Cela faisait une heure que j’étais arrivé à la demeure de ma mère à Staten Island et comme à son habitude, elle se trouvait dans son petit salon en train de boire du thé. Une habitude qui lui venait de son cinquième mari, un indien. Je l’avais bien aimé celui-là, paix à son âme. Toutefois, au bout du compte, je m’éclipsais rapidement pour fuir cette discussion stérile dans laquelle, elle voulait me lancer. D’après elle, il serait peut-être temps que je mette en pratique tous ses conseils pour me trouver une compagne, riche de préférence et vieille. J’étais désolé pour elle mais je ne comptais pas jouer les gigolos de base car même un arnaqueur pouvait avoir des remords pour quelque chose ou des choses interdites. L’amour n’avait pas besoin d’un escroc de plus dans ses rangs, il savait très bien jouer les champions tout seul. Comment pouvait-on aimer une personne en sachant qu’elle pouvait mentir ? Nous tromper ? Nous faire souffrir ? Je trouvais que les personnes amoureuses étaient les plus grandes masochistes de l’univers et je préférais de loin, rester à l’écart de ce genre d’histoire. Je me contentais très bien de mes brèves aventures avec des femmes dont je ne me souvenais que rarement du prénom. La dernière en date n’avait tenu que quelques heures d’un plaisir éphémère avant de se perdre dans ma mémoire. Je décidais de me promener dans le jardin pour me détendre quand j’aperçus une ravissante brune en train semble-t-il de repérer les lieux. Cela ne pouvait pas être cette fameuse organisatrice de mariage n’est-ce pas ? Elle était bien trop jeune pour cela. Quel âge devait-elle avoir ? Vingt/vingt-deux ans au grand maximum. Sûrement son assistante songeais-je en fronçant les sourcils non sans m’approcher d’elle, intrigué.

# Bonjour mademoiselle. Très joli jardin n’est-ce pas ?

Je m’étais adressé à elle avec un sourire charmeur et un ton chaleureux tandis que j’attrapais sa main pour y déposer un baise main. J’aimais bien séduire mon monde car pour vivre caché, il fallait se montrer. Les gens ne voyaient que ce qu’ils voulaient bien voir et un arnaqueur n’était-il pas un grand illusionniste ?!

# Loukas Petridis. Vous êtes l’assistante de l’organisatrice du mariage de ma mère ? Je voulais faire sa connaissance pour m’assurer que ma mère ne dilapide pas trop mon argent avec cet énième simulacre de noces.

Je grimaçais un rictus comique mais en même temps, le douzième mariage commençait à me coûter cher car ma mère avait la sale manie d’être trop dépensière pour son propre bien d’où son besoin de trouver mari rapidement.

Ce matin-là, Bridget n’était pas au meilleur de sa forme. La nuit avait été particulièrement longue et elle avait eu, par conséquent, beaucoup de mal à sortir du lit. Si elle avait fait la fête ? Oui, mais uniquement par obligation. L’un de ses anciens clients l’avait conviée à une réception la veille au soir et l’homme en question était si important qu’elle n’avait pas eu le courage de décliner son invitation. Il faut dire que Mr. Coolidge était quelqu’un de très influent, qui fréquentait des gens « hauts placés » –des clients potentiels pour Bridget, qui ne voulait en aucun cas se le mettre à dos. La soirée s’était même avérée plutôt bénéfique. Si on oubliait les maux de tête et la gueule de bois qui les accompagnait, la jeune femme n’était pas déçue d’avoir participé à cette petite « sauterie ». Grâce à son aisance naturelle et aux éloges dressées par son hôte, elle était parvenue à décrocher pas moins d’une dizaine de dates pour l’année à venir. Elle aurait du pain sur la planche et l’été prochain s’annonçait déjà très serré, mais elle était aux anges. De toute manière, le travail était tout ce qu’elle avait dans la vie. Elle n’avait rencontré personne depuis Ezeckiel, ou plutôt personne qui vaille la peine de s’investir dans une relation. Bien sûr, il lui arrivait de flirter en soirée, voire même de partager la couche d’un bel inconnu, mais ça n’allait jamais plus loin. Bridget était difficile en amour, capricieuse aussi et pour être tout à fait objectif : bien trop compliquée pour la plupart des hommes.

« Bonjour Bridget » s’exclama son assistante lorsqu’elle sortit de la voiture. « Pas si fort Alicia… j’ai affreusement mal au crâne ! » La jeune femme baissa la tête et se confondit en excuses. « Ce n’est pas grave ! Tu as déjà parlé à notre cliente ? » Elle opina. « Oui, enfin j’ai essayé, mais elle a dit qu’elle préférait voir les détails avec toi » expliqua-t-elle en lui tendant son café. « Caramel Macchiato et muffin à la framboise ! » Bridget sourit. Cette fille était sans doute un peu trop discrète, mais en tant qu’assistante, elle était absolument PARFAITE ! « Merci beaucoup, Alicia, t’es un ange ! » Comme à chaque qu’on lui faisait un compliment, ses joues virèrent rouge pivoine. Bridget secoua la tête, amusée. « Tu as été repérer les lieux ? » Nouvel hochement de tête. « Oui, le jardin est absolument magnifique ! D’ailleurs, si tu veux je peux t’y conduire ? Madame est avec son fils et elle a demandé à ne pas être dérangée… » Miss Weaver leva les yeux au ciel. Il y en avait qui étaient vraiment durs à suivre… Alicia conduisit sa patronne dans le jardin et s’éclipsa quelques minutes pour prendre un appel privé.

« Bonjour mademoiselle. Très joli jardin n’est-ce pas ? » Bridget sursauta, surprise par l’arrivée du jeune homme. Elle eut à peine le temps de desserrer les lèvres pour lui répondre qu’il s’emparait déjà de sa main droite pour y déposer un baise main. Un rictus se dessina au creux de ses lèvres. Des types dans son genre, charmeur et sûr de soi, elle en avait rencontré des tonnes. Néanmoins, elle était bien forcée d’admettre qu’il avait de nombreuses qualités –à commencer par son sourire… « Loukas Petridis. Vous êtes l’assistante de l’organisatrice du mariage de ma mère ? » Bridget sourit. C’était donc lui, le fils prodigue ? « Je voulais faire sa connaissance pour m’assurer que ma mère ne dilapide pas trop mon argent avec cet énième simulacre de noces. » Pour toute réponse, elle émit d’abord un petit rire. « Enchantée monsieur Petridis, je suis Bridget Weaver, l’organisatrice de mariage en personne! Et la jeune femme que vous voyez là-bas » dit-elle en désignant Alicia « c’est mon assistante ! » Le jeune homme baissa la tête, légèrement confus. « Ne vous en faites pas, vous n’êtes pas le premier à vous méprendre à mon sujet ! Il paraît que je suis loin de l'image qu'on se fait des femmes qui exercent ce métier » lâcha-t-elle d’un rire cristallin. « Vous avez des exigences en particulier ? Bien évidemment il s’agit du mariage de votre mère, mais si vous le financez, ça change tout… »

Ma mère me demandait souvent pourquoi je ne trouvais pas une jolie petite épouse à chérir mais comment lui dire que je ne croyais pas en l’amour. Les personnes vous aimaient pour une image mais dès que la réalité les frappait, il n’y avait plus personne. Et puis, soyons honnête, ma vie n’était pas faite pour laisser place à ce sentiment qu’inconsciemment je recherchais avec force. Je crois que je n’osais tout simplement pas me l’avouer à moi-même afin de ne pas espérer dans le vent comme à chaque fois que je me surprenais à avoir l’envie d’une véritable famille et non une esquisse, un mensonge, une escroquerie. A ce titre, je n’étais pas réellement proche de celle qui j’appelais ma mère pour la simple et unique raison que nous avions des relations plus ou moins professionnelles : deux arnaqueurs, deux associés même si j’avais évolué contrairement à elle. Aussi lorsque je fis face à cette femme, à cette organisatrice de mariage, je fus pour le moins sceptique. Elle me paraissait bien jeune mais peut-être faisait-elle moins que son âge. Oui, l’hypothèse se tenait et j’étais bien placé pour savoir qu’il ne valait mieux pas se fier à une image.

# Sans vouloir vous vexer Mademoiselle Weaver, je m’étais attendu à une personne un peu plus âgée.

Au moins, je pouvais faire preuve d’honnêteté à ce sujet mais la jeune femme me rassura du moins en partie. Apparemment, je n’étais pas le premier à lui en faire la remarque. J’ignorais quelle tête devait avoir une organisatrice de mariage, elle était la première que je côtoyais mais en même temps, c’était la première fois que mère dilapidait tout son argent. Des fois, il m’arrivait de me demander si elle n’avait pas fait des placements hasardeurs. Une arnaqueuse se faisant arnaquer, nous aurions tout vu. En tous les cas, cette mademoiselle Weaver avait un rire ravissant, un de ceux qui vous donne envie de sourire et de la faire rire pour entendre à nouveau cette douce mélodie.

# Des exigences en particuliers ? Eh bien pour commencer, nous pourrions nous réfugier à l’intérieur pour partager un café ensemble ? Pour le reste… Je dirais simplement que j’aimerai éviter que ma mère ne parte dans des délires onéreux. Elle n’est plus tout jeune et je suis las des mariages fastes surtout qu’ils ne sont plus de son âge mais je serais curieux de connaître votre vision à la fois du mariage mais également ce que vous comptiez lui proposer.

Oui, finalement cette corvée allait me paraitre bien moins désobligeante en compagnie de cette jeune femme à qui j’offrais mon sourire le plus charmeur comme pour la convaincre de me suivre afin de partager un café. Après tout, il faisait froid dehors et nous serions bien mieux à l’intérieur pour discuter.

Si Bridget avait déjà organisé un certain nombre de mariages, la situation en elle-même était pour le moins atypique. Jusqu’alors la jeune femme avait eu à faire à des parents, des beaux-parents, des oncles, des amis bienfaiteurs de la famille, mais jamais encore elle n’avait vu des noces financées par la progéniture de l’heureuse élue. En toute franchise, elle avait même rarement eu l’occasion de se retrouver en si charmante compagnie. Si on l’avait déjà dragué sur son lieu de travail ? C’était arrivé, mais ces piètres prétendants n’arrivaient pas à la cheville du charmant Loukas Petridis qui, il fallait bien l’avouer, ne laissait pas notre organisatrice de mariage indifférente. Peut-être même que si la situation avait été toute autre, elle se serait laissé séduire. Tout bien considéré, c’était même indéniable. Si Bridget l’avait croisé dans un bar, en soirée ou n’importe où ailleurs, elle aurait probablement été la première à l’aborder. Choqués ? Allons-bon… Bridget est une jeune femme séduisante, sûre d’elle et célibataire – what did you expect ?

« Sans vouloir vous vexer Mademoiselle Weaver, je m’étais attendu à une personne un peu plus âgée. » Bridget lui lança un sourire amusé. « Comme la grande majorité de mes clients, mais ne vous en faites pas, vous ne pouviez pas savoir ! Ce doit être de ma faute, j’aurais dû mettre une photo de moi sur mon site ou même en joindre une à ma carte de visite. » Nouvel éclat de rire. Bridget se pinça les lèvres. Ce qu’elle venait de dire était parfaitement stupide et elle n’avait désormais qu’une envie : s’enfuir. D’où venait ce pic de stress ? Notre reine des glaces, d’ordinaire si sûre d’elle, semblait s’être laissée déstabiliser par le regard azur de notre bel apollon. Heureusement pour elle, un coup d'oeil en direction de son assistante lui permit de retrouver ses esprits. Elle bafouilla alors quelques mots pour savoir ce que son client attendait d’elle. Tout en écoutant sa réponse, elle s’efforça de cacher son trouble. Tu es au boulot Bridget, concentre-toi, bon sang !

« Des exigences en particuliers ? Eh bien pour commencer, nous pourrions nous réfugier à l’intérieur pour partager un café ensemble ? » Elle sourit bêtement. Après tout, monsieur était un client comme un autre. Elle n’avait donc aucune raison de se mettre dans tous ses états ? Mademoiselle Weaver n’était tout de même pas superficielle au point de se laisser instantanément charmer par le premier venu ? Pour autant qu’il fût riche et charmant, elle n’était pas aussi stupide, n’est-ce pas ? Et puis que pouvait-il bien arriver ? Célibataire depuis un certain temps, elle n’était pas en manque au point de se jeter au cou du premier venu ! Quand bien même cela aurait été le cas, la présence d’Alicia et le contexte en lui-même aurait suffi à refréner ses ardeurs. « Pour le reste… Je dirais simplement que j’aimerai éviter que ma mère ne parte dans des délires onéreux. Elle n’est plus tout jeune et je suis las des mariages fastes surtout qu’ils ne sont plus de son âge mais je serais curieux de connaître votre vision à la fois du mariage mais également ce que vous comptiez lui proposer. » Bridget acquiesça. Elle comprenait parfaitement bien la situation et saurait s’adapter aux demandes de son client. La jeune femme avait toujours été très débrouillarde et organisée. Elle perdait rarement son calme (en tout cas dans le cadre professionnel) et pouvait facilement changer un thème (suite à la demande des mariés) la vieille de la réception sans se laisser dépasser. Madame Petridis semblait être une cliente exigeante et extravagante, une de ces femmes qui changeaient d’avis comme de chemise – mais Miss Weaver se sentait prête à relever le défi. « Bridget ! » s’exclama Alicia en venant à leur rencontre. « Monsieur Petridis » ajouta-t-elle à l’attention de Loukas en esquissant un sourire. « Je suis vraiment désolée, mais mon frère est tombé à l’école, il s’est ouvert la tête et étant donné que mes parents sont en voyage à l’étranger, il n’y a personne pour le récupérer à l’hôpital. Ça te dérange si je m’éclipse ? Si j’avais le choix, je ferais autrement, mais… » Bridget l’interrompit. « Bien sûr que tu peux y aller, je vais me débrouiller ! Tiens-moi au courant, d’accord ? » La jeune femme acquiesça et fonça dans sa voiture. « Et si nous allions le boire ce petit café ? » Ravi qu’elle eût accepté sa proposition, Loukas l’escorta à l’intérieur. Tandis qu’ils marchaient en direction du salon, Bridget répondit à la question qu’il lui avait posé un peu plus tôt. « Pour commencer, sachez qu’on peut faire un très joli mariage sans forcément dépenser des sommes d’argent exorbitantes. De nos jours, il y a plein de trucs et astuces qui permettent de limiter notre budget ! Et puis tout à fait entre nous, je n’ai pas pour habitude d’escroquer mes clients » tenta-t-elle de le rassurer. « Pour ce qui est de mes propositions et bien, en toute franchise, tant que je n’aurais pas parlé à votre mère, j’aurais du mal à songer à quoi que ce soit ! Avant de commencer à travailler, à réfléchir à un thème, des coloris ou quoi que ce soit, il faut que je connaisse ses goûts et ses attentes, les vôtres aussi » ajouta-t-elle en souriant. Elle éluda volontairement la dernière partie de sa requête qui concernait la vision qu’elle se faisait du mariage. Quoi de plus ironique pour une organisatrice de noces que d’être célibataire ? La vie était vraiment mal faite.

Cette organisatrice de mariage m’intriguait au plus haut point. Elle était si jeune et pourtant, elle respirait le professionnalisme. J’avais toujours eu l’habitude de mesurer mes interlocuteurs pour savoir ce qu’ils avaient dans le ventre et le moins qu’on puisse dire, c’est que dans son joli regard, je n’y lisais qu’une grande assurance lorsque nous abordions son métier. J’aimais cela. Au moins, le mariage de ma mère s’annonçait bien plus agréable maintenant que j’avais fait sa connaissance et je me surpris à vouloir adapter mon emploi du temps pour pouvoir superviser tous les détails avec elle comme un fils sincèrement soucieux du bienêtre de sa mère alors qu’en réalité, je me surprenais simplement à vouloir passer davantage de temps avec cette femme encore inconnue.

# Si vous mettez une photo, vous risquez avant toute chose d’être dérangée par des clients peu scrupuleux. Vous êtes une très belle femme si vous me permettez ce compliment.

Le sourire toujours aussi séducteur, je ne pouvais m’empêcher de témoigner en faveur de sa beauté. Mademoiselle Weaver était magnifique et son sourire renversant si bien que les clients allaient se bousculer à son portillon. Aussi, peut-être valait-il mieux qu’elle conserve un certain anonymat pour filtrer les clients indésirables. A nouveau, elle m’offrit le plaisir d’entendre son merveilleux rire et mon sourire, bien que conservant une certaine dose de charme se transforma peu à peu en quelque chose de bien plus sincère, de bien plus tendre. J’étais sous le charme mais je ne pouvais me permettre de lier plus qu’une relation professionnelle avec elle bien que je ne serais pas contre un intermède avec elle. Toutefois, quelque chose me disait qu’approcher cette femme, goûter à ce fruit défendu serait bien trop addictif et je craignais de m’y brûler les ailes. Pourtant, face à cette constatation, je ne pouvais m’empêcher de continuer ce petit numéro de charme comme si, à mon corps défendant, je ne résistais pas à la tentation qu’elle représentait.  Nous en étions à discuter du mariage de ma mère mais aussi de mes attentes quand son assistante vint vers nous ou plutôt vers mademoiselle Weaver pour l’informer que son frère s’était blessé et qu’elle désirait, si elle le voulait bien, aller le rejoindre pour s’en occuper. Je restais silencieux durant leur courte et brève discussion, notant que la jeune femme était une patronne attentionnée. Il ne semblait pas avoir trace d’une quelconque méchanceté ou arrogance dans sa personnalité et malgré moi, je m’en félicitais. Je n’aimais pas les femmes imbues d’elle-même, elles étaient ennuyeuses.

J’hochais la tête lorsqu’elle me demanda et si nous allions boire ce café. Je n’attendais que cela de pouvoir passer plus de temps en sa compagnie sans chaperon. Dieu avait apparemment exaucé mes prières même si je doutais du bien-fondé de son dessein. Je l’escortais donc à l’intérieur vers le petit salon où j’étais certain que nous ne serions pas dérangé à moins que mère ne vienne mettre son grain de sel dans notre discussion, chose qui était somme toute fort probable.  Je l’écoutais donc me répondre, attentif à la moindre de ses paroles tandis que j’ouvrais les doubles portes du salon privé pour la faire entrer avant de me glisser derrière elle pour la débarrasser de son manteau afin qu’elle soit plus à l’aise. Je fis de même, me débarrassant par la même occasion de ma veste de costume, m’affichant dans une chemise blanche immaculé mettant mon torse en valeur. J’aimais être à mon avantage quoiqu’il arrive.

# Vous rencontrerez bien assez tôt ma mère, ne vous en faites pas. J’espère que vous avez prévu de quoi prendre des notes conséquentes, elle a des attentes pour le moins… grandes ? C’est ainsi que l’on peut dire ?

Je le lui demandais avec un léger sourire amusé tandis que je demandais à une domestique de bien vouloir nous apporter du café. Mère avait toujours aimé le personnel de maison même si cela coutait un bras. Pour ma part, j’aimais bien trop mon indépendance pour être constamment entouré d’une armada de domestique mise à part une femme de ménage venant deux fois par semaine faire mon ménage.

# Je n’ai pas grande attente concernant ce mariage. Disons que mon rôle se borne à limiter la folie acheteuse de ma mère. Elle est une grande romantique et si nous l’écoutions, elle se marierait sur la plage, il y aurait tout un orchestre symphonique et j’en passe et des meilleures. Je vais vous avouer que je suis totalement novice dans l’organisation de mariage alors je comptais sur vous pour m’aiguiller. Avez-vous des brochures ou je ne sais quoi d’autres à me proposer ?

Bridget ne comprenait pas pourquoi cet inconnu lui faisait autant d’effet. Pour la première fois depuis bien longtemps, le simple fait de croiser le regard d’un homme l’avait déstabilisée et elle ne savait pas comment appréhender la chose. Etait-il judicieux de parler de « coup de foudre » ? Probablement pas. Si tel avait été le cas, la jeune femme se serait probablement évanouie au moment même où il avait osé la complimenter. A défaut de tomber dans les pommes, Bridget s’était surprise à rougir, flattée par le compliment de ce mystérieux jeune homme. Parce qu’il y avait bien évidemment quelque chose de mystérieux dans ses yeux, une lueur étrange qu’elle peinait à interpréter –ce petit truc qui faisait toute la différence.

Alicia leur faussa soudainement compagnie et nos deux tourtereaux se retrouvèrent en tête-en-tête. Histoire de ne pas perdre la face, Bridget choisit de se concentrer sur son travail et répondit aux questions que lui avait posées son employeur. Un rictus amusé vint étirer ses lèvres lorsqu’elle se fit la remarque. Loukas était bel et bien son client, ce qui en soit, l’obligeait à taire les pensées extravagantes qu’il lui inspirait. Mais comment décrocher son regard du sien, alors que la couleur de ses yeux était si envoûtante ? Comment prétendre qu’il la laissait totalement indifférente, tout en sachant que physiquement, il avait toutes les qualités pour lui plaire ? Comment nier l’évidence ? Bridget se pinça les lèvres. Il allait bien falloir qu’elle se fasse une raison. Elle travaillait pour lui, rien de plus. D’ailleurs, pourquoi s’intéresserait-il à une fille comme elle ? Il n’avait peut-être pas d’alliance sur la main gauche, mais il était surement déjà pris. Dans tous les cas, cet apollon était inaccessible et bizarrement, ça ne faisait qu’éveiller le désir chez Bridget qui laissa momentanément flâner son regard sur la musculature du jeune homme. Ce n’est que lorsqu’il poussa les portes du « grand salon » qu’elle redescendit sur terre. Ce n’était vraiment pas le moment de se disperser ! Et puis de toute manière, elle avait passé l’âge de croire au conte de fées, princes charmants et autres mièvreries d’adolescentes. Il n’empêche que cette chemise épousait parfaitement son corps. Bridget leva les yeux au ciel. Si ça continuait comme ça, elle n’allait pas survivre à cet entretien !

Pour en revenir à l’organisation du mariage en lui-même, Bridget fit savoir à son client qu’elle ne pourrait rien entreprendre avant d’avoir rencontrée l’heureuse élue. Cette remarque sembla amuser le jeune homme qui lui laissa sous-entendre que rien ne pressait. Madame Petridis faisait-elle partie de ces mégères insupportables ? Ce n’était pas l’image que Bridget s’en faisait en tout cas, mais elle attendait de lui avoir parlé avant de s’en faire une idée. Loukas, de son côté, ne semblait pas avoir une très grande opinion de sa mère –mais Bridget était plutôt mal placée pour poser des questions, aussi décida-t-elle de réfréner sa curiosité.

« Je n’ai pas grande attente concernant ce mariage » lui répondit-il tandis qu’une jeune femme leur servait un café. Bridget la remercia d’un sourire et recentra bientôt toute son attention sur son hôte.  « Disons que mon rôle se borne à limiter la folie acheteuse de ma mère. Elle est une grande romantique et si nous l’écoutions, elle se marierait sur la plage, il y aurait tout un orchestre symphonique et j’en passe et des meilleures. » Bridget sourit à cette remarque, persuadée qu’il exagérait un peu. « Je vais vous avouer que je suis totalement novice dans l’organisation de mariage alors je comptais sur vous pour m’aiguiller. Avez-vous des brochures ou je ne sais quoi d’autres à me proposer ? » Des brochures ? Et pour quoi faire ? Miss Weaver ignorait comment travaillaient ses confrères, mais quant à elle, elle n’avait jamais utilisé de brochures –préférant de loin utiliser les sites internet et autres réseaux sociaux pour se faire de la publicité. « Je n’ai pas pour habitude de travailler avec des brochures, mais si vous avez une connexion internet, je peux toujours vous montrer ma page web. J’y dépose la majorité des photos des mariages que j’ai pu réaliser. Les thèmes sont variés. Je peux travailler à partir d’une couleur, d’un personnage ou même d’un simple mot ! En général, les clients me laissent pas mal de libertés et aucuns ne s’est encore plaint du résultat –mais si tel est votre souhait, on peut aussi partir sur quelque chose de plus conventionnel » conclut-elle en saisissant la tasse qu’il lui tendait. Loukas n’avait pas encore vu son travail, mais Bridget était réputée pour être très extravagante et imaginative. Son style déroutait parfois les gens, mais c’était avant tout pour son originalité et sa créativité qu’on se l’arrachait dans le milieu.

D’ordinaire, les femmes ne provoquaient pas un tel émoi en moi ni même ne m’intriguaient comme pouvait le faire Mademoiselle Weaver. Cette femme était une énigme qu’il me tardait de résoudre mais en même temps, je ne pouvais m’empêcher de me dire que la fréquenter ne faisait pas partie du contrat. Et pourtant, son sourire m’invitait à plus d’audace, plus de séduction et sous son regard, je me sentais fondre complétement. Qui était-elle ? Célibataire ? Une perle dans son genre devait avoir trouvé son écrin et cette constatation entraina un mélange d’agacement, de frustration et de déception. Pouvait-on parler de coup de foudre ? Non, je ne croyais ni à l’amour ni à la magie alors peut-être était-ce simplement le contexte qui me rendait si mélancolique et romantique. Oui, c’était tellement cliché de trouver le grand amour lors d’un mariage que tout ceci n’était qu’une mise en scène grotesque… Pourquoi n’arrivais-je pas à me convaincre moi-même du bien fondée de ma réflexion ? Peut-être tout simplement parce que je n’y croyais tout simplement pas. J’étais attiré par Bridget, quel merveilleux prénom. Il lui allait si bien. A la place, parler du contrat enfin du mariage me parut être une bonne idée sinon, je prendrais le risque de l’inviter à dîner pour passer plus de temps en sa compagnie en dehors de son travail, pour ne pas être qu’un simple client parmi tant d’autres. Je désirais être spécial à ses yeux, être désiré tout comme je la désirais. Tout ceci n’était que pure folie, l’amour était la plus grande escroquerie au monde alors pourquoi avais-je envie de jouer les parfaits pigeons lorsqu’elle me regardait de la sorte ? Aucune idée mais cette femme ne me laissait guère indifférent.

# J’ai internet sur mon smartphone… Est-ce une façon de me demander de vous accorder carte libre pour ce mariage mademoiselle Weaver ?

Mon ton était interrogateur mais également amusé tandis que je m’approchais d’elle pour m’accroupir à ses côtés en lui tendant mon téléphone, véritable petit bijou de technologie.

# Montrez-moi tout votre talent, impressionnez-moi.

Un murmure, une phrase semble-t-il anodine mais au regard que je lui lançais, on pouvait se demander si je ne parlais pas d’autre chose, si je ne faisais pas un sous-entendu bien plus personnel qu’il n’y paraissait. J’étais néanmoins curieux de voir son travail, de comprendre les raisons ayant poussé ma mère adoptive de la prendre elle, plutôt qu’une autre. Une mèche de cheveux s’échappa et machinalement, je la lui remis derrière l’oreille non sans esquisser une légère caresse sur sa joue, mon regard plongé dans le sien. Je me demandais comment elle réagirait si je me montrais bien plus audacieux en sa présence. Me repousserait-elle ? S’injurierait-elle de ma goujaterie avec une mine révoltée avant de me gifler ou ressentait-elle cette même attraction entre nous ? La question ne trouva hélas aucune réponse car ma mère débarqua d’une manière théâtrale, brisant l’ambiance entre nous. Je me redressais pour m’éloigner légèrement m’approchant de ma mère pour déposer un baiser sur sa joue.

# Je vois que tu as fait connaissance avec mon organisatrice de mariage. Savais-tu qu’elle avait organisé le mariage de mon amie Judith ?! Elle est très talentueuse !
# Non je ne savais pas et je suis certain qu’elle est effectivement très talentueuse.

En prononçant ses paroles, je ne pus m’empêcher de lui jeter un regard où transparaissait tout l’agacement que je ressentais à l’intervention de ma mère. Je ne pus m’empêcher de reprendre mes distances, comme toujours lorsque je me retrouvais dans la même pièce que cette femme qui m’avait tiré de l’orphelinat pour mieux faire de moi l’escroc que je suis.

# C’est bien que vous ayez fait connaissance mais tel que je connais mon fils, il va faire le difficile… Il manque tellement de folie, toujours aussi sérieux et plongé dans ses affaires. Heureusement qu’il est beau garçon sinon je m’inquiéterai de sa vie sociale. Il est célibataire, le saviez-vous miss Weaver ? D’ailleurs, un joli brin de femme comme vous, doit être déjà prise n’est-ce pas ?

Je levais les yeux au plafond tandis que je servais une tasse de café à ma mère, me positionnant derrière son fauteuil par la suite, les bras croisés contre mon torse.

# Mère…
# Oui oui… Bon, parlez-moi du mariage de mes rêves, je veux un véritable mariage de princesse alors ne lésinez pas sur les moyens. Mon fils est riche alors pourquoi se priver ?! Il ne va quand même pas emporter son argent dans sa tombe et puis, il peut bien faire plaisir à sa mère.
# Vous ne vouliez pas me croire n’est-ce pas ?

Amusé, j’avais posé la question à cette jolie organisatrice de mariage qui pouvait enfin se rendre compte par elle-même combien ma mère pouvait se montrer fantasque.

Bridget avait beau essayer de rester concentrée sur son objectif, rien n’y faisait, ses yeux ne cessaient de divaguer sur le corps du beau blond, détaillant chacun de ses membres avec envie. Si la brunette avait eu un coup de chaud lorsqu’il avait ôté sa veste, son cœur manqua un battement lorsque le pouce du jeune homme effleura sa joue. L’espace de quelques secondes, elle se vit l’embrasser, fougueusement, passionnément. Elle songea au goût de ses lèvres, à ses mains sur sa nuque et lui sourit un peu gauchement. Ressentait-il cette attraction, lui aussi, ou bien son esprit lui jouait-il encore des tours ? Etait-elle en train de se faire des films ? Non. Il y avait des regards qui ne trompaient pas –et sans vouloir s’accorder plus d’importance qu’elle n’en avait réellement, Bridget avait cru déceler dans les yeux du jeune Petridis, un éclat de malice. Et cette main qui s’était attardée un peu trop longuement sur sa joue, n’était-ce pas un signe ? Son regard plongé dans le sien, il semblait prêt à l’embrasser et notre organisatrice de mariage, littéralement sous le charme, ne comptait pas le repousser. Était-ce bien raisonnable ? Bridget se pinça les lèvres. Au diable les convenances songea-t-elle, comme pour faire taire sa conscience.

« Je vois que tu as fait connaissance avec mon organisatrice de mariage. Savais-tu qu’elle avait organisé le mariage de mon amie Judith ?! Elle est très talentueuse ! » Comme pris en flagrant délit, Loukas se redressa brusquement et rejoignit sa mère au centre de la pièce. Bridget détourna le regard, probablement aussi déçue que mal à l’aise. Quelque part, elle aurait aimé que cet instant perdure, juste pour voir si le jeune homme allait franchir le cap – juste pour goûter à ses lèvres. Mais elle n’était pas là pour ça et par sa simple présence, sa cliente la poussa à se « remettre » au travail. Bridget se sentit pourtant rougir lorsque le jeune homme jura ne pas douter de ses compétences. Était-il vraiment objectif ? Après tout, elle n’avait pas encore eu l’occasion de lui démonter ses « talents ». Le parallèle la fit sourire, car pour le coup, elle ne songeait pas uniquement à son travail…

« C’est bien que vous ayez fait connaissance mais tel que je connais mon fils, il va faire le difficile… Il manque tellement de folie, toujours aussi sérieux et plongé dans ses affaires. » Bridget sourit. Il y avait franchement pire comme défauts. « Heureusement qu’il est beau garçon sinon je m’inquiéterai de sa vie sociale. Il est célibataire, le saviez-vous miss Weaver ? » La jeune femme se racla la gorge. Pourquoi se sentait-elle soulagée, tout à coup ? « D’ailleurs, un joli brin de femme comme vous, doit être déjà prise n’est-ce pas ? » Cette fois-ci, elle esquissa un rire nerveux. « Non… je… je suis seule… » bafouilla-t-elle de manière à peine audible. Heureusement pour elle, Loukas s’empressa de servir une tasse de thé à sa mère pour la faire taire. Le sujet du mariage revint bien rapidement sur le tapis et Bridget sembla retrouver toute son assurance, s’amusant même du comportement de ses clients. Amusée par l’enthousiasme de la future mariée, elle fût bien forcée d'admettre que son fils ne lui avait pas menti à son sujet, mais elle tût ce détail par politesse, se contentant d’échanger un regard complice avec Loukas.

« Je suis prête à répondre à toutes vos exigences ! Comme j’étais en train de l’expliquer à votre fils, j’ai l’habitude de travailler sur des thèmes divers et variés. Qu’ils soient sobres ou extravagants, je sais m’adapter. Maintenant, il faut que vous vous mettiez d’accord sur un budget approximatif, que je puisse commencer à travailler… » Sans vraiment s’en rendre compte, Brigdet laissa à nouveau son regard divaguer sur le beau blond. « D’un autre côté, il n’y a pas de quoi s’alarmer ! Au risque de me répéter, on peut faire un tas de choses sans trop dépenser ! Et puis, si quelque chose ne vous convient pas, vous pourrez toujours venir m’en parler et j'aviserai... »

Mère avait toujours eu un rapport spécial avec l’argent, elle aimait vivre au-dessus de ses moyens et il était encore exceptionnel que la police ne soit jamais intéressé à cette femme dont les maris disparaissaient mystérieusement ou plus simplement finissaient totalement ruinés. Une jolie mante religieuse qui commençait à souffrir de l’âge malgré les séances de chirurgie esthétique. Pour ma part, j’oscillais entre respect et admiration, mépris et rejet. J’ignorais bien souvent comment réagir avec elle car même si je lui devais le fait d’être sorti de mon orphelinat, d’avoir connu les plus belles choses, mère m’avait néanmoins entrainé dans une vie que nulle ne devrait suivre. Je ne disais pas non plus que je regrettais la vie que je menais actuellement mais lorsque mon regard se posait sur Bridget, je ne pouvais m’empêcher de me dire, que ce fruit défendu était bien tentant. Cette femme n’était pas pour moi et l’intervention de ma mère semblait résonner comme un signe dans mon esprit torturé. Or, la tristesse que je ressentais à l’idée de ne plus revoir cette jeune femme me poussait à vivre dangereusement, à poursuivre ce contact entre nous, à me brûler les ailes auprès d’elle.

# C’est magnifique, Judith disait vrai, vous êtes une magicienne jeune femme ! Vous me plaisez et j’espère que nous deviendront de grandes amies toutes les deux.

Ma mère semblait totalement conquise et une part de moi se renfrogna. Je voulais garder la jeune femme rien que pour moi et surtout, je voulais lui épargner la compagnie néfaste de cette femme passée maitresse dans l’art de manipuler les autres. Néanmoins, mon cerveau était pour le peu embrouillé car je n’avais de cesse de songer qu’elle était célibataire, que rien ne nous empêchait de faire plus amples connaissances. Je devenais fou, Bridget n’était pas une femme que je pourrais mettre dans mon lit, une seule et unique fois. Je ne doutais pas que cela pouvait lui arriver, je doutais bien plus de ma capacité à me passer de sa compagnie par la suite. Je ne sais pas, appelez cela l’intuition mais ce que je ressentais pour elle, dépassait le stade de l’attirance pure et simple. Il y avait quelque chose dans son regard qui me poussait bien au-delà de l’aspect charnel du rapport homme/femme.

# Pour le budget, peut-être pourrions-nous voir cela ensemble ? Je connais mère, elle va vous répondre que ce dernier est illimité.
# Voyons Loukas, pour qui vas-tu me faire passer ?! Il est grand temps que tu rencontres l’amour pour que ton discours change. Tu verras combien lorsque l’on aime, nous sommes prêts à toutes les folies pour l’être aimé.
# Il est dommage que ton amour se limite aux noces dans ce cas.

Le ton était incisif tandis que publiquement, j’insistais sur le fait qu’elle n’en était pas à son premier mariage. Ma mère ne perdit pas une occasion de me fusiller du regard avant de se relever dignement de son fauteuil.

# Les mauvaises ondes de mon fils me fatiguent, je vais aller me retirer dans ma chambre mais passez donc demain me voir, nous pourrons discuter plus librement de femme à femme mon petit.

Puis, sur ces mots, elle s’en alla et je levais les yeux au plafond. Voilà que je passais une nouvelle fois pour le méchant alors que je ne faisais que dire la vérité. Ses maris n’étaient que des comptes en banque ambulant, où était l’amour là-dedans ? Nulle part.

# Veuillez excuser mon comportement mais je n’apprécie guère quand ma mère me donne des leçons sur l’amour alors qu’elle en est à son douzième mariage. Vous êtes venues avec votre assistante ? Je peux vous ramener à New York si vous le souhaitez, je dois moi-même y retourner.

J’espérais sincèrement qu’elle accepterait mon invitation tant j’avais envie de passer du temps auprès d’elle, d’apprendre à la connaitre, entendre sa jolie voix, sentir mon cœur s’émerveiller sous un de ses sourires. Bref, je la désirais.

Bridget assista, presque malgré elle, a une dispute entre la mère et son fils. Le désaccord qui les opposait, bien que parfaitement légitime, ne la concernait pas réellement et notre organisatrice de mariage se sentit bien rapidement de trop. L’espace d’une fraction de secondes, elle pensa même se lever et proposer de reprendre cette conversation plus tard, mais ce fut finalement Madame Petridis qui leur faussa compagnie. Exaspérée par les remarques désobligeantes de son fils, piquée au vif par leur acidité, elle préféra se retirer dans sa chambre « pour se reposer ». Bridget la salua poliment et promit de revenir la voir dès le lendemain. Une minute plus tard, elle se retrouva à nouveau seule avec Loukas. Pour une raison qui lui restait inconnue, son cœur se mit à battre la chamade. Il menaça même de bondir hors de sa poitrine à plusieurs reprises. Pourtant, le jeune homme n’avait encore rien dit. Rendu mal à l’aise par le comportement de sa mère, il semblait à court d’argument. N’était-ce pas le bon moment pour prétexter un appel important et prendre la fuite ? Bridget aurait bien aimé. A dire vrai, il aurait été préférable qu’elle le fasse –mais le jeune homme ne lui laissa pas le temps de mettre en place un quelconque stratagème puisqu’il proposa de la raccompagner. La brunette se pinça les lèvres. Était-ce bien raisonnable ? Ils avaient tout de même failli s’embrasser. Enfin, elle avait failli lui sauter au cou et sachant qu’il était son client, ce genre de débordement était parfaitement inacceptable. « C’est très gentil de votre part, mais je ne voudrais surtout pas abuser… » D’un autre côté, avait-elle vraiment le choix ? Elle était venue ici avec la voiture de son assistante et cette dernière ayant dû s’absenter pour prendre soin de son petit-frère, elle se retrouvait sans véhicule. « Je pourrais tout aussi bien appeler un taxi… » Son interlocuteur lui rappela alors que de toute manière, il devait aller en ville. « Très bien, dans ce cas, j’accepte ! Merci… » souffla-t-elle en le suivant dehors. Une fois installée dans la voiture, étrangement, l’atmosphère se détendit. Les deux jeunes gens commencèrent à discuter et Bridget se surprit même à rire. En plus d’être séduisant, Loukas était drôle et plein d’esprit. Ils passèrent une bonne partie du trajet à faire connaissance et convinrent finalement d’un rendez-vous –professionnel s’entend. Séduite par la personnalité du jeune homme, Bridget sourrit toute la soirée en pensant à lui.  

to be continued