Sauf que C’ian désirait Jeremiah. Elle le désirait même au-delà des mots et se surprenait à rêver de lui de manière très récurrente, au point de se sentir molle et triste dès qu’il n’était pas dans les parages. Aussi, plutôt que de la choquer, sa visite lui avait fait un bien fou, un bien indescriptible même si effectivement, leur étreinte avait été vive et qu’elle n’était pas certaine de pouvoir encaisser des centaines d’étreintes de ce genre mais elle ne s’en plaignait pas pour autant et mieux, elle lui souriait de façon délicate. « Sauf que je te désire, donc pourquoi parler d’un fait hypothétique alors qu’il ne s’est même pas produit ? » Avant de choquer C’ian, encore fallait-il savoir ce qui pouvait bien la gêner mais quand bien même, pas sûr qu’elle soit choquée par quoi que ce soit provenant de Jeremiah. « Disons que sur le moment j’ai été surprise mais probablement était-ce parce que je dormais avant que tu ne frappes à ma porte… non pas que cela m’aie dérangée hein ! Tu sais très bien que tu seras toujours le bienvenu ici… » Sauf que Jeremiah se mit à la couvrir subitement de son corps pour lui poser LA question à laquelle elle ne s’était aucunement préparée. Oh C’ian se posait la même depuis le moment où elle avait quitté la chambre d’hôtel, le lendemain de sa première fois. « Et bien… on ne m’a jamais appelée comme ça alors forcément que ça me fait plaisir ! Et oui, je l’avoue, même si tu vas certainement me dire que je suis folle à lier et qu’il ne faut pas, quand tu n’es pas dans les parages tu me manques et te sentir en détresse tout à l’heure m’a fait mal pour toi ! Tu vas être… en colère ? »

« Je n’ai jamais prétendu être saine d’esprit… » s’amusa-t-elle à lui répondre avant de n’éclater purement et simplement de rire. Effectivement, alors que beaucoup d’autres avaient une fâcheuse tendance à considérer Jeremiah comme un enfoiré de première, C’ian voyait bien au-delà du masque, bien qu’il faille admettre qu’il la traitait de façon tout à fait différente. Avec elle, il n’était pas un enfoiré, bien au contraire, et pas seulement lors de sa première fois mais même après. Ils se lançaient parfois dans de longues joutes verbales certes mais il n’y avait pas de méchanceté derrière, juste du second degré savamment dosé. « Je vais dire autre chose en vérité… si tu n’as que ton âge à m’imposer je crois que je peux dire que j’ai gagné ma journée, non ? » C’ian se mordit à nouveau la lèvre inférieure avant de n’accueillir son baiser, entourant même le cou de Jeremiah à l’aide de ses bras frêles tandis que son regard d’un bleu puissant devenait de plus en plus pétillant de seconde en seconde. « C’est vrai tu es d’une humeur de chien ? Je suis… je suis très flattée et même très contente et je relève le défi parce que même pas peur d’abord, je suis une warrior moi chéri ! » Qu’il soit chiant, elle n’en n’avait cure, après tout la jolie blonde n’était pas la moins chieuse de la planète bien qu’il faille admettre qu’elle possédait une douceur et une gentillesse que beaucoup ne pouvaient qu’adorer. « Est-ce que tu te sens mieux ou est-ce que je peux faire autre chose ? Déjà, je peux te promettre de faire office de bouillotte pour le reste de la nuit, ça, c’est tout à fait dans mes cordes » conclut-elle d’une voix douce avant de ne reprendre ses lèvres avec une délicatesse mêlée d’un fond de passion.

« Quelque chose me dit que tu ne détestes pas mon insolence » énonça-t-elle avec malice non sans chercher à se planquer sous le drap sans forcément y parvenir pour la simple et bonne raison que Jeremiah se trouvait toujours sur elle, à la protéger de sa chaleur et de sa présence. L’idée qu’il puisse partir lui traversa l’esprit, et sûrement était-ce pour cela qu’elle s’empressa de lui préciser qu’il pouvait rester pour la nuit, et qu’elle lui servirait de bouillotte aussi longtemps – et même souvent – qu’il le désirerait. « Bah… c’est plutôt une bonne nouvelle que tu sois de bonne humeur, non ? Enfin moi je trouve… et puis j’aime bien quand tu es gentil et souriant, je trouve que ça te va terriblement bien. Même que ça te donne un air encore plus sexy, et si si c’est possible ! » Même si, de tout ce qu’il avait bien pu lui dire jusqu’à lors à commencer par l’appellation intime qu’il lui avait offert, C’ian ne s’attendait aucunement à la proposition qu’il venait juste de lui faire. L’espace de quelques secondes, elle demeura bouche bée, bien que ce soit dans le meilleur sens du terme car elle avait un air particulièrement adorable. « Je ne sais pas si ce qui m’étonne le plus est que tu veuilles que je vienne habiter chez toi ou que tu sois… inquiet pour moi. Tu as peur qu’il m’arrive quelque chose ? » osa-t-elle lui demander en savourant encore quelques secondes cette proposition venant probablement du cœur car Jeremiah était loin d’être quelqu’un prenant des décisions à la légère. « Bien sûr que je veux, quelle question ! Ca m’évitera d’avoir à atteindre près de mon téléphone en espérant que tu m’appelles ou que tu m’envoies un message, à un point tel que j’avais du mal à me concentrer sur mes créations ! Mais je te rassure, le ménage ne me dérange pas et au moins tu es assuré de ne pas manger trop mal… » C’ian était une vraie fée du logis : il n’y avait qu’à voir la propreté de son appartement pour s’en rendre compte ! Bien qu’en l’occurrence, ce n’était pas le détail le plus important, pas alors qu’elle s’emparait fougueusement de ses lèvres pour lui faire comprendre à quel point elle était contente.

« Ca tombe bien, je crois que je vais m’habituer au fait d’être une VIP de ta gentillesse… » s’amusa C’ian en le couvant du regard n’hésitant pas à caresser sa joue du bout des doigts. Le pire, c’est qu’il la faisait rire avec ses conneries, comme d’habitude, et qu’elle ne pouvait donc que voir d’un excellent œil le fait de s’installer chez lui, même si en l’intégralité d’une vie elle n’aurait jamais pu ne serait-ce qu’imaginer une telle chose possible. « Le problème, c’est que si j’avouais une telle chose, tu aurais du mal à vouloir que je m’arrête de le dire… ce serait embêtant non ? » le provoqua-t-elle avant qu’il ne pose LA question à cent sesterces qui lui arracha un sourire on ne peut plus amusé. « Et bien… je suis tentée de dire maintenant ? Comme ça, tu n’auras pas besoin de repasser chez toi pour te changer ou prendre une douche avant d’aller bosser, tu seras directement chez toi, en prime avec une femme pour te préparer le petit déjeuner… mais si tu préfères rester au chaud, je peux très bien emménager demain, c’est mon jour de congé et j’avais prévu de ne pas rester chez moi à rien faire. Cela t’évitera aussi de t’inquiéter si jamais je sors pour faire une course vu que je serais en plein emménagement, fondamentalement c’est tout bénéfice pour toi ! » C’ian s’était assise sur le lit, couvrant son corps nu à l’aide du drap à proximité pour mieux déposer un bref baiser sur ses lèvres puis sur le bout de son nez. « Ton choix chéri ! »

« Dix minutes ? C’est bien plus qu’il ne m’en faut » fit remarquer aussitôt C’ian avant de ne mettre une tape sur les fesses de Jeremiah non sans avoir au préalable écouté son discours au sujet de leur cohabitation très proche. « Premièrement, tu fais bien de me faire remarquer que je peux ajouter des choses au niveau de la déco sans quoi je n’aurais sûrement pas osé lever le petit doigt car je n’aime pas m’imposer. Mais je note pour le « chez nous » et d’ailleurs j’adore cette appellation… en revanche je ne suis pas « gnangnan » au point de faire un répondeur commun, d’autant que je n’utilise que mon téléphone portable pour appeler, donc… tu n’as rien à craindre de ce côté-là et comme je suis maniaque, j’aime faire les courses, le message, la cuisine et les vitres même si je pense que si je m’occupe aussi du repassage ce n’est pas plus mal. » C’ian s’était exprimée avec entrain pour mieux lui faire un clin d’œil et se mettre à s’habiller d’un t-shirt et d’un jean. Ce n’est qu’ensuite qu’elle empaqueta ses créations ainsi que les quelques petites affaires pour mieux appuyer sur sa montre et dire, fanfaronnante : « Huit minutes dix ! Un nouveau record pour C’ian Maeda ! Tu vois, il n’y a que deux cartons et une toute petite valise. Je n’ai pas beaucoup de possessions et la plupart sont mes créations d’ailleurs… on y va ? Je vais te suivre en voiture ce sera plus simple, il me faudra bien ma voiture pour aller au travail le matin, après tout, tu ne crois pas ? »

« Et bien tu lui dis quand tu veux je ne vais pas t’empêcher de le faire mais si c’est juste pour lui faire choper une crise cardiaque, c’est peut-être un poil cruel ! Ceci dit, pour que tu n’aies pas une tête affreuse demain matin, je peux aisément consentir à un petit massage d’avant dodo. Il paraît que c’est radical ! » s’amusa-t-elle alors qu’elle empoignait la valise n’étant guère lourde puisqu’elle ne comportait que des extraits de tissus et autres objets de couture nécessaires à la création de nouveaux sous-vêtements pour ses collections à venir. Une fois dans la rue, elle prit néanmoins ses clefs de voiture, bien décidée à conduire car il n’était pas question qu’il la véhicule dès qu’elle voulait se rendre quelque part. « N’aie crainte, je me sens bien je peux conduire ! Et puis à cette heure-ci, pas sûr qu’il y ait qui que ce soit à secourir alors je crois que tu peux déstresser chéri ! » Et d’ailleurs, elle eut tôt fait de lui déposer un baiser contre sa joue pour mieux ouvrir son coffre et y glisser respectivement sa valise ainsi que ses deux cartons se battant en duel afin de refermer ce dernier aussitôt. « En fait je dois me rendre à l’hôpital demain après-midi et comme tu travailles il vaut mieux que je puisse me débrouiller toute seule, d’où l’utilité de la voiture ! » C’ian esquissa un petit sourire aussi rassurant qu’elle le pouvait car après tout, ce genre de visite était récurrente surtout lorsqu’elle se sentait mal. Cela avait beau ne pas l’enchanter, il n’empêche que cela ne lui faisait pas de mal. « Et je dors nue moi aussi, alors reste à savoir lequel va avoir le sommeil le plus lourd et les mains les moins baladeuses » éclata-t-elle de rire avant de n’esquisser un clin d’œil et de grimper dans sa voiture, qu’elle démarra aussitôt pour mieux le suivre.

TOPIC FINITO **