Comme bien souvent, je traînais à Brooklyn toute seule sans aucun but précis. Entre le travail que je fournissais pour ma dernière année à l'université, mon job au bar et les shoots pour lesquels j'étais contactée à la dernière minute, j'avais besoin de prendre du temps à part et de respirer, loin de la masse de gens de Manhattan. Je réalisais que, même si j'avais toujours vécu à Brooklyn ou presque, je n'en connaissais qu'une infime partie. J'habitais dans une partie plutôt calme de Brooklyn, mais j'étais consciente qu'il y avait des parties à éviter, qui plus est le soir, seule. Sur mon chemin je croisais tout de même assez de monde pour ne pas avoir peur. Je passais l'angle de Columbus Park, se trouvant à environ dix minutes de chez moi. Je marchais depuis une bonne demi-heure, un écouteur dans l'oreille, et comptais rentrer chez moi. J'allais passer la soirée seule, comme la plupart du temps, à regarder un film sur Netflix, et était plus excitée que je n'aurais dû l'être à l'idée de cela. Je pris un raccourcis pour rejoindre mon appartement plus rapidement ⎯ c'est pour ça que sont fait les raccourcis ⎯ quand quelqu'un m'attrapa par le bras et me tira violemment dans la rue perpendiculaire. « Qu’est-ce que… » Je ne compris pas ce qui m’arrivait, et tout s’était passé si vite. Il devait être aux environs de dix-sept heures, et le ciel s’était assombrit. La personne qui m’avait attrapé s’était littéralement agrippé à moi, déployant une certaine force. Je ne vis d’abord pas son visage, mais ça devait être un homme. Je sentis les battements de mon coeur s’accélérer et fut prise de panique. Que m’arrivait-il ? Que me voulait-on ? L’inconnu me traîna dans un coin de la ruelle et je pus enfin l’apercevoir de face. Il était brun, une barbe de quelques jours, la quarantaine peut-être. Ses mains restèrent agrippées à mes poignets, il me faisait mal. « Bordel à quoi vous jouez ? Vous voulez qu'on manque notre coup ou quoi ? » me dit-il à à peines quelques centimètres de mon visage. Il était énervé, n’importe qui s’en serait aperçu, et cela ne faisait qu’augmenter mes craintes. Jamais je n’avais été rackettée, victime d’une tentative de viol ou quoi que ce soit. D’ailleurs, j’avais une grande crainte de me faire kidnapper. Plusieurs fois, sans raisons qui m’y avaient poussé, j’avais rêvé que je me faisait kidnapper, me réveillant à chaque fois en panique, la visage plein de sueur. Lorsque l’homme me cria au visage, mes nerfs se tendirent et mes yeux se plissèrent automatiquement, comme si je n’acceptais pas ce qui était en train de se passer. L’homme continua à me fixer droit dans les yeux, se montrant insistant, je pris une respiration et le fixa en retour. « Vous faites erreur. Je ne vous connais pas, je… » j’étais coincée entre peur et confiance en moi. J’avais peur, c’était certain, mais je ne voulais pas le montrer, car je voulais me sortir de cette situation complètement folle. Il me prenait pour quelqu’un d’autre, et quoiqu’il comptait faire à cette personne, je ne voulais pas le subir. Que voulait-il ? De la drogue ? M’emmener dans un réseau de prostituée ? Je devenais folle moi-même en à peine quelques instants.