« C’est bien Birdie… Laisse-toi emporter par la mélodie. » Les yeux fermés, les deux mains tendues en avant, ses doigts touchant les touches monochromes de l’instrument, la jeune femme reproduisait une musique de Chopin. Bougeant légèrement du buste, elle voyageait toujours au travers des sons qu’elle créant, se laissant bercer et toucher. Les encouragements d’Oscar, son voisin et mentor étaient toujours les bienvenues. Elle aimait jouer en sa présence, ne se cachant pas de parfois laisser quelques billes salées glisser sur ses joues. Alors que les dernières notes résonnaient dans la pièce, les mains encore suspendues en l’air, la jeune femme détourna son regard sur son mentor. « Alors ? Vous pensez que je pourrais jouer celle-ci ? » Il eut un sourire, venant s’installer sur le banc à ses côtés et glissant un bras autour de ses épaules. « Je pense que tu peux tout jouer Birdie. Choisis celle qui t’inspire, qui te parle le plus et… envole-toi. » Posant sa tête contre lui, la jeune fille eut un soupir. Elle resta encore quelques heures auprès d’Oscar avant de descendre chez elle. Elle troqua ses vêtements contre un short en jean et un débardeur qui mettait plus en valeur ses formes. Ses deux mères étaient au théâtre ce soir, elle avait donc quartier libre pour la soirée. Rien de mieux que d’aller s’offrir un voyage de plénitude, d’essayer de se décoincer un brin. Elle connaissait les bonnes personnes qui lui donnaient ce qu’il fallait. Elle rejoignit donc deux junkies qui lui tendirent immédiatement un joint. La jeune Birdie prit le cône et tira dessus longuement, jusqu’à ressentir les effets. Deux heures plus tard, ils étaient tous assis à Central Park, s’esclaffant pour tout et n’importe quoi, enchaînant les joints. Les idées de Birdie étaient complètement confuses, elle ne savait pas vraiment où elle était. Elle se sentait juste libre, comme si ce soir, elle était capable de tout faire. L’un proposa d’aller s’incruster dans une soirée branchée, l’autre d’aller dans une soirée à Brooklyn où il y aurait bien plus fort que des joints. Le moins dangereux restait cette soirée branchée, encore fallait-il réussir à entrer. « Allez Birdie… Montre-nous un peu ce que tu vaux. Tu vas dans la soirée et tu ramènes un objet, n’importe quoi. Go ! » Sans les effluves de la drogue douce, la jeune femme n’aurait jamais accepté, mais là, elle était avantagée et surtout complètement dans les vapes. « Okay… Un seul objet et je reviens. » Le sourire aux lèvres, la jeune fille se recoiffa avant de rentrer dans le bâtiment en apparence très riche. Un tour de main, quelques mensonges bien placés et les portes du grand appartement s’ouvraient à elle. Diverses personnes, tous biens habillés. La jeune femme se sentit affreusement pauvre face à cette avalanche de robes de soirée ultra-chic. Se grattant la nuque, mal à l’aise, la jeune fille chercha du regard un objet qu’elle pouvait prendre sans trop de valeur. Elle n’était pas non plus une voleuse. Peut-être qu’une bouteille de champagne, cela ne se remarquerait pas. S’approchant du buffet discrètement, elle soupira lorsqu’un serveur vint se placer derrière. « Flûte… » Ses yeux azur cherchèrent alors dans la pièce quelque chose qu’elle pourrait prendre. Son regard fut attiré par le grand piano, un sourire sur les lèvres. Elle ne faisait même pas attention au fait que sa tenue faisait déluré à côté de tous les autres. Et en particulier avec la maîtresse de maison. Prenant une grande inspiration, elle s’approcha du bar pour attendre un moment d’inattention afin qu’elle puisse prendre cette bouteille de champagne. C’était sans compter sur sa maladresse maladive. Elle se prit les pieds dans la traîne d’une robe et s’étala complètement sur le sol. Si elle avait tenté d’être discrète à son arrivée, malgré ses vêtements, maintenant c’était loupé. Se relevant, le visage rouge de honte, elle s’empressa d’aller au bar. Le serveur lui demanda ce qu’elle voulait et alors qu’il se retournait pour la servir, Birdie prit la bouteille de champagne et la cacha de façon à ce que personne ne la remarque. Sourire gêné en place, maintenant elle devait traverser la pièce sans montrer son crime. Elle fit deux pas en avant lorsqu’une silhouette l’arrêta et elle redressa le regard vers une magnifique femme blonde. « Euh… bonsoir… »