Une visite si tardive au bureau de son fils était diablement inhabituelle pour Wolf père. Mais dernièrement, il semblait faire des cachotteries. Il avait refait l’intégralité de sa garde robe, avait embauché un coach sportif pour conserver une ligne de jeune homme et s’était lancé dans une cour enflammée auprès de Morgana Rose. LA femme qu’il est diablement impossible d’obtenir. Pourtant, contre toute attente, la belle monégasque lui avait accordé une attention certaine, allant jusqu’à accepter ses dîners et autres escapades qu’il lui demandait chaque semaine avec plus d’empressement et d’intérêt. Mais il aurait été illogique que Morgana n’éprouve pas elle-même un intérêt pour ce milliardaire possédant un verbe charmant, une culture absolument sublime et qui, contrairement aux idées reçues, s’intéressait à beaucoup de choses puisqu’il s’était montré capable de la courtiser sur ses terrains. Il l’avait emmenée à un match de boxe, ils avaient fait une longue partie de golf où elle lui avait mis une pâtée monumentale, s’étaient adonnés à du saut en parachute et dînaient toujours dans des restaurants ne possédant pas nécessairement plusieurs étoiles mais dont la cuisine et le service restaient non moins impeccables. En d’autres termes… aux yeux de Wolf père, il était évident qu’il ne pourrait trouver femme plus piquante et imprévisible, il se devait donc de passer à la vitesse supérieure avant que quelqu’un d’autre ne se rende compte de la chose. « Fils, as-tu quelques minutes à accorder à ton vieux père ? » osa-t-il demander tout en sachant que Morgana était partie il y a quelques minutes à peine et ne reviendrait qu’une fois l’emploi du temps décortiqué avec l’assistante de Dillon. « Inutile de tourner autour du pot tu sais bien que ce n’est pas mon genre : j’avoue avoir passé quelques-uns des jours les plus intenses de ma vie en compagnie de ta charmante garde du corps. Elle avait déjà su piquer ma curiosité lorsque son père était mon propre garde du corps il y a quelques années, mais je ne me serais jamais permis d’approcher sa fille sans qu’elle ne soit parfaitement indépendante… question de respect. Sauf qu’aujourd’hui elle m’a montré de nombreuses facettes d’elle qui m’attirent bien au-delà des mots et… je compte bien l’épouser. Je crois que je ne trouverais jamais de femme aussi étonnante, drôle, piquante, imprévisible et magnifique qu’elle, il est donc de mon devoir d’en faire ma femme avant que quelqu’un d’autre ne s’aperçoive de cette perle rare. Ma visite n’est donc pas innocente au-delà de ces paroles, tu t’en doutes… je ne souhaite pas qu’elle continue à assurer ta protection, je t’ai donc fait une liste d’excellents gardes du corps qui sauront, j’en suis certain, combler tes attentes à la perfection. Inutile que ma future femme continue à risquer sa vie, bien que ce soit pour mon fils… toi qui râlais d’avoir une femme comme protectrice, considère ton problème comme oublié ! Ma demande sera faite ce soir, Morgana et moi avons rendez-vous… te serais-t-il possible d’arranger sa fin de contrat d’ici là ? Je compte sur toi ! Je m’éclipse, je ne tiens pas à ce qu’elle me voie… » Et effectivement, il s’était éclipsé au bon moment puisque trente secondes après, la belle monégasque réapparaissait, un dossier à la main pour le lui faire valider : « Les modifications de votre emploi du temps ont été prises en compte, Monsieur. Puis-je faire autre chose ? »

Un sceau d’eau froide. Voilà ce qu’eut l’impression de recevoir Morgana en pleine figure alors que Dillon lui annonçait sans sentiment qu’elle était renvoyée. Pourquoi, comment, de quel fait, mystère. Il ne souhaitait pas s’étendre sur le sujet mais la belle monégasque ne l’entendait pas de cette oreille. Puisqu’elle ne serait plus amenée à le protéger ou à lui devoir le plus petit respect, autant dire qu’elle n’allait pas se priver de jouer au même jeu que lui : à savoir qui serait le plus con des deux. Il n’était pas certain qu’il serait gagnant sur ce coup là. « Je suis désolée d’avoir à vous dire ça mais il n’est pas question que je quitte les lieux sans une meilleure explication que celle-ci. Vous estimez que je ne dois plus travailler avec vous ? Très bien. Mais vous devez me donner une explication valable, c’est la loi. Vos désirs ne devraient même pas rentrer en ligne de compte surtout que vous vous targuez de n’avoir aucun sentiment. » Il ne fallait pas la prendre pour la moitié d’une abrutie, non plus. Morgana n’avait certes pas de diplôme à proprement parler mais son expérience parlait pour elle et il n’était pas question une seconde qu’un milliardaire la piétine en la faisant d’un même temps douter d’elle-même. « De plus vous ne m’avez pas donné de courrier indiquant que vous souhaitez que je quitte mon poste aujourd’hui. J’ai du mal à ne pas penser que le fait que votre père m’ait régulièrement invitée n’est pas étranger à ce soudain revirement de situation. Sans avoir les chevilles qui enflent je vous ai déjà montré que j’étais la meilleure. » Oh elle n’avait pas l’intention de le supplier de la reprendre, plutôt crever, elle avait sa fierté tout de même ! Mais c’était une abomination pour sa confiance en elle. La froideur de Dillon lui donnait ni plus ni moins des envies de meurtres et, afin d’obtenir davantage son attention, elle n’hésita pas à frapper son poing contre le bureau de Wolf fils. S’il fallait qu’elle lui tire les vers du nez afin d’obtenir satisfaction, ce n’était pas un souci pour elle. « Vous avez refusé ma démission lorsque votre petite amie me poursuivait de ses assiduités et aujourd’hui vous me renvoyez sans même un regard en priant certainement que je tourne les talons sans un mot. Soit vous me prenez pour la première gourde venue, soit vous êtes jaloux, Monsieur Wolf. Dans un cas comme dans l’autre, votre comportement ne nous honore ni l’un ni l’autre. »

Effectivement, Dillon semblait avoir tout prévu mais plutôt que de l’agacer, cela amusa Morgana. Il se donnait un mal fou à lui pointer la porte et en d’autres circonstances, sûrement l’aurait-elle passée sans l’ombre d’un remord mais quelque chose la chiffonnait tout de même : la demoiselle n’était pas connue pour son excès de sentiment, surtout pas sur le terrain et savait par conséquent garder la tête froide plus que n’importe qui… voire même davantage que ne savait le faire Dillon en personne. « Au niveau de la loi nous sommes bons. Petit détail cependant : pourquoi ne pas avoir accepté ma démission il y a quelques temps pour m’épargner ce genre de sourire qui me donne envie de vous faire ravaler votre fierté à grands coups de pompe dans le cul ? D’ordinaire, j’aurais tout à fait pris des gants considérables pour vous dire ces mots mais vous l’avez dit vous-même : vous n’êtes plus mon patron je n’ai donc aucun respect à vous donner en particulier. » A couillon, couillon et demi. Morgana avait été à bonne école avec son père en la matière, qui avait une fâcheuse tendance à jouer aux fléchettes sur le portrait de ses anciens patrons, en tout cas pour ceux dont la collaboration s’était mal terminée. A vrai dire, la fin de celle-ci était étrange et n’était à qualifier ni positivement, ni négativement. Morgana ne savait pas comment la considérer, et c’était bien là où le bas blessait justement. « Je me fous complètement que vous n’ayez aucune certitude, je m’en cogne à vrai dire. Mais je me connais… peut-être que vous laissez aux mains de grands malfrats aurait pu faire être une infinie satisfaction mais je ne fais pas de sentiment sur le terrain. Contrairement à vous, qui êtes régit par tout un tas d’émotions aussi humaines que douteuses, je suis une pierre une fois en garde du corps. Peut-être est-ce ça qui déplaît à votre père… que je sois si inhumaine alors que je suis très différente en face de lui. » Puisque Dillon s’était dirigé vers le bar, cela signifiait que la conversation était loin de lui plaire. Morgana n’hésita donc pas à se rapprocher, ses bras croisés contre sa poitrine, le visage impassible, marqué par un simple sourire à la fois satisfait et moqueur. Cherchait-elle à le pousser à bout ? Possible. C’était jouissif dans tous les cas puisqu’elle n’avait plus à ramper devant lui. « Vous vous démerderez avec mon successeur. Vous êtes un grand garçon, n’est-ce pas ? Vous allez donc m’éviter de vous moucher le nez en prime… je souhaite plutôt une réponse à cette question : si ça ne vous fait ni chaud ni froid, pourquoi êtes-vous à vous réfugier près de votre précieux bar ? » Morgana avait susurré la chose au creux de l’oreille de Dillon avant de s’éloigner et de commencer à reculer vers le bureau, sans pour autant se retourner et donc sans le quitter des yeux.

« Dis celui qui se tape des blondes peroxydées refaites de partout ! Chez moi au moins tout est naturel » balança Morgana sans l’ombre d’une hésitation, observant chaque geste de Dillon avec toute l’attention dont elle était capable. Effectivement, Janice ne manqua pas de venir lui porter son courrier de licenciement avant de disparaître en mode aussi furtive qu’une ombre, mais la belle monégasque, au lieu de quitter la pièce en petit toutou bien sage, ne manqua pas de s’asseoir contre le fauteuil en face du bureau de Dillon pour mieux placer ses bottes dessus. Sa position était provocatrice mais son idée première n’était pas de se faire prendre sur ledit bureau à vrai dire : elle souhaitait simplement qu’il crache sa valda. « Ne m’appelle pas belle-maman je suis plus jeune que toi ! » souffla-t-elle tout en haussant les épaules, preuve que dans le fond, elle s’en moquait comme de son tout premier contrat. « Ce n’est pas qu’une question de vieillesse, l’ami. Tu n’es juste pas assez expérimenté pour me faire grimper aux rideaux, c’est tout. Mais tu te trahis tout seul en parlant de relation sordide, elle n’a rien de sordide du tout cette relation. Pour le mariage c’est un peu… non en fait ce n’est pas du tout mon style j’aime trop ma liberté et il sait ce que j’en pense, il me l’a déjà demandé. Mais ce n’est pas le propos du jour : il est drôle et étonnant votre paternel, vous devriez être fier ! Il m’a très bien cernée en plus. Il a évité les grands restaurants et s’est mis lui-même aux fourneaux à chaque fois qu’on est sortis… il a eu la défaite noble quand je l’ai laminé au golf et je lui ai appris quelques prises de kung-fu ! Franchement, pour un milliardaire, il a une certaine humilité et j’apprécie. Mais je crois te l’avoir déjà fait comprendre : tu ne sais strictement rien de moi et puis… je ne suis pas le genre de nénette à réclamer du pognon ou à faire tout un scandale devant la presse dès que quelque chose me déplaît. Y’a pas marqué écervelée sur mon front… » Morgana arqua un sourcil, n’ayant strictement aucun scrupule à énoncer avec sincérité ce qu’elle avait justement vécu avec Wolf père. D’accord, cette histoire de mariage lui déplaisait par avance et par principe mais quelque chose lui disait que dans tous les cas… elle allait être surprise. « Puisque je suis bientôt une Wolf, je peux squatter ton bureau… après tout t’es plus mon patron alors tu peux toujours beugler… oh et n’espère surtout pas que l’on me fasse sortir d’ici à grands coups de pompes là où je pense : j’ai déjà corrigé un de tes vigiles j’en bouffe dix comme eux au petit déj’. » En un mot comme en cent : ne surtout pas la sous-estimer. Au final, tout ceci l’amusait beaucoup !

Morgana était pleinement satisfaite. S’il la haïssait ce n’en serait que plus facile, surtout qu’elle n’avait pas la moindre intention d’épouser son paternel… ne l’avait-il donc pas compris ? La belle monégasque avait beaucoup de qualités mais pas celles qui pourraient faire d’elle une parfaite épouse. Elle n’était pas raisonnable, avenante, altruiste… c’était plutôt un modèle d’égoïsme prête à faire une fête à tout casser chaque soir qu’elle pouvait vivre. Wolf père n’était pas le premier compagnon auquel elle pensait pour ce genre de vie et puis… soyons honnête, d’un côté, se faire mettre la corde au cou n’était aucunement dans ses plans futurs. Aussi vrai que son propre père ne s’était jamais marié, elle comptait bien le prendre pour modèle aussi souvent qu’elle le pourrait, et surtout pour ce genre de détail. « Nouvelle chose à savoir sur moi : si ça t’agace, compte sur moi pour continuer à te tutoyer mon p’tit bouchon ! Par ailleurs tu es peut-être blindé mais tu n’es pas encore sénateur alors toi aussi, redescends un peu de ton piédestal… techniquement parlant, tu n’as pas plus de valeur que moi si on en croit ta vie passé. Ce n’est pas une critique ne monte pas sur tes grands cheveux j’ai la plus grande admiration pour ce que tu as fait… mais ce n’est pas pour autant ce qui va me faire te bisouter les pieds, faut pas pousser mémé dans de la lave en fusion non plus. » Morgana haussa les épaules, se releva de son fauteuil pour mieux placer ses bras contre le bureau, adoptant une position des plus provocatrices juste pour offrir en quelque sorte son bouquet final. Quitte à ne plus jamais avoir à traiter avec Monsieur Wolf… autant vider la carcasse jusqu’au bout, n’est-ce pas ? « Retraité ? Oula, c’est dur ! On dirait que vous aimez autant votre père que vous le détestez. C’est… grisant. Mais après je ne juge pas, chacun ses petites trames familiales ! N’ayez crainte, je voulais juste vous tester puisque je n’aurais plus la possibilité de le faire à l’avenir. Je vous souhaite de remporter vos élections. Vous pourrez être assuré de votre sex-appeal ad vitam eternam, c’est pas la classe ?! Pour info : je suis une incorrigible égoïste et je n’ai besoin de personne pour s’occuper de moi. Même si j’apprécie votre paternel… il n’est pas question une seconde que je l’épouse, vous avez donc renvoyé un assez bon élément pour rien. Mes hommages, Monsieur Wolf. » Morgana avait repris son vocabulaire respectueux, fidèle à son tempérament imprévisible et incontrôlable avant de s’incliner avec le plus grand respect, comme le lui avait appris son mère au Japon, lors de ses entraînements d’adolescente. Et elle se dirigeait vers la porte, effectivement… après tout, elle n’était pas difficile à voir !

« Sergeï Vassilievykh s’est marié en attendant et il a une épouse adorable… vous avez qui vous ? » Ne jamais pousser Morgana sur ce genre de terrain, surtout qu’elle commençait doucement mais sûrement à se faire hautement estimer auprès d’Elvia et de Vioryna. Ces deux demoiselles ne possédaient pourtant pas son tempérament, étaient sensiblement différentes mais toutes les trois avaient énormément à s’apporter, c’était certain. C’est justement grâce au fait qu’elle les côtoyait que Morgana n’avait aucune envie de piétiner Wolf père, de lui briser le cœur ou même de jouer avec lui. Fut un temps où elle en aurait été tout à fait capable… mais cette capacité commençait hélas à s’amoindrir. « Petite précision qui s’impose : je n’ai aucune intention de l’épouser ET de jouer avec lui. C’est quelqu’un de fortement appréciable et contrairement à vous, je sais regarder mon prochain dans les yeux et l’analyser, c’est mon job. Je peux vous dire exactement ce qu’il aime, déteste, sa façon de réagir quand il est gêné, peiné, en colère, sur le point de dire une connerie… je crois que je connais bien mieux votre père que vous, au final. Ne pas vouloir l’épouser est un choix personnel car de toute façon je ne suis pas la femme qu’il lui faut. Je ne sais pas tenir en place et puis… en dehors de mon travail, me demander de taire ma fougue est criminel. Inutile de chercher à me menacer car encore une fois… vous ne vous trouvez pas en face de l’une de vos bimbos sans cervelle qui ne sait même pas épeler son nom ! » La belle monégasque haussa à nouveau les épaules, comme si rien de tout ceci ne la dérangeait ou ne la touchait. Son cœur était enfermé dans un coffre blindé depuis des lustres et il n’était pas question que la chose change. Pas même lorsque Dillon en personne avouait les véritables motivations ayant impliqué son licenciement… « Et je n’ai pas couché avec votre père » crut-elle bon de préciser, au cas où. En d’autres circonstances Morgana se serait appliqué à l’inverse en premier lieu, mais Wolf père n’était pas quelqu’un qui couchait le premier soir… il avait plus de classe que ça. « C’est pour ça que vous avez viré l’autre blonde ? Je suis très flattée. Je ne pensais pas que vous finiriez par l’avouer… et si je dis que c’est réciproque, vous allez continuer à vous coltiner votre discours ou vous contenter de me prendre sur votre bureau ? Si vous vous en sentez capable bien sûr… »

Morgana appréciait particulièrement appuyer là où cela pouvait bien faire mal. Pointer le détail qui tue résultait de l’art et diable, elle était douée en la matière, ça ne faisait pas le moindre doute. Pourtant, face à certaines personnes, la belle monégasque n’était aucunement piquante ou même cruelle… comme en compagnie d’Elvia ou de Vioryna, qu’elle avait passé tout un weekend à longuement conseiller pour continuer à attirer leurs hommes respectifs dans leurs filets. Et d’après les échos qu’elle en avait eu, sa petite manœuvre n’avait pas été inutile le moins du monde. Mais ici, dans ce bureau où la température ne faisait qu’augmenter de seconde en seconde, il n’était plus question de penser à ses deux nouvelles comparses… « Mouais… à voir ça, je suis pas le premier petit cul venu ! » se défendit Morgana avant d’accueillir le baiser de Dillon avec une fougue encore supérieure, et une façon d’embrasser proprement divine. Il faut dire qu’elle avait de l’expérience et qu’elle avait imaginé ce moment depuis un lustre… il n’était pas le seul à avoir attiré par l’autre depuis le début de leur collaboration, après tout. Morgana ne le disait pas à haute voix mais elle avait pensé plus d’une fois à lui faire des avances. Hélas, il restait son patron et il n’était pas question de s’adonner à ce genre de choserie. Mais ce soir, puisqu’il l’avait renvoyée, plus de scrupules à avoir. « Pas trop mal Monsieur Wolf, mais à mon tour » énonça-t-elle simplement dans un souffle avant de le pousser sur le canapé avec force, contrôlant bien évidemment sa chute avant de ne venir aussitôt coller son corps au sien, avec cette sorte d’ivresse, d’empressement… en un rien de temps et sans qu’il ne puisse sûrement s’en rendre compte, Morgana avait déjà déboutonné sa chemise et la lui ôtait avec souplesse, comme si elle en avait diablement l’habitude. En deux baisers furieux, la brunette lui dévora le cou et le torse, s’amusant même à déposer un suçon plutôt prononcé contre la peau de l’un de ses pectoraux, comme pour laisser une vive marque dans sa chair, si éphémère soit-elle. La preuve que Morgana n’était pas uniquement une énième maîtresse mais bien une marque possédant son côté unique… en l’espace de quelques secondes, elle reprit cependant son petit manège, le gardant plaqué contre le dossier du canapé tandis qu’elle ôtait sa ceinture avec les dents, mêlant douceur et violence, imprévisibilité et douceur, pour qu’il ne sache jamais à quelle sauce il risquait d’être mangé. En l’espace de quelques secondes à peine, Dillon était en caleçon, offert à ses mains exigeantes et tentatrices, tandis que ses lèvres effleuraient furtivement la marque de son désir pour elle… désir dangereux mais non moins présent.

Aussi vrai que Morgana n’était pas la première couillonne venue, elle n’était pas femme à se laisser dominer aussi facilement. Elle donnait autant qu’elle recevait, ne laissant le contrôle à ce bon Dillon Wolf que pour qu’il ne l’effeuille et ne lui prouve son propre savoir-faire. A vrai dire, dans ce corps à corps, la lutte de deux titans se mettait justement en place. L’un comme l’autre semblait incapable de laisser le dernier mot en pâture au désir de son partenaire, laissant la parole au corps de l’autre pour mieux la reprendre avec fièvre par la suite. Ainsi, Morgana fut mise à nue par les bons soins du milliardaire mais elle ne manqua pas d’inverser aussitôt les rôles par la suite, reprenant la situation en main avec une sorte de facilité insolente qui fit marquer délicatement ses traits en un sourire provocateur. Mais Dillon n’allait pas s’en offusquer, n’est-ce pas ? Pas alors qu’elle jouait avec l’élastique de son caleçon qui commençait de faire à se trouver légèrement trop petit pour contenir le désir se faisant de plus en plus envahissant. A la décharge de l’américain, Morgana se faisait un plaisir de le provoquer, de jouer avec, de l’effleurer du bout de sa langue avant de n’ôter violemment la dernière barrière vestimentaire qu’il portait avec fierté sur son corps d’éphèbe. « On ne s’avoue toujours pas vaincu Wolf ? » La belle monégasque se mit subitement à mordiller la peau de son bas ventre, goûtant chacun des frissons qu’elle lui procurait tandis que ses mains, exigeantes et tentatrices, s’amusaient à la fois avec la manifestation de son désir mais aussi avec la pointe de ses pectoraux, toutes deux dressées face aux multiples traitements qu’elle leur faisait subir sans l’ombre d’une hésitation. « T’es pas mauvais à dévorer, en fait… » Mais cette fois, plus que ses lèvres, c’est sa langue qui titilla longuement la marque la plus primaire de sa virilité, n’ayant de cesse de le provoquer comme si elle n’attendait qu’une chose : qu’il cherche à reprendre le contrôle de son côté ou qu’il ne la supplie d’arrêter… chose qui n’arriverait jamais, bien entendu !

Morgana appréciait ô combien qu’il ne rende pas facilement les armes. Aucun des deux n’avait le dessus sur l’autre mais ça n’en n’était que d’autant plus délectable de les voir se débattre autant à parts égales. La belle monégasque démontrait par a+b à quel point elle était loin d’être une nonne ayant vécu dans un couvent, mais autant dire que Dillon n’était pas en reste de lui prouver à quel point son expérience jouait pour lui. La preuve, il ne manqua pas de lui arracher quelques gémissements en titillant délicieusement sa fleur de plaisir, et ce bien qu’elle n’ait de cesse de s’acharner à faire de même de son côté, refusant de s’avouer définitivement vaincue ou de rester inactive ne serait-ce qu’une seconde. Autant dire que Morgana fit en sorte de laisser ses hanches de soulever traîtreusement pour permettre à Dillon de s’insinuer en elle, créant de fait un corps à corps des plus fougueux, le lutte prenant un tout autre rythme alors qu’elle n’avait de cesse de continuer ses petites provocations, ne serait-ce qu’en ceinturant le buste du futur sénateur de ses cuisses hautement musclées, non pas pour contenir ses assauts fougueux mais plutôt pour lui offrir davantage de marge de manœuvre alors qu’elle lacérait littéralement son dos à l’aide de ses ongles, ses lèvres ne lâchant aucunement les siennes, Morgana faisant preuve d’une fougue dépassant l’entendement et qui faisait justement d’elle une amante unique. On se souvenait d’elle sans problème, au même titre qu’elle ne risquait pas d’oublier ce moment. Dillon poursuivait son lent va-et-vient furieux entre ses cuisses et ses gémissements allaient bon train, bien qu’elle ait une fâcheuse tendance à chercher à les faire taire en venant capturer à nouveau les lèvres du milliardaire. « Te retiens pas, t’es pas un vieillard, je ne suis pas en sucre… » En un mot comme en cent, que ce soit inoubliable pour l’un comme pour l’autre, au point qu’elle en inverse à nouveau les rôles, poussant Dillon à s’asseoir sur le canapé pendant qu’elle le chevauchait sensuellement, collant toujours son corps en sueur au sien sans lâcher ses lèvres d’une semelle.

Oh dear. C’est ce que l’on appelle se faire prendre la main dans le sac et quelque part, avoir l’impression de n’être qu’un gamin que l’on attrape parce qu’il a fauché une sucrerie lui déplût fortement. Mais flûte, elle n’avait pas promis la lune à Wolf père ! Au contraire, lors de leur tout premier rendez-vous, Morgana s’était penchée longuement sur son comportement profond, n’oubliant surtout pas de lui préciser à quel point elle avait une fâcheuse tendance à désirer sa liberté au plus profond d’elle-même tout en oubliant soigneusement de rappeler le lendemain. Le milliardaire avait insisté quitte à se brûler les ailes au passage… qu’y pouvait-elle derrière ? La belle monégasque ne pouvait pas le frapper en espérant lui faire quitter cette idée saugrenue de mariage ! Mais en attendant, tandis qu’elle se rhabillait sommairement pour être au moins un peu présentable, quelle ne fut pas sa surprise que l’homme lui ayant fait une telle cour la détache de ses propres responsabilités. Autant dire que la brunette écarquilla deux grands yeux surpris, prête à rétorquer quelque chose, mais Dillon ne lui en laissa pas le temps, jouant au type le plus mufle de la création, et autant dire qu’il excellait en cet art très noble, elle n’avait rien à lui envier. « Tu vois mon cul ? Tu l’as bien vu ? Parce que je crève direct si tu le retouches un jour, espèce d’enfoiré » grogna Morgana avant de lui asséner non pas une gifle, geste qui aurait été logique pour une demoiselle, mais une droite des plus mémorables. Ne jamais oublier qu’elle avait retourné l’un des vigiles du même Dillon Wolf il y a quelques semaines en seulement deux coups. « Je vais me rhabiller comme il faut très chère et vous pourrez me gratifier de toutes les demandes en mariage qu’il vous plaira, je me sens toute disposée à les entendre » conclut-elle avant de claquer la porte de la sorte de placard qui bordait le bureau de l’américain, où elle se retint de tout dézinguer, poussée par sa colère. A la place, elle se rappela l’exercice de respiration qu’elle avait appris adolescente, en Chine, avant de ne se rhabiller comme il fallait pour être présentable. Il fallait sauver la face quoiqu’il advienne !

Autant dire que Morgana mit un temps record à s’habiller. Aucune fioriture, elle en vint même à faire sauter quelques boutons de sa chemise dans l’empressement face à l’indicible colère qu’elle ressentait. Mais pourquoi diable était-elle en colère, au juste ? La belle monégasque ne pouvait pas attendre une autre réaction de la part de Dillon Wolf, il restait fidèle à sa réputation ! Plus qu’être un enfoiré de base, à vrai dire, il prenait son plaisir là où il y en avait et ne se préoccupait certainement pas du reste. Depuis quand l’implacable Morgana Rose était-elle si sentimentale ? De toute évidence, on ne l’y reprendrait plus et elle allait placer toute son énergie dans l’oubli de cet insupportable désir, cette attraction incontrôlable qu’elle ressentait pourtant au moindre regard de l’américain sur sa personne. Autant dire que ses propres yeux fut d’une couleur grise colère alors qu’elle sortait de la petite salle de bain, avec l’envie bien arrêtée de ne pas lui accorder la moindre parole… et sur le coup, elle maudit l’éducation presque stricte dont l’avait gratifiée son propre père. « Parfait ! Je ne vais pas vous faire l’affront de vous dire « au revoir » car cela signifierait « jusqu’à notre prochaine rencontre » et comme je n’ai pas la moindre intention de recroiser un jour votre route monsieur Wolf, ce sera un simple « adieu » pour ma part. » Et Morgana tourna les talons, devançant son « fiancé » bien qu’elle ait un mal cruel à le qualifier de cette façon. Mais dans son esprit, il n’était pas question de revenir en arrière : une Rose n’a qu’une parole. CQFD.