Le front posé sur la fenêtre froide, je regardai la pluie qui tombait doucement sur la grosse pomme. J'avais un peu froid, comme si la fraîcheur de l'extérieur parvenait à me pénétrer les os, malgré la fenêtre. Ou alors, j'étais juste effrayé. Parfois, ça m'arrivait d'avoir peur, sans raison apparente. Je pensais beaucoup trop, ça me rendait dingue. Je détestais les fêtes de fin d'années. À chaque fois, c'était la même chose : les réveillons, je m'invitais à une fête où j'essayai de me défoncer un max pour oublier ce qui se passerait le lendemain. Chez moi, se défoncer est quelque chose de compliqué, car je n'avais pas le droit de boire à cause de mes problèmes rénaux et que je tenais très bien la drogue. Et puis, le jour de Noël ou le premier de l'an, je passai la journée à regarder des navets à la télé en mangeant des oeufs et des bûches, des tas de bûches. Depuis que ma soeur était partie je ne sais où, les vacances de décembre étaient un moment terrible. Je n'étais pas du genre à me plaindre et la plupart du temps, j'évitai de penser que j'étais vraiment seul. Mais au moment des fêtes, quand tout ceux que je connais passe de bons moments avec leur famille, moi je suis seul dans mon petit appartement. Ma tante ne m'invite jamais à festoyer avec elle, vu qu'elle invite déjà toute la famille de son mari. De toute façon, même si elle m'aurait demandé, je ne serais pas venu.

Je me levai et m'affalai comme un cachalot qui s'échoue sur la plage sur mon canapé. Le Seigneur des Anneaux tournait depuis la veille, en boucle, sur ma petite télé. Je jetai un rapide coup d'oeil sur ma montre. Il était l'heure d'aller en cours, malheureusement ou heureusement, je n'en savais trop rien. Je n'aimais pas trop les cours, mais comme ça, ça m'éviterait de trop penser et de faire une crise d'angoisse ou quelque chose comme ça. J'en avais fait trois durant les vacances, c'était horrible. J'attrapai mon sac Eastpack. Il était vide, contenant juste des feuilles et deux ou trois styles qui se battaient en duel. J'avais un cours commun criminologie-médecine, en gros, médecine légale quoi. Je ne savais pas trop pourquoi j'avais pris ça; je devais avoir fumé un truc pas net ce jour-là. M'enfin bon, ça me gênait pas, j'aimais bien ce genre de chose. Ça m'intéressait, les meurtres, et savoir comment les résoudre par des preuves médico-légales, c'était fascinant. En chemin, je fumai une cigarette histoire de me détendre. J'étais trop stressé, j'aimais pas ça.

J'arrivai enfin dans la salle. Je n'étais pas en retard, mais presque tout le monde était installé. Je savais pas vraiment où me mettre; mes "amis" n'étaient pas là, sûrement occuper à déssoûler. Je repérai une fille brune, qui était plutôt mignonne. Elle paraissait gentille, enfin, pas du genre casse-pieds qui parle toute l'heure durant de sa manucure ou de son petit-ami relou. Pas chiante, quoi. Je descendis les marches de l'amphi jusqu'à elle et posai mon sac sur la tête, juste à côté d'elle. Elle me regarda sans broncher, alors je posai mes fesses sur le siège. Elle n'attendait sûrement pas quelqu'un. « Salut. » fis-je simplement, d'une voix terne. Je sortis une feuille et un stylo, puis j'attendis que le cours commence. Il ne commença pas et elle me regardait du coin de l'oeil. Elle semblait à peu troublée, ou agaçée, enfin quelque chose comme ça. Je la regardai bien droit dans les yeux et déclarai d'un ton très sérieux : « Je m'appelle Timéo, et si tu veux tout savoir, je suis tueur en série. Je viens ici pour voir ce qu'il faut pas je fasse. Pour pas me faire coincer, tu vois. » Puis je commençai à griffonner sur ma feuille, l'air de rien. C'était tout moi; pince sans rire, complètement con, et un peu bizarre aussi.

« Salut. » « Salut » répondit-elle par automatisme, se demandant ce que ce salut voulait bien vouloir dire et ce qui voulait. Si elle était un tantinet méfiante c’était sans doute parce que son père travaillait au F.B.I., sa mère à la C.I.A et que son parrain était garde du corps. Quand on grandit avec une famille pareille on apprend à être suspicieux. Aussi Kennedy ne pût s’empêcher de le regarder, attendant qu’il se passe un truc. Il finit par reprendre la parole. « Je m'appelle Timéo, et si tu veux tout savoir, je suis tueur en série. Je viens ici pour voir ce qu'il faut pas je fasse. Pour pas me faire coincer, tu vois. » Kennedy éclata de rire ne s’étant pas attendu à ça et tout de suite se détendit, amuser. « Aaaaaah c’est donc toi qui a étranglé toute ses pauvres innocentes ! » répondit-elle avec un faux sérieux en réponse à son sarcasme. « Kennedy, Détective privée » dit-elle en se présentant à son tour. Si Timéo avait fait de l’humour en disant qu’il était tueur en série, Kenny, elle, était réellement détective privée ! Agée d’à peine vingt et un an la Canadienne pouvait se vanter de posséder sa propre agence. Bon pour éviter que son policier de père bien trop protecteur ne fasse une attaque, elle avait prit pour associer son garde du corps de parrain – Javier Del Toro - mais elle se débrouillait très bien toute seule. Kerrigan’s Investigation avait pas mal de client et même si la demoiselle ne roulait pas sur l’or, cela lui faisait un bon petit revenu.

« Désolé mais ce cour ne te sera d’aucune utilité. Tu ferais mieux d’avouer tout de suite tes crimes avant que je ne décide de te jeter en prison » répondit-elle avec un sourire, toujours avec humour. Si la motivation de Kenny était de 3 sur 10 à son entrée dans l’amphithéâtre, la barre était doucement en train de remonter. Son voisin qu’elle ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam avait au moins le mérite de la distraire. Par curiosité elle jeta un coup d’œil à Owen histoire de savoir si son histoire avec Sarah était en progrès et c’est sans surprise aucune qu’elle constata qu’il était invisible au yeux de la belle brune. Ensuite elle concentra de nouveau son attention sur son voisin qui griffonna quelque chose sur un bout de papier. La curiosité était l’un des plus grands défauts de la Kerrigan et elle aurait bien aimé savoir de quoi il s’agissait mais elle ne posa aucune question. « Promis, je le dirais à personne » rajouta-t-elle avec malice, de nouveau avec un sourire.

Je ne voulais pas forcément créer un lien avec elle. Certes, elle était mignonne et tout, mais non. J'étais un solitaire et à part quelques exceptions comme Nastazia ou Hayden, je n'avais pas vraiment d'amis. Je ne reverrais jamais cette fille et de toute manière, je me fiche un peu d'elle. Si je m'étais assis à ses côtés, c'était uniquement parce qu'elle ne semblait pas embêtante et plutôt intelligente, et si je lui avais adressé la parole (qui était plutôt crue, il fallait l'admettre) c'était simplement pour lui montrer que j'aimais le mutisme, que je ne cherchais pas forcément le dialogue et que je n'aimais pas non plus qu'on me regarde avec insistance. Et aussi parce que j'aime bien sortir des répliques qui mettent les gens mal à l'aise. Après, ils se disent : "quel garçon étrange, mieux vaut l'éviter" et ils me fichent la paix. Mais ce ne fut pas le cas de ma voisine. « Aaaaaah c’est donc toi qui a étranglé toute ses pauvres innocentes ! » Je levai un sourcil surpris. Je pensais que comme tout le monde, elle me trouverait trop bizarre. Mais non, elle m'adressait carrément la parole et ce n'était pas pour m'insulter !

« Kennedy, Détective privée » Hum, intéressant. Kennedy -puisque c'était son nom- utilisait, comme moi, le sarcasme et l'auto-dérision. Intéressant, vraiment. Je fis un semblant de sourire. « Enchanté, mademoiselle Holmes » déclarai-je d'un ton plus léger que précédemment. Finalement, je m'amuserai peut-être bien avec elle. Kennedy semblait différente de ces pimbêches qui ne comprennent rien à mon humour assez.. spécial. « Désolé mais ce cour ne te sera d’aucune utilité. Tu ferais mieux d’avouer tout de suite tes crimes avant que je ne décide de te jeter en prison » souris-t-elle. Je souris moi aussi. Décidément, ce cours ne s'annonçait pas si désagréable. « Promis, je le dirais à personne » Soudain, j'arrêtai de sourire, soudainement sérieux. Je croisai mes mains sur la table et fermai les yeux. « Ma mère, j'ai pêché. » fis-je en soupirant. « La mort de Bob l'éponge, c'était moi. J'ai plusieurs fois aidé Chippeur a voler Dora. » Je mimai un sanglot. « Et un peu moins grave, hier soir, j'ai kidnappé une fille, et comme je ne sais pas trop qu'en faire, je viens ici » Puis, je décroisai mes mains, lui lançai un coup d'oeil complice et posai mon regard sur le prof, qui commençait à griffonner des trucs au tableau.

Un sourire s’étira sur les lèvres de Kennedy. Etre comparé au célèbre détective était sans nul doute un compliment et beaucoup plus agréable pour elle qu’un banal et ridicule « tu es jolie » ou autre stupidité du genre. La Canadienne était une grande accro de la série télé Véronica Mars et Sherlock ne venait donc qu’en position 2 dans son top 3 des meilleures détectives mais il restait néanmoins dans son cœur. Sans compter que la magnifique prestation de Robert Dewey junior l’avait remis au gout du jour. Quoiqu’il en soit le garçon avait oser s’assoir à côté d’elle avait l’air sympa. Si on ommettait le fait qu’à leur âge il était difficile de s’assoir à côté de quelqu’un sans que l’autre pense qu’on ait des arrières penser, il était rare qu’un inconnu l’approche à cause de ses parents. La réputation de Kennedy à Columbia n’était plus à faire. Quand vos deux parent sont flics ça à vite fait de faire le tour de l’école…

Kenny s’amusait plutôt bien à essayer de faire avouer Timeö des crimes qui n’existait pas, comme une enfant. Ma mère, j'ai pêché. » La Canadienne porta sa main à sa bouche pour étouffer son rire et éviter que tous les élèves ne se retournent vers eux pour savoir ce qu’étais que tout ce bruit. « La mort de Bob l'éponge, c'était moi. J'ai plusieurs fois aidé Chippeur à voler Dora. » Kennedy trouva sa réplique tout simplement excellente. Il avait un humour qui ressemblait au sien plein d’ironie et de sarcasme. Adorant leur petit jeu, elle s’empressa d’affichait un ô avec ses lèvres, prenant un air des plus choquait, écarquillant les yeux d’horreur, laissant échapper un « Comment as-tu osé ? » accusateur, se contrôlant pour rester sérieuse. « Et un peu moins grave, hier soir, j'ai kidnappé une fille, et comme je ne sais pas trop qu'en faire, je viens ici » « Silver McCall ? C’est donc TOI qui déteins cette pauvre innocente ! » Dit-elle en continuant de faire semblant. Toutefois Silver existé pour de vrai. L’un de ses clients avait chargé l’agence Kennedy’s Investigation de la retrouver. L’étudiante leva les yeux vers le tableau avec une motivation modéré. Elle adressa ensuite un regard à Timéo. « J’accepte de te couvrir si tu trouve un moyen t’interrompre ce cour » dit-elle à moitié sérieuse sur un ton de défi, un sourire malicieux sur les lèvres.

Je devais bien l'admettre, j'avais un humour un peu particulier et beaucoup de gens ne l'aimaient pas. Ce que je pouvais tout à fait comprendre, car je devais vraiment être agaçant. Mais je l'assumais parfaitement. Je n'avais pas envie de plaire aux gens, je voulais juste qu'ils me fichent la paix. Kennedy semblait apprécier mon humour si bizarre, vu qu'elle se retenait pour ne pas exploser de rire à chacun de mes remarques. Je ne pensais pas être si drôle ! Elle devait avoir, comme moi, un humour plein d'ironie, de sarcasme et surtout, de débilité profonde. Car même si j'étais un garçon intelligent -fac de médecine, ce n'est pas donné à tout le monde- je savais très bien faire l'imbécile, dixit toutes ces conneries que j'ai bien pu faire avec Basile ou Hayden. Ma plus grosse bêtise fut, je crois bien, à l'époque où je travaillais au Starbucks. J'avais dix-sept ans à l'époque, j'étais encore au lycée mais comme mon père était déjà en taule et que ma mère était partie, je devais bien subvenir à mes besoins ainsi qu'à ceux de ma soeur. Pour moi, le lycée était gratuit mais pour Sara, les études d'architecture était payante. Un soir pendant que j'étais de service avec un autre mec aussi timbré que moi, nous avions répandu dans tout le Starbucks une tonne de crème, de glace et de chantilly en tout genre. Le lendemain, on s'est fait virés, mais c'était trop bon, et dans les deux sens du terme !

« Comment as-tu osé ? » me chuchota-t-elle d'un ton faussement accusateur après que je lui ait révélé le meurtre de ce cher Bob l'éponge. Je n'en n'étais pas très fier, il fallait l'avouer. Son cadavre d'éponge jaune tâché de sang m'hante encore la nuit. Oui, je suis un garçon très bizarre et je l'assume totalement. « Silver McCall ? C’est donc TOI qui déteins cette pauvre innocente ! » Je levai les yeux aux ciels, amusé par ce qu'elle venait de me dire. "Oh, peut-être. J'étais tellement occupé à la kidnapper que nous n'avons pas eu le temps de faire les présentations, à vrai dire" commentai-je en faisant un geste vague de la main.
« J’accepte de te couvrir si tu trouve un moyen t’interrompre ce cour » Aha, c'était un défi ? Ça y ressemblait fortement en effet. Elle ne savait pas à qui elle avait à faire. J'hochai la tête en souriant. Enfin un peu d'action ! Discrètement, je prenais une feuille que je froissai de façon à former une belle boulette. J'attendis un peu, et quand le prof se retourna, je lançais de toutes mes forces la boulette à travers l'amphi en direction du tableau.

Mon coup fut parfait; la boulette toucha l'épaule du prof, qui se retourna immédiatement et lança un regard suspect à travers tout l'amphi, un regard qui en disait long sur les manières dont il torturerait le lanceur mystérieux. Aussi, je levai la main et sans attendre son accord, je me mis à clamer dans toute la salle : "Monsieur, ces cours de criminologie ne sont peut-être pas une bonne idée, vous savez. A force d'apprendre à combattre le crime, vous formez sans le savoir des tueurs. Vous leur apprenez comment contrer les forces de police. Par exemple, vous venez d'être victime d'une tentative de meurtre à la boulette de papier. Par quelqu'un de cet amphi. Vous avez eu beaucoup de chance, cette fois-ci. Soyez plus vigilant, et méditez mes paroles." Tous les étudiants se retournèrent vers moi, mais la plupart me connaissaient déjà et savait très bien que j'étais un mec bizarre qui aimait foutre le bordel en cours. "Et si vous ne vous sentez pas capable d'empêcher ces meurtres à la boulette, allez plutôt organiser un flash-mob Gangnam Style ou vous achetez des nouilles chez le chinois d'en face. Vous ferez plaisir à des gens" rajoutai-je pour donner une touche d'humour à mon discours. Le prof fut très en colère, hurla quelques grossiéretés à mon égard, puis recommença son cours.

Je me tournai vers Kennedy et lui sourit. "C'est un prof vraiment intrépide, à sa place, j'aurais été acheter des nouilles. Elles sont excellentes" Je rigolai doucement; je venais de faire fort, là. "Vous allez me couvrir, mademoiselle Holmes ? Était-ce assez ?"

Un sourire apparut sur les lèvres de Kennedy tandis que Timéo lançait une boule de papier sur le prof. Waw ! Il n’y avait à dire ce garçon avait du cran, de l’audace et cela ne pouvait que captait l’attention de la détective toujours en proie à trouver un truc excitant à faire, qui sorte un peu de l’ordinaire. Kennedy était elle-même très courageuse mais elle ne connaissait pas beaucoup de garçon qui aurait fait ce que faisait Timéo. Et encore elle n’avait pas tout vu ! L’étudiant se releva et prit la parole avec aplomb, sous les yeux impressionnés de Kennedy. Alors que la moitié de la salle regardait Timéo comme s’il était le dernier des crétin, Kenny elle, s’empêcher de rire, amusait. Il finit par se rassoir et lui adressa un regard. « C'est un prof vraiment intrépide, à sa place, j'aurais été acheté des nouilles. Elles sont excellentes » « Je te crois sur parole. Je ne les ai jamais goutés. » Dit-elle simplement. « Vous allez me couvrir, mademoiselle Holmes ? Était-ce assez ? » « Pas vraiment mais je ferais avec ! » Lui répondit-elle avec ironie, faisant preuve d’une fausse sévérité avant d’afficher un grand sourire. « Viens ! » lui dit-elle avant d’attraper sa main pour le trainer en dehors de l’amphithéâtre, mettant son sac en bandoulière sur ses épaules. Son livre de cour resta sur le bureau, peu importe… Kennedy avait un petit air malicieux et enfantin sur le visage, du mystère dans les yeux. Elle se retrouva avec Timéo dans le couloir sans vraiment réfléchir à se qu’elle faisait et lui lâcha la main. « Tu m’a donné faim avec tes nouilles. » se justifia-t-elle en sentant le regard interrogateur du jeune homme sur elle. De nouveau un sourire sur les lèvres, elle ne pût s’empêcher de le trouvait charmant. Alors sans réfléchir elle se hissa sur la pointe des pieds et posa ses lèvres sur les siennes…

Je crois que ma "blague" avait beaucoup impressionné Kennedy, vu que depuis le début de mon discours, elle était à la fois étonnée et morte de rire. Je ne savais même pas d'où je sortais toutes les choses que j'avais dites. Sûrement d'un recoin sombre et regorgeant de stupidité de mon cerveau. J'étais un garçon intelligent mais parfois, j'avais sérieusement l'impression d'avoir deux ans d'âge mental et d'avoir le même niveau d'intelligence qu'une otarie. Enfin, comme disait je ne sais plus quel homme : "Ce qui est bien quand on est intelligent, c'est qu'on peut faire le con. Parce que l'inverse, c'est compliqué." Il me semble que c'est un humoriste français. Bref.

« Pas vraiment mais je ferais avec ! » me répondit-elle avec ironie quand je lui demandais si elle accepterait de me couvrir. J'imitai un instant le garçon en pleur qui implorait son aide, quand elle m'attrapa la main et commençai à me tirer hors de ma chaise. D'une main, j'attrapai mon vieux sac Eastpack et mon stylo -ce n'était qu'un bic mais je ne tenais pas à le laisser seul au milieu de tous ces élèves- et lui suivi sans hésiter. Le prof était tellement absorbé par ce qu'il racontait (l'arrestation de Jack l'Éventreur, qu'il qualifiait de "première réelle enquête de l'Histoire") qu'il ne remarqua même pas que nous étions en train de quitter l'amphi. Je n'avais pas mis deux secondes pour comprendre ce que faisait Kennedy; on quittait la salle, un point c'est tout. Ce cours paraissait passionnant -ou pas-, mais passer un moment en dehors de quatre murs avec ma nouvelle camarade semblait beaucoup plus intéressant. Arrivés dehors, elle me lâcha la main. « Tu m’a donné faim avec tes nouilles. »

Ah, c'était les nouilles. Tant mieux, j'avais moi aussi faim et ces nouilles étaient vraiment délicieuses, je n'avais pas menti. J'allai lui prendre la main pour l'emmener à ce restaurant -je crois qu'elle aimait bien ça, j'avais remarqué qu'elle était très tactile- quand elle m'embrassa. Je m'attendais vraiment pas à ça, mais bon, je la laissais faire. Elle n'était pas désagréable à regarder, et puis, je n'étais pas en couple. Elle non plus, apparemment; pourtant, je l'avais croisé deux ou trois fois à n.y dans les bras d'un type. Enfin, c'est pas mes oignons. Au bout d'un moment, le baiser prit fin et je me contentais de la regarder sans rien dire. Finalement, je lui attrapai la main et nous marchâmes en direction du passage piéton. Le feu était rouge. « Je suppose qu'on ne retournera pas dans l'amphi ? » lui demandai-je en souriant, alors que je savais déjà la réponse. Je me rendis ensuite compte que je lui tenais encore la main, alors je la lâchai. « Tu fais quelque chose cette après-midi ? On pourrait se faire un petit truc.. » continuai-je. J'aimais vraiment bien Kennedy, elle était sympa et drôle, on se ressemblait beaucoup, c'était rare que je rencontre des personnes comme.

Kennedy souriait, se sentait bien, jusqu’à ce que Timéo ne lui prenne la main… Dylan… L’image de son petit ami lui revint en tête comme un boomerang qu’elle se serait prit en pleine face ! C’était avec lui qu’elle était main dans la main d’ordinaire. Elle déglutit avec difficulté pendant qu’ils marchaient l’un à côté de l’autre, se demandant ce qu’elle faisait. Elle avait complètement perdu la tête ! Quand on sort avec un garçon, on ne marche pas main dans la main avec un autre ! Alors que la culpabilité l’envahissait et gâchait tout, le jeune homme repris la parole. « Je suppose qu'on ne retournera pas dans l'amphi ? » Elle lui adressa un sourire mais cette fois il manquait de naturel, alors qu’il lâchait sa main. « Tu fais quelque chose cette après-midi ? On pourrait se faire un petit truc.. » Oh non… Il fallait à tout prix qu’elle cesse ça. Elle ne devait pas lui laissait penser qu’il pouvait avoir quelque chose entre eux même si… Elle avait adoré l’embraser, lui tenir la main, vraiment. Ce garçon était sympa et ils avaient le même humour, la même répartie. Le seul hic c’est qu’elle n’était pas célibataire ! Aussi il était plus prudent de tout stopper tout de suite… « En fait… oui » dit-elle avec une certaine grimace. Elle regrettait déjà ce qu’elle s’apprêtait à dire. Elle passa une main dans ses cheveux comme elle faisait toujours quand elle était Nerveuse.

« Ecoute j’ai passé un agréable moment, vraiment, dans l’amphi comme après… ça faisait longtemps que je n’avais pas autant rie et que je ne m’étais pas autant amusé. T’es vraiment cool comme gars. J’me suis vraiment pas sentit aussi bien depuis longtemps mais… » J’ai un petit ami ? Non elle ne pouvait décidément pas lui dire ça ! Elle passerait pour la pire des garces. Puis New-York était suffisamment grand pour qu’ils ne se croisent plus jamais, non ? Oui peut-être, sauf qu’ils allaient à la même fac… Argh, ça devenait compliqué. Peu importe, elle ne pouvait absolument pas passer l’après-midi avec lui, même si elle en mourrait d’envie. Putain mais qu’est-ce qui lui avait appris de l’embrasser ! Elle dérailler complètement ! « J’dois vraiment y aller. » dit-elle en commençant à partir, se dirigeant vers la route. Un regard vers Timéo. « J’ai promis aux proches de Bob l’éponge d’assisté à son enterrement, si j’suis en retard ils risquent de me noyer. A plus. » Dit-elle avant arrêtant les voitures pour traverser la route, espérant que la circulation empêcherait le jeune homme de la suivre. Plusieurs coup de klaxon, elle manqua limite de se faire écraser mais deux voitures stoppèrent et elle traversa main avant que les voitures ne redémarre à vive allure. A moins de vouloir mourir, Timéo ne pouvait pas la suivre. Si l’autre voie, elle lui adressa un signe de la main avant de se dirigeait vers le premier arrêt de bus en vue pour rentré chez elle…

Pour une fois, quand je lui proposais de faire un truc pendant l'aprèm, je n'avais pas d'idées perverses derrière la tête. En fait, je considérais Kennedy comme une pote (même si c'était un peu tôt pour dire ça, on se connaît depuis à peine deux heures) et pas comme un futur plan cul. C'était super rare chez moi, et j'espérais qu'elle connaissait sa chance. Parce qu'il avait très peu de gens que je considérais comme pote voir amis (il n'y avait que Hayden et Nastazia à vrai dire, même si celle-ci était plus comme une grande soeur). Je m'amusais bien avec Kennedy, elle était marrante et elle se prenait pas la tête, contrairement à toutes ces pimbêches en talons haut, sur maquillée, maigre comme des clous et stupides comme un tapis -et encore...

« En fait… oui » Je ne m'attendais pas vraiment à ça. « Ecoute j’ai passé un agréable moment, vraiment, dans l’amphi comme après… ça faisait longtemps que je n’avais pas autant rie et que je ne m’étais pas autant amusé. T’es vraiment cool comme gars. J’me suis vraiment pas sentit aussi bien depuis longtemps mais… » Mais ? « J’dois vraiment y aller. J’ai promis aux proches de Bob l’éponge d’assisté à son enterrement, si j’suis en retard ils risquent de me noyer. A plus. » Hm. J'étais un peu perplexe concernant les raisons de son départ; est-ce que c'était ce baiser qui l'avait gênée ? Perso, je m'en contre-fichais et je comptais pas aller plus loin avec elle. Elle avait pas de raison d'être mal à l'aise. Enfin bon... Elle avait peut-être vraiment des choses à faire; j'en savais rien. Je n'eus même pas le temps de lui dire au revoir qu'elle se faufilait entre les voitures pour atteindre l'arrêt de bus.

-ellipse d'une heure.-

Cette rencontre avec Kennedy m'intriguait beaucoup. ELLE m'intriguait, en fait. Je saisis mon iPhone et envoyai quelques sms à quelques connaissances; en moins de dix minutes, j'avais le numéro de Kennedy Kerrigan. J'avais une espèce de réseau de relations qui servaient beaucoup, dans ce genre de situation. J'hésitai longuement sur quoi lui envoyer. J'optai finalement pour quelque chose de simple.

« Demain, à 13h, au magasin de nouilles. J'ai besoins d'explications sur l'art et la manière de cacher un corps. Tim » J'espérais vraiment qu'elle allait venir.

RP TERMINÉ.