i promise to always surprise you

« Laura, qu'est-ce qu'il se passe ? » Courant à l'autre bout de la scène, je me dépêcha de prendre la jeune russe dans mes bras. Laura et moi interprétions les rôles de Bert et de Mary Poppins, autant dire que nous étions devenus plutôt proches ces dernières semaines et qu'un drôle de lien s'était tissé entre nous. Je la considérais comme ma petite sœur et elle comme son grand frère. Nous étions inséparables et je voyais bien que quelque chose se passait ici. Passant légèrement ma main dans ses cheveux, je l'écoutais me parler « Noa vient de me planter pour la soirée de mon père. Je ne peux pas me pointer seule à cette soirée et il m'est impossible de trouver un partenaire en moins de deux heures » Faisant une légère grimace, je regarda la jeune femme et sécha rapidement ses larmes d'un coup de pouce habile. Je pouvais très bien jouer le pingouin pour une soirée s'il le fallait. Je n'aimais pas vraiment les soirées mondaines et tout ce qui allait avec mais il fallait bien avouer qu'une soirée dehors ne me ferait pas de mal. J'appréciais énormément mon colocataire mais Alejandro commençait à se laisser aller et Neige n'était pas disponible, une fois encore. Je savais bien trop dans quoi je m'étais lancé avec la jeune allemande et même si je ne regrettais rien, elle me manquait amèrement. J'avais bien plus besoin que quelques messages mais je ne disais rien. Noël était derrière nous et j'espérais sincèrement que nous allions passer notre soirée de la saint Sylvestre ensemble. Déposant un baiser sur le front de la jeune russe, je me leva et lui tendis la main. « Que dirais-tu que je t'accompagne Laura ? » En moins de deux secondes, je vis le regard de la brunette s'illuminer et cela me fit chaud au cœur. Je n'aimais pas voir les gens souffrir pour x ou y raisons et j'essayais toujours de les alléger, de leur faire du bien. Souriant, je la fis tournoyer quelque peu et dis « Ca te dit ? Je n'aime pas trop ce genre de soirée mais je sais que tu le ferais aussi pour moi » Je lui fis un clin d'oeil et l'attrapa au vol lorsqu'elle me sauta dans les bras, large sourire aux lèvres. Je savais y faire avec les femmes, qu'on le veuille ou non. J'étais fière de moi, je devais l'avouer mais je n'en disais rien pour autant. Après tout, cette soirée serait peut être plus que désastreuse. J'allais être compressé dans un smocking noir avec un joli noeud papillon. J'en bavais d'avance ! Ou pas...

Tendant mon bras à Laura, je laissa la jeune russe passer son bras et nous nous dirigions vers l'entrée. La salle était pleine, chose qui pouvait être plutôt agréable pour le père de la jeune Szadowski mais bien moins pour moi qui ne supportait pas être entouré d'une bande d'inconnu. Prenant mon courage à deux mains, je laissa la jeune femme me guider dans la pièce que nous occupions et rencontra rapidement son père. L'homme d'affaire ne me connaissait pas puisqu'il n'était jamais venu à aucune représentation de sa fille et ce n'était pas grave. Les personnes de ce statut ne m'intéressait guère. Attrapant une coupe de champagne pour moi et une pour la jeune femme, je dis « Putain je vais mourir asphyxié dans ce costume de merde. On peut pas partir Laura ? » Je la suppliais du regard mais la jeune femme ne semblait pas vouloir bouger d'ici, encore moins alors qu'un couple de danseur attirait l'attention de tout le monde. Elle les enviait, je pouvais le voir dans son regard et moi, de mon côté, cela m'exaspérait totalement. Attirer l'attention des gens de cette façon me dépassait totalement mais après tout, chacun sa façon de faire. Jetant un léger coup d'oeil, je reconnus Neige et mon cœur arrêta de battre une seconde, ou deux. En plus d'être là où je ne l'attendais pas, elle s'en sortait à merveille et je lui en voulais presque de ne jamais m'avoir parlé de ces dons en danse. Buvant ma flûte de champagne d'une traite, je la posa sur une table vide et souris en entendant les premières notes d'une musique que j'aimais beaucoup. Attrapant la flûte de Laura, je la posa sur la table et tout aussi surprise qu'elle puisse l'être, je l'attira vers moi et commença légèrement à danser. Nous nous fondions plutôt bien dans la masse. Remerciant la brunette pour cette danse, nous nous replacions sur le côté et mon cœur rata un battement lorsque j'entendis une voix familière. « Je t’avais promis que je te surprendrais, non ? Surpriiiise ! » Me retournant, un large sourire se dessina sur mes lèvres et, poussé par je ne sais quoi, je la pris dans mes bras. Pas de baisers, rien, je ne savais pas vraiment quoi faire. « Neige ! Je ne m'attendais pas à te voir ici. Pour une surprise, c'est peu dire » Je lui fis un léger sourire et entendis un raclement de gorge venant de derrière moi. Me tournant, je fis un sourire à la russe et les introduisis rapidement. « Neige, voici Laura, ma partenaire à broadway. On est venu ici pour la soirée de son père et toi, que fais-tu ici ? Je ne savais pas que tu raffolais de ce type de soirée ! » lui lançais-je, presque pour lui dire que nous devions parler. La jeune russe salua l'allemande et dis « Je vais retrouver mon frère, tu me rejoins après ? » Je lui fis un léger signe de tête et me tourna vers la jeune allemande, sourire aux lèvres.

« Charmante. Elle ferait fureur dans un cinéma muet, cette greluche impudente ! » Regardant la jeune allemande, je me racla légèrement la gorge. Je ne savais pas comment réagir ; être heureux de la voir jalouse ou totalement dépassé de ce manque de confiance qu'elle pouvait avoir. Je lui avais avoué l'aimer, tenir à elle plus que tout et elle pensait que j'allais me satisfaire e la première venue ? C'était bien mal me connaître. À vrai dire, je n'avais même pas plus fais attention que cela à la robe de la jeune russe et je m'en fichais bien. Je n'étais pas là pour boire du champagne à volonté et voir mon visage en première page d'un magasine demain. J'étais venu pour aider une amie qui semblait perturber la belle allemande. Lorsque Neige était en colère, une vraie fusée était lancée et cela pouvait faire mal et j'en étais conscient. Devais-je me jeter dans la gueule du loup et en ressortir d'une façon plus ou moins amochée ? Je n'en savais trop rien.. « En revanche… je ne savais pas que ta partenaire, c’était elle, ravie de l’apprendre, même si c’est par un pur hasard. » Arquant un sourcil, je secoua légèrement la tête et rétorqua aussi sec « Son partenaire l'a lâché cette après-midi en répétition ! Je ne pouvais pas dire non » Je ne disais jamais non à personne c'était dans ma nature. Trop bon, trop con sûrement mais c'était ainsi que je voyais les choses. J'avais retrouvé la jeune russe à moitié en larmes et j'avais été la voir, tout aussi innocemment et sans intérêt que possible. Même si j'étais le plus posé des deux, je commençais doucement à perdre patience devant tant de colère. Après tout, Neige ne m'avait pas demandé de venir avec ce soir alors pourquoi faisait-elle tout un foin de mon rendez-vous ? Je devais me laisser mourir sur mon canapé en attendant un message alors que madame virevoltait sur le parquet lustré de ce bâtiment ? Je ne voulais pas d’interférer dans sa vie, dans son métier mais il y avait tout de même des limites. « Je ne voudrais surtout pas te priver de la compagnie de ta sublime partenaire ! D’autant qu’elle t’a presque sifflé en te proposant de la rejoindre, ce serait criminel de ne pas dire amen à tant de charme, tu crois pas ? Amuse-toi bien, surtout ! » Regardant la jeune brune, je me retrouva bouche bée face à elle, les yeux ronds comme le monde. C'était de la jalousie pure et simple et plutôt que de ternir son image, madame préférait vaquer à ses occupations initiales. Où était l'intérêt de venir me lancer son venin pour repartir ? Je la regardais commander une boisson et entendis la musique changer de rythme. Le rythme rapide de la musique disparaissait pour un rythme un peu plus lent et langoureux. Me dirigeant vers elle d'un pas déterminé, j'attrapais sa main qui était le long de son corps et l'attira vers moi. En moins de temps qu'il en faut pour dire ouf, nous étions au milieu de la piste à danser. Neige voudrait sûrement partir aussi que possible et c'est pour cela que je plaça ma main au niveau du bas de son dos, histoire de la bloquer contre moi. J'avais toujours été calme et souriant mais là, je ne comprenais plus rien. « Tu peux m'expliquer ce que tu me fais là ? Tu n'as pas retenu ce que je t'ai dis l'autre fois ou tu as Alzheimer ? On n'en serait pas là si tu m'avais proposé de t'accompagner mais il semblerait que le jeune homme en haut des escaliers de marbre soit plus intéressant et clinquant que je ne le suis » Machinalement, je la fis tournoyer légèrement et la rattrapa à nouveau pour la coller contre moi. « Je ne t'ai jamais dis que Barbie, c'était pas mon trip ? » Pas du tout même. Bien sûr, pour draguer c'était toujours plus intéressant mais cela s'arrêtait là. J'étais plutôt vexé que Neige pique une crise pour si peu... Après tout, Laura était une amie et rien d'autre, même si la jeune russe semblait toujours me fixer, ce qui avait le don de me perturber.

« Mais puisque tu veux que je te prouve que cette sale blonde ne te correspond pas du tout, alors très bien, qu’à cela ne tienne ! » Arquant un sourcil, je regarda la jeune allemande partir près du DJ et me posa de nombreuses questions dont une principale : mais qu'est-ce qui lui prenait pour agir de la sorte ? Je ne connaissais pas Neige en tant que grande jalouse et même si cela me faisait 'plaisir', elle en devenait presque folle et ce n'était pas bon pour elle, ni pour moi. Elle se permettait de douter de ma partenaire mais je ne devais pas douter du sien sous prétexte qu'il était marié ? C'était bien mal me connaître... Un homme marié ne décidait pas d'être exclusif le jour où il passait la bague au doigt de son épouse. Combien y avait-il d'homme qui trompait leur femme alors qu'ils étaient fous amoureux, qu'ils avaient des enfants et tout ce qui allait avec ? Ce n'était pas une déclaration devant monsieur le maire qui allait changer quelque chose... Et dire que je croyais en l'institution du mariage en temps normal mais là, tout était différent. Quand Neige était là, tout était différent à vrai dire. Elle avait ce don inné de me retourner le cerveau et de me faire perdre mon calme en un claquement de doigt. J'arrivais toujours à retrouver mon calme aussi rapidement que possible et là, c'était le moment de retrouver mon calme ! Un nouveau rythme retentit et fini la danse un peu douce et sensuelle, place à une danse endiablée ! Je n'étais pas le professionnel des danses de couple mais les nombreux stages new yorkais que j'avais fais m'avaient permis d'hisser mon niveau le plus haut possible. Neige voulait en mettre plein les yeux à Laura et je comptais bien en mettre plein les yeux au guignol qui suivait chacun de ses geste du regard. La jalousie commençait à me démanger et la danse qui suivit le prouvait bien. Chacun de mes mouvements était calculé, pensé et j'allais jusqu'au bout de mes gestes. La danse était ma passion et je la vivais jusqu'au bout des doigts. Je me souvenais encore de ces juges de 'dancing with the stars' qui disaient que chaque centimètre doit parler. Plus les secondes avançaient et plus notre petite gueguerre intéressait le public présent. Les gens quittaient la piste de danse pour nous regarder danser et je sentais leur regard, chose qui ne me plaisait guère. J'aimais danser, certes, mais j'étais que tout soit répété le plus possible et l'improvisation n'avait rien de bon. Je voyais déjà Laura chouiner et critiquer chaque pas de Neige alors que je devais avouer qu'elle était parfaite, plus que parfaite. La danse lui allait à merveille, cela la rendait encore plus gracieuse qu'elle ne l'était déjà et encore plus attirante. Alors que je faisais tanguer dangereusement – mais plus que gracieusement – l'allemande, je sentis un regard sur nous. Ferma les yeux quelques secondes, je releva la brunette et la plaqua contre mon torse. Ouvrant les yeux, mon visage n'était qu'à quelques centimètres d'elle. Les gens commençaient à revenir sur la piste. Je ne respirais plus. Mes yeux étaient plongés dans ceux de la belle allemande et j'étais comme immobile. Clignant légèrement des yeux, je m'approcha dangereusement d'elle et souffla [color=lightseagreen]« On ne t'a jamais dis que Barbie n'était qu'une pute sans intérêt pour les petits jeunes dans mon genre ? »{/color] Parler de Laura n'était peut être pas la chose à faire mais c'était tout ce que j'avais trouvé. Je déposa mes lèvres sur les siennes et glissa ma main dans son dos, comme pour la garder un peu plus longtemps près de moi. Je n'étais pas trois fois sûre qu'elle apprécie cette petite démonstration mais c'était ça ou rien. Me détachant légèrement d'elle, la respiration haletante, je lâcha « J'ai pas changé d'avis depuis dix jours. C'est toi que j'aime » Elle ne l'avait pas compris la première fois ? Eh bien elle avait un petit récapitulatif maintenant.

« Ce n’est pas de toi que je doute, c’est d’elle. » Toujours très proche de Neige, un léger sourire se dessina sur mes lèvres lorsque je l'entendis dire cette phrase. Elle avait donc confiance en moi et aussi étrange que cela pouvait être, cela me rendait plus qu'heureux. Je savais bien que Neige et la confiance n'étaient pas vraiment meilleurs amis. Elle doutait de tout et de tout le monde et de la voir aussi confiante me faisait vraiment plaisir. Je n'eus pas le temps de lui dire ô combien cette déclaration – made in Neige – me faisait plaisir que ma partenaire de danse happa la belle brune et l'attira plus loin. Un combat de coq allait il se préparait dans cette salle de réception ? Je déglutis difficilement et chercha – vainement – de l'aide du regard. Je ne pouvais pas séparer ces deux là si elles en venaient aux mains mais verbalement, je pouvais très bien m'interposer, ou pas. Neige était assez forte de la joute verbale et Laura aussi. Les femmes, toutes les mêmes. Je ne suis pas un bout de viande bon sang ! Voyant Neige grimacer, je rejoins rapidement les deux jeunes femmes avant de regarder le bras de l'allemande. Il y avait du sang et ce n'était pas bon signe. Son gant d'un blanc immaculé prenait désormais la couleur rougeâtre du sang. Sortant le mouchoir en tissu qui sortait de la poche de ma veste, je lui tendis et tourna la tête vers la jolie russe. « Tu penses vraiment qu’une fille convenable se trimbalerait avec une blessure pareille à un gala ? Amau, ouvre les yeux, je t’en prie ! » Arquant un sourcil, je me passa une main dans la nuque et souffla. J'étais le dindon de la farce, l'andouille entre les deux femmes les plus belles de la soirée qui allait devoir faire son choix. Non, mon choix était déjà fait et il se portait vers la brunette. Son bras m'inquiétait, je me demandais sérieusement ce qu'elle avait fait pour avoir une telle blessure mais je me tus. Avec Neige, c'était simple comme bonjour, pas de questions trop indiscrète où c'était la crise de nerf. « C’est vrai que c’est la fin du monde un peu de sang, ton gant ne pas va s’en remettre… je lui suggère de porter plainte ! » Regardant Neige, je me retins de rire. Je ne devais pas faiblir, pas maintenant et surtout garder mon air sérieux. Elle avait toujours le mot pour se moquer des gens et c'était ça que j'appréciais chez elle... M'approchant de la belle alleamnde, je dis – à voix basse – « Ca va ? Tu veux que j'aille voir s'ils n'ont pas quelque chose pour désinfecter la plaie ? » Pour Neige, cela ne devait être qu'une petite égratignure mais pour moi, c'était tout autre chose. Glissant ma main dans son dos, je tourna le visage vers ma partenaire et dis « Une fille convenable ? Sérieusement Laura, tu ne connais pas Neige alors je ne te permets pas de la juger. Tu crois franchement que c'est convenable de traiter ainsi la personne qui travaille pour ton père ? » A vrai dire, vu la richesse de Laura, je l'imaginais bien en petite princesse tyrannique à toujours enquiquiner le personnel. « Et puis zut, je fais ce que je veux Laura ! J'ai déjà assez de mon père pour me dicter mes moindres faits et gestes alors ne t'y mets pas s'il te plait. Vous faites toutes les deux partis de ma vie et il va falloir vous y faire ! » Je tourna rapidement la tête vers Neige, puis vers Laura. « J'ai l'impression de parler de ma petite amie avec ma mère, c'est génial ! » Laura représentait ma mère, tentant de me remettre dans le droit chemin, et Neige la bien aîmée qu'il fallait à tout prix éviter...

Assister à cette petite guerre de territoire entre les deux demoiselles me dépassait totalement. Je n'avais jamais compris pourquoi les filles se crépaient le chignon sans arrêt. Qui allait avoir le dernier mot ? Sûrement Neige puisqu'elle était – en quelque sorte – l'invité d'honneur de cette soirée et que, de mon côté, Laura faisait tout de travers. J'avais vraiment du mal à accepter son comportement. Je n'étais ni sa chose, ni son trophée. J'avais déjà du mal à accepter que mon père tente de ''m'ouvrir'' les yeux mais venant de Laura, je trouvais vraiment cela mal placé. Je ne lui en voulais pas puisque j'étais son 'cavalier' mais elle pouvait très bien se pavaner avec son frère et son père, histoire d'attirer tous les regards sur eux. Ils étaient la petite famille parfaite et je devais avouer que j'enviais ce petit schéma. Seulement cela ne devait pas lui donner tous les droits. Lorsque le père de ma partenaire arriva, je le salua rapidement avant de me reculer légèrement. Vu son regard, sa fillette allait en prendre son grade mais tout dans la mesure puisqu'elle était la petite dernière de la famille. Ne comprenant pas un piètre mot de ce que disait le paternel de ma partenaire, je me dirigea vers le champagne et attrapant une coupe, suivant toute la discussion du coin de l'oeil et n'hésitant pas à revenir près de ma belle dès qu'elle ouvrit la bouche. Seulement, je n'eus pas le temps d'être à ses côtés qu'elle se diriger vers les toilettes pour femme. Arquant un sourcil, je regarda Laura et dis « De quoi avez vous parlé avec ton père ? » Question tout ce qu'il y a de plus banal à vrai dire mais la blonde croisa les bras au niveau de sa poitrine et ne répondis rien. Soufflant, j'avala ma coupe d'une traite – grimaçant légèrement au passage – et dis « Je t'apprécie beaucoup Laura mais j'aime Neige et elle a beau avoir une blessure ou je ne sais pas quoi, je m'en fiche. Elle pourrait être couverte de boue que je m'en ficherais. C'est pas le physique qui compte » J'en étais persuadée. Bien sur, la beauté comptait mais cela ne faisait pas tout. Sortir avec un canon écervelée n'était franchement pas quelque chose que je souhaitais. Plutôt rester seul ! Posant la coupe de champagne vide sur une table, je me dirigea d'un pas déterminé vers les toilettes pour femmes. Posté devant la porte, je pris une grande bouffée d'air et ferma les yeux. « C'est occupé et allez au diable !! » Grimaçant légèrement, je dis « Même moi ? » tout aussi innocemment que possible. J'entrouvris un œil avant de dire « Je viens de quitter le diable, je vais pas y retourner » Un léger rire stressé sortit de mes lèvres. Ouvrant les deux yeux, je dis « Tu as besoin d'aide ? Qu'est-ce que tu t'es fait Neige ? » Je glissa le regard sur sa plaie et grimaça légèrement. Je n'avais pas peur du sang mais il fallait avouer que je n'aimais pas voir de telles choses... C'était petit mais tout de même, j'étais sensible !

« Tu es au courant que tu viens d’entrer dans les toilettes des femmes, au moins ? » Regardant la jeune femme, je fis mine d'être quelque peu vexé. Tout de même, bien entendu que j'étais au courant que j'étqis dans les toilettes des femmes ! J'avais quelques petits problèmes de compréhension mais tout de même, il ne fallait pas abuser. Je n'étais pas si idiot que je pouvais le laisser croire. Secouant légèrement la tête de haut en bas pour lui prouver que oui, je savais très bien où je me trouvais, je m'approcha légèrement d'elle. L'aider semblait la meilleure des choses à faire puisqu'elle était blessée – même si cela semblait superficiel – et je ne voulais pas la voir souffrir. Seulement, Neige était égale à elle même et ne voulait pas me laisser l'aider. « C'est une égratignure ! » Bon, elle n'avait pas tord sur le début. Même si j'avais envie de savoir pourquoi elle avait une plaie sur le bras, je n'étais pas trois fois sûre que la réponse me plairait. Depuis toujours, Neige était assez discrète et effacée sur ses activités. Bien entendu, elle était architecte et tout ce qui allait avec mais je doutais sérieusement que son métier – plutôt prenant – soit la seule chose qu'elle faisait pour gagner sa vie. Il n'y avait qu'à voir son appartement ! Je n'avais jamais posé de questions et pourtant, j'aurai pu... J'aurai du. Seulement, l'allemande ne semblait guère d'humeur à parler et à baisser sa garde. Je n'aimais pas du tout lorsqu'elle agissait ainsi avec moi mais que pouvais-je dire ? Neige était une huître, certes avec une perle rare, mais c'était un huître et lui arracher une explication relevait de l'impossible. « D'accord je demande rien mais bon, ce n'est pas une égratignure. Tu ne peux pas dire ça. Regarde sa saigne encore et si c'était une égratignure, tu ne ferais pas de grimaces dès que tu touches cette plaie » en temps normal, je n'étais pas moralisateur pour trois francs six sous. À mes yeux, chacun faisait ce qu'il voulait mais quand il s'agissait de la belle Hengel, je réagissais totalement différemment ! L'amour ça rend idiot et naïf. Enfin, pour la naïveté, je n'avais guère besoin de l'amour pour être fort dans ce domaine. La regardant faire un monologue digne d'être écrit par Corneille ou Racine, je me demandais bien pourquoi elle pétait les plombs de cette façon. Était-elle sûre de ne plus être enceinte ? Ses hormones étaient entrain de la rendre folle et je n'appréciais pas vraiment cela. Fronçant les sourcils lorsqu'elle me dit que je ne connaissais pas sa famille, je failli – à l'opposé – éclater de rire en l'entendant parler des jambes de la russe. Certes, elle avait un physique avantageux mais cela ne faisait pas tout, oh que non... A ce moment même, j'étais en rogne après Laura mais aussi après Neige qui pétait un plomb pour rien. Le médecin lui avait dit de se reposer et elle n'en avait fait qu'à sa tête. Là, elle perdait pieds et je n'étais pas vraiment près à la laisser divaguer. « Je suis venu pour la simple raison qu'elle n'avait pas de cavalier et qu'elle ne voulait pas y aller seule vis à vis de son père. Non je ne connais pas sa famille mais si toi oui, dis moi qui ils sont ? À part une famille de russe qui a migré en France puis en Amérique » Parce qu'après tout, c'était ce qu'était les Szadowski à mes yeux, une famille de russe qui avait beaucoup voyagé, tout comme moi ou Neige. La regardant, je dis « J'ai voulu aider une amie c'est tout. Tu ne m'as même pas proposé de venir avec toi et je n'avais pas envie de me taper un Matrix avec Alejandro ! Je comprends rien à ces films moi » Lançais-je tout simplement. Je n'avais rien contre les films surnaturels mais alors Matrix était totalement en dehors de mes compétences... Je préférais largement les films de danse. Ronchonnant légèrement, je souffla « Je me suis juré de ne rien demander sur ta vie privée Neige mais ne pique pas une scène pour si peu. Je sais pas ce qu'on est tous les deux mais tu me connais, fidélité et sincérité sont mes deux qualités premières » Je tentais de lui faire comprendre qu'elle pouvait avoir confiance en moi mais au lieu de ça, je m'enfonçais de plus en plus. Je le sentais, elle allait me dire que je ne comprenais rien et tout ce qui va avec. Faisant craque mes doigts, je dis « Et puis, elle peut penser ce qu'elle veut, je m'en fou, elle n'est pas ma mère. Et puis crotte, je suis venu ici pour tenter de ne pas me faire chier à la maison mais j'aurais du rester là haut comme ça, je serais pas dans les toilettes pour femme à me faire crier dessus ! » Non, je ne perdais pas mon sang froid mais quand j'étais sur le point d'être en colère, je devenais un vrai gosse qui exagérait tout. Neige ne me criait pas dessus, elle pétait juste une pile contre la famille Szadowski et elle même. J'étais un dommage collatéral et rien de plus dans cette histoire.

Certes, elle n'avait rien demandé parce qu'elle avait 'pensé' que je m'entraînais ce soir mais, n'avait-elle pas fait le rapprochement entre Laura et les Szadowski ? Elle savait très bien – ou du moins je le pensais – qu'ils étaient une famille unie comme on n'en trouve plus vraiment de nos jours et que la plus jeune du trio russe se devait d'être là. Neige avait perdu ses neurones entre temps et cela ne laissait rien présager de bon. Elle qui était si droite et préventive pour tout, les éléments semblaient la dépasser et pas qu'un peu ! Pourquoi, je n'en savais encore trois fois rien. Elle allait bien finir par craquer et tout m'avouer sinon, je risquais de lui poser des dizaines de questions jusqu'à être satisfait de sa réponse. Je ne demandais pas à tout savoir – puisque certaines choses restaient incompréhensibles pour moi – mais tout de même ! J'avais tellement été mis de côté pendant mon enfance que je ne voulais plus que cela continu. J'avais donc tout bonnement 'éclaté' au visage de la belle allemande. Mon calme olympien venait de foutre le camp et avec ce qu'elle était entrain de me dire, je n'étais pas près de redevenir le bisounours qu'elle aimait tant. Les Szadowski était donc des mafieux russes et des assassins. Jusque là, je comprenais tout mais j'avais l'impression de me retrouver dans un film américain où le méchant russe avait tué quelqu'un ! C'était totalement tiré par les cheveux et, alors qu'Alejandro aurait été heureux de participer à cette 'mini enquête', j'étais presque blasé de ce que je venais d'apprendre. Ce n'était pas parce que le père de Laura était louche qu'elle l'était aussi ! J'étais le genre de personnes à donner tout à tout le monde jusqu'à avoir la preuve formel que je faisais face à un monstre ambulant. Manque de bol, depuis mon arrivée à New York, le seul monstre que je côtoyais était mon père. Grognant légèrement, je laissa mes questions 'ridicules' de côté et dis « Moi j'y comprends rien à tout ça. C'est des mafieux, je comprends, des assassins aussi, je peux le comprendre mais pourquoi tu travailles avec eux alors Neige ? Tu ferais mieux de t'éloigner du chef de cette famille alors ! » Elle ne s'était même pas rendu compte qu'en m'avouant tout cela, elle venait de me faire peur comme jamais. Un Amaury paniqué n'était sûrement pas la bonne chose à avoir à ce moment même ! J'étais bien capable de faire capoter tout ce que la belle allemande prévoyait de faire. Avec elle, il fallait être près à tout... « Il a essayé de te descendre, c'est ça ? Non, il ne serait pas si doux avec toi sinon... oh mais Neige je ne comprends rien ! » Je ferma les yeux quelques secondes puis les rouvrit, comme si je venais d'avoir une illumination. « Ta mère.. » Sa mère était décédée, son père était un vrai légume alors bon, il n'y avait guère de choix pour voir d'où elle connaissait les affaires des Szadowski... Passant une main dans mes cheveux, je tenta le tout pour le tout. « Cherche pas à te venger Neige par pitié... Il va s'en prendre à toi après ! » Et franchement, voir la belle allemande fuir à l'autre bout du pays pour ne pas finir avec une balle dans le crâne, n'était pas vraiment quelque chose que je voulais faire...

100è points pour toi

Tout ce qui se passait avec Neige me dépassait et pas qu'un peu. J'avais peur pour elle, peut de ce qu'elle était capable de faire. La jeune allemande n'avait pas froid aux yeux et je savais très bien qu'elle était capable de tout pour se venger. Elle souffrait tellement du décès de sa mère et le fait qu'elle réclame vengeance était plus que compréhensible. Oui, je comprenais sa volonté mais cela ne voulait pas dire que je l'acceptais. Cette famille était composée de mafieux véreux et ? Autant engager un tueur à gage et se laver les mains de toutes sortes de poursuite – ou pas. Mais non, elle préférait faire le sale boulot elle même. Arquant un sourcil, j'espérais juste que tout l'argent qu'elle recevait ne venait pas d'une forme étrange de métier. J'espérais juste que l'architecture n'était pas une couverture pour pouvoir avoir accès aux plans des appartements et maisons des personnes qu'elle descendait d'une balle dans le crâne, comme avait été tuée sa mère. Trop de choses se bousculait dans ma petite tête. Neige était quelqu'un de buté mais la savoir en danger ne serait ni quelque chose de bon pour elle, ni pour moi. Je pouvais finir par être plutôt enquiquinant et intrusif dans sa vie si elle divaguait trop. Je ne me gênerais pas pour l'accaparer six jours sur sept s'il le fallait. Elle allait me détester comme pas possible, je le savais mais c'était ainsi. Il était hors de question qu'elle ère dans New York, cible potentielle qu'elle était. « Je t’ai tenu éloigné parce que je ne voulais surtout pas qu’ils s’en prennent à toi justement. Tu ne connais pas tout ça, alors continue. Je ne souhaite ça à personne… mais rien ne m’empêchera d’aller jusqu’au bout. Il faut que je le fasse, oui il le faut ! » Non, je ne connaissais pas ce monde – et dieu merci – mais ce n'était pas en me disant de rester éloigné que j'allais le faire. Glissant ma main dans ma nuque, je me massa très rapidement les cervicales avant de la regarder avec un regard qui voulait tout dire. À ce moment, j'avais peur, j'avais mal au ventre, j'étais perturbé et cassé en deux. J'aimais Neige, je ne la laisserais jamais seule mais tout ce qu'elle me disait me dépassait totalement ! C'était à ce moment même que j'aimais la naïveté dont tout le monde – ou presque – se moquait. « Sauf que maintenant, je suis impliquée Neige. Tu en as trop dis et puis... On s'est embrassé devant tous ces pingouins ! Sans compter que je passe mes journées à Broadway avec Laura alors s'ils veulent me retrouver, ils leur faudra plus ou moins trente secondes. J'y connais rien en vengeance mais si je voulais te faire du mal, je m'en prendrais à moi. Enfin, t'as compris. » Ma dernière phrase ne voulait rien dire mais alors absolument rien. J'espérais juste que la jeune allemande allait comprendre mon raisonnement et se dire que tout cela était plus que fou ! J'espérais juste qu'elle n'allait pas me demander de m'écarter de ce monde de pourri parce que c'était tout bonnement impossible. Il était hors de question que je quitte le show et Broadway pour une histoire de vengeance ! Ma mère faisait partie de l'armée et j'avais donc – depuis mon plus jeune âge – appris à respecter les règles et les ordres. La vengeance, ça n'existait plus depuis bien longtemps. Faisant un pas vers la brunette, je dis « Je sais très bien que lorsque tu as une idée dans la tête tu ne l'as pas ailleurs mais... Arrête toi avant qu'il ne soit trop tard. Arrête toi avant que ce soit toi qui te prennent une balle dans le crâne » L'idée de la voir, un trou entre les deux yeux me glaça le sang sur le champ. M'approchant une nouvelle fois d'elle, je dis « Je sais très bien que tu n'en feras qu'à ta tête mais une vie à fuir c'est vraiment ce que tu veux ? Ne va pas me dire qu'une vie à moitié morte est guère mieux ! » Je connaissais déjà sa réflexion d'avance. Enfin, presque.

Tout ce qui se passait avec Neige était étrange. Il y a une dizaine de jours, elle était enceinte et avait fait une fausse couche quelques minutes après me l'avoir annoncé. Aujourd'hui, elle m'apprenait une triste histoire sur sa famille. Je savais – plus ou moins – ce qui était arrivé à ses géniteurs il y a bien des années et j'avais du mal à m'y retrouver. La vengeance était un acte que je comprenais mais que je ne cautionnais pas, loin de là même. Certes, elle était en colère, elle avait souffert mais elle était encore en vie et devait profiter de ce moment, de cette chance ! Sa mère avait été assassinée, son père était dans l'entre deux – psychologiquement puisqu'il était bel et bien vivant – mais elle était toujours là et plutôt que de chercher une vengeance, elle devait les rendre heureux, d'une manière ou d'une autre. C'était comme cela que je voyais les choses. Ma naïveté y était sûrement pour quelque chose, je ne savais pas, mais je rêvais d'un monde tout beau, tout rose où je pourrais tout partager avec la brunette. Tout ce qu'elle disait me faisait mal au cœur mais je tentais de ne trop rien dire, ni faire. J'avais vécu avec mon père mais sans mère. Cela n'égalait pas sa situation mais elle n'avait pas idée du trou béant que j'avais à la place du cœur lorsque je voyais ma mère et qu'elle ne daignait pas poser les yeux sur moi. Sa mère était décédée, elle n'avait plus de repères mais je n'en avais jamais eu. Serrant les dents, mon cœur rata un battement à sa dernière phrase « De toute façon j’ai trop perdu, je n’ai donc plus rien à perdre, non rien. » Elle avait juste sa vie à perdre mais il semblait qu'elle ne soit pas assez importante pour la sauver. Tout cela était difficile à avaler, plus que difficile à vrai dire. Je sentais mon cœur battre à se rompre mais je tentais de me concentrer sur autre chose, sur le vide, sur un carreau légèrement fissuré, sur une tâche sur la vitre à côté de la belle allemande. Je ne devais pas craquer ni me mettre en avant au risque de la brusquer une nouvelle fois. Autant le dire, Neige était une bombe à retardement, un missile à tête chercheuse. « Tu ne peux pas me protéger de tout ça. Personne ne le peut. Je ne peux me faire confiance qu’à moi. Et j’en suis désolée… » La regardant, je soufflais légèrement. « Si tu ne laisses personne le fait, c'est sûre que tu ne pourras que compter sur toi. Il y a des gens payés pour faire ce genre d'actes Neige. Vu tous les objets qu'il y a dans ton appartement, l'argent ne semble pas un problème alors fais appel à eux. Essaye de voir si quelqu'un peut t'aider. Je sais très bien que te demander d'oublier cette idée de vengeance serait comme arrêter de danser pour moi mais t'auras qu'une seule chance sinon, c'est la fuite » Il fallait qu'elle le réalise et le plus rapidement possible ! « Je serais pas en mesure de supporter ta disparition, ta fuite. T'en feras qu'à ta tête, je te connais et ça me dépasse. Je te jure que si tu fous le camp sans te retourner, je te maudirais et c'est moi qui te chercherait à travers le monde, juste pour t'en coller une » Autant le dire, j'étais prêt à traverser les mers pour la sortir de cet enfer. « Une fessée, pas une gifle hein » rajoutais-je, comme si cela avait de l'importance. Entendant la porte s'ouvrir, je vis une vieille femme pousser la porte et sembler choqué de me voir là, dans les toilettes des femmes. Grommelant, je dis « C'est bon on est pas à poil entrain de faire des bébés non plus » J'étais quelque peu excédé par tout ce qui se passait à ce moment même. Voyant le regard de Laura se poser sur moi – bien entendu, elle n'était pas là et la vieille dame n'était qu'un subterfuge – je soupira légèrement. Maintenant, c'était la blonde qui allait me casser les bonbons parce que je l'avais laissé trop longtemps seule. Me tournant vers l'allemande, je dis « On en a pas fini de parler Neige. Je vais sortir d'ici avant que les gorilles arrivent mais on en a pas fini. T'as fais ton choix mais j'ai droit de donner mes arguments en tant que petit a- » Je me stoppa net, baissa la tête et soupira. « En tant que je sais pas quoi » lançais-je, comme un peu déçu et excédé de ne pas savoir où nous en étions..

Plus les mots sortaient de ma bouche et plus mon cœur battait fort. À cette allure, j'allais nous faire une crise cardiaque sur le champ. Je ne pouvais pas rester là, les bras croisés avec ce qu'elle venait de me dire, de m'annoncer ; c'était impossible ! J'étais tout ce qu'il y avait de plus calme en temps normal mais là, j'avais envie d'éclater, d'hurler, de la prendre par les épaules et de la secouer un pommier. Il fallait que ce qui lui sert de cerveau se prenne un petit coup pour comprendre que tout cela était fou, complètement insensé même ! Je n'aimais pas al tournure que prenait les évènements, sans compter qu'une vieille bique venait de faire son apparition dans les toilettes des femmes. Certes, je n'avais rien à faire ici mais je n'allais pas non plus commettre un meurtre. Le seul meurtre qui risquait d'être commis serait fait la brunette en face de moi ! Il fallait changer de cible madame vieille taupe. Notre conversation n'était pas finie, oh que non, mais je ne savais pas lorsque nous pourrions la continuer. Dans quelques heures, quelques jours ? Neige était l'imprévision même pour tout dire. Tournant les talons, je sentis quelque chose m'enlacer, plutôt quelqu'un. Laura était en face de moi, la vieille dame à côté de moi – continuant son chemin vers les water-closet – il ne pouvait donc que s'agir de Neige. « Je sais bien que je suis une putain d’emmerdeuse et ne suis même pas fichue de faire la moindre chose comme il faut… comme quelqu’un de normal, j’entends ; mais ouvre bien tes oreilles car je ne serai sûrement jamais capable de le redire. Je t’aime. » Mes yeux s'ouvrirent grand comme le monde et faillirent littéralement sortir de leurs orbites. What the fuck ? Que venait-il de se passer à cet instant même ? Je n'eus pas le temps de dire 'ouf' que je sentis furtivement les lèvres de la brunette dans le cou et la vis disparaître. J'étais coincé, comme un robot sans pile, sur le pas de la porte. Me prenant la porte dans le postérieur, je fis un léger pas en avant, toujours choqué de ce qui venait de se passer. Mon regard suivit l'allemande avant de la voir disparaître dans la foule. Je cligna plusieurs fois des yeux avant de remarque que la belle russe était toujours là, face à moi, bras croisés au niveau de sa poitrine. Son regard était froid, à la limite du colérique. Je l'avais laissé quelques longues minutes seule et il semblerait que cela ne lui plaise guère. « Amau, tu viens s'il te plait ? G.I Joe a foutu le camp et mon père aimerait bien te rencontrer, avec tout ce que je lui ai parlé de toi » G.I Joe ? J'arquais un sourcil et souffla légèrement. Quelle comparaison digne de Laura. Prenant une grande bouffée d'air, je lui tendis mon bras pour qu'elle le prenne et lança « Ce n'est pas comme si j'avais le choix, je suppose » Elle me fit un large sourire et me dirigea vers son paternel. Plus j'entendais son accent russe et plus j'avais envie de lui arracher la gorge. Si Neige se mettait en danger c'était de sa faute et seulement de sa faute ; chose qui me dépassait ! Pourquoi les gens ne pouvaient il pas toucher à leurs fesses et seulement leurs fesses ?

La soirée continuait de passer, lentement. J'entendais encore les mots de Neige. Elle m'aimait, elle l'avait dit. Et moi, je n'avais pas réagi, trop ahuri par la révélation qu'elle m'avait fait. Alors que je dansais avec Laura – pour faire bonne impression – je vis Neige réapparaître de nul part et sentir mon cœur rater un battement. J'avais Laura dans mes bras et si elle sentait la moindre hésitation de ma part, elle allait piquer une crise. J'étais un habitué de Broadway et il fallait donc que je me contienne, ne rien laisser paraître. La danse finie, j'attirais la blondinette vers le bar et demanda deux coupes de champagne. Il fallait que je noie ma détresse dans de l'alcool de riche. Sirotant ma coupe, je glissais mes yeux sur la piste de danse et faillis m'étouffer en voyant Neige danser avec le père de Laura. Ma coupe me glissa même des mains, finissant sa course sur le sol. Grimaçant, je ramassa quelque plus gros bouts de verres et me coupa. Grimaçant, j'attrapais le premier papier et appuyais légèrement sur la plaie. Je n'aimais pas le sang, oh que non. Laura penchée sur moi, je sentis un regard sur nous. C'était Neige. Elle devait s'imaginer de ces choses ! Regardant la russe, je dis « Je ne me sens pas bien, il faut que je sorte. Restes là, tu vas attraper froid » C'était aussi – voire surtout – pour la garder éloigner de Neige et moi. La jeune allemand attendait sa veste. Passant à côté d'elle, je me pencha légèrement et dis « Moi aussi je t'aime » avant de continuer mon petit chemin pour ne pas éveiller la curiosité de Laura. J'allais attendre dehors, près d'un banc ou d'un lampadaire que la belle allemande sorte, ce qu'elle allait bientôt faire, je n'en doutais pas une seule seconde.

Je savais qu'il fallait faire vite avant que mon comportement n'éveille la curiosité de Laura. Je pouvais survivre face à un peu de sang, même si je n'aimais pas cela, et elle le savait très bien. Doucement, je venais de glisser quelques mots à Neige avant de sortir dans mon costume trois pièces. Il faisait froid et je sentis un large frisson parcourir mon échine. Si je n'étais pas malade ce soir, cela relevait du miracle ! Heureusement, les répétitions pour Broadway ne recommençaient que dans trois jours et j'aurais donc largement le temps de reprendre du poil de la bête ! M'essayant sur un banc non loin d'un lampadaire – visible à tous donc – je regardais vers l'entrée, tout en appuyant sur ma main. Mais qu'est-ce qu'elle était entrain de faire ? Était-elle tombée dans les pommes ? Laura lui avait-elle sauté à la gorge ? Telle était la question. Peut être que lui avoir dis que je l'aimais lui faisait peur et qu'elle avait fait demi tour, sortant par l'arrière de la salle... Si c'était le cas, j'étais un sacré crétin, pour ne pas dire un abruti. Je ne clignais pas des yeux une seule seconde – j'allais d'ailleurs avoir du mal à les fermer quand je n'en pourrais plus – de peur de la louper. Elle pouvait très bien ne pas chercher et partir. Lorsque je la vis, tourner le visage vers la droite puis la gauche, un léger sourire se dessina sur mes lèvres et je me leva légèrement, comme pour lui montrer où j'étais. Quelques mèches rebelles virevoltaient avec le vent qu'il y avait et cela la rendait encore plus belle. « Tu es dingue, tu sais ça ? Tu vas geler sur place ! » Un léger sourire se dessina sur mes lèvres. J'avais une façon de m'aider à me réchauffer si elle voulait.. Chassant ses idées quelques peu perverses de ma tête, je lui fis signe de s'asseoir à côté de moi. Après tout, un câlin et un baiser pourrait très bien me réchauffer ! Il m'en faut peu pour être heureux après tout. La voyant glisser son regard sur ma main, je fronça les sourcils et voulus lui cacher cette vilaine blessure de guerre. Enfin, c'était sans compter que mademoiselle Hengel prenne les devant ! « Comment tu as fais ton compte ?! Il faut le désinfecter !! » Elle voulait désinfecter cette coupure alors qu'elle n'avait rien fait pour son bras ? Il ne fallait pas rêver non plus. « C'est rien Neige ! Et j'me suis fais ça parce que... je t'ai vu danser avec papa Szadowski et ça m'a fait flipper. En ramassant ma coupe de champagne, je me suis coupé mais c'est rien regarde » je fis un léger signe de la main mais grimaça aussitôt. Bon, finalement, ça fait quand même mal cette connerie de coupure... La voyant arracher un bout de sa robe, j'arquais un sourcil et la laissa faire. Elle semblait savoir y faire alors autant éviter de faire les choses par mois même. « Tu le pensais ? » La regardant, je pris sa main dans la mienne et l'attira à côté de moi, sur ce banc gelé. Lui souriant, je dis « Bah non... Je cherchais un moyen de te faire avoir une crise cardiaque et faut croire que j'ai pas réussi, c'est con hein... » J'haussais rapidement les épaules avant de me tourner légèrement et de prendre son visage dans mes mains. Déposant un baiser sur son front, je dis « Bien sur que je le pensais. Je ne dis pas ça à n'importe qui Neige. Pour tout te dire, t'es la première personne à qui je le dis vraiment » Bon, je l'avais sûrement dis à plusieurs fillettes lors de mes voyages autour du monde mais c'était la première fois que je le pensais vraiment. « C'est pas un truc que je dis à la légère. À la limite que les carottes sont oranges et le chou est vert, ça j'le dis souvent mais sinon... » Déposant un léger baiser sur ses lèvres, je colla mon front contre le sien. « Si tu le veux, je peux te le redire... peut être que tu as mal entendu » Je pris un léger air offusqué avant de lui sourire. Non, elle n'avait pas mal entendu, c'était tout bonnement impossible.

« C’est à cause de moi que tu t’es coupé ? Merde Amau, tu sais très bien que je sais ce que je fais ! » Haussant les épaules, je lui fis comprendre que ce n'était pas grave. J'avais légèrement mal mais ce n'était qu'une petite égratignure. Un coup d'alcool, un pansement digne de ce nom et j'allais être plus qu'opérationnel pour le retour à Broadway et plein d'autres choses. À ce moment précis, j'étais heureux. Heureux d'avoir Neige dans mes bras, d'être proche d'elle, qu'elle soit là sans égratignure et en vie. Je ne savais pas vraiment à quoi consistait son plan et j'avais peur pour elle, même si elle semblait savoir quoi faire, bien plus que moi. La prévision n'était pas vraiment mon fort, loin de là même ! « Mais tu peux quand même le redire… » La regardant, je souris légèrement. Attention, elle allait vite devenir accroc à cette allure ! Je déposa un léger baiser sur ses lèvres avant de dire « Je t'aime Neige » Je n'avais pas fait le grand tralala du 'je t'aime neige-ondine hengel'. C'était sûrement un peu trop pour elle et franchement, pour moi aussi ! J'étais amoureux de la belle, il n'y avait pas à dire mais il ne fallait rien abuser non plus ; nous n'allions pas nous passer la bague au doigt dans six mois, du moins je l'espérais. L'engagement faisait peur à la brunette et, pour tout dire, cela me faisait peur aussi. Je n'étais vraiment pas prêt pour toutes ces choses, du moins pas toutes ces choses. Être en couple serait pas mal pour commencer. Voyant Neige fixer un point, je me retourna légèrement et vis Laura devant la porte de la salle où il y avait encore bien du monde. Levant les yeux en ciel, je regarda Neige qui me prit la main et m'emmena plus loin. En tout cas, nous avions une bonne condition physique et tant mieux ! Neige dos au mur, je m'approcha d'elle, léger sourire aux lèvres. « Viens avec moi. On s’en fout de la réception, de la famille mafia blues et de tout ce qui s’y rapporte. J’ai envie de passer la soirée avec toi. On prend un taxi et on se barre loin d’ici… s’il te plaît. » Souriant, je secoua légèrement la tête de haut en bas avant de frissonner largement. Putain de veste, pourquoi avais-je voulu jouer au plus rapide ? « Prenons un taxi. On va où tu veux. Chez toi, chez moi, chez le père noël, je m'en fiche. Je dois juste.. » Je sortis mon portable de ma poche en lui indiquant qu'il fallait que je prévienne Laura de prendre mes papiers et ma veste. Et dire que j'allais devoir aller chez elle demain pour récupérer tout cela... Ouille ouille ouille... La blondinette me dit signe de ranger ce téléphone et d'aller héler un taxi. Fronçant les sourcils, je m'exécuta rapidement. Deux minutes et un taxi était là. Oh New York, je t'aime aussi gros comme le monde ! « Après madame » lançais-je en lui faisant signe d'entrer dans le taxi jaune poussin. Assis à côté d'elle, le conducteur nous regarda dans le rétroviseur et alors que la jeune allemande indiquait le lieu où allait, je glissais ma main le long de son bras pour y trouver sa main. Je ne voulais plus la quitter. Jamais.