« Bon d’accord… et alors là, regarde, si je te demande de me calculer le sinus de l’angle alpha, qu’est-ce que tu dois faire ? » demanda la jolie blonde tout en dessinant un rapide triangle sur la feuille qu’elle tenait contre la table, au milieu des autres schémas précédemment dessinés. Cela faisait près d’une heure qu’elle tentait d’expliquer des calculs de trigonométrie à un lycéen, mais il n’y avait visiblement rien à faire ! L’adolescent ne comprenait rien et ne parvenait jamais à répondre à ses questions. Enola était de nature plutôt patiente en général, mais n’ayant que peu dormi la nuit passée, elle se vit vite exaspérée par l’incapacité de l’élève à avoir ce bête déclic qui lui ferait comprendre ce sujet de mathématiques. Terminant son dessin, elle tendit le crayon au jeune homme qui fixait la feuille d’un regard désespéré. Tenant la mine en lévitation, il se contenta de lire les données se présentant à lui et laissa un long soupir s’échapper d’entre ses lèvres avant de relever ses yeux noisettes sur la répétitrice. Cette dernière s’était laissée retombée dans le fond de sa chaise et avait croisé les bras sans le lâcher du regard, espérant sincèrement qu’après tout ce temps, il serait capable de lui répondre. « Allez, réfléchis un peu. » souffla-t-elle d’une voix légèrement exaspérée. L’élève reporta son attention sur sa feuille pour quelques secondes mais releva à nouveau les yeux vers elle, baissant les bras. « J’en sais rien. » Soupirant à son tour, Angie se redressa et lui pris le crayon de la main pour se mettre à inscrire la formule et le calcul lui permettant de trouver la solution. « Rappelle-toi de cette formule : le sinus de l’angle alpha est égal au côté opposé divisé par l’hypoténuse, donc ici tu dois diviser cent-vingt par cinq. L’angle alpha vaut donc… ? » « Vingt-quatre ? » « Voilà. » manqua-t-elle de s’exclamer. Ravalant son agacement, elle lui rendit son crayon et se força à l’encourager. « Maintenant sur la base de tout ce que je viens de t’expliquer, essaye de résoudre ton exercice. » L’élève s’exécuta, non sans soupirer une seconde fois et Angie se laissa une nouvelle fois tomber en arrière contre le dossier de sa chaise, passant une main dans ses cheveux en expirant doucement. Puis elle sentit son téléphone vibrer, elle profita donc du fait que l’étudiant était concentré sur son exercice pour tirer son iPhone et lire le message que basile lui avait envoyé. « Coucou Angie ! Tu as du temps libre cet après-midi ? Passe chez moi si tu en as ! » Cela ne pouvait pas mieux tomber ! Elle allait prétexter une urgence pour terminer la leçon plus tôt. Elle était arrivée à la limite de sa patience et continuer sur cette voie n’allait pas aider l’élève. Alors elle se redressa, expliquant à l’adolescent qu’un imprévu l’obligeait à partir et que, pour s’excuser, il n’avait pas besoin de payer la moitié de leçon qu’elle venait de lui donner. Tant pis pour l’argent, elle demanderait des heures supplémentaires au Dream pour compenser. Elle rassembla alors ses affaires en même temps que son élève et, alors que celui-ci emprunta le chemin le menant à son casier, Angie quitta le lycée pour s’engouffrer dans la bouche de métro la plus proche, direction le quartier de Manhattan Ville.

Durant tout le trajet, la Franco-Philippine se languit de retrouver son ami. Depuis quelques temps, tous les deux s’étaient beaucoup rapprochés, et le jeune homme lui avait permis de penser à autre chose qu’à la mort de son mari. Basile l’avait aidée à aller de l’avant et elle appréciait toujours sa compagnie. Ainsi, elle se réjouissait de le retrouver pour l’après-midi plutôt que de plancher sur des calculs trigonométriques avec un lycéen. Elle arriva donc rapidement devant la porte du brun et, après s’être rapidement coiffée à l’aide de ses mains, elle sonna, attendant qu’il vienne lui ouvrir, ce qu’il fit immédiatement, comme s’il se tenait juste devant la barrière de bois. « Hello ! Merci encore d’être venue ! » s’exclama-t-il en la faisant entrer, la débarrassant du gilet qu’elle avait enfilé le matin même pour éviter de prendre froid, malgré les températures estivales. Le remerciant, elle lui adressa un sourire et glissa une mèche de ses cheveux blonds derrière son oreille. « Me remercie pas, c’est normal. » répondit-elle tout en le suivant dans le salon. Oui, c’était tout à fait normal qu’elle ait répondu présente à la suite de son message. Après tout, cela avait laissé sous-entendre qu’il devait lui parler, ou quelque chose de ce genre, alors elle ne pouvait pas vraiment refuser. Et même en-dehors de ça, elle était heureuse de le voir. « Installe-toi ! Tu veux un truc à boire ? Ou je sors juste de l’eau ? » S’exécutant, Angie s’assit sur le canapé et croisa immédiatement les jambes en se tenant bien droite, une de ses habitudes. « De l’eau ça ira très bien, merci. » lui assura-t-elle en lui adressant un joli sourire. Et alors qu’il disparut dans la cuisine, la blondinette fit boguer son regard dans la pièce, tout en lui parlant, haussant suffisamment la voix pour qu’il puisse l’entendre. « Ton message m’a sauvé la vie, j’étais en train de mourir face à un élève de qui ne comprenait rien à la trigonométrie ! » Un léger rire franchit la barrière de ses lèvres et elle attendit sagement qu’il refasse son apparition. Et dès qu’il réapparut dans le salon, ses yeux bleus furent immédiatement attirés vers lui. « Tu voulais me voir pour quelque chose de particulier ? » le questionna-t-elle en lui souriant toujours légèrement. Autant lui demander tout en l’encourageant. S’il l’avait faite venir pour lui parler, elle était toute ouïe.