« C'est marrant ça fait presque cliché avec la flotte » Presque ? Non pas vraiment... C'était totalement cliché mais je ne pouvais pas faire autrement. Je ne voulais pas la laisser partir, la laisser me filer entre les doigts une nouvelle fois. J'avais fais des erreurs dans le passé et même si, en temps normal, je ne retenais aucune leçon, en ce qui concernait Neige je ne comptais pas refaire la même erreur. Peut être que d'ici peu mon caractère un peu mou referait surface mais je ne l'espérais pas. Il fallait que je sois à la hauteur des attentes de la jeune allemande mais surtout que je me fasse pardonner... Je lui avais à moitié hurler dessus et m'en voulais énormément. Un rien me bouleversait et là, c'était encore pire. J'étais toujours plutôt proche de la jeune femme et fis 'non' de la tête lorsqu'elle me demanda – rhétoriquement parlant – si je voulais rester ici à me les geler. Franchement, j'avais bien d'autres idées en tête comme commencer par se sécher ! Le froid ce n'était jamais bon, la pluie non plus et la sensation d'avoir pissé dans son froc n'était pas vraiment ce que je préférais... J'avais plutôt envie d'un bon chocolat chaud, de vêtements secs et d'un peu de temps au calme avec la jeune Hengel, bien entendu. Me laissant emmener plus loin, je me demandais bien où elle allait m'emmener. Sûrement chez elle, histoire de ne pas être dans mon appartement, dans la chambre où tout avait dérapé. Cela faisait plusieurs heures que j'y pensais et j'avais la folle envie de me frapper le crâne contre un mur pour avoir tout oublié, tout effacé de ma mémoire. « Je suppose que le fait que tu sois là répond à ce que j’ai dis tout à l’heure… enfin bref, on va aller dans mon antre. » La regardant, j'arquais un sourcil et dis « Ton antre ? T'es un orge Neige ? Rassure moi, y a l'électricité et le chauffage chez toi sinon on se réchauffe comment ? » J'avais bien ma petite idée mais pour avoir fais cette bourde un bon nombre de fois aujourd'hui, je préféra garder ma bouche fermer. Il ne fallait pas réveiller le lion qui dormait en la jeune femme. Les foudres de Zeus, j'en avais assez eu pour une bonne semaine ! « Allez, au pire je danserais ça me réchauffera ! Allons chez toi un peu » Un peu, beaucoup. Je me demandais bien si quelque chose avait changé chez la jeune femme. Je n'avais pas mis les pieds dans son appartement depuis si longtemps que tout avait très bien pu changer... La preuve, sur un coup de tête, Alejandro et moi même avions réamménagé tout l'appartement. Salon, salle à manger, cuisine, tout avait été refais du sol au plafond... Voyant un taxi arriver au loin, je lâcha rapidement le bras de la jeune brune, me mis au milieu de la route et fis piler le chauffeur de taxi qui m'hurlait dessus. « Le carrosse de madame est arrivé » Je la laissa s'enfoncer dans ce dernier avant d'y prendre place, laissant glisser un billet plutôt généreux à l'encontre du chauffeur pour avoir la chance inouï de ne rien entendre d'autre que le son d'un mouche voler.

Arrivés à destination, je m'enfonça rapidement dans l'appartement et, en moins de deux, je me retrouva en caleçon. J'avais froid, mon corps était gelé et je ne devais pas attraper de rhume. Fronçant les sourcils, je regarda la jeune femme et dis « Me regarde pas comme ça, j'ai froiiiid. Je vais à la salle de bain enfiler ton peignoir tiens » Je ne lui laissa guère le temps de répliquer que j'avais déjà disparu. Quelle profite de ce moment pour se changer, elle aussi...

« Bah quoi ? T’as froid, moi aussi, et si tu piques mon peignoir je ne vois pas très bien pourquoi je ne profiterais pas du truc ! » Levant les yeux, je vis la jeune femme débarquer à moitié nue. Ça, c'était vraiment quelque chose à laquelle je ne m'attendais pas mais alors pas du tout. J'étais bouche bée, aucun son ne sortait de ma bouche et j'étais pourtant une vraie pipelette lorsque je m'y mettais. J'étais surpris – et le mot était faible – de cette réaction. Après tout, n'était-ce pas elle qui m'avait hurlé dessus des minutes durant puisque nous avions couché ensemble et que j'avais tout gâché ? Voulait-elle me remémorer ce moment d'une façon plus que ludique ? Telle était la question. Mes yeux glissaient sur son corps tout en restant dans le respectable. Neige n'était pas un bout de viande et il était hors de question qu'elle se sente traitée de cette façon. Lorsqu'elle se colla à moi, un large frisson vint parcourir mon échine. Que faire ? Sauter sur place, glisser mes bras autour d'elle ou lui demander ce qu'elle voulait ? «  Si on laisse nos corps geler comme ça et qu’on les expose à trop de chaleur d’un coup, c’est pas bon pour le cœur. Ouaip, ça m’est arrivé d’écouter des cours de Sciences. » La regardant, je ria légèrement tout en passant mes bras autour de son corps et de ses hanches plus précisément. Déposant un baiser sur son front, je dis « Au moins un sur deux qui écoutait plus ou moins en cours c'est pas mal... » Je lui fis un léger clin d'oeil avant d'attraper doucement le peignoir et de le glisser sur ses épaules, couvrant mes avants bras par la même occasion. Il était hors de question que je la laisse se transformer en glaçon sur place et j'étais galant. Moi qui me fichait bien d'autrui en temps normal, dès qu'il s'agissait de Neige, c'était tout autre chose. Souriant légèrement à sa réplique, je dis « T'as trop la classe c'est bien connu ! Après tout, je ne suis ami qu'avec la crème de la crème, tu m'as pris pour qui toi ? » Ironiser au possible pour tenter de rendre cette décision le moins gênant et étrange possible... En temps normal, cela ne nous gênait pas de nous voir dans ces 'habits' mais là, compte tenu des événements récents, c'était tout autre chose. Du moins pour moi puisqu'il semblait que la brunette n'était pas plus gêné que cela. Après tout, vu le corps qu'elle avait, elle ne pouvait pas être gêné ! Me détachant légèrement de Neige, je lui fis un sourire et dis « Tu te sens bien ? On peut aller s'asseoir si tu veux. Ou on peut aussi s'asseoir sur le sol, enfin sur une serviette pour éviter de se geler le cul encore plus » Je lui fis un léger sourire et resserra l'étreinte. Je me demandais sérieusement comment elle faisait pour ne pas faire un malaise sur le champ. La brunette venait de se faire avorter et elle était déjà plus que nature. Me déplaçant de quelques centimètres, je me rapprochais rapidement du radiateur. Certes, il était encore frais mais il allait bientôt laisser s'échapper une douce chaleur qui nous ferait un bien fou ! « Je pourrais rester là, comme ça, pendant des heures » lançais-je à vois basse. J'étais bien, en paix avec moi même et même si je grelottais à moitié, c'était tellement agréable... J'avais ma Neige dans mes bras et pour rien au monde je ne l'aurais laissé partir, c'était strictement hors de question !

Spoiler:

« Tu as l'air d'être gelé... suis moi » Je regarda quelques secondes la belle brune et, sans broncher, je desserra l'étreinte et lui emboîta rapidement le pas. Elle allait sûrement me donner de quoi me sécher pour de bon et enfiler quelques vêtements que j'avais laissé trainé par ci par là. J'étais bordélique, il n'y avait pas à dire et cela ne m'étonnait même pas que j'avais laissé des habits ici, par inadvertance bien entendu. Après, je cherchais mes vêtements des heures durant, pestant contre le monde entier. Une chose était sûre, autant Neige était cérébrale et tout ce qui allait avec, autant j'étais tête en l'air et ne voyait rien arriver avant que ce soit sous mon nez. Je ne faisais attention à rien ni personne. J'avais tellement été dorloté par mon père et enfermé dans une espèce de bulle paternelle que j'étais comme un gosse sans repère depuis mon déménagement. Il fallait que je réussise à trouver mes repères, à avancer comme je l'entendais et non pas comme il le voulait. À ce moment même, il serait sûrement entrain de m'hurler dessus que j'étais entrain de gâcher une amitié pour des broutilles. Il avait toujours eu de drôles de comportement lorsque je m'approchais un peu trop près des femmes. Avait-il réellement peur que je perde une amie ou bien plutôt que je finisse par quitter le cocon familial et prenne mon envol ? Me glissant sous la couette, un léger sourire se dessina sur mes lèvres. C'était bien mieux que le petit peignoir pour deux de la salle de bain. La prenant dans mes bras, je déposa un baiser sur son front et ne bougea pas. Je connaissais assez bien l'allemande pour savoir qu'elle allait bientôt prendre la parole. Cinq. Quatre. Trois. Deux. Un. Comme escompté, la brunette prit la parole et commença à parler et à tout analyser. Comme à son habitude, elle m'avait perdu à la moitié de son récit mais je ne lui en voulais pas. Elle était bien trop stressée pour ne rien dire ou ne rien faire. Cette fille était une vraie pile électrique quand elle s'y mettait et il semblerait que les quelques heures qu'elle venait de passer la perturbaient encore un peu. « Tu essayes de te dominer ? A bon ? » Je ris légèrement avant de la serrer fort dans mes bras. « Je finirais par retourner sur les planches de Broadway et toi voyager mais on se retrouvera. À chaque fois que tu reviendras et puis, je pourrais très bien venir te voir, de temps en temps. T'es ma meilleure amie Neige et je t'ai promis que je serai toujours là et tu me connais, je tiens toujours mes promesses » C'était vrai. Il y avait bien une chose qu'on ne pouvait pas me reprocher, c'était le fait que je tenais toujours mes promesses, qu'elles soient raisonnées ou complètement farfelues. Prenant une légèrement inspiration, je capta le regard de la brune et dis « Et ce baiser, tu veux en dire quoi ? Pourquoi ça veut dire quoi ? T'as pas l'impression que ça semblait si facile, que c'était comme si le monde s'arrêtait de tourner et qu'on était que tous les deux ? Au début je ressentais ça quand on était ensemble un paquet de pop corn à la main. Mais avec le temps, ça a changé. J'dis pas que mater un film avec toi c'est nul mais j'ai l'impression que j'en veux plus » Ce n'était pas qu'une impression après tout. Desserrant légèrement notre étreinte, je pris sa main et entremêla nos doigts. Souriant, je dis « J'ai l'air d'un pauvre con mais ça me fait du bien ce contact. Je te l'ai dis Neige... Tu me plais et pas qu'un peu. Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. Tu es cette personne à mes yeux... » Je lui fis un léger sourire en coin avant de dire « Tu dois sûrement te demander dans quel remake de film à l'eau de rose je te mène là mais c'est pas un film, non c'est la pure et simple vérité et il semblerait que je sois tombé amoureux de ma meilleure amie » C'était tellement étrange dis comme cela et pourtant, c'était la vérité, j'étais tombé amoureux de la brunette il y a bien longtemps. Souriant légèrement, je rajouta « Et j'suis pas tombé amoureux parce qu'on a couché ensemble ahah ! » Ironie bonjour et je risquais fortement de me prendre un coup par la belle brune mais soit, j'étais prêt.

Aussi étrange que cela pouvait sembler, Neige ne m'avait pas dévisagé lorsque j'avais évoqué notre rapport non protégé et le fait que je ne m'en souvenais plus. Cela voulait simplement dire qu'elle était bien trop absorbée par autre chose pour y faire attention. « Comment ça... amoureux ? » Je regarda Neige quelques secondes avant de ne pas relever. Je n'allais pas lui faire un dessin et lui expliquer comment on se rendait compte de l'amour qu'un être humain pouvait en avoir pour un autre. Tout cela avait été amical au début, nos chamailleries, nos rires et nos coups de gueule. Neige et moi étions comme les deux doigts de la main mais avec le temps, la confiance qui s'était installée c'était transformée en quelque chose de plus fort. C'était la première fois de ma vie que je ne ressentais pas que de l'amitié pure et simple pour une jeune femme et je tentais de comprendre ce que tout cela était. C'était de l'amour, il n'y avait aucun doute là dessus. Mon cœur battait la chamade dès que je croisais le regard de la belle, j'étais heureux dès que je me trouvais à ses côtés et il semblerait que tout mon corps lui porte un intérêt particulier. Écoutant les explications – à la limite du soporifique – de la jeune femme, je prenais soin de soulever chaque phrase qui relevait de l'exploit pour Neige. Si notre discussion faisait l'objet d'une téléréalité, la plus part des spectateurs se demanderaient pourquoi je battais à moitié des cils alors que la brunette parlait 'normalement'. Ce que personne ne savait c'était que, pour la jeune allemande, avouer qu'elle n'était pas indifférente relevait de l'exploit intergalactique. Une mouche devait l'avoir piqué ou un extra terrestre était entré en contact avec elle pendant ces derniers mois... J'écoutais ses paroles, sautillant intérieurement. Elle n'était pas prête pour une relation et ça, je pouvais la comprendre. J'entamais seulement ma relation avec Broadway et je me demandais si j'étais prêt à en commencer une avec Neige... Seulement, qui avait parlé de relation, je lui avais juste ouvert mon cœur et j'étais prêt à attendre. Après tout, je n'étais pas un jeune homme qui changeait de partenaires tous les deux jours et je n'étais jamais réellement sorti avec une femme. Je n'étais qu'un adolescent quand on y pensait... La laissant m'embrasser furtivement, je fronça les sourcils lorsque je l'entendis souffler. Pourquoi soufflait-elle, que se passait-il ? J'étais prêt à attendre s'il lui fallait du temps pour mettre de l'ordre dans sa vie puisque, selon ses dires, la vie personnelle et privée de la belle n'était pas vraiment aussi peu calme et douce que pouvait l'être la mienne. « Je suis riche. C’est un fait, c’est putain d’évident… mais disons que c’est pas toujours très honnête ce que je fais pour avoir les moyens que j’ai. Voire même pas honnête du tout… et je pense que tu ne veux ni savoir, ni côtoyer ça à longueur de temps. » Fronçant un sourcil, je cherchais bien de quoi elle pouvait me parler.. Comment pouvait-elle être malhonnête et gagner autant d'argent, je n'en savais strictement rien... Je ne savais même pas si j'avais envie de savoir. Après tout, sa vie privée restait sa vie privée et je n'avais pas vraiment mon mot à dire. Tant qu'elle ne mettait ni sa vie, ni celle d'autrui en jeu, j'étais prêt à faire le sourd d'oreilles. « Tu ne tues personne pour gagner cette argent et tu ne fais pas de la contrefaçon d'art ? » A mes yeux, c'était les deux métiers les plus dangereux qui soient au monde et tant qu'elle ne faisait ni l'un, ni l'autre, cela m'irait très bien. Resserrant notre étreinte, je posa ma tête sur la sienne et dis « Tu sais Neige, je m'en fous que tu sois riche ou pauvre. Si tu veux être honnête à cent pour cent, tu le peux, je ne fuirais pas mais si tu préfères attendre, c'est ton choix » Je ne voulais pas être ce genre de mecs qui forçait son amie à tout lui dévoiler. Prenant son doux visage entre mes mains, je dis, très légèrement « Je ne fuirais pas Neige, je te le promets. Et puis, je ne sais pas ce que tu fais comme métier, du moins pas plus que cela mais si c'est un boulot secret, je pourrais très bien tout cacher si on me pose des questions. Je suis une tombe et je joue très bien le bisounours alors... » C'était une façon comme une autre de la rassurer...

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