« Oui Ilias, c'est Katy. On a besoin de toi au café dans les alentours de midi tu peux venir ? On a eu une réservation pour trente et franchement, on s'en sortira jamais à deux » Soufflant légèrement, je posa mon altère au sol. J'étais fatigué, exténué. Cette nuit – comme bon nombre de nuit – j'avais dormi deux heures ou peut être trois à tout casser. Je perdais totalement la notion du temps, je ne voyais pas les jours passer ni même les heures passer. Tout ce que je savais c'était que, dans deux jours, j'allais apprendre le sexe de mon enfant. J'allais apprendre si ma chère et tendre fiancée était enceinte d'une petite fille ou d'un petit garçon. J'étais tellement anxieux à propos de cette découverte. Que ce soit l'un ou l'autre des cas, je ne serais pas déçu ça c'était clair et net. « Je prends ma douche et j'arrive » lançais-je, à voix basse. Il fallait que je me dépêche pour être en avance. En temps normal, j'aurai pu prétexter une répétition mais là, je savais que jeudi, ils allaient se retrouver en sous effectif donc j'essayais de les aider un peu, à ma façon.

Le repas de midi et le début d'après-midi avait été une folie pure et simple. Les gens arrivaient de partout et j'avais des envies de meurtre. Comment un patron pouvait-il demander à seulement trois employés de faire le boulot pour cinq voire six ?! Cela me dépassait mais je ne pouvais pas faire ou dire quoi que ce soit... J'avais besoin de ce boulot ou du moins, je pensais en avoir besoin. J'avais envie d'amener une petite pierre à l'édifice de notre couple, de payer une grosse partie de notre mariage avec la belle allemande mais avec ce que je gagnais à Broadway, ce ne serait pas un mariage digne de ce nom. La paye était correcte mais la prime de 'succès' n'arriverait que le dernier soir de la dernière représentation. Pendant ce temps, il fallait se 'contenter' de ce que l'on nous offrait tous les mois. Débarrassant quelques tables, je chantonnais les quelques musiques qui parvenaient à mes oreilles. Je devais avoir attrapé une otite parce que j'avais du mal à tout entendre, j'entendais des sons de tellement loin que j'avais l'impression de rêver, de ne plus être dans ce café miteux à servir des milkshakes et des plats de frites à longueur de journée. Faisant craquer les os de ma nuque, je me dirigea vers les cuisines où je déposa toute la vaisselle sale près d'un évier. Le plongeur s'occuperait de ça. En temps normal, j'aurai totalement pu les mettre dans le lave vaisselle mais là, je n'avais ni la force ni le courage de bouger un petit doigt. Passant une main sur mon front, j'essuyai rapidement les quelques gouttes de sueur qui s'y trouvaient et souffla. Ma tête me faisait mal depuis une heure et je profita de ce 'temps de répit' pour avaler un cachet. Poussant les portes battantes, je me dirigea vers une table qui était vide cinq minutes auparavant. Sortant mon calepin, je regarda la jeune femme assise et un léger sourire se dessina sur mes lèvres lorsque je vis Neige. Elle était venue me voir. Seulement, mon léger rictus disparut rapidement. La jeune allemande était en colère, le ton montait et une dizaine de paires d'yeux nous fixait, chose que je détestais plus que tout au monde. Déglutinant, je resta bouche bée lorsqu'elle énonça que l'examen gynécologique était aujourd'hui... Comment avais-je pu oublier ça ? Comment avais-je pu confondre les jours et penser que ce fichu examen allait se dérouler quarante huit heures plus tard ?! « Mais je... Je pensais que c'était jeudi... » Excuse bidon mais pourtant réaliste et cela se voyait sur mon visage. Passant une main devant mon visage, je la regarda avec des yeux de chien battu – regard qui n'allait pas marcher chez elle – et soupira « Je suis désolée Neige... Je croyais vraiment que c'était Jeudi. J'ai pris congés exprès toute cette journée pour pouvoir la passer avec toi » une fois encore, je ne mentais pas, absolument pas... Je posa mon calepin sur la table. Franchement, je doutais grandement qu'elle veuille quelque chose. Quoi que...

« Ce n’est pas seulement le propos ! » La regardant, je déglutis difficilement. Mon excuse était valable et, pour tout dire, c'était la vérité. Je ne cherchais même pas à lui mentir, à lui faire un coup bas pour qu'elle me pardonne. Elle avait raison de m'en vouloir de me crier dessus. J'étais absent et, une fois encore, j'avais brillé par mon absence. Pourquoi ? Je n'en savais trop rien. La belle allemande était parfaite, nous nous en sortions parfaitement et pourtant... J'avais voulu ajouter une plus grosse pierre à l'édifice de notre mariage et il semblerait que s'abstenir aurait été la meilleure des choses à faire. Elle ne pouvait pas m'en vouloir d'essayer d'être à la hauteur, de ne pas la laisser payer toutes les factures et ce qui allait avec. Elle ne pouvait pas m'en vouloir pour ça mais elle pouvait totalement me réprimander pour m'endormir sur le canapé à peine assis dessus, de ne plus faire à manger – ou même manger – parce que je ne rêvais que d'une chose : mon lit, notre lit. Regardant la jeune femme, mon visage s'assombrit un peu plus chaque minute. J'étais mal. Elle n'avait pas tord, nous n'étions pas une couple digne de ce nom et simplement par ma faute. Passant une main dans mes cheveux, je soupira légèrement. Je ne savais même pas ce qu'elle avait loupé dans son analyse, peut être mon envie d'être le meilleur des maris mais il semblerait que ce soit loin d'être le cas... Je me donnais les moyens pour réussir et je foutais tout en l'air. C'était une caractéristique récurrente dans la famille, je le savais bien... « Tu peux me dire ce qui fait réellement que l’on est un couple ? Réponds-moi ! » Je fis une petite mine pour tenter de la calmer mais cela ne marcha pas vraiment. Elle avait notre 'échec' en tête et n'allait pas abandonner son idée (fondée) pour si peu. « On est pas un couple comme les autres tout simplement... Mais je sais que j'ai merdé. Je le sais Neige. Je perds pieds mais j'ai pas envie que notre enfant manque de quelque chose mais là, c'est moi qui manque tout » Triste pour deux, je me posa sur la banquette en face d'elle et pris sa main dans la mienne. « Faut que je cherche le juste milieu... » Un lieu où je pouvais subvenir aux besoins de ma future famille, où je pouvais exceller en cours et à Broadway. J'avais besoin de tout cela pour être heureux, pour me sentir bien et ma fiancée le savait très bien. Regardant son ventre, un léger sourire se dessina sur mes lèvres. « Alors ? Ce sera un petit Amaury ou une petite Neige ? » Il y avait plus glamour comme façon de demander mais bon... Sur un malentendu, elle pouvait bien baisser ses garde et me réponse. La voyant lâcher ma main pour prendre la carte, je fronça les sourcils avant de frotter légèrement mes yeux et de me relever, attrapant mon calepin, prêt à noter sa commande. Je pris tout en commande et partis rapidement donner les volontés de ma future femme au cuisinier qui suivait, du coin de l'oeil, toute la scène. Revenant prêt d'elle, je la regarda et dis, machinalement, « Je te l'ai promis il y a quelques semaines déjà, je ne serai pas absente comme ma mère ou inutile comme mon père. Je voulais juste que vous ne manquiez de rien... C'est plus fort que moi. C'est moi l'homme dans le couple, c'est à moi de ramener tout ce qu'il faut à la maison. Je ne remets pas ton rôle de femme en cause ou je ne sais quoi mais j'ai toujours appris que c'est l'homme qui doit subvenir aux besoins du foyer et c'est pas avec ce que je gagne, pour le moment, à Broadway que ça va aller. Sauf si tu as envie de manger des pâtes au gruyère tous les jours... » Je laissa un petit rire s'échapper de mes lèvres avant de me diriger rapidement vers la cuisine pour récupérer la gaufre et la glace de la jeune allemande. Seulement sur le chemin, je me sentis partir et l'assiette avec la gaufre me glissa des mains, éclaboussant le sol de chocolat. Grimaça, j'apportai la glace à Neige et repartis en cuisine chercher de quoi nettoyer ce bordel. Seulement, ma tête tourna encore plus. Me rattrapant au bar, je souffla et cligna des yeux à plusieurs reprises. « Je vois flou et je m'sens... » Pas le temps de finir ma phrase que je m'écroulais sur le sol.

« Le problème, c'est que tu prends tes décisions tout seul, sans concerter personne, alors forcément ça aide pas » Grimaçant légèrement, je sentis mon cœur se serrer. Elle n'avait pas tord, c'était ça le problème entre nous. Je n'étais jamais là pour discuter, pour tenter de trouver un compromis, un arrangement. Aussi étrange que cela pouvait sembler, j'avais du mal à demander l'avis de quelqu'un, à prendre des décisions avec quelqu'un d'autre. J'étais un grand habitué des chois en solitaire. Dès que j'avais pu faire mes propres choix, je les avais fait et n'avais plus rien demander à personne. J'avais 'consulté' mon aînée pour quelques informations mais maintenant, ce n'était plus le cas. Il fallait que je change ce trait de caractère et plus vite que ça sinon Neige allait finir par m'en vouloir à vie. « J'ai trop l'habitude de tout faire tout seul mais, promis, je vais changer » Je battais rapidement des cils, crevant d'envie de changer en un claquement de doigts mais avec moi, ce n'était pas gagné. Quand j'avais une habitude, il fallait des heures et des heures pour me la sortir. Il n'y avait qu'à voir comment je mangeais mes céréales le matin : un vrai gosse, plein de tocs. Tout cela me pourrissait la vie et je m'en rendais de plus en plus compte. J'étais entrain de perdre ma fiancé, de la faire douter de ma sincérité et de mes capacités à être père tout ça pour rentrer dans le moule. J'étais resté coincé aux années cinquante où c'était l'homme qui gérait tout, laissant la popote et l'éducation des enfants à la femme. Quel fichu schéma sexiste que j'avais en tête. Il fallait faire quelque chose pour tout cela mais aussi pour ma tête qui commençait sérieusement à tourner et à me faire mal. Je voyais flou. Je ne savais plus vraiment où j'étais, ce que je faisais et qui j'étais.

Lorsque j'ouvris les yeux, je grimaça légèrement, aveuglé par la lumière. J'avais perdu connaissance en plein milieu d'une salle pleine d'inconnus. Si ce petit incident montait jusqu'à Broadway, j'étais fini. Me frottait les yeux, je tournais la tête de droite à gauche, avec habilité, pour éviter que tout ne tourne une fois encore. Il n'y avait personne. Pas de Neige, pas d'infirmière, rien. Je pouvais largement me lever et partir sans que personne ne voit rien. Seulement, lorsque je tenta de me redresser, la chambre blanche se mit à tourner autour de moi. Portant ma main à mon front, je grogna légèrement. Mais qu'est-ce que c'est que ce merdier putain ?! Un médecin arriva au même moment. « Monsieur Lacroix-Davis, vous avez fait un malaise » Je leva le pouce en guise d'acquiescement. Je ne voulais plus bouger toute la partie haute de mon corps. « Vous avez fait un surmenage. Il va falloir vous reposer un peu parce que vous ne ferez pas long feu à cette allure » Tournant la tête légèrement, je lui fis de gros yeux. En quoi est-ce que c'est censé me remonter le moral et m'aider à lâcher du leste ? « Je vous prescris un bon petit arrêt de travail ainsi que des vitamines et du sommeil ! » Je lui arracha un léger sourire avant de le voir partir et de fermer les yeux. Du repos. Mais je n'avais pas le temps de me reposer. Il fallait que je bosse mes cours, mes auditions prochaines et surtout le spectacle à Broadway. Laura allait m'étriper si je séchais une ou deux répétitions, bien que nous connaissions la chorégraphie sur les doigts. Enfin, le plus important restait Neige et la convaincre de ne pas m'étriper sur place. Lorsque je la vis arriver, je lui fis un léger sourire. « C'est un Amaury bis » Instantanément, mon visage s'illumina. Un mini moi. « C'est... génial ! Ça aurait été génial si ça avait été une fille aussi » Je ne voulais pas qu'elle croit que je préférais qu'il soit un petit mec plutôt qu'une minette. Lui souriant, je fronça les sourcils en voyant qu'elle était debout. Elle n'était pas impotente mais tout de même. Tournant la tête, je dis « Viens te mettre assise là Neige... Ce serait con finisse tous les deux dans un lit avant la fin de la journée quand même » Petite blague pas franchement drôle mais tout de même... Cela voulait dire que je reprenais des forces et plutôt rapidement !

Allongé dans le lit, je regardais Neige et, de ma main libre, je serrai le poing. J'étais en colère contre moi même, il n'y avait pas à dire mais les mots qui sortaient de sa bouche était encore pire. J'avais l'impression qu'elle me détestait et qu'elle voulait faire marcher arrière pendant qu'il en était encore temps. Que ferais-je sans elle ? Rien. Depuis le temps que je connaissais Neige, elle avait toujours été très importante pour moi. Notre rencontre en ligne était une sacré anecdote à l'heure actuelle, anecdote que je ne pourrais plus partager si les choses continuaient ainsi. Je devais me ressaisir, me bouger le cul comme on le dit souvent. Je ne pouvais pas laisser Neige, seule, dans cette situation. Elle voulait le garder, il n'y avait pas de doute, mais peut être qu'avec mon absence, elle avait changé d'avis, de discours. « J'ai pas besoin d'un coup de vent moi, et si c'est uniquement penser à ta petite personne qui t'intéresse, autant dire que tu le feras sans moi. Je traîne suffisamment de boulets moi-même pour ne pas vouloir rajouter quelque chose qui est voué à l'échec » Ses mots étaient douloureux, difficiles à avaler. J'avais surtout mal du fait qu'elle puisse penser que j'étais égoïste et ne pensais qu'à moi. Tout ce que j'avais fais, c'était pour elle et seulement pour elle, enfin pour eux. J'avais pris ce boulot pour subvenir à leurs besoins. La misère que je gagnais me suffisait amplement. Regardant le plafond, j'évitais de me laisser submerger par toutes ces accusations. Certes, j'avais pris quelques choix seul mais ce n'était pas par pur égoïsme, loin de là. « Pour l'instant c'est MON fils, et si tu veux que ce soit le tien, tu as plutôt intérêt à te réveiller. Tu envisages quoi pendant l'arrêt que t'as donné le médecin ? Tu sais bien que j'ai les yeux et les oreilles partout » Tournant la tête vers la jeune femme, j'arquai un sourcil. Pour le moment, ce bambin était aussi bien son fils que le mien. J'étais le père et il me suffisait d'aller le reconnaître pour voir un bon nombre de droits parentaux naître avant l'arrivée du bambin. Je ne m'y connaissais pas énormément en droit mais je savais quand même deux-trois petites choses. Lâchant la main de la jeune allemande, je tenta de me relever tant bien que mal et ce, sans son aide. J'étais un grand garçon, un grand garçon en colère et il fallait vite que cette colère redescende. Je ne voulais pas m'énerver avec Neige, aujourd'hui encore moins que d'habitude. « Me reposer, un peu et être là pour toi. Je ne peux pas abandonner Broadway mais je pourrais être un peu plus présent en journée. Louper les cours n'est pas un problème, je peux demander une dispense d'une quinzaine de jours » J'étais prêt à faire bien des efforts mais en ce qui concernait Broadway, il ne faudrait pas trop rêver. Les médecins devaient le savoir, ils n'auraient aucune concession sur ce point. C'était une grande partie de ma vie et on ne pouvait pas tout m'enlever sous prétexte que j'avais fais un malencontreux malaise. Des heures de sommeil, des vitamines et tout ira dans le meilleur des mondes. Je n'avais pas de problèmes de cœur, ni de respiration. Il fallait juste que je lâche du lest. « Il faut que tu me fasses confiance Neige. Je ne faisais pas tout ça égoïstement mais pour vous deux. Ne me dis pas que tu as de quoi survivre pendant des mois et des mois parce que je prendrais ça pour une insulte » Tournant la tête vers elle, je soupira légèrement et dis « En vingt ans, j'ai jamais rien eu à faire de moi même. Il faut que je m'adapte. C'est comme si tu sortais un crocodile de son marécage, il lui faut du temps pour s'y faire mais il y arrive, il a pas le choix et il en a envie » J'avais envie d'y arriver même s'il semblait que je sois plutôt mal parti... J'étais un poissard mais je savais ce que j'avais à faire, l'allemande n'avait plus qu'à me laisser le faire et cela risquait de ne pas être facile.

Plus les minutes passaient et plus j'avais l'impression de faire face à une dispute entre mon père et ma mère. Enfant, je les avais souvent entendu râler, crier et se jeter toute sorte d'objets à la figure. Sur la pointe des pieds, j'avais quitté mon lit et ma chambre pour voir le spectacle en bas des escaliers qui séparaient les pièces communes des chambres. Une boule se formait dans ma gorge. Je ne voulais pas que mon couple avec Neige finisse comme celui de mes parents : une femme vivant sa vie en Afghanistan et un homme déprimé et sans vie comme l'était tous les sorciers sortant d'Azkaban. Quand je voyais mon père dépérir un peu plus chaque jour, je me disais que la célèbre J. K. Rowling n'avait pas inventé grand chose mais tout simplement donné une forme maléfique au désespoir et à la tristesse. Je ne voulais pas tomber là dedans, je ne voulais pas me sentir inutile à un point qui en ferait souffrir tout être humain ayant un cœur. J'avais juste envie – et besoin – de me sentir utile. Trop longtemps mis de côté, je ne voulais plus ressentir cette sensation. Je ne voulais tellement plus la ressentir que je faisais les mauvais choix, mettant ma chère et tendre de côté, involontairement. « Ca ne t’est pas venu à l’idée de m’en parler, par le plus grand des hasards ? » Franchement, non. Je n'avais pas eu réellement envie de me montrer tout ce qu'il y a de plus vulnérable devant Neige. Je rêvais d'être fort, d'être cet homme dont elle serait fière. Je savais qu'elle m'aimait comme j'étais, le gamin qui agissait sans réfléchir mais il fallait que je change, que je passe à la 'vraie vie'. Je commençais presque à me demander si mon père n'aurait pas du plus me forcer à entrer dans une voix 'classique'. La danse était ma passion, ce que j'aimais faire – tout comme ma sœur – mais je ne pouvais pas nier que cela n'allait pas me mener loin. Je perçais dans Broadway et j'étais heureux, j'étais mis de côté au profit d'un homme plus performant, qui avait plus d'expérience de la scène et je me retrouvais la queue entre les jambes avec plus rien d'autre que mes yeux pour pleurer. C'était peut être la première fois que je voyais ma passion de cet œil là, un peu trop déprimé par tout ce qui se passait autour de moi, trop dépourvu. J'étais Neige, je l'écoutais donner son point de vue et tout ce qui allait avec. Je la comprenais, je comprenais son point de vue, ses 'batailles' et ce qu'elle ressentait. Bien entendu que je le comprenais, que je savais que j'aurai du en discuter avec elle avant de prendre ce boulot mais je n'en avais fais qu'à ma tête. Je ne réfléchissais pas souvent avant d'agir et, une fois encore, j'avais fais le mauvais choix. Tout ce que je voulais c'était une famille heureuse, un sourire sur ses douces lèvres et une vie dont j'étais fier. Manque de bol, ces derniers temps, j'étais loin d'être fier de ma vie. Je n'avais plus de repères. Ma mère était décédée peut après Noël, ma sœur et moi étions en froid et je n'osais même plus sonner à la porte de l'appartement de mon père, trop effrayé de voir le désastre ambulant qu'il allait devenir. Neige était ma seule constante et pourtant, il semblerait que ma constante ne le soit plus tant que cela. La voyant baisser les yeux, je sentis mes yeux me picoter légèrement. J'étais déjà à fleur de peau et un grand sentimental en temps normal mais là, avec la fatigue, c'était encore pire. Grognant légèrement, je pris une grande bouffée d'oxygène. Je voulais être l'homme de la situation et bien mon 'travail' commençait là et tout de suite. Tendant le bras vers le bas du lit, j'attrapai la main de ma chère et tendre. Usant de mon pouce pour lui caresser la paume de la main, je la regarda quelques longues secondes. Il fallait que quelque chose sorte de ma bouche et que ce ne soit pas une idiotie. Surtout ça. « Neige ? » Je n'avais pas franchement envie de parler dans le vide et je ne pouvais pas me permettre de me lever et d'attraper sa bouille entre mes deux petits mains. La voyant lever les yeux vers moi, je lui arracha un petit sourire. « J'ai jamais été un homme facile à supporter et logique tu le sais bien non ? On va y arriver. Je laisserai tomber mon boulot si tu veux... Je vais juste profiter de mes congés forcés, tout le monde profite du système alors pourquoi pas moi hein ? » Je n'avais jamais été profiteur mais autant que tous les problèmes que je venais de me coller n'était vain. « Je serai plus souvent à la maison et on pourra parler beaucoup plus souvent, je te le promets Neige... On aura même le temps de trouver un prénom, un appartement plus grand si tu le veux... Par contre, je te préviens sur le champ, tapisserie et montage de lit, c'est pas sur moi qu'il va falloir compter... Sauf si tu veux que le lit se casse en deux à peine le petit dedans... » J'étais un piètre bricoleur... J'étais nul en tout pour tout dire... Aïe aïe aïe, elle avait vraiment fait un mauvais choix avec moi...

« On s’en fout du montage du lit pour l’instant ! » Regardant Neige, je fis une petite moue. Non, on ne se fiche pas du montage de lit et de tout ce qui va avec, absolument pas. Enfin, pour le moment, j'avais d'autres problèmes et c’était sûrement ça qu'elle voulait dire. Il fallait que je me remette sur pieds et plus vite que ça. Je mettais ma vie en jeu, que je le veuille ou non. J'allais avoir besoin d'une sacré dose de repos et cela me faisait déjà peur. J'avais tellement envie de travailler, de donner encore plus de moi mais ce n'était pas possible. Il fallait que je me rende à l'évidence, j'avais besoin de dormir, c'était plus qu'indispensable. Autant éviter de faire un nouveau malaise et de me voir conduit dans cet hôpital. J'avais toujours peur de croiser Belle. Nous nous étions simplement embrassés mais j'avais quand même pris la poudre d'escampette. Tout cela était fou mais je ne cessais de me rappeler toutes mes erreurs et je me demandais sérieusement comment la jeune et jolie allemande arrivait à me supporter. J'étais un cas, il n'y avait pas à dire. Après tout, j'étais encore un 'gosse' et il fallait me laisser du temps pour réussir à tout comprendre, à tout gérer dans ma petite vie. Il me fallait un temps pour tout et là, j'avais surtout besoin de temps pour ma petite amie. Je ne voulais pas la faire fuir, loin de là. Je voulais la garder près de moi, la rendre heureuse et tout ce qui allait avec. J'étais sûrement trop naïf mais Neige était mon conte de fée, ma chance d'avoir une histoire finissant par 'ils vécurent heureux et eurent plein d'enfants'. Le premier était déjà en route. « Alors vas-y, quel genre de prénom te vient à l’esprit ? » Autant mon imagination était foisonnante pour tout ce qui était choix de chansons, de chorégraphies mais franchement, en ce qui concernait les prénoms, c'était tout une autre histoire. Souriant à la jeune femme, je dis « T'es des idées toi ? Un nom typiquement allemand : Klaus ! C'est mignon tiens ! » Je lui fis un léger sourire avant de me rattraper « Je n'ai pas trop d'idées mais j'aime beaucoup Lucas ou encore Lewis ou bien Liam » Me grattant la tête, je remarqua que j'avais trouvé trois prénoms en L. Un signe ? Je ne savais pas vraiment. « Tant qu'il n'a pas un nom à coucher dehors, ça me va tu sais... » Tout ce que je voulais, c'était que le futur bébé ne soit pas affublé d'un nom à coucher dehors, d'un nom qui lui vaudrait des tonnes de moqueries de la part de ses petits camarades. Mon prénom m'avait déjà valu un bon paquet de critiques et je ne voulais pas que cela arrive à mon propre enfant, hors de question. « Je suis débile » La regardant, j'arquai un sourcil et l'invitais à continuer. Je ne voyais pas en quoi elle était débile, c'était moi le débile ici et sûrement pas elle. L'écoutant, je déglutis difficilement. Comment avait-elle pu croire que j'avais fais une telle chose ? Là, c'était débile, je devais bien l'avouer mais avec Neige, rien ne m'étonnait, absolument rien. C'était bien son style de voir trop loin, d'extrapoler et de devenir folle au moindre geste. Jamais je ne pourrais la tromper, absolument jamais. Premièrement, je l'aimais trop pour le faire et deuxièmement, je n'oserais jamais le faire. Plutôt la larguer et aller voir ailleurs après. « M’abandonne pas maintenant, Amau… pas après tout ce qu’on a déjà traversé toi et moi ! » Me penchant légèrement en avant, je la pris dans mes bras et déposa un baiser sur son front. Elle était folle, folle à lier c'était définitif ! « Jamais je n'aurais osé te tromper Neige. Pour qui est-ce que tu me prends ? Et puis, je ne t'abandonnerais pas, jamais » Me poussant légèrement, je pris son visage entre mes deux mains fraîches, je colla mon front au sien et souffla « Je ne te ferai jamais de mal volontairement. Même involontairement en fait. Je ne veux pas que tu souffres, jamais. Est-ce que c'est clair Neige ? Je suis désolé pour tout ce qui c'est passé mais dès que je pourrais rentrer, on se fera un plateau télé et je ne bougerais pas sauf impératif Broadwayien » Ce mot n'existait pas mais soit, je ferai avec. Un léger rire s'échappa de mes lèvres. Déposant un baiser sur celles de la jeune femme, future maman, je dis « Je vais me rattraper et ne t'inquiète pas, je ne te trompe pas et ne te tromperais pas de si tôt, jamais pour tout dire » Quand on aime on ne trompe pas et j'avais assez vu mon père souffrir suite aux tromperies de ma mère. Faire les mêmes erreurs qu'elle, non merci.

« Serre-moi fort s’il te plaît, j’ai besoin d’un bon gros câlin. » un léger sourire se dessina sur mes lèvres. La prenant dans mes bras, je posa ma joue sur le haut de sa tête. Elle me manquait, elle m'avait manqué. Je m'en voulais de tout ce que j'avais pu faire, surtout alors que je sentais ses larmes humidifier mon bras. J'étais un monstre, il n'y avait pas à dire. Je faisais souffrir la seule et unique femme qui m'aimait, la seule qui prenait soin de moi à longueur de journée et de semaines. Comme d'habitude, je faisais tout à l'envers. La voir pleurer me brisait le cœur un peu plus chaque minute. J'étais un monstre, un sacré monstre et je ne méritais qu'une chose : une bonne baffe pour me ramener sur terre. Il fallait que je me ressaisisse et vite. Il fallait que je prenne mon rôle à cœur et que j'arrête de ne penser qu'avec le grain de sable qui me sert de cerveau. À cette allure, nous allions rester là toute la journée, dans cette position aussi peu confortable pour elle que pour moi. Elle avait besoin d'un câlin, certes, mais je voulais surtout qu'elle efface tous ces doutes de sa tête. Si je voulais la tromper, je l'aurai fais depuis longtemps. Non, je ne me serai jamais mis en couple avec elle, nous n'aurions ni bébé ni mariage à l'horizon. J'avais de drôles de valeurs mais elles étaient ce qu'elles étaient : faire souffrir volontairement quelqu'un qu'on aime, non merci. Déposant un baiser sur son front, je souris en l'entendant dire que c'était agréable d'être chouchoutée. Ça, c'était sur. Des fois, les câlins et les bisous me manquaient, n'en ayant jamais trop bénéficié durant mon enfance. J'avais notre complicité, notre proximité et tout ce qui allait avec. Nous étions parfait ensemble et il fallait que je me reprenne rapidement pour ne pas tout foutre en l'air, une bonne fois pour toute. Détruire mon couple avec Neige serait mon plus gros échec et je n'étais pas prêt de m'en remettre si nous arrivions à notre fin. Rien que d'y penser, je sentais mon estomac au bord de mes fines lèvres. Essuyant rapidement ses larmes, je la vis grimacer, et sauta à moitié sur le bouton pour appeler une infirmière. Si tout ce stress et cette colère lui procurait une douleur au ventre, ce n'était pas normal mais alors pas du tout. Alors que mon doigt se rapprochait dangereusement de la sonnette, le jolie allemande me prit les mains et les posa sur son ventre. Je mis quelques secondes avant de comprendre. C'était la première fois que je posais mes mains sur le ventre d'une femme enceinte, la première fois que je sentais un petit coup de pieds de cette façon. Pour tout dire, ce bébé était le premier que j'allais voir naître et tenir dans mes bras. Je déglutis avec difficulté. Doux jesus, j'avais un sacré wagon de retard ! Je leva les yeux vers la jeune femme et l'embrassa. C'était une façon de lui montrer que j'étais heureux, plus qu'heureux de tout ce qui nous arrivait (enfin presque). Je lui fis un large sourire, heureux de ce moment. Le premier avant de nombreux qui allaient arriver, j'en étais plus que persuadée. Mes yeux brillaient comme un gamin devant ses cadeaux de Noël. Je devais avoir une sacré tête d'ahuri mais je m'en fichais. « Que t’a dit le médecin ? Tu peux sortir quand ? Je suis pour un plateau télé dès que l’on pourra… » Un léger sourire se dessina sur mes lèvres. J'étais aussi pour un plateau télé tant que le film n'était pas un Matrix ou une autre invention du style. Alejandro m'avait fait regarder ce film et franchement, j'en étais encore tout retourner. Je n'avais rien compris et ne souhaitais pas comprendre. C'était mon côté fainéant qui prenait le dessus. « Ca me va pour le plateau télé. On pourra regarder un joli film alors parce que mon dernier film, franchement, j'en cherche encore la signification. Les trucs style Inception ou V pour Vendetta c'est pas pour moi ! » Une chose était claire et nette, le bébé n'aurait pas mon intelligence, du moins je l'espérais pour lui sinon, ce serait une brêle en cours. Il n'avait qu'à hériter de ma souplesse et de l'intelligence de sa mère, ce serait un beau bébé ! « Et... Lucas ! » un large sourire prit possession de mes lèvres. Lucas. Un prénom français comme le notre. Autant le dire, Neige était peut être allemande mais son prénom ne l'était pas ! Enfin, tant bien parce que Schnee n'aurait pas franchement été un très joli prénom ! « Ca me va » lançais-je avant de voir le médecin entrer dans la pièce. Il commença son blabla médical auquel je ne compris pas un seul mot et se tourna vers la jeune allemande, lui indiquant quelques petits points me concernant. Je devais éviter le café, le jus d'orange mais aussi, les nuits blanches. Je devais me reposer et travailler modérément. Cela me chagrinait. Comment allais-je m'améliorer pour Broadway avec ces recommandations ? « Je peux sortir quand ? » lançais-je, sans grande conviction. Je haïssais les hôpitaux et l'idée de pouvoir tomber sur Belle et d'avoir droit à un combat de coq entre les deux seules femmes que j'avais embrassé dans ma vie me faisait froid dans le dos ! « Vous pouvez sortir tout de suite si vous le voulez. On ne vous mettra pas dehors mais si vous libérez un lit, on vous dira merci » Le nombre de lits comparé au nombre de malades était ridicules. Je tira donc la couverture et tenta de descendre du lit. « Doucement Monsieur Lacroix-Davis, laissez votre cerveau s'adapter » Je ronchonna quelques secondes avant de le voir partir, saluant légèrement Neige et moi même. La regardant, je fis une petite moue et dis « Je crois que je vais avoir besoin de ton aide... » J'étais un impotent, quelle horreur !!!!

mais non ! C'était très bien !

Alors que Neige m'aidait à m'habiller, je me perdais dans mes pensées. Je n'aimais pas être aussi vulnérable, je devais bien l'avouer. J'étais mal, vraiment mal d'être dans cette situation. Ce devrait être à moi de m'occuper d'elle, à moi de l'aider à se lever, à bouger ou autre et non pas l'inverse. À croire que le bon dieu avait décidé de me punir jusqu'au bout. Depuis quelques mois, mon monde s'écroulait sous mes pieds et c'était difficile, vraiment difficile de garder la tête haute et hors de l'eau. Mais pourtant, je devais rester fort. J'avais essayé d'arrêter de penser à ma vie minable – enfin surtout à ma famille boiteuse – et, pour se faire, j'avais pris un second job. Un auteur plutôt connu disait qu'il fallait s'occuper pour ne pas penser à sa condition misérable et je l'avais fais. Franchement, son conseil était peut être efficace à son époque mais, de nos jours, c'était plutôt une façon de nous enfermer entre quatre planches de bois un peu plus vite. Assis dans la voiture, je regardais droit devant moi. J'avais envie de m'excuser, de la faire s'arrêter et d'échanger nos places mais ma tête tournait dès que je bougeais un peu trop vite et nous n'avions pas besoin de finir dans le décor par ma faute, pas maintenant. « Aouch » Je tourna la tête légèrement vers la jeune femme. Si je ne voulais pas tourner de l'oeil, il fallait que je fasse chaque mouvement doucement et calmement. Rien de brusque. J'arquai un sourcil, inquiet. Aucun mot ne sortait de ma bouche alors que Neige continuait son chemin. « Pas de panique, c’est juste ton fils qui se prend pour un futur boxeur » Un léger sourire se dessina sur mes fines lèvres. « Si ce n'est que ça... Il bouge beaucoup ? Enfin, souvent ? Si jamais ça ne va pas on retourne à l'hôpital hein... Même si je sais que tu détestes ces endroits comme pas possible » En même temps, qui aimait ces lieux aseptisés où ça pue la javel, la vieillesse et la mort à plein nez ? Je pose légèrement ma main sur la sienne avant de la lâcher et de me reconcentrer sur la route, comme elle le faisait avec perfection. Je savais qu'elle prenait sur elle et que le stress de la journée n'arrangeait rien à tout cela. Je me sentais coupable, encore un peu plus. Tout ça, c'était ma faute. C'était à moi de conduire, à moi de la protéger, de l'aider, de l'épauler et non pas l'inverse. C'était plus fort que moi, je n'arrivais pas à me détacher de ce schéma vieux de mille ans. Je devais prendre soin d'elle et, comme quatre fois sur cinq, j'échouais. L'échec avait un sale effet sur moi mais, cette fois, je ne pouvais pas me dérober. À chaque fois que je voyais une grimace se dessiner sur le visage de la jeune allemande, je prenais sur moi. Elle prenait sur elle alors pourquoi pas moi ? On pourrait s'arrêter à un café qu'elle se repose mais elle avait sûrement besoin d'un lit, de son lit. L'écoutant, je fronça les sourcils. Je ne comprenais pas tout bien là... Voulait-elle que j'ajoute ma touche personnelle à l'appartement ou bien que l'on déménage, ailleurs, dans un 'chez nous' ? Je ris légèrement en l'entendant appeler la vie maritale 'et tout le bordel'. Elle n'avait pas tord, tout ça, c'était un vrai bordel mais nous pouvons nous en sortir. Le plus dure, c'est la première année et nous allons la passer avec brio, j'en étais convaincu ! « Tu veux déménager ? Ton appartement me va très bien tu sais. Enfin, je veux, je m'y sens chez moi, j'ai pas l'impression d'être une pièce rapportée » Et c'était déjà pas mal. Je n'étais pas quelqu'un avec beaucoup de bibelot, de photos et tout ce qui va avec. À vrai dire, je vivais avec le moins de souvenirs possibles parce qu'ils étaient loin d'être positifs. Je préférais vivre au moment présent et me construire de nouveaux souvenirs qui vaudront la peine de s'en souvenir. « On pourra déménager plus tard tu sais... Pas que je ne veux pas d'une maison ou d'un appartement à nous mais il vaut mieux t'éviter trop de poids tu ne penses pas ? J'ai pas envie qu'il t'arrive quelque chose Neige.. » C'était gentil, je le pensais. J'espérais juste qu'elle ne le prendrait pas mal. J'avais peur que la poche des eaux se fissure un peu trop vite ou je ne sais quoi. Elle n'en n'était qu'à trois petits – très petits – mois alors il valait mieux jouer la carte de la prudence. « On peut toujours commencer à visiter si tu veux mais on ne précipite rien. On a la vie devant nous non ? » Je lui fis un léger sourire dans sa direction. Nous avions la vie, l'éternité devant nous alors bon, pourquoi se presser à parler déménagement et tout ce qui va avec ? Laissons le temps au bébé d'arriver et voilà.

Je m'inquiétais pour Neige mais si elle disait que c'était normal, je la croyais. Je m'en voulais de ne pas avoir assisté à cette échographie, la première échographie. Sûrement la plus importante ; celle où on connaît le sexe du bébé, celle où le médecin donne tous pleins de petits conseils. Je m'en mordrais les doigts plus tard. Pour le moment, nous avions un autre sujet sur le tapis et je ne voyais pas trop où Neige voulait en venir. J'avais déjà les idées fort peu claires en temps normal mais là, c'était encore pire. Bien entendu, j'avais du mal à trouver mes marques mais c'était normal. Il fallait que je m'habitue, que je trouve mes repères. Changer deux fois d'appartement en six mois, c'est beaucoup pour quelqu'un qui aime ce qui dure. Tordu jusqu'au bout et ça, elle le sait bien. « Non, ne t'inquiète pas ! C'est juste que ces derniers jours, enfin semaines, ont été plutôt chargées... Il faut que je fasse mes marques pour de bons, que j'arrête de chercher le paquet de gateaux pendant vingt minutes et ça ira mieux ! Je ne suis pas connu pour mon organisation, sauf quand il s'agit de danse et de même pour les souvenirs. Je ne saurais même pas dire dans quel tiroir se trouve les couverts... Toujours à chercher mais c’est normal » Elle ne parlait peut être pas de cela mais je le voyais comme ça, après une très petite réflexion. J'allais réussir à me sentir chez moi à trois cent pour cent. Bien entendu, il n'y avait que son nom sur le bail mais ça, ce n'était qu'un petit détail insignifiant. Il fallait vraiment que je fasse des efforts et que je commence à m'impliquer à fond dans ma vie de couple. Mes seuls 'colocataires' avaient été mon père qui me mâchait tout le travail et Alejandro que je croisais plus que je n'avais vécu avec. Tout allait vite pour moi mais je devais m'y faire. Une vie avec Neige était une vie à cent à l'heure, je le savais bien et c'était pour cela que je l'aimais. Quelqu'un comme moi, je pariais trois cent dollars que je ne l'aurai pas supporté plus de douze jours. J'avais besoin de temps pour trouver mon juste milieu aussi. La preuve, j'avais foutu la merde en prenant un boulot de plus et ça, c'était mauvais pour mon couple. Il fallait vraiment que j'arrive à trouver ma place. Pas trop présent, mais présent quand même. Je doute que Neige apprécie un flemmard de première. Alors que je l'écoutais, je comprenais où elle voulait en venir. Bien entendu que nous devions prendre ces décisions en commun mais ça aussi, c'était tout nouveau pour moi. Je devais grandir et plus vite que cela. Seulement, elle pouvait dire tout ce qu'elle voulait, je ne serais pas moins paniqué ou inquiet pour elle pour autant. J'étais un nerveux quand quelque chose allait mal dans ma famille et il n'y avait qu'à voir la relation actuelle que j'entretenais avec ma sœur et mon père. Le stress m'avait rendu fou à lier et j'avais coupé les ponts avec les deux seules personnes qui m'avaient aimé avant que Neige le fasse. « Au pire on mangera riz et pâtes tous les jours... Mais c'est juste que je voulais prouver que j'en étais capable. Peut être plus à moi même qu'autre chose et au final... Bref, j'ai merdé et je le sais maintenant... En plus j'étais trop nul au boulot ça fait peur... Je suis vraiment nul pour tout sauf la danse je crois bien » Je lâche un léger rire. Mais ce n'était pas faux. J'étais nul pour tout, tout, tout. Je souris en direction de la jeune femme et dis « Je ne veux pas être un boulet pour toi non plus... » C'était peut être ça ma plus grande peur... Étrange mais réel. « Comment vont tes histoires tordues ? » C'était drôlement sorti mais je voulais en savoir plus sur elle, sur ce qui se passait de dangereux dans sa vie. Elle voulait savoir où j'en étais dans ma vie professionnelle et bien moi aussi...

« Arrête de te flageller, de déprécier et de te fouetter toi-même ou je te jure que je te frappe ! » Regardant son profil, je fais une moue en guise de réponse. Elle n'aime pas que je me descende sur place, je peux le comprendre, mais c'est plus fort que moi. Depuis quelques mois, j'ai l'impression d'enchaîner les erreurs. On apprend de ses erreurs parait-il. Je ne sais pas quel crétin a dit cela mais ce n'était pas mon cas. Je n'apprenais pas de mes erreurs, j'en commettais une nouvelle quelques minutes plus tard. Il n'y avait qu'à voir l'état de la jeune femme. Elle était enceinte, nerveuse comme toujours et au lieu de conduire, c'était elle qui avait cette douloureuse tâche. Pourquoi ? Tout simplement parce que j'avais fais un malaise lors d'un jour important, jour que j'avais loupé. Encore une erreur ; me croire invincible alors que je n'ai rien du super héros, sauf peut être les muscles. Merci la musculation. Écoutant la jeune femme, je tourne la tête et regarde les voitures derrière dans le rétroviseur. Je tente de me concentrer sur autre chose pour que ses mots semblent moins douloureux. Elle n'a pas tord, loin de là, mais je suis peut être trop idiot pour le reconnaître. C'est tellement facile de se cacher derrière des mots douloureux, derrière des phrases toutes faites et des flots de critiques. Un mot pour me décrire ? Lâche. Je déglutis avec difficulté devant ma propre constatation. Il faut que je me reprenne et plus vite que cela. Dans quelques mois, je ne serais plus seul, je ne serais plus le fiancé de Neige mais bel et bien fiancé et père. Je savais que je pouvais compter sur la belle allemande mais une fois que notre petite bouille allait venir nos rejoindre et compléter notre famille, elle aurait autre chose à faire ; elle devra s'occuper d'un enfant, elle n'avait pas besoin d'un deuxième gosse à la maison. Pas pour le moment du moins. « J’étais en rogne tout à l’heure, mais tu me connais, je gueule bien fort et après ça passe, je ne mords pas tant que ça. » Elle n'avait pas tord là dessus non plus. Elle n'avait jamais été trop violente, toujours compréhensive. Un peu trop peut être mais je ne pouvais pas lui en vouloir, elle faisait tout pour que je me sente bien. « C'est vrai... Mais j'aime pas échouer, tu le sais bien non ? » Question purement rhétorique. Bien entendu qu'elle le sait vu le temps depuis lequel elle me supporte. Je suis comme ça. L'échec et moi, ça fait deux. J'aime réussir ce que j’entreprends même si, en ce moment, on a plus l'impression que je fais tout et n'importe quoi pour échouer et me punir. De quoi ? Sûrement d'abandonner ma famille pour me sentir mieux. Ça ne marche pas, vraiment pas. « Je n’ai tué personne récemment ni même avant si c’est le sens de ta question » Ce n'était pas ce que je voulais dire. Je fronce les sourcils pour qu'elle croit que j'ai pu pensé cela. Je savais bien qu'elle n'avait pas de sang sur les mains, du moins je l'espérais fortement. Vivre avec une criminelle était déjà tordue alors avec une tueuse ! Je préférais amplement qu'elle laisse cette tâche à quelqu'un d'autre, quelqu'un qui n'a pas tout à perdre. Je ne voulais pas qu'elle mette notre fils au monde entre des barreaux. Je l'écouta me dire qu'elle n'avait rien fait depuis des lustres et mon visage se détendit en quelques secondes, enfin pas pour longtemps. La voyant passer au feu rouge, je pointe le doigt vers le feu tricolore. Je la regarde freiner comme une folle, bougeant légèrement. Coincés au milieu de la route, je déglutis. J'entends des coups de klaxon venant de tous les côtés. « On échange Neige, je peux conduire, je te le promets » Je pose ma main sur la sienne et tente d'établir un contact visuel avec elle. Elle est apeurée et tente de reprendre son calme, en vain. J'ôte ses deux mains du volant et ouvre ma porte. « Désolé ! Un coup de trop du bébé et elle a appuyer sur la mauvaise pédale, désolé ! » J'entends un bon nombre d'insultes de la part des voitures venant de droite et de gauche. Je leur fais un joli doigt d'honneur avant d'échanger nos places avec Neige, toujours absorbée par la route devant elle. Je démarre rapidement et continue notre chemin. « Chérie, ça va ? Je suis désolé, c'est de ma faute ça aussi » Je souffla légèrement et m'arrête au stop. Personne derrière. « Et je ne voulais pas savoir si tu avais déjà ôter la vie à quelqu'un... Je voulais juste savoir où tu en étais avec ton boulot. Tu devrais tout noter quelque part et écrire un livre là dessus. Ça t'occuperai bien ! » Proposer cette idée était un peu idyllique. La jeune allemande aimait l'action et pas discutailler avec son notebook toute la journée. Surtout que si elle devenait accroc à son écran, autant que mon père l'était, je le vivrais mal, très mal...

Alors que Neige me criait à moitié dessus, je regardais droit devant moi. Je me concentrais sur la route, ou plutôt sur la circulation devant moi. Les gens devaient sérieusement se demander pourquoi je n'avançais pas, pourquoi je restais là, coincé à ce panneau stop. Je n'arrivais pas à la regarder, à lui dire de se calmer pour le petit. J'avais presque envie qu'elle me gifle pour me sortir de mon état. J'étais... patraque, déboussolé et ses mots me touchaient directement. J'étais ainsi pour une seule et unique raison : j'avais l'habitude d'être la tête de turc, d'être celui qui était toujours à l'origine de tous les problèmes de la famille. Ma mère me l'avait assez répété ; j'étais une erreur de la nature et elle n'avait jamais voulu de moi. Elle me l'avait assez montré pendant toutes ces années et, même avec un effort surhumain, je n'arrivais à rien. Je n'arrivais pas à me déculpabiliser, à me dire que je n'étais pas qu'un crétin. Au lieu de cela, je me trouvais toutes les excuses du monde pour me flageller tout seul, comme Neige me le répétait encore. Un léger soupire s'échappe de mes lèvres pendant que je tourne la tête vers la jolie blonde. « J'ai l'habitude Neige. Depuis que je suis né on me répète que je suis une erreur de la nature, que je ne fais rien de bien dans ma vie, que je suis un idiot et un crétin. J'y arrive pas, je peux pas me dire que tout ça, c'est pas ma faute. Ça l'est pas mais quand même, tu portes mon fils, on s'est retrouvé à l'hôpital parce que j'ai fais un malaise après avoir loupé ta première écho. Ça fait un peu trop pour que je ne me sente pas coupable » Encore une fois, j'allais aiguiser la colère de Neige et je ne savais pas jusqu'où elle était capable d'aller. Neige était forte la dedans, je le savais très bien, mais j'avais peur que son comportement soit mauvais pour le bébé. La regardant, je dis, à voix basse « Si tu veux, je dis que c'est ta faute ! » Je lui adresse un large sourire. Bien sûre que non, ce n'est pas sa faute mais si c'est qu'elle veut, autant lui offrir ce qu'elle désire un joli plateau en argent. Je démarre alors que la voix de Neige me parvient. « Est-ce que tu es heureux ? Je veux dire… merde, on dirait que la culpabilité est devenue ton nouveau crédo et je ne suis pas sûre de pouvoir faire le poids parce que j’ai l’impression d’en être la première origine, bien souvent. » Pour une fois, c'est moi qui lève les yeux au ciel et non elle. Elle raconte n'importe quoi cette grosse nouille. Elle n'est ni grosse, ni une nouille mais bon. Je ne supporte pas l'entendre dire des choses pareilles. « Si je suis pas en hôpital psychiatrique à l'heure actuelle, c'est grâce à toi Neige » Elle m'avait soutenu et aidé à la mort de ma mère, lorsque je m'étais brouillé avec ma sœur et mon père. Neige avait été là à tous les moments importants de mon insignifiante vie et je n'étais pas foutu d'être là pour elle. Dieu que je m'en voulais d'avoir loupé cette échographie, la première ! J'allais m'en vouloir et ruminer quelques jours, ça c'était clair et net. Peut être que je devrais lui proposer de retourner chez le gynécologue, sous peu, pour que je puisse voir tout ça de mes propres yeux. Les premières images de mon fils, de notre fils. J'écoute Neige et déglutis difficilement en l'entendant parler. Elle était le démon et moi l'ange ; elle était l'active et moi le fainéant. Elle avait construit son monde à elle, sans famille et sans attaches alors que je m'étais accroché aux miens comme on s'accroche à une bouée de sauvetage alors qu'on dérive en plein océan. Alors que je me gare devant l'appartement, je souffle légèrement. Coupant le contact, je me tourne vers la belle allemande et la regarde. Je vois très bien que ses yeux sont vitreux mais je ne dis rien ; aucune envie de la mettre mal à l'aise. « Tu es parfaite Neige, tu es magnifique et je t'aime. L'amour n'est pas un sentiment rationnel tu sais ! J'ai aimé ma mère toute ma vie alors que tu as vu ce qu'elle m'a fait traverser ? » Ma voix se brise légèrement. Je n'ai pas parlé de ma mère avec quelqu'un depuis son enterrement en début février dernier. Déglutinant à nouveau, je prends son visage entre mes deux mains fraîches et dis « Tu n'es pas pire que ma mère et les autres, oh que non. Je suis sadomaso, ok, mais pas à ce point ! Écoute moi bien Neige, si je suis avec toi ce n'est pas pour souffrir mais bel et bien pour être heureux, pour vivre la vie que j'ai toujours rêvé d'avoir. Je sais très bien que tu ne pourras jamais te contenter de ton métier d'architecte. Je le sais et je le vis plus ou moins bien. Tant que tu ne te retrouves pas avec un flingue braqué contre la tempe, je pense que je pourrais faire avec... Tout ce que je veux, c'est ta sécurité. Des fois, je me dis que ce serait bien que tu sois le cerveau de l'affaire mais que quelqu'un d'autre soit tes jambes. Seulement, je te connais assez pour savoir que tu ne délégueras pas » Et c'était bien dommage. J'allais avoir besoin d'une femme à mes côtés moi. Elle allait devoir éduquer Lucas et ne pas mettre sa vie trop souvent en danger, sinon quoi je pourrais la zigouiller moi même. Je dépose mes lèvres sur les siennes avant de la regarder dans les yeux et de conclure. « Toi et moi, c'est quelque chose de sérieux, est-ce que c'est clair ? Je t'aime Neige et même si ton métier n'est pas le plus sur qu'il soit, je ne vais pas t'interdire de l'exercer. Tant que tu ne finis pas entre quatre planches ou derrière les barreaux... » Des fois je regrettais presque de savoir mais, en tant que futur mari, mieux valait que je sois au courant de ce qui allait lui arriver un jour ou l'autre. Peut être qu'avec de la chance rien ne lui arriverait, peut être...

Le moment que nous étions entrain de vivre était intense, autant le dire. Je ne savais pas comment nous faisions mais il semblerait que Neige et moi soyons plutôt fort pour montrer notre force et notre amour après une dispute. C'était courant ou peut être pas, je n'en savais rien. Prenant le cliché qu'elle me tendait, mon cœur se serra légèrement. J'étais comme un gosse devant cette petite photo noire et blanche. Lucas. Mon bébé. Je déglutis difficilement et ravale mes larmes de bonheur aussi facilement que possible. Je ne voulais pas craquer, pas maintenant. J'aurai le temps de craquer plus tard, de réaliser définitivement que dans trois mois, un petit bébé serait à mes côtés, avec Neige. Une grande famille, voilà ce que nous allions être. Une famille où l'amour et la joie allait régner, chose que ni Neige ni moi n'avions connu. Nous avions vécu de drôles de vie et le bonheur n'avait pas été présent tous les jours. « Au cas où tu te sentirais prêt à péter un câble et que je ne sois pas là » Je lève la tête et lui souris légèrement. Je n'étais pas sûre que ce cliché changerait quelque chose si je venais à avoir envie de piquer une crise, de péter un plomb, mais j'appréciais son geste. Je m'en voulais encore plus de ne pas avoir été là mais je ne pouvais rien dire parce que là, je risquais de me prendre une claque en plein visage ! Je posa le cliché sur le tableau de bord avant d'essuyer rapidement les quelques larmes qui coulaient le long des joues de la jeune allemande. Pleurer n'était pas dans les habitudes de Neige mais cela voulait simplement dire qu'elle en avait besoin ; elle avait besoin de se laisser aller pour pouvoir reprendre des forces dans la minute qui suivait. Du Neige tout craché mais cela ne me gênait pas tant qu'elle était nature avec moi. Elle pouvait manipuler la terre entière, je m'en fichais pas mal tant que ce n'était pas moi le pantin de sa petite vie. « Je t’interdis aussi de finir entre quatre planches, t’entends ? » Je lui fis un léger sourire. « Oui chef » Je souffle ces quelques mots alors que mes mains quittent son visage pour aller attraper ses deux mains. Main dans la main, je l'écoute parler. Elle n'avait pas tord. Nous avions eu nos moments durs, nos 'merdouilles' et maintenant, il fallait se reprendre et continuer de vivre, la tête haute bien entendu. Je ne voulais pas la décevoir ni la laisser tomber ; je devais être le meilleur à Broadway, avancer dans ma carrière et la laisser gérer la sienne. Tant qu'elle ne finit pas dans un sale état. Après tout, j'étais plutôt fort pour fermer les yeux sur les choses qui ne me plaisaient pas. Elle ne me privait pas de mon rêve, sachant trop bien ce que cela représentait pour moi, alors je ne pouvais pas lui arracher son petit 'gagne pain' illégal. Ou peut être que si. Mais franchement, je n'avais guère envie de penser à cela. J'avais juste envie qu'elle se repose, elle aussi. Un petit repos forcé pour nous deux. Je mettais ma main à couper que le médecin avait déjà prévenu NYADA et autant dire qu'aller en cours en visiteur n'allait guère me plaire. « On a assez fait de conneries tu as raison. Maintenant, on connaît nos limites et on sait ce qu'on a à faire. Ça va commencer par un bon petit film et un bon bain ! » Je lui fis un léger sourire avant de continuer. « Tu sais, j'ai si peur parce que je pense que sans toi, je perdrais pieds. Tu es tout pour moi Neige, absolument tout... Je ne veux pas te perdre, jamais. Est-ce que c'est bien clair ? On va se marier et finir notre vie ensemble avec plein de bébés et de petits enfants » Bon, j'exagérais peut être là dessus, quoi que... Je rêvais d'avoir une grande famille alors que ce n'était peut être pas son cas. Après tout, nous n'avions que vingt et vingt-cinq ans ; autant dire que nous avions du temps devant nous, et pas qu'un peu. Sortant de la voiture, je la contourne et ouvre la porte à Neige qui en sort en me posant une 'drôle' de questions. « On se marie quand ? » Je la regarde et me rends compte qu'on n'a même pas prévu de date, rien. « Dès que tu le souhaites Neige. Si ça ne tenait qu'à moi, on irait à la mairie maintenant... Ce n'est pas comme si j'avais grand monde à inviter ! » Et de son côté, elle n'avait pas non plus grand monde à inviter, je le savais bien. Alejandro et Willow. Voilà tout. Peut être Rose... Ce serait bien le moment de faire la paix avec elle. Je verrouille la voiture derrière nous et la laisse passer devant pour se diriger vers les escaliers. « C'est notre première grande étape alors si tu préfères attendre la naissance de Lucas pour qu'il soit là le jour de notre union... Ca me va aussi. Je ne suis pas chiant tu le sais bien. Tout me va, tant que c'est avec toi » En même temps, je n'allais pas me marier avec la voisine !