«Florie, voici votre nouveau médecin traitant. » Haussant un sourcil, la jeune femme vit arriver un jeune homme d'une trentaine d'années qui semblait bourré d'un entrain nouveau et d'un espoir peu commun ; elle était tout le contraire, elle avait perdu espoir depuis longtemps quant à sa maladie. « Où est passé l'ancien, à la retraite ? » Proposa-t-elle avec un ricanement à peine audible que par elle même. Son ancien médecin était un vieux bonhomme qui avait dû vivre la guerre, elle en était sûre. Enfin bon, elle ne l'avait jamais apprécié mais après tout c'était un médecin alors qu'il soit vieux ou non, c'était juste l'école qui changeait. L'infirmière baissa le regard ce qui confirma ses paroles. Le jeune médecin s'approcha d'elle et cette infirmière s'éclipsa. « On va commencer doucement, je suis le docteur Clark. On pourrait passer des tests pour que je remette à neuf votre dossier ? » Proposa-t-il à son tour. Elle haussa des épaules et se laissa guider pour cette après midi de tests qu'elle n'avait pas fait depuis une éternité, et cela ne lui manquait pas vraiment. Cela l'angoissait plus qu'autre chose en toute réalité, elle avait peur de la réaction du nouveau docteur lorsqu'il allait voir ses piètres résultats, ceux que l'on ne pourra jamais sauver à par un miracle mais cela est d'une rareté. En bref, Florie espérait juste qu'il ne prendrait pas cet air désolé comme tous les médecins lorsqu'ils la voyaient par exemple, elle se sentait un peu comme dans Oscar et la dame rose, livre qu'elle avait assidûment lu racontant la vie d'un petit garçon leucémique, elle s'identifiait parfaitement à lui mais à la fin, il meurt. Le docteur Clark revint, tout sourire. « Vous en faites une tête ! Bref, vos résultats sont bien meilleurs que ce que le service m'avait dit ! Je pense que d'ici un mois vous pourriez trouver une greffe de poumon et puis je vais m'arranger pour que vous soyez la première de la liste ! » Les yeux de la française devinrent de vraies soucoupes. Il lui faisait une blague, ce n'était pas possible ! Une greffe de poumon alors qu'elle avait un cancer généralisé ? Le docteur s'assit à côté d'elle et lui expliqua alors que du fait qu'elle avait parfaitement prit ses médicaments, elle avait pu repousser un peu l'évènement tragique du cancer généralisé et que celui ci n'avait que touché les deux poumons, il fallait se dépêcher dans ce cas pour trouver cette fameuse greffe, qu'elle puisse retrouver un rythme de vie à peu près correct ! La française était si contente qu'elle appela aussitôt Paris, là où sa famille habitait et tomba sur la voix endormie de sa petite soeur, cinq heures de décalage voire plus, enfin bref elle s'en fichait. Aussitôt la petite se mit à hurler de joie dans le combiné, provoquant certainement le réveil de tous les Ryskamp et rapidement le combiné fût reprit, pour le plus grand malheur de Florie, par sa mère qui semblait assez heureuse que l'un de ses nombreux enfants échappe à une mort certaine. En fait, la brune s'était très longtemps sentie comme une sorte de bombe à retardement. Après cet appel elle s'empressa de parler avec toute sa famille qui habitait éparpillé un peu de partout dans le monde, cela faisait tellement longtemps qu'elle n'avait pas entendu le son de leur voix, cela lui faisait aussi du bien. Sa journée était parfaite pour le moment. Ses cris de joie avaient certainement dût mettre de bonne humeur tout le service cancérologie. C'est peut-être ce boucan qui fit avertir Jazz de façon assez floue. La chanteuse débarqua !

Florie était dans son lit et voyait le monde d'un oeil nouveau, elle allait pouvoir se lever tous les matins sans se demander si elle allait mourir dans l'après midi voire même le lendemain. Tout était beau et sublime elle redécouvrait le monde en quelques sortes. Une sorte de tornade électrique déboula alors dans sa chambre tandis que la française sursautait quant à cette intrusion, un large sourire fendait ses lèvres alors qu'elle songeait à ses perspectives d'avenir et tout ce qui pourrait lui arriver de bon avec cette greffe. Le visage affolé de Jazz en disait long. On avait dût la prévenir et lui dire qu'il était arrivé quelque chose à Florie, mais on ne lui aurait pas précisé positivement ! La brune ne s'attendait pas à cette visite, elle était enfermée dans sa bulle et rêvait éveillée ; le monde avait de nouveau une certaine saveur. « Oh, euh... Salut. Tout va bien ? » Demanda la jamaïquaine en se frottant la nuque. La Ryskamp aurait pu dire oui dans toutes les langues. Au lieu de cela, elle tapota le bout de son matelas pour inviter la chanteuse à s'asseoir. « On ne peut mieux ! » S'enthousiasma-t-elle aussitôt. « Tu ne devineras jamais la nouvelle ! » Il était clair qu'elle était au contraire très devinable ! Mais laisser le temps à Jazz d'envisager les possibilités de ce soudain bonheur était amusant pour elle.

Depuis qu'elle avait rencontré Jazz, Florie savait que la cote de popularité de la brune avait piqué en flèche ; une artiste s'intéressant à des atteints de cancer c'était courant, mais généralement c'était calculé à l'avance par les managers et toute l'équipe ; or là c'était différent. Certes, le manager de Jazz devait y être pour quelque chose dans leur rencontre mais personne n'avait vu un lien d'amitié pareil pour une célébrité et Florie. La française se fichait pas mal de la célébrité de Jazz et s'intéressait plus à la personne qu'elle était que à ses millions de fans ; elle était tout de même honorée d'être assez proche de la star pour avoir droit à une visite en vitesse de sa part ! Mais bon, ce n'était pas comme s'il y avait un risque qu'elle meure, du tout. Enfin pas jusqu'à il y a quelques heures, pour le dire franchement, Florie avait retrouvé une énergie qui l'avait lâchement abandonnée lorsqu'elle eu apprit son cancer. Elle avait la joie de vivre désormais et se donnera à fond pour profiter de la vie qu'elle n'a pas encore eu ! A commencer par reprendre des études, se trouver un travail, peut-être dans la mode, même si ce n'est pas son domaine de prédilection mais pourquoi pas travailler avec Jazz ? Elle ne voulait nullement se sentir envahissante mais limite travailler comme fille des coulisses ou maquilleuse lui conviendrait parfaitement ! Pour le moment, Florie comptait se concentrer sur sa greffe, car rien ne pouvait arriver sans celle-ci !

« Arh, une devinette, vraiment ?! » Maugréa quelque peu Jazz. Elle n'imaginait pas comment lancer une devinette à sa famille en repas du soir était un marathon, elle s'en souvenait : imaginons Florie propose la devinette ou la blague Carambar qu'elle vient de manger. Sam pouffe, Emily trouve cela pathétique, Carrie et Violet crient qu'elles ont trouvé la réponse, les autres se creusent et enfin, avec les cris de ses soeurs, le bébé Antoine se met à pleurer. Résultat : cacophonie ! C'est sûr que lancer une devinette à l'hôpital est un peu moins drôle car en général personne n'a vraiment le sens de l'humour mais là, ce n'était pas qu'une devinette mais une sorte d'introduction à la chose la plus merveilleuse qu'il puisse arriver à une jeune souffrant d'un cancer ! « Non, je sais pas, dis moi ! Je te ferais dire que je viens de traverser toute la ville en panique, en pensant qu'il t'étais arrivé quelque chose ! » Conclut la brune. Florie se frappa vivement les cuisses, ce qui ne lui fit nullement mal et qui simula une sorte de roulement de tambours étouffé. « Je vais guérir !!! » S'exclama-t-elle en souriant de toutes ses dents ! Elle eu envie de se rouler par terre ; ces mots sonnaient si délicieusement bien ! « J'ai changé de médecin et il a refait les analyses ! Il me manque juste la greffe de poumons. » Fit-elle comme s'il s'agissait d'un élément inutile sur une liste de courses. Mais elle était tellement heureuse elle aurait pu monter sur la Statue de la Liberté et le crier à tout New York !

Depuis cette révélation, Florie savait que sa vie serait totalement différente et qu'elle pourrait enfin s'en donner àc oeur joie et vivre comme elle ne l'avait jamais fait avant, surtout qu'elle était à New York tout de même ! La seule chose dont sa mère puisse se réjouir c'est qu'elle n'aura plus l'hôpital à payer, car cela coûte quand même vraiment beaucoup, fournir tous ces matériaux mais Florie était de bonne compagnie pour les médecins, tout comme Chandler par exemple. Il y avait ce genres de malades qui vous donnaient envie d'aller plus loin, et la française entrait dans cette catégorie depuis peu et elle se sentait renaître ! Elle qui se croyait totalement perdue et dépourvue de tout espoir de survie, voilà si vie servie sur un plateau doré ! Elle savait aussi que Jazz avait coupé ses cheveux, comme un signe de ses donations pour la recherche du cancer, ou du moins de son soutient. Certaines stars font ça mais sans un but précis ou sans que quelqu'un ne les pousse à faire cela. Florie se sentait un peu honorée d'être la raison de cette donation, et elle savait que des personnes dans son même cas actuel, donc en espoir seraient vraiment ravis d'avoir de l'argent pour fournir une opération. Personne ne mérite de mourir ainsi.

Lorsque la brunette avait déclaré sa guérison, ce fût comme une bombe atomique enfin, vu la te^te que tira son amie, qui resta bouche bée quant à cette nouvelle. Puis, elle expliqua comment elle pourrait guérir pour de bon et tout ce qui allait avec. « WOW ! » Commença Jazz, ce qui décrocha un sourire à la petite malade. Oui, "wow" était bien adéquat. Jazz était une personne très gentille avec elle et Florie savait qu'elle pouvait toujours compter sur elle, et là elle fût très reconnaissante envers son amie lorsqu'elle vint la serrer dans ses bras. « Je suis trop contente pour toi ! Putain alors c'était ton autre médecin le bouseux ! » Relâchant son étreinte, la française rigola et enchaîna. « Oh que oui ! Et bouseux est un mot bien trop faible pour le décrire ! » Ajouta-t-elle. Elle n'osa pas une seule seconde s'imaginer toutes les injures qu'elle pourrait donner à ce médecin, cause de tous ses malheurs. Il était bien à la retraite, ce n'était pas trop tôt. Toutes les personnes comme lui méritent d'être pendues ! « Et sinon... ça se trouve facilement, un poumon ? » Hasarda Jazz. « Mmh, mon médecin m'a dit que je serai la première de la liste des "donc en tous genres", donc je sais pas si ça se trouve bien facilement sinon. » La question était assez bizarre en soi : trouver un poumon, est-ce que c'était courant sur le marché. Mmh, pas sûr ! « Ahh ! Et j'ai vu ton don pour les recherches pour le cancer ! Tu n'aurais pas dû ! »

Florie avait toujours été entourée dans sa vie, mais elle préférait être seule la plupart du temps. Grandir dans une famille nombreuse et peu fortunée avait été pour elle un vrai supplice : tout le temps oubliée par ses parents, elle n'était qu'une enfant parmi les huit autres et elle le vivait assez mal en fait. Son cancer lui avait fait prendre un peu d'importance mais elle était à New York et ses parents se réjouissaient bien d'avoir une assiette de moins à remplir mais cependant, ils avaient Lenox Hills à payer et ils avaient "hâte" du moins c'est ce que Florie pensait, qu'elle décède pour avoir moins de frais à payer. En soi, c'était normal d'espérer cela, non ? Ses parents étaient tout le temps occupés à leurs affaires au restaurant, c'était leur rêve d'en ouvrir un et il s'était réalisé. Être restaurateur requiers beaucoup de temps, car il faut aller en cuisines, servir etc. Mais les clients restent tard et ils n'avaient pas assez d'argent pour payer un serveur ou un cuisinier de plus, ils étaient plutôt fauchés mais gagnaient assez pour faire vivre et le restaurant et la famille. Depuis qu'elle était à New York, elle avait l'impression d'exister, et pas seulement aux yeux de son colocataire mais aussi de Jazz. Pour un exemple, si ses parents avaient appris exactement la même chose que Jazz et qu'elle s'était trouvée à Paris, elle aurait mis sa main à couper qu'ils lui auraient dit : "ouais on passe te voir quand on a du temps" ou en langage déchiffré : jamais !

« Si t'es la première sur la liste, alors y'a aucune raison que ça n'arrive pas rapidement. Et tu reçois ça d'une fille qui est TOUT LE TEMPS première sur la liste ! » Florie rigola. C'est vrai que Jazz devait avoir de l'expérience, cela rassura Florie. La française commença alors à engager la conversation sur le don généreux de Jazz à des fonds pour la recherche pour le cancer, chose qui avait assez ému Florie, elle ne s'y était pas vraiment attendu à cela. « Oh, c'est rien... Si ça peut aider, c'est le plus important. Enfin, t'as bien vu comment je dépensais mon argent, c'est bien la moindre des choses que je fasse ça ! » Florie hocha la tête. « Non, je t'assure c'était vraiment génial ! Crois moi je connais peu de personnes qui ont eu le cran de le faire, même mes parents n'ont jamais donné un centime pour la recherche. » Compara-t-elle. Mais il n'y avait rien de très fameux dans ce que faisaient ses parents, elle écouta ce que Jazz avait d'autre à dire. « Et tu as vu toute l'excitation autour de mes cheveux ?! Je pensais pas que ça aurait un si grand retentissement, mais mon attaché de presse a dit que ça avait fait monter en flèche les dons pour la recherche ! » Heureuse d'entendre cela, Florie se mit à sourire. « Wow ben j'suis contente pour les prochains dans mon cas ! Bon, quoi de neuf chez toi ? » Hasarda-t-elle pour continuer la conversation ; elles avaient assez parlé d'elle et de poumons à Jazz de parler maintenant !