Sephora savait qu’elle avait tort sur toute la ligne depuis la naissance des jumeaux. Bien sur elle était fautive de ne pas avoir ralenti son rythme de travail ce qui avait provoqué surement en grande partie son accouchement prématurée mais elle était aussi fautive du fossé qui se creusait entre eux depuis maintenant un mois, car oui cela faisait bien un mois que les deux petits étaient venus au monde et qu’ils n’avaient toujours pas rejoint le foyer. L’inquiétude était de plus en plus présente dans la tête de Sephora et même si les médecins étaient plutôt confiants, la jeune avocate elle perdait espoir, elle culpabilisait de plus en plus et était pessimiste au possible. Cette mauvaise humeur qui la remplissait, elle ne voulait tout simplement pas en faire profiter tout le monde et cela avait eu le malheur de complètement la faire se refermer sur elle-même. Elle ne parlait plus à Gabriel, ne vivait plus que pour les jumeaux et ne rentrait à la maison que pour dormir, tard le soir espérant ne pas avoir trop de questions à répondre de la part de son petit ami. Les choses avaient bien changé depuis l’accouchement et les moments qu’ils avaient passé avant où ils étaient tant amoureux… C’était triste mais la jeune maman n’avait tout simplement pas la force de se battre contre cela. Au final, elle subissait et laissait la situation coulée ce qui n’était juste pas la bonne solution. Ce soir, elle préférait une nouvelle fois rester enfermée dans son silence pour ne pas avoir à affronter la réalité des choses. Sauf que Gabriel en avait décidé autrement et alors que la demoiselle était en train de se changer il l’avait rejoint et s’était adressé à elle d’une des plus froides manières qu’il n’avait jamais adoptées envers elle. Son ton lui avait glacé le sang et fait froid dans le dos, la jeune femme ne s’était pas retournée tout de suite le temps de ravaler les larmes qui lui étaient montées aux yeux en l’écoutant. Elle détestait cette situation mais ne savait pas quoi faire, pas comment réagir alors une fois ses yeux bien secs la jeune femme s’était retournée et avait adopté le même ton que lui enfin, elle avait tenté d’être aussi froide que lui car il n’avait l’air de lui montrer aucun sentiment, elle ne voulait donc pas montrer sa faiblesse à elle qui était d’en avoir de très présents et de ne pas savoir les mettre de côté. Très simplement et sans s’étendre pour ne pas avoir à craquer, la jeune femme lui avait donc répondu. « Tu veux que je te dise quoi ? Tu vas bien ? C’est tant mieux pour toi ce n’est pas mon cas ! La nuit dernière ? Je me suis endormie auprès des jumeaux et les infirmières ne m’ont pas réveillé j’ai donc été directement au boulot ce matin et je reviens tout juste de l’hôpital encore ce soir ! Les messages ? Je dois affronter ma vie privée qui n’est pas tendre en ce moment et ma vie professionnelle en même temps qui est le seul truc qui va à peu près, tu m’excuseras donc de ne pas avoir trop de temps pour moi et de ne pas pouvoir faire ce que je veux ! » Elle se battait pour maintenir un cap à sa vie mais ce n’était pas du tout simple… Pas simple du tout même pour ne pas dire un complet désastre sur le plan privé alors elle ne voulait pas que ce soit la même chose sur le plan professionnel. « Et tu sais très bien que je ne t’oublie pas, que tu n’es pas donnée inutile et futile, je pense juste qu’il y a … Enfin je n’ai … Pfff à quoi va nous mener cette conversation Gabriel ? Tu ne te lances pas à corps perdu dans ton boulot toi aussi ? J’oublie de cette manière moi et les seuls bons moments où on pourrait être ensemble, c’est-à-dire à l’hôpital tu n’es pas là ! » Elle avait tous les torts peut être mais il y avait une chose qu’on ne pouvait lui reprocher c’était d’être une mauvaise mère et elle reprochait elle à Gabriel de ne pas être assez présent pour les jumeaux !

Sephora était là bouche bée par tout ce qui venait de sortir de la bouche de celui qu’elle aimait meme si elle le montrait très mal ses derniers temps. Elle était dans l’impossibilité d’avoir une réaction immédiate tellement elle était choquée car depuis la naissance des jumeaux il subissait le fossé qui se creusait de plus en plus entre eux sans rien dire… Aujourd’hui il en avait mare ou ajourd’hui elle avait un peu trop tiré sur la corde… Elle ne savait pas réellement mais elle savait une chose, c’est qu’elle n’en pouvait plus elle non plus de cette situation mais rien n’irait tant que les jumeaux n’iraient pas mieux et ne sortiraient pas… Elle savait que sa souffrance était visible lorsqu’elle était près d’eux, mais c’était aussi le seul moment de bonheur de sa journée que de prendre ses enfants dans ses bras et de les sentir vivants contre elle, de les sentir bien dans ses bras… Elle voulait que Gabriel partage ce moment avec elle mais lui n’en pouvait plus de la voir souffrir en silence ce qu’elle comprenait parfaitement mais elle ne savait pas faire autrement… En effet, elle avait souffert auparavant, elle s’était confiée, avait connu des déceptions et ne savait plus qu’appliquer la méthode de la tortue lorsque quelque chose la blessait maintenant. Après un long moment de silence, la brunette laissa les larmes coulées sur ses joues, c’était les premières que Gabriel voyait depuis la naissance des jumeaux. « Que veux tu que je te dise Gabriel ? Que j’ai envie de me retrouver dans cet appartement pour en profiter avec toi alors que nos enfants vont mal ? Que je suis la plus heureuse des femmes d’avoir eu deux merveilleux bébés avec toi en oubliant que ses deux merveilleux bébés luttent pour rester en vie tous les jours ? Je n’y arrive pas ! Je n’arrive pas à faire semblant et je sais que ce n’est pas cela que tu veux mais ce que je n’arrive surtout pas à faire c’est à partager ma souffrance ! La seule chose que je peux partager car le petit bonheur que j’ai en allant voir mes enfants mais tu n’es pas là ! Non jamais tu n’es là en même temps que moi auprès des petits, jamais tu ne peux voir que je souffre mais que les petits sont mes rayons de soleil ! Alors qu’est ce que tu veux que je te dise ? Je n’en sais rien du tout mais je ne peux pas te dire plus que je ne le fais actuellement, c’est trop dur pour moi ! Et je ne te retiens pas, si c’est trop dur de me voir souffrir en silence, je ne t’ai jamais empêché d’aller voir un ami ou ce genre de chose pour sortir de cet appartement où l’ambiance est plus que déprimante ! » Elle ne le mettait pas à la porte loin de là, elle l’aimait mais elle ne voulait juste pas l’entrainer avec elle dans sa déprime alors il pouvait quitter cet appartement si il le voulait pour aller mieux, pour mieux supporter les choses qu’il avait à traverser. Elle n’avait pas de solution miracle, elle ne savait juste pas partager sa souffrance, s’ouvrir à lui et il n’y avait rien à faire même si elle savait qu’en agissant comme cela elle le perdait petit à petit.