Enfer et damnation ultime. Dillon Wolf aurait sa perte, ce n’était pas possible autrement ! Des semaines qu’elle lui courait après et qu’ils étaient constamment dérangés, ou que son emploi du temps l’arrachait littéralement aux rares discussions qu’ils pouvaient bien avoir… ce n’était plus possible. Morgana avait pris ses échographies sous le bras, mis une jolie robe – qui ne manquait pas de mettre en valeur une poitrine on ne peut plus volumineuse vu qu’elle n’avait pas diminuée, bien au contraire – avant de ne se rendre jusqu’au restaurant ultra luxueux où il avait un dîner d’affaire, bien évidemment sans elle. A croire qu’elle soit si gaffeuse qu’il prenait un malin plaisir à la cacher… oh Morgana fut bon prince en le laissant presque finir le repas, profitant d’une percée dans le dîner pour attraper Dillon par le bras et l’embarquer dans un coin plus tranquille et silencieuse de cet immense restaurant. « Wolf tu vas m’accorder une minute de ton temps alors que ça fait des semaines que j’essaye de te parler !! Merde à la fin je sais que tu es un sénateur maintenant et que ton emploi du temps est ultra chargé mais j’ai l’impression que tu me fuies… » Morgana était essoufflée après avoir tant couru pour être sûre de ne pas le rater. Et dire que les quelques toubibs qu’elle avait vu lui avait tous dit qu’il était impératif qu’elle ne quitte pas son lit… tu parles d’un début de grossesse reposant toi ! « J’étais censée être stérile. Je ne t’en ai pas parlé parce que c’est humiliant et qu’il y a mieux que de dire à son… fiancé que l’on a une trompe qui a explosé dans un accident de voiture qui a faillit te coûter la vie ! Mais bref. Je suis enceinte Dillon, et j’essaye de te le dire depuis un lustre mais tu restes complètement sourdingue !! » Et pour preuve, elle lui pointa sous le nez toutes les échographies montrant bien qu’ils étaient trois. Morgana savait que la réaction de l’américain n’allait pas lui plaire. Sans même l’avoir vécue, elle le savait déjà !

Autant dire que Morgana soupira aussitôt tout en levant les yeux au ciel alors que Dillon ouvrait son manteau pour s’apercevoir qu’elle était effectivement habillée. Il croyait réellement à une plaisanterie ?! Et en prime, elle avait droit à des sous entendus graveleux si elle savait bien lire entre les lignes… et autant dire qu’elle avait appris à lire entre les lignes depuis qu’elle côtoyait Dillon Wolf de plus près. « Bien sûr que je le sais qu’ils sont trois ! » s’exclama-t-elle en tâchant d’être aussi discrète que possible afin de ne surtout pas, en prime, créer un esclandre. « Et je suis au courant que tu n’as pas le temps, tu n’as jamais le temps et c’est la raison pour laquelle je galère depuis des semaines à essayer de te parler !! Me fais pas d’allusion graveleuse je ne suis pas d’humeur et je veux que tu me prennes au sérieux parce que je ne plaisante pas Dillon Wolf ! » Aie, elle prononçait son nom en entier, cela ne laissait strictement rien augurer de bon pour la suite. Les rares fois où Morgana s’était amusée à faire ça, leur discussion s’était transformée en une insupportable dispute. Tu parles de repos ! Son médecin bondirait probablement en la voyant faire le zouave pour essayer de convaincre Dillon… « Je suis bien enceinte de triplés, je ne plaisantais pas. » Morgana le toisa longuement afin qu’il puisse additionner a+b, en espérant qu’il ne le fasse avec rapidité sans quoi il allait pouvoir lui lancer qu’il devait retourner à son dîner… et ça, autant dire que la monégasque le prendrait fort mal !

« Tu ne viens pas de me demander s’ils étaient tous de toi, c’est pas vrai ! » Morgana serra violemment les poings, retenant une envie incontrôlable de l’étriper sur place. Plus il parlait, plus elle avait follement envie de faire un carton et le pire, c’est que tout sénateur qu’il soit, la monégasque le mettrait KO en deux secondes. « Comment ça comment ça se fait ?! Réfléchis un peu, puisque t’es un petit génie tu vas trouver, Wolf !! » grogna Morgana au bord de la crise de nerfs. Mais le mieux fut sans doute la suite. Il espérait manifestement n’être qu’en plein cauchemar et une fois encore, comme si cela arrangeait tout et surtout la nouvelle qu’elle venait tout juste de lui annoncer, il ramenait leur relation au sexe. A croire que Morgana s’était réincarnée en une poupée gonflable ne devant être là que pour assouvir les besoins de Monsieur… alors restaurant chic ou pas restaurant chic, elle ne se retint pas de lui coller la gifle de sa vie, même si cela ne soulagea ni sa colère ni sa panique. « Ouais, on peut se demander comment j’ai pu être assez conne pour faire un enfant avec un courant d’air ! Enfin trois, en l’occurrence… de toute façon pourquoi je m’époumone, c’est évident que t’en as rien à foutre, tu te démerdes encore pour ne pas me croire et sous entendre que tu nages en plein cauchemar ! Mais tu as pensé à moi ?! Manifestement c’est trop te demander que d’arrêter de t’occuper uniquement de ton cul pendant deux minutes… tu veux aller te bourrer la gueule ? Bah vas-y ! Be my guest !! »

Bien sûr, il lui avait demandé de l’épouser et c’était sûrement ce qui la retenait de l’étriper les trois quart du temps quand il lui disait quelque chose qui lui déplaisait. Dillon oubliait un peu trop à quel point Morgana était colérique quand elle s’y mettait et là, il ne faisait rien pour l’aider à tempérer la colère sourde grognant pourtant en elle sans discontinuer. « Je n’avais pas l’intention de t’avouer mon accident de sitôt parce que ce n’est pas le genre de truc qu’on balance comme ça mais tu ne m’as pas laissé le choix !! Je savais que tu ne me croirais pas. A se demander pourquoi je te cours après depuis aussi longtemps puisque c’est comme si je pissais dans un violon ! » Ses excuses la surprirent bien sûr mais Morgana avait déjà les larmes aux yeux et se demandait ce qu’elle foutait là. Elle aurait dû partir mille fois et pourtant, elle s’approcha pour mieux reculer d’un pas, hésitante, ne sachant ni sur quel pied danser ni ce qu’il était en train de lui dire au juste. « Comment tu veux que je sache ce qui t’es arrivé exactement puisque tu ne me parles jamais de rien, hein ?! » La monégasque n’avait pas l’intention de le trahir et la situation était somme toute bien différente. Mais encore une fois, il lui semblait inutile voire fou de considérer qu’il l’entendrait, même si elle le lui disait. « Si je lis bien entre les lignes, tu veux que j’avorte ? » Autant appeler un chat un chat.

Morgana sursauta à son « hors de question » et se laissa guider jusqu’à une pièce plus tranquille où elle écouta Dillon sans l’interrompre. Effectivement, tomber enceinte alors qu’elle savait depuis des années que ce ne serait jamais un rêve qu’elle pourrait ne serait-ce que caresser du doigt, c’était inespéré. Mais la réaction de l’américain la mettait dans un tel état de doute qu’elle en peinait à respirer, même si elle comprenait la position étant la sienne, il l’excluait totalement de la décision et si elle l’écoutait… elle aurait tôt fait d’avorter pour que cette histoire ne soit jamais arrivée. « Je sais tu m’en as vaguement parlé mais merde Dillon, t’ai-je déjà donné une seule raison de te défier de moi ?! Au contraire, je patiente en silence le moment où tu vas m’accorder un tout petit peu d’attention, je rase limite les murs pour ne pas m’imposer et pourtant dieu sait que je suis une grande gueule en temps normal mais là… là tu décides pour moi, pour nous, tu mets ton passé en travers comme si c’était la seule option mais merde, je suis là aussi ! Je suis un être humain, je respire, je pense, j’ai des sentiments ! Je ne t’ai pas fait foutre en taule, je ne t’ai jamais menti et encore moins trahi ! » Morgana recula de plusieurs pas, lui tournant subitement le dos histoire d’encaisser tout ce qu’il venait de lui dire mais il lui demandait la lune, ni plus ni moins. « Tu ne me demandes pas d’avorter mais si tu n’en veux pas ça revient au même. Je me retrouve au pied du mur la tête sous l’eau. »

Morgana suivit Dillon à nouveau dans un silence d’outre-tombe, ne perdant pas une miette de ce qu’il lui disait et heureusement, car elle fut marquée de stupeur à de nombreuses reprises. Elle s’arrêta en même temps que lui devant cette bijouterie qu’il se dépêcha de privatiser pour deux heures, laissant une monégasque particulièrement éberluée. « Tu as dit que tu m’aimais ? » s’exclama-t-elle subitement, marquée bien plus fortement par la déclaration de ses sentiments dont elle avait toujours douté que par n’importe quelle autre chose. « Je ne comprenais pas avant parce que je ne savais pas que tu m’aimais… tu m’as toujours fait comprendre que j’étais surtout un beau cul que tu aimais bien te faire mais c’est tout ! Tu ne m’avais jamais considéré comme ta femme avant aujourd’hui. » Morgana le regardait droit dans les yeux, émue bien plus sûrement qu’elle ne l’avait jamais été auparavant. Si l’américain ne s’était pas livré brusquement, sûrement sans même s’en rendre compte d’ailleurs, la jolie brune aurait pu continuer à douter longtemps qu’il ne lui soit attaché, demande en mariage ou pas… après tout, elle n’avait pas encore de bague l’attestant et il lui avait surtout demandé sa main pour lui offrir son nom et ainsi lui éviter de ne devoir retourner à Monaco. Rien qui prouvait réellement ses sentiments jusque dans ses tripes… « Dillon, il faut que je t’avoue quelque chose quand même. Outre le fait qu’ils sont trois c’est quand même une grossesse à risque. Je ne risque pas uniquement de les perde… mais de graves hémorragies du fait de mon accident précédent. En théorie je ne devrais pas bouger de mon lit, mais tu ne m’as pas laissée le choix, il a fallut que je vienne te débusquer au restaurant ! »

« Tu m’as dit que tu m’aimais, je confirme, alors cherche pas à m’entourlouper en faisant style que tu aimes juste coucher avec moi, c’est limite vexant ! » maugréa Morgana avant de n’être subitement soulevée comme une princesse et d’être assise confortablement sur une chaise. Dillon ne lui en laissa même pas placer une, donnant ses instructions à la vendeuse tout en l’intimant de ne surtout pas faire de réflexion sur le prix et autres choseries du genre… clairement, Morgana risquait d’être mal à l’aise si elle portait un bijou hors de prix, mais il valait mieux qu’elle suive scrupuleusement les paroles du sénateur ou elle risquait de passer un fort mauvais quart d’heure. « Je pouvais choisir tout en restant debout, tu es au courant ? J’ai pris plus de risques en venant te débusquer qu’en restant simplement debout ! Je vais bien, compte sur moi pour t’emmerder encore un moment avant de passer l’arme à gauche ! » Morgana secoua la tête de gauche à droite tandis que la vendeuse mettait la musique de Pretty Woman sous le regard désespéré de la monégasque. Et pourtant, imperturbablement, elle choisit une magnifique bague en or blanc, orné de jolis petits diamants, à la fois discrète et qui irait particulièrement bien aux doigts fins de la main de Morgana. Elle n’osa pas regarder le prix, sachant pertinemment qu’elle ne pourrait guère retenir une réflexion si elle le faisait, et esquissa un petit sourire taquin tout en imaginant Dillon avoir la folie de refaire la scène de Pretty Woman… « Quand tu vas me ramener à la maison… tu vas rester ou je devrais faire comme d’habitude et ne pas t’attendre ? »

« Tu veux que Elvia et Vivi viennent me tenir compagnie ? Tu es suicidaire !! Gabriel va très certainement jouer les ours-poule avec sa blondinette et Sergeï a engagé Vivi pour être son assistante, m’étonnerait qu’il s’en sépare… mais ça va, je peux m’occuper de moi et rester allongée seule comme une grande !! » A croire que Morgana soit la déraison personnifiée ! Pour un peu, elle aurait presque pu être vexée de ce soudain manque de confiance mais autant dire que voir Dillon chanter et danser valait tellement son pesant de cacahuètes en plomb qu’elle fut bientôt incapable de lui en vouloir. D’ailleurs, le simple fait qu’il ne pose un genou à terre et ne lui enfile lui-même la bague provoqua un long frisson de délice à la jolie monégasque. C’était bien la première fois que quelqu’un était capable d’une telle chose, même si elle ne manqua pas d’éclater de rire lorsqu’il osa lui demander un beusou. « J’le savais que t’allait me demander un truc en échange ! Viens par là espèce de couillon ! » Morgana se pencha pour prendre le visage de Dillon en coupe et l’embrassa avec un mélange de douceur et de fièvre. C’était sans doute le baiser le plus sincère qu’elle lui ait donné jusqu’ici, preuve ultime qu’il avait su la rendre heureuse en l’espace de quelques minutes, et pas seulement avec une bague, mais avant tout parce qu’il lui promettait de ne pas être bien loin et de veiller sur elle… sur eux. « J’ai hâte de voir comment tu vas me border tiens ! »

« Oh je ne pense pas qu’Elvia et Vioryna rechigneront bien au contraire, je dis juste que leurs loulous de Poméranie vont gueuler et que c’est sur toi que ça va retomber ! Mais je ne connais pas la sœur de Sullivan et je ne suis pas sûre qu’elle soit très fan de jouer les baby-sitters ! » Morgana émit cependant un petit sourire amusé rien qu’au bordel que risquait de créer Dillon Wolf dans son cercle proche rien que pour faire en sorte qu’elle ne soit pas toute seule. Dans un sens, cela la touchait car il lui prouvait vouloir s’impliquer mais d’un autre côté, la jolie monégasque n’était plus habituée à avoir une présence sans arrêt… cela risquait de la choquer les premiers jours. « Tu es au courant que j’ai toujours un père et deux meilleurs potes ? » Louise allait littéralement gagater devant son bidon qui allait prochainement s’arrondir, elle la connaissait, et Nicolas serait le premier à se foutre de leur gueule… avant de venir réclamer un câlin collectif, comme d’habitude. Ces deux-là, elle les connaissait comme si elle les avait fait ! Mais pas dit que Dillon soit en confiance pour autant : son père risquait de lui passer toutes ses envies, quant à ses deux français préférés, n’en parlons même pas ! « Pas de sport non plus ça veut dire ceinture en d’autres termes mon ange » coupa-t-elle presque froidement tout en sachant qu’elle allait le tuer sur place, sans pour autant que ses paroles soient feintes. Le médecin avait bien précisé aucun effort… mais cela n’empêcha pas Morgana de se pencher à son oreille pour la lui mordiller le plus discrètement du monde. « Mais si tu me fais confiance et que tu me laisses faire… tu seras quand même satisfait mon petit scarabée ! »

« Probable qu’ils me mangent dans la main assez vite mais tu ne vas pas leur interdire de venir me voir j’ose espérer ?! » Morgana poussa limite un grognement en imaginant à quel point Javier risquait d’être chiant comme la pluie si d’aventure il osait lui demander de venir la surveiller. Ce n’était pas suffisant de l’avoir comme boss et de l’avoir déjà eu sur le poil à longueur de temps parce qu’elle voulait retourner aussitôt sur le terrain après sa blessure ?! A croire que Dillon voulait la tuer sur place. « Heuu… je ne sais pas pour les orgasmes je t’avoue que ce n’est pas la première question que j’ai posée au doc ! Mais je ne suis pas en sucre Dillon arrête de psychoter ! » Morgana fronça légèrement les sourcils, à moitié touchée par ce soudain décret car elle connaissait bien trop le séducteur en lui pour savoir que faire ceinture neuf moi allait relever du miracle pour lui… voire même c’était quasiment impensable. « Toi tu feras ceinture ? Toi, le grand Dillon Wolf, le séducteur parmi les séducteurs, celui qui a un passif de conquêtes plus long que l’état de Washington tu vas faire ceinture ? C’est marrant, j’ai envie de te croire et à la fois je trouve direct que ça ne colle pas avec le personnage… non pas que je remette ta capacité à te maîtriser, bien au contraire, mais disons que c’est vital pour toi et que déjà trois semaines t’ont à moitié tué alors neuf mois… c’est quoi le truc ? Tu vas aller te bourrer la gueule ? » Morgana ne se moquait pas de lui le moins du monde, elle voulait juste savoir ce qu’elle aurait à affronter à vrai dire.

Morgana passa de la surprise à l’émotion en un rien de temps, marquée par les propos de Dillon qu’elle n’osait plus attendre à vrai dire. Elle avait fini par comprendre qu’il n’était pas du genre à se lâcher au niveau verbal mais aussi qu’il fallait être d’une patience d’ange pour obtenir quoi que ce soit concernant ses sentiments. Au bout du compte, elle avait fini par douter du fait qu’il puisse lui être attaché. C’était bien moins vrai maintenant, surtout qu’il avait tout de même privatisé une bijouterie pour elle, avait dansé sur Pretty Woman ET venait de lui avouer qu’elle était plus importante que ses pulsions sexuelles. « Hey il n’y a pas Sullivan ici et je n’ai pas l’intention de révéler la chose… tu sais bien à quel point je suis égoïste quand je m’y mets et puis merde, la fourmi n’est pas prêteuse ! » A la place, elle s’était relevée – tout en sachant qu’il risquait de la faire rasseoir dans la seconde – afin de le prendre dans ses bras, tout simplement. Sans doute les hormones… si Morgana était câline et sentimentale, ça se saurait, mais leur histoire l’avait pourtant rendue un tantinet ainsi. « Tu verras plus ta meilleure amie si elle vient me voir mais je ne t’empêche pas de faire la fête si tu me reviens en un seul morceau et que je n’ai pas besoin de rosser le petit cul de ton poto ! Mais pour le moment… j’ai juste envie de rentrer à la maison… je vais bien hein, je suis juste un peu fatiguée. » Un poil trop d’émotion sans doute. Après tout, on ne l’avait guère épargnée dernièrement !

« T’es au courant que c’est toi qui est censé être le mec de la situation et que tu incites ta future femme à projeter de dézinguer ton meilleur pote ? Je sais pas si je vais m’y risquer, c’est un Marins bordel… » A ceci près que Dillon ne manqua pas de la porter dans ses bras pour lui faire quitter la bijouterie, la monégasque devant se retenir de justesse de jeter sans arrêt une œillade à sa bague tant elle était magnifique et représentait des tas de choses à ses yeux, à vrai dire. Par chance ou malchance, selon le point de vue, le milliardaire parvint à retenir son attention sur tout à fait autre chose, l’empêchant ainsi de n’être obnubilée par le formidable cadeau qu’il venait de lui faire. « Une petite seconde, Dillon Wolf… j’ose espérer que tu n’escomptes pas aller te bourrer le citron ce soir avec Sullivan ?! » grogna-t-elle aussitôt, car il allait sans dire que même si c’était prévu par avance, elle ne supporterait que très mal qu’il la délaisse, y compris pour aller consoler son meilleur pote. Morgana avait besoin de lui maintenant, pour apaiser ses craintes, pour faire en sorte qu’elle ne puisse enfin profiter de lui alors que depuis des semaines, c’est à peine s’ils se croisaient plus de deux minutes d’à filée ! « Te fous pas de moi ! Tu vas juste me déposer à la maison, me border façon « fais dodo Cola mon p’tit frère » et basta tu auras rempli ton rôle, c’est ça ? » Il avait voulu qu’elle râle, elle râlait… tout en dévoilant le fait qu’elle en avait sa claque des absences à répétition du sénateur et qu’elle aussi, elle avait besoin d’un peu de douceur et de compréhension. « Ouais j’adore le thé, pourquoi ? » conclut-elle en marmonnant à moitié.

« C’est quoi cette nouvelle lubie pourrie avec le thé ? » marmonna Morgana tout en sachant qu’il viendrait forcément un moment où Dillon allait lui échapper pour se faire un plaisir de se bourrer la gueule. Jusqu’ici, elle ne s’était jamais permis la moindre réflexion, persuadée que dans un sens, cela ne la regardait pas mais là elle pouvait difficilement faire la sourde oreille ou celle qui ne voit rien. Non seulement parce que ce n’était pas bon pour lui mais parce qu’elle avait besoin de lui plus que jamais et qu’il ne lui donnait guère l’impression d’en avoir conscience. « Bah après… je ne t’empêcherai jamais de voir ton meilleur pote, je n’ai juste pas envie que tu te bourres la gueule parce que tu as la trouille… la trouille de te marier et d’être papa dans la foulée alors que tu ne voulais ni l’un ni l’autre jusque très récemment ! » se défendit Morgana alors qu’il la portait toujours et mieux, lui offrait un discours qu’elle avait diablement envie d’entendre sans oser en formuler la requête à voix haute. « C’est vrai tu vas rester ?? Haaaaaan tu vas voir tu ne le regretteras pas. Si je reste assise, je pourrai te cuisiner un petit truc ? Siteuplaaaaait !! »