Journée sans voir le jour une seule fois. Maggie avait littéralement enchaîné les rendez-vous comme une forcenée, et si Donovan, son bras droit unique et préféré, n’avait pas été en mesure d’arriver à point nommé pour lui offrir le « café du réconfort » elle aurait tout bonnement pété une durite. Personne ne peut tenir un tel rythme sans s’user la santé à la longue, pas même Margaret Bennett. C’est donc sous les douze coups de minuit qu’elle pénétra enfin à l’intérieur de son appartement, épuisée comme elle l’avait rarement été jusqu’à lors, s’étonnant que de la lumière soit allumée alors qu’elle n’attendait personne, surtout à cette heure si tardive. En théorie, Elise devait être soigneusement endormie dans son lit dans leur maison en dehors de New York, il serait donc illogique de la voir ici… par précaution, la pétillante businesswoman ne manqua pas de s’armer d’une batte de baseball se trouvant dans l’entrée, juste au cas où, avant de se pointer dans la cuisine et de découvrir non sans une stupeur particulière sa jumelle, toute à ses fourneaux, manifestement poussée par des pulsions de pancakes. Maggie aurait rêvé de pouvoir voir sa tête à ce moment précis, telle une petite souris, car cela devait frôler le ridicule. « Lizzie ?! » demanda-t-elle, incrédule. « Tu ne devais pas être à l’autre baraque jusqu’à la semaine prochaine ?? » reprit-elle, abaissant bien évidemment sa batte, qu’elle posa dans le premier coin à proximité ainsi que son sac à main, qu’elle balança au sol plus qu’elle ne le posa délicatement. « J’ai clairement loupé un épisode… tout comme la raison pour laquelle tu te tapes des pancakes à cette heure… petit creux nocturne ou c’est encore ton Loulou de Poméranie qui te fais des misères ? Je peux créer un robot pour lui refaire le portrait, si tu veux ! »

Une semaine… vraiment, Maggie planait à cinq mille pour ne pas avoir eu le temps passer à ce point là. Elle plaqua sa main contre son front avec désespoir, se maudissant de ne pas avoir un agenda littéralement ancré dans ce qui lui servait de cerveau. Pourtant, celui-ci était en constante surchauffe et lui servait pour chaque fabrication de robot, ainsi que pour ses sempiternels et interminables rendez-vous. Sauf que là, la pétillante businesswoman avait réussi l’exploit suprême d’oublier que sa sœur revenait à l’appartement. Vraiment, elle se serait mis des baffes d’anthologie. « Non je ne veux pas t’assommer, je pensais qu’il y avait un voleur ! Désolée, je n’ai vraiment pas un agenda à la place du cerveau, c’est plutôt évident maintenant ! » Une chance que Lizzie soit d’humeur à parler de ses amours car de toute évidence, Maggie n’avait aucune intention de parler de son veuvage. La disparition de Bill était encore beaucoup trop présente et il ne fallait pas chercher midi à quinze heures trente pour comprendre que son acharnement au travail en était la principale raison. Sa jumelle devait l’avoir compris, d’ailleurs, et c’était une chance qu’elle ne se soit pas empressée de la questionner sur son état mental… « Tu parles de Gaspar ou j’ai encore loupé un épisode ? » osa-t-elle demander tout en s’asseyant confortablement contre son immense bar, y déposant ses coudes avant de pousser un pénible soupir qui la détendit instantanément. « Tu me donnes tes doléances et je te fais le robot de tes rêves, mais en attendant, va falloir que tu me donnes des détails sur ta vie sentimentale histoire que mon cerveau paumé s’y retrouve ! »

Ah, Maggie et ses sempiternelles absences ! Lizzie était pourtant très bien placée pour savoir à quel point sa jumelle aimait doublement son travail depuis la mort de son époux. Tout était prétexte à retourner au building de son entreprise, à enchaîner les nouveaux contrats jusqu’à ne plus voir le jour pendant des semaines entières. Voilà pourquoi elle était considérée comme la meilleure dans son domaine, bien que cette sorte de couronne ait néanmoins un prix. « Tu sais bien à quel point je suis désolée de ne pas avoir été présente pour lui dézinguer la tête à coup de batte de base-ball à celui-là ! » maugréa Maggie avant de hocher la tête à la proposition de sa sœur unique et préférée. Quelques pancakes dégoulinant de sirop d’érable ne pouvaient lui faire que le plus grand bien, surtout si elles continuaient de parler de la vie sentimentale de Lizzie et non de celle de la pétillante businesswoman ! « Juste une tapette ? Tu es bien trop gentille ma Lizzie je l’ai toujours dit ! Et je ne cherche pas à te caser, mais comme il a l’air de t’imaginer sans vêtements dès qu’il te voit, je me suis dit qu’il aurait sûrement cherché à passer l’étape suivante… j’ai dû lui faire peur remarque, avec mon air aimable numéro trente-trois bis, tu me connais ! Je n’étais peut-être pas là pour l’évènement dont tu as parlé il y a cinq minutes, mais je compte bien être là pour effrayer n’importe quel abruti de bas étage ! » Telle était sa devise. Mais là encore… sa jumelle était habituée depuis le temps !

Maggie ne manqua pas d’éclater de rire face à sa façon de s’exprimer. Décidément, les chiens ne font pas des chats, pensa-t-elle fortement. Mais contre tout ce que son comportement pouvait bien laisser entendre, la pétillante businesswoman était ravie que Lizzie ne reste pas sur un échec… qu’elle se batte pour avoir une belle histoire d’amour. Mieux, elle trouvait cela formidable. Maggie avait connu ce sentiment grisant, faisant perdre tout contrôle, et si cela ne s’était malheureusement pas bien terminé dans son cas, cela ne voulait pas dire que sa sœur ne pouvait pas être heureuse de son côté. Comme toujours, la jeune femme poussait sa jumelle à prendre des risques tandis qu’elle restait soigneusement entourée de ses robots, sans chercher à rencontrer qui que ce soit. C’était plus confortable que de côtoyer de la mécanique plutôt que d’être en face d’un air humain en chair et en os. « Le charmer ? Tu vas le rendre fada oui ! » s’exclama-t-elle tout en se servant un pancake amplement mérité. « Tes pancakes sont toujours autant de la tuerie pure… mais pour en revenir à nos moutons, tu sais bien comment ça marche : je terrorise, tu consoles ! La parfaite combinaison, sœurette ! Cela dit bien sûr que tu peux rester, le temps que tu veux même. Je vais tâcher de libérer mon agenda au max pour qu’on se fasse une sortie shopping. Qui dit homme, dit nouvelle lingerie et nouvelles fringues et crois-moi tu vas pas y couper ma belle ! »

« Le laxatif pour le voisin et le terreau dans la pizza de la voisine ! Je n’oublie jamais nos conneries ma chère sœur… » Il leur arrivait encore de jouer des tours aux gens désagréables qu’elles pouvaient croiser, d’ailleurs, telles les deux gamines qu’elles n’avaient jamais cessé d’être. Maggie ne se trouvait parfaitement dans ses baskets qu’en présence de sa jumelle, d’ailleurs. Personne ne la connaissait mieux, personne n’était capable de la faire rire aux éclats et de lui préparer des pancakes absolument parfaits non plus. Lizzie était parfaite aux yeux de la pétillante businesswoman et loin d’elle l’envie de cesser de le lui faire comprendre. « Adorable ? Si tu aimes le piquant des orties oui, effectivement, je suis adorable ! » De toute évidence, ce bon Gaspar allait probablement regretter d’être tombé dans la famille Bennett. Une fois qu’il se montrerait capable de mettre la piquante jumelle dans sa poche, c’est le père qu’il lui faudrait se coltiner… autant dire qu’il n’avait pas fini d’en baver. « J’espère que tu n’as pas laissé le numéro de sécu de ton ex à papa ou sinon il n’a déjà plus de tête ! Mais sinon… ETAM EN PREMIER ! Je te connais sinon, dès que tu seras au McCafé, impossible de nous déloger ! Ne t’inquiètes pas, tu sais à quel point tu es entre de bonnes mains avec moi… et histoire de faire un effort je ferai des emplettes aussi. Je n’ai absolument pas l’intention de me trouver un Jules de sitôt mais la lingerie, ça fait toujours bien sur soi ! »

Face au compliment adorable dont la gratifia sa jumelle, Maggie était redescendue de son siège de comptoir pour venir l’enlacer en bonne sœur tactile qu’elle savait si bien être dans ses grands jours. « Toi aussi t’es la meilleure jumelle du monde… et de l’univers même ! » se plut-elle à rétorquer aussitôt, sans même imaginer une seconde que Lizzie allait revenir à la charge au sujet de ce foutu assistant n’ayant d’yeux que pour la pétillante businesswoman. A chaque fois qu’elles se rendaient au McCafé, à croire que le destin n’avait de cesse de s’en mêler pour la faire bisquer, l’assistant du responsable au comptoir lui lançait sans arrêt des œillades amoureuses et ne manquait pas de leurs offrir viennoiseries et macarons aux parfums de leurs choix pour faire comprendre à Maggie à quel point elle lui plaisait. C’était implicite, toujours silencieux et donc potentiellement agréable mais vraiment, la jeune femme aimait trop sa réputation de reine des glaces pour la laisser sous l’autel de la séduction. « J’avoue, il est sexy ! Contente ? Tu mériterais que je mette du terreau dans tes pancakes, tu as de la chance qu’ils sont bons ! » maugréa-t-elle faussement tout en se détachant doucement de sa jumelle pour reprendre sa place initiale contre le bar. Vraiment, c’était à qui caserait le plus vite l’autre dans les bras du premier venu… « Par contre, j’ose espérer que tu ne fais pas référence à MON assistant ! Il est trop efficace et je ne veux pas m’en séparer. Toucher la marchandise est donc proscrit ! Franchement, il faut que l’on aille chez Papa et Maman un weekend pour terroriser les voisins… cette manœuvre s’est bien trop perdue à mon goût et j’ai de l’insecticide à revendre ! »

« C’est bien ce que je craignais ! » grogna-t-elle tout en levant les yeux au ciel avant de ne se concentrer sur la dégustation de son pancake. Il fallait que cela tombe sur elle, que Lizzie se mette en tête de la pousser dans les bras de son assistant alors qu’il n’était pas question ne serait-ce qu’une seconde d’outrepasser la relation patronne/employé. Non, vraiment, elle ne connaissait pas la posture dans laquelle cela risquait de la mettre si elle ne faisait ne serait-ce qu’y songer. « Tu as envie que le pauvre bougre pointe au chômage le lendemain de la coucherie ou quoi !? Et puis les hommes, c’est terminé pour moi… à la place, je choisis les pancakes ! » Tant qu’elle ne s’abandonnait pas corps et âme dans l’alcool, c’était toujours ça de prit. Mais Maggie n’était pas excessive au point de chercher à se bourrer gentiment la gueule, ou à prendre des substances illicites. Bien au contraire, elle relevait fièrement la tête et faisait face à sa douleur comme une grande fille. C’était ainsi que Bill aurait voulu la voir réagir, à n’en point douter. « Et bien… tu te souviens de cette vieille bique de Madame Collins, qui n’arrêtait pas de nous rabrouer parce qu’on n’avait pas la poitrine assez développée étant ados ? J’ai bien envie de lui massacrer ses bégonias… bon je ne pourrais pas les lui faire bouffer sans qu’on se fasse pincer, mais genre foutre des sales produits dessus, ça fera du meilleur effet ! Elle aime plus ses plantes que ses enfants, cette sale morue décrépie ! »

« Naaaan je n’aime pas les femmes, ça n’a rien à voir ! » rétorqua aussitôt Maggie, proche de la syncope. A vrai dire, la pétillante businesswoman n’avait jamais imaginé se lancer dans une telle expérience et dans l’état actuel des choses, il valait mieux que personne ne se mette en travers de son chemin. Elle aurait été capable d’envoyer sur les roses n’importe qui se présentant à elle avec l’idée bien arrêtée de la séduire… par chance, la discussion tourna autour de tout à fait autre chose et c’est en pouffant littéralement de rire que Maggie trouva leur petit plan diablement intéressant : justement, s’il y avait leurs parents dans le coin, l’expérience n’en serait que plus piquante ! « Où est l’intérêt si les parents sont à trois mille kilomètres ? Justement, c’est ça qui est bon ! D’accord, possible qu’on se prenne une soufflante comme pendant notre adolescence mais ça nous rappellera des souvenirs… tu sais, quand maman nous faisait un moelleux au chocolat en douce en nous félicitant parce qu’elle ne pouvait pas supporter cette insupportable vieille bique ! » Seule ombre au tableau : Harry. Ce brun était sûrement pire que sa mère ne le serait jamais et ne manquerait pas de venir les emmerder si elles avaient le malheur d’aller passer ne serait-ce qu’un dimanche en famille. Maggie avait des souvenirs cuisants de sa période lycée à cause de cet énergumène des bas fonds ! « Baaaaah… ! Il ne s’est pas encore noyé dans sa connerie cet abruti ? Ne m’en parle pas, il me collait des boutons !! Tu vas voir que spécialement pour nous emmerder, il va venir pile poil au moment où on sera là bas ! Cela dit, il avait des vues sur toi aussi, sœurette… »

Trouver sa moitié en temps voulu… voilà bien une phrase que Maggie n’avait pas entendue depuis des lustres à vrai dire. Depuis les funérailles de Bill, la pétillante businesswoman se refusait à être heureuse. Elle partait du principe que ses robots lui suffisaient amplement et qu’il n’y avait aucun besoin spécifique qu’elle ne se plaigne de son sort. Elle faisait un boulot formidable, pourrait être embauchée à la NASA si elle le désirait… pourquoi se lamenter ? « Je l’avais trouvée ma moitié. Je n’ai pas envie d’en trouver une autre » déclara-t-elle non sans une once de nostalgie dans la voix. Nostalgie qui fut bientôt balayée par le discours de Lizzie, qui n’était pas forcément fait pour plaire à Maggie mais qui ne la dérangeait pas pour autant. « Je ne les ais pas oublié, Lizzie. C’est juste que j’ai du mal à aller dans leur jardin sans me rappeler tout ce que ce foutu saule pleureur représente. Tu te souviens qu’il m’avait demandé ma main sous la pluie et que ça avait faillit tourner au fiasco ? » Maggie se paya un joyeux fou rire avant de laisser esquisser une grimage : diable, mais elle avait envie de la pousser dans les bras de cet imbécile de bas étages ou avait-elle soudainement la berlue ? « Disons que je suis partagée : est-ce que je te casse la tête tout de suite pour tes allusions navrantes ou est-ce que j’attends de pouvoir me venger chez papa et maman ? Telle est la question !! » Maggie n’avait jamais été violente avec Lizzie. Ce n’était qu’une plaisanterie parmi tant d’autres…

C’est un regard attendri que Maggie lança à sa jumelle alors qu’elle lui disait la vouloir heureuse. Oh elle en avait pleinement conscience, et la pétillante businesswoman s’en voulait diablement de ne pas être en mesure de passer outre son deuil pour le moment, mais c’était impossible. Elle n’avait pas dit « oui » à Bill devant témoins pour renier son serment aussi facilement. Aussi vrai qu’elle était fière d’être américaine, Maggie avait du mal à revenir sur une parole donnée. Lizzie était la première à en avoir conscience, d’ailleurs. « Mais je suis très heureuse ! J’ai mes robots, un boulot passionnant, une famille en or… qu’est-ce que je pourrais vouloir de plus ? » D’accord, peut-être y avait-il une rencontre en particulier qui pourrait, à l’avenir, potentiellement faire pencher la balance mais la jeune femme préférait mille fois ne pas se prononcer sur la chose pour l’instant. Il était préférable de rester dans les clous de la logique et d’un environnement connu ! « J’ai du chocolat dans le troisième placard de droite, tu n’as pas farfouillé ? Tu sais bien que tout est rangé méthodiquement chez moi ! » Probablement sa maniaquerie était-elle son pire défaut mais Lizzie ne lui ferait sûrement pas l’honneur de le remarquer. Il ne valait mieux pas… « Qu’est-ce qui t’empêche de courir jusqu’aux bras de ce bon Gaspar, alors ? Arrache-lui sa chemise avant qu’une autre le fasse, c’est un conseil sœurette. Et s’il n’est pas assez vif pour capter que tu es fabuleuse, je me fais fort de lui botter le train pour que son cerveau s’éveille ! File le torchon que je vois si la moustache m’irait ! »

« Ne jamais remettre à demain ce qu’on peut faire tout de suite ! Je prends ma caisse à outs et c’est parti mon kiki pour voir ce qui cloche dans ma porte ! » A la décharge de Maggie, elle n’était pas si souvent que cela à l’appartement et n’accordait donc guère d’importance à la bonne tenue de celui-ci. Une chance que Lizzie soit là, en définitive, car cela lui permettait d’éviter les cambrioleurs. Mais chance plus extraordinaire encore, l’américaine conservait toujours une caisse à outils particulièrement bien fournie, lui permettant de bricoler à peu près tout ce qu’elle voulait en un tour de main… c’était à un point tel qu’elle faisait des envieux dans tout l’immeuble, Lizzie lui en était témoin ! « Du blanc ? Pense à faire péter le Lindor, car c’est mon préféré… » Péché mignon s’était mis à clignoter sur son front jusqu’à ce qu’elle ne voit la gêne de sa jumelle qui lui sauta littéralement aux yeux. « Toi tu serais amoureuse que ça ne me surprendrait même pas ! Allez accouche, ne m’oblige pas à te supplier et en échange, je te donnerais des détails sur une rencontre que j’ai faite… » Pour preuve, Maggie sortit de la poche de son pantalon de tailleur une photographie d’un jeune homme au charisme fabuleux et ce bien qu’il ne soit pas souriant sur le cliché. Un grand dommage, car son visage s’illuminait littéralement quand il se laissait aller à sourire… seul problème : d’une, il était soldat, de deux, il bossait dans l’équipe de leur père… épineux problème, n’est-ce pas ? « Sexy, c’est déjà un commencement, mais je veux des détails ! »

« Pour l’instant je n’ai rien en tête mais si j’ai besoin de quelque chose je le noterai… et arrête de faire comme si tu étais une étrangère, c’est aussi ton appartement je ne serai donc jamais surprise si tu as du courrier ! » Maggie leva les yeux au ciel : parfois, c’était un peu comme si Lizzie ne se considérait pas comme sa jumelle, alors qu’elles avaient déjà tout vécu ensemble et que leur complicité n’était plus à prouver depuis des lustres. Après tout, n’était-ce pas l’éditrice elle-même qui avait tout de suite su que Maggie avait eu un accident, pendant leur adolescence ? Lizzie avait volé à son secours en quelques minutes à peine et l’avait soutenue bien mieux que n’importe qui d’autre. A la mort de Bill, face à ses crises d’angoisse, sa jumelle était bien la seule à pouvoir l’apaiser. Bien qu’en ce moment elle soit en train de réparer le point de sécurité de sa porte et n’ait donc pas de facteur stressant, elle sentait tout de même la présence de sa sœur comme quelque chose d’apaisant pour elle. « D’accord, d’accord tu as gagné ! Il s’appelle Daryl et c’est un soldat qui travaille avec Papa. Je l’ai rencontré chez eux il y a quelques temps et il m’a aidé pendant une crise d’angoisse. Tu sais bien à quel point Papa aime bien me flanquer des rendez-vous avec ses soldats pour être sûr de pouvoir les surveiller ! Il est veuf lui aussi et je pensais qu’il ne se passerait jamais rien mais l’autre jour, ma voisine a eut un incident et j’ai été obligée de garder son bébé pendant vingt-quatre heures… comme je suis la moins douée de l’univers pour ça, j’ai demandé de l’aide à mon voisin, qui s’avère être le frère du même Daryl ! Il n’était pas là et le soldat était là. Disons que ça a… dégénéré. Mais je veux d’autres détails de ton côté ! Tu vas le revoir ? »

« Genre je vais m’énerver alors que tu sais très bien que j’adore t’entendre jouer ! Tu me prêtes de ces intentions j’te jure… » Mais Maggie n’était jamais vexée par les réactions de sa jumelle, non jamais. Elle préférait mille fois que Lizzie lui dise les choses, qu’elles se prennent éventuellement la tête et qu’elles n’en parlent plus plutôt que de rester sur des non dits, comme cela lui était souvent arrivé avec Bill. Ils étaient très amoureux, certes, mais le jeune homme n’était malheureusement pas très expansif sur sa manière d’appréhender certaines choses. Il la laissait… frustrée à bien des égards au bout du compte. « Pas du tout ! Ma crise est arrivée, point final… je n’ai pas calculé espèce de maligne va ! Tu sais bien que je préfère tes câlins sœurette ! » A ceci près que voilà, les deux jumelles Bennett se trouvaient à nouveau prises dans les tourbillons de la séduction et de l’attachement émotionnel, chose ne les ayant malheureusement pas franchement réussi jusqu’ici. D’un côté, Maggie avait envie de croire que la roue pouvait tourner, mais de l’autre… elle n’en n’était pas forcément intimement convaincue. « Tu peux peut-être le revoir quelques fois avant de te plonger dans le chapitre « ils vécurent heureux et eurent beaucoup de petits ogres » tu ne crois pas ? Bois d’autres cafés… présente-le moi aussi que je vois ce qu’il a dans le ventre ! Quant à mon cas personnel… je ne sais pas. J’ai envie, mais tu connais mon emploi du temps impossible, il va en avoir marre en moins de deux, comme tous les autres ! »