’ai « envie » en soi, c’est simplement que j’ai constamment Charles-Henri sur le dos en ce moment. Il s’est renseigné, figure-toi… il paraît que les femmes à qui cela arrive voient leurs titillements s’intensifier après l’accouchement. Mais d’un autre côté consulter et les faire disparaître… tu te rends compte, pendant trois semaines ? » Elvia trouvait ses titillements hautement inconfortables, il serait mentir que d’avouer l’inverse puisque lorsqu’elle se trouvait en public, c’était impossible que de les soulager ou même d’être discrète. « Arrête de penser que je ne te désire pas, c’est faut et blessant Gabriel. Au même titre que tu vas atrocement me manquer pendant ces trois longues semaines. »

Le pire, c’est qu’Elvia était partagée vis-à-vis de ces maudits titillements. D’un côté ils avaient oublié d’être confortables, mais d’un autre… elle n’avait jamais été aussi « libérée » de ce point de vue là depuis qu’ils étaient apparut. Comme pour toute chose, il y avait du bon et du moins bon, à ceci près que le bon avait tendance à surpasser de très loin le moins bon. « Je n’ai pas réellement envie de consulter… ou que cela s’arrête. Je sais, c’est contradictoire mais je suis plus libérée depuis qu’ils sont apparut ! Certes ce n’est pas spécifiquement agréable d’avoir un orgasme en m’asseyant dans le bus les rares fois où j’ai pu le prendre ces derniers mois pour aller voir Vioryna par exemple mais il n’empêche que je m’y suis habituée ! Je crois juste que Charles-Henri m’a fait peur… » Elvia n’était pas égoïste cependant et ne pourrait pas supporter que Gabriel en pâtisse au final. Ce fut sans doute pourquoi elle lui rendit son baiser à l’aide d’une extraordinaire tendresse, posant par la suite son front contre le sien afin de conserver un semblant de contact physique sans discontinuer. « Je ne me braque pas ! Je m’inquiète pour toi mon ours… mais à ma décharge je l’ai peut-être fait un peu vivement et je suis sûre que tu me pardonneras étant donné les circonstances. » La suissesse avait sûrement outrepassé de très loin sa résistance à la fatigue et bien qu’elle n’ait pas encore envie de fermer les yeux, son corps n’en restait pas moins épuisé… tout comme ses réflexes. « J’ai déjà tenté la chose il y a quelques années, mais pourquoi au juste ? »

« Ne te moque pas ce n’est pas drôle ! » fit-elle d’un air faussement désapprobateur non sans frissonner rien qu’au frôlement des lèvres de Gabriel sur la peau de son cou. Son ours avait toujours su lui faire le plus extraordinaire des efforts d’un simple effleurement, et aujourd’hui encore, elle se demandait bien comment il se débrouillait. « Tu veux que l’on fasse un échange de mails érotiques ? Oh dear… il va vraiment falloir que je fasse preuve d’imagination. Mieux : le fait pendant que j’ai des titillements, ce sera plus efficace » le provoqua-t-elle non sans lui offrir un baiser de bonne nuit des plus passionnés avant de ne sombrer aussitôt entre les bras de Morphée et de Gabriel avec délectation. La suissesse avait largement mérité ce repos de guerrière, même s’ils furent réveillés de concert par les pleurs des deux jumelles. « Gabriel ce ne sont pas des gnomes ! » grogna-t-elle légèrement avant de ne se lever – non sans une extraordinaire difficulté tant elle avait l’impression d’être faible sur ses jambes – pour mieux aller demander deux biberons aux infirmières. Elvia ne serait pas mère à allaiter ses deux jumelles, non pas parce qu’elle avait envie d’avoir l’Oscar de la mère indigne mais plutôt parce que son passé d’alcoolisme jouait considérablement en sa défaveur. « Je vais te montrer mon ours » fit-elle avec sérieux avant de prendre précautionneusement le premier bébé pour mieux le placer entre ses bras de Gabriel, lui indiquant comment bien soutenir la tête tandis qu’elle souriait de façon attendrie. Elle lui mit le biberon dans l’autre main, allant jusqu’à le guider étape par étape jusqu’à ce qu’elle ne puisse s’occuper de l’autre jumelle. « Et voilà… je pense qu’on peut dire que Cassandra aura l’attention de Papa » murmura-t-elle tout en embrassant le front de la petite avant de ne prendre Kathryn entre ses bras et de faire la même chose. « Tout va bien mon ours ? »

Autant dire qu’Elvia se surprenait à ne pas lâcher Gabriel du regard, s’émouvant de la moindre de ses expressions tant elle le sentait hésitant face à ce petit être sans défense. Cela ne voulait pas dire que la suissesse en menait large, bien au contraire, elle avait tellement peur de mal faire les choses qu’elle se surprenait à prendre encore plus de précaution que d’ordinaire. Elvia était une femme souvent hésitante et secrète, réservée et timide… mais aussi incroyable que cela puisse paraître, c’était justement ces traits de personnalité qui avait plus à Gabriel. « Mais non mon ours ! Regarde, elle t’a déjà agrippé le pouce, ça prouve qu’elle ne veut plus te laisser filer ! » s’amusa-t-elle tout en se rapprochant de lui pour lui embrasser le front, fière qu’il soit présent pour la soutenir et ne partage ce moment de pure émotion en sa compagnie. « Tu n’es pas le seul à avoir peur de mal faire, il ne faut pas croire… heureusement que ton reportage n’est pas tout de suite ! Ceci étant… il me semble qu’hier soir tu m’as dit que tu voulais me donner ton adresse de reportage mais je l’ai déjà : tu as oublié notre tout premier échange peu après notre rencontre ? » D’ailleurs, Elvia en avait été demandeuse, bien plus que d’ordinaire, s’étonnant d’être frustrée du fait qu’il ne mentionne pas le baiser qu’elle lui avait pourtant donné à l’aéroport avant son départ… « Je t’aime… si je ne t’avais pas déjà épousé, possible que je le fasse maintenant ! Tu veux tenir un peu Kathryn ? »

« Une deuxième lune de miel ? Attends, laisse-moi réfléchir… il me tarde déjà d’y être ! » Oh les premiers jours n’avaient pas forcément été les plus simples pour Gabriel comme pour Elvia mais les jeunes parents avaient été soutenus par toute leur clique et plus précisément par leurs deux nounous préférées. La suissesse n’avait pas manquée de tenter de créer une sorte de bulle de tendresse au sein de leur appartement, afin que les jumelles n’y trouvent que plus aisément leur rythme, mais une fois que les deux mois furent passés et que Gabriel dû partir pour son reportage, Elvia se surprit à peiner à reproduire la bulle en son absence. Elle manquait de sommeil, était la victime d’une petite déprime qu’elle ne voulait pas expliquer et si elle donnait toute son attention à ses filles et à l’échange de mails dont ils avaient parlé avec son ours royal deux mois plus tôt, elle était bien loin d’imaginer que sous peu, elle se tiendrait devant la porte de cet enfoiré protocolaire ayant pris la décision de voler ses deux bébés afin de ne les élever lui-même, dans le plus grand respect des règles génoviennes. Elvia avait cherché ses enfants pendant trois jours et trois nuits dans les immenses rues de New York, suivie de près par Lawrence et Charles-Henri, jusqu’à ce que l’un d’entre eux ne parvienne à trouver leur kidnappeur. « Monsieur JE VOUS SOMME DE ME RENDRE MES FILLES IMMÉDIATEMENT ! » hurla-t-elle premièrement, tambourinant à la porte depuis des heures et des heures sans résultat, à entendre la chair de sa chair pleurer au travers de la porte sans pouvoir les toucher ou les calmer. Ce fut le même cirque des heures durant, jusqu’à ce qu’Elvia ne s’écroule de fatigue devant la porte, refusant de partir sans avoir obtenu gain de cause, toute seule…