SAMEDI – 7H00, A la station de métro du Bronx

Noah somnolait sur un siège inconfortable. Il était si crevé qu’il aurait pu dormir sur le sol à côté des clochards. Peu importe l’odeur, le fait que le sol soit tellement dur qu’il lui retourne quelques vertèbres, il n’aspirait qu’à une chose c’était de dormir. De toute manière, ça ne serait pas la première fois qu’il se retrouverait à dormir dans des endroits insolites. Il avait été au bar toute la nuit et devait rejoindre Everleigh qui avait insisté pour lui payer le petit déjeuner. Il avait été pris de court et avait accepté. Il serait mieux à boire un bon café avec elle plutôt que de dormir toute la journée dans son appartement pourri. Direction Brooklyn, l’occasion de passer une petite demi-heure à dormir dans le métro. Quand celui-ci pointa enfin son nez, Noah était presque tombé de son siège. Il se leva en grognant et passa les portes qui venaient de s’ouvrir devant lui. Autour de lui se trouvaient des hommes d’affaires, des clochards et des jeunes ayant trop fait la fête. Rien de très passionnant. Il continua son petit tour et aperçut un journal sur un siège un peu plus loin. C’était parfait, il se plongea dans la lecture du journal de la veille tout en baillant. Les stations passaient sans qu’il n’y fasse attention, ce n’est qu’à l’écoute d’une certaine qu’il leva les yeux de son journal. C’était sûrement stupide d’imaginer qu’il la verrait aujourd’hui, ils n’allaient tout de même pas se croiser à chaque fois qu’ils prenaient le métro, mais il ne pouvait pas s’empêcher d’espérer. Il regarda les personnes monter et sentit une vague de déception l’envahir. Il ne la voyait nulle part et le peu d’énergie qu’il avait retrouvé pour la chercher s’effaça aussitôt. Il se replongea aussitôt dans son journal et se laissa bercer par le mouvement du métro.

LE MÊME JOUR - Quelques minutes plus tard.

MEC – « Mec… PUTIN TU VAS REPONDRE !!! »
NOAH – « On se connait ? »
MEC – « T’aurais pas de la thune ? »
NOAH – « J’ai l’air de nager dans des montagnes de fric ? »
MEC – « Allez, fais pas ton radin. »
NOAH – « Barre toi »

Ce n’est pas que Noah n’était pas un mec généreux, au contraire. Il ne donnait juste pas son argent à un mec qui avait l’air d’un drogué dans le métro. Puis de toute façon, ce n’est pas comme si il avait vraiment du fric à jeter par les fenêtres. Il n’était pas crésus, il n’était qu’un barman dans un vieux café du Bronx. Noah venait juste de s’endormir quand ce mec l’avait abordé. L’occasion pour lui de rater son arrêt. Il laissa échapper un juron et se leva pour se rendre vers la porte du métro. Il irait au point de rendez-vous à pied, il n’avait loupé que trois arrêts. Il fouilla dans sa poche pour sortir son portable et prévenir Everleigh qu’il serait en retard, comme d’habitude. Il était concentré sur sa tâche quand une silhouette attira son regard. Elle était là. Depuis combien de temps, il n’aurait su le dire, mais le fait est que la mystérieuse femme qui attirait son regard jour après jour dans le métro se trouvait à quelques sièges de lui. Il hésita un instant, puis alla s’asseoir sur des sièges qui se trouvaient à proximité. Histoire de pouvoir la regarder sans envahir son espace. Il se sentait con à rester là exprès pour elle, à repousser le moment où il devrait la quitter, mais il ne pouvait s’empêcher de rester là. Everleigh allait le tuer…

(La chanson colle parfaitement lol ^^ )

SAMEDI 6H30 – Appartement de Sookie

Ah, le week-end qui commence, après une longue semaine à l'Université et à servir au Bar le soir, voilà le repos, après l'effort le récon...
BIP BIP BIP BIP BIP BIP BIP BIP BIIIIIIIIIIP
Sookie faillit s'étouffer avec son oreiller à force de couvrir ses cris en le plaquant sur sa bouche, en effet la jeune fille n'était pas très matinale, et devoir se lever à 6h30 un samedi, ce n'était pas vraiment ce qui la réjouissait le plus. Après avoir détruit son réveil en tapant dessus -un de plus, paix à son âme- la jeune fille maudit encore un peu sa vie en ce moment présent avant d'enfin sortir de la couette, qu'elle traîna avec elle jusqu'à la salle de bain, avant de la lâcher sans même s'en rendre compte. Tel un robot programmé,elle alluma la radio, se déshabilla, entra dans sa baignoire et prit une douche plus courte qu'elle ne l'aurait voulu. En effet, la radio lui rappela qu'il était "déjà" 6h45, or Sookie avait un rendez-vous important à 7h30 tapantes, et pas tout près. Ainsi, elle ne prit une douche que pour se remettre les idées en place-et non pas pour se réveiller, car cela était impossible, tant son état de zombie était avancé. Elle s'habilla, toujours égale à elle-même, enfilant une robe en coton léger, tombant sur une épaule et descendant jusqu'au-dessus des genoux, avant de mettre des leggins noirs et des chaussures noir à talons qui faisaient très chic. En gros, tout un mélange de hippie/classique/chic, qu'était Sookie au fond. N'ayant pas le temps, elle attacha ses cheveux très rapidement en un chignon léger, avec quelques mèches rousses qui lui retombaient près des yeux. Ses beaux yeux bleus qui faisaient plus peur qu'autre chose, aujourd'hui. Elle se maquilla très légèrement pour faire moins peur, ce qui marcha à peu près mais ne l'empêcha pas de saisir ses wayfarers classiques qu'elle mit sans plus tarder. Elle attrapa son sac et ses clefs au passage, et sortit de chez elle à toute vitesse, en effet il était 7h00. C'est ainsi qu'elle atterrit dans la station de métro, sans rien avoir avalé, des lunettes de soleil sur le nez-alors qu'on était en sous-sol et encore trop tôt pour que le soleil soit si aveuglant-, et ayant tout juste raté le métro donc devant attendre le prochain; ce qu'elle détestait, car c'était le moment parfait pour se faire aborder par des personnes douteuses. Sook décida de ne pas s'isoler, et se rapprocha du groupe de passant qui attendait le prochain métro, avec appréhension tout de même, car elle était paranoïaque. Durant ces quelques minutes d'attente, une pensée lui traversa l'esprit, "le garçon du métro" serait-il là? Mais oui, bien sûr Sookie, à 7h du matin un samedi, il y a 90% de chances que tu le retrouves! N'importe quoi, décidément.


SAMEDI 7H15 – Station de Métro de Soho
Le métro arriva enfin, tandis que Sookie n'avait plus d'espoir tant il avait tardé. Elle grimpa à l'intérieur, et trouva facilement une place, pas étonnant vu le jour et l'heure. Elle s'assit et tenta de se rassurer, puis releva la tête, repensant au jeune homme du métro. L'espoir fait vivre, et c'est pourquoi elle scruta le wagon du regard, se retournant même, mais discrètement, car s'il était là, cela ferait bizarre. Rien. En même temps, il pouvait être dans un autre wagon... OU TOUT SIMPLEMENT DANS SON LIT, ON SE REVEILLE SOOKIE! Elle poussa un petit soupir de déception, avant de se perdre dans ses pensées, bien qu'elles ramenaient souvent à ce jeune homme, sans trop savoir pourquoi. Il rendait ces interminables trajets en métro supportables, c'était vrai, et peut-être même plus que supportables. Et puis, il était plutôt beau. Bon, Sook, on arrête là. La jeune fille se surprit à sourire toute seule, et rougit -toute seule, aussi- en réalisant que les gens (pour le peu qu'il y en avait) devaient la prendre pour une folle. Ils arrivèrent à une autre station, Sook avait fait la moitié du chemin. Puis le métro repartit. Ce qu'elle n'avait pas remarqué, c'est qu'il était entré à cette station. Enfin, re rentré, mais ça elle ne le savait pas. Elle ne s'en rendit compte que quelques secondes après, lorsqu'elle releva la tête pour s'assurer qu'elle était bien à la moitié du trajet, et c'est à ce moment là qu'elle croisa son regard. Il était assis face à elle, à quelques sièges de là, mais bel et bien dans son champ de vision. Il affichait un petit sourire, et Sookie se sentit rougir, ce qu'elle espérait qu'elle n'avait pas fait. Au bout d'une bonne minute, elle retira lentement ses lunettes de soleil, qui l'empêchaient, à lui, de la regarder dans les yeux. Elle les rangea dans son sac et esquissa un petit sourire en coin à l'attention du jeune homme, lorsqu'elle replongea son regard dans le sien. Plusieurs stations passèrent, deux ou trois, et ils ne se lâchèrent pas une seconde du regard. C'était comme si il n'y avait plus personne alentours, qu'ils étaient seuls dans un métro sans rien faire d'autre que de se regarder longuement, d'un regard qui en disait long: c'était un regard de défi, un regard de curiosité, un regard séducteur, un regard insistant, un regard gêné, un regard intimidant...c'était un vrai jeu de regards. Un jeu dont Sook ne se lassait pas, pour sa part, et dont son "ami" ne semblait pas non plus se lasser. Ce qu'elle aimerait? Aller lui parler. Mais cela ne gâcherait-il pas tout? Elle en avait peur. Peut-être était-il un simple pervers (mdr, sorry!), ou pire peut-être se moquait-il d'elle? Non, c'était impossible...N'est-ce pas?
Tout en pensant tout cela, Sookie ne l'avait pas lâché une seconde du regard, c'est pour cela qu'elle ne se rendit pas compte qu'elle en avait raté sa station. Et elle ne s'en rendrait compte qu'au terminus, car tout ce qu'elle regardait, la seule chose à laquelle elle faisait attention, c'était lui. Elle aurait voulu le photographier, lui, mais surtout son regard, ses yeux si...perturbants et parfaits à la fois. Le terminus était dans trois stations. Que se passerait-il, dans trois stations?

QUELQUES JOURS PLUS TÔT – 22H00, dans un pub à SOHO

Noah avait déjà bu quelques verres et riait avec des amis. C’était le genre de soirées qu’il adorait. Pas de prise de tête et des litres de bière. Il s’était trouvé un pub à SOHO qui lui faisait penser à son passé londonien et où il pouvait se la péter avec son accent. Une manière de renouer avec son passé tout en profitant du présent avec des personnes qu’il avait connu à New York. Il avait un peu trop bu ce soir là et quand il vit passer une jeune fille à la démarche élégante, il ne put résister et se rua hors du bar. Etait-ce un rêve ? Elle ressemblait tellement à la fille du métro. Cette même beauté à la fois libre et maîtrisée. Il était resté à la regarder marcher sans oser l’appeler. Que savait-il d’elle ? Rien mis à part l’arrêt auquel elle montait quand il la voyait dans le métro. Son nom, ses habitudes, son dessert préféré ou même sa voix, il ne les connaissait pas. Quand il était rentré dans le bar, ses amis avaient exigés des explications. Il avait d’abord été réticent, mais avait fini par parler. Ses amis savaient toujours quand il finirait par craquer et quand il fallait le laisser tranquille. C’était Greg qui lui avait fait vendre la mèche.

GREG – « C’est qui cette nana ? »
NOAH – « Une fille que j’ai rencontré dans le métro. »
GREG – « Elle s’appelle comment ? »
NOAH – « J’sais pas. »
GREG – « Tu de fous de moi ? Tu t’amuses à courir après une nana que tu ne connais même pas ? »
NOAH – « Ça parait dingue dit comme ça, mais cette fille a quelque chose. J’sais pas pourquoi, mais je ne peux pas m’empêcher de la regarder et… et… arrête de me regarder comme ça vieux. »
GREG – « Qui aurait pu imaginer que notre petit Noah avait du romantisme qui lui coulait dans les veines. »
NOAH – « Ta gueule Greg, paye-moi plutôt un verre. »

SAMEDI – 7H20, assis dans le métro

Noah se mit à sourire en repensant à cette soirée et à comment les gars s’étaient moqués de lui ensuite. Il était vrai que son image d’homme inaccessible en prenait un coup. Il n’arrivait pas à comprendre pourquoi cette fille l’intriguait tant. Elle était belle, élégante, gracieuse, mais ce n’était pas une raison pour qu’elle le déroute autant. Il en avait rencontré beaucoup des femmes tellement belles que les hommes se retournaient sur leur passage, mais il avait toujours passé son chemin. Pourquoi s’arrêter sur celle-ci alors ? Il n’en avait aucune idée, mais « pourquoi pas » lui paraissait une bonne réponse. Il était resté dans le métro, au risque de se disputer avec Everleigh, mais il n’avait aucune envie de bouger. Quand elle leva enfin les yeux vers lui, il ne put s’empêcher de sourire en voyant le rose monter à ses lèvres. Ce n’était pas un sourire moqueur, loin de là. Il trouvait juste ça… craquant. Il n’arrivait pas à voir ses yeux à cause des lunettes de soleil qu’elle portait. Etonnant d’en porter aussi tôt et surtout dans le métro. Une autre part de mystère qui n’appartenait qu’à elle. Comme s’ils se comprenaient sans parler, elle enleva ses lunettes de soleil, le laissant alors contempler ses yeux. Noah ne se souciait plus de ce qui l’entourait, seul comptait pour lui de se perdre dans son regard. Il n’aurait su définir ce qui les unissait à ce moment-là, mais il ne pouvait s’empêcher de sourire. Sa manière à lui de rougir. Leurs yeux ne se lâchaient plus et le métro continuait sa route. Noah ignorait le vibreur dans sa poche et la voix qui annonçait les stations de métro le rapprochant du terminus, seule elle comptait à ses yeux. Seulement, au bout d’un moment le métro s’arrêta et la voix annonça le terminus. Il leur fallait descendre, rompre le lien qui les unissait et Noah ne pouvait s’y résoudre. Il se leva et s’approcha de la porte sans pour autant descendre, il l’attendait. Quand elle arriva, il frôla son bras sans réussir à parler et la regarda. Ils n’avaient jamais été aussi proches. Il sentait qu’il fallait qu’il parle, avant que le contrôleur n’exige qu’ils descendent, mais rien ne sortait. Noah Maxim Laurens venait de découvrir que certaines situations le rendaient mystérieusement muet.

C'était comme si elle ne pouvait pas détacher ses yeux de lui. Elle essayait pourtant, mais elle n'en avait aucune envie. Que fallait-il faire? Que fallait-il penser? Sookie n'en avait jamais parlé à personne, parce que..elle n'en avait pas eu l'occasion? Et puis, que dire sans que ses amis, même les plus proches, ne la prennent pour une folle? C'était inexplicable, pour Sook elle-même. La jeune fille était tellement absorbée qu'elle ne se rendit même pas compte que le métro avait ralenti, s'était arrêté et que la "voix" venait d'annoncer le terminus. LE TERMINUS? Elle avait donc raté son arrêt. Mais, bizarrement, elle n'arrivait pas à éprouver quoi que ce soit: angoisse, stress, ou tout autre sentiment, Sookie ne pensait qu'à lui et à ce qui allait sans doute se passer. Devaient-ils se parler? Ou juste s'en aller? Non..Cela devait continuer de cette façon. Pas vrai?
Ils se lâchèrent -enfin- du regard pour se lever en même temps, et se diriger vers la porte du métro qui devait maintenant être vide. Ils s'arrêtèrent au même endroit et en même temps, à la porte, comme s'ils hésitaient à descendre; comme s'ils avaient peur qu'une fois cette marche franchie, qu'une fois le sol touché, tout serait fini. Leur bras se frôlaient, ils n'avaient jamais été aussi proches, et ils faisaient à peu près la même taille - il la dépassait de quelques centimètres à peine. Sookie leva la tête vers le jeune homme, et ils se regardèrent. Elle dut s'empourprer de manière totalement ridicule car il sourit, l'air amusé. Sook sentit en effet la chaleur sous la peau de ses joues, elle devait bel et bien rougir, mais ne le lâcha tout de même pas du regard. Ils étaient côté à côté, et cela intensifiait encore plus leur jeu de regards, cela devenait extrêmement troublant. Mais ils ne dirent rien. Il le fallait, pourtant; mais tout ce qu'ils firent fut de se contempler mutuellement dans un silence religieux.

SAMEDI 7H27– A la porte du métro
- Hé! Vous ne pouvez pas rester là, vous deux! Le métro va repartir, c'est le terminus, sortez de là!
La voix du contrôleur était très distincte, même s'ils ne le voyaient pas. Par contre, on pouvait entendre ses pas, il se rapprochait donc de leur wagon. Malgré l'avertissement, aucun des deux ne bougea. Le contrôleur apparut enfin face à eux, et s'écria, plus fort cette fois-ci, et avec un entrain déconcertant:
- J'ai dis TERMINUS, TOUT LE MONDE DESCEND! C'est quoi votre problème, vous l'aimez trop ce métro, c'est ça? Le vieux contrôleur rit à sa propre blague, et, voyant qu'il n'obtint aucune réponse, se mit cette fois à les bousculer hors du train, sans grand effort, avant de s'en aller en soupirant.
- Ahlalalala, ces jeunes..
Ils étaient donc hors du métro. Ils s'étaient fait sortir du métro, à vrai dire, et à cette simple pensée, Sook aurait bien pu éclater de rire, mais elle était trop perturbée pour réagir normalement. Elle se mit face au jeune homme, l'observant avec plus de curiosité que d'habitude, n'étant cette fois qu'à quelques millimètres de lui. Sookie retenait sa respiration, tandis qu'ils étaient au bord de la voie du métro, dont la station était vide. Ils étaient donc seuls, dans une station de métro déserte: effrayant. Mais tellement attirant, comme toujours. Le silence, un silence presque encombrant. Un silence qui fut rompu par le départ du métro dans lequel ils étaient, ainsi, la station était maintenant totalement vide. Ils y étaient seuls, et c'était plutôt glauque. Malgré tout, ils ne cessaient de se regarder. Sook se rapprochait dangereusement de l'inconnu, incapable de prononcer un mot. Ses yeux ne lâchaient pas les siens, et la jeune fille était horriblement déstabilisée, comme jamais. Non, elle n'arriverait pas à parler, elle n'y arriverait pas.