D'ordinaire, Kat était matinale. Aujourd'hui, elle l'avait rarement été autant : elle s'était couchée à plus de dix heures du matin. La fête n'avait pas eu le goût de délivrance qu'elle avait espéré : avant, pourtant, il lui suffisait de quelques bouteilles de vodka et de la musique assez forte pour oublier tous ses problèmes le temps d'une nuit. Elle avait brièvement été en boîte après un début de soirée en compagnie des membres de sa team, mais elle les avait bien vite abandonnés pour se réfugier sur les quais bordant le Brooklyn Bridge. Elle s'était d'abord allongée dans l'herbe sans savoir quoi faire, quoi penser, où aller, et elle avait finalement sorti son iPod. Après ça, les heures étaient passées toutes seules : Kat s'était redressée, elle avait commencé à danser et les musiques avaient défilées. Loin de l'agitation des nightclubs enflammés, elle avait abandonné tout son corps au rythme des chansons qui passaient, s'épuisant les muscles et les articulations dans une improvisation qui battu son propre record d'endurance. Lorsque le soleil s'était levé derrière les buildings, elle avait levé le camp essoufflée et était allée s'acheter un jus d'orange, rentrant à Staten Island pour s'écrouler sur son lit après une douche chaude, longue et salvatrice.

Oui, la vie sans Chris, quoiqu'elle puisse en dire, lui donnait l'impression d'être un zombie. Pourtant, il y avait tellement d'autres choses ! C'était que ce Tallulah & Ben - qui semblait pour sa part plus heureux que jamais, bien qu'elle sache qu'il n'aimait pas particulièrement la voir comme ça - ne cessaient de lui répéter : la danse, d'abord, mais aussi ses études qui lui offraient de nouvelles possibilités. Si elle le voulait, elle pouvait partir où elle voulait pour les prochains mois, avec eux si elle le leur demandait. Kat prétendait que ça allait, mais avec ceux qui la connaissaient vraiment, difficile de les convaincre : deux jours auparavant, elle était entrée dans un conflit violent avec Mickey, le fondateur de leur team, qui lui reprochait sa froideur à chaque fois qu'on la regardait - le truc, c'était que Kat savaient parfaitement ce qu'ils pensaient, tout comme elle savait que Ben jubilait de la savoir séparée de Chris, encore plus que ce soit lui qui ai déconné. Les gens s'attendaient à ce qu'elle fonde en larmes, qu'elle s'exprime, mais elle voulait juste ne pas y penser : le simple fait de savoir que les autres avaient ça dans la tête lui suffisait pour qu'elle soit sur la défensive.

Mais aujourd'hui, c'était différent : à seize heures, Kat avait enfin émergé et après une nouvelle douche, s'était fiée au magnifique soleil qui resplendissait derrière les immenses baies vitrées de sa maison en choisissant une robe printanière. Studieuse, elle alla chercher sur son bureau les informations qu'elle avait récolté de son côté sur Médecins Sans Frontières. La blonde était réellement intéressée par le projet : en plus de permettre d'aider, c'était l'occasion parfaite pour disparaître quelques temps. Sans personne, sans comptes à rendre, juste elle et un pays plein de gens à examiner et à soigner avec tout le savoir médical qu'elle avait rentré dans son esprit à coups de marteaux. Plus de Ben, plus de Chris, juste pour quelques temps, le temps de redéfinir ses priorités qui semblaient trop chamboulées pour se rétablir correctement à New York. Alors évidemment, lorsqu'elle avait entendu la sonnette de la porte d'entrée retentir, elle s'y était dirigée toute guillerette pour faire face, à travers la porte en verre transparent, à Conrad. Sans hésiter, elle lui ouvrit la porte et lui adressa un large sourire. « Salut ! Entre, entre, je t'en prie. » commença-t-elle en appuyant ses paroles d'un geste de la main en direction de son salon.

Pardon pour la longueur *_* et le titre vient de la chanson de Cher Lloyd que je peux plus arrêter d'écouter, du coup j'ai mixé x)

Sa première journée de congé commençait et Conrad était bien décidé à ne pas la laisser passer. A huit heures, le jeune homme était déjà prêt à partir à la piscine municipale en compagnie d'Ivy dans l'espoir de faire plusieurs longueur pendant que sa fille, elle, prendrait une heure avec un professeur particulier. Il préférait qu'elle apprenne à son rythme et en privé dans un premier temps et cela lui permettait aussi d'être en quelques sortes libre durant cette heure de cours. Durant ses années passées en Afrique, il n'avait jamais arrêté le sport et lorsque les infrastructures le permettait, il était le premier à plonger pour une centaines de longueur avant de commencer sa journée. C'était un moyen de se défouler, de s'épuiser sans doute un peu, mais ça lui faisait un bien fou. Après une cinquantaine de longueurs, il s'arrêtait pourtant pour prendre la place de spectateur et constaté les progrès d'Ivy. D'après le maitre nageur, quatre ans était l'âge idéal pour apprendre vite et surtout, elle semblait adorait ça. Durant ce laps de temps, il la voyait concentrée, souriante. Cet air absent et ce sourire triste qui l'accompagnaient régulièrement disparaissaient, ce qui était positif d'après les psychologues qui la suivait.

Histoire d'être récompensés et de réduire à néant tous les efforts qu'ils venaient tout deux de fournir, à midi ils prenaient place au McDonald pour s'enfiler un bon menu. Conrad ayant des plans pour la fin de sa journée et comptait donc suivre les moindres de caprices de cette petite tête blonde pour apprnedre à la connaître au maximum. Entre ses absences liées au boulot et les moments ou elle restait simplement dans sa carapace, il avait parfois beaucoup de mal à la cerner et à être certain qu'elle était bien avec lui. Au fond, il n'était qu'un inconnu à ses yeux, un inconnu qu'elle commençait à appeler papa de temps en temps, non sans analyser sa réaction. Conrad se demandait comment elle gérait tout cela intérieurement à seulement quatre ans, alors que lui même ne savait pas toujours comment agir. Il avait au moins la chance d'avoir une petite fille calme et polie : si sa mère n'avait pas jugé bon de le prévenir, elle avait au moins le mérite d'avoir élever leur fille correctement, et elle n'avait manqué de rien. Conrad avait envisagé un passage au zoo ou encore au parc pour enfants mais Ivy avait rapidement demandé à rentrer à l'appartement pour dessiner. Encore un détail qui l’inquiétait. C'était un moment privilégié qu'elle leur accordait à tous les deux, mais il avait toujours cette crainte qu'elle se renferme du reste du monde. L'après-midi s'achevait donc dans le calme plat, ou presque, puisque Litzy lui signalait avoir des plans pour la soirée, autrement dit, il pouvait oublié sa soirée en compagnie de Kat. Non pas qu'Ivy soit réellement une contrainte mais s'il pouvait lui épargner une soirée à mourir d'ennui ou elle ne comprendrait pas le moindre mots, c'était préférable.

Après une brève hésitation, il finissait par crier au secours auprès de l'une de ses meilleure amie, Ana. Elle n'était pas habituée avec la petite comme l'était Litzy, mais Conrad avait une confiance aveugle envers la jeune femme et Ivy semblait l'apprécier. Une fois Ana présente, il passait rapidement sous la douche avant de prendre la route, non sans un tas de documentations qu'il avait collecté au cours de ces dernières années. Par réflexe, il inspectait la porte d'entrée à croire que celle-ci pouvait lui sauter dessus à tout moment - avant de finalement porter son doigt sur la sonnette. En quelques secondes à peine, la jeune femme lui ouvrait la porte, tout sourire. Suivant son geste, il passait la porte d'entrée, marquant immédiatement une pause ensuite pour la laisser le dépasser et le guider puisqu'il ne connaissait pas les lieux. « Merci, je te suis. » Il avait du passé pour un fan des dramas la dernière fois et espèrait bien rattraper le coup ce soir, en se la jouant un peu plus décontracté. Maintenant que la pilule était passée, il comprenait plus ou moins qu'elle aie pu y attaché aussi peu d'importance. « Sans savoir les plans de la soirée en dehors de MSF, j'ai toujours pris ça. » Levant la main, il lui signalait la bouteille de vin qu'il avait à la main avant de la poser sur la table. Ils étaient là pour parler sérieusement mais ils pouvaient tout aussi bien le faire et commander à manger, ou juste boire un verre, l'un n'empêchait pas l'autre.

Recevoir et discuter avec Conrad était facile : ils ne s'étaient pas vus depuis des années jusqu'à ce qu'ils se retrouvent dans un amphithéâtre de Columbia et il ne savait donc pas si certaines de ses attitudes étaient "habituelles" ou pas, il ne savait pas ce qu'elle traversait en ce moment et n'avait donc pas ce regard qu'elle détestait déceler chez les autres, et surtout il avait des récits exotiques à lui raconter pour lui changer les idées. « Merci, je te suis. » lui dit-elle alors qu'elle refermait la porte derrière eux, avançant vers le salon pour finalement atteindre la cuisine, prenant les papiers qu'elle avait posé sur la table basse du salon au passage. « Sans savoir les plans de la soirée en dehors de MSF, j'ai toujours pris ça. » La blonde se retourna et sourit en remarquant la bouteille qu'il tenait en main et qu'il posa sur la table. Son sourire s'élargit et la jeune femme esquissa une mimique satisfaite. « J'allais te proposer à boire ! Tu apportes mieux que le seau et les médicaments que je pensais avoir. » répondit-elle en ouvrant un placard pour en sortir deux verres à vin. Elle fit mine d'hésiter et elle releva les yeux vers Conrad en levant un sourcil. « Essaierais-tu de me charmer avec du bon alcool ? » demanda-t-elle, très suspicieuse. Gosh, la mesquinerie ne l'atteignait pas seulement en ce qui concernait Chris & Lucja, même Conrad en faisait les frais ! Se souvenant de sa réaction lorsqu'elle lui avoué son âge, elle hésita quant à la conduite à prendre mais, finalement, mit rapidement fin à sa comédie et sourit à Conrad. « Je plaisante, hein. » répondit-elle devant l'attitude du jeune homme [I guess x)] reprit-elle avec un amusement non-dissimulé, cherchant un instant de quoi débouchonner la bouteille.

Après avoir rempli un seau de glace et y avoir glissé la bouteille, elle invita Conrad à s'asseoir sur l'un des tabourets de l'ilôt central. Elle fit glisser jusqu'à Conrad les quelques prospectus et pages internet qu'elle avait trouvé sur Médecins Sans Frontières, et s'humecta les lèvres avant de se mettre à parler avec rapidité. « Ok, j'ai fait quelques recherches, et ça m'a vraiment donné envie d'en savoir encore plus. » Elle s'assit à son tour sur l'un des tabourets et posa son regard sur Conrad, souriante. « Comme je te l'ai dit, j'ai un été à occuper et c'est vraiment ce dont j'aurais besoin. » reprit-elle en hochant la tête : oh oui, elle voulait partir. New York l'étouffait, ses amis l'étouffaient, son frère l'étouffait, la simple pensée de savoir Chris à quelques kilomètres à peine d'elle l'étouffait. « Tu penses que si je postules, ça pourrait se faire aussi vite ? » demanda-t-elle finalement en fronçant légèrement les sourcils.

Maaaah c'est fait-par tu le sais
Pardon j'ai fait court mais le MP au milieu du RP m'a déconcentrée x)

En voyant le sourire radieux de la jeune femme, Conrad en venait presque à culpabiliser. Il était facile de passer une bonne soirée, alors qu'il confiait Ivy à Ana qu'elle n'avait vu qu'à quelques reprises. Le jeune homme ne disposait pas d'un livret de bonne conduite à suivre en tant que père et finissait par se dire que les parents devaient bien s'accorder une soirée ou l'autre de temps en temps. N'étant pas un fin consommateur de vin, il observait l'étiquette alors même qu'elle cherchait des verres en espérant qu'il ne soit pas trop mauvais. « J'allais te proposer à boire ! Tu apportes mieux que le seau et les médicaments que je pensais avoir. » Conrad haussait un sourcil en affichant un petit sourire en coin. Le médecin avait effectivement pensé aux glaçons dans la voiture mais avait préféré faire une entrée un peu plus calme au final. « Goute le avant de juger... parce que je t'avouerais que je n'y connais rien en vin! Et puis tu as meilleure mine que ce à quoi je m'attendais, faut croire que tu gères vraiment bien l'alcool! » Selon ses dires hier, le fait d'être russe lui donnait un excellent entrainement, à croire que c'était génétique. Il n'était jamais passé par la Russie mais certaines soirées devaient faire des ravages, surtout sur les étrangers moins aptes à suivre la cadence. « Essaierais-tu de me charmer avec du bon alcool ? » Conrad ne pouvait s'empêcher de la regarder incrédule un instant, en espérant qu'elle plaisantait simplement. Ça ne lui était jamais venu l'esprit, pas ce soir ni au cours de sa jeune vie. Il était plutôt celui qui ramenait les filles chez elles quand elles se retrouvaient au bout de leur vie et dormait sur le canapé en priant pour ne pas avoir à leurs tenir les cheveux de la nuit. Certains le voyait comme quelqu'un de beaucoup trop sérieux, de "pas marrant", mais il s'en moquait. Son air devait réellement paraître douteux puisqu'elle s'empressait d'ajouter qu'elle plaisantait, ce qui mine de rien le rassurait. « J'ai pas eut besoin d'alcool pour te charmer la première fois, j'ose espérer que je n'ai pas pris tant de rides pour en avoir besoin maintenant... » Il parlait sur le ton de la plaisanterie et lui adressait un clin oeil. Il n'était pas là pour la séduire, aussi belle soit-elle.

« Ok, j'ai fait quelques recherches, et ça m'a vraiment donné envie d'en savoir encore plus. » Fini la plaisanterie, Kat semblait réellement motivée à en connaître plus sur MSF, il pouvait au moins se vanter d'en avoir à moitié convaincue une sur sa salle de conférence. Prenant les documents qu'elle lui glissait, il les feuilletait rapidement tout en l'écoutant. « Comme je te l'ai dit, j'ai un été à occuper et c'est vraiment ce dont j'aurais besoin. » Conrad avait du mal à imaginer une jeune femme comme elle, pleine de ressources, avoir des besoins urgents de plans, mais il ne relevait pas sans savoir si c'était le sujet à aborder ou à éviter. « Tu penses que si je postules, ça pourrait se faire aussi vite ? » Grimaçant, il observait la suite des documents pour voir jusqu'ou elle avait approfondi sa recherche. « Ça dépend... il y a tout un tas de tests à passer au préalable sur tes aptitudes, des tests médicaux aussi. De nombreux vaccins à faire plusieurs semaines avant le départ... Il faut généralement s'y prendre au minimum six mois en avance. » Il s'était inscrit au début de sa troisième année pour ne partir qu'en aout de l'année suivante, mais il était peut-être possible de faire bouger les choses beaucoup plus vite. « Après s'ils sont sur des projets ou ils ont cruellement besoin de personnel tout de suite, tu as tes chances. » Basé en Afrique du Sud, Conrad avait souvent du bouger en 'urgence' après une catastrophe naturelle ou une épidémie. « Le mieux c'est quand même que tu te rendes aux bureaux, niveau départs ils seront surement te renseigner mieux que moi. » C'était mal partit, il était déjà incapable de répondre à sa première question, mais il ne s'était pas vraiment tenu au courant des projets en cours depuis son départ. « Je t'imaginais plus combler ton été par des vacances aux Bahamas! » Finissait-il par avouer en souriant. Non pas qu'il la voit comme une fille superficielle mais Conrad l'imaginait quand même plus se prélasser sur la plage que les pieds dans la boue entouré de malades. « T'es sure de toi ? C'est pas facile à gérer émotionnellement... Tous les jours on perd plusieurs personnes, c'est loin d'être aussi facile que dans un simple hôpital. » Il ne doutait pas de sa force, mais lui même avait eut des coup dur à gérer au cours de ces cinq dernières années, si elle partait, il préférait qu'elle sache à quoi s'attendre.

« Goute le avant de juger... parce que je t'avouerais que je n'y connais rien en vin! Et puis tu as meilleure mine que ce à quoi je m'attendais, faut croire que tu gères vraiment bien l'alcool! » Il n'y avait pas de quoi être fier et pourtant, Kat se tourna un instant vers Conrad avec un large sourire très "what did you expect ?" Elle ne savait pas vraiment si sa résistance à l'alcool - et surtout sa capacité à récupérer - était due à son sang russe ou si c'était l'habitude de ses jeunes années qui avait rendu son corps capable de drainer la vodka comme de l'eau de source.

Comme elle s'y était attendue, le jeune homme parut déstabilisé par la réplique de la jeune femme, mais sembla se reprendre lorsqu'elle lui avoua plaisanter. Pire, il répliquait ! « J'ai pas eut besoin d'alcool pour te charmer la première fois, j'ose espérer que je n'ai pas pris tant de rides pour en avoir besoin maintenant... » Kat ne put que hocher la tête : il avait raison, aucun des deux n'avait eu besoin d'alcool pour charmer l'autre, trois ans auparavant, et Conrad avait à vrai dire pris non pas des rides mais du charme avec l'âge. « Pas faux... » avoua-t-elle simplement en faisant mine d'être particulièrement intéressée par la façon dont elle allait débouchonner sa bouteille.

Un instant plus tard, ils étaient rentrés dans le vif du sujet : MSF. « Ça dépend... il y a tout un tas de tests à passer au préalable sur tes aptitudes, des tests médicaux aussi. De nombreux vaccins à faire plusieurs semaines avant le départ... Il faut généralement s'y prendre au minimum six mois en avance. » Kat grimaça en plissant du nez et sa bouche esquissa une mimique gênés : évidemment, elle croyait que tout allait lui tomber dans la bouche mais elle n'avait pas pensé un seul instant à toute la préparation.« Après s'ils sont sur des projets ou ils ont cruellement besoin de personnel tout de suite, tu as tes chances. Le mieux c'est quand même que tu te rendes aux bureaux, niveau départs ils seront surement te renseigner mieux que moi. » Espoir ! La blonde releva les yeux vers Conrad et un sourire éclaira de nouveau son visage. Elle voulait tellement partir, maintenant ! Ca semblait idéal pour elle, pour oublier, pour se consacrer uniquement à ceux qui en avaient vraiment besoin et mettre de côté ses problèmes qui lui paraissaient insurmontables mais qui, face à des malades sud-africains sous-alimentés et exposés aux pires maladies, pouvaient pousser leur dernier soupir à chaque instant. « J'irais me renseigner alors. Ils peuvent m'envoyer où ils veulent, tant qu'on a besoin de moi. Je serais vraiment pas difficile. » dit-elle, pleine de bonne volonté. Le test d'aptitudes, de connaissances médicales, les vaccins, rien ne lui faisait peur. « Je t'imaginais plus combler ton été par des vacances aux Bahamas! » Surprise par cette remarque, Kat étouffa un rire en gardant les lèvres fermées et concéda sa légitimité à cette pensée en haussant brièvement les épaules. « C'est vrai, j'ai plus l'habitude des vacances tranquilles où on bronze et où on boit des cocktails toute la journée en changeant de maillot de bain dix fois pour faire le show... Mais c'est pas ça qui m'intéresse. Quand j'ai entendu ton discours, et que j'ai fait mes recherches sur MSF, je me suis rendue compte que c'était d'un égoïsme fou, je dépense des fortunes tous les ans pour faire des fêtes de folie sur des yachts de milliardaires, et clairement, y'a rien de moins productif. Pour une fois, je voudrais être utile, vraiment. » répondit-elle avec sincérité : bon, elle continuerait sûrement de dépenser avant de partir, puis après, et probablement aussi jusqu'à la fin de sa vie, mais le fait était là : Conrad, à travers sa conférence, lui avait montré qu'il y avait beaucoup plus. C'était ça, la pauvreté et le malheur qui étaient tabou au manoir ou auprès de la Haute, ce dont on ne devait pas parler parce qu'on estimait ne rien pouvoir y faire de toute façon. Kat voulait changer ça, elle voulait aider, comme Conrad le faisait, comme Tallulah le faisait. « T'es sure de toi ? C'est pas facile à gérer émotionnellement... Tous les jours on perd plusieurs personnes, c'est loin d'être aussi facile que dans un simple hôpital. » Kat fronça légèrement les sourcils : évidemment, elle savait qu'elle ne pourrait pas sauver tout le monde. Avec ses connaissances et son niveau d'étude médicaux, elle serait probablement reléguée à la distribution des compresses, d'ailleurs, mais c'était déjà ça. « Je m'en doute, oui... Tu parles en connaissance de cause ? » lui demanda-t-elle finalement.

Il avait eut tord de douter d'elle et elle lui prouvait ce matin avec une mine radieuse pour quelqu'un qui avait eut une longue nuit. Quand bien même il aurait voulu la souler, il pouvait rentrer se cacher avec son unique bouteille de vin, alors que la vodka même avait peu d'effet sur elle. Même s'il n'avait rien d'un Don Juan, il savait que son âge n'était pas un frein pour la plupart des filles qu'il côtoyait, plus jeunes que lui. Conrad n'avait rien d'un " dépressif de l'âge" qui râle à chaque anniversaire d'avoir pris une année de plus, mais mine de rien, celles-ci commençaient à défiler et le rapprochaient dangereusement de la trentaine. « Pas faux... » A présent il la bénissait de se contenter de cette simple réflexion et de ne pas le charrier sur ce point.

Le jeune médecin ne voulait pas briser ses espoirs, mais il fallait bien avouer que les démarches étaient nombreuses et surtout longues parfois, le mieux était quand même qu'elle n'aie pas ce départ en tête au risque d'être déçue. Il n'était toute fois pas spécialiste niveau délais, après tout c'était peut-être possible, surtout si elle pensait à partir en tant que bénévole. Lui s'y était rendu en tant que médecins et sur du long terme, ce n'était sans doute pas les mêmes procédures. « J'irais me renseigner alors. Ils peuvent m'envoyer où ils veulent, tant qu'on a besoin de moi. Je serais vraiment pas difficile. » Conrad ne pouvait s'empêcher de sourire face à sa détermination à partir, à croire que New York risquait fortement de disparaître et qu'il était temps pour elle de disparaître avant la fin. « C'est possible qu'ils aient de plus petits projets pour l'été oui, ils sauront te dire quoi mieux que moi mais ne traine pas pour te renseigner! » Surtout si elle envisageait un départ dans moins d'un mois. « C'est vrai, j'ai plus l'habitude des vacances tranquilles où on bronze et où on boit des cocktails toute la journée en changeant de maillot de bain dix fois pour faire le show... Mais c'est pas ça qui m'intéresse. Quand j'ai entendu ton discours, et que j'ai fait mes recherches sur MSF, je me suis rendue compte que c'était d'un égoïsme fou, je dépense des fortunes tous les ans pour faire des fêtes de folie sur des yachts de milliardaires, et clairement, y'a rien de moins productif. Pour une fois, je voudrais être utile, vraiment. » Il la savait fortunée même s'il n'avait jamais a cherché à savoir pourquoi ni comment, vu que ça ne l'intéressait pas vraiment. Et comme toute personne fortunée, elle profitait de cet argent sur les plus belles plages du monde, elle le lui confirmait d'ailleurs à présent. « C'est certain qu'une fois sur le terrain, c'est bien loin d'un vacances... le seul point commun reste le soleil et encore, là bas c'est une plaie qui t'empêche de te concentrer tellement il fait étouffant, c'est loin d'être le bonheur quand il tape. » Généralement, une fois que le soleil tapait, tout le monde sortait les bikinis et étaient motivés pour une petite fête sur la plage ou une bonne virée avec les amis. « Même si c'est loin des yachts, je suis certain que tu ne vas pas le regretter! Et crois moi que tu ne te sentiras jamais inutile là bas, chaque minute est précieuse. » Les journées semblaient parfois sans fin, non pas par obligation mais par volonté de continuer à les aider. Ce n'était pas rare de devoir abandonner ces personnes parce que le chef exigeait qu'ils se reposent pour le lendemain. « Je m'en doute, oui... Tu parles en connaissance de cause ? » Pinçant les lèvres, Conrad hochait la tête pour le lui confirmer. C'était inévitable et ils y étaient préparer par des psychologues avant le départ ainsi que sur le terrain, mais cela n'aidait pas toujours à accepter le désastre. « Malheureusement c'est impossible d'y échapper. Le plus dur c'est les enfants... tu n'imagines même pas le nombre d'enfants que j'ai vu mourir sans pouvoir y faire quoi que ce soit ces cinq dernières années... » Parce qu'ils arrivaient trop tard, parce qu'ils n'avaient pas le matériel ni les soins nécessaires ou tout simplement parce que c'était incurable. « Parfois je rêverais d'y retourner, j'ai l'impression de perdre mon temps à New York... mais le nombre de maladies auxquelles on est confrontés, le nombres de personnes qui décèdent sous nos yeux, c'est beaucoup trop pour Ivy. » Elle était l'unique personne qui le retenait à présent à New York et pour rien au monde il ne risquerait de la perdre en tentant de sauver la vie d'autrui. C'était égoïste, refuser de risquer la vie d'une personne alors qu'à côté des centaines d'autres comptaient sur eux, mais elle était ce qu'il avait de plus cher et cela ne changerait rien. Bien qu'il manquait d'effectifs, Conrad tentait de garder en tête qu'il y avait la relève, certains rentraient alors que les plus jeunes partaient pour reprendre le flambeaux. « Et je ne dis pas ça pour te décourager, au contraire, c'est vraiment une expérience à vivre... mais s'y préparer psychologiquement, ça aide... » Il lui adressait un petit sourire confiant, la sachant capable d'affronter tout cela. Même si elle semblait fragile, du peu qu'il la connaissait, il savait qu'elle était quelqu'un de fort et surtout, elle était volontaire.

Kat n'avait bien évidemment pas cru à proprement parler qu'il lui suffirait de signer un papier pour pouvoir partir en tant que membre de Médecins Sans Frontières, mais elle ne s'était clairement pas attendue à ce que ce soit le temps qui joue contre sa faveur. Néanmoins, lorsque Conrad lui conseilla de se renseigner au plus vite, elle hocha la tête : oh, elle y arriverait sûrement. Elle le voulait vraiment, autant pour les autres que pour elle, et elle ferait tout pour pouvoir y parvenir. « C'est certain qu'une fois sur le terrain, c'est bien loin d'un vacances... le seul point commun reste le soleil et encore, là bas c'est une plaie qui t'empêche de te concentrer tellement il fait étouffant, c'est loin d'être le bonheur quand il tape. Même si c'est loin des yachts, je suis certain que tu ne vas pas le regretter! Et crois moi que tu ne te sentiras jamais inutile là bas, chaque minute est précieuse. » Conrad contrebalançait les points négatif pour un point positif : se sentir utile, savoir qu'on sauvait des vies d'une certaine façon. Après tout, même si c'était sa famille qui l'avaient forcé à poursuivre des études et à les reprendre, c'était elle qui avait choisi la médecine. Elle avait pris ça pour un challenge, réalisant qu'il y avait beaucoup plus que sa petite personne : les gens qu'elle pourrait un jour sauver en bloc opératoire ne seraient pas des mannequins, les consultations pour les maladies ne pourraient pas être approximatives... C'était des vies qui étaient en jeu, et Kat ne vénérait rien de plus que la vie en elle-même.

Seulement, elle savait que ce n'était pas non plus facile, qu'il ne suffisait pas qu'un médecin débarque pour que tout le monde soit sauvé. Et Conrad sembla appuyer cette pensée lorsqu'elle lui demanda s'il l'avait déjà expérimenté. « Malheureusement c'est impossible d'y échapper. Le plus dur c'est les enfants... tu n'imagines même pas le nombre d'enfants que j'ai vu mourir sans pouvoir y faire quoi que ce soit ces cinq dernières années... » Le regard et le sourire de Kat s'assombrirent légèrement et elle fronça les sourcils. La douleur était perceptible au travers des traits du visage du brun et la jeune femme déglutit ne serais-ce qu'en imaginant les situations auxquelles il avait dû faire face. « Parfois je rêverais d'y retourner, j'ai l'impression de perdre mon temps à New York... mais le nombre de maladies auxquelles on est confrontés, le nombres de personnes qui décèdent sous nos yeux, c'est beaucoup trop pour Ivy. » « Ivy, ta fille ? » demanda-t-elle doucement sans pour autant vouloir l'interrompre. Kat hocha pensivement la tête : malgré toutes les horreurs qu'il avait pu voir, il voulait tout de même y retourner. C'était admirable, mais en même temps Kat commençait à paniquer : étais-ce si dur que ça ? Elle se disait forte, capable de tout affronter, mais l'était-elle vraiment ? « Et je ne dis pas ça pour te décourager, au contraire, c'est vraiment une expérience à vivre... mais s'y préparer psychologiquement, ça aide... » Il semblait avoir remarqué son soudain doute, et la blonde répondit à son sourire confiant par un sourire peut-être un peu moins assuré : néanmoins, elle n'avait pas changé d'avis. « Hm... D'après ce que tu me dis, ça en vaut la peine, oui. T'as dû vivre des trucs de fou, faire des rencontres exceptionnelles aussi. Et puis, t'as aussi pu en sauver beaucoup, j'en suis sûre. » répondit-elle, pensive et rêveuse, sans que ça ne ressemble vraiment à une question mais toujours avide de plus d'informations.

Passant une main sur la bouteille près d'elle, Kat en analysa la fraîcheur avant de sembler satisfaite. Jetant un regard à sa montre, elle sourit finalement à Conrad. « T'es pressé, ou tu veux qu'on commande un morceau pour aller avec le vin ? » lui demanda-t-elle tout sourire, réalisant que si on lui demandait de faire la cuisine, elle ne saurait pas faire grand chose de plus que des oeufs brouillés, et encore.

Du coup je savais pas si c'était bon ou pas *veut pas se faire taper sur les doigts* mais prends ton temps pour répondre hein

Lors de cette conférence qu'il avait accepté de faire, Conrad s'était d’avantage appuyé sur les points positifs plutôt que sur les négatifs. Il les avait vaguement énoncés - et toute personne avec un minimum de bon sens s'en doutait - mais il ne les avait pas non plus mit en avant. Son but premier restait de motiver les troupes, de convaincre des médecins sans frontières à devenir et non de les dégouter à vie de tenter l'expérience. Néanmoins, il connaissait Kat un peu plus que les autres et ne souhaitait pas la voir souffrir. Sa force mentale n'avait sans doute rien à voir avec sa taille de guêpe, il n'empêche qu'il avait tendance à vouloir la protéger et la préparer du mieux qu'il le pouvait. « Ivy, ta fille ? » Une nouvelle fois, il avait réussit à parler d'elle plutôt que de rester concentré sur l'essentiel. Conrad avait l'impression de devenir l'un de ses parents émerveillé et qui ne pouvait s'empêcher de parler sans cesse de sa progéniture. Non pas quoi ce soit négatif, juste bizarre quand on savait qu'il ignorait jusqu'à son existence quelques semaines plus tôt. « Oui, elle même. » Confirmait-il avec un petit sourire aux coins des lèvres. Il allait lui éviter toute l'histoire concernant Savannah, son décès et le fait qu'il ignorait son existence.

Kat en revenait d'ailleurs à la conversation principale, ne faisant qu'une légère parenthèse d'ivy, ce qui l'arrangeait pas mal. Conrad finissait par être agacé de devoir justifier le fait qu'il n'aie pas été présent pour sa fille durant ses premières années, même si au final il terminait son histoire blanchi, inspirant limite de la pitié. Le simple fat de tout reprendre à zéro était juste lassant, se contenter de dire qu'il était papa, c'était bien plus simple. « Hm... D'après ce que tu me dis, ça en vaut la peine, oui. T'as dû vivre des trucs de fou, faire des rencontres exceptionnelles aussi. Et puis, t'as aussi pu en sauver beaucoup, j'en suis sûre. » Oh que oui ! Autant il pouvait compter sur ses amis ici, adorait pas mal d'entre eux, autant là bas c'était encore différent. Ce n'était pas des amis qu'il s'était fait sur le terrain mais de la famille, des personnes sur qui il pouvait compter quoi qu'il arrive. Il ne se permettrait jamais de leur demander quoi que ce soit, n'y retournerait peut-être même jamais, mais le simple fait de les savoir aussi fidèle et reconnaissant était parfait. « C'est vraiment différent des gens que tu peux soigner ici, oui... là bas tu n'es pas le chirurgien qui est payé pour réussir ce qu'il entreprend, mais une sorte de sauveur... Un ami aussi, on est bien plus proches de nos patients, des familles, au final t'as un peu l'impression de faire partie intégrante de leur vie. Et puis ce n'est pas du chacun pour soit, ils ont le coeur sur la main alors qu'ils vivent l'horreur tous les jours. Enfin je pourrais en parler des heures mais sincèrement, si tu te sens capable de supporter les moments les plus difficiles, n'hésites pas. » C'était sans doute un avis assez négatif qu'il se faisait du métier sur le territoire américain, mais disons qu'il avait souvent l'impression d'être un robot lorsqu'il arpentait les couloirs du Lennox Hill. Il lui fallait juste un petit temps d'adaptation, si Tamsin était parvenue ainsi que pas mal d'autres, il n'y avait pas de raisons que lui échoue.

« T'es pressé, ou tu veux qu'on commande un morceau pour aller avec le vin ? » Conrad observait sa montre un instant, avant de finalement se dire qu'il n'était pas pressé. Même s'il avait l'impression de l'abandonner, il pouvait lui aussi s'accorder une soirée de temps en temps. « J'ai une baby-sitter pour la petite, donc pourquoi pas! A condition que tu n'envisages pas les sushis, évidemment. » Conrad n'était pas difficile et mangeait généralement de tout, mais il n'était pas un grand fan de poisson et cru, c'était bien pire.

Si, dans un premier temps, Kat souhaitait s'engager dans Médecins Sans Frontières pour fuir New York, Chris et tout ce qui s'y rapportait de près ou de loin, elle se rendait compte qu'il y avait beaucoup plus au-delà de ça. En écoutant Conrad, elle imaginait certes les difficultés auxquelles les médecins et autres bénévoles, mais elle voyait également toute la beauté du geste et des aventures à vivre. « C'est vraiment différent des gens que tu peux soigner ici, oui... là bas tu n'es pas le chirurgien qui est payé pour réussir ce qu'il entreprend, mais une sorte de sauveur... Un ami aussi, on est bien plus proches de nos patients, des familles, au final t'as un peu l'impression de faire partie intégrante de leur vie. Et puis ce n'est pas du chacun pour soit, ils ont le coeur sur la main alors qu'ils vivent l'horreur tous les jours. Enfin je pourrais en parler des heures mais sincèrement, si tu te sens capable de supporter les moments les plus difficiles, n'hésites pas. » Kat se contentait d'écouter le jeune homme avec attention. Il était sincère, il ne lui cachait pas les épreuves que son engagement impliquait mais la façon qu'il avait d'en parler montrait que le positif l'emportait. Alors qu'elle lui demandait si il voulait rester pour la soirée, emportée et intéressée qu'elle était d'en savoir plus, il lui répondit rapidement « J'ai une baby-sitter pour la petite, donc pourquoi pas! A condition que tu n'envisages pas les sushis, évidemment » et lui arracha un sourire avant de lui répondre. « Pas de sushis alors. Je vais voir ce qu'on peut avoir. »


La soirée était bien avancée : les plats à emporter qu'ils avaient mangé en discutant gisait sur la table basse du salon et les deux jeunes gens étaient assis sur le canapé. Kat avait été avide de plus d'informations, d'aventures que Conrad avait vécu, des gens qu'il avait rencontré, et avait assailli l'américain de questions pendant tout le repas. La première fois qu'ils s'étaient rencontrés, ils n'avaient pas vraiment eu l'occasion de discuter... Et n'en avaient pas non plus ressenti le besoin. Là, Kat apprenait à le connaître d'une toute autre façon, avec sa gentillesse et sa bonté, et en buvant une nouvelle gorgée du vin qu'il avait ramené, elle laissa échapper un sourire charmé. « Encore un peu ? » lui demanda-t-elle en se penchant pour prendre la bouteille de vin et se resservir un verre avant d'attendre le sien. « Merci, en tout cas. Je crois que tu m'as vraiment, vraiment convaincue... » souffla-t-elle, le regard brillant.

Conrad avait bien tenté de faire des efforts niveau nourriture - bien qu'à part ça il était assez simple! - mais il n'y avait rien à faire, les Sushis ne feraient jamais partie de son alimentation. Il n'arrivait pas à comprendre comment tous les New Yorkais pouvaient en raffoler à ce point, alors qu'il avait des hauts le coeur à leur simple vue. Kat avait fini par commander à manger et Conrad par lui raconté des anecdotes, en passant de ses plus beaux souvenirs aux pires, il en avait des tas et ne regrettait aucun d'eux, même si ça n'avait pas été facile tous les jours. « Encore un peu ? » Un instant, Conrad réfléchissait à la manière dont il allait rentré, mais il avait toujours les taxis dans le pire des cas. Il fit glissé son verre en sa direction pour qu'elle puisse le remplir à nouveau, avant de le cogné délicatement contre le sien et en boire une gorgée. « Merci, en tout cas. Je crois que tu m'as vraiment, vraiment convaincue... » Même si elle devait être la seule qu'il aie convaincu - il faut dire que les autres n'avaient pas eut le quart des ses récits -, c'était déjà pas mal. « Objectif atteint, je vais demander une médaille! » Conrad lui adressait un sourire avant de détourner un instant le regard. Après trois ans, il devait bien admettre qu'il était toujours aussi charmé par son regard pétillant, les traits qui se dessinaient sur son visage lorsqu'elle souriait ou la manière dont elle pinçait ses lèvres par moment.

Après un bref égarement, il reportait son attention sur la jeune femme, réfléchissant à nouveau au début de cette conversation. Le début et la suite en réalité, elle avait insisté à plusieurs reprises sur ce besoin de s'éloigner de New York pendant un moment. « J'ai le droit de savoir ce qui te donne envie de fuir si vite? » Finissait-il par lui demander, hésitant. Il ignorait si en parler pouvait lui faire du bien ou si au contraire il s'agissait du sujet à éviter à tout prix. Même si elle était réellement intéressée par médecins sans frontières, il était clair que ce n'était pas l'unique raison, sinon pourquoi partir si rapidement et surtout se décider si tardivement? Au fond, ça ne le regardait pas, mais de nature curieuse, il n'avait pu s'empêcher de lui poser la question, c'était en soit un exploit qu'il ne l'aie pas fait plus tôt. Le vin n'aidait pas forcément à la réflexion, Conrad lui avait donc posé cette question sans réfléchir et attendait à présent une réponse, voir un " ça ne te regarde pas ". En attendant que celle-ci n'arrive, il pris une nouvelle gorgée de vin, grimaçant en voyant le visage de Kat se transformer. S'il appréciait tant ce regard pétillant, il avait tiré en plein dans le mil pour l'abattre en une simple question. « Tu peux aussi me dire que ça ne me regarde pas, si tu n'veux pas en parler... » ajoutait-il d'ajouter, en lui adressant un sourire qui se voulait rassurant. Peu importe ce qu'il lui arrivait, il était prêt à l'écouter - voir l'aider s'il le pouvait - mais Conrad ne tenait surtout pas à lui briser le moral pour le reste de la soirée.

« Objectif atteint, je vais demander une médaille! » répondit Conrad à Kat lorsqu'elle lui avoua qu'il l'avait convaincue en ce qui concernait son éventuel engagement pour Médecins sans Frontières. Elle était absolument sincère : elle avait eu un but en voulant partir, et il lui en avait donné une bonne dizaine d'autres en lui racontant ses anecdotes personnelles. Le regard que Conrad détourna par la suite intrigua la blonde, qui crut y lire une certaine gêne agrémenté d'une tension qu'elle ne pouvait qualifier ou ressentir de négative. En réponse, elle fit de même et but une gorgée de vin en plissant des yeux pour s'empêcher de sourire d'amusement et de plaisir.

Elle ne s'était pas attendue à la question qui suivit. « J'ai le droit de savoir ce qui te donne envie de fuir si vite? » Aussitôt, son visage changea et son regard se fixa très brièvement sur Conrad, empli de surprise. Etais-ce si évident que ça ? Pourtant, elle faisait tout pour ne pas y penser, ou du moins ne pas trop dévoiler qu'elle était incapable de ne pas avoir Chris à l'esprit à longueur de journée. Pourtant, elle ne le voulait tellement pas ! C'était plus fort qu'elle - si elle avait été une coureuse, elle aurait sûrement bien vite oublié le jeune homme, mais elle s'était tellement donné corps & âme dans leur relation qu'elle en avait désormais un ressentiment d'autant plus amer. Elle voulait l'oublier, et pourtant elle n'y arrivait pas parce que tout le lui rappelait : les petits restaurants de New York qu'ils avaient essayé ensemble, le quartier entier du Queens, les endroits où il venait la voir danser, les points d'herbe où ils se retrouvaient pendant les belles journées d'été pendant la pause déjeuner du jeune homme, ses propres vêtements qu'elle associait à telle occasion vécue avec lui, son odeur qui semblait la suivre partout, le souvenir incessant, dans sa conscience comme dans ses rêves, de sa présence et de toutes ses attentions... C'était tout autour d'elle, et ça l'étouffait. « Tu peux aussi me dire que ça ne me regarde pas, si tu n'veux pas en parler... » reprit le jeune homme en semblant remarquer qu'il avait touché un point sensible. Prise sur le fait, Kat ne put d'abord que rire nerveusement avant de passer une mèche derrière son oreille. « Désolée, je pensais pas que ça se sentirait autant. MSF m'intéresse vraiment, hein ! Mais... T'as utilisé le bon terme en parlant de fuir. » sourit-elle d'une grimace triste.

Elle n'aurait vraiment pas pensé que le sujet viendrait sur la table avec Conrad... Déjà qu'elle avait du mal à en parler à quelqu'un d'autre que Tallulah ! « J'ai eu une... rupture difficile, récemment. Je l'aimais vraiment, et il est allé voir ailleurs. » C'était un résumé cru, mais malgré tout ce qui tournait autour, elle ne pouvait voir que ça : elle aurait tout donné pour lui, et il s'était donné à une autre pour pas grand chose. « Et j'ai plutôt du mal à passer au-dessus. » reprit-elle avant de partir dans un nouveau et bref rire gêné. Son regard se planta de nouveau dans celui de Conrad et elle haussa doucement les épaules en se mordant les lèvres. « Alors je me dis, MSF... C'est tellement plus ! Tellement plus qu'une peine de coeur, et j'ai l'impression que là c'est une montagne infranchissable, que je pourrais jamais souffrir autant qu'il ne m'a fait souffrir, et je veux sortir de ça. Aider les autres, je suis prête à y donner toute ma force, ça la détournera de lui et ça ne pourra faire de mal à personne. » termina-t-elle avant de baisser de nouveau les yeux en buvant une gorgée de vin, posant le verre sur la table basse en se raclant la gorge de peur d'en avoir trop dit et de s'être une nouvelle fois emportée sur le sujet houleux qu'était devenu sa relation avec Chris.

Convaincu qu'elle l'avait remarqué détourné son attention quelques secondes, Conrad se décidait à imité la jeune femme en prenant son verre de vin à la main pour en boire une gorgée. Il n'en était pas forcément gêné, après tout il lui avait bien comprendre qu'elle lui plaisait dans le passé et elle n'avait pas changé, mais ce n'était pas vraiment la raison de sa présence. Le jeune médecin ne tardait d'ailleurs pas à en savoir plus, regrettant un peu d'avoir posé la question lorsqu'elle lui avouait son envie de fuir. « Désolée, je pensais pas que ça se sentirait autant. MSF m'intéresse vraiment, hein ! Mais... T'as utilisé le bon terme en parlant de fuir. » Il se demandait quel sujet était le sujet que la pauvre avant sans doute voulu éviter et qu'il n'avait pu s'empêcher de mettre sur la table, trop curieux comme toujours. Aussi, sa tache de la convaincre devenait tout de suite moins impressionnante et glorieuse, puisque Kat voulait fuir et dans ces moments là, tout était bon à prendre.

C'est doublement déçu - et surtout mal à l'aise - que Conrad apprenait la réelle raison qui la poussait à partir le plus loin possible de NY. « J'ai eu une... rupture difficile, récemment. Je l'aimais vraiment, et il est allé voir ailleurs. » Conrad ouvrait grand les yeux, assez surpris par sa révélation. Il avait une certaine haine envers l'infidélité et le mensonge en général et ne comprenait pas comment il était possible d'en arriver là. Il avait bien été avec une personne en étant attiré par une autre mais il n'y avait jamais riene ut tant que cette relation n'était pas terminée. « Et j'ai plutôt du mal à passer au-dessus. » La jeune homme se contentait de grimacé face au rire nerveux de Kat, alors qu'elle devait sans doute ravalé ses larmes à ses instants précis et rire pour faire bonne figure. « Alors je me dis, MSF... C'est tellement plus ! Tellement plus qu'une peine de coeur, et j'ai l'impression que là c'est une montagne infranchissable, que je pourrais jamais souffrir autant qu'il ne m'a fait souffrir, et je veux sortir de ça. Aider les autres, je suis prête à y donner toute ma force, ça la détournera de lui et ça ne pourra faire de mal à personne. » Machinalement, Conrad pris sa main dans la sienne, caressant avec son pousse sa peau, comme si ce simple geste pouvait effacer sa douleur. « Je suis désolé, je ne pensais pas toucher un point sensible... » Même si dans un sens, il était content qu'elle lui fasse assez confiance pour se confier à lui, son but n'avait pas été de ruiner la soirée, ce qu'il venait de faire en beauté à coup sur. « Peu importe la raison qui te pousse à partir, je suis sure qu'ils seront contents de t'avoir... Et crois moi qu'il deviendra vite le dernier de tes soucis... mais soit sure d'en avoir envie quand même. » MSF n'était pas non plus la pullule parfaite d'amnésie mais les journées étaient généralement bien assez chargées pour ne penser à rien d'autres qu'au boulot. Le soir en revanche s'avérait parfois long, inactif et cruel puisque c'était le moment idéal pour y repenser. « Il ne mérite même pas que tu y penses une seule seconde et que tu sois dans cet état... même si c'est beaucoup plus facile à dire qu'à faire... » C'était toujours ce qu'on disait, ça n'empêchait pas la blessure d'être ouverte et à vif. Plongeant son regard dans celui de son ex petite amie, il haussait en même temps les épaules dans l'incompréhension. « J'ai du mal à concevoir qu'on puisse tromper une fille comme toi, c'est un connard. » Il ne le connaissait pas, certes, mais il n'avait pas besoin de faire connaissance pour le savoir.

Kat avait un peu honte de se dévoiler ainsi devant Conrad. Après tout, elle ne le connaissait pas si bien que ça, bien qu'ils aient été intimes. Elle avait peur de lui imposer cette histoire qui ne sortait jamais de son esprit et qui, il le savait, pouvait être agaçant ou incompréhensible pour les personnes extérieures à l'histoire, mais elle se sentait également étrangement en confiance avec le jeune américain qui avait bien d'autres qualités que d'être un dieu du sexe et d'avoir le coeur sur la main.

Le jeune homme, après qu'elle eut fini son discours, prit doucement sa main dans la sienne et fit frisonner Kat : ce simple geste la rassurait étrangement mais agréablement. « Je suis désolé, je ne pensais pas toucher un point sensible... » lui adressant un léger sourire, elle voulut s'abstenir de répondre mais ne put s'empêcher de se sentir coupable de le savoir désolé. « Non, t'excuse surtout pas... C'est moi qui suis désolée d'amener ça sur le tapis, j'y pense trop... alors que je devrais pas. » Oui, elle ne pouvait pas s'en empêcher, même après ces quelques semaines Chris - et sa tromperie - était toujours aussi présent dans son esprit. « Peu importe la raison qui te pousse à partir, je suis sure qu'ils seront contents de t'avoir... Et crois moi qu'il deviendra vite le dernier de tes soucis... mais soit sure d'en avoir envie quand même. » Retrouvant immédiatement du poil de la bête devant son ton rassurant, Kat hocha la tête : elle devait penser à ceux qui pourraient avoir besoin d'elle, se donner à fond, c'était de ça dont elle avait besoin, et plus Conrad en avait parlé plus elle en avait eu envie.

« Il ne mérite même pas que tu y penses une seule seconde et que tu sois dans cet état... même si c'est beaucoup plus facile à dire qu'à faire... » avait rapidement repris Conrad, arrachant un nouveau sourire mi-gêné, mi-désolé à Kat. Elle le savait bien, ça, Tallulah & Ben le lui répétaient tout le temps. Elle ne devrait pas être aussi anéantie, elle avait le droit de tourner la page parce qu'elle savait qu'elle n'avait rien à se reprocher dans tout ça, si c'était la faute de quelqu'un c'était celle de Chris, peut-être celle de Lucja [je peux pas faire mon deuil, je dois la mentionner ;-;] Pourtant, elle en était incapable. Enfin, le simple fait qu'elle veuille partir montrait qu'elle y mettait du sien, peut-être qu'il ne suffisait que de ça pour qu'elle se sente mieux ? Elle l'espérait. Lorsqu'elle releva les yeux vers Conrad, son regard se plongea dans le sien. « J'ai du mal à concevoir qu'on puisse tromper une fille comme toi, c'est un connard. » Aussitôt, un sourire fendit le visage de Kat et elle ne put même s'empêcher de laisser échapper un bref rire avant de baisser les yeux. « Ah ça... C'est sûr... » souffla-t-elle, devant admettre que c'était comme ça qu'on le qualifiait la plupart du temps quand ses proches parlaient de lui. La façon dont Conrad avait dit ça était impressionnante aussi, avec une sincérité à en crever, mais lorsque Kat releva les yeux, ce ne fut pas pour le mentionner. « ...Une fille comme moi ? » souffla-t-elle, laissant de côté le sujet de Chris - sur lequel il ne devait pas y avoir polémique - pour adopter de nouveau son attitude légère, levant un sourcil en questionnant malicieusement Conrad du regard.

Pardon j'ai pas fait avancer grand chose x)

Pour un retour dans la vie de la jolie blonde après trois ans, on pouvait dire qu'il avait fait fort, frappant là ou ça faisait mal. Loin d'être son but, il avait à présent envie de trouver n'importe quel autre sujet de conversation, quitte à en venir à parler de la météo, pour lui éviter trop de peine. Le problème était qu'il lui avait maintenant mit cette déception en tête et Conrad savait pertinemment qu'arrêter d'en parler ne lui ferait pas tout oublier d'un revers de main. « Non, t'excuse surtout pas... C'est moi qui suis désolée d'amener ça sur le tapis, j'y pense trop... alors que je devrais pas. » Voilà qu'elle s'excusait d'en parler, le monde à l'envers. Conrad comprenait son besoin d'en parler et surtout le fait qu'elle y pensait constamment, qu'elle le veuille ou non. son histoire avec Mila s'était terminée en "bons termes" et pourtant, il avait mit énormément de temps à ne plus y penser et à avancer sans elle. Lorsque ça se terminait brutalement et sur une déception, il y avait de quoi cogiter. S'étant montré surpris et sans doute déçu en apprenant ce qui la poussait à partir, le jeune médecin se rattrapait en lui expliquant que ce qui la poussait à partir importait peu. Après tout, même si une réelle motivation aidait toujours, de nombreux collègues s'étaient retrouvés là un peu par hasard et avait vite pris court pleinement à cette aventure.

Conrad n'avait pas cherché à insulter son ex petit ami mais il fallait bien admettre que connard était en soit l'un des mots le plus correcte pour le définir, du moins du peu qu'il en savait. une erreur était vite arrivée, certes, il fallait pardonner, apprendre à refaire confiance et tout le blabla qu'on vous sortait, mais dans cette situation, ce n'était pas envisageable selon lui. La confiance était ce qu'il y avait de plus important dans un couple et il était assez difficile d'être à 100% sur de l'autre après ça. Et puis, soyons honnête, si la personne était sincèrement amoureuse, aucune raison n'expliquait qu'il se retrouve dans les bras d'un(e) autre. Il gardait cette théorie pour lui, doutant qu'elle aie envie d'entendre son avis sur la question et bien conscient que tout le monde n'était pas aussi "impitoyable" que lui lorsqu'il s'agissait d'infidélité. « Ah ça... C'est sûr... » Elle ne le contrariait pas, c'était déjà ça de gagner même si la pensée de Conrad ne lui donnait pas forcément le sourire. « ...Une fille comme moi ? » Un sourire se dessinait sur le visage de Conrad, victorieux en quelques sortes, il ne l'avait pas abattue pour la soirée puisqu'elle retrouvait ce petit regard pétillant qui la distinguait des autres. « Tu cherches vraiment les compliments là? » Lui demandait-il en haussant un sourcil, sourire accroché aux lèvres, se demandant s'il devait vraiment dresser une liste. Il s'était en plus assez mal exprimé, s'il trouvait ça encore pire face à une fille comme elle, il avait du mal avec l'infidélité en général, mais le préciser gâcherait totalement ce moment. Fixant son regard dans celui de Kat, il réfléchissait un instant aux mots qui la caractérisaient le mieux, plusieurs réponses lui venant à l'esprit. « Tu es souriante, attachante, toujours de bonne humeur - du moins je ne t'ai jamais vu autrement, à part peut-être ce soir - et puis il faut être inhumain pour avoir envie d'éteindre ce regard pétillant. » Conrad s'arrêtait là, préférant ne pas lui dire qu'elle paraissait aussi petite et fragile, comme une poupée de verre, beaucoup trop facile à détruire et qu'il avait pour sa part plutôt envie de protéger. Il savait que son ex petite amie pouvait aussi se montrer forte et sure d'elle mais ce n'était pas ce qu'il voyait ce soir.

Alors que c'était Kat qui avait rompu avec Chris, qu'on ne cessait de lui répéter qu'elle n'avait rien à se reprocher, la jeune femme ne pouvait pas s'empêcher d'avoir constamment le jeune homme à l'esprit. Même lorsqu'elle avait invité Conrad - qui, d'après la presque totalité des étudiantes qui avaient assisté à sa conférence, était un Dieu vivant -, ça avait été dans l'optique de parler de MSF, donc de son éloignement de Chris et pas pour tenter de charmer de nouveau de médecin aux mains habiles et au coeur d'or.

Seulement, plus la soirée avançait - et même si le sujet s'était imposé au milieu de la conversation - plus Kat avait l'impression de redevenir celle qu'elle était toujours, et pas ce zombie à moitié là. Pendant quelques heures, elle n'était plus "l'ex de Chris" mais juste une étudiante - presque - normale qui buvait du vin sur son canapé avec son ex. « Tu cherches vraiment les compliments là? » Le sourire de Kat s'élargit et, innocente, elle haussa les épaules en détournant une nouvelle fois le regard. A vrai dire, elle avait vraiment du mal à définir la façon dont les autres pouvaient la voir : certains s'arrêtaient à son argent, à ses titres, d'autres la jugeaient pour certains de ses choix... La plupart du temps, elle ne préférait pas savoir. Comment Chris voyait-il Kat, pour l'avoir trompée aussi impunément ? Et c'était reparti... Il ne quittait jamais bien longtemps son esprit. « Tu es souriante, attachante, toujours de bonne humeur - du moins je ne t'ai jamais vu autrement, à part peut-être ce soir - et puis il faut être inhumain pour avoir envie d'éteindre ce regard pétillant. » reprit Conrad, répondant tout de même à la question lancée à la volée de Kat. A l'évocation de son regard, la blonde le releva vers le résident, sentant presque celui-ci pétiller contre ses paupières. L'anglo-russe s'humecta les lèvres, sentant ses joues rosir devant les compliments, et elle but une dernière gorgée de vin avant de reposer son verre, prenant la parole. « Je trouve que tu as un don pour être à la fois adorablement sincère et... » Elle se réinstalla sur le canapé en se redressant, adressant un sourire malicieux au jeune homme. « ... implacablement juste ! » déclara-t-elle en hochant la tête. Oui, elle s'auto-complimentait, ça arrivait, et ça ne faisait pas de mal de temps en temps !

Son "regard pétillant" était revenu, en tout cas. Kat ne savait pas vraiment si c'était à attribuer à l'alcool ou à Conrad - probablement les deux - mais si c'était sa cure, alors elle l'acceptait volontiers. La façon qu'il avait de la regarder, de parler d'elle... Conrad lui montrait qu'elle était toujours désirable. Il était une nouvelle preuve que dans sa précédente relation, ça n'avait pas été elle le problème, et elle ne devait pas se considérer comme en deuil de quoique ce soit. Elle n'était pas enchaînée à Chris, elle ne pouvait pas l'être après ce qu'il lui avait fait. Elle devait tourner la page.

Kat joua un instant avec ses mains, un large sourire sur le visage, et posa finalement son regard sur Conrad. « En tout cas, t'as aussi ramené ma bonne humeur. Tu fais vraiment des miracles. » souffla-t-elle en haussant un sourcil avant d'adresser un sourire qu'elle voulut volontairement charmeur à l'américain. « Je t'ai alpagué dès que t'es arrivé avec MSF & je t'ai même pas fait faire le tour du propriétaire. Tu veux visiter mon humble demeure ? » reprit-elle, pas sûre d'arriver jusqu'aux recoins de sa villa.

Le fait de penser sans cesse à sa voisine - ex fiancée de son frère - n'aidait pas vraiment Conrad à voir les autres possibilités qui s'ouvraient à lui. En ce moment, il tentait d'agir pour Ivy, de prendre toutes ses décisions en fonction d'elle sans se préoccuper de sa propre vie. Et puis lorsqu'il avait une idée, il y renonçait rarement. Le jeune médecin avait pourtant déjà tracé une croix sur Azure, il était hors de question qu'il se passe quoi que ce soit de plus entre eux, mais il faut croire que l'interdit l'attirait encore plus. Les charmes d'Emma n'avaient eut aucun effet sur Conrad qui la voyait simplement comme une personne adorable, tout comme il était venu aujourd'hui rejoindre Kat sans la moindre arrière pensée. Ex ou pas, malgré les multiples charmes de la jeune femme, il avait envisagé la soirée telle qu'elle se déroulait jusqu'ici, à parler surtout de MSF.

Jusque maintenant. Le simple fait de la complimenter, de voir ses yeux brillants se poser sur lui et attendre la suite lui rappelait les bons moments qu'ils avaient passé ensembles. L'avantage lorsqu'il pensait à cette relation était qu'il n'y avait aucune souvenirs amères, pas de regrets, ils avaient profiter des bons moments ensembles et s'étaient ensuite quitter naturellement, sachant parfaitement que ça arriverait dés le début. Même sans le moindre regret, Conrad restait un homme et ne restait donc pas indifférent à la blonde qui se trouvait à quelques centimètres à peine de lui. La seule chose qui le retenait de faire un pas en avant était les confidences qu'elle venait de lui faire. Il savait qu'elle n'était pas au top de sa forme et il n'avait jamais aimé jouer le lot de consolation, ou encore profiter des faiblesses des autres. « Je trouve que tu as un don pour être à la fois adorablement sincère et... » haussant un sourcil, Conrad attendait la suite, souriant en entendant sa conclusion « ... implacablement juste ! ». Elle n'avait pas tord, il était sincère, même s'il choisissait avec soin ses mots, sachant parfaitement ceux qu'elle aimerait entendre. Même s'ils étaient réfléchis, ils restaient sincères et Conrad appréciait le fait qu'elle y croit et le confirme. Le pire dans ce genre de situation était que bien souvent, c'est la personne qui était trompée qui cherchait son erreur, ce qui était complètement ridicule. Au moins, Kat semblait se rendre compte qu'elle n'avait pas un pour-cent de responsabilité dans la connerie de Chris.

Conrad l'observait un instant, sans le moindre blanc. La plupart du temps, les blancs dans une conversation entrainaient automatiquement un gêne d'un côté ou de l'autre, lui se sentait simplement détendu et attendait un geste de sa part. Il ignorait si elle voulait continuer de parler de sa rupture ou encore reprendre leur conversation sur MSF malgré tout ce qui avait déjà été dit. « En tout cas, t'as aussi ramené ma bonne humeur. Tu fais vraiment des miracles. » Conrad lui adressait un nouveau sourire. « Ravi de t'être utile! Ça change de faire des "miracles" avec des mots et pas avec mes mains... » Conrad parlait bien sur de ses passages en salle d'opération ou il passait parfois de longues heures, refusant d'abandonner son patient. Il se rendait tout de même de suite compte que sa phrase pouvait passer d'une tout autre façon, ce qui le fit sourire de plus belle, espérant quand même qu'elle ne le prenne pas de cette façon. « Je t'ai alpagué dès que t'es arrivé avec MSF & je t'ai même pas fait faire le tour du propriétaire. Tu veux visiter mon humble demeure ? » Il répondait positivement d'un signe de tête à cette proposition avant de se lever et lui tendre la main pour l'aider elle aussi à se mettre sur pieds. Une fois debout, Kat ne se trouvait qu'à quelques centimètres de lui, ce qui l'obligeait à faire un pas en arrière pour rompre cette proximité. « Je te suis. » dit-il simplement, tout en faisant un signe de main pour l'inviter à passer devant, puisqu'elle était la maitresse de maison.

Kat sentait doucement l'alcool que Conrad lui avait ramené & qu'ils sirotaient depuis un petit moment et à vrai dire, il fallait avouer que ça faisait du bien. Un peu plus deshinibée, Kat avait bien du mal à cacher son trouble de se retrouver de nouveau proche de Conrad, loin des considérations concernant Chris. Certes, ils venaient d'en parler, mais ce que Conrad lui avait dit plus tôt - ou plutôt les insultes qu'il avait proféré à l'égard de l'ex petit-ami de la blonde - rassurait la jeune femme, qui en fin de compte avait bien la confirmation que ce n'était pas elle, le problème, dans toute cette histoire. « Ravi de t'être utile! Ça change de faire des "miracles" avec des mots et pas avec mes mains... » lui répondit Conrad après que Kat l'ai remercié - à sa façon, certes - pour ses mots de réconfort. Aussitôt, évidemment - avec l'alcool ou tout simplement son esprit définitivement tourné de ce côté -, elle comprit qu'il parlait de médecine mais eut une image tout à fait différente à l'esprit qui devait se lire aisément sur son visage. Lançant un regard entendu à Conrad, la jeune femme se retint de sourire encore plus &, à la place, détourna la conversation sur l'idée de faire un tour du propriétaire. « Je te suis. » lui répondit-il rapidement, faisant hocher la tête à la jeune femme.

La maison que Kat partageait avec son jumeau était un véritable palace moderne. La blonde ignora donc le vaste salon & la cuisine américaine adjacente pour se rendre dans une salle à manger au décor design, par lequel elle sortit sur la terrasse. Celle-ci, tout en bois, possédait en son centre une grande piscine aux bords arrondis, entouré de quelques transats, et d'un barbecue, une table en osier & quelques chaises dans un coin à moitié couvert. Expliquant rapidement à Conrad qu'il n'était pas rare qu'elle organise des fêtes autour de la piscine avec sa promo & celle de son frère, elle traversa la terrasse pour ouvrir une autre porte coulissante, qui les amena tout droit à un escalier d'un blanc éclatant. D'abord vers le bas, elle lui présenta son grand garage, où trois de ses voitures étaient entreposées - la dernière était dans un parking de Manhattan, près du ferry. Vers le haut ensuite, elle arriva au premier étage. « On a sept chambres, je te passe les détails... » souffla-t-elle en ouvrant rapidement la porte de son bureau - croulant de papiers - d'où s'échappa Tiger, son chat, en miaulant avant de disparaître à un coin de couloir. « Le seul endroit interdit à la femme de ménage, comme tu peux le voir. » sourit-elle avant de refermer la porte, ne doutant pas que tous les bouquins entassés sur son bureau n'étaient pas inconnus au médecin.

Elle passa la chambre de son frère, monta un escalier en colimaçon menant à un vaste salle autant utilisée par son frère pour faire la fête que sa soeur pour danser. « Ici, la salle à tout faire. » dit-elle avant de redescendre, continuant son ascension dans le couloir en s'assurant toujours de ne pas devancer Conrad. Enfin, elle arriva à la pièce centrale, la pièce qu'elle attendait de montrer autant qu'elle le redoutait. « Et là, ma chambre... » Elle ouvrit une porte blanche et dévoila une chambre aussi grande que le salon. « Enfin, mon lieu de vie quoi... » Oui, difficile d'appeler ça une chambre ! L'endroit possédait une télé, un ordinateur, son lit mais également une salle de bain qu'on devinait derrière un mur en verre opaque. Dans les tons vert, noir & blanc, avec une majorité de bois & des touches non négligeables de ce rose qu'elle chérissait tant, l'endroit était véritablement l'un de ceux où elle passait le plus de temps. Elle invita Conrad à entrer et l'invita immédiatement à la suivre jusqu'à sa baie vitrée, derrière laquelle on devinait déjà sa terrasse.

Ils étaient au-dessus du point repas près de la piscine, et Kat n'eut pas vraiment besoin d'expliquer à Conrad ce qu'il avait à regarder : de là, ils avaient une vue imprenable sur d'abord sa terrasse, son terrain & la plage, mais également sur la pointe de Coney Island & Middltown, sans compter l'eau envoûtante de Lower Bay. « Pas mal, hein ? » demanda-t-elle après un instant de silence, excitée comme un puce.