Le trajet de voiture depuis New York avait été plutôt rapide. Nous n'avions pas mis plus de vingt minutes avant d'arriver dans un petit village où j'avais réservé une petite salle de danse pour toute la journée. Il y allait avoir plus que de la danse dans cette salle mais ça, Neige ne le savait pas. Elle s'attendait à trouver une vulgaire salle de danse et elle risquait d'être surprise, du moins je l'espérais vraiment. Sortant de la voiture, j'attrapais les sacs de sport qui était sur les sièges arrières et me dirigea vers la salle, main dans la main avec Neige. Un léger sourire était dessiné sur mes lèvres et autant le dire, il n'allait pas partir de si tôt. Tout ce que j'avais prévu pour cette journée allait être hors norme, plein de surprise comme l'était notre couple. Personne ne savait encore que nous attendions un enfant et que nous allions nous marier dans les mois à venir. Je ne parlais plus à Rose pour quelques raisons familiales, mon père était au fond du trou avec l'annonce du décès de ma mère. Si je n'avais pas eu le soutien de Neige, j'aurai sûrement sombré comme mon paternel mais ce n'était pas le cas et je ne cessais de la remercier pour son aide. Poussant la porte, je dis « Va te changer et quand tu es prête, retourne moi dans la grande salle. J'ai une surprise pour toi » Je lui fis un léger clin d'oeil, déposa un léger baiser sur ses lèvres et la regarda se diriger vers les vestiaires. Elle n'avait pas trop fait sa curieuse et cela m'arrangeait plutôt pas mal. Poussant les portes battantes de la salle, un large sourire se dessina sur mes lèvres. Cette après-midi, nous allions nous entraîner pour le paso doble qu'elle m'avait demandé de faire avec elle, mais j'allais aussi en profiter pour lui demander – officiellement – de m'épouser. Après tout, elle avait émis la possibilité de nous unir et j'avais envie – et besoin – de faire les choses biens. Portant ma main à la poche de mon jeans, je frôla la boite et sautilla légèrement. Je me dépêcha de servir deux coupes de champomy – eh oui, pas d'alcool quand on est enceinte – et glissa l'alliance au fond de son verre. C'était une idée un peu idiote mais je trouvais cela plutôt mignon. Je ne me voyais pas me mettre genou à terre. J'aimais les traditions mais il y avait quand même des limites. Voyant son reflet dans les miroirs en face de moi, je lui fis un large sourire avant de 'cacher' les coupes derrière moi. Dans un coin, j'avais installé une petite couverture histoire de pouvoir grignoter et se poser là quand bon nous en semblait. Me dirigeant vers ce petit coin, je me posa sur le sol – évitant de casser les coupes de champagne – et dis « J'espère que cette salle te plait. Je ne voulais pas réviser à Broadway avec tout le monde. J'avais besoin de n'être qu'avec toi et seulement toi » C'était fatiguant de toujours devoir partager mon temps entre ma belle et mes partenaires. Aujourd'hui était notre jour et seulement le notre. Lui tendant une coupe, je leva légèrement la mienne et dis « C'est du Champomy ne t'inquiète pas. Je voulais juste dire que j'étais content qu'on soit ici, ensemble et que tu ais demandé à ce que je sois ton partenaire pour cette danse. On va vraiment enflammer la piste de danse » Je laissa un léger rire s'échapper de mes lèvres et nous firent tinter nos verres. Portant ma coupe à mes lèvres, j'espérais qu'elle n'avait pas encore vu l'alliance – et le solitaire qui se trouvait dessus – et que cela serait une surprise. Elle ne s'attendait pas à cela, du moins je ne l'espérais pas. J'essayais d'être spontané et j'espérais que cela était réussi.

Depuis que j'avais appris le décès de ma mère quelques jours auparavant, tout devenait clair pour moi. Il fallait que je mette les bouchées doubles, que je me batte pour ma vie et que j'en fasse ce que j'en voulais. Je ne comptais pas rester indéfiniment indépendant financièrement de mon père parce que oui, je gagnais plutôt bien ma vie à Broadway mais le show pouvait être annulé du jour au lendemain et cette peur me prenait à l'estomac de plus en plus souvent. J'allais avoir une famille à nourrir, à m'occuper et comment allais-je le faire en étant privé de mes revenus principaux ? Ces problèmes n'étaient pas encore à l'ordre du jour mais mon côté pessimiste prenait le dessus et ce n'était pas beau à voir. Je me voyais déjà me reconvertir en 'simple' professeur de danse à la fin de mon année scolaire. Mais qu'est-ce Neige faisait avec un étudiant ? C'était vraiment flippant quand on y pensait mais c'était peut être cela qui faisait toute la beauté de notre couple. Nous étions si différent et pourtant sur la même longueur. Cela faisait quelques jours que les hormones de la belle allemande n'avaient pas fait trop de dégâts alors j'avais jugé bon de l'emmener 'loin' de la civilisation pour passer du temps ensemble mais aussi pour passer à la vitesse supérieure. La demande en mariage de la blondinette me laissait sur ma faim, je devais ben l'avouer. Je me sentais surtout très con de ne pas avoir fait le premier pas avant elle. Enfin, aujourd'hui, ce qui manquait à nos fiançailles allait pointer le bout de son nez. Pas de mariage sans chose bleue, sans chose vieille, sans chose emprunté mais surtout, pas d'union sans bague. « Y’a quelque chose de ma coupe ! » La regardant, je fis comme si j'étais surpris. Comment ça, il y avait quelque chose dans sa coupe ? J'étais déjà bien content qu'elle ne l'ait pas avalé parce qu'autant le dire, à sa place, je serais sur le chemin de l'hôpital pour m'enlever cet anneau de l'estomac. Je garda un léger air surpris jusqu'à ce qu'elle lève les yeux vers moi. « Je suis bien entrain de comprendre le message, ou… ? » La regardant, un léger sourire se dessina sur mes lèvres. Je leva innocemment les yeux au ciel comme pour lui dire 'je ne vois pas de quoi tu parles' avant de m'approcher d'elle et d'attraper la bague. Large sourire sur les lèvres, je dis « Tu me connais, j'aime bien les choses faites dans la tradition mais pas trop non plus. Sinon, le petit bébé serait dans le pétrin parce qu'on l'a conçu avant une quelconque union » Je me stoppa net avant de grimacer légèrement. J'avais le don de faire tomber l'ambiance comme on peut rater des œufs en neige. « Je voulais que tu ais une bague pour que tout le monde se dise qu'il est trop tard pour te draguer, tu es déjà prise. La Merveilleuse Neige n'est plus célibataire, c'est trop tard pour eux » Je lui fis un léger sourire. Je n'osais pas le dire mais j'étais vraiment chanceux qu'elle m'ait choisi. J'étais peut être le dernier des idiots mais avec elle, j'avais de grandes chances de m'en sortir, je n'en doutais pas une seule seconde. Passant une main dans mes cheveux, je lui fis un léger sourire et lui tendis ma main pour qu'elle place la sienne dedans « Enfin... Veux-tu m'épouser Neige ? Pour de vrai, avec la robe blanche, la danse d'ouverture et tout ce qui va avec ? » Elle n'avait qu'un mot à dire et je serais le plus heureux. J'attendais patiemment sa réponse et cela devait faire une demi seconde que je lui avais posé la question que je stressais déjà. Moi qui savait me contrôler en temps normal, j'étais un piètre acteur ! Si mon prof me voyait dans cet état, il se moquerait franchement de moi. J'avais l'air d'un débutant, d'un petit crétin qui suait au premier petit soucis. Je tentais de me ressaisir et de ne pas cligner des yeux. Il y avait une chance sur deux pour qu'elle me réponde et que je loupe la moitié de sa réaction. J'avais la poisse, autant le dire.

Voir ce sourire sur le visage de Neige me faisait un bien fou. J'avais eu peur qu'elle refuse poliment la demande. Après tout, il n'y avait rien eu de solennel lorsqu'elle avait émis la possibilité que notre couple devienne un mariage et tout ce qui allait avec. J'avais eu peur et pas qu'un peu mais là, toutes mes craintes foutaient le camp encore plus vite qu'elles étaient arrivés. J'étais heureux, fou de joie et les mots étaient faible. J'avais du mal à retrouver mon calme. J'avais cette folle envie de sauter partout et de courir partout mais il fallait que je me retienne. Mon but n'était pas de lui faire peur ou de lui faire croire que j'avais dix ans d'âge mental, ce qui était pourtant le cas. « A une condition. Que tu m’offres de ton temps pour la répétition de la danse d’ouverture. Pour la robe… je pense que vais la dessiner moi-même. » La regardant, un léger sourire se dessina sur mes lèvres. Moi qui aimait bien tout savoir, si elle faisait sa propre robe, personne n'allait la voir ! Qui allais-je bien pouvoir envoyer auprès de la belle allemande pour en savoir plus ? Sûrement pas Laura sinon elles seraient bien capables de se lancer tout le mobilier à la figure. Ces deux là devraient penser à mettre de côté leur rancoeur et à avancer. Oui, elles devraient... Enfin, le sujet n'était pas là et je ne voulais pas gâcher ce moment, absolument pas. « Ça me va. De tout façon, je ne compte pas à ce que quiconque d'autre que moi pense à cette danse. Enfin, avec toi bien sûre. Promis, je ne te ferais pas danser sur du Gangnam Style ! » De nos jours, les jeunes mariés faisaient tout et n'importe quoi pour se faire remarquer sur la toile. Cette vidéo où les futurs mariés dansent sur une chanson de Bruno Mars avait fait le tour du monde, de même pour la vidéo de divorce. Quand j'y pensais, c'était plutôt drôle mais un mariage n'était pas quelque chose de drôle, c'est quelque chose de sincère et de sentimental, du moins pour moi. Passant mes bras autour de la jolie blonde lorsqu'elle vint s'y poser, j'avais l'impression d'être dans un rêve. Tout était parfait, oh oui... Si nous pouvions rester là des heures et des heures, il n'y avait aucun doute que je le fasse mais, malheureusement, il fallait apprendre une bonne partir du paso doble avant de l'exécuter devant une salle pleine d'entrepreneurs. Tout cela ne me ressemblait pas vraiment puisque je n'étais pas fan de ces cérémonies et soirées en grande pompe mais pour Neige, j'étais prêt à tout. Elle avait besoin de moi et j'étais là pour elle ; cela coulait de source. « J’aime l’original, donc ma robe ne serait semblable à aucune autre. Tu déteins sur moi, darling ! Mais… heureusement, je peux me dire aussi que les femmes vont se désespérer parce que tu n’es plus libre. Je me fiche du reste tant que je peux dire que tu es à moi. » Un sourire se dessina sur mes lèvres. Personne n'allait ronchonner pour mon nouveau statut civil, sauf peut être Laura mais à vrai dire, je m'en fichais pas mal. Qu'allait-elle me dire ? Que j'étais fou, inconscient et tout ce qui allait avec ? Elle n'avait peut être pas tord mais l'imprévisibilité était ma marque de fabrique, qu'elle le veuille ou non. Elle m'appréciait pour cela, du moins je le croyais. « Oh, tu n'as pas de soucis à te faire là dessus, je ne suis pas l'homme le plus recherché de la galaxie tu sais... » C'était vrai après tout. Me levant légèrement, je lui tendis la main pour qu'elle l'attrape. Sortant la télécommande de la poche arrière de mon pantalon, j’allumai la chaîne hi-fi au long. La chanson 'stay' de Rihanna se mit en route et un sourire se dessina sur mes lèvres. J'aimais ce titre, j'aimais cette chanson douce et je comptais bien faire danser Neige dessus. Rien de brusque ni de mouvementé pour le moment. Plaçant ma main près de son postérieur, je déposa un baiser sur son front et dis « On pourrait presque s'entraîner pour l'ouverture du bal avec cette chanson. Ne t'inquiète pas, quelque chose de plus mouvementé arrive juste après mais j'avais envie de danser un slow avec toi » C'était simple et clair mais je lui disais ce dont j'avais envie à ce moment même...

« De toute façon, te connaissant, tu vas en imaginer chacun des pas, ça va être un truc de malade et qui qui va galérer en mode baleine dans sa robe blanche ? C’est bibi ! » La regardant, j'arquais légèrement un sourcil. Je n'avais pas pensé à cela, vraiment pas. Il fallait donc oublier les portées et figures un peu périlleuses. Autant éviter qu'elle rende son dîner sur mes chaussures vernis le jour J. Enfin, le mariage pouvait très bien attendre son accouchement si elle le voulait. Dansant légèrement, je dis, à voix basse, « Si tu veux attendre d'avoir accouché, je ne râlerais pas tu sais. Ma proposition tiendra toujours dans neuf mois même dans dix ans » Si je prenais cette 'initiative' c'était pour lui montrer que rien ne nous forçait à nous dépêcher à nous dire oui pour la vie. Nous n'avions aucun impératif, du moins pas que je sache... Rien ne me pressait à lui passer la bague au doigt, vraiment rien. Nous pouvions prendre notre temps, faire les choses bien et avoir un mariage de rêve. Neige était parfaite en organisation – mon plus gros défaut soit dit en passant – et je savais qu'elle aurait besoin d'un peu de temps pour penser à tout, ne rien oublier et nous offrir un mariage digne de ce nom. Il était clair et net que j'allais mettre la main à la pâte pour toute l'organisation ou du moins donner mon avis pour les fleurs, le repas et tout ce qui allait avec. J'étais jeune pour penser à tout cela quand on y pensait mais j'étais contre ceux qui pensait que se marier tôt était synonyme de malheurs ; tous les couples n'étaient pas pareils et le notre était vraiment à des années lumières de certains. « Tu es impayable ! Tu vois, je t’avais dit que tu n’allais pas pouvoir t’en empêcher… tu veux qu’on fasse un petit essai ? » J'haussais légèrement les épaules. Je ne voulais pas la fatiguer inutilement vu la journée que nous allions passer... J'avais prévu pas mal de choses pour aujourd'hui mais il fallait tout adapter à son petit ventre – qui allait bientôt grossir – et à ses nausées. Je me demandais comment elle allait réussir à cacher sa grossesse à cette soirée... N'y avait-il pas que de l'alcool dans ces coupes et ces verres ? Elle n'allait pas se trimballer avec sa bouteille de soda ou se déshydrater pour garder la face. Cela m'inquiétait quelque peu mais je ne voulais rien dire. Il fallait que j'arrête de flipper pour un oui pour un non, surtout alors que nous dansions sur une chanson magnifique. Souriant à sa remarque, j'acquiesça légèrement. J'avais pensé à tout. « Ne t'inquiète pas, je ne vais pas te faire courir et danser à travers la pièce. Je n'ai pas vraiment envie que tu rendes ta coupe de champomy sur mes petites chaussures. Ce serait con quand même, tu ne crois pas ? » Attrapant la télécommande dans la poche arrière de mon pantalon, je sauta rapidement deux/trois chansons et mis la nouvelle chanson de pink en route. Cette chanson était une pure merveille, sans compter qu'elle était un peu le reflet de notre histoire. Une histoire d'amour forte et belle alors que les protagonistes étaient loin d'avoir une vie parfaite. « Tu as tenu le diable au courant ? » La regardant, je secouant légèrement la tête de droite à gauche. « Pas du tout. Elle était pas d'humeur récemment et j'avais pas vraiment envie qu'elle fasse exprès de déraper avec ses talons et m'écrase les pieds. Elle est bien gentille mais elle serait capable de me faire mal juste pour garder bonne figure... Je lui dirais, ne t'inquiète pas, j'attends juste qu'elle ait plus ses règles quoi » Enfin, façon de parler parce qu'on disait souvent que les filles avaient des sautes d'humeur quand elles sont indisposées... Quoi que, Laura n'a pas besoin d'être indisposée pour avoir des sautes d'humeur..

Parler de Laura était loin de me faire plaisir et pourtant, voilà que je me lançais sur cette pente. Laura n'avait pas vraiment à savoir pour le mariage mais dès que la nouvelle arriverait à ses oreilles, elle allait péter un plomb si je ne l'avais pas mise au courant par moi même. Ça, je pouvais le comprendre. Je prendrais plutôt mal qu'elle se lie avec quelqu'un et qu'elle ne m'en touche pas un seul mot. C'était peut être égoïste mais la russe était la deuxième femme avec qui je passais énormément de temps et ça, ça avait créé de nombreux liens, très nombreux, que je le veuille ou non. Laura comptait pour moi, même si j'avais des envies de meurtres dès qu'elle jouait avec mes nerfs en parlant de Neige. L'allemande n'était pas un punching ball, autant le dire « Peut-être qu’on n’est même pas obligés de lui dire. Ca nous regarde, je ne vois pas pourquoi la terre entière devrait être au courant, non ? Rassure-moi : tu ne vas pas l’inviter au mariage ? » Je regardais la jeune femme et haussa les épaules. Je ne comptais pas l'inviter à moins que la plaque de glace entre elles deux finisse par se briser. Je ne me faisais pas d'idée, cela n'arriverait sûrement jamais et Laura serait bien capable de se pointer en blanc juste pour défier un peu plus Neige. Un combat de coq à mon mariage, non merci, surtout pas avec la mariée, il ne fallait pas abuser non plus. « Je ne vais pas l'inviter pour risquer un combat de coq en pleine salle de réception. J'aime beaucoup Laura, c'est mon amie mais il ne faut pas abuser non plus... Elle serait capable de se pointer dans une robe blanche juste pour tenter de te faire de l'ombre et ça, je ne le permettrais pas » Je préférais lui éviter la partie 'et la hache de guerre' pour éviter de l'énerver. Parler de Laura n'était vraiment pas plaisant et je préférais d'abord avancer l'idée de déclarer la paix avec mon amie russe. Si la russe était prête à faire un effort, je savais que Neige en ferait de même, du moins je l'espérais. Je n'avais pas franchement envie d'être obligée de me couper en deux pour satisfaire tout le monde. Bien entendu, neige était la plus importante à mes yeux mais Laura était une si bonne amie depuis deux ans déjà... Nous avions notre passion en commun et ça, ce n'était pas rien. J'écoutais la jeune femme me donner son plan pour cette petite soirée et ce qui aurait du me rassurer me fit paniquer un peu plus. Et si Danny se planter dans un cocktail et qu'il était démasqué ? Et si quelque se rendait compte de sa supercherie ? Dieu que je détestais tout cela comme je haïssais la guerre et la mort. Si j'avais pu tout annuler d'un claquement de doigt, je l'aurais fait, il n'y avait aucun doute là dessus mais je ne pouvais pas faire faux bond à Neige à moins de vouloir voir sa bague de fiançailles voler à travers la pièce. Elle avait confiance en moi et je devais avoir totalement confiance en elle. Elle savait ce qu'elle faisait, je devais y croire comme j'avais pour habitude de croire en tout et n'importe quoi. « J'espère bien qu'il ne t'arrivera rien sinon je crois que c'est moi qui appuie sur la détente. J'ai voulu entrer dans l'armée et pour se faire j'ai du assister à quelques cours de tir. Bon j'étais nul mais je suis sure qu'avec un peu de concentration, j'arriverais à avoir ma cible. Enfin, autant éviter tout drame alors, on pose everything is going to be perfect ! » C'est ça Amaury, répète toi ces quelques mots dans ta petite tête de linotte. « Miss je prévois tout… tu te souviens quand tu m’avais appelée comme ça ? » Souriant, je leva les yeux au ciel comme pour dire 'non non jamais'. Neige prévoyait tout et cela était aussi agréable qu'insupportable. Je n'aimais pas trop les imprévus mais un peu d'aléa ne faisait pas de mal enfin, pas quand on était dans la situation de la belle blonde. « Tu peux me rafraîchir la mémoire si tu veux » lançais-je, souriant comme toujours. « tu es prête à t'entraîner ou ton ventre te fait mal ? Le gaz du champomy n'était peut être pas une bonne idée » concluais-je, avec une légère grimace.

« Attends, attends une seconde : tu as voulu t’enrôler dans l’armée ? » Regardant l'allemande, j'haussai légèrement les épaules. Cette idée m'était passée par la tête il y a des années lumières de cela et je n'y avais jamais réellement repensé depuis. Pour tout dire, j'avais choisi cette variante pour que mon père me laisse auditionner à NYADA. Armée ou danse/chant et il avait fait un très bon choix en m'évitant le front, la saleté et tout ce qui allait avec. J'avais voulu rejoindre l'US Army pour avoir le respect de ma mère, pour qu'elle pose enfin les yeux sur moi et ne se dise pas que je n'étais qu'un raté. J'étais un jeune homme fort et plein de caractères, quand je le voulais. Je n'aurais sûrement pas fait long feu dans les rangs de l'armée mais j'avais voulu tenter ma chance. J'avais même réussi quelques tests, c'est pour dire ! J'écoutais les remarques de la jolie blonde et laissa un léger rire s'échapper de mes lèvres. « C'était juste une manière désespérée pour que ma mère daigne poser les yeux sur moi et que mon père me laisse entrer à NYADA. Le deal était clair ; soit il me laissait tenter ma chance à NYADA soit je partais pour l'Afghanistan, enfin après quelques longs mois d'entraînement. Finalement, il a accepté que son fils ne prenne pas la relève littéraire et fasse sa vie » Ce n'était pas plus mal parce que je me demandais vraiment comment serait les relations avec mon père s'il ne m'avait pas laissé poser ma candidature pour l'école de danse que je fréquentais depuis deux ans maintenant. J'avais ma place ici, j'appartenais à ce milieu et tout ce qui concernait l'écriture et l'imagination n'était pas vraiment mon dada, enfin sauf en danse bien entendu. Neige devait sûrement un peu halluciner mais elle ne connaissait pas tout de moi. J'avais quelques petits secrets bien enfouis en moi. Pourquoi ? Tout simplement parce que j'aimais le fait qu'au fil d'une relation – sentimentale ou amicale – on en apprenne un peu de temps en temps.. C'était la seule façon de garder la flamme, l'envie de se fréquenter, sinon, c'était comme un gâteau raté, ça s'essouffle et on le jette. Je ne voulais pas jeter – et ma relation amoureuse – avec la belle blonde. Il risquait d'avoir bien des surprises sur le chemin qui nous mènerait à notre mort mais ça, je le gardais bien pour moi, caché dans mon petit cœur. « Deal ? C’est un bon compromis ça, non ? » Je grimaça légèrement avant de lâcher un petit « Mouaille s'tu veux » Je n'étais peut être pas encore prêt à tout déballer. J'avais peur de tout – déjà en temps normal – et il fallait admettre que la situation n'était pas des plus faciles. Je baissa le volume de la chaîne hifi histoire de s'entendre parler sans finir sourd et posa mes fesses sur le sol en bois, quelques secondes après la jolie blonde. « Des layettes ? Maintenant ? Mais on sait pas si c'est une fille ou un garçon... Haaaan, imagine il y en a plusieurs ! » Alors ça, ce serait vraiment inattendu comme 'décision du destin'. Des jumeaux, des triplés ou plus encore ; rien de plus merveilleux mais aussi rien de plus fatiguant, surtout pour la future maman. M'essayant en tailleur, je posa mes mains sur mes genoux et ferma les yeux quelques longues secondes. Je me demandais bien par où je pouvais commencer. J'avais peur mais de quoi ? De la perdre bien entendu mais elle semblait avoir la situation en main... Du moins, c'était ce qu'elle croyait. « J'ai peur de me retrouver inutile dans tout ça. J'ai peur aussi que tu te fasses tuer et que je me retrouve seul avec un bébé sur les bras. J'ai peur que tu finisses derrière les barreaux aussi. Dis voir, si les flics te coffrent, tu risques quoi ? » Autant savoir ce qu'il risquait de lui arriver... C'était ça le pire dans l'histoire, elle mettait toute sa vie en danger pour... RIEN !

Regardant ma petite amie – non, fiancée – je lui fis une petite moue. Bien entendu que je savais qu'il y avait des couleurs neutres dans une palette mais ce n'était pas les plus beaux bodys... Enfin, après tout, les premiers bodys seraient décorés de vomis et de caca alors on se fichait bien du leur couleur ! Tant que mon fils ne portait pas du rose fuschia et ma fille du bleu, tout irait bien. Je me doutais bien qu'à ce moment précis, Neige devait me prendre pour une nouille, un inculte, mais je n'avais jamais porté de bébés de ma vie ni même acheté de cadeau pour un bébé. Depuis mon plus jeune âge, j'avais été trimbalé de ville en ville, de pays en pays, n'étant jamais vraiment proche de la famille. La seule famille que j'avais eu était Enorah mais nous n'avions même pas grandis ensemble, c'était pour dire... Au jour d'aujourd'hui, Rose était enceinte mais je ne lui parlais plus. Le dernier bébé de la famille, c'était moi. « Je sais bien mais c'est jamais très beau... Enfin, je crois. J'ai jamais acheté d'habits pour bébé. » Le dire à voix haute me faisait me rendre compte d'une chose : j'allais être un papa plutôt pitoyable. Je tentais de ne pas trop déprimer devant ce constat mais pourtant il était vrai, le plus vrai et difficile qu'il soit à avaler. Je n'avais aucune expérience avec les enfants, avec le fait de devoir s'occuper de quelqu'un mais je devais apprendre. Neige m'apprendrait, j'en étais persuadé. Je n'avais plus qu'à espérer qu'elle ne me demanderait pas de changer les couches dès les premières semaines sinon j'allais me retrouver dans la merde et c'était le cas de le dire. Tout cela me faisait peur, bien plus qu'elle ne devait l'imaginer et bien plus qu'elle ne devait le savoir. J'étais l'homme, je devais pouvoir m'en sortir. Tout le monde y arrivait alors pourquoi pas moi ? En temps normal, cette question m'aurait semblé la plus adéquate mais en y repensant, je n'étais pas tout le monde. Je n'avais que vingt ans, des rêves plein la tête mais surtout, un grain de folie à faire pâlir les fous. Tout cela me submergeait, sans compter les craintes que j'avais vis à vis du boulot de Neige. Je rêvais de lui dire d'arrêter tout ça avant que je devienne fou mais elle en avait besoin comme j'avais besoin de la danse... Comment une personne comme elle pouvait se mettre en danger pour si peu ? C'était la question à un million. L'écoutant, je gardais les yeux fermés. J'avais l'impression que, de cette façon, tout semblait un peu moins fous et noir. Je ne devais pas paniquer. S'il y avait deux ou trois – ou plus – bébés, c'était ainsi. C'était la vie. J'ouvrais doucement les yeux, déposant un léger baiser sur son front. « Je sais qu'on peut le faire mais j'ai quand même peur. Et si je suis un mauvais père, un mauvais mari ? J'ai plus de famille non plus tu sais. Ma mère est morte, mon père est enfermé dans un silence sans faille et je ne parle plus à Rose. Je sais même pas pourquoi. On s'est pris la tête, j'arrive pas à croire que ma mère l'ait plus aimé que moi et voilà. Je ne veux pas qu'on refasse les mêmes erreurs que nos parents. Je veux pas que notre enfant souffre autant qu'on souffre. C'est pas humain. On est presque des monstres de vouloir lui infliger ça. Il va naître dans une famille de fou le pauvre.. » Et voilà que je paniquais, bien que neige essayait de me réconforter. Croisant son regard, je dis « J'ai peur, je vais avoir peur pendant longtemps parce que je suis un froussard mais faut pas m'en vouloir » Avec moi, elle savait à quoi s'en tenir. J'étais une vraie gonzesse quand je m'y mettais. La prenant dans mes bras, je l'écoutais répondre à mes dernières questions, sur la police. J'avais peur de ça et c'était plus que normal. Qui n'aurait pas peur de voir sa femme se faire coffrer ? Personne. « Sortons oui. J'ai pas la tête à danser de toute façon. Tu apprends vite alors on mettra pas trop de temps. Je suis désolé d'être une vraie chiff-mole Neige... » C'était dit. J'étais désolé d'être comme cela. Me levant, je l'aida à en faire de même et courus rapidement éteindre la chaîne hi-fi. Autant éviter de bouffer des tonnes d'électricités. Laissant tout en plan, je laissa quelques minutes à la belle blonde pour se changer. Adossé à la voiture, je lui fis un sourire et lui tendis la main « Tout ira bien. Il faut juste que je grandisse un peu. Tout ira bien... » J'étais avec elle, ça ne pouvait qu'aller... Enfin, je l'espérais.

Spoiler:

Les doutes et les peurs étaient bien deux choses qui faisaient partis de ma vie. Chaque jour que Dieu faisait, j'avais peur, je paniquais à l'idée de faire une connerie mais, en temps normal, je m'en fichais bien. Préférant faire une idiotie et la réparer que de regretter. Seulement, avec un bébé, je ne pouvais pas merder. Je ne pouvais pas le faire tomber par terre et le ramasser comme si de rien n'était. Les choses étaient différentes dans notre cas. Je devais grandir et plus vite que ça. Il fallait que je prenne des décisions et draconiennes. Je pourrais très bien arrêter d'étudier à NYADA, trouver un job pour ramener de l'argent. Mais il y avait Broadway. Ce Broadway que j'aimais tant. Ces rues que je considérais comme ma maison, comme mon cœur. Ma place était là bas et avec le show qui allait commencé, je ne pouvais pas abandonner l'école, j'avais besoin de ces cours, de ces quelques heures où je n'étais plus qu'un élève et non pas la grande star du show de l'année. « Amaury, l’important ce n’est pas d’avoir zéro peur et zéro défaut… c’est de savoir reconnaître ses bourdes pour les réparer » La regardant, je fis une petite moue. Elle avait totalement raison. L'important c'était d'essayer aussi fort que possible et de se rattraper en cas de problèmes. Je n'allais pas tuer le bébé et puis, si je ne me sentais pas capable de changer sa couche ou de le laver sans faire une connerie, je laisserais ma future femme s'occuper de cela. Future femme. Un léger sourire se dessina sur mes lèvres. « Faut juste que j'y crois, encore un peu plus. Il faut que je me laisse aller et puis... Ca ira. N'est-ce pas ? » Je cherchais – encore et toujours – un soutien de sa part. J'avais besoin qu'elle me promette que tout allait bien se passer, que nous allions avoir notre propre famille, une famille digne de ce nom qui allait nous ressembler. Pas de mensonges, pas d'idioties, il fallait que nous fassions les choses comme il se doit, avec classe. Tout cela me semblait tellement fou et pourtant, il fallait que j'y pense sérieusement, que j'y crois dure comme fer. Je n'étais plus qu'un jeune homme de vingt ans, j'étais un futur mari et père. La totale. Moi qui avait cru que je finirais ma vie seul, il semblait que je me sois trompé sur toute la ligne. Rien n'était fait mais je ne comptais pas repasser par la case mariage deux fois, sauf pour renouveler mes vœux avec Neige au bout de cinquante ans de mariage. Là, peut être que je repasserais devant le maire ou le prêtre. Face à Neige, je la laissais m'embrasser et je l'écoutais attentivement. Pour tout dire, je n'étais pas trois fois sûre d'avoir le droit d'être heureux ou même égoïste. N'étais-je pas le pauvre con qui tournait le dos à sa sœur maintenant que sa mère était morte ? N'étais-je pas cet horrible personnage qui n'avait aucun scrupule ou remord à tourner le dos à son père et le laisser seul, dans sa dépression ? Lui qui avait toujours été là pour moi, voilà que je préférais penser à moi, un peu trop surement. J'étais bien assez égoïste comme ça, qu'elle le veuille ou non. « Tout ce que je veux, c'est qu'on soit heureux tous les deux, qu'on ait un mariage d'enfer et un bébé en pleine santé. Mais pour le moment, il faut que je me batte contre mes vieux démons, que j'arrive à faire table rase du passé pour avancer convenablement. Il faut que, tous les deux, on arrive à mettre à mal nos vieux démons avant que le bébé arrive. C'est possible n'est-ce pas ? » Pour avoir une famille parfaite, il fallait que j'ai un esprit sain dans un corps sain. En ce qui concernait le corps, c'était tout bon mais pour l'esprit... Glissant ma main dans la sienne, je fis quelques pas vers une boutique et fronça les sourcils. « On commence par là ? » Boutique simple mais accueillante. Il y avait des tonnes d'habits en vitrine et des jouets, beaucoup de jouets. Alors que l'oeil de la belle allemande glissait sur les habits, mes petits yeux clignaient devant les jouets. Tout cela était trop mignon, vraiment trop mignon ! Un sourire échangé et nous voilà partis au paradis des bébés !

rp terminé !