Aujourd’hui était un grand jour. Maggie ne pouvait pas être plus décidée, son dossier sous le bras, vêtue d’un tailleur la mettant grandement en valeur et parfaitement coiffée. Elle voulait mettre toutes les chances de son côté pour que le juges des enfants chez qui elle avait réclamé une audience l’aide à conserver la garde exclusive de Willow, sa fille, avec qui elle avait enfin un vrai rythme et qui se plaisait avec elle. Pourquoi leur enlever ça, à l’une comme à l’autre ? Ce n’était pas comme si l’américaine n’était pas une bonne mère ! En somme, elle était prête à se battre et à montrer les crocs envers ces parents indignes ayant abandonné une formidable petite blondinette aux rêves si grands. Voilà quel était son état d’esprit alors qu’elle fut conduite jusqu’au bureau du juge Grant, tandis que ce nom de famille lui donnait une impression de déjà vu. Ce n’est qu’une fois en face de Daryl que ce fut réellement un cri du cœur… « Oh non pas ça » furent ses seules paroles avant de ne secouer la tête et de se reprendre, malgré le trouble insupportable étant désormais le sien. Daryl… son amour de lycée ayant duré plusieurs années et auquel elle avait mis un brutal terme alors qu’elle devait suivre sa famille sur New York. Mais la vérité, c’est qu’elle n’avait jamais pu le remplacer. « Tu es le seul juge des enfants du coin ? Non parce que je ne voudrais pas que ce soit… enfin… bizarre. »

A peine avait-on refermé la porte derrière elle que déjà Daryl grognait et lui glaçait littéralement le sang. Ah, il le prenait comme ça ? Parfait alors, inutile de perdre son temps en gentillesses, et ce bien que Maggie ait la ferme intention de rester extrêmement polie pour ne surtout pas ruiner toutes ses chances de conserver la garde de Willow… pas folle, la guêpe ! « Ai-je seulement dit que tu étais incompétent ? M’as-tu entendu dire cela ? » demanda-t-elle avant de hausser les sourcils de surprise, sans trace d’arrogance tandis qu’elle s’approchait pour mieux s’asseoir sur la chaise en face du bureau de Daryl, plus mal à l’aise qu’elle ne l’avait jamais été. « Je veux simplement que ce ne soit pas bizarre et encore moins me prendre des réflexions à tout va car oui, je t’en crois capable ! » Maggie soupira, consciente d’avoir été la première à avoir été odieuse en partant de Los Angeles mais avait-elle eut le choix ? Bien sûr que non. Elle voulait qu’il ait une chance de se reconstruire, de l’oublier rapidement en la détestant car dans son esprit, cette idée était logique et limpide. Comment aurait-elle pu savoir qu’il s’agissait de la pire idée qu’elle ait eu dans son existence toute entière ? « Tu vas chercher à me faire payer ce qui s’est passé il y a des années, Daryl ? Ne me fais pas rire, tu as du avoir pléthore de femmes qui t’ont couru après juste après mon départ ! Tu ne vas pas me faire croire que tu es aigri à cause de ce qui s’est passé il y a des années… » Mais qu’elle se trompait… il en était au même point qu’elle !

Une passade d’adolescents… aouch ! Maggie déglutit avec difficulté sans pour autant laisser paraître un millimètre de son trouble, laissant Daryl lui cracher sa valda en cherchant à se persuader qu’elle l’avait bien mérité. Après tout, non seulement elle était partie du jour au lendemain, mais elle s’était assurée de le piétiner pour qu’il n’ait pas d’autre choix que celui de la détester. Au final, la pétillante avocate avait parfaitement réussi son coup et ça n’en n’était que plus douloureux. Pourquoi diable sentait-elle son cœur se serrer d’autant que les secondes filaient sur l’horloge ? Il fallait qu’elle tire un trait définitif sur leur histoire, à moins de ne vouloir finir cinglée ! « Une vieille connaissance… » articula-t-elle avec beaucoup de mal avant de ne se racler la gorge pour tenter de se reprendre. Bordel Maggie, tu mets de grands bandits à genoux toute la sainte journée, tu ne vas pas plier devant un simple juge !! « Tu vas te marier ? » demanda-t-elle, incrédule, avant de ne se saisir du verre d’eau que Daryl avait en face de lui pour mieux le lui envoyer à la figure. Cela avait été un réflexe stupide mais qu’elle n’avait guère pu contrôler, hélas. « Je saisis un juge pour enfant parce que je ne veux pas que deux parents ayant abandonné leur fille me la reprenne alors que cela fait sept ans que l’on possède notre petite routine protectrice. Cela la détruirait mais je pense que je vais quand même faire appel à un autre juge, si tu veux bien m’excuser. » Maggie se leva aussitôt, reprenant son dossier pour fuir littéralement le bureau et se retenir au mur du couloir tant sa respiration était anarchique. Foutues palpitations !

« Ca va c’est que de l’eau ! » maugréa-t-elle bien qu’elle n’ait surtout pas osé lui répondre sur le reste. Le pire, c’est qu’elle le pensait tout à fait capable de la faire coffrer pour outrage à magistrat, sans oublier le fait qu’il pouvait noter toutes les horreurs qu’il voulait sur son foutu dossier. Elle se rassit donc docilement, ayant au préalable joint ses mains pour ne surtout pas qu’il s’aperçoive de ses tremblements, regardant ailleurs tandis qu’il se changeait même si c’était loin de ne lui faire ni chaud ni froid. « Tu serais capable de te venger bassement comme ça alors que le bien être d’une jeune fille est en jeu, sérieusement ? Que tu ne puisses pas me voir en peinture est une chose, que tu fasses de la merde à cause de ce que je t’ai fais subir en est une autre ! » Maggie avait du mal à se la fermer, tout simplement. Et encore, elle se retenait d’exploser totalement pour la simple et bonne raison qu’elle n’était pas certaine d’avoir le dernier mot cette fois. Daryl n’avait pas seulement pris de la bouteille, il avait une position jouant en sa faveur ! « Et bien merde, mets-moi aux arrêts qu’on en finisse parce que je n’ai pas l’intention de rester sagement assise en sachant que tu vas te marier bien sagement ! Tu as de la chance toi au moins, nom d’un chien… tu veux me foutre en taule ou bombarder mon dossier de saloperies ? Vas-y, fais-toi plaisir ! »

« Je n’avais pas le choix !! » s’écria Maggie après tout le laïus de Daryl et ce bien qu’elle doive reconnaître qu’il avait pleinement raison et que justement, il avait compris son comportement tel qu’elle avait pensé qu’il le ferait. Seulement voilà, ce qui lui avait semblé être une bonne idée sur le moment la laissait pleine de regrets désormais et elle se prenait lesdits regrets en pleine tronche sans préparation ni armure. La jeune femme s’était même levée pour crier sa phrase tant il s’agissait d’un cri du cœur et elle se tourna vers la fenêtre du bureau de Daryl afin qu’il ne puisse pas voir son visage. C’était plus confortable s’il lui tournait le dos. « Mon père n’arrêtait pas d’être envoyée à perpet’ pour son boulot et je savais que tu finirais par me détester de toute façon parce que la distance entre nous n’aurait fait que croître. Je ne voulais pas qu’on finisse par s’envoyer des horreurs en pleine tête… j’ai préféré avoir le mauvais rôle parce qu’au moins, tu pourrais arrêter de m’idéaliser et te reconstruire, tu comprends ? Ce que j’ai fais je l’ai fais pour toi-même si j’ai été odieuse mais nom de dieu si tu savais combien ça m’a coûté… je me souviendrais toujours de tous les mots que j’ai prononcé ce jour là et l’image de ton visage ne m’a plus jamais quittée. Ca m’a d’ailleurs empêchée de vouloir quelqu’un d’autre. Je sais que je devrais me la fermer parce que tu vas te marier et que ça n’a plus aucune importance tout ça ! » Maggie ferma un instant les yeux et se mit à ricaner pour se moquer de sa propre folie avant de ne reprendre de plus belle : « Mais c’est ce qui t’explique que personnellement j’ai du mal à rester dans un bureau en t’ayant à proximité. »

Maggie soupira sans pour autant quitter sa fenêtre, trouvant qu’ils se parlaient à cœur ouvert pour la première fois depuis des années parce que justement elle ne le regardait pas dans les yeux et ne se prenait pas son mépris en pleine poire. Mépris qu’elle méritait pourtant, et elle en avait pleinement conscience. « Merde Daryl, j’avais dix sept ans !! J’étais une petite idiote sans expérience et j’avais une peur bleue qu’au bout d’un moment tu te sois lassé de ces allées et venues… je n’ai pas pensé une seconde que tu serais assez fou pour me suivre jusqu’à New York ! Je ne t’ai jamais pris pour un abruti et la preuve que tu n’en n’es pas un puisque tu es procureur ! J’ai fais l’erreur de ma vie et crois-moi je le paye au centuple alors lâche-toi si tu veux mais je ne t’ai jamais considéré comme un péquenaud ! » Maggie voulait éviter d’éclater mais s’il la poussait trop, c’est ce qui risquait malheureusement d’arriver. Pourtant, dieu sait qu’elle avait un self control impressionnant, et c’était d’ailleurs pour ça qu’elle était un requin d’avocat. On la considérait comme la meilleure dans sa spécialité et avec elle à son côté, c’était quatre-vingt dix neuf pour cent de chance de remporter le procès. « La rupture ne m’a jamais arrangée et au contraire j’ai été aussi démolie que toi. Sauf que là, je dois vivre avec mes regrets et que toi, tu as trouvé chaussure à ton pied… alors oui, jubile, je suis toujours une pauvre conne célibataire ! »

« Je sais… mais je ne voulais pas être un boulet » souffla-t-elle tout en passant sa main à plusieurs reprises contre son visage, qu’importe son maquillage pourtant parfait quand elle était entrée. Maggie ne savait même pas comment elle faisait pour ne pas craquer complètement, surtout après lui avoir avoué de telles choses. Elle était encore partie pour vivre le restant de ses jours avec des regrets plus intenses encore que ceux qu’elle n’avait ressentis jusqu’ici. Surtout que les mots de Daryl n’en n’étaient que plus difficiles à encaisser pour la simple et bonne raison qu’elle se sentait diablement vulnérable. Plus qu’elle ne l’avait jamais été jusqu’ici. « Peut-être que c’est ridicule mais ne disais-tu pas toi-même que j’étais ridicule à l’époque de t’aimer autant juste avant que tu ne m’avoues toi-même que tu étais amoureux de moi ?! Je me suis souvent sentie ridicule et pourtant, même des années après, j’ai du mal à me tenir aussi loin de toi tellement ça m’arrache le cœur ! Et je sais que je n’ai rien le droit de dire parce que je suis la seule fautive, ce qui est plus douloureux encore ! » Pour cette tirade, Maggie s’était finalement tournée vers Daryl en démontrant qu’elle n’avait plus le visage aussi impassible que précédemment et bientôt, elle ne manqua pas de froncer les sourcils en prime. « Mais… tu as dit que tu allais te marier ! » La pétillante avocate le regardait droit dans les yeux, tout en sachant que même si ce n’était pas vrai, il n’était rien qu’elle puisse espérer. « J’ai une fille que j’ai sauvé de deux parents l’ayant abandonnée en chemise de nuit sur une route à l’âge de treize ans. Elle m’a sauvée de la noyade autant que j’espère l’avoir fait pour elle. »

Maggie leva les yeux au ciel tout en serrant les poings, presque prête à le remercier de changer de sujet car elle était prête à imploser littéralement et puisqu’il allait se marier et qu’elle faisait fausse route, inutile de continuer à remuer le passé. Ni lui ni elle n’avait à y gagner. « Ils ont tenté de reprendre contact justement parce qu’elle a récemment gagné un prix, qu’elle est passée dans le journal et qu’elle a eut un regain d’intérêt à leurs yeux ! S’ils veulent la voir, il faudra qu’ils me passent sur le corps parce qu’ils n’étaient pas là pour calmer les cauchemars de Willow quand elle avait treize ans ! Cette intelligence fait qu’elle est sous ma tutelle et c’est très bien ainsi, nous avons enfin trouvé un rythme qui nous convienne à l’une comme à l’autre et je ne veux pas que ces fous viennent tout foutre en l’air. » A ceci près qu’en parlant de tout foutre en l’air, l’arrivée impromptue de la secrétaire de Daryl lui arracha un regard à la fois dévasté, comme si elle venait de se prendre un poignard dans le cœur, et gêné parce qu’elle se sentait manifestement de trop alors que leur conversation tendant vers quelque chose de purement professionnel. A ceci près que Maggie ne manqua pas de noter la surprise dans les yeux de ladite assistante et fiancée, qui s’éclipsa d’ailleurs sans demander son reste sans une trace de tendresse, mais aussi l’hésitation dans le fond des yeux de Daryl. « Oh, je te connais trop bien Daryl Grant… » souffla-t-elle avant qu’un fou rire ne s’empare aussitôt de sa personne. Cela faisait tellement longtemps qu’elle n’avait pas rit aux éclats de façon si naturelle que cela lui fit un bien fou et balaya toute trace de rancœur et de crainte. « Tu veux me faire mordre la poussière au point d’inventer un bobard aussi gros que toi ? Tu oublies que je suis avocate au pénal, que je vois des mensonges à longueur de journée, que j’ai une fille qui est toujours ado dans sa tête et… que je t’ai offert ma première fois et beaucoup d’autres choses, ce qui fait que je t’ai très, très longuement observé. Tu peux me prendre pour ce que tu veux à commencé par une bitch mais je ne suis pas encore devenue sénile ou aveugle ou complètement conne. »

Autant dire que toute jubilation disparut du visage de Maggie alors que Daryl lui exposait des faits dont elle se devait de prendre conscience de toute urgence. Le regard de la pétillante avocate s’humidifia subitement alors qu’elle ne voulait pas imaginer ce que serait son existence sans Willow. Si par malheur ses parents biologiques finissaient par en obtenir la garde, cela la détruirait littéralement et elle ne serait jamais capable de s’en relever, nul ne le savait mieux qu’elle. « Je sais que mon métier ne joue pas en ma faveur de même que le fait que je sois mère célibataire mais tu sais quoi ? Je m’en fous. Je suis prête à faire tout ce qu’il faut pour qu’ils ne me la prennent pas. Je ne te demande pas de comprendre mais s’il faut que je me ruine, que j’abandonne toute carrière ou que je fasse un métier dégradant à la place, il n’est rien que je ne juge impossible pour continuer à lui fournir un bien être, une vraie famille. Cela dit, Willow a gagné un prix conséquent et qui se compte en milliers de dollars. Elle m’a écouté et fait un placement intéressant mais je suis sûre qu’ils en ont après cet argent. » Chose qui n’était pas son cas puisque Maggie gagnait déjà très, très bien sa vie en tant qu’avocate au pénal. Mais quelque part, cela la dérangeait que Daryl ne soit présent même en tant que médiateur parce que cela continuait à porter son cœur au supplice et l’américaine ne savait pas si elle saurait supporter encore longtemps de voir le mépris dans le fond de son regard. « Pourquoi mentir ? Je t’ai bien avoué la vérité sur ma connerie et ça ne t’a fait ni chaud ni froid, qu’est-ce que cela aurait changé ? Je voulais au contraire que tu puisses avoir une vraie vie et une famille avec quelqu’un qui ne serait pas immature comme moi. Je pourrais te demander pardon pendant des heures mais je sais que pendant ces heures là tu m’enverrais chier alors quoi ? Tu n’as qu’un mot à dire et je débarrasse le plancher. C’est toi qui m’a retenue tout à l’heure je te signale… tu es un médiateur, voilà, je suis informée ! Dis-le que tu veux que je dégage et je te fais ce plaisir dans la seconde. »

Maggie encaissa chaque détail et n’alla évidemment pas contre le fait qu’il ne veuille obtenir les deux sons de cloche. C’était même logique en soi, au même titre qu’elle attendait de pied ferme à être traînée dans la boue et à ce que sa maison soit inspectée au peigne fin. Elle s’y était préparée, ce n’était pas un souci pour elle. « Il suffira que tu me dises quand tu veux t’entretenir avec Willow et je la ferai venir » furent ses seules paroles en réponse à ce qui concernait l’affaire faisant davantage office d’épée de Damoclès au dessus de sa tête. A ceci près que pour la suite, Maggie n’hésita pas à retenir une gifle qui aurait pourtant été bien sentie après ce discours sans état d’âme qu’il lui offrait. « Pour que tu me considères comme un morceau de bidoche ? Non merci, tu peux continuer à te farcir ta veuve poignet ! » rétorqua-t-elle aussi sèchement car elle ne parvenait pas à se contrôler tant il la poussait à bout. D’autant qu’il manquait de logique : puisqu’elle n’était qu’un dossier parmi tant d’autres, pourquoi ne pas le refiler à un petit jeune tout juste sorti de l’école sans l’ombre d’une hésitation ? Ce serait plus simple pour lui. « Bien ! Tu m’as fait du mal, t’es content aussi ? Comme si tu savais le fin mot de l’histoire en prime !! Tu te considères impartial mais… le fait que je puisse simplement avoir fait une erreur de jugement et que je veuille réparer mes conneries ne t’a pas effleuré l’esprit ? J’ai sincèrement, sincèrement pensé que tu souffrirais moins de notre séparation si j’agissais de cette manière, mais ne croit pas que je n’ai pas souffert aussi de la chose et que je n’en souffre pas encore ! Si je ne suis qu’un dossier, pourquoi tu ne me refiles pas au premier jeune venu ? Si c’est simplement pour m’en foutre plein la tronche alors que je suis dans la même situation que toi, j’appelle ça de la basse vengeance et ce n’est pas digne du Daryl que je connaissais ! »

Maggie n’eut même pas le courage de répondre quoi que ce soit à propos du dossier tant la suite des paroles de Daryl la tuèrent sur place. La pétillante américaine fut pétrifiée sur place d’apprendre tout ça alors que de son côté, durant les mois qui avaient suivi sa séparation avec celui qui deviendrait procureur, elle n’avait point fait la fête ni eut le cœur à côtoyer le moindre stripteaseur qui tienne. De toute façon, ce n’était pas dans ses goûts et de toute manière, elle n’était pas majeure à ce moment là. Mais autant dire que savoir ça, et plus encore qu’il avait souhaité la demander en mariage, lui arracha deux larmes qu’elle essuya aussitôt pour éviter de ne perdre totalement la face. S’il y avait bien une chose qu’il savait, c’est qu’elle ne pleurait jamais, pas même lorsqu’elle souffrait atrocement. Fallait-il que son cœur soit au supplice pour qu’elle en vienne à un tel résultat. « Et dans ce fameux voyage, il y avait un certain Brandon je suppose ? J’ai entendu dire que vous étiez devenu comme cul et chemise après mon départ ! Mais il ne s’est sûrement venté auprès de toi de la façon dont il a déchiré ma robe et dont il m’a battue en voulant obtenir quelque chose que je n’avais donné qu’à toi hein ? Si tu te souviens bien, je suis venue te trouver en boitant le lendemain, parce que chaque pas était un supplice et pourtant je ne voulais pas juste te parler au téléphone. J’avais besoin de te voir une dernière fois… alors c’est vrai, je t’ai piétiné, j’ai ruiné probablement ce qu’il y avait entre nous pour toujours et je t’ai brisé le cœur, mais j’ai été brisée en premier. Je me suis sentie comme une cible et je ne voulais pas qu’on puisse te faire du mal à travers moi alors je suis partie. » Maggie prit la première chaise à proximité comme support et s’assit de façon un peu hésitante mais c’était cela ou elle s’effondrait. Son cœur n’avait jamais battu si fort et elle regardait le sol pour reprendre contenance. Il fallait qu’elle se reprenne !

La phrase de Daryl lui glaça le sang mais il n’avait pas fallut qu’elle lui lance autre chose qu’un regard pour qu’il ne comprenne toute la vérité : sa distance, sa soudaine cruauté, les mots qu’elle n’aurait jamais été capable de prononcer en temps normal, puis son départ… tout avait été motivé par une seule et même chose : une foutue nuit durant laquelle l’américaine avait bien manqué d’y rester. Il lui avait fallut tout son courage pour s’en relever et aujourd’hui, il lui avait à nouveau fallut tout son courage pour l’avouer à l’homme de sa vie. Comment diable aurait-elle pu prévoir qu’il partirait en trombes de son bureau ? La pétillante avocate eut beau hurler de concert avec son assistante, il était comme un taureau en colère en pleine arène… impossible à arrêter. La jeune femme n’hésita pas plus d’une seconde avant de ne se lancer à sa poursuite, prenant cette fois l’ascenseur qui ouvrait justement ses portes à leur étage. Par chance, il n’avait pas encore démarré et bataillait avec le coffre de son engin, cette même moto qui lui offrit une vague de souvenirs ne faisant que la troubler plus encore. « DARYL ARRÊTE ! » hurla-t-elle alors qu’elle avait couru jusqu’à son bolide pour mieux se mettre devant. Certes, s’il démarrait effectivement, elle ne ferait sûrement pas le poids mais elle n’avait pas le droit de ne pas tenter le tout pour le tout afin de le stopper. « Daryl arrête, écoute-moi, regarde-moi !! Si tu te rends chez lui tu risques de ne pas te contrôler et tu risques ta carrière en faisant cela et je refuse que tu bousilles encore plus ta vie à cause de moi !! Je ne te laisserais pas passer tu entends… » Maggie avait la respiration drôlement haletante et avait eut du mal à articuler ses mots à cause des larmes qu’elle retenait tant bien que mal mais elle était décidé, au point de placer ses mains contre celle du procureur alors qu’il avait déjà empoigné les deux côtés des freins. « Je t’en prie, écoute-moi… ! »

« Tu peux me rouler dessus je ne m’écarterai pas ! » lança-t-elle avec autant de conviction que possible bien que sa volonté semble se dérober au fur et à mesure des minutes. Maggie se demandait si elle avait bien fait de lui avouer de telles choses car de toute évidence, elle avait déclenché une colère nettement plus grande que tout ce à quoi il l’avait un jour habituée. L’américaine rêvait de pouvoir prendre toute cette négativité de son âme et de lui faire oublier les paroles qu’elle avait pu prononcer. Mais elle n’osait rien faire d’autre que caresser délicatement ses mains à l’aide du bout de ses pouces, sans s’imposer davantage, même si ses mots lui transperçaient le cœur et qu’elle avait follement envie de hurler au supplice. « Ne dis pas ça ! Ta carrière est importante pour toi et il ne vaut pas l’énergie et les risques que tu vas prendre pour l’atteindre ! Il ne mérite rien de précis et surtout pas que tu penches sur son cas parce qu’il ne m’a rien fait que je ne puisse un jour oublier, non rien que je ne puisse un jour oublier. Et si j’ai pu endurer ça alors tu vas rester ici tu m’entends ! » Maggie n’avait peut-être rien à lui ordonner mais elle refusait de le voir en prime gâcher sa vie alors qu’elle était déjà à l’origine de ce beau gâchis. Ca ne la rendait que plus malade. « Tu ne m’as jamais perdue, Daryl. Je n’ai laissé personne rentrer dans ma vie depuis le moment où j’ai passé le pas de ta porte parce que j’aurais eu l’impression de te trahir ! Je suis pleinement fautive parce que j’ai tourné les talons sans t’avouer la vérité parce que j’avais peur que tu ne me regardes autrement… peur que tu ne veuilles plus me toucher et pire que tout, peur d’être une cible facilement atteinte pour te faire du mal. Je n’aurais jamais dû t’avouer tout ça des années après, c’était stupide de ma part mais je t’en prie si tu veux en vouloir à quelqu’un alors continue de me haïr mais je t’en prie… descends de ta moto. »