Grognant légèrement, je posa ma main sur mon front avant de grimacer. Me relevant légèrement, je tenta d'ouvrir un œil, puis l'autre, avant de me laisser tomber en arrière avant de regurgiter tout ce qu'il y avait dans mon estomac. Aujourd'hui était un dimanche matin comme tant d'autres. Je me réveillais avec la gueule de bois et cette envie folle d'assassiner le latino qui me servait de colocataire. Alejandro supportait bien mieux l'alcool que je ne pouvais le faire ou il buvait moins, c'était à voir. Depuis que j'avais appris les petits plans de Neige, je partais totalement à la dérive. Il n'y avait pas un jour où je me demandais ce qu'elle faisait et, surtout, si ce qu'elle faisait ne la mettait pas en danger. Quelle idée de vouloir se venger ! Je lui en voulais tellement de réagir ainsi mais je la comprenais aussi un peu. Après tout, j'en voudrais à la terre entière si ma mère venait à décéder et encore, c'était bien différent de la situation dans laquelle était le brunette. Elle avait vu sa mère se faire tirer une balle entre les deux yeux, la mienne décéderait pour protéger son pays, elle ne serait pas morte 'pour rien'. Cette question me turlupinait tellement que je n'en dormais plus la nuit ! Depuis que Rose m'avait annoncé qu'elle n'avait plus trop de nouvelles de notre mère, mes nuits étaient de plus en plus courte et le stress que m'infligeait Neige n'était ps négligeable. Soufflant, je tira le drap sur ma tête et garda les yeux fermés quelques minutes, ou plutôt quelques heures. Lorsque mes yeux se rouvrirent – comme par magie – il était presque midi et un silence de mort régnait dans l'appartement. Ma tête me faisait bien moins mal, même si j'avais l'impression qu'un petit lutin dansait la samba dans ma boite crânienne. Me levant doucement, je me dirigea rapidement vers la cuisine où je chercha – à tâtons – le tube d'effervescent. Il était hors de question que j'avale un cachet à cette heure là. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il m'était tout bonnement impossible d'avaler un truc aussi gros ! Il fallait vraiment être tordu pour inventer des cachets aussi gros quand on y pensait... Le fait d'y penser me donna rapidement la chair de poule. Plongea le cachet effervescent dans le reste d'une bouteille d'eau, je le bus rapidement, grimaçant et pestant une fois fini. « C'est dégueulasse bordel » Parler seul était une de mes habitudes favorites. Après tout, j'avais vécu avec mon père pendant ces deux dernières années et monsieur n'était pas vraiment le plus bavard qu'il puisse exister sur terre. Me déplaçant dans l'appartement comme une larve, je tâtais chaque coin de ce dernier pour retrouver mon portable, en vain. Après un quart d'heure de recherche, je saisis le téléphone fixe et compose mon numéro, les yeux à moitié ouverts. « Gmeurf ? C'est qui à l'appareil ? » Il y a bien trop de bruit dans ce combiné. Je n'entendais pas un piètre mot de ce que mon interlocuteur me racontait « Calmos, j'ai mal au crâne » Je souffla légèrement avant d'entendre, bien plus distinctement, qu'il s'agissait de l'ami chez qui j'avais fais la fête. Soufflant, je dis « Me douche et j'arrive » lançais-je, avant de raccrocher sans le remercier ou quoi que ce soit.

Arrivant devant l'ascenseur, j'appuyais frénétiquement sur le bouton. Mon humeur était totalement différente à celle d'hier, je n'étais plus le fanfaron que les gens de cette soirée plus qu'arrosée. Chantonnant légèrement, j'avais tout de même retrouvé du pep's ! souriant à la jeune femme qui prit place à côté de moi, je tenta de me remémorer qui elle était. Je l'avais vu hier et le contact n'était pas vraiment passé mais pourquoi, je ne savais plus vraiment.. J'avais sûrement du l'enquiquiner une partie de la soirée ! La laissant passer la première – gentleman ou pas – je pris place dans l'ascenseur et la regarda appuyer une le bouton. Un. Deux. Trois. Et l'ascenseur se stoppa net. Arquant un sourcil, je la regarda et soupira. Ce n'était pas possible ! « Je crois que l'ascenseur est bloqué » Perspicace en plus de ça ! Souriant très légèrement, je me pencha en avant pour appuyer sur la sonnette d'alarme et, instinctivement, me plaça au centre de la cabine, sautilla légèrement, avant de dire « Notre mort tragique n'est pas pour aujourd'hui ! » La cabine ne bougeait pas, c'était un bon signe ! Avant qu'elle puisse m'hurler dessus, je dis « On s'est rencontré hier soir non ? Vous allez bien à l'appartement 512 ? » C'était même sûre, quel con je faisais des fois ! « Booon, je pense qu'on va rester enfermer ici un bon petit bout de temps. Vous n'êtes pas claustrophobe ? Je ne suis pas doué pour la gestion des crises et tout ce qui va avec » Mais alors pas du tout !!!

Être enfermé dans un ascenseur ne me gênait pas, absolument pas. Tant qu'il ne finissait pas sa course contre le bitume quelques mètres plus loin, tout m'alait. C'était d'ailleurs pour cela que j'avais légèrement sautillé pour voir la résistance de la cabine. Je devais que, si elle avait bougé ne serait-ce que d'un millimètre, je me serais littéralement fait pipi dessus mais ce n'était pas le cas et j'étais plutôt heureux ! Notre mort mort n'était pas programmé pour tout de suite et c'était tant mieux. J'avais envie de vivre moi, non mais oh. « Tant mieux. » Je lui fis un large sourire avant de me placer dans un coin et de m'asseoir. Je n'allais pas rester dix ans debout non plus et il ne fallait pas compter pour les secours pour arriver en moins de dix minutes. Sans compter que je devais reposer mon genou puisque ce dernier me tiraillait légèrement depuis hier. Faire la fête et mélanger alcool avec les anti douleurs que je prenais n'était pas une bonne idée. Je devais faire attention à mon outil de travail et je ne voulais pas qu'une fois bourré, je fasse une erreur. J'avais couché avec Neige en étant totalement fin mort et je l'avais mise enceinte ! Je ne voulais pas que cela se reproduise, jamais. J'avais assez de drames dans ma petite vie pour en ajouter encore une dose. Neige voulait se venger – et mettre sa vie en jeu par la même occasion – ma mère ne donnait plus de signe de vie à Rose ce qui n'annonçait rien de bons, mon père divaguait et ma sœur était enceinte ! Mon monde s'écroulait littéralement et avec tout cela, je perdais rapidement ma concentration, aussi bien en cours à NYADA qu'à Broadway. La prochaine erreur pourrait être fatale. « Oui, c'est bien là que je vais. Hier j'ai oublié mon téléphone là-bas, je venais le récupérer » La regardant avec de gros yeux, je lui fis un large sourire pour tenter de cacher ma surprise, ou l'accentuer. Ce n'était pas possible, nous avions oublier tous les deux notre téléphone chez notre ami... Je n'imaginais même pas avec combien de portable le jeune homme devait se retrouver. « De même ! En temps normal je ne m'en sépare jamais mais là, je sais pas, je l'avais pas en me levant » J'étais sur le point de lui raconter ma vie, la façon dont je m'étais réveillé, mon état végétatif au réveil mais me ravisa rapidement. Je ne voulais pas l'enquiquiner, loin de là même. Si je devais passer plusieurs heures avec elle, autant que le courant passe bien. Et que tout – en général – se passe bien. Je lui avais donc demander si elle était claustrophobe. Au pire, nous pourrions hurler à deux ! Je n'avais peur de rien – ou presque – et aimais bien tout rendre fou et dérisoire alors là, au moindre cri, elle aurait droit à un hurlement bien féminin dont j'étais fier. Au moins, tout le monde riait après ! « Non, je ne suis pas claustrophobe, ne vous inquiétez pas. Tant qu'il y a de la lumière dans l'ascenseur, je vais bien » La regardant, je lui fis un léger sourire avant d'hausser les épaules. « J'espère qu'il n'y aura pas de problèmes alors parce qu'on a pas notre portable en guise de torche ! Voilà ce que je devrais rajouter dans mon sac, une torche... » Réflexion plutôt personnelle mais qui n'était pas mauvaise quand on y pensait... Une lampe torche pouvait très bien faire guise d'objet pour frapper quelqu'un aussi ! Souriant, je dis « En plus je ne fume pas alors je n'ai même pas de briquet. Quoi que, ce serait une mauvaise idée parce que ça nous boufferait notre oxygène » lançais-je. Amaury ou comment rendre la scène encore plus morbide. J'étais vraiment ridicule quand on y pensait mais ce n'était pas grave, j'avais quelque chose dans le cerveau et ça, j'aimais le montrer. Il n'y avait pas que mes jambes qui fonctionnaient. « Je m'appelle Alexandra » Un large sourire se dessina sur mes lèvres. Encore une jolie jeune femme au prénom français ! À croire que toutes mes rencontres se faisaient avec des jeunes femmes aux prénoms français. Après Belle, il s'agissait d'Alexandra. « Moi c'est Amaury ! » Je lui fis un large sourire avant de faire mon curieux. « Tu es française ? » Je la tutoyais puisqu'après tout, nous devions avoir plus ou moins le même âge...

L'homme qui se tenait avec Alexandra dans cet espace restreint s'assit dans un coin de la cabine après l'avoir gratifiée d'un large sourire. Elle le regarda se baisser prudemment puis se laisser pencher vers l'arrière pour coller son dos contre la paroi. La française fit de même, elle commença à se baisser, posant ses mains derrière elle pour ne pas tomber en arrière et finalement elle arriva à se mettre en position assise, adossée au mur de l'ascenseur. "De même ! En temps normal je ne m'en sépare jamais mais là, je sais pas, je l'avais pas en me levant" la brunette leva un sourcil. Elle étendit ses jambes lentement, sans pour autant prendre beaucoup de place. L'avantage quand on est petite, c'est qu'on peut étendre ses jambes autant qu'on veut, et ça Alexandra le savait bien. Elle regarda le garçon assit à ses côtés et lui sourit. "Ah, je n'étais pas la seule alors." fit-elle, un petit sourire en coin lui tordant les lèvres. "J'espère qu'il n'y aura pas de problèmes alors parce qu'on a pas notre portable en guise de torche ! Voilà ce que je devrais rajouter dans mon sac, une torche... " peut-être qu'il pensait à voix haute, songea-t-elle. Elle, son cerveau tournait à plein régime quand elle était avec un inconnu, sa timidité lui posait beaucoup de problèmes, mais bizarrement être coincée dans cette cabine avec cet homme ne la dérangeait pas tant que ça vu qu'elle lui parlait librement sans bégayer ni rougir. "Ce n'est pas faux. Je pense que ça peut être très utile. Je n'en ai pas non plus, comme toi j'utilise plutôt mon portable, mais là..." dit-elle pensivement. Sa phobie de l'obscurité la poussait parfois à agir de manière irréfléchie et complètement stupide sous l'effet de la peur et de la panique. Elle commença à se mordiller nerveusement la lèvre inférieure, il lui aurait été bien utile de prendre une lampe torche, il fallait qu'elle y pense en rentrant.
La perspective de ne pas pouvoir sortir de cet ascenseur ne la paniquait pas encore, mais quand ils seraient assis là depuis plusieurs heures, elle allait sans doute commencer à avoir un peu peur. Mais elle n'en était pas encore là, pour l'instant totalement sereine elle restait assise. "En plus je ne fume pas alors je n'ai même pas de briquet. Quoi que, ce serait une mauvaise idée parce que ça nous boufferait notre oxygène" Alexandra grimaça malgré elle. Il avait une façon de tourner les choses sous un angle assez glauque, et la perspective de rester ici, une flamme dans la main et commençant à suffoquer, la faisait déjà un peu paniquer. Mais elle tenta de se ressaisir. "Moi non plus je ne fume pas, et c'est tant mieux parce que généralement quand les fumeurs sont stressés, ils fument et fumer dans un ascenseur alors qu'on est coincés dedans pour un certain temps c'est plutôt une mauvaise idée." fit-elle pour détourner la conversation de l'oxygène qu'aspirerait une flamme. "Moi c'est Amaury !" elle hocha la tête et lui souris. "Enchantée." Amaury lui fit un large sourire, encore une fois avant de lui poser une question. "Tu es française ?" elle laissa échapper un petit rire. Chaque fois qu'elle disait son prénom tout les gens lui posait les mêmes questions sur ses origines européennes. Mais cela ne la fâchait pas, au contraire, elle aimait le doux souvenir qu'elle avait de la France. "Oui, je suis française. Je suis née à Paris, mais j'ai déménagé à New-York à mes huit ans." dis-je, légèrement nostalgique.

Deux êtres humains pouvaient être totalement différents et pourtant réagir de la même façon. La jeune française et moi avions pour habitude d'être collé à nos engins électroniques et là, sans eux, nous étions perdus. J'avais traversé un bon bout de la ville, la tête dans le cul, pour aller récupérer mon portable, juste au cas où Neige m'appelle. Elle allait m'arracher la tête si elle avait appelé et que je ne l'avais pas rappelé. Elle allait me prendre pour une andouille, c'était clair et net. « Ce n'est pas faux. Je pense que ça peut être très utile. Je n'en ai pas non plus, comme toi j'utilise plutôt mon portable, mais là... » Une lampe torche serait même super utile mais je n'en avais pas. Moi qui avait toujours une trousse de premier secours sur moi, je m'en voulais de me retrouver dans une situation aussi ridicule et sans rien pour nous éclairer. Je n'avais pas peur du noir mais il fallait avouer que je n'aimais pas vraiment cela pour autant. J'avais passé l'âge de croire aux monstres, aux zombies et tout ce qui allait avec mais je n'étais pas rassuré. J'aimais tout voir, tout analyser pour ne rien manquer mais surtout éviter de me blesser. J'étais assis, je limitais donc les risques de chute et c'était déjà un sacré pas en avant, qu'on le veuille ou non. Regardant la jeune femme, je la vis mordiller sa lèvre en signe de stress. Dès que je faisais cela, c'était parce que j'étais effrayé par rapport à quelque chose. « Tu as peur du noir ? » lançais-je aussi innocemment que possible. Je n'allais pas me moquer d'elle mais je préférais être prévenu avant qu'elle ne me fasse une crise de panique entre les mains. Nous allions devoir passer un bon bout de temps ensemble alors autant éviter le drame. Comme à mon habitude, mes pensées étaient un peu étranges. Après avoir sautillé dans la cabine de l'ascenseur, je parlais de mourir privé de l'oxygène qui nous était vital. Elle ne me connaissait pas et devait sûrement me prendre pour un fou furieux mais ce n'était pas grave, j'étais prêt à encaisser les critiques et les insultes s'il le fait. Cependant, elle réagit plutôt bien, imaginant aussi le pire. Heureusement qu'aucun de nous deux fumait alors... « Oui, je suis française. Je suis née à Paris, mais j'ai déménagé à New-York à mes huit ans. » La regardant faire une petite moue, je me déplaça légèrement dans la cabine et me mis à côté d'elle. « Paris te manque ? » lançais-je aussi innocemment que possible. Je devais avouer que la ville qu'était Paris me manquait pas mal en ce moment. La tour Eiffel, le Trocadéro et tout ce qui allait avec me manquait pour tout dire. J'aimais cette ville plus que tout. C'était là haut que j'avais commencé mes premiers pas dans une comédie musicale... J'avais beau être passé par trois autres pays, la France restait mon meilleur souvenir – avec le Guatemala – et ce pays me manquait. « J'ai vécu trois ans là haut. Ma mère est militaire donc elle voyage de pays en pays tous les cinq ans et avant d'attérrir à New York il y a deux ans, j'ai habité Paris pendant trois ans. C'est vraiment magnifique là haut... Tu y es retournée depuis ton déménagement ici ? » J'étais curieux mais cela pouvait nous permettre de discuter et de passer autant de temps que possible en étant de 'bonne' humeur. Memories are always good.