Je pouvais le voir s'approcher de moi lentement, je l'avais tout de suite remarqué. Pourtant il y avait de nombreux étudiants qui courraient sur la piste d'athlétisme, mais il n'y avait que lui. Son visage, son torse, ses jambes, l'ensemble de sa silhouette était devenue l'unique centre de ma vision. C'était comme si mon environnement ne gravitait plus autour de moi, je vivais porter par le seul souvenir de note baiser. Un baiser extraordinairement intense, brulant d'une passion que je n'aurais jamais soupçonnée. En le regardant s'avançait vers moi, une pensée douteuse me traversa l'esprit : me retrouver seul avec lui et l'embrasser tendrement pendant des heures. Toutefois, je devais retourner à ma dure réalité à savoir les conséquences de notre baiser. Lorsqu'il arriva près de moi, j'eus l'impression d'avoir une véritable prémonition. Un flash surnaturelle dans lequel je voyais mon amant m'embrassait fougueusement au parc de Central Park, flash qui se termina aussitôt. Passif, j'attendais simplement qu'il prenne la parole. « Salut Jay'. Comment ça va depuis... l'autre jour ? » Un petit sourire maladroit se dessina peu à peu sur mon visage. Je le fuyais du regard, fixant le sol péniblement. Souhaitant plus que tout au monde dire quelque chose, n'importe quoi, aucun son ne daigna sortir de ma bouche. Par chance, John enchaina « je... ça voulait dire quelque chose pour toi ou pas ? » Je fixais à nouveau le sol. Prenant mon courage à deux mains, je déclarais « je ... je ne sais pas. Je ne sais plus ... La seule chose dont je suis sur, c'est que depuis que nous nous sommes embrassés, je n'ai qu'une envie. Qu'un espoir ... Recommencer à nouveau » Je venais de livrer le fin fond de mes pensées et je me sentais soulagé.

Brulant de désir pour John, j'attendais un signe, une réponse qui puisse briser cette situation délicate. Attendant avec impatience, je fis un pas vers mon ami. Comment allait-il réagir ? Il allait peut-être fuir, m'en vouloir de quelque chose ? L'indécision me consumait totalement et particulièrement à ce moment précis. « John, je ne pense qu'à toi » annonçai-je. Timide et maladroit, je me sentais mal.