Il avait fallu que cela tombe sur elle. Le verbe « tomber » n’était d’ailleurs pas trop fort puisque Maggie avait littéralement rattrapé un nourrisson au vol alors que sa mère faisait une chute dans les escaliers. Le simple fait d’avoir à appeler les urgences l’avait pétrifiée un instant avant que son extraordinaire capacité à gérer le chaos ne reprenne le dessus. Hélas, sa bonne action du jour se tourna bientôt en vulgaire cauchemar car les ambulanciers refusèrent littéralement de s’occuper du nourrisson, le laissant entre les bras particulièrement inexpérimentés de l’américaine, au bord de la crise de nerfs. Maggie regarda l’ambulance disparaître au loin, avec la promesse du médecin qu’elle serait appelée dans la journée. Cela signifiait en somme ne pas bouger de chez elle, repousser trois rendez-vous particulièrement important et vouer l’intégralité de son énergie et de son attention à ce bébé de quatre mois environ… nommé Léo. Oh dear. « Mais je sais pas comment ça marche moi ! » s’exclama-t-elle en rentrant à nouveau dans l’immeuble, le visage pâle, les yeux exorbités, la peur au ventre. D’ordinaire, Maggie se démerdait avec ses problèmes et n’était pas du genre à enquiquiner autrui avec eux… mais là il y avait urgence. Le bébé ne pleurait pas encore, mais cela ne saurait tarder par vrai ? Rien qu’à observer le sac contenant les affaires de l’enfant, ses couches et le nécessaire à biberon lui donnait la tête qui tourne. Pour ne rien arranger, l’ascenseur était en panne, l’obligeant à monter cinq étages à pince avec le bébé et un énorme sac dans les bras. Elle pouvait bénir ses nombreuses heures de jogging acharnées ! Mais le plus surprenant dans cette affaire résidait sûrement dans le fait qu’elle se trouvait devant la porte de son voisin de palier, au bord de la crise de panique, priant le ciel pour qu’il soit présent…

« Caleb ouvre-moi c’est pour une urgence urgente !! » Il était rarissime qu’elle ne vouvoie pas ses voisins mais cet homme l’avait accueillie avec bienveillance à son installation et ils s’aidaient mutuellement depuis. Bill appréciait d’ailleurs leur voisin à sa juste valeur, tant et si bien qu’en cas d’extrême urgence… Maggie ne se serait pas tournée vers quelqu’un d’autre. « J’ai sauvé ce bébé qui a fait un vol plané ! Mais je sais pas comment ça marche moi… ! » Quelle ne fut pas sa surprise de se retrouver nez à nez avec nul autre que Daryl, se trouvant être le frère de Caleb sans qu’elle n’ait pu se douter une seconde de la chose. Maggie s’était exprimée en tenant le bébé du bout des doigts, cachant un instant sa vision et donc la découverte du pot aux roses. « Je voulais parler à mon voisin je ne pensais pas que vous seriez ici… vous êtes un ami de Caleb ? Hem… bref les ambulanciers sont tellement confiants qu’ils m’ont chargée de veiller sur lui alors que je pourrais être un serial killer ou que sais-je encore… je ne sais pas comment ça fonctionne et en plus il chouine, il ne s’exprime pas dans un langage que je peux comprendre !! J’ai besoin de votre aide, pitié, demandez-moi ce que vous voulez en échange. » Et voilà qu’en prime, il se mettait à beugler ! Maggie posa le sac de voyage contenant les affaires de Léo sans douceur sur le sol avant de regarder le nourrisson dans les yeux, toujours en le portant du bout des doigts. Elle émit une légère grimace en voyant qu’il se calmait instantanément, et se mettait même à rire… étrange comportement !

Maggie écarquilla deux grands yeux surpris face au rire de Daryl, dernière chose au monde à laquelle elle s’attendait. La chose lui arracha un très léger sourire en coin, qui disparut bien vite car elle observait la situation du coin de l’œil, tentant de calmer les battements effrénés de son cœur. Il pouvait bien se moquer tout ce qu’il voulait, c’était un vrai plaisir que de le voir rire de façon aussi évidente, naturelle, merveilleuse. Elle en était presque davantage retournée par sa réaction que par l’intégralité de cette situation pourrie s’imposant à elle. « Vous pouvez vous moquer tant que vous voulez, j’ai au moins trouvé la façon de vous faire rire même si ce n’était pas fait exprès ! » Maggie haussa les épaules sans lâcher ses gestes experts des yeux, rêvant soudainement d’être aussi à l’aise avec cet être humain miniature qui ne la lâchait pas du regard. A croire qu’elle était sa mère et qu’il refusait d’être séparé d’elle. La donne la mettait diablement mal à l’aise, surtout qu’elle ne savait pas le moins du monde comment elle allait se débrouiller. La jolie américaine avait un emploi du temps de ministre, s’était arrangée pour que ce soit toujours le cas et bien qu’elle ait été contrainte de prendre un jour de congé en urgence… elle refusait que ce soit systématique toute une semaine durant. Les vacances ne sont pas faites pour Maggie Bennett. « Il s’appelle Léo, né le quatre janvier de cette année, trente-six centimètres pour trois kilos deux cent. » Sans savoir pourquoi, elle avait appris par cœur la première page de son carnet de santé. Elle savait qu’elle devait avoir l’air passablement ridicule mais sur le coup, ça l’avait rassurée. « Je ne suis pas… enfin je ne sais pas comment ça marche et je ne suis pas du tout douée pour ça, croyez-moi. Je suis la pire chose qui puisse lui arriver ! »

Maggie venait pourtant de lui sauver la vie et c’était la raison pour laquelle il n’avait de cesse de tendre les bras vers elle en gazouillant. Quelle poisse ! « J’attends le coup de fil du médecin, dans la journée ils m’ont dit. J’ai pris un jour de congé en urgence mais si ça dure des semaines ? Je suis censée faire comment ?! J’ai laissé au moins cinq messages au père du gamin, aucune réponse ! Du calme Maggie du calme, tu as construit un réacteur entier tu peux faire face à un nourrisson » nota-t-elle sur la fin pour elle-même sans même se rendre compte qu’elle parlait à haute voix tant elle se trouvait perturbée. Finalement, Léo se mit à brailler comme jamais et une grimace s’empara aussitôt des traits de la pétillante businesswoman. Sans savoir pourquoi, elle comprit cette sorte de message et reprit le bébé dans ses bras, mettant un temps considérable à le prendre correctement pour lui tapoter le dos doucement. Maggie se trouvait ridicule, mais vraiment. « Vous pouvez vous moquer, je vous autorise. Et… appelez-moi Margaret, c’est ridicule vous me sauvez la mise ! » Léo venait de lui saisir le doigt, lui arrachant une nouvelle expression paniquée alors qu’elle constatait qu’il s’arrêtait de pleurer. Oh diantre s’il s’attachait à elle, la jeune femme n’était pas dans la merde. Mais mieux encore, le fameux Max ne manqua pas de faire une entrée en scène à son tour pour lui léchouiller la main et s’allonger juste à ses pieds. Manœuvre qui eut le don de lui arracher à son tour un rire éclatant et vrai… « Il me plaît lui ! Il a un concept assez… plaisant ! »

« Mais je suis calme ! Enfin j’essaye. Je n’ai pas d’enfant je suppose que ce n’est pas pour rien, je ne suis absolument pas douée pour ça. » Bill avait évoqué la chose une fois ou deux, mais Maggie avait toujours fait la sourde oreille. Probablement aurait-il fini par lui faire aimer l’idée si seulement il n’était pas prématurément décédé. Mais la jeune femme chassa ce genre de pensée en entrant dans l’appartement, se souvenant du nombre de fois où Caleb lui avait proposé de boire juste un verre pour mieux lui raconter ses déboires avec les femmes. Il avait semblé à Maggie que son ficus était plus important pour lui qu’une agréable soirée en présence d’une damoiselle. Bien loin d’elle l’envie de se moquer, surtout qu’elle n’était pas franchement mieux dans le genre, surtout en ce moment. « Si vous avez simplement un verre d’eau fraîche ce sera parfait. Je tiens à garder les idées claires… » Maggie n’aimait pas l’alcool, sous quelque forme qu’il soit. Elle ne buvait jamais et était davantage une adepte de la caféine plutôt que d’alcool. Mais cette fois, si elle refusait de boire autre chose que du château la pompe, c’est plutôt parce qu’elle se trouvait toujours avec un bébé sur les bras pour un temps qui restait à déterminer. De quoi aurait-elle l’air si elle se mettait à rire comme une bécasse après deux ou trois verres dans le nez, hein ? « Je ne veux pas m’imposer à vous je vais simplement… prendre autant de conseils que possible et faire au mieux. Gérer la crise ! »

En dépit de tout ce qu’elle avait démontré jusqu’à lors, la pétillante businesswoman était une experte dès qu’il s’agissait de gérer une crise justement. Elle le démontra facilement en confiant le bébé à Daryl, remontant ses manches et se mettant à farfouiller dans le sac pour sortir un biberon ainsi que la boîte de lait maternisé qu’on lui avait refilée. Puisqu’elle allait devoir faire ça toute seule très bientôt, autant s’y mettre d’entrée de jeu. Maggie incita cependant son interlocuteur à la suivre dans la cuisine, histoire de ne pas avoir à hurler pour se faire entendre pendant qu’elle s’adonnait à la préparation de ce biberon de malheur, avant de s’étonner d’une chose : « Caleb est votre frère, n’est-ce pas ? Il y a comme un air de famille… je ne pensais réellement pas tomber sur vous tout à l’heure mais peut-être n’est-ce pas plus mal, car même si j’apprécie Caleb il ne semble pas être capable d’avoir de l’attention pour quelqu’un d’autre que son ficus ! Oh et votre chien n’est pas un cas désespéré, il a l’air de plutôt bien vous obéir. Ne dites pas le contraire je m’envoie simplement des fleurs… histoire de dire qu’il ne s’est déplacé que pour moi ! » Maggie émit un bref sourire avant de commencer sa préparation après avoir pris une grande inspiration. « A la guerre comme à la guerre ! »

Maggie ne put décemment retenir un éclat de rire face au discours de Daryl sur son frère. Vraiment, Caleb et son ficus auraient mérité que l’on écrive de véritables poèmes sur eux, ou mieux, des contes ! « Votre frère est vraiment unique en son genre… mais il est brillant, j’ai déjà travaillé avec lui sur un projet et nous avons formé une équipe efficace. Un peu comme vous et moi aujourd’hui à ceci près que vous avez nettement plus d’efficacité que moi ! Regardez, un peu plus et Léo ne voudra plus vous lâcher ! » Sans prendre ses conseils au drame, bien au contraire, la pétillante businesswoman ne manqua pas de suivre son conseil avisé avant de doser le lait à la perfection pour mieux se mettre à le secouer avec précision. Jamais Maggie ne s’était imaginée dans une situation pareille, à jouer au faux parent en présence de quelqu’un qu’elle connaissait diablement peu. Mais elle se prit au jeu en déposant deux de ses doigts libres contre le front du nourrisson, s’assurant ainsi qu’il n’avait pas de fièvre, ne s’attendant aucunement à ce qu’il s’en empare à l’aide de sa main minuscule. La jeune femme déglutit avec difficulté avant de lancer un regard épouvanté à l’attention de Daryl, dont elle était diablement proche. « C’est pas normal ça, si ? Il m’a saisi les doigts je suis censée faire quoi ? Ne me laissez pas tomber pitié je ne sais pas ce que je suis censée faire !! » La jeune femme déposa le biberon sur le plan de travail de la cuisine afin qu’il refroidisse, selon les instructions sur la boîte de lait et joua aux grands mimes immobiles pour ne surtout pas perturber davantage Léo. Oh dear elle allait faire une syncope avant la fin de la journée, c’était impossible autrement !

« Je ne serais pas compte une rondelle de citron après cette épreuve, je crois que j’ai même mérité d’ingurgiter l’intégralité d’un citron… » Maggie prit une grande inspiration avant de prendre finalement le bébé dans ses bras, raide comme un piquet de grève, priant pour que le biberon refroidisse vite qu’elle soit sortie de cette première étape infernale. « Je suis en train de tenir un bébé qui n’est pas le mien, dans un environnement inconnu alors que je connais à peine la mère… du calme Maggie, tu peux gérer ! » Avec tout ça, la suite des évènements allait certainement lui paraître diablement… calme. Elle venait de vivre l’épisode le plus étrange de son existence toute entière, mais le pire, c’est qu’elle fut totalement en mesure d’avoir le réflexe de tester la température du biberon contre sa main comme s’il s’agissait d’un geste naturel… avant que de lui donner ledit biberon à la manière d’une championne. Bien sûr, elle se mordillait légèrement les lèvres et se sentait ridicule, mais… au moins, elle s’était jetée à l’eau. « Vous avez le droit de vous moquer je voudrais bien être petite souris moi-même pour voir ma tête… sinon pour vous répondre ils m’ont précisé le Lennox Hill. J’y connais un très bon neurochirurgien je suppose que je pourrais l’appeler mais c’est juste que… si j’étais à la place de cette femme, je crois que j’aurais des envies de meurtre si l’on confiait mon bébé à une inconnue ! Je divague totalement, ça ne m’arrivera jamais… heureusement dans un sens, ça voudra dire que je ne ferais pas de malaise du genre dans les escaliers ! Ne m’écoutez pas, bientôt je vais vous relâcher je ne voudrais pas m’imposer ce n’est pas mon genre… merci en tout cas pour votre aide. Vraiment, je crois que le sauveur ici, c’est vous ! »

« Vous lisez dans mes pensées Daryl je meurs d’envie d’un jus de fruits ! » Maggie n’était pas friande d’énormément de choses sucrées, mais les cocktails de fruits –sans alcool toujours, en faisaient partie. Elle l’observa préparer deux verres en deux temps trois mouvements et bien qu’elle tenta de dissimuler son admiration pour son extraordinaire habileté, autant dire qu’elle ne manqua pas de lui accorder un joli sourire en premier signe de remerciement. Elle avait grande hâte de pouvoir goûter à ce véritable délicate mais chaque chose en son temps, ce n’était pas le moment de s’éparpiller : il fallait qu’elle finisse de nourrir ce fier gaillard avant même que de vouloir faire autre chose… même pour se désaltérer. « J’ai hâte de tremper mes lèvres dans votre préparation mais je préfère éviter de faire des bourdes alors je vais d’abord le laisser finir de son côté. » Maggie était si sérieuse et professionnelle que c’en était presque troublant. Mais son professionnalisme l’empêchait justement de perdre pied, et lui avait même sauvé la vie à la mort de son mari. On pouvait dire ce que l’on voulait de cette femme, l’accuser de carriérisme exacerbé mais il n’en demeure pas moins qu’elle n’emmerdait jamais personne avec ses problèmes, se débrouillait toujours seule à chaque problème qu’elle rencontrait et, en définitive, respirait l’indépendance à pleins poumons… bien que la compagnie de quelqu’un lui manque, parfois. Elle redécouvrait le partage humain dans son image la plus extraordinaire en face de Daryl et somme toute, c’était grisant. Ce fut sans doute pourquoi elle émit une brève expression surprise face à son essai de photo, qui ne manqua pas de piquer sa curiosité au vif.

Maggie s’approcha bientôt, veillant toujours à tenir Léo comme il le fallait pour qu’il finisse son biberon, alors qu’un sourire à la fois amusé et attendri s’empara de ses traits toujours si figés d’ordinaire. « On dirait que j’ai fais ça toute ma vie vous voulez dire ! » lança-t-elle en usant d’une fausse arrogance qu’elle était bien loin de ressentir. « Autant nous prendre tous les trois sinon le souvenir est incomplet ! Vous voyez Daryl, vous ne pensez pas à tout ! » Maggie se prit au jeu et se lança volontiers dans une série de photos, Léo toujours dans les bras, alors que son propre côté enfantin refaisait surface. Sur certaines, elle s’amusa même à faire quelques grimaces, comme lors de photomatons en compagnie de sa sœur jumelle, mais sur la dernière, elle embrassa même la joue de Daryl sans même éprouver de honte ou de restriction. Il n’y avait rien de condamnable, après tout… il lui avait sauvé la mise à plus d’un titre. « Je crois que monsieur a fini son biberon ! » Bien qu’elle se sente particulièrement ridicule, Maggie eut le réflexe de mettre une serviette sur son épaule pour l’inciter à faire son rototo. Comme quoi, elle était vraiment une championne pour gérer une crise… « Il s’est endormi tout de suite, vous aviez raison pour la dernière cuillère de lait en poudre ! Mais maintenant plus d’excuses, je meurs de soif ! » Au début, elle frôla simplement le liquide à l’aide de ses lèvres, laissant échapper un « hmmm » de satisfaction avant d’engloutir quasiment cul sec l’intégralité du verre tant effectivement elle s’avérait assoiffée. « Je suis désolée pour le manque cruel de distinction, mais… il y avait urgence. Et puis c’est votre faute, si cela n’avait pas été bon je ne l’aurais pas bu ! Heureusement que je ne bois jamais d’alcool, en fait… »

A vrai dire, Maggie ne s’était plus sentie aussi bien depuis… fort longtemps. C’était à un tel point que même le fait que Daryl ait pris sa main ne l’avait aucunement choquée. Pire, elle avait serré la sienne de la même façon, sans condition ni retenue… qu’avait-elle à craindre avec ce simple geste ? Autrefois, la pétillante américaine virait parano avec un simple souffle contre sa joue, mais le soldat lui apprenait à prendre les choses avec davantage de philosophie, moins de panique ridicule. Il était bien le seul à être en mesure de parvenir à un tel miracle ! « De quoi suis-je censée vous excuser au juste ? » demanda-t-elle, presque surprise qu’il soit celui à faire dix pas en arrière d’un coup « vous ne m’avez pas offusquée, vous n’avez fait que me prendre la main… mais vous n’êtes peut-être pas à l’aise avec les contacts physiques ? » Lorsqu’on la connaissait, Maggie savait être tactile, gamine, imprévisible et ô combien tête brûlée. C’était la première à faire tous les manèges les plus étourdissants et sensationnels des parcs d’attraction où elle pouvait se rendre en compagnie de sa jumelle, d’ailleurs ! Mais elle ne craignait pas ce simple contact. Même si elle ne l’avouerait sûrement jamais à voix haute, le contact humain lui manquait. Ce bébé avait fait remonter de nombreuses sensations oubliées à la surface et pour la première fois depuis un lustre, elle se sentait heureuse, bien dans ses baskets. « Vous pensez que vous allez vous débarrasser de moi aussi facilement ? Manqué ! J’ai pris mon premier jour de congé depuis… six ans. Et je suis quelqu’un qui ne revient que rarement sur ses décisions, à part lorsqu’on me prouve que j’ai tort. Vous me l’avez prouvé vous savez ! Je m’aperçois que mes précieux robots ne sont pas aussi humains que ce bambin dans la chambre de votre frère. Ils ne mettent pas de choix, ne choppent pas mes doigts et ne me font pas paniquer. Je ne suis peut-être un cas si désespéré si je m’en rends compte, on ne m’a pas encore robotisée ! »

Maggie, soudainement nettement plus pétillante, souriante et gagnée par la joie de vivre, prit le verre qu’il lui tendait avec plaisir avant de trinquer dans les règles de l’art, sans lui lâcher les yeux. « Même si j’ai confiance en vous je crois que c’est une bonne thérapie pour moi de rester. Vous n’aurez qu’à me le dire quand vous ne me supporterez plus ! » Mais en attendant, elle fut la première à insérer le DVD dans le lecteur pour profiter de ce film en sa charmante compagnie, ne se souvenant même plus du dernier moment où elle avait… pris le temps de se poser sur un canapé pour regarder justement un simple film. Peut-être parce qu’elle était insupportable : la preuve, elle gesticulait dans tous les sens, hurlait dès qu’un gentil se faisait menacer, et vivait littéralement l’intrigue comme si elle allait jouer dedans. « Mais utilise son AK-47 nom d’un chien, il est derrière toi !!! » Ce n’est qu’au bout d’un moment qu’elle croisa le regard de Daryl, qui la força à s’enfoncer dans le canapé juste à côté de lui pour mieux arborer une moue presque boudeuse. « Désolée… je suis fille de militaire vous savez, difficile de rester calme dans ces cas là ! » Mais le plus extraordinaire, c’est qu’elle avait quelques connaissances en matière d’armes…

« Je sais que vous êtes tireur d’élite. Mon père vous aime beaucoup vous savez, il a énormément de respect pour l’homme de valeur que vous êtes… ce sont ses paroles mais du peu que j’ai vu, je pense qu’il a raison. » Maggie esquissa un bref sourire avant de tenter de se concentrer sur le film, ayant bien du mal à rester en place comme l’attestait ses cuisses bougeant presque nerveusement. Mais il ne s’agissait pas d’une marque de nervosité, bien au contraire, juste la preuve la plus évidente de l’hyperactivité de la demoiselle… ce n’était pas pour rien qu’elle vouait l’intégralité de son énergie à son travail et à rien d’autre. « Je sais bien ce que j’ai dis à notre première rencontre et je me rends compte que j’ai été vraiment… dure avec vous. Ne vous offusquez surtout pas je suis ainsi avec beaucoup de monde. Je suis quelqu’un qui a du mal à faire confiance dès que je ne suis plus dans mon seul cercle de famille… d’autant plus depuis la mort de mon mari. Mais… plus les jours passent et plus je me rends compte que cette vie n’est pas ce qui m’attire. Je veux dire, j’adore mon travail, j’écrase tous mes concurrents haut la main il faut reconnaître ce qui est, mais je ne suis pas… complète. Vous voyez ce que je veux dire ? Comme si ce petit bout m’avait ouvert les yeux. Oh je ne me sens toujours pas taillée pour la maternité ne vous méprenez pas ! Mais je pense que Bill n’aurait pas voulu me voir devenir un fossile. Il a eu beaucoup de mal à me faire ouvrir les yeux et ce serait dommage que je piétine tous ses efforts je crois. Désolée si je vous donne l’impression d’être une horrible épouse… » La jeune femme mit soudainement le film en pause, regardant un instant l’écran figé pour mieux pousser un pénible soupir. Il allait la prendre pour une affreuse femme n’ayant pas deux sous de respect pour son mari mort mais c’était ça ou rester à suffoquer seule jusqu’à ne plus avoir d’air du tout… et se dessécher complètement.

Finalement, la pétillante américaine se laissa retomber sur le canapé, ne se rendant pas immédiatement compte qu’elle s’était rapprochée de façon on ne peut plus manifeste de Daryl. Elle regardait un point fixe dans le salon, parfaitement innocente à la scène, tentant de remettre de l’ordre dans ses pensées. « Je suis cinéphile vous voulez dire ! J’ai fais installer un projecteur dans ma maison pour utiliser un mur totalement blanc comme immense écran… si je n’ai pas le temps de me déplacer au cinéma, le cinéma vient chez moi ! » Maggie, un immense sourire aux lèvres, tourna soudainement son visage vers Daryl et, avant même qu’elle ne s’en rende compte, leurs lèvres respectives s’étaient frôlées. Le sourire de la jeune femme avait automatiquement disparut mais ce n’était pas la peur que l’on pouvait lire dans son regard, seulement de la surprise. Elle ne s’était d’ailleurs pas vraiment reculée, restant à quelques millimètres de cet homme lui ayant ni plus ni moins sauvé la mise plus tôt dans la journée… sans même qu’elle ne s’en rende compte, son corps bougeait tout seul, s’approchant dangereusement de cette sorte de fruit défendu au lieu de fuir. Finalement, elle n’était plus si effrayée que cela. « Daryl je… »

Maggie se savait en plein doute, à moitié en perdition mais rien ne sembla la pousser à faire autre chose que de rendre intensément son regard à Daryl. Il fut le premier à céder à cette tentation fabuleuse en capturant ses lèvres avec cette passion qu’elle ne lui connaissait pas encore mais qui la fit fondre littéralement à son contact. Un immense brasier vit le jour à l’intérieur de son être alors qu’elle laissait ses mains parcourir longuement son torse, ayant d’ors et déjà ôté deux boutons de sa chemise comme s’il s’agissait de la chose la plus logique qu’elle ait fait son existence toute entière… Daryl s’était littéralement emparé de tous ses doutes pour les réduire à néant, poussant désormais ses sens jusqu’à leur extrême limite et entendre son prénom en entier ne la fit frissonner que plus encore. « Maggie » articula-t-elle d’une voix décidée alors qu’elle s’emparait à nouveau de ses lèvres, fruit défendu dont elle ne pouvait désormais plus de détacher. Chaque caresse, chaque attention lui rappelait à quel point ce genre d’étreinte sulfureuse lui avait manqué. Il s’agissait d’une douce folie à laquelle elle voulait s’abandonner sans même se poser la moindre question et qu’elle se surprit d’avoir désirée depuis que leurs regards s’étaient à nouveau croisés des heures plus tôt. Oublié, le film qu’ils avaient commencé et quelque chose lui disait qu’ils n’étaient pas prêts de le terminer… mais plus important, Maggie ne ressentit pas la moindre honte alors que ses mains parcouraient le corps parfait de cet homme que son père respectait au-delà des mots et qu’il lui était pourtant interdit de désirer en soi. Mais ils étaient deux âmes sœurs désespérées, refroidies par de longs mois de solitude et de tristesse continuelle… la jeune femme avait besoin de cette étreinte, autant qu’elle avait besoin de s’abandonner et de s’oublier dans ses bras.

« Ne t’arrête pas… » le supplia-t-elle alors qu’ils se relevaient du canapé, se heurtant aux murs alors qu’ils commençaient doucement mais sûrement à s’effeuiller, possédant aussi bien l’appartement du frère du soldat que leurs corps respectifs. Les petits soupirs et gémissements s’emparèrent bientôt de l’atmosphère sonore, le plus discrètement du monde, alors qu’ils se dirigeaient vers la chambre de Caleb, inoccupée. Léo dormait du sommeil du juste dans la seconde chambre, toujours entourée de ses coussins, alors que le chemin conduisant à la chambrée principale était peuplée de vêtements leur appartenant respectivement. Maggie laissa ses lèvres parcourir délicatement, sans brutalité aucune, le torse offert et désormais nu du jeune homme alors qu’elle sentait progressivement sa peau frissonner sous ses doigts et ses attentions. Leurs deux corps semblaient impossibles à séparer tant ils s’attiraient l’un vers l’autre, se moquant bien d’où ils se trouvaient et, surtout, de ce qu’ils s’apprêtaient à faire. L’hésitation n’avait plus sa place depuis des lustres, comme s’ils l’avaient définitivement balayée de leurs existences.

Le temps avait été comme suspendu pendant de délicieuses minutes. Maggie se surprit à laisser un gigantesque sourire prendre possession de ses lèvres alors qu’elle avait connu un plaisir inouï dans les bras de Daryl. Elle reprenait doucement sa respiration, ne ressentant ni honte ni regret vis-à-vis de ce qui s’était passé mais sûrement avait-elle été un peu trop impétueuse sur le coup car l’apparition de Caleb ne manqua pas de lui arracher un cri de panique. Elle ne s’était pas attendue une seconde à le voir débarquer comme un fou furieux –bien qu’il ait toutes les raisons du monde d’être en colère, Maggie et Daryl ayant tout de même fait l’amour dans SON lit– alors qu’elle tentait elle aussi de ramener le draps vers leurs deux corps nus tandis qu’ils se faisaient enguirlander comme deux simples adolescents pris en faute. Elle poussa à ce constat un long et pénible soupir, tendant l’oreille pour entendre les paroles que comptait lui offrir son… amant sans pour autant en comprendre un seul mot car déjà, Caleb s’écriait à nouveau. « En même temps je crois que si j’avais surpris ma jumelle dans mon lit avec… son amant je crois que j’aurais poussé un cri encore plus strident » se permit-elle de noter avant de sortir la première du lit du jeune homme, éprouvant ce que l’on pouvait appeler le doute de l’après… et s’ils n’avaient pas fait une connerie, justement ? Et si Daryl se trouvait mal à l’aise suite à leur sulfureuse étreinte, lui qui n’avait semble-t-il eut personne de sérieux en cinq ans de veuvage ?

« Daryl… avant que l’on ne retrouve ton frère et que l’on s’excuse platement pour avoir totalement zappé son ficus : est-ce que tu regrettes ? Réponds-moi franchement. » Maggie avait commencé à agrafer son soutien gorge juste après avoir remis sa culotte, mais ne put s’empêcher de se diriger vers le soldat pour lui rattacher sa ceinture et remettre en place les boutons de sa chemise. Ce n’est qu’au bout de quelques instants qu’elle releva ses mains, consciente de ce qu’elle était en train de faire et qui lui arracha un petit rire. « Ce serait peut-être débile de te faire expérimenter mon projo chez moi car on n’a pas pu finir le film… » Léo cessait progressivement de pleurer et Maggie ne se reconnaissait déjà plus. Quelque chose s’était passé durant leur étreinte à couper le souffle… une chose à laquelle elle ne s’attendait pas et qui la paniquait ô combien.

Maggie était dans la merde. Il n’y avait pas d’autre mot. Ses gestes, ses réflexes, tout en elle respirait le sentimentalisme à plein nez alors qu’elle s’était occupée de toutes ses forces à le fuir des mois durant. D’autant qu’elle faisait preuve de nettement plus de naturel en présence de Daryl qu’elle n’en n’avait avec Bill après des années de mariage. Peut-être qu’un brin de honte se glissait insidieusement en elle, tandis qu’elle ne savait guère comment interpréter la réponse du jeune homme. Il ne regrettait pas ce qui s’était passé et somme toute ne semblait pas être contre le fait de la revoir mais cela ne signifiait pas pour autant qu’il éprouvait quoi que ce soit d’autre pour elle qu’une simple attirance physique réciproque. « Bien sûr que non je ne regrette pas » le rassura-t-elle aussitôt avant de lui offrir un faible sourire. « Mon projo t’attendra ! » s’exclama-t-elle tout en se demandant dans son for intérieur si c’était réellement le projecteur qui allait l’attendre… ou bien elle. Maggie avait ressenti plus lors de cette étreinte qu’avec n’importe qui d’autre et c’était bien ce qui l’inquiétait. Mais avant même que de pouvoir à nouveau se concentrer sur ce genre de question, il lui fallait affronter l’adorateur de ficus contrarié… celui-ci avait le visage fermé, les traits tirés et les fusillait littéralement du regard. Par chance, Léo avait l’air de s’être rendormi malgré les cris incessants de Caleb qui comptait sûrement leur en faire voir de toutes les couleurs pour cette insupportable trahison. « Ne me regardez pas comme ça Caleb alors que je vous ai offert les plus beaux contrats de votre vie. Nous savons vous et moi que vous allez passer l’éponge, bichonner votre ficus et faire comme si rien ne s’était passé car vous êtes quelqu’un de censé et que… je vous rapporte tout de même de nombreux membres du personnel de la NASA. Je me trompe ? »

La Margaret on ne peut plus professionnel et impressionnante venait de faire une nouvelle apparition, tant et si bien que Caleb avait des airs de garçon que l’on gronde après une connerie. Pourtant, il connaissait la jeune femme depuis un certain temps et savait bien qu’elle ne l’engueulait pas… elle pointait des vérités. « Je ne suis pas mauvaise en karaoké, je peux vous faire toute votre playlist si ça détend votre caleçon serré ! Quant au bébé qui se trouve dans votre lit, c’est le fils de notre voisine qui a eut un petit… incident dans les escaliers ce matin. Je suis censée le garder jusqu’à ce soir au mieux. Vous avez d’autres interrogations ou je peux m’égosiller pour le plaisir de votre bébé vert ? »

Le simple fait de sentir la main de Daryl dans la sienne fut une véritable révolution des sens pour Maggie. Il s’agissait d’un geste sans conséquence à priori, mais qui signifiait tellement de choses qu’elle en eut presque le souffle coupé. Souhaitait-il lui faire comprendre qu’il ne souhaitait pas que leur relationnel s’en tienne uniquement à une partie de jambes en l’air ? Cette question tonna dans son esprit jusqu’à ce qu’elle ne soit à nouveau conduite à part, pour discuter calmement en compagnie du soldat au sujet d’une affaire qu’elle était à des lieues d’imaginer. Quelques secondes après s’être assise sur le lit, Maggie fronça aussitôt les sourcils, n’aimant guère la façon dont tournait la situation : devait-elle craindre le pire tout de suite ou attendre réellement d’avoir entendu ce qu’il avait à dire ? Puis ce fut comme un coup de poignard. La ressemblance avec cette femme était on ne peut plus frappante et il lui fallut rassembler tout son courage pour ne pas hurler. En soi, Daryl ne lui avait pas vraiment menti, de lui avait rien promis et elle n’avait donc aucun droit d’être en colère… mais il y avait plus agréable comme révélation et d’une certaine façon tout de même, Maggie ne pouvait pas s’empêcher de se sentir trahie. « Ne pas tirer de conclusions hâtives ? Mais nom de dieu quelles autres conclusions je suis en droit de tirer !! »

Maggie s’était brusquement relevée en lui rendant sa photographie de deux mains tremblantes, sentant la colère s’insuffler en elle brusquement jusqu’à ce que celle-ci ne disparaisse comme si elle avait été un vulgaire soufflé à peine cuit. « Apprendre à quoi… ? » Les yeux écarquillés de surprise, la jeune femme vit son sifflet complètement coupé et elle déglutit avec difficulté avant de ne pouvoir enfin reprendre contenance. « Attends une seconde je crois que je vais me rasseoir. » L’inébranlable businesswoman venait d’être réduite au silence par un simple discours auquel elle ne s’attendait pas du tout. Mais le mieux dans tout ça, c’est qu’elle sentait un petit souffle de joie s’insuffler en elle pour la première fois depuis des mois. « Tu veux apprendre à m’aimer moi ? Je veux dire… tu n’es pas attiré par moi que par ce que nous avons fait ? Je le savais, si mon charme marche sur les bambins, c’est logique ! » Maggie se mit à rire nerveusement pour cacher son manque cruel de réflexes après tant de temps à fuir le contact humain mais la réponse la plus sincère qu’elle put formuler fut celle-ci : se relever pour entourer son cou de ses bras et poser fougueusement ses lèvres sur les siennes, alors qu’elle restait parfaitement fidèle à son tempérament on ne peut plus lunatique. « Une petite seconde, il y a quand même un petit détail : mon père. »

« Disons simplement que je me suis contentée de ne pas accorder la moindre importance à l’attention que pouvaient me vouer les hommes dernièrement » admit-elle avec sincérité. Daryl en avait d’ailleurs eu un large aperçut lors de sa visite chez les parents de Maggie : elle n’accordait pas facilement sa confiance et possédait d’ailleurs deux tempéraments, deux façons de réagir bien distinctes suivant qu’elle se trouve dans un environnement proche ou plutôt hostile… la jeune femme était incapable de ne pas considérer comme hostile quelqu’un dont elle faisait premièrement la connaissance et à qui elle n’avait jamais adressé la parole avant. Pourtant, le soldat avait bien été le seul à la pousser à la confidence au point qu’elle ne livre à un presque parfait inconnu les circonstances de l’accident de son époux décédé… autant dire qu’il était parvenu à un miracle et qu’il n’était pas illogique qu’aujourd’hui, Maggie soit nettement plus détendue et beaucoup moins sur la défensive. « Disons plutôt que je n’avais pas vraiment de raison de te vouer une rancune éternelle plutôt » continua-t-elle jusqu’à ce que l’atmosphère soit changée par sa propre question. Son père n’allait, de toute évidence, pas forcément voir leur relationnel d’un excellent œil en sachant sa fille encore fragile et secouée par la perte de son mari. De plus, il commençait à connaître un peu Daryl et trouverait très certainement mille raisons pour qu’elle se méfie… non pas parce qu’il n’était pas un homme remarquable, bien au contraire, mais plutôt parce qu’il faisait partie de ces soldats relativement en retrait sentimentalement et qui peinent, la plupart du temps, à s’impliquer réellement. Mais sans doute que Maggie voulait croire l’inverse justement…

« Tu as peur que je parte en vrille et que je te dise que c’est un scandale si on se cache, pas vrai ? » répliqua-t-elle malicieusement sans même s’éloigner d’un millimètre. Maggie n’était pas de celles qui font une scène pour un grain de riz. L’exemple précédent était un peu particulier : apprendre que l’on est le portrait craché de la défunte femme de son nouvel amant… pilule étrange à avaler ! « Je te suis sur les cachotteries. Après tout, on va se retrouver dans la peau de teenagers qui ont tout à cacher à leurs parents, c’est excitant non ? Autant que tu ne t’y fasses tout de suite, je fais de beaucoup de choses un challenge dans ma vie. Et ne rien dire à mon père, avec qui je suis pourtant extrêmement proche, sur quelque chose qui pourrait devenir très important… c’en est un. Il va falloir que tu m’encourages à garder constamment le silence en mode scotch sur la bouche, tu penses pouvoir faire ça ? Sachant que museler une Bennett… tititi tu ne sais pas à quoi tu t’exposes ! »

Oh Sainte mère de Dieu… il avait appelé son ficus Diana ! « Caleb vous m’aviez habitué à pire durant cette fameuse soirée d’après conférence à Washington… vous adulez réellement la Princesse Diana en fait ! » Evidemment, dit comme cela, c’était surtout pour que le jeune homme n’oublie jamais que ce qui s’était passé cette nuit là ne devait pas être dévoilé : après tout, si la conférence s’était passée comme sur des roulettes et qu’ils avaient remporté de très nombreux « fans » à ce moment là, le reste était pour ainsi dire parti en cacahuètes ! Maggie et Caleb s’étaient ensuite invité à une soirée ultra privée, avec un brio on ne peut plus indéniable, avant de se faire passer pour le groupe devant jouer le soir même à ladite soirée… le botaniste avait géré à la guitare, et elle au chant. Bon, à leur décharge, ils avaient beaucoup bu… et s’était endormi dans les bras l’un de l’autre après avoir fait un câlin en mode bisounours et longuement pleuré sur leurs solitudes respectives. Pathétique, n’est-ce pas ? Mais la pétillante businesswoman gardait néanmoins un excellent souvenir de ce moment de pure folie et c’est en pensant à celui-ci qu’elle prit le micro, branchant le jeu de karaoké sur la Wii de Caleb avant d’opter pour une chanson rock. Quitte à réveiller les morts, autant utiliser les grands moyens pas vrai ? Mais chose étonnante, Maggie chantait juste. Elle ne chantait même pas mal du tout, poussant le propriétaire de ce magnifique ficus à frapper des mains en rythme. « I’m miss dynamiteeeeeeee !! » conclut-elle en un déhanché aussi sexy qu’osé pour mieux « saluer » son public avec souplesse, un sourire moqueur aux lèvres. Qui aurait cru qu’une femme d’affaires de sa trempe puisse être ainsi ?

« J’aimerais te faire visiter chez moi » murmura-t-elle à l’attention de Daryl alors que Caleb s’était mis à bavasser avec son ficus. Ils n’eurent aucun mal à prendre le bébé sans le réveiller et à s’éclipser le plus discrètement du monde pour éviter de ne se prendre un nouveau savon de la part du botaniste. Maggie se ferait pardonner plus tard auprès de lui : après tout, cela faisait longtemps qu’elle le connaissait. « Bienvenue dans mon antre ! » déclara-t-elle tout en refermant la porte derrière eux, avant de partir allonger le bébé dans la chambre de sa jumelle. Lizzie ne serait pas à l’appartement de la semaine, pas alors qu’elle s’était mise en tête de refaire complètement le jardin de leur maison se situant en banlieue. « Ma jumelle n’est pas ici et ne reviendra pas avant une bonne semaine, alors… si cela ne te choque pas de dormir dans le même lit de la folle que je suis, je veux bien te prêter une petite place sur ma couche. Mais il va falloir que tu ne sois pas choqué de la place que je peux prendre ou même de te prendre des coups… à plusieurs reprises Bill est allé dormir dans le salon parce que je lui ai boxé la tête. Promis je vais tenter de me tenir ! Mais je te préviens… au cas où… »