Elvia n’avait pas regardé l’heure qui défilait sur le cadran tant elle observait la fenêtre en désespoir de cause. Pour une fois qu’elle n’avaient vraiment rien fait de mal, il avait tout de même fallut que cela parte en cacahuètes. La jolie suissesse était fatiguée de se battre et de ressentir cette culpabilité permanente lui sciant littéralement les entrailles. Ce n’était pas uniquement avec Gabriel, bien évidemment, c’était un sentiment général. A cette simple pensée, elle ferma les yeux pour tenter de reprendre le contrôle d’elle-même avant de ne se boire un autre shooter de Manzana, chose qui lui réchauffa au moins la gorge à défaut de lui réchauffer autre chose. Pas de titillements à l’horizon, Elvia était bien trop en colère, mais quelque part, elle fut également soulagée lorsqu’elle entendit Gabriel gratter légèrement à la porte, s’insultant par la même occasion. Pendant quelques secondes, elle hésita à lui ouvrir, partant du principe que le fait de manger du canapé lui ferait le plus grand bien pour avoir si méchant avec elle, mais la gentillesse d’Elvia était bien sa plus grande faiblesse. Elle déposa son verre sur la première commode qu’elle trouva avant d’ouvrir la porte, de le prendre par le col et de refermer la porte derrière lui avant de froncer les sourcils, essayant de se retenir mais sans grand résultat. « EXPLIQUE ! Explique-moi ce que j’ai fais pour te mettre tellement en colère, pour que tu doutes à ce point du fait que je préfèrerais me jeter du haut d’un pont que de te tromper ! Explique !! » Pourquoi elle se blâmait d’entrée de jeu alors qu’effectivement, elle ne s’estimait pas fautive, mystère et balle de golf. Disons qu’elle s’aplatissait toujours face à tout le monde. Une habitude…

Au moins maintenant elle savait. Elvia n’était pas quelqu’un de colérique mais là, elle ne pouvait pas s’empêcher d’en vouloir à Sullivan parce qu’il avait réussi à lui pourrir la soirée et en prime provoquer une dispute avec Gabriel. Il n’y avait pas l’ombre d’un doute qu’il en était de même chez les Vassilievykh et chez les Wolf, mais ce soir, égoïstement, la jolie suissesse s’en fichait. Savoir qu’elle n’était pas la seule à mesurer toute l’injustice de la scène ne la consolait même pas pendant une seconde. Cela ne l’empêchait pas d’avoir mal parce qu’elle s’était imaginé le pire, tout ça pour une bête histoire de photos ! « Mais Gabriel… j’ai souris sur ces photographies au même titre que tu as déjà fait risette devant les photographes pour plaire à tes sujets ou au public !! Ce n’est que purement marketing, il ne s’est jamais rien passé entre lui et moi, as-tu simplement perdu la tête ?! Mais flûte c’est avec toi que je me suis mariée, c’est toi que j’aime, toi que je touche, avec toi que je fais l’amour, pas avec cet homme qui en plus a passé le plus clair de son temps à lorgner sur ma place de championne des années durant ! Je n’arrive même pas à comprendre… qu’est-ce qu’il faut pour que tu comprennes que je n’aime que toi et que je n’ai pas l’intention de te quitter ? Mais Gabriel sans toi je ne pourrais jamais survivre… » Elvia ne pleurait pas, même si son regard était attristé, heureusement l’alcool dans ses veines atténuait sa colère et sa tristesse. « Moi tout ce que je voulais c’était un ourson… » murmura-t-elle d’une petite voix avant de ne se mettre à genoux à son tour pour mieux s’emparer avec fougue de ses lèvres, comme si elle en avait besoin pour respirer à nouveau… comme si elle était en apnée depuis des heures. Il n’y avait pas de trace de titillement mais qu’importe, rien ne sembla l’empêcher de déchirer littéralement sa chemise.

Un ourson. C’était un désir plutôt inconscient bien qu’elle l’ait évoqué déjà, lors d’une précédente conversation, sans forcément s’en rendre compte. Là, l’alcool désinhibait complètement ses sens, à un point tel qu’Elvia ne contrôlait plus rien et surtout pas son souhait le plus profond du moment. Jamais ô grand jamais elle n’aurait osé massacrer une chemise de Gabriel mais il semblait qu’une sorte de sauvagerie s’extirpait de ses gestes ainsi que de ses baisers, puisqu’elle se faisait lionne sous des dehors d’oursonne fragile et réservée. Après la chemise, ce furent au tour de la ceinture ainsi que du pantalon de Gabriel de voler en éclat, lui permettant ainsi de ceinturer ses hanches de ses cuisses alors qu’elle griffait légèrement son dos, sans y aller de manière extraordinairement brutale mais sa douceur habituelle semblait loin, très loin pour l’instant. « Alors sois à moi Gabriel, à moi et à moi seule, je ne veux pas que qui que ce soit se mette entre nous, je veux te faire l’amour comme jamais afin d’effacer cette soirée, tes doutes, tout ce qui t’a retourné l’esprit… je veux te posséder tout entier ! » s’exclama-t-elle avant de ne lui mordiller la lèvre inférieure pour mieux lui faire un suçon dans le cou, et le faire ensuite tanguer sur le côté pour venir le chevaucher, dévorant littéralement son torse de baisers comme une tigresse affamée. Si Elvia s’était vue à cet instant précis, sûrement se serait-elle fait peur, surtout maintenant qu’elle jouait avec l’élastique du boxer de son époux pour mieux le déchirer à son tour d’un geste à la fois vif et précis, qui lui donna ni plus ni moins accès à sa virilité fièrement dressée qu’elle se mit à titiller de sa langue, avec cruauté et désir mêlés.

Elvia avait soigneusement fait taire sa conscience grâce à l’alcool ingéré, dévoilant ainsi ce secret qu’elle dissimulait habilement depuis qu’elle connaissait Gabriel, puisqu’elle avait toujours été sobre en face de lui : la jolie suissesse était une véritable amazone sans gêne, sans barrière, armée uniquement de sa passion et de son envie. Ce n’était pas tant qu’elle ait énormément bu, puisqu’elle n’avait ingéré en tout et pour tout que trois shooters mais Elvia n’avait rien avalé dans la soirée, et surtout elle n’avait plus l’habitude de boire, donc elle ne tenait plus du tout l’alcool. C’était préférable car cela lui permettait de tenir la distance dans cette étreinte avec son mari en évitant de passer par la case salle de bain pour rendre jusqu’à ses tripes. A la place, elle lui faisait découvrir une délicate torture dont elle n’aurait sûrement jamais été capable en étant sobre. De même, jamais elle n’aurait osé déchirer le moindre vêtement, trouvant le geste beaucoup trop violent… là, on ne la reconnaissait pas mais au moins Elvia se lâchait, disant un gigantesque « J’ACHÈTE » à sa propre libido, à ses désirs les plus enfouis… elle ne craignait ni la réaction de Gabriel ni n’éprouvait de peur. Elvia était libre. « Tes désirs sont des ordres mon amour, tu ne seras pas déçu… je veux te posséder au-delà des mots et te faire l’amour comme si c’était ma raison de vivre ! Je veux que tu sois comblé comme jamais... » La jolie suissesse n’y tenant plus, elle ne manqua pas d’unir leurs deux corps languissants d’un geste habile, chevauchant bientôt Gabriel non sans lui offrir un regard brûlant et dévorant, regard qu’elle n’avait jamais eu sur lui avant aujourd’hui. Quant à ses baisers, alors qu’elle se mouvait sur lui avec une extraordinaire passion, respiraient la fureur et l’envie qu’elle ne retenait que depuis trop longtemps.

De son côté, c’était sûrement le cocktail colère-alcool-peur-sexe qui eut raison de son énergie et la fit rapidement plonger dans un sommeil profond, tandis qu’elle ne se lovait que plus encore entre les bras de son ours. Diable que la nuit passa en un clin d’œil, la réveillant avec un mal de crâne de la taille de l’état de Californie même si Gabriel mettait du cœur à l’ouvrage pour la réveiller en douceurs avec de petits baisers. Exceptionnellement, ce fut elle qui poussa un léger grognement alors qu’elle peinait à ouvrir les yeux, se tourna légèrement pour se placer sur le dos, sa tête demeurant atrocement douloureuse. « Bonjour mon ours… oh mais pourquoi j’ai si mal à la tête ? » se questionna-t-elle personnellement en se massant les tempes tout en s’asseyant progressivement dans le lit, constatant bientôt qu’elle était aussi nue qu’en venant au monde alors qu’elle n’avait même pas souvenir de s’être déshabillée. « Pourquoi je suis nue ? Je dors toujours en… nuisette » fit-elle, ayant du mal à raccrocher les wagons jusqu’à ce qu’elle ne voit la chemise ainsi que le boxer de Gabriel au sol, complètement déchirés. « Je crois que je vais avoir besoin d’un interprète : nous avons fait… mais tu as déchiré toi-même tes vêtements ? » Merde, elle ne se souvenait de rien hormis d’être partie précipitamment de la patinoire parce qu’elle était en colère contre lui pour son manque atroce de confiance. Ah si, son explication lui revenait en mémoire, mais le reste… trou noir complet, c’était une abomination. « J’étais en colère contre toi… Gabriel que s’est-il passé ? »

« Non je ne me souviens de rien après ce que je viens de te dire ! » se défendit-elle aussitôt, bien qu’elle ne manqua pas de frissonner brusquement alors qu’il déposait plusieurs baisers contre son épaule dénudée. Ce n’était pas choquant en soi qu’ils soient nus, après tout ce n’était pas la première fois qu’ils faisaient l’amour et puis ils étaient mariés, c’était même d’une normalité à toute épreuve. Mais ce que lui dit ensuite Gabriel ne manqua pas de faire rougir brutalement Elvia tandis qu’elle le regardait avec des yeux exorbités. « Non, non, non, impossible ! Je n’ai pas pu t’arracher tes vêtements ou te… enfin te sauter dessus Gabriel ça ne me ressemble pas du tout enfin ! Ce n’est pas dieu possible en plus je ne me souviens de rien ! Elle était droguée la Manzana que j’ai bue, je ne vois pas d’autre possibilité… » Mais ce fut pire ensuite. « Comment ça je t’ai demandé de me faire un ourson ?! Oh mais je ne voulais pas que tu te sentes obligé, c’est mon souhait c’est vrai mais je n’osais pas en parler et puis… oh flûte et je ne m’en souviens pas non plus, plus je réfléchis et plus j’ai mal à la tête ! Je t’ai… forcé la main ? » Plus les secondes filaient sur le cadran et plus Elvia avait l’impression de l’avoir littéralement obligé à l’honorer, son dernier discours finissant de l’inquiéter alors qu’elle regardait son torse et son dos avec horreur en voyant des traces de griffures. « Mon dieu mon dieu !!! Mais j’ai dû te faire mal pourquoi tu ne m’as pas arrêtée ?! Oh mon ours si tu savais comme je suis désolée… tu n’as pas trop mal ? Je pensais que ça m’était passé avec le temps mais il s’avère que j’ai l’alcool toujours aussi… débridé. Je te demande pardon mon ours !! Tu m'en veux ? »

Elvia attendit docilement que Gabriel ne revienne avec un verre d’eau et un tube d’aspirine tout en calmant les battements effrénés de son cœur. Sa tête criait au supplice alors qu’elle tentait de se souvenir de cette « sauvagerie » dont elle avait fait preuve la veille mais rien, elle ne se souvenait réellement de rien. Par chance, son ours parvint à la rassurer en quelques mots, lui arrachant un sourire tendre alors qu’elle prenait son aspirine, ne posant le verre qu’ensuite pour mieux rire au fait qu’apparemment, elle lui avait déjà pardonné pour son accès de jalousie de la veille. « Ca, je m’en souvenais mon ours » répliqua-t-elle malicieusement. « Mais quand même, je ne pensais pas m’être transformée en une telle furie… » s’expliqua-t-elle piteusement avant que son regard ne se pose avec horreur sur le réveil, voyant qu’il était dix heures passées et que donc, elle était en retard à son rendez-vous… « C’est l’heure ça ?! Oh dear, j’ai trois heures de retard pour reprendre mon entraînement… enfin mon coaching devrais-je dire plutôt ! Je vais être très vilaine et envoyer un simple message au Monsieur avec qui tu as été fort désagréable pas plus tard qu’hier, je ne suis pas en état pour me rendre à la patinoire et puis il y a quelque chose d’important dont j’aimerais te parler. » Elvia se disait que ce n’était pas non plus le moment pour en remettre une couche et faire joujou avec la jalousie de Gabriel, même si en théorie elle avait pris ce rendez-vous bien avant que Sullivan ait la mauvaise idée de montrer d’anciens clichés de la suissesse tout sourire avec ce fameux patineur. Elle s’occupa donc d’envoyer juste un message avant de ne poser son portable et d’embrasser son ours avec tendresse, lui assurant implicitement qu’elle ne comptait pas quitter le lit tant qu’il ne le ferait pas de son côté… surtout pas alors qu’elle sortait de sa table de nuit un bouquin. « En vérité notre échange de mails quand tu n’étais pas là m’a inspirée si je puis dire, au point que je me suis laissée emporter par ladite inspiration, que j’ai écris un roman et que je suis allée jusqu’à le soumettre à un éditeur… qui l’a tout de suite dévoré et publié. Bien évidemment, j’ai pris un nom d’emprunt parce que déjà que j’ai honte de me dire que c’est moi qui ai écris ces mots… bref. Personne ne sait qu’il s’agit de moi, pas même Morgana, Elvia ou Seraphina. Ceci étant… Dillon l’a déjà acheté et conseillé à Sergeï, Vioryna et Morgana m’en ont fait la confidence. Je voudrais que tu le lises… et si tu veux je pourrais te le dédicacer. » Bon peut-être qu’il allait déchanter en sachant de quoi parlait le roman, m’enfin… « J’espère que tu n’auras pas honte de ta femme… »

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Elvia ne s’attendait pas à une telle réaction de la part de Gabriel et encore moins à ce qu’il ait lu le bouquin qu’elle avait récemment fait publier. Elle éclata de rire en le voyant se mettre à danser complètement nu – non sans avoir vérifié au préalable que les rideaux étaient tirés comme il faut sinon, bonjour le vis-à-vis pour les voisins ! Pour l’instant, la jolie suissesse n’osait pas le couper dans son entrain particulièrement vif, même si elle devait admettre que cela la flattait, qu’elle en ressentait une sorte de fierté indescriptible et se félicitait même d’avoir eu l’audace d’écrire un tel bouquin, elle dont la timidité n’était plus à décrire et qui rougissait à vue d’œil face aux paroles de son tendre ours royal. « Je ne pensais pas que tu l’avais lu et que tu auras… autant aimé, bien qu’apparemment tu ne sois pas le seul ! Mais oui, je me suis inspirée de nos missives et de mon imagination. J’ai un peu honte j’avoue mais tu me connais… il ne serait pas normal que cela ne me gêne pas ! Il est possible que tes amis te considère comme quelqu’un de très chanceux mais tu pourras les rassurer, mon éditeur m’a fait un contrat très alléchant et l’opus suivant est en cours d’écriture » l’informa-t-elle avant de ne se trouver plaquée contre le matelas et d’entendre le compliment le plus touchant qu’il lui ait fait aujourd’hui. Elle fut la première à lui rendre ses baisers, n’hésitant pas non plus à laisser échapper un petit rire face à la fougue dont il faisait preuve, surtout maintenant qu’il savait. « Serait-ce que tu veuilles me faire à nouveau un ourson sans même que l’on n’ait eu le résultat de notre étreinte ? En fait mon ours, je me cherchais un plan b parce que je sentais que le fait de coacher des patineurs finirait par être un obstacle entre nous. Je ne mérite sûrement pas un prix pour mes écrits mais je ne suis pas si mauvaise que ça puisque mon livre se vend comme des petits pains ! »

Elvia émit un petit sourire tendre tout en penchant la tête sur le côté alors qu’elle ne pouvait qu’imaginer le contrôle et les concessions que cela demandait à Gabriel d’en venir à lui dire toutes ces choses. Mais le fait est que si le patinage avait comblé sa vie d’une certaine manière pendant de nombreuses années, et qu’elle resterait probablement la patineuse olympique la plus en vogue de cette dernière décennie, son quotidien était autre maintenant et il n’était pas question de passer à las sa nouvelle vie de famille ainsi que son mariage pour un ancien rêve alors qu’elle n’avait plus réellement envie de courir après. « Mais je n’ai pas réellement envie de coacher qui que ce soit, à vrai dire… le patinage, à moins que l’on ne le fasse en duo avec un professionnel, c’est une histoire assez personnelle, individuelle. Peut-être suis-je égoïste en disant ça mais je rendais service à Brandon, par gentillesse plus que par envie. Je continuerai très certainement à m’entraîner de temps à autre, pour mon plaisir, mais les compétitions font partie de mon ancienne vie. Je ne veux pas passer à côté de toi ou des jumelles et je veux aussi montrer que je ne suis pas uniquement capable de me trémousser sur la glace avec des patins et une tenue affriolante… je suis autre chose. » Pour un peu, on aurait presque pu dire que la jolie suissesse avait considérablement mûri pendant ces derniers semaines, et que la naissance de Kathryn et Cassandra avait complètement changé sa vision de l’existence. De quoi rassurer Gabriel : il n’était plus question de coacher quelque permanenté que ce soit ! « A vrai dire je me plais à croire que je suis surtout douée pour titiller l’imagination des gens, à commencer par un ours de ma connaissance mais aussi de notre groupe d’amis respectif… mais mon éditeur m’a effectivement commandé un deuxième bouquin, et aujourd’hui, j’ai pour mission de m’y remettre sérieusement même si je t’avoue que c’est assez ignoble parce que ça titille mon imagination aussi forcément mais aussi mes titillements » avoua-t-elle, non sans rougir de façon très nettement visible. « Mais Gabriel je m’amuse ! Et je me sens plus à l’aise avec tout ça… je crois que je n’aurais jamais pu te faire ce que je t’ai fais hier. A vrai dire… je t’ai un peu menti tout à l’heure et ne t’inquiète de rien j’ai honte mais je sais à peu près ce que je t’ai fait. Rien que d’y penser… bref. Serait-ce que tu me fais des avances même si cela se trouve, un petit ourson est actuellement en fabrication ? » Elvia éclata d’un petit rire de souris avant de ne s’emparer fougueusement des lèvres de son ours adoré. Si cela l’éclatait la paternité, il n’avait pas de souci à se faire : la maternité avait embelli considérablement sa vie.

Gabriel avait réussi à gagner une nouvelle chose : le rire d’Elvia. Celle-ci ne manqua pas de rire à nouveau alors qu’il énonçait de façon faussement innocente devoir lui refaire l’amour « au cas où » leur première fois particulièrement épique n’aurait pas marché. Cette fois-ci, bien que ses rougissements ne soient cependant jamais loin, la jolie suissesse arqua un sourcil de surprise et de défi en même temps, comme s’il s’agissait d’une façon tacite de dire « même pas peur d’abord ». « En effet, nous ne sommes jamais trop prudent et lorsqu’il s’agit de faire un ourson, on devrait même dire jamais deux sans trois » s’amusa-t-elle à rajouter car Elvia ne connaissait que trop bien et son mari, et ses titillements, autant prévoir large, surtout qu’il venait d’évoquer la fameuse page quarante-sept dont Morgana lui avait rebattu les oreilles sans discontinuer depuis qu’elle avait dévoré le bouquin. Ce n’était pas la page la plus illustre pour tout le monde, mais sans savoir pourquoi, la jolie suissesse aurait pu parier les yeux fermés qu’il s’agirait de la préférée de son ours royal préféré. En fait si, elle savait très bien pourquoi, mais comme à son habitude, elle faisait toujours preuve d’autant de retenue et de raison… contrairement à Gabriel. « Page quarante sept, n’est-ce pas ? Je vais tout de même me permettre de te donner la clef de mon inspiration pour cette fameuse page : à vrai dire, tu étais en plein discours à la Cour de Genovia, et j’ai été subitement prise d’un titillement. Plutôt inconfortable vu la foule qui nous entouraient, et pourtant, j’ai réussi à m’éclipser avec discrétion pour partir dans le premier placard à balais que j’ai trouvé sur mon passage. Six titillements d’à filée… et la pièce était tellement petite que je me suis retrouvée dans la position décrite page quarante-sept pour maintenir la porte fermée. J’espère que je n’ai pas cassé le mythe et que tu auras quand même envie parce que je sens… enfin… titillement qui monte ! »

« Un millier de fois ? Pour sûr, il y aura forcément un moment où cela va marcher mais je ne suis pas certaine que ce soit utile d’aller jusque là… » nota Elvia avec amusement avant de ne perdre tout sourire face au discours on ne peut plus sérieux de Gabriel qui lui arracha un petit gloups silencieux. Merde, il lui en voulait vraiment ? Mais à sa décharge, il savait très bien comment elle était en cas de titillement, elle ne contrôlait rien du tout, et déjà que cela la gênait dans l’environnement privé, alors en public… il ne fallait même pas l’imaginer ! « Tu es en colère parce que je n’ai pas assister à la fin ? Enfin j’étais là à la toute fin, tu ne t’es même pas aperçu de mon absence… tu aurais préféré que je crie de plaisir devant une telle assemblée et que tout le monde en profite ? Je ne suis pas égoïste… » marmonna-t-elle, au comble de la gêne, ses joues prêtes à exploser. Mais c’était sans compter sur Gabriel, cabotin jusqu’au bout des ongles vu qu’il éclata de rire dans la seconde qui suivit, lui arrachant un froncement de sourcils. « Tu es un monstre Gabriel Renaldi, c’est inhumain de faire paniquer sa femme, tu mériterais d’être privé de titillement ! » Bon Elvia n’était pas certaine de tenir plus de deux minutes surtout avec un titillement qui monte, mais par principe, elle demeura quelques instants froide une moue désapprobatrice s’était emparée de ses traits, même alors qu’il revenait vers elle avec l’idée bien arrêtée de lui donner matière à écrire. « Tu mériterais que j’aille dans un placard à balais pour mieux titiller mon imagination en plus que d’être en plein titillement ! » rétorqua-t-elle sans méchanceté, juste pour marquer le coup parce qu’elle avait réellement balisé.

« Mais chéri voyons, j’irai faire une prise de sang après pour être sûre ! A moins que tu ne me sortes aussi que la prise de sang, c’est du « made in China » ? » Elvia afficha un sourire hautement amusé car quoi qu’elle puisse avancer comme argument, Gabriel aurait toujours réponse à tout. C’était sa marque de fabrique, après tout, elle ne pouvait guère le lui enlever ! Voilà pourquoi, en théorie, elle n’était même pas décidée à protester davantage avant de n’être douchée par un humour somme toute douteux qui lui arracha une petite vexation passagère. Mais même pour cela, il faut croire que son ours royal avait réponse à tout… « Gabriel je n’ai pas parlé de sextoy !! Mais je ne vois pas pourquoi toi tu aurais droit de faire de l’humour sadique et que moi je n’aurais pas de moyen de pression aussi, flûte ! » Hélas, à peine le prince de Genovia l’eut-il bloquée contre son corps aux muscles saillants que déjà, ses défenses s’amoindrissaient, tout comme la petite rancune qui teintait ses traits jusqu’à lors. Décidément, il avait un effet plus que puissant au moindre effleurement, ce qui rendait toute résistance complètement futile. « Mon ours tu es démoniaque » furent les derniers mots de la résistance avant qu’Elvia ne s’abandonne à un baiser presque furieux, que Gabriel avait provoqué à force de ne dévorer littéralement son corps frêle et tremblant sous les titillements à l’aide de ses lèvres si habiles. Oubliée, la vexation provoquée par son humour de chiotte, la jolie suissesse était prête à exploser et avait même ceinturé les hanches de son mari à l’aide de ses cuisses musclées comme pour lui faire passer le message, avant de ne renverser les rôles, Elvia mettant à exécution ce qu’elle avait écrit dans son livre, jusqu’à même s’occuper de sa virilité avec une attention on ne peut plus marquée. « Chéri, je veux que tu me donnes l’inspiration ! » Voilà qui devrait lui plaire…

« J’ai essayé de faire pression sur toi mais même lorsque je dis que je vais te priver de titillements tu trouves encore le moyen de t’en sortir avec une pirouette… tu as un effet dévastateur sur moi par moment, tu es au courant au moins ? Je ne suis pas sûre d’être celle qui puisse faire tout ce qu’elle veut de l’autre dans notre mariage ! » Mais Elvia n’en n’était pas choquée pour trois sous, bien au contraire. Son histoire avec Gabriel était son conte de fées personnel et elle ne l’échangerait pour rien au monde. Mieux, elle voulait que même dans des années, son ours royal ait toujours envie de se repaître de ses titillements ou de lui donner l’inspiration qu’il ne manqua pas de lui donner durant tout le temps que dura leur étreinte. Ainsi, une fois qu’elle fut au creux de ses bras, à déposer de petits baisers contre son torse puissant, l’inspiration ne manqua pas de lui venir par grandes vagues et c’est avec maîtrise qu’elle se retenait de ne se ruer sur son ordinateur pour tout écrire d’un coup. « Tu m’inspires mon ours n’aie aucune crainte là-dessus mais garde tes idées dans un coin de ton esprit, je m’en voudrais que tu sois épuisé ! Tu m’excuses une seconde ? » fit-elle alors qu’elle chipait le drap pour s’enrouler dedans et se ruer effectivement sur son ordinateur pour écrire quelques phrases à la vitesse de l’éclair, Elvia connaissant extrêmement bien son clavier et n’ayant aucun mal à ne regarder que l’écran, jamais ses mains. Mais bientôt, elle balança sa tête en arrière, adoptant une position à la fois étrange et sexy sur sa chaise tout en poussant un petit gémissement. « Ouf, j’ai réussi à contrôler ! Tu n’imagines pas combien de fois je manque de devenir folle par mes titillements rien qu’en écrivant mon ours » fit-elle en se redressant pour continuer son écriture folle.